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QUATRIEME PARTIE

Développement du marché et promotion des échanges


Chapitre 6: Commercialisation des cuirs et peaux, du cuir préparé et des articles en cuir

Le présent chapitre présente les problèmes commerciaux auxquels fait face l'industrie africaine du cuir, au plan local aussi bien qu'international, et les mécanismes et initiatives servant à les surmonter, notamment il:

Le chapitre est tiré d'études réalisées par Leach (2002), Kiruthu (2002), Salazar (2002), et Mosconi (2002).

La position sur le marché des cuirs et peaux, du cuir préparé et des articles en cuir africains

La part du marché mondial de cuirs et peaux, de cuir préparé et d'articles en cuir qui revient aux pays africains n'est pas proportionnelle à leur part de matières premières et ne va pas de pair avec la part croissante du marché détenue par d'autres pays en développement par rapport aux pays développés (voir le tableau 1.1). L'accroissement de la demande intérieure de chaussures en Afrique, encore que modeste, est satisfaite principalement par les importations bon marché en provenance d'autres pays en développement, et par les chaussures d'occasion venant des pays développés. Le pourcentage de la pénétration totale des importations de chaussures a été estimé à 73,3%.[31] (Voir le tableau 6.1.)

Un grand nombre de facteurs liés à la chaîne d'approvisionnement du cuir contribuent à ce faible niveau de compétition: le manque d'infrastructures, les bas niveaux d'investissements directs étrangers, le développement technologique insuffisant, la faible productivité, la mauvaise qualité de l'exécution, le manque de formation, l'absence de fonds de roulement, le manque de mécanismes efficaces de surveillance de l'environnement, et des facteurs liés plus directement au commerce et à la commercialisation.

Les facteurs relatifs aux stades de la transformation ont été examinés dans les analyses et les recommandations des chapitres 2 à 5. Ceux liés plus directement au commerce et à la commercialisation seront analysés dans le présent chapitre. Ils figurent en détail au chapitre 1. Les voici brièvement:

La plupart de ces défis que doit relever la chaîne d'approvisionnement africaine du cuir résident dans ses propres ressources et capacités. Les recommandations les concernant sont présentées à la fin de ce chapitre.

Toutefois, la chaîne d'approvisionnement africaine du cuir doit affronter aussi des facteurs qui transcendent ses frontières et sur lesquels elle n'a pas de contrôle. Elle doit tenir compte des tendances et exigences actuelles de l'industrie mondiale du cuir. Ces facteurs seront étudiés dans les pages qui suivent.

Tableau 6.1 - Balance commerciale du secteur de la chaussure dans des pays africains choisis (Cipriani 2002)

Pays

Production

Importations

Principales importations en provenance de la Chine

Exportations

Consommation

Pénétration des importations


Millions de paires


Algérie



1,8




Botswana


5


2

0


Egypte

49

64

52,2

15

98

65,8%

Ethiopie



1,9




Gambie



167




Côte d'Ivoire



21,5




Kenya

8


0,5




Malawi

2

2

0,4




Maurice


3

1,0

0



Maroc

24

5

3,8

13

16


Mozambique



6,2




Nlle-Guinée



1,9




Nigéria



22,0




Sénégal



5,9




Afrique du Sud

30

49

38,7

1

78

62,9%

Togo



23,1




Tunisie

72

3

1,3

26

49

6,2%

Zimbabwe

8

2

0,3

1

9

17,2%

Autres

0

234

0.0

1

251


Afrique

194

371

199,7

59

506

73,3%

Tendances et exigences actuelles de l'industrie mondiale du cuir et des politiques commerciales des pays importateurs

Les facteurs compétitifs que doivent affronter les pays africains producteurs de cuir ne se limitent pas au territoire national.

Ces pays doivent aussi combattre des facteurs extérieurs, tels que les suivants:

Facteurs incitant le changement dans l'industrie mondiale du cuir et des produits dérivés

Turner (2000) et d'autres auteurs ont prédit un certains nombre de facteurs de changement qui influenceront l'industrie du cuir au cours des prochaines années:

Les pays producteurs de cuir devront reconnaître ces tendances et en tenir compte. Ils devront en particulier:

Les fabriques de chaussures, interagissant aux différents stades de la chaîne d'approvisionnement future (conception, fabrication, matériels et éléments, approvisionnement, commercialisation et distribution) devront avoir une vision mondiale de l'industrie et appliquer une stratégie de commercialisation appropriée. Elles devront:

Della Colletta (2000) a proposé un système d'établissement de la «valeur du client» pour l'industrie de la chaussure afin de répondre, dans un milieu de concurrence croissante, à l'évolution des préférences des clients: des solutions seront mises au point par l'industrie et les distributeurs de concert avec le client.

Préoccupations du client vis-à-vis des questions morales et environnementales

Les préoccupations du client vis-à-vis des questions morales et environnementales ont déjà été mentionnées dans la rubrique «Facteurs incitant le changement» mais ce thème est tellement important qu'il convient de lui accorder une attention particulière.

Questions morales: L'élevage des animaux pour la transformation commerciale et la vente de leurs cuirs et peaux est considéré par certains groupes dans les pays de l'UE, comme la Grande-Bretagne, comme une activité immorale. Jusqu'à présent, les questions morales relatives au commerce n'ont pas exercé une incidence négative sur les pays africains. Au contraire, ils pourraient devenir les bénéficiaires d'initiatives comme celles promues par le mouvement «Trade Justice» (commerce loyal) créé en 2000 au Royaume-Uni. Cependant, indépendamment de la situation actuelle, les producteurs et fournisseurs africains doivent prendre conscience de l'impact potentiel des questions morales relatives au commerce.

Questions environnementales: Etroitement liées au thème de l'investissement moral, et le chevauchant parfois, figurent les questions environnementales, y compris l'environnement naturel élargi et le lieu de travail. Il est demandé de plus en plus souvent désormais aux entreprises d'examiner les questions environnementales dans une perspective aussi ample que possible, notamment si elles aspirent à obtenir la certification ISO 14000. Les tanneurs s'efforcent dès lors plus que jamais de minimiser l'impact nocif sur l'environnement de leurs activités à tous les stades des opérations de transformation. En Europe, par exemple, cela veut dire l'emploi accru de la réfrigération pour la conservation des cuirs et peaux afin de réduire la présence de chlorure de sodium dans les effluents des tanneries. Des considérations semblables pourraient, par exemple, porter à mettre plus fortement l'accent en Afrique sur la conservation par le séchage.

Politiques commerciales et exigences des importateurs de l'Union européenne

Politiques commerciales. L'Union européenne est considérée comme le marché de base pour l'industrie africaine du cuir. Ses politiques commerciales ont plusieurs aspects que les pays africains qui exportent vers ses marchés devraient connaître:

Exigences des importateurs de cuirs et peaux. Les exigences commerciales des importateurs de cuirs et peaux couvrent un large éventail de questions liées à la qualité des produits, aux délais de livraison et à l'emballage, domaines où les articles en cuir africains continuent à laisser à désirer au plan international. De ce fait, le commerce mondial du cuir a insisté pour que les intermédiaires agissent de façon responsable entre les fournisseurs africains de cuirs et peaux et les acheteurs étrangers, afin de minimiser les plaintes des clients. Cependant, le recours aux intermédiaires est coûteux et accroît la durée de la transaction.

Les détails relatifs aux exigences des importateurs sont présentés à l'appendice 8 (Leach 2002).[34] Ils se rapportent essentiellement au marché européen, notamment au marché italien, mais sont applicables aussi aux marchés du Proche-Orient et de l'Extrême-Orient qui, avec l'UE, s'adjugent plus de 80% des importations mondiales de cuirs et peaux.

