Previous Page Table of Contents Next Page


Réduction des pertes après capture et amélioration des conditions de vie dans les communautés de pêcheurs artisans de l'agglomération d'Abidjan

par

Paul Kouassi Anoh
Université de Cocody
Côte d'Ivoire

et

Ansen R.Ward
Natural Resources Institute
Grande Bretagne

Résumé

Sur la filière des produits de la pêche artisanale, des pertes sont enregistrées aux différents stades de la chaîne de distribution, notamment à l'approvisionnement, à la distribution, au transport et à la commercialisation. Ces pertes sont matérielles ou physiques, elles sont liées à la dégradation de la qualité du poisson ou causées par les variations de l'offre et de la demande sur le marché. Trois méthodes de recherche ont été utilisées pour mesurer le niveau de perte: la méthode accélérée de recherche participative, la méthode de suivi de cargaison et les enquêtes statistiques. Les investigations ne se sont appliquées qu'à une seule espèce (la sardinelle). Les statistiques obtenues indiquent que c'est aux étapes de la transformation, du transport et de la commercialisation que les pertes sont le plus significatives. Elles entraînent des pertes de revenus évaluées à 300 000 FCFA par an pour les équipages de pêche et 777 000 FCFA par an pour la transformatrice. S'appuyant sur ces résultats et dans le souci de minimiser les pertes afin d'accroître les revenus des opérateurs économiques, des expériences se sont déroulées à l'intérieur des différentes communautés de pêcheurs. Il ressort de ces études que le niveau de perte peut être ramené à des proportions plus faibles (moins de 150 000 FCFA/an par équipage de pêche et 16 800 FCFA/an par transformatrice). Les opérateurs économiques réaliseraient ainsi des économies substantielles pouvant contribuer à une amélioration de leur condition de vie. Ces informations quoique présentant un grand intérêt, ont été obtenues sur la base d'un échantillon restreint aussi bien dans l'espace que dans le temps et ne concernent qu'une seule espèce. C'est pourquoi des études complémentaires paraissent nécessaires pour valider ces premiers résultats.

1. INTRODUCTION

Ce document s'inspire d'une étude réalisée pour le compte de l'Association pour le Développement de la Pêche Artisanale (ADEPA), l'Institut des Ressources Naturelles (NRI) et INFOPECHE. Cette étude a duré d'Octobre 1997 à Octobre 1998 et avait pour but de mettre en place des outils et une méthodologie d'évaluation des pertes après capture dans les communautés de pêcheurs artisans de Côte d'Ivoire. Les pertes après capture dans la filière de la pêche artisanale étaient considérées comme importantes (AMES, 1991) mais n'avaient jamais fait l'objet d'une étude systématique. Les chiffres avancés jusqu'alors procédaient de simples estimations à partir d'observations dans les villages de pêcheurs. A la lumière des recherches conduites dans les villages de pêcheurs de Vridi dans l'agglomération d'Abidjan, le niveau des pertes matérielles mesuré sur la filière des produits de pêche est considéré comme bas mais les conséquences financières qui en découlent demeurent relativement importantes pour les opérateurs économiques qui subissent par ailleurs des pertes qualitatives et des pertes liées aux forces du marché. Les recherches n'ont pris en compte que les sardinelles qui représentent l'essentiel de la production (plus de 80%) des pêcheurs des communautés visitées.

Une application de certaines recommandations faites à la suite de cette étude a montré l'existence de possibilités de réduction du niveau des pertes par un choix judicieux du matériel de travail et des précautions dans le conditionnement et le transport des produits de pêche. Les résultats obtenus à partir de ces tests quoique d'une grande fiabilité ne peuvent être considérés comme vraies que dans le cas des communautés des pêcheurs de Vridi car l'étude a porté sur un petit échantillon dont il serait difficile d'extrapoler les analyses.

L'intérêt de cette recherche réside dans le fait que les résultats soient passés par le filtre de trois méthodes de recherche qui sont la méthode accélérée de recherche participative. Les enquêtes statistiques et le suivi de cargaison. Le diagnostic participatif a permis d'impliquer davantage les opérateurs économiques dans l'identification des problèmes et la recherche de solution, ce qui n'était pas le cas par le passé.

Ce document se propose d'identifier les pertes après capture et d'indiquer leurs causes, d'exposer quelques stratégies susceptibles de permettre une réduction du niveau des pertes et de montrer le rapport entre cette réduction et les possibilités d'amélioration des conditions d'existence des opérateurs économiques.

