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12 Conservation et gestion durable des Systèmes Ingénieux du Patrimoine Agricole Mondial (SIPAM) - Sally BUNNING (FAO - Division de la Mise en Valeur des Eaux et des Terres)


I. RESUME

Les Systèmes Agricoles Patrimoniaux et leurs paysages associés ont été créés, façonnés, maintenus et transmis de générations en générations par des agriculteurs, des éleveurs, des habitants des forêts et des pêcheurs traditionnels. Il sont basés sur des espèces animales et végétales variées et sur leurs interactions, faisant appel à des combinaisons de types de gestion, de pratiques et de techniques particulières et faisant preuve la plupart du temps d’une grande ingéniosité.

Façonnés à partir des dynamiques de connaissances et d’expériences locales, ces systèmes agricoles sont le reflet de l’évolution de l’humanité et de sa relation avec son environnement. Ils ont permis, non seulement le modelage de paysages remarquablement esthétiques, le maintien d’une biodiversité agricole globalement significative, d’écosystèmes faisant preuve d’adaptabilité et l’existence d’un héritage culturel de valeur, mais surtout, ils ont fourni de multiples biens et services, une sécurité alimentaire et des moyens d’existence ainsi qu’une certaine qualité de vie.

Le but du projet est d’établir une base pour une reconnaissance internationale, une conservation dynamique et une gestion durable des Systèmes Ingénieux du Patrimoine Agricole Mondial (SIPAM) et de leur biodiversité, de leurs systèmes de connaissances et de leurs cultures à travers le monde. Une nouvelle catégorie de sites du Patrimoine Mondial est en voie de création avec la mise en place de programmes d’activités spécifiques dans 10 sites/systèmes pilotes, ainsi que d’activités visant à mobiliser un appui institutionnel et les politiques à un niveau global, régional et/ou national.

II. OBJECTIFS DU PROGRAMME SIPAM

Le but du programme SIPAM est de protéger les SIPAM des pressions exercées par les processus de globalisation économique et culturelle, les changements environnementaux et les politiques, incitations et outils de régulation impropres. A un niveau global, le projet visera à promouvoir la reconnaissance globale de l’existence et de l’importance des SIPAM via l’établissement d’une nouvelle catégorie de Patrimoine Mondial pour les systèmes agricoles et la création de réseaux internationaux et de mécanismes institutionnels pour assurer un support à long terme.

Les SIPAM sont définis comme:

«De remarquables systèmes d’usages des terres et des paysages, présentant une grande diversité biologique en constante évolution rythmée par des adaptations ingénieuses et dynamiques de la communauté/population à son environnement, afin de réaliser leurs besoins socio-économiques, culturels et de bien-être et leurs attentes d’un développement durable (FAO)».

Les SIPAM sont menacés dans le monde entier du fait...

d’un contexte politique, légal et/ou de mesures incitatifs inappropriés;

de la négligence des systèmes diversifiés et des connaissances traditionnelles;

de la priorité faible de la conservation in situ des ressources génétiques;

des exigences en termes de compétitivité et de rendements immédiats élevés (marchés globaux et inéquitables...);

du manque de participation de la population rurale dans la prise de décision et planification.

Quelques exemples des systèmes du Patrimoine Agricole:

ceux basés sur le riz (...riz-poisson etc.);

ceux basés sur le maïs et les tubercules (...taro etc.);

des systèmes ingénieux de gestion de l’eau et des terres en zones arides (...oasis; qanâts);

les systèmes d’élevage transhumant;

les systèmes multi-étage tels que les jardins de case et agroforestiers;

ceux basés sur la collecte et la chasse.

Quelques exemples de sites proposés et/ou possibles en Afrique...

des oasis traditionnels en Tunisie;
systèmes culturaux de décrue (lac Tchad, delta intérieur du fleuve Niger);
système de tapade en hautes terres, Fouta Djallon, Guinée;
terrasses de riz et agroforesterie au Mananara, Madagascar;
systèmes pastoraux du Massai au Kenya;
paysage de bocage tels que ceux en pays Bamileke, Cameroun;
jardins de case au Rwanda et Ouganda.