A bien des égards les règlements concernant l'importation de cuirs et peaux d'Afrique en UE ne s'écartent pas de ceux relatifs aux importations en provenance de toute autre partie du monde. De fait, au titre du système généralisé de préférences, les importations en provenance de nombreux pays africains pourraient être exempts de droits de douane (jusqu'à 6,6% sur les valeurs «port et assurance payés et fret») qui sont payés normalement pour certains matériels semi-transformés entrant en Europe.

La meilleure façon pour les producteurs africains de se familiariser avec les règlements de l'UE, et d'accélérer leur participation à ses marchés, est par l'établissement de partenariats et d'autres relations commerciales entre les pays africains producteurs de cuir et les industries et organisations commerciales de l'UE.[35]

Les appendices 1 à 6 fournissent aussi des informations utiles pour les agents publics et privés engagés dans la production et l'exportation du cuir et des produits dérivés dans la chaîne d'approvisionnement africaine.

Mécanismes permettant aux entreprises africaines de participer à la chaîne d'approvisionnement mondiale du cuir.

Il existe plusieurs mécanismes que les entreprises africaines peuvent exploiter pour bien se conformer aux tendances et exigences actuelles décrites dans les pages précédentes, et qui les aideront aussi à combler les lacunes existant dans leurs propres capacités et ressources.

Il s'agit de mécanismes utilisés par des entreprises du monde entier pour rehausser leur image dans la chaîne d'approvisionnement du cuir. Les principaux sont les suivants:

Externalisation: Les entreprises qui achètent - appelées aussi entreprises d'approvisionnement - créent des partenariats avec des fournisseurs avec lesquels ils partagent de façon croissante des informations sur les techniques, la qualité et les caractéristiques. Elles font actuellement l'objet d'une grande expansion et ont une influence croissante sur l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement, Elles contrôlent souvent la conception et les caractéristiques du produit aussi bien que sa commercialisation, et elles influencent la transformation et la mise en oeuvre de systèmes de qualité.

Construction de systèmes originaux: Dans le cadre de ce système, les producteurs sont tenus de trouver tous les éléments nécessaires pour fabriquer ou assembler un produit fini. On les appelle sociétés OEM ou fournisseurs uniques et on les rencontre dans certains pays en développement plus avancés. Elles sous-traitent la production d'éléments localement ou à de sociétés appartenant à d'autres pays en développement de façon à satisfaire les grosses commandes venant de l'étranger tant en termes de temps que de quantité.

Conception de marques d'origine: Il s'agit d'une amélioration du système précédent réalisée par des fabricants OEM pour concurrencer les exportateurs meilleur marché d'autres pays en développement. Ces entreprises peuvent devenir OBM en établissant des liaisons en aval avec des marchés de pays développés où les plus importants bénéfices s'obtiennent dans les chaînes de produits axées sur l'acheteur. Le fabricant OEM associe sa production à la conception et la vente de ses propres marques. Cette approche a été adoptée par les sociétés japonaises, par certaines sociétés de pays nouvellement industrialisés qui gèrent leurs opérations OBM pour l'exportation et pour les marchés locaux, et par quelques sociétés du groupe de producteurs de chaussures Sinos Valley au Brésil.

Opérations triangulaires: L'opération triangulaire est un mécanisme utilisé pour trois objectifs par les pays opérant dans les filières de produits axées sur l'acheteur:[36]

Il est estimé que la fabrication impliquant trois intervenants est l'un des principaux mécanismes utilisés par les industries exportatrices en développement de l'Asie de l'Est pour établir pleinement la concurrence dans la chaîne mondiale. C'est une opération combinée où l'opérateur agit comme fabricant, acheteur et sous-traitant à l'égard de tiers. Le mécanisme a changé le rôle des fabricants des pays nouvellement industrialisés qui ont cessé d'être des fournisseurs établis pour les détaillants et commerçants des Etats-Unis pour devenir des intermédiaires dans la chaîne de produits axée sur l'acheteur qui peut comprendre de 50 à 60 pays exportateurs[37] (Gereffi 1999).

Gereffi (1995) décrit de la façon suivante comment ce mécanisme est utilisé pour l'habillement: «les acheteurs des Etats-Unis envoient leurs commandes à des fabricants des pays nouvellement industrialisés auprès desquels ils se sont approvisionnés auparavant (des fabriques d'articles d'habillement de Hong-Kong, Taiwan ou Corée, par exemple) qui à leur tour passent entièrement ou partiellement la production demandée à des fabriques étrangères affiliées dans des pays où les salaires sont faibles, comme la Chine, l'Indonésie ou le Guatemala. Ces fabriques étrangères peuvent être des succursales détenues en propriété exclusive, des coentreprises ou des entrepreneurs indépendants d'outremer. Le triangle est complété lorsque les produits finis sont expédiés directement à l'acheteur étranger en fonction des quotas d'importations établis par les Etats-Unis pour le pays exportateur.» Les investissements massifs en Chine des fabricants de chaussures de Hong-Kong et Taiwan en sont des exemples (voir l'encadré 6.1)

Les avantages de la revalorisation. On entend par revalorisation, dans le cadre du présent chapitre, le choix d'activités qui offrent de meilleures occasions de survie et de meilleurs revenus. Les revenus plus élevés pouvant être obtenus soit en orientant la production vers des produits plus chers soit en acquérant de nouvelles fonctions dans la chaîne de valeur, comme la participation à la conception et à la commercialisation. Gereffi (1999) définit la revalorisation industrielle comme un processus d'amélioration de l'aptitude d'une société à devenir plus rentable ou technologiquement plus avancée, et à desservir des créneaux économiques à intensité plus élevée de capital.

Les occasions qui peuvent être obtenues par la revalorisation dépendent de la qualité et de la quantité des informations fournies au fabricant local et, de ce fait, du type et du nombre de connaissances que le fabricant local acquiert auprès des agents de commercialisation. Dans la forme la plus simple de l'externalisation, les informations reçues par le producteur local ne concernent que le segment de production de la chaîne de produits où il opère.

Mais les commerçants et les détaillants doivent aussi revaloriser leurs fournisseurs. Ils ont besoin de producteurs capables de trouver tous les éléments nécessaires pour un produit fini. Cela veut dire qu'ils ont besoin d'entreprises plus avancées, de fournisseurs uniques ou d'entreprises OEM. Ces dernières peuvent sous-traiter la production de certains éléments à des fabriques locales pour s'acquitter de leurs commandes. Les entreprises OEM apprennent ensuite comment organiser des réseaux de production et améliorer leur commercialisation. C'est grâce à cet apprentissage que les fournisseurs asiatiques ont pu passer de fournisseurs OEM à fournisseurs OBM.

Encadré 6.1 Opérations de Hong-Kong dans la chaîne de valeur mondiale de la chaussure - Participation à la chaîne de valeur

Hong Kong exporte une grande quantité et variété d'articles chaussants dont un important pourcentage est fabriqué en Chine et réexporté. La plupart des mécanismes utilisés dans le monde pour participer à la chaîne de valeur mondiale de ces articles, examinés dans les sections précédentes, opèrent à Hong-Kong:

  • Les fabricants de chaussures vendent directement à des importateurs/grossistes étrangers ou directement à des bureaux d'achat (comme JC Penny, Sears, Macys, Wal-Mart et Kmart).

  • Un grand nombre de sociétés produisent sous les labels privés de grands magasins, boutiques, chaînes de détaillants de chaussures et magasins de vente par correspondance en Amérique du Nord et en Europe occidentale.

  • Les sociétés commerciales ou de Taiwan exportent directement, principalement à destination des marchés des Etats-Unis.

  • Les sociétés commerciales achètent en Chine et réexportent par le biais de leurs bureaux à Hong-Kong.

  • Les sociétés de Hong-Kong (dont un grand nombre bénéficient d'investissements en provenance de Taiwan) produisent, exportent et distribuent sous contrat dans le monde entier des marques connues (Bass, Clarks, Fred Perry, Avia, Converse, Adidas, Nike, L A Gear, Reebok et d'autres).

