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Le Comité des forêts 2005: Pourquoi est-il spécial?

D.A. Harcharik

David A. Harcharik est Directeur général adjoint de la FAO. Il était auparavant Sous-Directeur général du Département des forêts.

Le Directeur général adjoint, David Harcharik, a invité les participants au Comité des forêts à lui présenter des suggestions visant à améliorer le travail de la FAO sur les forêts et la foresterie
FAO/I. BALDERI

Des invités de renom, une assistance record et un programme bien rempli ont défini le cadre pour un événement aux importantes retombées pour le monde forestier.

J’ai le plaisir de vous souhaiter la bienvenue à la dix-septième session du Comité des forêts. Je suis particulièrement heureux de constater une assemblée aussi nombreuse. C’est, je crois, la preuve de l’importance que vous attribuez aux forêts et aux travaux de ce comité.

Cette année, le Comité revêt un caractère spécial. Très spécial. Tout d’abord, parce que nous avons l’honneur et l’immense plaisir d’accueillir le Premier Ministre de Finlande, Son Excellence Matti Vanhanen, qui a accepté de se joindre à nous.

Deuxièmement, parce que nous avons le privilège exceptionnel d’accueillir parmi nous la lauréate du Prix Nobel de la paix, Madame Wangari Maathai. Elle sera officiellement présentée par le Directeur général.

Et enfin, parce que le Comité des forêts, cette année, suit immédiatement la troisième Réunion ministérielle sur les forêts qui, comme vous le savez, a eu lieu hier. Un très grand nombre de participants y ont également assisté. Son Excellence Denis Sassou Nguesso, Président de la République du Congo, a prononcé le discours d’ouverture de la session, établissant le ton des débats qui ont suivi.

Ensemble, la réunion ministérielle et le Comité des forêts fournissent, non seulement une occasion exceptionnelle de faire progresser le dialogue international sur les forêts, mais aussi, ce qui est peut-être encore plus important, une contribution essentielle aux plans et programmes d’action forestiers pour la gestion durable des arbres et des forêts de tous les pays du monde, notamment ceux touchés par la pauvreté et l’insécurité alimentaire.

Nous avons un programme bien rempli, ce qui n’est guère surprenant pour un comité de fonctionnaires et d’experts forestiers de haut niveau qui se réunit une seule fois tous les deux ans. Outre les débats en plénière, vous pourrez, parmi les 20 sessions auxiliaires, choisir des thèmes comme l’observation des lois forestières, les forêts et le changement climatique, les espèces envahissantes et les liens entre les zones boisées et les conflits violents.

Pendant cette semaine, vous aurez l’occasion de vous pencher sur un grand nombre d’importantes questions. Pour gagner du temps, je n’en mentionnerai que quelques-unes dont le tremblement de terre et le tsunami dramatiques qui ont causé la mort de centaines de milliers de personnes dans les pays de l’océan Indien. Outre la perte de vies humaines, le tsunami a également eu des effets dévastateurs sur les moyens de subsistance de millions de personnes, en particulier dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche. Cependant, le secteur forestier est également touché, car de nombreuses forêts côtières ont été endommagées et beaucoup de travailleurs forestiers ont perdu leurs moyens de subsistance. La FAO a répondu en envoyant sur place un surcroît de conseillers pour aider les pays à évaluer l’impact général de cette calamité sur le secteur forestier et pour les assister dans leurs efforts de remise en état. La semaine dernière, par exemple, notre fonctionnaire régional à Bangkok a réuni quelque 50 représentants provenant des pays affectés, d’organisations internationales et d’organisations non gouvernementales (ONG) pour étudier comment mieux coordonner les efforts de remise en état des zones boisées. Nous examinons à l’heure actuelle la suggestion d’instaurer un partenariat régional qui faciliterait la mise en œuvre d’une approche intégrée de la gestion des zones côtières et des conditions de vie des populations.