2. LES PERTES APRÈS CAPTURE DANS LES COMMUNAUTÉS DE PÊCHEURS ARTISANS

Trois niveaux de perte ont été identifiés le long de la filière du poisson dans les communautés étudiées: les pertes dites physiques ou matérielles, les pertes liées à la dégradation de la qualité du poisson et dans une moindre mesure, les pertes dues aux forces du marché. La perte globale ou perte économique ou encore perte totale est la valeur financière des pertes matérielles et qualitatives. En fonction de l'étape de la filière où elles surviennent, les pertes sont subies soit par le pêcheur, la transformatrice ou le commerçant.

Les pertes identifiées le long du réseau de distribution des produits de la pêche artisanale sont d'origine diverse.

Causes des pertes subies par le pêcheur

Les pertes subies par les pêcheurs interviennent sur l'eau pendant le retrait du filet, lors du transport de la production vers la plage mais aussi pendant les opérations de débarquement et de vente. Sur l'eau lors du retrait du filet certains poissons perdent des parties ou tombent à l'eau parce qu'ils sont mal accrochés.

Lorsqu'une panne de moteur survient au cours d'une partie de pêche, la pirogue met plus de temps que prévu pour arriver à la plage. Le poisson qui s'y trouve sans moyens de conservation approprié perd sa fraîcheur et se putréfie. Il sera de ce fait vendu à vil prix ou purement et simplement jeté à l'eau après le constat du propriétaire de la pirogue.

Une autre cause de perte est la disparition du filet dans la mer. Si le filet est retrouvé plusieurs heures après, le poisson capturé s'altère. Des cas d'altération sont également signalés lorsque la marée est anormalement longue. Cette situation est souvent liée à une partie de pêche infructueuse. L'équipage qui ne veut pas rentrer sans capture restera plus longtemps sur l'eau à la recherche d'un complément de capture. Les premières prises exposées à l'air libre s'altèrent et arrivent en mauvais état à la plage. La rapidité avec laquelle le poisson s'altère est souvent liée à l'espèce. De l'avis des pêcheurs, le maquereau et les sardinelles représentent les espèces qui se putréfient plus rapidement que les autres. Mais la vitesse de dégradation de ces espèces est également liée à la saison de pêche qui a une influence sur le taux de graisse dans les différentes espèces. C'est pendant la grande saison de pêche marquée par la régularité du phénomène d'upwelling que l'engraissement est le plus important. C'est pendant la même période que le taux de putréfaction est le plus élevé. Selon l'équipage de pêche, seul le propriétaire des engins de pêche peut ordonner le rejet du poisson. Aussi, quel que soit son degré de putréfaction, le poisson est toujours ramené à terre. Le prix de vente peut être réduit de moitié ou au 2/3 lorsque l'altération est avancée. La pratique la plus courante demeure cependant le mélange du poisson de mauvaise qualité à celui de bonne qualité. Cette pratique est d'ailleurs l'une des causes des pertes enregistrées par les transformatrices.

Causes des pertes subies par les transformatrices

Dans les communautés étudiées, les transformatrices subissent des pertes lors des opérations de fumage mais aussi pendant le transport des produits vers le lieu de vente. Les pertes sont matérielles ou qualitatives. Les pertes matérielles ou pertes physiques interviennent aux étapes suivantes:

Les pertes qualitatives quant à elles surviennent dans deux cas:

Certains types de perte connus ailleurs telles que l'infestation par les insectes et l'altération due à un mauvais fumage ou à une durée de conservation trop longue surviennent rarement dans les communautés étudiées, cela est peut-être lié au fait que les quantités traitées sont généralement faibles ce qui assure une certaine fluidité aux stocks de marchandises.

Causes des pertes subies par les commerçants

Face à la multitude d'individus portant le titre de commerçants dans la filière de la pêche, il nous a paru important de clarifier la notion de commerçant dans ce document.

La première catégorie de commerçants est représentée par les transformatrices qui après avoir réalisé le fumage convoient le poisson sur le marché pour le vendre elles-mêmes. Elles subissent des pertes qualitatives (fragmentation du poisson) liées à l'emballage inapproprié et aux mauvaises conditions de transport.

La seconde catégorie de commerçants est représentée par une population de courtiers que l'on rencontre sur le marché dit de Chicago. Ces courtiers n'achètent pas le poisson avec les fumeuses. Ils servent simplement d'intermédiaires pour la vente. Ils sont rémunérés en fonction des quantités vendues. D'une façon générale, ils sont payés 10 FCFA par kilogramme de poisson vendu. Cette deuxième catégorie de commerçants ne subit donc aucune perte. Les pertes sont entièrement supportées par la transformatrice qui livre la marchandise.

La troisième catégorie de commerçants est représentée par les grossistes-détaillants des villes de l'intérieur. Ces derniers opèrent des achats aussi bien avec les transformatrices-commerçantes qu'avec les courtiers du marché de Chicago. La marchandise ainsi achetée est transportée par divers moyens dans la ville d'origine du commerçant. Ici des pertes essentiellement qualitatives liées au conditionnement et à la manutention sont enregistrées à destination du colis.