  • Certaines sociétés opèrent sous licence pour produire et distribuer des marques étrangères sur les marchés chinois et de Hong-Kong.

Faits récents

Plus de 80% des fabricants locaux ont transféré une grande partie de leur production en Chine, ne laissant qu'une capacité limitée à Hong-Kong pour satisfaire des commandes urgentes ou limités. En outre, nombre d'entre elles ont des placements considérables dans des lignes de production en expansion en Chine. Certaines usines chinoises sont désormais capables de produire un million de paires de chaussures par an. De nouvelles occasions commerciales sont nées lors de la restructuration de l'industrie. Bien que les chaussures de plastique/caoutchouc et de tissu continuent à absorber une large part des exportations totales, des chaussures à plus forte valeur ajoutée, comme les chaussures habillées en cuir pour femmes, ont absorbé progressivement une part croissante du marché. Pour ce segment, les fabricants de Hong-Kong ont renforcé leurs méthodes d'assurance de la qualité et adopté des modèles chic suivant étroitement les dernières tendances de la mode.

Taiwan est un autre grand investisseur étranger en Chine. A l'heure actuelle, plus de 90% de ses fabriques de chaussures (plus de 1 000 sociétés) ont établi des usines en Chine, notamment à Fujian. Avec l'appui local d'une forte industrie des matières plastiques et une bonne recherche technologique sur la fabrication locale de chaussures, Taiwan est bien placée pour produire des chaussures en caoutchouc et en cuir artificiel.

La coopération entre Hong-Kong, Taiwan et la Chine est considérée comme une excellente combinaison de ressources pouvant assurer une expansion ultérieure du marché. Grâce à son accès facile à l'information sur les marchés internationaux, y compris les dernières tendances du marché concernant le développement du produit, l'achat de fournitures et les accords de livraison et de paiement, Hong-Kong joue un rôle important dans la gestion de la production et de la qualité des chaussures chinoises. Elle fournit le savoir-faire technique et assure la liaison avec les marchés étrangers, alors que Taiwan fournit le capital et la contrepartie chinoise offre non seulement les travailleurs et les installations nécessaires pour établir les lignes de production, mais aussi les liens nécessaires pour desservir les marchés intérieurs chinois.

Source: www.company.com/hkencyc/hkepage1.htm, janvier 2001.

Parmi les pays en développement, les pays nouvellement industrialisés d'Asie de l'Est sont normalement considérés comme des modèles de revalorisation dans la chaîne d'approvisionnement mondiale. D'après Gereffi (1999), le succès des chaînes-acheteurs s'explique par leur revalorisation, c'est-à-dire leur ascension le long de la chaîne depuis le premier stade, à savoir l'assemblage des intrants importés, à des activités de fabrication mieux intégrées localement, et aux exportations à valeur ajoutée plus élevée.

Les avantages de la revalorisation des entreprises pour en faire des exportateurs OEM, d'après Gereffi, sont les suivants:

Les possibilités pour les entreprises africaines de se servir de mécanismes leur permettant de se revaloriser pour devenir des fournisseurs uniques dépendra, dans une large mesure, de leur capacité de se relier à différentes entreprises qui opèrent dans des chaînes-acheteurs. Les meilleures occasions de revalorisation se trouvent dans les segments du marché axés sus la qualité, où la concentration d'acheteurs est faible.[39] Les sociétés devront identifier les entrepreneurs, normalement les grands acteurs mondiaux de la chaîne d'approvisionnement de la chaussure, et devenir leurs sous-traitants, et à terme des participants à part entière au marché mondial. De telle manière, ils pourront aussi profiter des processus de relocalisation en cours.

Le cas de Hong-Kong, décrit à l'encadré 6.1, illustre en termes pratiques un grand nombre des outils opérationnels présentés dans cette section.

Initiatives visant à appuyer la participation des entreprises africaines à la chaîne mondiale du cuir.

Les entreprises qui décident d'utiliser ces mécanismes de revalorisation pour mieux participer au marché mondial ont besoin d'appuis. Plusieurs importantes initiatives devront être prises:

Un centre novateur de soutien des activités. Des grappes d'entreprises participeraient régulièrement aux activités établies par ce centre. Il appliquerait des méthodes d'intervention pour transférer le savoir-faire aux entreprises participantes et à l'ensemble du système de la chaîne d'approvisionnement du cuir dans lequel elles opèrent.

Trois principaux groupes d'activités pourraient être mises en oeuvre; elles sont présentées sous forme de diagramme au tableau 6.2.

Lorsque la promotion intéresse une grappe d'industries et non seulement une société individuelle, le soutien doit servir à rehausser l'image et les méthodes organisationnelles de la production et des systèmes de commercialisation dans lesquels elles opèrent. L'objectif est d'exploiter les avantages compétitifs, non seulement de l'entreprise mais aussi de l'ensemble du système d'entreprises connectées, depuis la production jusqu'à la commercialisation.

Les promoteurs mondiaux de marques vedettes sont intéressés à un système d'entreprises compétitives ayant un niveau de qualité et de fiabilité qui compensera partiellement les désavantages de leur éloignement des principaux marchés - des entreprises qui, par exemple, garantissent la ponctualité des expéditions.

Encadré 6.2 Le projet "Fabriqué en Afrique"

De nombreux marchés des pays développés sont saturés. Les producteurs ont cherché à maintenir leur part du marché en promouvant des produits ayant une identité locale. Cette initiative a conféré une valeur économique à la revitalisation du patrimoine culturel du pays, considéré jusqu'à présent comme un investissement social seulement. Les produits, les styles et les utilisations liés au patrimoine culturel de chaque pays pourraient constituer un important instrument de croissance pour les petites et moyennes industries. Les spécialistes européens de la commercialisation estiment que c'est la façon dont l'Afrique pourrait trouver une voie indépendante de développement et de commercialisation dans l'industrie du cuir et de la chaussure, en transmettant à leurs produits les couleurs, les formes et les styles de leur culture.

Ensuite, si le premier stade de promotion par le biais du "centre de développement compétitif" décrit au tableau 6.2 est surmonté, une pénétration efficace pourrait se réaliser dans le marché mondial par la planification et la création des capacités pour des lignes de produits "Fabriqués en Afrique". Le développement de ces capacités devrait être entrepris une fois acquises la qualité et la fiabilité de base nécessaires pour participer aux marchés mondiaux. Les activités futures de ce centre devraient donc tendre progressivement à soutenir la création et le développement de produits ayant des valeurs culturelles locales.

La promotion de productions novatrices et différentes exige naturellement des mesures de soutien de la part du gouvernement, des institutions financières, des associations de producteurs et du secteur privé, pour faciliter l'octroi de crédit servant à constituer un fonds de roulement à des taux d'intérêt acceptables, l'accélération des procédures commerciales et l'amélioration des systèmes d'information, y compris les infrastructures de base pour le commerce électronique.


Encadré 6.3 L'impact de l'assistance technique intégrée et de l'exploration des marchés sur les petites et moyennes entreprises

Le cas de la fabrique de chaussures de Ras Dashein à Addis-Abeba, Ethiopie, pourrait montrer comment dont une petite ou moyenne entreprise peut devenir compétitive grâce à une assistance technique intégrée et à des connaissances sur les possibilités d'exportation.

Pour aider la société, l'ONUDI a adopté une approche intégrée comprenant le développement du produit, une structure de l'usine, des méthodes de production et un matériel améliorés, la revalorisation des compétences et la participation de la société aux foires internationales du cuir. La formation en matière technique et de gestion a encouragé la société à se développer ultérieurement, ce qui a considérablement amélioré le flux et le volume de la production et l'homogénéité de la qualité. L'achat de nouveau matériel a permis l'expansion de la production et l'amélioration de la qualité. La participation à des foires du cuir étrangères a donné à l'entrepreneur l'occasion de connaître les marché étrangers et les possibilités d'exportation.

