FAO/SMIAR - Perspectives de l'Alimentation No.4 - octobre 2001 - P. 4

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Situation de l'offre et de la demande


La récolte céréalière de 2001 arrive à sa fin et l'on peut s'attendre à ce que la production globale pour l'année soit très inférieure à celle qui avait été annoncée dans le numéro de juin de "Perspectives de l'alimentation", confirmant ainsi les perspectives d'une dégradation de la situation mondiale de l'offre et de la demande en 2001/2002. Depuis juin, les prévisions concernant la production en 2001 ont été réduites de 36 millions de tonnes, pour se stabiliser à 1 842 millions de tonnes (riz usiné compris), soit 14 millions de tonnes ou 1 pour cent au-dessous des estimations pour 2000. La dernière révision reflète principalement la sécheresse qui a sévi dans certaines régions de l'Asie et de l'Amérique du Nord et a réduit le rendement de certaines récoltes tardives de blé, des principales campagnes de céréales secondaires et de certaines récoltes de riz dont beaucoup doivent encore être moissonnées. En raison de cette situation et des prévisions relatives à un accroissement de 1,2 pour cent de l'utilisation totale des céréales en 2001/2002, il sera nécessaire d'effectuer davantage de prélèvements sur les réserves dont le fléchissement sera encore plus marqué que prévu.

Les prévisions de la FAO concernant la production mondiale de blé en 2001 ont été encore révisées à la baisse depuis juin et indiquent un volume de 565 millions de tonnes, soit un recul de 13 millions de tonnes supplémentaires. Cette dernière révision est due essentiellement à une forte réduction des estimations portant sur la Chine et sur divers pays de la CE, où les récoltes sont presque achevées et où les rendements seront moins élevés qu'on ne le prévoyait auparavant, ainsi qu'à des ajustements à la baisse des prévisions se rapportant aux récoltes de printemps qui sont encore en cours au Canada et aux campagnes d'hiver à venir en Australie, en raison de conditions météorologiques défavorables au début des campagnes. Ces révisions à la baisse sont largement compensées par les prévisions en hausse pour l'Afrique et divers pays d'Europe centrale et orientale ainsi que par l'amélioration des estimations relatives à la campagne prochaine en Amérique du Sud. Selon les estimations actuelles, la production de blé en 2001 devrait être inférieure de 3,4 pour cent par rapport à l'année dernière, bien au-dessous de la moyenne des cinq dernières années et la plus faible depuis 1995. Au niveau régional, les rendements seraient en hausse cette année en Afrique, en Europe et en Amérique du Sud, mais ce gain serait plus que contrebalancé par une forte baisse dans toutes les autres régions. Les semis de blé d'hiver à récolter en 2002 sont déjà bien avancés dans les principaux pays producteurs de l'hémisphère Nord. Des premières estimations laissent prévoir aux États-Unis une légère amélioration possible de la superficie plantée en blé d'hiver par rapport à celle de l'année dernière qui a été exceptionnellement réduite. Bien que les cours internationaux du blé continuent à ne guère encourager les producteurs à cultiver cette céréale, la résistance du blé d'hiver et ses coûts de production relativement faibles, ainsi que les résultats décevants obtenus cet été par les exploitants agricoles dans les cultures de maïs, de légumineuses et de sorgho, rendent sa culture intéressante dans les Plaines. En outre, des conditions météorologiques favorables permettent d'espérer un bon départ des semis et, à la fin de septembre, près de 32 pour cent de l'ensemble des superficies prévues étaient déjà semées, un peu plus qu'habituellement à cette même époque. Dans le nord de l'Europe, jusqu'à la partie occidentale des Balkans, les conditions sont généralement favorables aux semis de céréales d'hiver. Toutefois, plus au sud, en Roumanie et en Bulgarie, où la sécheresse continue de réduire l'humidité de la couche arable, davantage de précipitations seraient les bienvenues pour les opérations de semis d'hiver.

