FAO/SMIAR - Perspectives de l'Alimentation No.4 - octobre 2001 - P. 11

• La production de manioc augmente de 1 pour cent
• Le prix des granulés de manioc reste faible tandis que celui des farines et fécules se raffermit
• Perspectives pour 2002

Manioc

La production de manioc augmente de 1 pour cent

La production de manioc augmente de 1 pour cent

La récolte mondiale de manioc devrait atteindre 178 millions de tonnes en 2001, soit 1 pour cent de plus seulement que l'année précédente. Cette expansion est due en grande partie à l'accroissement de la récolte de l'Afrique, de l'Amérique latine et des Caraïbes, tandis que la récolte d'Asie ne devrait guère progresser.

Production mondiale du manioc 1/

En Afrique, le manioc continue de jouer un rôle clé dans les programmes de sécurité alimentaire de plusieurs pays, en particulier du fait de sa résistance à la sécheresse. Dans la plupart des pays, on cherche à accroître la productivité en introduisant des variétés améliorées. Au Ghana par exemple, les nouvelles variétés ont un rendement 2,3 fois plus élevé que la variété locale (25 à 32 tonnes à l'hectare). Certains pays comme le Cameroun s'intéressent maintenant davantage aux activités de post-récolte afin de réduire les pertes. Selon les dernières prévisions de la FAO, la production de manioc de la région devrait atteindre 95 millions de tonnes, soit 1 pour cent de plus que l'année dernière; on prévoit une récolte accrue en Angola, au Bénin, au Burundi, au Ghana, au Libéria, au Mozambique, au Nigeria et en Ouganda. Dans ces pays, les superficies plantées en manioc ont augmenté et les conditions climatiques ont été favorables, ce qui a permis d'obtenir de bons rendements. En revanche, on s'attend à une contraction de la récolte en République démocratique du Congo, où les problèmes d'insécurité permanents ont continué de perturber l'activité agricole. De plus, il est probable que la production va diminuer au Malawi et en Zambie où des inondations ont sérieusement endommagé les cultures, ainsi qu'en Tanzanie et au Rwanda, où les régions de culture du manioc auraient été affectées par la sécheresse, et au Cameroun en raison d'attaques de ravageurs et de maladies qui vont probablement faire baisser les rendements.

En Amérique latine et dans les Caraïbes, on prévoit une récolte de manioc de 33,3 millions de tonnes, soit un 1,4 million de tonnes de plus que l'année dernière, l'essentiel de l'augmentation provenant du Brésil. Dans ce pays, la récolte de manioc devrait progresser de 4 pour cent, pour atteindre 24,2 millions de tonnes, grâce à l'expansion des superficies cultivées dans les États du centre-sud et de l'ouest. Depuis 1998, la hausse du prix du manioc dans le pays a encouragé les producteurs à se moderniser et à irriguer leurs champs de manioc. La production devrait aussi augmenter en Colombie, au Paraguay, en Haïti, au Nicaragua et au Pérou, en réponse à un accroissement de la demande intérieure à des fins d'alimentation et autres. Ce produit végétal fait l'objet d'un programme global dans la région, appuyé par des organisations tant publiques que privées, dans le but de promouvoir la production, la transformation et l'utilisation (voir encadré page 28).

En Asie, la production de manioc de 2001 devrait stagner autour de 49 millions de tonnes. La Thaïlande et l'Indonésie, qui sont les deux grands producteurs de la région, ont tous deux signalé une réduction d'environ 3 pour cent de leur récolte. En Thaïlande, le déclin est dû à la baisse du prix des racines de manioc depuis 1999, qui a incité les agriculteurs à cultiver d'autres produits. Le processus de diversification a été dans une certaine mesure limité par les importants achats d'intervention faits par l'État ces deux dernières années, qui ont contribué à atténuer la baisse du cours. Entre novembre 2000 et janvier 2001, l'État a acheté quelque 3 millions de tonnes de racines directement aux agriculteurs, au prix de 0,85 baht/kg, afin de produire des cossettes de tapioca et de l'amidon destinés à l'exportation. En Indonésie, la contraction attendue résultera d'un déclin des superficies cultivées, car la baisse du prix du riz, qui concurrence directement le manioc pour la consommation humaine, pèse sur la demande intérieure de produits à base de manioc. En revanche, l'Inde s'attend à une augmentation de sa production de 11 pour cent, grâce à l'expansion des superficies cultivées dans les États du Tamil Nadu et de l'Andhra Pradesh. La production devrait aussi augmenter au Myanmar et au Cambodge en raison de l'expansion des superficies et des gains de rendement.