Par voie de conséquence, entre 1995 et 1998, la société a reçu des commandes d'exportation pour 40 000 paires de chaussures d'une valeur de 500 000 dollars EU. Des semelles destinées à l'exportation ont aussi été commandées. La stratégie de l' «extension» introduite par l'ONUDI, où l'assistance technique intégrée et du nouveau matériel ont permis à une entreprise de s'étendre pour réaliser pleinement ses potentialités sans construire une nouvelle usine, a donné des résultats spectaculaires. Depuis 1998, la société a construit une annexe à la fabrique afin d'accroître sa capacité de production.

Recommandations

Générales

1. Les associations industrielles, avec l'appui du gouvernement, devraient instituer l'étalonnage,[41] des services de renseignements sur les marchés et des systèmes d'information efficaces destinés aux services de promotion de l'industrie et de l'investissement, afin de permettre la formulation de stratégies et de programmes adaptés aux marchés locaux et de l'exportation, et pour mettre à jour l'information fournie aux investisseurs potentiels.

2. Les pays africains doivent évaluer tant les avantages que les risques de politiques qui réglementent leur commerce de matières premières non transformées. S'ils choisissent de mettre en oeuvre de telles politiques, ils devront y incorporer des indicateurs d'efficacité qui surveilleront leurs effets sur l'industrie et le marché, et décider ensuite de les appliquer ou de les modifier.

3. Fournir une assistance technique intégrée aux entreprises, y compris une aide dans l'établissement de contacts avec les marchés locaux et d'exportation (voir l'exemple de l'Ethiopie à l'encadré 6.3).

Compétitivité sur le marché intérieur.

4. Créer les conditions nécessaires pour que les entreprises produisent des chaussures à prix moyens et faibles pour le marché local afin de renforcer leur capacité d'agir indépendamment.

5. Améliorer l'efficacité et la compétitivité tout au long de la chaîne de production, mais en particulier au stade de la fabrication, et assurer la qualité et le prix demandés par les clients à faible revenu.

6. Maintenir un régime équilibré de taxes et tarifs entre les importations et les produits nationaux, dans le cadre des accords de l'OMC, pour protéger les industries naissantes jusqu'au moment où elles seront à même de concurrencer les importations. Cette protection devrait s'accompagner de la fourniture d'une assistance technique intégrée.[42] (L'imposition de taxes à l'importation sur les chaussures d'occasion et les autres articles en cuir n'est pas toujours la bonne solution car elle risque d'augmenter le coût total pour tous les consommateurs).

Mécanismes de sous-traitance et de revalorisation

7. Examiner les possibilités et contraintes de la participation des entreprises africaines au marché mondial par le biais de mécanismes de sous-traitance et de revalorisation, et, le cas échéant, promouvoir cette participation. Les associations industrielles et les organismes de promotion de l'investissement devraient participer à cet examen et à cette promotion. Le transfert de technologies par l'investissement servant aux innovations relève de l'industrie. Relier les entreprises au marché mondial par des chaînes d'approvisionnement facilite ce transfert et renforce l'efficacité et la compétitivité.

8. Etablir des centres novateurs de soutien des activités pour préparer les entreprises à participer aux mécanismes de sous-traitance et de revalorisation et à les appuyer.

9. Les chaînes de produits axées sur l'acheteur peuvent offrir d'intéressantes occasions à la chaîne d'approvisionnement africaine du cuir. L'industrie et les associations locales doivent pouvoir accéder aux sociétés de commercialisation qui coordonnent et intègrent au plan international des activités dispersées dans la chaîne d'approvisionnement mondiale du cuir.

Tableau 6.2 Un Centre de services de soutien à la commercialisation: Centre de développement compétitif - Organigramme des activités -

Chapitre 7: Stratégies et outils commerciaux

Ce chapitre présente des stratégies et outils commerciaux visant le développement de la chaîne africaine d'approvisionnement du cuir:

Ces sections ont été tirées, respectivement, de Salazar (2002), Dengu (2002), Gibb (2002) et Kiruthu (2002).

Section I: Macropolitiques visant à accroître les rentrées d'investissements directs étrangers dans les pays africains.

L'investissement direct étranger est une importante source d'investissement pour les pays en développement, mais elle exige un environnement commercial propice qui doit être établi par des politiques macroéconomiques appropriées, appliquées avec transparence. Plusieurs facteurs liés aux macropolitiques et à l'environnement commercial ont été identifiés par différents chercheurs et institutions et considérés comme aptes à déterminer les rentrées d'investissements directs étrangers dans les pays africains:

Les sociétés transnationales comme investisseurs et partenaires potentiels de coentreprises

Lorsque les investisseurs ou partenaires potentiels de coentreprises sont des sociétés transnationales, l'analyse des facteurs déterminant les investissements directs étrangers doit tenir compte des intérêts auxquels elles obéissent - si elles sont axées sur le marché, à la recherche de ressources ou en quête d'efficacité - car les facteurs diffèrent en fonction de chacun de ces types d'intérêts comme le montre le tableau 7.1.

Tableau 7.1 - Facteurs déterminant les investissements directs étrangers en fonction des intérêts des sociétés transnationales

Type d'intérêts:

Buts

Facteurs déterminants

Remarques

Axés sur le marché ou à la recherche de marchés

Pénétration dans des marchés étrangers.

Taille des marchés mesurée par le PIB, PIB par habitant et taille de la population, accès aux marchés étrangers et structure du marché.

L'intégration régionale permet de surmonter la barrière des petits marchés.

A la recherche de ressources

Accroissement des opérations par la transformation des ressources locales avec les intrants et l'infrastructure appropriés.

Disponibilité de ressources naturelles, de main-d'oeuvre non spécialisée à faible coût et de travailleurs spécialisés, et qualité de l'infrastructure.

Les pays africains ont d'abondantes ressources animales mais la qualité du transport et des télécommunications est faible et en voie de dégradation.

On trouve davantage de main-d'oeuvre spécialisée au Nigéria, en Tunisie et au Sénégal que dans les autres pays (Forum économique mondial dans Salazar 2002).

En quête d'efficacité

Expansion par la réduction des coûts.

Productivité de la main-d'oeuvre, coût des ressources et des intrants, possibilités d'expansion par la participation à des mécanismes d'intégration régionale, efficacité des échanges moyennant des accords régionaux.

Un certain nombre d'accords régionaux et sous-régionaux ont été signés par les pays pertinents avec différents niveaux de transactions intra-groupe.

Cependant, les trois groupes de sociétés transnationales partagent certains facteurs déterminants:

Le principal facteur positif justifiant l'investissement des sociétés transnationales en Afrique est la disponibilité de ressources animales, l'intrant primordial dans la chaîne d'approvisionnement du cuir, alors que la mauvaise infrastructure et les faibles niveaux de productivité de la main-d'oeuvre sont les principaux freins.

Recommandations

1. Le secteur civil, tant local qu'étranger, devrait conclure des accords pour promouvoir la transparence et éliminer la subornation.

2. Les gouvernements, le secteur privé et les accords intrarégionaux, bilatéraux et multilatéraux devraient s'assumer la tâche à long terme d'améliorer l'infrastructure. Le COMESA a donné un bon exemple en établissant des coentreprises régionales dans le domaine de l'infrastructure.

3. Le gouvernement en premier lieu, mais aussi la société civile, doit améliorer l'application de la loi et la qualité et la performance des institutions publiques. Ce sont des facteurs déterminants de compétitivité et d'investissement direct étranger.

4. La possibilité de réduire les tarifs douaniers Sud-Sud devrait être analysée dans le but de promouvoir ultérieurement le commerce intrarégional et Sud-Sud en général, créant de la sorte les marchés élargis qui attirent les sociétés transnationales.

5. Les pays, les gouvernements et l'industrie africains doivent se tenir au courant de l'intérêt potentiel à investir des sociétés transnationales, et ce faisant apprendre comment établir de nouveaux liens avec l'économie mondiale.

