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7 La convention sur la diversité biologique - Juliane ZEIDLER - Convention sur la Diversité Biologique, Canada


I. LA CONVENTION SUR LA DIVERSITE BIOLOGIQUE

La Convention sur la Diversité Biologique (CDB) adoptée en 1992 a largement contribué à la prise de conscience mondiale de la biodiversité. Aujourd’hui, les experts, les responsables politiques et le grand public apprécient et accordent davantage de valeur aux biens et services fournis par la biodiversité.

La Convention contient des engagements clairs sur les politiques, les programmes et les plans d’action nationaux pour la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique. Aujourd’hui la Convention a 188 gouvernements membres. La CDB englobe les programmes thématiques et des questions intersectorielles. Les programmes thématiques couvrent la biodiversité des eaux intérieures, des forêts, des zones marines et côtières, des zones arides et semi-humides et des terres agricoles. Les questions intersectorielles englobent l’approche sur l’écosystème, la lutte contre les espèces exotiques envahissantes, la taxonomie, l’impact des changements climatiques sur la biodiversité et le développement d’indicateurs de l’appauvrissement de la biodiversité. Les chapitres suivants contiennent une description plus détaillée des programmes des terres agricoles et des zones arides et semi-humides, thèmes important dans le contexte de cet atelier.

II. LA BIODIVERSITE AGRICOLE

La biodiversité agricole est la diversité à tous les niveaux de l’hiérarchie biologique impliqués dans l’agriculture et la production des denrées alimentaires allant des gènes jusqu’à l’écosystème. La caractéristique fondamentale et distincte de la biodiversité agricole est qu’elle est créée, conservée et gérée par l’homme. A l’origine, c’étaient les petits exploitants. Maintenant ce sont aussi les biotechniciens qui utilisent des collections de ressources génétiques ex-situ. L’histoire de l’agriculture est une histoire d’expérimentation des ressources génétiques végétales et animales par l’homme et par la suite la dispersion de ces ressources par le biais du commerce et de la migration de l’homme.

La biodiversité agricole est cruciale comme moyen d’existence pour des milliards d’individus et comme base de toute la production alimentaire et donc de la sécurité alimentaire. Environ 7.000 espèces de plantes ont été cultivées et collectées pour nourrir l’humanité depuis le démarrage de l’agriculture, il y a 12.000 ans. Pourtant, seulement 15 espèces végétales et 8 espèces animales produisent 90 % de l’alimentation mondiale. Presqu’un tiers de la surface mondiale est utilisée pour produire de la nourriture, ce qui fait que l’agriculture est la cause la plus importante du monde pour la conversion des écosystèmes.

Le déclin de la biodiversité agricole s’est accéléré au cours du XX ème siècle, parallèlement à l’augmentation de la demande alimentaire. Les techniques agricoles modernes ont amélioré la productivité, mais de nouvelles variétés culturales génétiquement modifiées et fortement uniformisées, introduites dans les champs, ont remplacé les variétés locales. Ces pratiques ont réduit la diversité indispensable au développement durable de l’agriculture.

Le programme de travail de la Convention sur la biodiversité agricole porte sur l’identification et la promotion de pratiques, technologies, politiques et mesures incitatives de gestion souple. Il encourage aussi la conservation et l’utilisation des politiques nationales. Le programme de travail met l’accent sur différents aspects techniques des nouvelles technologies comme par exemple Genetic Use of Restriction Technologies (GURT), et leurs implications éventuelles sur la biodiversité agricole, la bio-sécurité, l’agriculture et l’économie. Le programme de travail agricole contient aussi des initiatives transversales: l’initiative internationale de conservation et d’utilisation durable des pollinisateurs et une initiative pour la conservation et l’utilisation de la biodiversité des sols. Le programme de travail étudie aussi les effets de la libéralisation du commerce sur la biodiversité agricole. Il identifie des aspects politiques à considérer par les gouvernements s’engageant dans le contexte. En même temps, le programme considère des possibilités d’améliorer les capacités des acteurs et de promouvoir l’intégration dans des plans et programmes sectoriels et multi-sectoriels à tous les niveaux.