 

Les prévisions de la FAO relatives à la production mondiale de céréales secondaires en 2001 ont été fortement revues à la baisse et indiquent 885 millions de tonnes, soit un recul de près de 20 millions de tonnes depuis juin, en raison essentiellement d'ajustements effectués pour l'Asie et l'Amérique du Nord et imputables aux conditions météorologiques. La persistance de la sécheresse et de la chaleur dans les principales zones de production de Chine et des États-Unis a fortement réduit le rendement des cultures, en particulier celle du maïs. En revanche, les prévisions concernant l'Amérique du Sud et l'Europe ont été revues quelque peu à la hausse depuis le dernier rapport, en raison d'une amélioration récente des conditions climatiques favorisant les campagnes d'été dans ces régions. Selon les prévisions, la production totale de céréales secondaires en 2001 devrait être supérieure de 1,4 pour cent à celle de l'année précédente et analogue à celle de 1999, tout en restant inférieure à la moyenne des cinq dernières années. Au niveau régional, les prévisions font état d'une augmentation de la production en Afrique, en Amérique du Sud et en Europe, compensant ainsi la baisse prévue dans toutes les autres régions.

À la mi-septembre, les récoltes de paddy dans l'hémisphère Nord étaient soit sur le point de s'achever soit terminées. Dans l'hémisphère Sud, la campagne 2001 est achevée et les agriculteurs se préparent ou ont déjà commencé à effectuer les semis pour la campagne 2002. Les prévisions de la FAO relatives à la production de riz en 2001 s'élèvent à 392 millions de tonnes, soit 4 millions en moins que prévu et 6 millions au-dessous du volume obtenu lors de la dernière campagne. Cette estimation à la baisse provient essentiellement d'une révision des résultats attendus en Chine où des problèmes persistants de sécheresse ont abaissé les perspectives de rendement.

Les estimations concernant les échanges mondiaux de céréales en 2001/2002 indiquent maintenant un volume de 230 millions de tonnes, légèrement supérieur à celui des prévisions précédentes en raison d'un ajustement à la hausse de la production de céréales secondaires et de riz au cours des derniers mois. Dans l'état actuel des choses, le volume des échanges mondiaux de céréales devrait rester pratiquement inchangé par rapport à celui de la campagne précédente. Les échanges mondiaux en blé et en farine de blé (en équivalent blé) en 2001/02 (de juillet à juin) sont prévus actuellement à 104 millions de tonnes, soit une augmentation d'un million de tonnes par rapport à 2000/01. Les importations mondiales de céréales secondaires en 2001/02 devraient atteindre 103 millions de tonnes, soit un million de plus que le niveau estimé auparavant, mais 2 millions de tonnes en moins par rapport à la campagne précédente. On s'attend à ce que les échanges mondiaux de riz en 2002 (année civile) augmentent quelque peu bien que, à ce stade précoce, les prévisions restent incertaines. Les échanges mondiaux de riz en 2001 sont évalués actuellement à 22,4 millions de tonnes (en équivalent riz usiné), sans variation par rapport au niveau estimé en 2000.

Les prévisions touchant l'utilisation mondiale de céréales en 2001/02 ont été relevées depuis juin et indiquent un volume de 1 933 millions de tonnes. A ce niveau, il s'agirait d'une progression de 22 millions de tonnes, soit 1,2 pour cent, par rapport au niveau enregistré lors de la campagne précédente et, pour la première fois depuis 1998/99, proche de la tendance des dix dernières années. Parmi les principales céréales, l'utilisation du blé et des céréales secondaires pourrait dépasser cette tendance, bien que légèrement. Cet accroissement sera probablement plus marqué pour le blé, en particulier pour le blé de moindre qualité, dont les prix sont actuellement concurrentiels. En ce qui concerne les céréales secondaires, leur utilisation pourrait s'accroître grâce à une hausse de la demande du secteur industriel et à une augmentation probablement élevée de la demande du secteur de l'alimentation animale en maïs, étant donné la faiblesse des cours de cette céréale. Tandis que l'augmentation de la consommation de riz devrait suivre l'accroissement de la population, la diminution de la production totale pourrait entraîner une réduction générale de l'utilisation non alimentaire du riz, en particulier en Chine.