Section II: Renforcement du système financier en faveur de la chaîne d'approvisionnement africaine du cuir

Cette section[45] comprend:

Financer la modernisation des petites et moyennes entreprises

Les sources de financement et leurs exigences

Pour le banquier, la chaîne d'approvisionnement du cuir comprend quatre composantes distinctes au plan de la production. Ces composantes, présentées dans le tableau 7.2, ont différents profils de risque dont il faudra tenir compte avant l'octroi de crédits. Les investisseurs potentiels doivent comprendre la dynamique de la chaîne d'approvisionnement du cuir pour prendre des décisions financières viables et durables.

Institutions financières s'intéressant au développement, à la commercialisation et au commerce du produit

Ces institutions financières sont les suivantes:

Tableau 7.2 - Financement exigé par les petites et moyennes entreprises de la chaîne d'approvisionnement africaine du cuir pour moderniser leur production et accroître leur compétitivité.

Eléments de la chaîne

Financement nécessaire pour:

Sources de financement

Elevage et gestion de l'élevage.

Elevage commercial.

Banques agricoles avec le soutien de la Banque mondiale, du FIDA, de la BAD et de la FAO.

Collecte, conservation et classement des cuirs et peaux bruts.

L'investissement étranger n'est normalement pas nécessaire. Le financement pour le développement sert à la recherche et à l'exécution par le biais de la vulgarisation.

Fonds commun pour les produits

Tannage.

Technologies et équipement importés pour la production et la lutte contre la pollution.

BAD (département du secteur privé), SFI, PTA Bank, banques de développement nationales, banques commerciales,[46] Banque sud-africaine de développement.

Fabrication d'articles en cuir (chaussures, en particulier).

Achat de matériel et de technologie pour la conception et la production; investissements et financement à long terme; financement des transactions commerciales.

Mêmes banques que pour le tannage. Banques d'investissement et commerciales. Banques d'investissement et commerciales.

Exigences des institutions financières en matière de propositions d'investissement

Les institutions financières exigent que les propositions d'investissement contiennent les éléments suivants:

Introduire le financement structuré en Afrique

Les systèmes sous-développés de financement du commerce

Pour promouvoir une plus grande efficacité de la commercialisation des produits et assurer des revenus adéquats aux participants à la chaîne de production et commercialisation, il faut introduire des mesures visant à surmonter les contraintes qui s'opposent au système de financement du commerce. Ces mesures doivent être mises en oeuvre avec le soutien et la compréhension de la communauté locale des banques. L'approche proposée promouvra la qualité et la compétitivité des marchés, réduira les risques des opérations, améliorera les services d'assurances, minimisera les coûts de la commercialisation et facilitera la disponibilité de crédit pour les commerçants locaux. Ci-dessous figurent les principales mesures visant la promotion et le renforcement du financement local du commerce des produits, qui comprend le commerce des cuirs et peaux, du cuir préparé et des articles en cuir.

Des informations fiables (base de données) pour la planification du financement du commerce. Les informations fiables manquent souvent. Il est important que les institutions financières et commerciales obtiennent des données fiables sur la production animale, le taux d'abattage, la capacité de tannage, la capacité de production et les exportations de cuir et des produits dérivés par destination et en totalité, ainsi que sur la qualité, les prix et les capacités des commerçants et des entrepôts. Ces informations sont indispensables pour évaluer le financement d'une opération commerciale.

Système rapide d'évaluation du crédit. Il est nécessaire de simplifier les systèmes d'évaluation du crédit sans compromettre la qualité de l'évaluation. En matière de commerce, le temps est un facteur déterminant - le temps de la prise de décisions ne devrait pas dépasser la durée de l'opération commerciale. Si les banques ne peuvent respecter les délais de livraison, elles pourraient représenter la principale contrainte à la croissance du commerce. Les simplifications nécessaires comprennent la mise en place d'un système de crédit dont la garantie n'est pas représentée uniquement par des immobilisations (immeubles et équipement). Ce système devrait pouvoir utiliser à titre de garantie les produits en jeu moyennant l'application d'une couverture proportionnelle à la valeur des produits et un mécanisme de financement sur récépissé d'entrepôt. Ce mécanisme devrait être individualisé et concerner un ensemble spécifique et fixe de produits.

Il faudra un processus de transaction rationalisé et efficace, avec des paramètres clairement définis pour mesurer les risques acceptables et l'atténuation des risques. L'application d'un tel système exigera la mise en place d'un système d'entreposage, de gestion de la garantie et de récépissé d'entrepôt. Un cadre juridique et décisionnel et un plan d'assurances approprié de soutien devraient être mis en place en cas d'effondrement du système.

Renforcer la capacité des banques locales par la formation et l'introduction de bonnes pratiques commerciales. Des incitations fiscales sont nécessaires pour promouvoir la création de capacités dans le secteur financier local. Les banques locales et les autres institutions financières devraient être renforcées afin de réaliser le financement du commerce. La formation en cours d'emploi devrait inclure des cours théoriques et des exercices pratiques. La formation devrait inclure l'apprentissage des cycles de opérations commerciales; l'identification et la gestion des risques commerciaux (techniques, financiers, de contrepartie et des risques-prix); l'évaluation des propositions de crédit commercial et sa gestion, et les opérations de couverture appropriées.

Lignes de crédit et mécanismes de facilitation du commerce. Afin d'améliorer les ressources limitées à destiner au financement du commerce dont disposent les banques locales souhaitant tester de nouveaux produits, il conviendra de les aider à établir des lignes de crédits à des prix raisonnables pour appuyer la chaîne d'approvisionnement. Les acheteurs étrangers sont extrêmement sélectifs pour ce qui est de la qualité, des délais de livraison et des prix, y compris des conditions du crédit. La couverture liée aux produits et le mécanisme de financement sur récépissé d'entrepôt préalables à l'exportation, ainsi qu'un système d'inspection fiable, ont un rôle fondamental à jouer en permettant aux exportateurs d'offrir des services compétitifs et de garantir leur capacité de respecter des termes et conditions contractuels de plus en plus sévères. Des mécanismes devraient également être mis en place pour appuyer les importations essentielles d'intrants de base, comme les produits chimiques, à entreposer dans le pays. Les tanneurs locaux pourraient alors acheter les produits chimiques auprès de leur entrepôt local sous forme de petits paquets à partir des stocks.

Raisons justifiant la mise en place d'un mécanisme de financement structuré

Pour améliorer l'efficacité de la commercialisation des produits et assurer des revenus adéquats aux intervenants dans les chaînes de production et de commercialisation, il faut promouvoir des produits de qualité, renforcer la compétitivité du marché, réduire les risques opérationnels, minimiser les coûts de commercialisation et faciliter l'accès au crédit pour les petits et moyens commerçants et les petits exploitants producteurs. Il est donc proposé de mettre en place un mécanisme de financement structuré comprenant des dispositions pour la collecte, l'analyse et la diffusion d'informations sur la marché; l'élaboration et la mise à l'essai d'un cadre juridique et décisionnel de soutien et l'élargissement des services financiers pour faciliter la participation au marché d'un nombre accru de négociants locaux.

Mise en oeuvre du financement structuré dans le secteur des cuirs, peaux et articles en cuir.

Une fois établi le mécanisme de financement structuré, les opérations suivantes peuvent être réalisées par les différents intervenants dans la chaîne d'approvisionnement du cuir:

Principaux éléments d'un mécanisme de financement structuré

Cadre juridique et décisionnel. Un cadre juridique et décisionnel clair désigné sous le nom de loi des entrepôts devrait définir les rôles du gouvernement et du secteur privé dans le commerce des produits. Dans la plupart des pays africains, ce cadre n'existe pas encore. Les opérateurs se servent, à l'heure actuelle, de codes et politiques légaux et commerciaux incomplets qui ne concernent pas spécifiquement les marchés et le commerce des produits. Le cadre juridique et décisionnel existant doit être consolidé et amélioré pour mieux répondre aux besoins des opérateurs du secteur des cuirs et peaux, du cuir préparé et des articles en cuir. Dans l'élaboration du cadre juridique devraient intervenir des parties prenantes des secteurs privé et public s'intéressant non seulement aux cuirs et peaux, mais à des domaines apparentés comme le transport, l'expédition, les opérations bancaires et les assurances.