Les forces du marché, c'est-à-dire la chute des prix liée à l'abondance des produits sur le marché, sont une autre cause de perte pour le commerçant. En dehors des courtiers du marché de Chicago, les autres commerçants subissent des pertes de revenu liées à ce phénomène.

Les différentes pertes ont été chiffrées à l'aide de trois méthodes de recherche. Les résultats sont exposés dans le chapitre qui suit.

Méthode de
recherche

Types de
pertes

Approvisionnement
(% frais)

Transformation
(% frais et fumé)

Transport et
commercialisation
(% fumé)

Diagnostic participatif

Physique

0,3

2

0

Qualitatives

0,5

16

10

Economiques

0,27

14

1,6

Suivi de cargaison

Physique

1

1,2

0

Qualitatives

1,2

0

11

Economiques

0,7

1,1

7,7

Enquêtes statistiques

Physiques

1

1,2

0

Qualitatives

8

14

3,8

Economiques

3

7,5

0,7

Synthèse

Physiques

0,8

1,4

0

Qualitatives

3,2

10

8,3

Economiques

1,3

7,5

3,3

Source: ST/ADEPA, NRI, Infopêche, 1998

Le niveau de perte

Le niveau de perte est variable en fonction de l'étape du réseau de distribution à laquelle on se situe mais aussi en fonction de la saison de pêche. Les statistiques contenues dans le tableau ci-après présentent les pertes aux différents stades de la filière du poisson en fonction des méthodes de recherche citées plus haut.

Ces statistiques ont été collectées de juin 1998 à septembre 1998. Cette période correspond à la grande saison de production dans les communautés de pêcheurs des villages de Vridi. Elle concentre 80% des débarquements annuels de poisson dans les sites d'échantillonnage.

La synthèse des résultats obtenus suivant les différentes méthodes de recherche indique que les pertes physiques sont dans l'ensemble faibles et surviennent essentiellement à l'approvisionnement (0,8% des quantités débarquées) et à la transformation (1,4%). Au transport et à la commercialisation, elles sont insignifiantes.

Les quantités de poisson de mauvaise qualité représentent 3,2% des débarquements, 10% des produits fumés et 8,3% des quantités commercialisées. Les pertes financières qui découlent des pertes physiques et de la dégradation de la qualité du poisson atteignent 7,5% des recettes des transformatrices, 3,3% de celles des commerçants et 1,3% des revenus des pêcheurs. Dans les villages qui ont servi de sites d'enquête, les transformatrices sont également des commerçantes. Elles assurent elles-mêmes la vente de leurs produits sur le marché ou les confient aux courtiers. On peut donc supposer que les transformatrices cumulent les pertes à la transformation et à la commercialisation. Elles perdent de ce fait près de 11% de leurs recettes. C'est ce constat qui a suscité la mise en œuvre de tests dont le but est d'explorer les possibilités de réduction des pertes après-capture sur la filière des produits de pêche artisanale.

Quelques stratégies pour une réduction des pertes après capture

La lutte pour la réduction des pertes après capture apparaît comme une nécessité car elle représente un moyen efficace pour l'amélioration des conditions d'existence des opérateurs économiques de la filière pêche. Le niveau des pertes étant beaucoup plus significatif aux étapes de la transformation et de la commercialisation qu'à celle de l'approvisionnement, des expériences ont été menées à ces deux stades de la chaîne de distribution. Elles ont consisté en un changement de maillage au niveau des grillages utilisés pour le fumage et en une amélioration de l'emballage lors du transport des produits fumés vers le lieu de vente.

L'utilization de grillage de petites mailles par les transformatrices

Cette expérience a été mise en route suite aux recommandations du rapport de synthèse de la première phase de l'étude en vue de la mise en place d'outils et d'une méthodologie d'évaluation des pertes après capture de la pêche artisanale (ST/ADEPA, NRI, Infopêche, 1998). Suivant ce rapport, les pertes sont importantes pendant la transformation surtout lorsque les mailles des grillages utilisés pour le fumage sont grandes. L'expérience a eu lieu à l'intérieur de deux communautés de pêcheurs-artisans de l'agglomération d'Abidjan (Vridi-II et Vridi-Zimbabwe). Elle a consisté à mettre à la disposition de certaines transformatrices des grillages de plus petites mailles que celles utilisées habituellement. Deux lots de poisson ont été fumés, l'un sur le grillage habituellement utilisé par les transformatrices et l'autre sur le grillage de petites mailles en essai. Le tableau n°1 ci-après résume les résultats obtenus.

Tableau 1: Données relatives aux pertes liées à la taille des mailles du grillage par site d'expérimentation.