III. APPROCHE ET ACTIVITES

Le Projet vise à intervenir:

(i) au niveau mondial: à promouvoir la reconnaissance globale de l’existence et de l’importance des SIPAM via l’établissement d’une nouvelle catégorie de Patrimoine Mondial pour les systèmes agricoles et la création de réseaux internationaux et de mécanismes institutionnels pour assurer un support à long terme.

(ii) au niveau national: à évaluer et à améliorer les politiques, les systèmes de régulation et d’incitation de façon à ce qu’ils appuient et favorisent la durabilité et la viabilité des systèmes agricoles patrimoniaux ainsi que les moyens d’existence des paysans.

(iii) au niveau local: à renforcer le capital social et humain et des cultures des communautés de paysans, à améliorer la gestion des ressources naturelles et des pratiques de conservation basée sur une intégration des connaissances scientifiques et locales, à augmenter les bénéfices via l’amélioration des formes d’incitation et la valorisation des opportunités offertes par des marchés alternatifs.

A un niveau national et local, le plan d’activités pour une conservation dynamique et une gestion durable des systèmes sera développé dans 5 à 10 systèmes pilotes, correspondant à 5 -10 pays à travers le monde qui seront sélectionnés sur la base de critères reconnus internationalement. A un niveau local, ces plans d’activités incluront: le renforcement du capital social et humain et des cultures des communautés de paysans, l’amélioration de la gestion des ressources naturelles et des pratiques de conservation basées sur une intégration des connaissances scientifiques et locales, l’augmentation des bénéfices via l’amélioration des formes d’incitation et la valorisation des opportunités offertes par des marchés alternatifs. A un niveau national, les activités viseront à évaluer et à améliorer les politiques, les systèmes de régulation et d’incitation de façon à ce qu’ils appuient et favorisent la durabilité et la viabilité des systèmes agricoles patrimoniaux ainsi que les moyens d’existence des paysans. Les plans d’activités seront développés et mis en œuvre via un processus participatif, avec l’implication des paysans, ONG, instituts de recherche et institutions gouvernementales, sur une période de 5 à 7 ans.

Finalement, le projet Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) vise à établir un programme à long terme pour la conservation et la gestion durable du patrimoine mondial agricole.

IV. BIBLIOGRAPHIE

FAO, 2003. Conservation and Sustainable Management of Globally Important Ingenious Agricultural Heritage Systems (GIAHS), Project Concept Note to the Global Environment Facility (GEF), 2003.

FAO, 2003. Conservation and Sustainable Management of Globally Important Ingenious Agricultural Heritage Systems (GIAHS), Terms of Reference and Budget for the PDF-B stage. 2003.

FAO, 2002. Globally Important Ingenious Agricultural Heritage Systems (GIAHS): extent, significance, and implications for development. Background Paper by Professor Miguel Altieri, University of Berkely, California, 2002

FAO, 2002. Globally Important Ingenious Agricultural Heritage Systems (GIAHS): An Eco-Cultural Landscape Perspective, Background Paper by Professor Ramankrishnan, 2002

FAO, 2002. Le projet GIAHS (Globally Important Ingenious Agricultural Heritage Systems) en 15 questions, Background Paper by Professor Jean Bedel, 2002

Contacts:

Parviz Koohafkan, Chef du service de la gestion des terres et de la nutrition des plantes, FAO: [email protected].

David Boerma, agent de liaison du programme SIPAM: [email protected].

Maryam Niamir-Fuller, PNUD, Coordinateur Régional du FEM pour la biodiversité et les eaux internationales en Afrique et agent de liaison pour les questions de dégradation des terres: [email protected]

Site Internet: www.fao.org/landandwater/giahs.


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