FAO/SMIAR - Perspectives alimentaire No.5 - décembre 2002 p.9

Légumineuses

Augmentation prévue de la production de légumineuses en 2002

Selon les dernières prévisions de la FAO, la production mondiale de légumineuses en 2002 s'établit à 54,4 millions de tonnes, soit 1,4 million de tonnes de moins que les estimations provisoires de mai, mais néanmoins 2 millions de tonnes de mieux que l'année passée. La production devrait s'accroître de 12 pour cent dans les pays en développement tandis qu'un recul de 16 pour cent est attendu dans les pays développés en raison principalement des mauvaises conditions végétatives en Australie et au Canada.

En Asie, la production de légumineuses en 2002 devrait atteindre 27,1 millions de tonnes, soit une augmentation de 16 pour cent par rapport à 2001 que l'on peut essentiellement attribuer à l'Inde. Selon les dernières prévisions, la production totale de légumineuses de l'Inde, le premier producteur mondial, devrait s'établir à environ 14 millions de tonnes, ce qui représente près de 3 millions de tonnes de mieux que la maigre récolte engrangée l'année dernière suite à la sécheresse. La reprise concerne principalement les cultures de pois chiches et de pois secs. La récolte de légumineuses rabi (de printemps) est estimée à 8,5 millions de tonnes, la récolte kharif (d'automne) devant quant à elle rester en deçà de l'objectif de 6 millions de tonnes prévu par le gouvernement, du fait de la sécheresse. En Chine, la production de légumineuses devrait progresser cette année encore du fait de l'augmentation des superficies cultivées et des prix plus intéressants. La production du Myanmar - principalement constituée de haricots - pourrait atteindre un niveau record de plus de 2,5 millions de tonnes en raison de l'accroissement des superficies cultivées et des conditions météorologiques favorables. Comme par le passé, la progression de la production de légumineuses du Myanmar est induite par la demande d'exportation. En Thaïlande, la production devrait s'accroître par rapport à 2001 car les prix relativement élevés de l'année passée ont incité à planter davantage de légumineuses en 2002. L'humidité et les conditions météorologiques plus favorables stimuleront les rendements en République islamique d'Iran, en Syrie et en Turquie où la production de légumineuses se compose pour l'essentiel de pois chiches et de lentilles. En revanche, la récolte de pois chiches sera sans doute inférieure à la moyenne au Pakistan en raison de l'insuffisance des précipitations. Il en va de même au Tadjikistan où la production de haricots secs fléchira à la fois sous l'effet de la sécheresse et des difficultés d'approvisionnement en semences.

Production mondiale de légumineuses

Source: FAO

En Afrique, la production de légumineuses pour l'ensemble de la région demeurera inchangée en 2002 par rapport à l'année passée en dépit de divers changements au niveau des différents pays. En Érythrée, une forte réduction des superficies ensemencées, principalement due à une pénurie de semences, devrait avoir des répercussions négatives sur la production en 2002. La médiocrité des semences et le manque d'humidité pourraient aussi diminuer les rendements. On prévoit une chute de la production de haricots secs au Burundi où des pénuries de semences ont été signalées ainsi qu'au Rwanda où les conditions météorologiques n'ont pas été favorables. En revanche, on s'attend en 2002 à une progression de la production de légumineuses en Éthiopie où les agriculteurs ont privilégié les légumineuses suite à la contraction des prix locaux des céréales en 2001. L'augmentation de la production de légumineuses pourrait cependant être limitée du fait de l'interruption précoce des pluies. La production totale de légumineuses de l'Afrique du Sud devrait être légèrement supérieure à celle de 2001, l'augmentation de la récolte de haricots secs étant compensée par la baisse de la production de lupins. Selon des données officielles qui font état d'une augmentation des superficies ensemencées, la production de haricots secs devrait progresser de 10 pour cent par rapport à l'année passée, mais resterait cependant inférieure d'environ 20 pour cent à la moyenne des trois dernières années, les terres ayant été réaffectées à la culture du maïs et des oléagineux. Au Nigéria, principal producteur de légumineuses d'Afrique, la production devrait se maintenir sensiblement au niveau de l'année passée.