TRADUIRE LES ENGAGEMENTS EN ACTIONS

Hier, lors de la Réunion ministérielle, les ministres ont renouvelé leur engagement à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). À la présente réunion du Comité des forêts, vous étudierez les moyens de convertir les engagements en actions. Nous, les forestiers, savons que les forêts et les arbres hors forêt contribuent notablement à l’éradication de la pauvreté et de la faim et à la durabilité de l’environnement. Toutefois, ce qui nous paraît évident ne l’est pas nécessairement pour les autres. Tel que je le vois, le défi que nous devrons relever consiste à accroître la prise de conscience de ces contributions et de convaincre les autorités supérieures d’inclure le secteur forestier dans les objectifs de développement nationaux. Jusqu’ici cela ne s’est guère vérifié et le moment est sûrement venu de se demander pourquoi. Que devrions-nous faire de plus? Pourquoi le secteur forestier est-il absent des documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté? Et pourquoi la réduction de la pauvreté est-elle rarement mentionnée dans les programmes forestiers nationaux? J’espère que vous accorderez à ces questions toute l’importance qu’elles méritent.

Les forêts contribuent aussi aux OMD de manière plus indirecte. La gestion durable des forêts, par exemple, peut fournir une source plus sûre de bois de feu, permettant ainsi aux femmes et aux enfants de destiner moins de temps à sa collecte. Les heures économisées consentent aux mères d’entreprendre des activités rémunératrices et favorisent la fréquentation des écoles par les enfants. Les forêts fournissent aussi des médicaments naturels et une source complémentaire d’aliments, notamment pendant les périodes de disette, aidant par là même à réduire la mortalité infantile et à améliorer la santé maternelle.

Ces quelques exemples m’amènent à faire une observation. Les Objectifs du Millénaire pour le développement nous rappellent que le développement social et économique intéresse tous les secteurs. Il comprend les droits humains, la santé, l’éducation, l’agriculture, les forêts, les pêches et l’environnement et bien d’autres, justifiant pleinement le travail réalisé en collaboration dans tous les secteurs. La FAO a établi et guidé de nombreux partenariats, participant à bien d’autres aussi. Mais il faut poursuivre les efforts visant à renforcer les partenariats et à les rendre plus efficaces, à multiplier les associations novatrices et à identifier les domaines de future collaboration potentielle. C’est précisément pour ces raisons que M. El-Lakany s’est entretenu avec des représentants de la société civile dimanche dernier. Et j’ai le plaisir d’accueillir ce grand groupe de collègues des ONG à cette session du Comité des forêts.

C’était également réconfortant de voir des membres du Partenariat de collaboration sur les forêts se joindre à nous cette semaine. Ils auront un rôle important à jouer dans les sessions auxiliaires que j’ai mentionnées tout à l’heure. Comme vous le savez, la FAO contribue de manière notable au Partenariat de collaboration sur les forêts et aux dialogues mondiaux sur les forêts au sein des Nations Unies et d’autres instances. Nous nous sommes engagés à poursuivre et renforcer cet appui.

Outre ces efforts internationaux visant à favoriser la mise en œuvre au niveau national de la gestion durable des forêts, il est maints exemples de coopération régionale performante. Parfois il est plus facile pour un petit groupe de pays d’identifier des problèmes communs et de grouper leurs capacités collectives de mettre en pratique des solutions. Cette semaine, les présidents des six Commissions régionales des forêts de la FAO feront rapport sur les activités et réalisations collectives des pays situés dans leurs régions.

La deuxième question que les ministres ont soulevée hier concernait la façon de renforcer la coopération internationale en matière d’incendies de forêt, dont la plupart sont provoqués par les activités humaines. Les feux incontrôlés dévorent des centaines de millions d’hectares de forêt chaque année; ils causent des victimes, détruisent les propriétés et ont un effet dévastateur sur les économies. Les incendies sont particulièrement nuisibles pour les pauvres car les ressources forestières dont ils sont tributaires pourraient subir des dommages irréparables, aggravant par là même leur dénuement. Le Comité des forêts peut et doit intervenir pour atténuer ces désastres et nous nous réjouissons d’entendre vos points de vue sur la manière d’améliorer la gestion des incendies, notamment dans les domaines de la prévention, de la planification préalable et de la lutte.