Exécution du marché: L'exécution du marché sera renforcée par une définition claire du cadre juridique, décisionnel, réglementaire et procédural au sein duquel les opérateurs commerciaux entreprennent leurs transactions. Les termes et conditions des marchés, y compris les caractéristiques de la qualité et des prix, et les délais de livraison, devront être clairement énoncés. Les pays africains devraient être encouragé à publier des règlements et des codes de pratiques pour tous les secteurs des produits.

Financement des opérations commerciales: L'accès aux financements étrangers est limité et le crédit octroyé par le secteur bancaire local coûte cher en raison des risques et d'autres problèmes qui sont propres aux pays africains. Dans cette situation, la difficulté d'accès au financement des opérations commerciales freine l'entrée dans les marchés internationaux. Il faudrait de toute urgence lever ces contraintes qui empêchent les banques locales et internationales d'octroyer les crédits nécessaires. Le problème principal paraît être le risque-pays ou le risque politique. C'est l'un des risques dont l'évaluation est la plus subjective et une nouvelle formule s'impose. Elle pourrait être élaborée de concert avec les institutions et sociétés africaines opérant dans la région.

Concurrence du marché: La concurrence du marché devrait être renforcée en promouvant la participation des commerçants et exportateurs locaux au marché intérieur des produits par le biais de la formation et d'un meilleur accès au crédit. Les gouvernements africains devraient conclure des accords visant à relier différentes catégories de commerçants, sans pour autant nuire aux opérateurs qui pourraient souhaiter entreprendre un cycle complet de transactions commerciales. Les gouvernements et les associations de commerçants devraient chercher à identifier les services d'appui financier en faveur des petits et moyens commerçants qui pourraient rendre compétitif le marché.

Risques relatifs à la commercialisation: On a identifié plusieurs risques dans la chaîne de commercialisation des produits. Parmi ces risques figurent notamment le non-remboursement des emprunts auquel se heurtent les financiers, les risques-prix qui menacent tous les opérateurs commerciaux, le risque d'une mauvaise exécution d'un marché auquel font face les commerçants et les risques relatifs à la qualité et à d'autres aspects techniques que doivent affronter à la fois les producteurs et les commerçants. La concentration actuelle de la part du marché et la tendance à la réalisation du cycle complet des opérations par un nombre limité de commerçants mettent en évidence les nombreuses imperfections du marché et contribuent à la pratique de l'actualisation des prix aux niveaux primaires. On pourrait parler de pouvoir monopolistique. Le taux de non-remboursements et les coûts du financement peuvent aussi être réduits par des opérations financières dont le cycle est plus court, y compris la gestion efficace des risques-prix, et en assurant tous les produits entreposés.

Les difficultés d'introduire un mécanisme de financement structuré

Le Fonds commun pour les produits s'est heurté à des difficultés dans différents domaines lorsqu'il a tenté d'introduire des mécanismes de financement structurés en Afrique:

L'influence des monopoles ou des intervenants dominants: A chaque maillon de la chaîne de commercialisation on trouve des intervenants dominants qui préfèrent laisser inchangée la situation. En Afrique, on observe une certaine résistance aux changements de la part des gros négociants, tanneurs et fabricants, des gestionnaires des garanties et des banques qui suivent avec méfiance l'élaboration et la mise en oeuvre de nouvelles politiques. Ils ont peur de la transparence et de l'entrée de nouveaux intervenants dans le marché.

Coopération: Comme partout ailleurs dans le monde, les banques africaines tendent à se concurrencer plutôt qu'à coopérer. Il est très difficile de travailler avec elles à la réforme du système de financement, car les gestionnaires locaux ne jouent aucun rôle dans la formulation des politiques nationales.

Banques internationales: Pour les banques internationales dont le siège est en Afrique, la plupart des décisions sont prises hors du continent. C'est ainsi que les critères et conditions d'évaluation du crédit ne peuvent être modifiés sans l'autorisation du siège. Il s'est avéré difficile pour les gestionnaires nationaux de passer des emprunts fondés sur les immobilisations à ceux basés sur le récépissé d'entrepôt. Les banques internationales ont eu du mal à participer au processus de changement. Il faudrait que des experts très expérimentés et spécialisés s'entretiennent avec ces banques en vue d'introduire des changements.

L'attitude du secteur privé vis-à-vis du gouvernement: Certains opérateurs tendent à croire que le gouvernement joue un rôle insignifiant, ce qui est clairement une attitude dangereuse. L'ignorance du gouvernement de la part des parties prenantes entraîne l'absence de coopération et la méfiance.

Evaluation des risques basée sur les journaux: Malheureusement, l'évaluation du risque-pays est souvent pilotée par des histoires de scandales plutôt que par les faits.

Efficacité du gouvernement dans l'introduction de mécanismes de financement structurés: Bien qu'il soit communément estimé que le gouvernement est lent et réticent à changer, le Fonds commun est d'avis contraire. Dans les pays où il introduit ces nouveaux produits financiers, il a pu observer que les gouvernements étaient plus prompts que le secteur privé à en appréhender les aspects, notamment après sa contribution au financement de la recherche juridique. Les gouvernements sont favorables à la mise en place d'un mécanisme de financement structuré car il permet à davantage d'intervenants d'entrer dans le secteur du commerce des produits.

Financement des entrepôts sous douane: Les gouvernements demandent que dans le cadre juridique et décisionnel soit inclus le financement des entrepôts sous douane destinés aux importations d'intrants essentiels, puisqu'il réduira les délais de livraison de ces produits importés.[47] Il est proposé que les banques internationales financent les stocks entreposés qui sont garantis par un récépissé d'entrepôt sous douane, et que les stocks soient libérés après paiement des biens en lots réduits. Le secteur du cuir pourrait, par exemple, s'approvisionner en produits chimiques stockés dans les entrepôts sous douane.

Recommandations

1. Préparer une loi d'entrepôt pour fournir un cadre juridique et décisionnel clair et définir les rôles du gouvernement et du secteur privé dans le commerce des produits. La loi devrait être formulée de concert avec toutes les parties prenantes de l'industrie du cuir et des produits dérivés et tenir compte des domaines apparentés comme le transport, l'expédition, les opérations bancaires et l'assurance.

2. Les associations de producteurs du secteur industriel du cuir et des produits dérivés devraient, en collaboration avec le secteur bancaire, organiser des ateliers sur les règles et procédures appliquées normalement dans le système financier.

3. Promouvoir la création de capacités dans le secteur financier local par l'introduction d'incitations fiscales.

4. Renforcer la capacité des banques locales et des autres institutions financières de financer le commerce par le biais d'une formation en cours d'emploi et d'exercices pratiques touchant aux différents cycles des opérations commerciales.

5. Elaborer un mécanisme de financement structuré pour favoriser la participation au marché d'un nombre accru de commerçants. Il devrait comprendre des dispositions pour la collecte, l'analyse et la diffusion d'informations sur le marché; la création et la mise à l'essai d'un cadre juridique et décisionnel de soutien et l'expansion des services financiers.

Section III: Les possibilités d'un commerce électronique du cuir et des produits dérivés

La principale question qui se pose lorsque l'on considère l'introduction du commerce électronique dans la chaîne d'approvisionnement africaine du cuir est la suivante: «Comment la chaîne d'approvisionnement africaine du cuir, y compris les petites et moyennes entreprises et les organisations qui les appuient, peut appliquer des technologies de l'information, de la communication et de la constitution de réseaux pour améliorer leur compétitivité au plan international et accroître leur niveau de participation au commerce international ?»