Production, disponibilités, commerce et stocks céréaliers mondiaux

 
1999/00
2000/2001
estim.
2001/02
prévis.
 
(...millions de tonnes...)
Production 1/
1 887
1 856
1 842
Blé
591
585
565
Céréales
     
secondaires
887
873
885
Riz (usiné)
409
398
392
Disponibil. 2/
2 595
2 560
2 496
Utilisations
1 889
1 910
1 933
Commerce 3/
233
230
230
Stocks de clôture 4/
705
654
562

Les prévisions concernant les stocks mondiaux de céréales à la clôture des campagnes s'achevant en 2002 ont été fortement abaissées depuis juin de 92 millions de tonnes pour atteindre un volume de 562 millions de tonnes, soit 14 pour cent au-dessous de leur niveau d'ouverture déjà réduit. La plus grande part de ce déclin peut être attribuée à la Chine où, en dépit d'une production moindre, le gouvernement poursuit sa politique de réduction de ses stocks qui sont encore abondants et représentent plus de 50 pour cent de l'ensemble des stocks mondiaux. Les stocks mondiaux de blé à la fin des campagnes se terminant en 2002 devraient tomber à 207 millions de tonnes, soit 14 millions de tonnes en moins depuis les prévisions de juin et 43 millions de tonnes, soit 17 pour cent, au-dessous de leur niveau d'ouverture. Les stocks mondiaux de céréales secondaires pour les campagnes se terminant en 2002 sont estimés actuellement à 218 millions de tonnes, soit un recul de 25 millions de tonnes sur les prévisions de juin et 31 millions de tonnes, soit 12 pour cent, en moins que l'année précédente. Pour ce qui est du riz, les stocks devraient baisser à 137 millions de tonnes, c'est-à-dire près de 18 millions de tonnes au-dessous de leur niveau d'ouverture et un recul de 3 millions de tonnes par rapport aux prévisions antérieures.

En raison d'un marché mondial plus tendu, on assiste depuis juin à une légère reprise des prix internationaux à l'exportation de la plupart des céréales. Pour ce qui est du blé, les prix sont restés jusqu'à présent plus élevés que ceux de l'année dernière mais ont présenté des signes de faiblesse au cours des dernières semaines en raison des grandes réserves exportables dont disposent un certain nombre de pays qui ne sont pas ordinairement exportateurs, ce qui réduit considérablement l'écart. Dans l'ensemble, la forte baisse de la production de blé de cette année dans les principaux pays exportateurs, jointe aux prévisions initiales indiquant un accroissement de la demande internationale en importations auraient pu favorablement soutenir les prix du blé mais l'incertitude économique et politique causée par les événements tragiques du 11 septembre aux États-Unis ont remis ces prévisions en question. Toute interruption des canaux d'expédition ou un accroissement soudain des taux de fret pourraient entraîner cette année une réduction des achats, en particulier par les pays importateurs de blé importants du Proche-Orient, et par voie de conséquence, une plus faible demande d'importation sur les marchés mondiaux. Des conditions analogues caractérisent le marché du maïs qui, au cours des dernières semaines, a été soumis à une pression des prix à la baisse. Les prix internationaux du riz se sont généralement renforcés depuis le dernier rapport de juin, l'indice FAO des prix à l'exportation ayant atteint 91 points en juillet et en août contre 88 points en mai et juin. Toutefois, en septembre, l'indice a reculé d'un point et est tombé à 90 points, reflétant la baisse du prix du riz au Myanmar, due à une politique de commercialisation concurrentielle, et aux États-Unis, en raison d'une demande atone et d'estimations de production pour cette campagne plus élevées que prévu.


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