En Amérique latine et dans les Caraïbes, la production de légumineuses devrait progresser en 2002 grâce aux bonnes récoltes engrangées au Brésil et au Mexique. Au Brésil, le premier producteur de légumineuses de la région, la production de haricots secs devrait augmenter d'environ 25 pour cent en 2002. Au Mexique, on prévoit également un relèvement de la production de haricots secs du fait des meilleures conditions météorologiques et de l'arrivée des pluies au moment opportun. En revanche, la production de pois chiches fléchira certainement car les terres auraient été réaffectées à des cultures plus rémunératrices, notamment le maïs et les haricots. Au Guatemala et au Nicaragua, la production de haricots secs progressera sans doute du fait d'une amélioration des rendements, tandis qu'au Costa Rica, elle devrait être moins importante qu'en 2001 suite aux très fortes pluies et aux inondations qui ont endommagé les cultures.

Dans les pays développés, la production du Canada devrait chuter à 2,3 millions de tonnes, soit un recul de 30 pour cent, en raison de mauvais rendements et des forts taux d'abandon imputables aux mauvaises conditions météorologiques. Aux États-Unis, la production de haricots secs devrait augmenter de 40 pour cent, sous l'effet conjugué d'une expansion des superficies ensemencées et d'une bonne progression des rendements. Les pois secs et les lentilles pourraient toutefois être affectés par le mauvais temps. Dans l'UE, la production de légumineuses en 2002 devrait se maintenir sensiblement au même niveau que l'année passée, la baisse attendue de la production de pois secs devant être globalement compensée par une augmentation des rendements de haricots. La production de pois secs - de loin la plus importante des cultures de légumineuses - pourrait tomber à moins de 3 millions de tonnes, en dépit du retour prévu à des rendements normaux dans certains pays, notamment en France, principal producteur de l'UE. En Australie, gros exportateur de légumineuses, la production devrait fortement régresser en 2002 pour s'établir à quelque 1,3 million de tonnes, ce qui représente la moitié environ de la production de l'année précédente et le plus mauvais résultat enregistré en plus de dix ans. La réduction des superficies ensemencées et la baisse des rendements imputable à la grave sécheresse qui a sévi dans toutes les grandes régions de production devraient entraîner les niveaux de production à la baisse. La production de lentilles et de fèves de l'Australie pourrait s'effondrer de près de 70 pour cent par rapport à 2001, tandis que celle de pois secs pourrait régresser de 60 pour cent.

Commerce des légumineuses en 2002

Les prévisions concernant le commerce mondial des légumineuses en 2002 ont été révisées à la baisse de 0,5 million de tonnes par rapport aux prévisions provisoires de mai et ramenées à moins de 7 millions de tonnes, principalement du fait de la contraction de l'offre mondiale. Ce nouveau chiffre constitue encore un recul par rapport à l'année passée, tout en demeurant à peu près au niveau moyen de 1999-2001. Le commerce mondial de haricots secs devrait progresser en 2002, sous l'effet conjugué d'une augmentation des disponibilités exportables, d'une intensification de la demande d'importations dans nombre de pays et des besoins grandissants d'aide alimentaire. On prévoit un affaissement des échanges de pois secs, de lentilles, de pois chiches et de lupins par rapport à 2001, principalement dû à une réduction de l'offre dans les principaux pays exportateurs. Dans l'intervalle, le commerce mondial de fèves devrait demeurer sensiblement inchangé par rapport à l'année passée.