Les marchés virtuels

Un mécanisme clé du commerce électronique est le marché virtuel. La figure 7.1 montre les possibilités de créer des marchés virtuels à divers points de la chaîne d'approvisionnement du cuir. Ils intéresseraient:

Figure 7.1 Marchés virtuels dans la chaîne d'approvisionnement de l'industrie du cuir

Pratiques de commerce électronique dans l'industrie du cuir dans les pays développés

Dans les pays développés eux-mêmes, l'industrie du cuir adopte une approche plutôt traditionnelle, et n'a appliqué jusqu'à présent que de rares pratiques de commerce électronique. Les sociétés du secteur semblent s'être familiarisées avec le courrier électronique et nombre d'entre elles ont des sites web du type brochure, mais rares sont celles qui utilisent des formes plus perfectionnées de commerce électronique. Dans l'Union européenne, l'usage de la technologie de l'information et de la communication varie à différents stades de l'approvisionnement:

Il est à noter, toutefois, que de nombreux marchés virtuels et de portails d'information intéressant l'industrie ont été établis ces dernières années, et apparaissent sur Internet. Des informations sur la mesure dans laquelle ils sont utilisés et leur utilité reconnue n'étaient pas disponibles au moment de la rédaction du présent rapport.

Applications potentielles du commerce électronique

L'appendice 7 présente des exemples de programmes et projets visant à encourager l'adoption du commerce électronique et de la production assistée par ordinateur par les petites et moyennes entreprises de la filière cuir. Ils comprennent:

Encourager l'adoption du commerce électronique par l'industrie africaine du cuir

Applicabilité potentielle.

Deux importantes caractéristiques de l'industrie du cuir en Afrique devraient encourager l'adoption de pratiques commerciales électroniques:

Il existe deux problèmes graves dans l'industrie que l'adoption de pratiques de commerce électronique ne saurait résoudre mais que la technologie de l'information et de la communication pourrait améliorer:

L'adoption du commerce électronique: barrières et solutions

Toutefois, des barrières considérables s'opposent à l'adoption des technologies de commerce électronique en Afrique aux niveaux de l'infrastructure et de l'entreprise:

Conclusions

La technologie de l'information et de la communication peut exercer un profond impact sur la compétitivité du secteur du cuir même dans le court à moyen terme. Bien que la pleine conversion aux transactions fondées sur Internet (ventes et achats) puisse être encore éloignée, même dans les pays développés, cette technologie et l'accès à l'information et aux compétences au travers d'Internet peuvent à maints titres assurer des avantages immédiats et spécifiques aux entreprises africaines. Il est aussi possible que les solutions qui ne sont pas réalisables au niveau de l'entreprise puissent l'être au niveau du secteur, grâce à l'intervention des associations et d'autres intermédiaires.

Recommandations

Au niveau de l'entreprise:

1. Faire mieux comprendre comment appliquer la technologie de l'information et de la communication de façon pratique en identifiant des modèles de rôles adaptés au contexte africain et qui concernent les petites et moyennes entreprises, et trouver un mécanisme permettant de transmettre ces exemples aux sociétés. Les exemples devraient souligner les avantages que les sociétés pourraient tirer de la technologie et mettre l'accent sur les investissements relativement limités qui sont nécessaires.

2. Améliorer les compétences relatives à la gestion et au commerce de nombreuses sociétés avant d'appliquer la technologie. Simultanément, apprendre à mieux utiliser la technologie permettra aux gestionnaires de mieux comprendre comment elle peut aider leur société.

3. Etudier la possibilité de mettre en place des systèmes de financement pour l'utilisation de la technologie de l'information et de la communication, ainsi que des mécanismes de partage des ressources technologiques aux niveaux communautaires ou industriel, et financer l'acquisition de cette technologie.

4. Mettre systématiquement les sociétés en présence de produits disponibles par le biais d'Internet, produits qu'ils peuvent exploiter dans les réseaux existants. Enfin, envisager la production régulière de bulletins.

Au niveau du réseau:

5. Sensibiliser les utilisateurs potentiels, publics et privés, à l'utilité de la technologie de sorte que le réseau puisse leur fournir des idées intéressant la situation locale.

6. Encourager la création de programmes d'ordinateur par des serveurs locaux (sur une base commerciale éventuellement) car de nombreux programmes existants dépassent les besoins et les moyens des petites et moyennes entreprises où qu'elles soient.

7. Faciliter et encourager le réseau de soutien afin d'acquérir les compétences, produits et services pouvant agir de catalyseurs aux fins de l'adoption de la technologie adaptée, et pour aider les sociétés à créer les compétences nécessaires pour mettre en pratique efficacement ces idées. Le réseau de soutien technologique et le réseau de développement du commerce, ainsi que les organisations sectorielles, devraient se réunir pour mettre au point des solutions appropriées.

8. Exprimer et présenter de manière claire et efficace des idées concernant des projets de démonstration pouvant servir de base aux demandes de financement de projets de commerce électronique.

Au niveau national:

9. Résoudre la question à moyen terme de l'absence d'une infrastructure de communication. Ce faisant, il est important de noter qu'il existe de nombreux exemple où l'ingéniosité et la détermination permettent aux sociétés et à ceux qui les appuient de surmonter ces barrières. Encourager la connaissance de ces exemples et stimuler l'émulation. Encourager l'accès partagé à la technologie de l'information et de la communication et aux mécanismes électroniques pour réduire les coûts dans le court à moyen terme.

10. Identifier un petit nombre de domaines très spécifiques et pratiques où la politique visant à faciliter l'usage de la technologie pourrait être modifiée. C'est la façon la plus efficace de formuler des politiques pratiques et de soutien performantes. Et ce, pour éviter des stratégies complexes qui pourraient s'avérer trop ambitieuses.

Section IV: L 'étalonnage comme outil pour connaître la position des matières premières, du cuir et des produits dérivés africains sur le marché mondial

La notion d'étalonnage

Camp (1989) définit l'étalonnage comme «le processus continu de comparaison entre les produits, services et pratiques d'une entreprise et ceux des concurrents les plus acharnés reconnus comme chefs d'industrie dans un secteur donné». La notion a été conçue initialement comme un outil de gestion servant à aider les entreprises individuelles à identifier leurs points faibles et leurs points forts par rapport à des concurrents, et les moyens d'améliorer leur performance relative. Son application a été étendue à d'autres niveaux: elle a servi à évaluer et surveiller la compétitivité de l'économie d'un pays et de secteurs industriels comme le montre l'exemple donné dans l'encadré 7.1.

Etalonnage de la chaîne d'approvisionnement africaine du cuir

Le tableau 7.3 comprend les résultats d'un étalonnage qualitatif où 13 paramètres des chaînes d'approvisionnement du cuir de deux pays d'Afrique orientale sont comparés à ceux de l'Italie, l'un des principaux producteurs de cuir de l'UE. Dans cet exemple, la chaîne locale et ses composantes individuelles sont inscrites dans un contexte international et leurs points faibles et forts mis en évidence.

Bien comprendre les points forts et les points faibles des chaînes d'approvisionnement du cuir permet aux intervenants dans des chaînes nationales et régionales de se concentrer sur les domaines où l'industrie bénéficie d'avantages compétitifs dans le contexte mondial, et de formuler les stratégies visant à éliminer les contraintes et les faiblesses dans les autres domaines.

Encadré 7.1. Exemples d'application de l'étalonnage

Pays-Bas. L'étalonnage a été appliqué en 1995 aux Pays-Bas pour évaluer la compétitivité de l'économie hollandaise.[49] Les résultats généraux ont mis en évidence la nécessité de créer une structure économique moderne, de moderniser certaines des politiques en matière d'éducation, d'améliorer la fonction du marché du travail et de renforcer l'environnement des entreprises.