Prix du manioc, de la farine de soja et de l'orge dans la CE

Source: FAO, Oil World et Agra Europe.
1/ Prix f.o.b. Rotterdam (péniche ou chemin de fer) y compris un droit de 6 pour cent. 2/ Argentine (45/46% protéines) c.i.f. Rotterdam jusqu'à fin septembre 1999. A partir d'octobre 1999 (44/45% protéines) c.i.f. Rotterdam. 3/ Mélange composé de 80 % de granulés de manioc et de 20 % de farine de soja. 4/ Prix de vente de l'orge en Espagne. 5/ Moyenne janvier-août.

Selon des prévisions provisoires, le commerce mondial des produits du manioc devrait atteindre 7,3 millions de tonnes (poids des cossettes et des granulés), soit 6 pour cent de plus que l'année dernière et beaucoup plus qu'on ne prévoyait plus tôt. Sur ce total, on estime que 4,7 millions de tonnes sont vendus sous forme de cossettes et de granulés et 2,6 millions de tonnes (équivalant à 1,3 million de tonnes de produits) sous forme de fécule et de farine^1/ destinés à l'alimentation ou à l'industrie. Les importations de la CE devraient baisser de 1 million de tonnes, pour tomber à 2,7 millions de tonnes, car la demande est faible^2/ aux Pays-Bas et en Espagne, où les foyers d'ESB et de fièvre aphteuse ont entraîné une chute de la production de viande. La contraction des importations de la CE devrait être largement compensée par l'augmentation des achats des pays d'Extrême-Orient et en particulier la Chine. Durant les huit premiers mois de 2001, ce pays a acheté 1,5 million de tonnes de cossettes et granulés de Thaïlande, contre 14 000 tonnes l'année précédente, à un prix compris entre 50 et 60 dollars É.-U. la tonne. Cette augmentation était essentiellement due à une mauvaise récolte de patates douces dans les principales régions de culture, qui a incité les éleveurs à employer davantage de manioc pour l'alimentation des animaux. On prévoit aussi une hausse des importations de manioc des Philippines, de la République de Corée, du Japon et de la Chine, RAS de Hong Kong.

___________________

1/ Depuis la livraison de juin des Perspectives de l'alimentation, le commerce des farines et amidons est calculé en équivalent granulé (1 tonne de farine ou d'amidon est équivalente à 2 tonnes de granulés). 2/  Dans le cadre d'Agenda 2000, les prix d'intervention sur les céréales ont été ramenés de 119,19 euros la tonne en début de période à 110,25 euros la tonne durant la campagne précédente et à 101,31 euros la tonne pour la campagne 2001/02.

