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ANNEXE D : ALLOCUTION D'OUVERTURE

DE M. SHER BAHADUR DEUBA, PREMIER MINISTRE


C'est un honneur pour le Népal d'accueillir à Katmandou la vingt-sixième Conférence régionale de la FAO pour l'Asie et le Pacifique. Nous sommes heureux également que cette réunion ait lieu juste avant le Sommet mondial de l'alimentation: cinq ans après, qui doit se tenir à Rome le mois prochain. C'est donc un plaisir pour moi d'inaugurer cette auguste assemble de personnalités distinguées de la région Asie-Pacifique et de vous souhaiter la bienvenue au Népal. Je vous souhaite à tous un agréable et confortable séjour à Katmandou.

La Conférence régionale a des questions importantes à traiter. Améliorer la nutrition, le niveau de vie des populations et la productivité agricole est aujourd'hui plus indispensable que jamais, mais surtout pour cette région qui abrite la majorité des personnes sous-alimentées du monde. Les objectifs fondamentaux de la FAO énoncés dès sa création, il y a une cinquantaine d'années, n'ont rien perdu de leur pertinence. Nous ne pouvons qu'apprécier les efforts collectifs faits par la communauté internationale et les initiatives salutaires de la FAO pour réduire le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde. Mais il n'est guère réjouissant d'apprendre que près de 800 millions de personnes souffrent encore de la faim à l'aube du XXIe siècle. Nous devrions redoubler d'efforts pour garantir l'accès de tous à une nourriture suffisante et saine et affermir notre résolution à cet égard. Alors même que la lutte mondiale contre le terrorisme continue, il n'est pas moins urgent de faire la guerre à la pauvreté et à la faim. La communauté mondiale doit s'engager à nouveau avec le plus grand sérieux à débarrasser le monde du fléau de la faim. Compte tenu des progrès stupéfiants faits par l'humanité au fil des siècles, il est choquant que nous ne soyons pas encore à même de nous nourrir, alors même que nous avons suffisamment de nourriture pour nourrir la population mondiale tout entière. C'est un problème de conscience. Je suis convaincu que nos délibérations permettront d'approfondir ces questions fondamentales.

Des débats sur un large éventail de questions ayant trait à la sécurité alimentaire, à la lutte contre la pauvreté rurale, à la démarginalisation des ruraux pauvres et à la mise en valeur durable des montagnes de la région donneront un sens supplémentaire à cette réunion. Il s'agit de questions importantes pour la région, qui abrite la plus forte concentration de populations pauvres et sous-alimentées. L'amélioration de leur qualité de vie ne peut que changer la face de la région dans son ensemble. En tant que pays montagneux, nous sommes heureux de noter que la mise en valeur durable des montagnes est également à l'ordre du jour. La célébration de l'Année internationale de la montagne est pour nous un motif de satisfaction. Nous sommes particulièrement conscients des bienfaits des montagnes: moyens de subsistance, biodiversité, beauté des paysages et solide culture. Pourtant, leur fragilité impose la plus grande précaution et une utilisation durable. Nos efforts doivent viser à trouver un équilibre délicat entre ces divers aspects.

Nous nous sommes tous engagés à assurer la sécurité alimentaire de tous et à diminuer de moitié le nombre de personnes sous-alimentées pour 2015 au plus tard. Si plusieurs pays de la région ont fait des progrès considérables en ce sens, beaucoup d'autres en ont été empêchés par diverses raisons internes et externes. Ce noble objectif doit être poursuivi avec le plus grand sérieux. Il faut renforcer la capacité interne des pays, avec le soutien formel et la solidarité de la communauté internationale. Le partage équitable des avantages de la mondialisation et le respect par les pays développés de leur engagement à fournir une assistance aux pays en développement permettraient, dans une large mesure, d'assurer la sécurité alimentaire de tous et de remédier au dénuement.

Je souhaite également saisir cette occasion pour féliciter M. Jacques Diouf de sa clairvoyance et de sa direction éclairée face Équateur l'insécurité alimentaire mondiale. Je me souviens avec plaisir que le Népal a été l'un des trois premiers pays de la région à bénéficier du Programme spécial pour la sécurité alimentaire. Le rôle de chef de file de la FAO dans l'organisation d'une coalition mondiale contre la faim et la mobilisation de la volonté politique et des ressources nécessaires pour atteindre les objectifs du Sommet mondial de l'alimentation mérite notre reconnaissance.

Des approvisionnements sûrs et l'accès de tous à une alimentation saine et nutritive constituent une priorité nationale pour le Népal. La nourriture est indispensable à la survie et le droit à l'alimentation est un droit fondamental de l'homme. Le gouvernement du Royaume du Népal fait siens les objectifs du Sommet mondial de l'alimentation et de son Plan d'action. La sécurité alimentaire signifie aussi de meilleurs moyens de subsistance pour les populations rurales et la gestion durable des ressources naturelles. La sécurité des approvisionnements est un moyen d'éliminer la pauvreté et la faim. Le renforcement de la productivité agricole et une meilleure distribution de la production sont des armes cruciales dans notre combat contre la faim.

Il ne fait pas de doute que l'injustice économique et d'autres formes de misère ont leur origine dans la pauvreté. Or, la faim est la manifestation extrême de la pauvreté. J'estime donc que l'éradication de la faim est une première étape indispensable pour parvenir à la sécurité alimentaire et élargir les possibilités offertes aux populations démunies d'améliorer leur situation. C'est dans cet esprit qu'au onzième Sommet de l'Association de l'Asie du Sud, pour la coopération régionale, qui s'est tenue à Katmandou, les États Membres se sont déclarés fermement résolus à lutter contre la faim avec un nouveau sentiment d'urgence. Ils ont également donné un rang de priorité élevé au développement du secteur agricole et à la sécurité alimentaire des populations d'Asie du Sud, conformément aux objectifs du Sommet mondial de l'alimentation et aux objectifs de développement pour le Millénaire. En tant que Président en exercice de l'ASACR, le Népal s'emploiera à ce que ces objectifs deviennent.

Avec ces quelques mots, je déclare la Conférence ouverte et vous souhaite des délibérations animées et productives sur toutes les grandes questions que vous aurez à examiner au cours des deux prochains jours.

Je vous remercie.



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