Malaisie. Le Conseil national de la productivité de Malaisie a réalisé l'étalonnage de la productivité du secteur manufacturier en 1996, en utilisant la Corée, la Province de Taiwan, Hong-Kong et Singapour comme référence.[50] L'une des solutions proposées pour améliorer la compétitivité du secteur manufacturier malaisien consistait dans la création d'un service d'étalonnage de la qualité et de la productivité que la Société nationale malaisienne de productivité offrirait à des groupes d'entreprises dans des secteurs particuliers. Il existe désormais un modèle malaisien d'étalonnage.

Pakistan. Le modèle malaisien d'étalonnage a été appliqué au Pakistan dans le secteur du filage avec la participation de 14 filatures. Les paramètres d'une filature pakistanaise type ont été établis en 2002. Ses caractéristiques seront utilisées par les filatures locales pour évaluer leur performance. Les résultats obtenus seront analysés par le Conseil national de la productivité. Une fois identifiées les lacunes, des stratégies correctives seront recommandées pour améliorer la compétitivité du secteur.[51]

Tableau 7.3 - Résultats de l'étalonnage dans la chaîne d'approvisionnement du cui

Facteurs

Afrique

Pays développé


KENYA

ETHIOPIE

ITALIE

Disponibilité de cuirs et peaux bruts

Bonne

Bonne

Faible

Qualité des cuirs et peaux bruts

Normalement mauvaise

Faible-élevée

Elevée

Accès aux matières premières et coûts relatifs

Normalement facile

Normalement facile

Difficile

Accès aux ressources financières

Difficile

Difficile

Facile

Investissement durable

Faible

Faible

Elevé

Niveau d'intégration verticale

Faible

Faible

Elevé

Sophistication technologique des installations et du matériel

Faible-moyenne

Faible-moyenne

Très élevé

Compétences en matière de transformation

Limitées

Limitées

Très élevées

Recherche et développement

Limités

Limités

Très élevés

Développement du produit

Limité

Limité

Très élevé

Tradition dans l'industrie

Assez récente

Assez récente

Longue

Compétences particulières dans le secteur

Rares

Rares

Elevées

Perception du produit par le marché mondial

Mauvaise

Mauvaise (élevée pour les peaux de moutons)

Très élevée

Source: Kiruthu (2002)

L'analyse des résultats du tableau 7.3 montre, par exemple, la nécessité de moderniser la technologie et le matériel dans les deux pays africains, ce qui impose un accès amélioré aux ressources financières et la modernisation et le développement ultérieurs des compétences en matière de transformation disponibles pour la chaîne. Les politiques et stratégies visant à réduire ces faiblesses, ainsi que d'autres, devraient être analysées conjointement par les gouvernements et l'industrie. Le soutien permettant d'entreprendre ces tâches pourrait venir des associations locales, des fédérations et des services consultatifs internationaux.

A noter que de nombreuses lacunes ne sont pas propres au Kenya et à la Tanzanie. Elles se rencontrent dans de nombreux pays producteurs de cuir de la région comme on l'a vu dans les chapitres précédent de ce Plan.

Recommandations

Les recommandations suivantes sont tirées de l'exemple d'étalonnage présenté dans le tableau 7.3:

1. Faire le meilleur usage possible des ressources disponibles et normalement accessibles pour créer un avantage compétitif par rapport à l'Italie. La portée de cet avantage compétitif, cependant, est limitée par la qualité des cuirs et peaux, d'où l'urgence d'introduire des améliorations de la qualité depuis le stade de l'élevage et tout au long de la chaîne d'approvisionnement.

2. Faciliter l'accès aux ressources financières et promouvoir l'investissement durable et l'intégration verticale de la chaîne d'approvisionnement.

3. Introduire des systèmes de formation modernes en matière de transformation pour améliorer la productivité et la compétitivité.

4. Accroître les efforts en matière de recherche et développement et acquisition des technologies, afin de répondre aux besoins du marché. L'usage d'Internet par les entreprises africaines faciliterait le flux efficace et en temps utile de l'information entre les exportateurs et les importateurs, améliorant de ce fait la réceptivité du secteur à la demande du marché.

5. Redoubler d'efforts en matière de recherche et développement du produit pour exploiter les traditions et compétences particulières dans le cadre du projet «Fabriqué en Afrique» et en réponse aux demandes de créneaux particuliers.

Ces recommandations ont été déjà amplement approfondies dans les chapitres précédents et on peut les trouver dans le tableau récapitulatif des recommandations joint à ce Plan, mais elles sont présentées à nouveau dans cette section pour indiquer les applications potentielles de l'étalonnage à la chaîne d'approvisionnement africaine du cuir.


[31] Le marché africain consomme 506 millions de paires de chaussures, dont 371 millions sont importés. L’Afrique du Sud, l’Egypte et l’Algérie sont les principaux consommateurs, la Chine étant le fournisseur le plus important.
[32] Gonzalez Quijano, mai 2000, décembre 2000.
[33] Ces mécanismes se concentrent sur le secteur de la chaussure mais nombre de leurs caractéristiques sont également applicables à d’autres articles d’habillement en cuir.
[34] Les exigences dse importateurs décrites à l’appendice 8 comprennent les licences et certificats d’importation, les contrats, la certification, les modalités de paiement, les délais et modes de livraison, l’emballage et l’étiquetage, le classement et la tarification, et la communication avec les acheteurs.
[35] Milone 2002
[36] Les chaînes de produits axées sur l’acheteur sont organisées autour d’industries à coefficient élevé de main-d’oeuvre, comme celles de la chaussure et de l’habillement, où les agents de commercialisation et de fabrication (détaillants, agences de commercialisation spécialisés et fabricants spécialisés) établissent des réseaux de production mondiaux, notamment dans les pays en développement. Les entreprises des pays exportateurs en développement produisent les articles finis sous contrat en fonction des caractéristiques, directives et avis techniques dictés par les acheteurs.
[37] Aspects communs de la chaîne de valeur de l’habillement.
[38] Ces connaissances tacites peuvent devenir une puissante arme compétitive.
[39] La revalorisation à partir des opérations triangulaires de fabrication jusqu’à l’OBM se produit comme une réaction aux grandes variations de bénéfices que les détaillants et fabricants-commerçants des Etats-Unis réalisent par rapport à ceux de leurs partenaires commerciaux dans les pays en développement.
[40] Mosconi (2002).
[41] L’étalonnage est analysé au chapitre 7.
[42] L’assistance intégrée devrait être fournie à l’industrie du cuir par les centres modernisés décrits dans les sections précédentes; ce mécanisme a déjà été appliqué par l’ONUDI comme le montre l’encadré 6.3.
[43] Le Brésil, Singapour et la Chine ont un impôt sur les sociétés de 30% ou moins.
[44] Afrique du Nord: Egypte, Tunisie et Maroc. Afrique orientale: Tanzanie, Kenya et Ethiopie. Afrique occidentale: Mali, Nigéria. Afrique australe: Afrique du Sud.
[45] (Dengu, 2002)
[46] Notamment d’Afrique du Sud.
[47] Si un agriculteur commande un tracteur ou un tanneur ou une assocation de tanneurs commande des produits chimiques, ils pourraient recevoir ces intrants immédiatement dès l’entrepôt sous douane, sans devoir attendre 13 semaines ou davantage.
[48] Sans oublier l’infrastructure traditionnelle (financière et de transport), ainsi que la composante de l’information.
[49] L’étalonnage concerne d’importants domaines comme les politiques monétaires, la stabilité fiscale, la recherche et la formation, les infrastructures matérielles et le système d’imposition, ainsi que l’influence de tous ces facteurs sur la compétitivité du pays.
[50] Parmi les goulets d’étranglement identifiés figuraient le faible pourcentage d’étudiants en matières scientifiques et le fait que la recherche et le développement étaient estimés risqués et coûteux.
[51] ‘Benchmarking in Cotton Spinning’ Dawn http:// DAWN.com/report/germany 18.htm, 09 décembre 2002.

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