Les forestiers savent bien comment les forêts et les arbres hors forêt contribuent à l’éradication de la pauvreté et de la faim et à la durabilité de l’environnement, mais il faudrait que les autres en prennent conscience aussi
FAO/FO-0083/PROJECT GCP/INT/542/ITA

GUIDER LE TRAVAIL DE LA FAO

Un autre thème à l’ordre du jour est la formulation d’un programme d’action pour la FAO dans le secteur forestier. Alors que nous nous efforçons de maintenir un programme exhaustif qui réponde aux multiples besoins des pays membres, nous sollicitons à nouveau votre avis quant aux priorités. Notamment, vous aurez l’occasion de nous conseiller dans quatre domaines clés: les forêts et la bioénergie; les études prospectives du secteur forestier; le suivi, l’évaluation et l’établissement de rapports concernant les forêts; et l’appui aux accords internationaux sur les forêts.

En termes réels, le budget du Département des forêts est bien plus limité qu’il y a 10 ans. D’autres départements ont subi le même sort – une situation qui rend suprêmement important l’établissement de priorités. C’est pourquoi vos points de vue sur les activités essentielles de notre programme forestier au cours des deux années à venir, et dans le moyen terme, nous aideront à prendre quelques décisions difficiles, étant conscients que nous ne serons pas à même de satisfaire toutes les attentes.

Nous vous mettrons aussi au courant cette semaine des résultats du XIIe Congrès forestier mondial qui s’est tenu à Québec (Canada) en septembre 2003, et nous écouterons les présentations de pays qui ont exprimé leur souhait d’accueillir le prochain Congrès forestier mondial.

Avant de terminer, je voudrais citer quelques exemples de la manière dont nous aidons les pays à obtenir les informations sur les forêts, le soutien technique et les avis en matière de politiques forestières qui leur sont nécessaires. Par le biais de l’Evaluation des ressources forestières mondiales, non seulement rassemblons-nous des données mondiales sur ce thème, mais nous travaillons aussi de concert avec les pays pour les aider à mieux évaluer eux-mêmes leurs séries de données nationales. De même, grâce au Mécanisme pour les programmes forestiers nationaux, nous collaborons avec près de 40 pays à la formulation de leurs politiques et à leur planification forestières.

Toutefois, la question de l’information nous place face à un paradoxe. D’une part, la capacité de générer des informations accessibles, et de suivre, évaluer et communiquer les résultats de la gestion durable des forêts résulte faible dans de nombreux pays, entravant par là même la prise de décisions. D’autre part, la technologie produit de nos jours une telle abondance d’informations qu’elles risquent de nous submerger si nous ne les gérons pas correctement. Au fil des ans, la FAO a produit des informations sur presque tous les aspects de la forêt et de la foresterie, informations qui continuent à représenter un élément de premier plan de notre programme de travail. Après l’examen de ce programme, veuillez nous faire part de votre opinion quant à la façon dont les informations pourraient être valorisées afin de mieux répondre à vos besoins.

La foresterie durable contribue aussi indirectement à de nombreux Objectifs du Millénaire pour le développement, en fournissant, par exemple, une source plus sûre de bois de feu, ce qui permet aux femmes et aux enfants de destiner moins de temps à sa collecte et favorise la fréquentation des écoles par les enfants
FAO/FO-0257/T. HOFER

CONCLUSION

Je voudrais conclure en reprenant ce que j’ai introduit, à savoir que ce Comité des forêts est spécial voire, à bien des égards, exceptionnel, en raison du grand nombre de participants de haut niveau. En outre, l’ordre du jour déborde de questions actuelles et importantes. Chacun de vous devrait pouvoir y trouver un thème d’intérêt et j’espère que vous ramènerez tous chez vous de nouvelles idées et des informations pertinentes pour votre propre travail. En outre, je vous demande d’exprimer librement vos pensées sur la manière d’améliorer le travail de la FAO sur les forêts et la foresterie afin de mieux répondre à vos besoins. Je puis vous assurer que nous apprécions vos avis et que nous ferons de notre mieux pour les matérialiser.

Je vous souhaite à nouveau une vive bienvenue à tous et vous remercie de votre attention.

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