Entre janvier et août 2001, la Thaïlande a exporté 3,6 millions de tonnes de cossettes et granulés, contre 2,6 millions de tonnes durant la même période de l'année précédente. Cette augmentation s'explique en grande partie par le gonflement des exportations vers la Chine, qui ont été alimentées essentiellement par les stocks de l'Organisation des entrepôts publics de Thaïlande, après que le gouvernement a lancé, l'année dernière, un programme d'achat de cossettes, granulés et farine de manioc afin de soutenir le prix à la production. En conséquence, les exportations totales de produits à base de manioc de la Thaïlande devraient atteindre 7 millions de tonnes en 2001, soit 0,5 million de tonnes de plus qu'en 2000. Par contre, les exportations de l'Indonésie, ont les principaux destinataires sont la Chine et la République de Corée, devraient rester inférieures aux 150 000 tonnes de l'année dernière. Les autres exportations sont essentiellement des petites transactions frontalières qui ne sont pas toujours comptabilisées dans les statistiques officielles. Il y a quelques transactions à l'exportation officiellement déclarées en Afrique, par exemple 10 000 tonnes dans le cas du Ghana et 2 000 tonnes dans le cas de la Côte d'Ivoire. En Extrême-Orient, l'Inde prévoit officiellement d'exporter 1 700 tonnes de farine, de fécule et de sago de tapioca. Dans la région Amérique latine et Caraïbes, le Costa Rica aurait exporté 11 000 tonnes cette année, contre 42 000 tonnes en 2000. Enfin, on s'attend à ce que le Brésil exporte quelque 10 000 tonnes, essentiellement sous forme de farine. Globalement, les exportations des pays autres que la Thaïlande et l'Indonésie représenteraient quelque 170 000 tonnes en 2001, soit un peu moins que l'année dernière.

Commerce mondial du manioc 1/

Source: FAO
1/ En poids de cossettes et granulés. Depuis le numéro de juin des Perspectives de l'alimentation, les échanges de la farine et fécule sont calculés en équivalents cossettes (une tonne de farine ou de fécule correspondant à 2 tonnes de cossettes) 2/ Non compris les échanges entre les pays membres de la CE. 3/ Y compris la province de Taiwan.

Le prix des granulés de manioc reste faible tandis que celui des farines et fécules se raffermit

Le cours international du manioc a continué de baisser durant l'essentiel de l'année, ce qui est surtout dû à la faiblesse de la demande d'importation de la CE. Dans les huit premiers mois de l'année, le prix à l'importation de granulés de manioc de la CE était en moyenne de 81 dollars É.-U. la tonne, soit 8 pour cent de moins que durant la période correspondante de 2000. En revanche, le prix à l'exportation de la farine et de la fécule de manioc de la Thaïlande est monté à 185 dollars É.-U. la tonne en juillet-août 2001, contre 159 dollars É.-U. la tonne en juillet-août 2000.

Perspectives pour 2002

On prévoit que la production mondiale de manioc en 2002 augmentera légèrement, à condition qu'il n'y ait pas d'intempéries. En Afrique, la production pourrait progresser grâce à la hausse de la demande et aux programmes entrepris pour promouvoir la culture de variétés à haut rendement et résistantes aux maladies et ravageurs. Il se pourrait aussi que l'Amérique latine et les Caraïbes réussissent à accroître leur récolte. En particulier, au Brésil et en Colombie, la hausse du prix à la production cette année pourrait inciter les producteurs à développer la culture de ce produit. En
revanche, la production devrait continuer de fléchir en Asie. D'après une récente enquête faite en Thaïlande, la récolte devrait diminuer de 2,5 pour cent, pour

tomber à 17,8 millions de tonnes dans la prochaine campagne. Cette baisse serait due à une réduction de 6 pour cent des superficies, en partie compensée par un gain de rendement de 3 pour cent résultant de l'emploi de variétés améliorées.

Les perspectives du commerce du manioc en 2000 restent incertaines. Dans la CE un éventuel raffermissement des cours des céréales durant la prochaine campagne pourrait stimuler la demande d'importation de produits à base de manioc, mais cet effet pourrait être atténué par la contraction du cheptel dans certains pays qui sont de gros consommateurs de manioc. De plus, il n'est pas du tout certain que la Chine continue d'acheter en aussi grande quantité que cette année, où elle a bénéficié de prix particulièrement favorables. En Thaïlande, la perspective d'une récolte réduite pourrait permettre un redressement des prix intérieurs qui sont très bas depuis 1999. Pour ce qui est des exportations de granulés de manioc, les dernières prévisions font état d'un certain redressement cette année, en raison du raffermissement des prix des céréales dans la CE. De même, le prix de la farine de manioc pourrait continuer d'augmenter, essentiellement à cause d'une contraction de l'offre en Thaïlande.

Prix du manioc et des produits dérivés en Thaïlande1/

Source: FAO
Thai Tapioca Trade Association, Market Review.