Chez les principaux exportateurs de légumineuses, les expéditions de légumineuses du Canada et de l'Australie reculeront sans doute en raison de la contraction de la production intérieure. Au Canada, les ventes de pois secs, de lentilles et de pois chiches devraient baisser du fait de l'insuffisance des disponibilités exportables, tandis que les exportations de haricots secs se maintiendront environ au niveau de l'année écoulée. En Australie, les disponibilités exportables devraient encore s'amenuiser suite à une baisse des rendements et à une utilisation intérieure accrue de pois secs et de lupins pour nourrir le bétail et compenser le manque de protéines végétales. Les exportations de haricots secs des États-Unis devraient se rétablir grâce à une augmentation de la production et aux envois d'aide alimentaire, notamment au profit de l'Afrique. On prévoit une augmentation des exportations de légumineuses de l'UE en 2002, compte tenu des expéditions maritimes qui attestent une hausse des ventes de pois secs à l'Asie du Sud et de fèves, principalement à l'Égypte. Les exportations de la Chine continentale et du Myanmar devraient encore progresser, tandis que celles de la Turquie pourraient se redresser. En revanche, un recul des exportations est prévu en Argentine, suite au fléchissement de la demande d'importation de pois secs du Brésil. Il en va de même au Mexique où la production de pois chiches est en baisse.

S'agissant des importations, les achats de légumineuses de l'Inde devraient augmenter en 2002 afin de satisfaire la demande locale, malgré la poussée attendue de la production intérieure. Au Pakistan, les importations de légumineuses, principalement des pois chiches, progresseront certainement du fait de la lente reprise de la production intérieure. Au Proche-Orient et en Afrique du Nord, la baisse de la production conjuguée à la poussée de la demande intérieure devrait inciter plusieurs pays de la région à acheter davantage. Les importations de légumineuses de plusieurs pays d'Afrique orientale, centrale et australe - principalement sous forme d'aide alimentaire - pourraient monter en flèche suite à la détérioration de la situation alimentaire dans ces régions. En Amérique latine et dans les Caraïbes, les importations de haricots secs du Brésil et du Mexique devraient baisser cette année en raison de l'expansion des cultures locales, tandis que les achats du Costa Rica, de Cuba et du Venezuela pourraient s'intensifier. Dans l'UE, contrairement aux précédentes indications, les importations de pois secs et de lupins devraient diminuer par rapport à l'année passée du fait de la contraction de l'offre au Canada et en Australie.

Affermissement des prix face au recul des disponibilités exportables

Pour l'ensemble des légumineuses importantes, à l'exception des haricots secs, les prévisions de prix sont à la hausse suite à la contraction de l'offre dans plusieurs pays exportateurs. Aux États-Unis, les prix des pois secs en octobre étaient en moyenne supérieurs de 20 à 35 pour cent à leur niveau du même mois l'année précédente, tandis que le prix des lentilles avait augmenté de 25 pour cent. Au Canada, les prix à la production des pois chiches desi en octobre étaient supérieurs d'environ 5 pour cent à ceux de l'année passée. En revanche, les prix de la plupart des catégories de haricots secs aux États-Unis ont poursuivi leur plongée par suite des augmentations de production.

Prix de certaines légumineuses

Source: USDA 1/ Prix moyen au cultivateur. 2/ Prix moyen de gros (négociants).

La perspective d'une baisse de la production de légumineuses en Australie et au Canada, tous deux gros exportateurs, pourrait donner lieu à un renforcement des prix dans les mois à venir. En outre, du fait de la forte contraction des stocks attendue dans les principaux pays exportateurs, les prix resteront extrêmement sensibles à tout hoc de l'offre ou de la demande. Les haricots secs sont les seules légumineuses qui demeureront soumises à une pression baissière en raison d'une combinaison de facteurs. La production de haricots secs devrait augmenter dans plusieurs grands pays exportateurs, dont les États-Unis, la Chine et le Myanmar, ce qui intensifiera la concurrence sur les marchés d'exportation, tandis que les importations de certains grands importateurs, comme le Brésil et le Mexique, devraient marquer un fléchissement suite à l'augmentation de la production intérieure.