Des objectifs quantifiables peuvent guider les mesures requises pour atteindre les buts de la Convention et permettent d’identifier les lacunes dans les travaux en cours. Ils peuvent fournir des points de référence utiles pour surveiller les progrès réalisés et rallier l’opinion publique derrière les enjeux prioritaires. L’adoption d’objectifs à l’échelle mondiale pourrait aussi stimuler la définition d’objectifs connexes pour la conservation de la biodiversité au niveau national, régional et local. Il faut des indicateurs spécifiques pour appuyer le développement de stratégies et de plans d’action à l’échelle nationale.

III. LES ZONES ARIDES ET SEMI-HUMIDES

Les zones arides/semi-humides abritent plus de 2 milliards d’habitants ce qui correspond à environ 35 % de la population mondiale. Un taux élevé de ces habitants sont des petits paysans pratiquant une agriculture de subsistance et des pêcheurs. Près de 60 % de la surface du globe est considérée comme aride à un certain degré. Le manque d’eau disponible est une contrainte majeure pour la vie dans ces zones. Les zones arides/semi-humides contiennent une gamme très variée d’habitats naturels qui englobent le désert sans aucun signe visible de vie, le semi-désert dominé par les herbes de pâturages et des types différents de savane arbustive à épineux, ainsi que des endroits boisés et des forêts. On estime que 70 % des zones arides sont endommagées par la désertification.

Beaucoup de zones arides/semi-humides ont un peuplement dense et les habitants dépendent directement des terres et des ressources locales pour leur vie quotidienne. Les zones arides/semi-humides sont souvent utilisées par une agriculture et un élevage extensifs. Il est inquiétant de constater que le changement provoqué par l’homme devient de plus en plus drastique, notamment dans les pays en voie de développement puisque le changement d’utilisation des sols y est accéléré et la capacité de gérer la pression sur l’écosystème et d’autres aspects de la biodiversité est limitée.

La diversité biologique des zones arides/semi-humides (“drylands”) a une importance particulière parce que ces zones contiennent de nombreux biomes uniques. Des endroits humides au sein des zones arides/semi-humides sont souvent cruciaux pour les oiseaux migrateurs et locaux. Des espèces agricoles végétales et animales domestiquées d’une très grandes importance ont leur origine dans les zones arides/semi-humides. La conservation et l’utilisation durable des zones arides/semi-humides sont donc des points centraux pour le développement et la lutte contre la pauvreté. Certaines zones arides/semi-humides abritent des habitats fragiles qui peuvent avoir besoin d’une attention particulière pour éviter la perte irréversible de la diversité biologique et les effets négatifs qui en découlent.

Ces écosystèmes sont souvent extrêmement fragilisés par la transformation des habitats, le surpâturage et les récoltes excessives, les espèces exotiques envahissantes, les changements climatiques, la disponibilité de l’eau et les pratiques de feux naturels.

Le programme de travail de la Convention cherche à combler les lacunes au niveau de nos connaissances par une évaluation des conditions actuelles, des tendances, des possibilités et des menaces. Il appuie les bonnes pratiques de gestion par des actions ciblées qui répondent aux besoins identifiés. Il encourage aussi les partenariats entre pays et institutions. Le programme de travail vise également à promouvoir des synergies et la coordination avec d’autres conventions, notamment la Convention de Lutte Contre la Désertification.

A la septième réunion de la Conference of Parties (COP-7), les Parties ont adopté une évaluation périodique de l’état et des tendances de la biodiversité des zones arides/semi-humides. Elles ont encouragé un programme de travail commun entre la CDB et la CCD. Il a été décidé de demander au Secrétaire Exécutif, en concertation avec les Parties, de développer des cibles de réalisation et - en concertation avec des secrétariats d’autres conventions concernées - de faciliter une réalisation synergétique. Il est demandé aussi aux Parties et à d’autres acteurs de rendre disponible le soutien nécessaire. La réalisation du programme de travail sur les zones arides/semi-humides sera évaluée en profondeur pendant la COP-8.


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