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Les indicateurs de perturbation des sols dans les forêts
du Québec

Extrait de l’article «Protecting forest soils through use of an adaptive approach» par Jean-Pierre Jetté (Ministère des ressources naturelles du Québec, Québec, Canada), soumis au XIIe Congrès forestier mondial, Québec (Canada).

Les activités que comporte l’extraction du bois, comme la construction de routes et le mouvement d’engins lourds sur les sites d’exploitation, causent des perturbations au sol. Certaines d’entre elles auront un impact limité ou acceptable du point de vue des risques de dégradation, alors que d’autres peuvent avoir un effet beaucoup plus grave sur la productivité des sols forestiers et altérer d’autres éléments de l’écosystème comme l’environnement aquatique.

En vue de mettre en oeuvre des contre-mesures, le Ministère des ressources naturelles du Québec – l’organisme responsable de la gestion forestière sur les terres publiques – a élaboré des indicateurs pour évaluer quatre types de perturbations physiques du sol: le compactage, l’orniérage, la perte de terres productives et l’érosion superficielle. Certains de ces indicateurs sont appliqués à l’heure actuelle alors que d’autres sont encore à l’étude.

Compactage. Le mouvement d’engins lourds sur les sites d’exploitation exerce des pressions sur le terrain qui entraînent le compactage. Ce type de perturbation réduit la croissance de l’arbre car le sol compacté a souvent une mauvaise aération, offre moins de résistance au développement racinaire et a une perméabilité réduite, déterminant de fréquents engorgements. Dans la plupart des types de sol, le compactage se manifeste la première fois que les engins traversent le terrain. Au titre des règlements du Québec concernant les interventions forestières, les pistes de débusquage peuvent occuper 33 pour cent au maximum du site d’exploitation. A l’appui de cette règle, le ministère prépare une méthode visant à mesurer la zone occupée par les pistes de débusquage, ainsi que le niveau de protection de la régénération. L’indicateur sera la superficie moyenne occupée en une année donnée par les pistes de débusquage dans chaque parcelle de coupe pour chaque unité de gestion.

Orniérage. Sur certains sols, la pression exercée par les engins peut déformer ou déplacer le sol, formant des ornières de profondeurs diverses qui peuvent devenir permanentes. Le ministère a élaboré un indicateur en usage actuellement grâce auquel on peut mesurer le phénomène de l’orniérage sur tous les sites de coupe de régénération au Québec: le nombre de parcelles de coupe où plus de 20 pour cent de la longueur de la piste sont occupés par des ornières de plus de 4 m de long et plus de 20 cm de profondeur.

Pertes de terres productives. Après certaines opérations forestières – notamment la construction de routes – il reste des portions de terrain impropres à la croissance des arbres. Le ministère a élaboré un indicateur qui mesure ces pertes: la zone occupée par les routes et le terrain perturbé qui les longe (40 m de chaque côté). Cet indicateur est aussi en cours de mise en oeuvre.

Erosion. Les routes et les perturbations du sol apparentées sont la principale cause de l’érosion superficielle due à l’eau dans les forêts gérées du Québec. Le ministère s’attaque aux problèmes de l’érosion en appliquant des règlements concernant la construction de routes qui visent à réduire au minimum les risques d’érosion. Un indicateur de l’érosion, dont l’objectif est de compléter les règlements actuels, a été élaboré pendant quelques années et est actuellement utilisé sur une base expérimentale. L’indicateur est le nombre de cas d’érosion par kilomètre de route. On a identifié huit types de cas d’érosion qui sont sous surveillance; les exemples comprennent l’érosion en longueur ou transversale de la route, ou l’érosion du remblai.

Conclusion

Le suivi de ces indicateurs et d’autres consentira au ministère de dresser un tableau plus précis de l’état des forêts en vue de réaliser la gestion durable. Au niveau national, il permet au ministère d’être responsable vis-à-vis des différents groupes concernés par la gestion des forêts du Québec. Au plan international, le suivi de ces indicateurs pourra consentir aux fournisseurs de produits forestiers de démontrer que leurs activités respectent les principes de la gestion durable, ce qui les aidera à conserver leur accès à tous les marchés. Ces indicateurs facilement mesurables peuvent servir d’outil de gestion souple grâce auquel les organismes gouvernementaux peuvent contrôler les activités forestières en s’employant à réaliser des objectifs plutôt qu’à observer des règles, ce qui est l’approche normale dans de nombreuses juridictions.


Mesures des indicateurs de perturbation du sol au Québec, Canada


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