Expérience 1

Expérience 2

Expérience 3


Grande
maille

Petite
maille

Grande
maille

Petite
maille

Grande
maille

Petite
maille

Vridi-Zimbabwe








Poids du poisson perdu (poids fumé en kg)

2,80

0

0,40

0

0,80

0


Poids de la cargaison si pas de perte (kg fumé)

51,40

51,40

60,70

60,70

57,50

57,50


Pourcentage pertes physiques

5,45

0

0,66

0

1,39

0


Valeur des pertes (F CFA)

1 696,80

0

242,00

0

484,80

0

Vridi-II








Poids du poisson perdu (poids fumé en kg)

1,20

0

3,00

0

1,20

0


Poids de la cargaison si pas de perte (kg fumé)

46,50

46,50

41,00

41

44,00

44,00


Pourcentage pertes physiques

2,58

0

7,32

0

2,73

0

Valeur des pertes (FCFA)

727,00

0

1 818,00

0

727,00

0

Source: ST/ADEPA, NRI, Infopêche, 1998.

Il ressort de ces expériences aussi bien à Vridi-Zimbabwe qu'à Vridi II que l'utilization de grillage de petites mailles permet de réduire les pertes physiques pendant le fumage. Les grillages de petites mailles permettent d'économiser entre 0,40 kg et 2,80 kg de poisson par fumage, ce qui représente 0,66% à 5,45% des quantités de poisson après fumage. La valeur financière des pertes varie de 242 F CFA à 1 818 F CFA par fumage. L'utilization de mailles plus petites permet ainsi à la transformatrice de réaliser une économie nette variant entre 242 et 1 818 FCFA par activité. C'est ce souci d'augmenter l'enveloppe financière des opérateurs économiques qui a amené à proposer un emballage mieux adapté pour le transport des produits sur le lieu de vente.

Amélioration du conditionnement des produits fumés acheminés sur les marchés

L'un des problèmes rencontrés par les transformatrices dans les communautés des pêcheurs est la fragmentation du poisson fumé liée aux mauvaises conditions d'emballage et de transport des produits vers le lieu de vente. Les études sur cette question attribuent 11% des pertes financières accusées par les transformatrices à cette situation. L'expérience ici a consisté à apporter des améliorations et des modifications aux conditions de transport et à mesurer l'impact de ces changements sur la qualité des produits à l'arrivée sur le marché.

Tableau 2: Données relatives aux pertes liées à l'emballage par site d'enquête.


Expérience 1

Expérience 2

Expérience 3

Vridi Zimbabwe

Ancien

Nouveau

Ancien

Nouveau

Ancien

Nouveau

Quantité de poisson fragmenté (kg)

0,86

0,23

0,48

0

0,30

0

Prix poisson non fragmenté (F CFA/kg)

880

880

635

635

622

622

Prix poisson cassé (F CFA/kg)

492

492

375

375

350

350

Pertes liées au poisson fragmenté (F CFA)

334

89

125

0

82

0

Pourcentage des pertes en terme de revenu

0,75

0,2

0,80

0

0,33

0

Vridi-II







Quantité de poisson fragmenté (kg)

0,35

0,03

3

0,07

3,70

0,04

Prix poisson non fragmenté (F CFA/kg)

642

642

500

500

350

350

Prix poisson fragmenté (F CFA/kg)

350

350

300

300

250

250

Pertes liées au poisson fragmenté (F CFA)

102

9

600

14

370

4

Pourcentage des pertes en terme de revenu

0,35

0,03

2,74

0,062

2,75

0,03

Source: ST/ADEPA, NRI, Infopêche, 1998.

Dans les communautés de Vridi-Zimbabwe et de Vridi-II, l'expérience a consisté à recouvrir tout panier contenant du poisson par un autre panier afin d'atténuer la pression sur son contenu. Habituellement les paniers étaient simplement recouverts d'un plastique. Les modifications apportées aux conditions d'emballage ont donné les résultats qui figurent dans le tableau 2 ci-dessus. Les statistiques contenues dans ce tableau indiquent que les quantités de produits fragmentés connaissent une amélioration avec le nouveau mode de conditionnement. Ces quantités variaient entre 0,3 kg et 3,7 kg par voyage avec l'ancien emballage. Les améliorations apportées ont permis de ramener ces chiffres à moins de 0,3 kg par colis et par voyage. Ainsi les pertes financières liées à cette situation qui se situaient entre 82 FCFA et 600 FCFA par vente et par panier sont ramenées à en moyenne 20 FCFA par colis et par voyage.

Ces études n'ont pas tenu compte de l'étape de la production qui enregistre un niveau de perte relativement bas (environ 1,3% de pertes économiques). A défaut d'expériences de terrain, nous nous contentons ici de faire quelques propositions qui pourraient contribuer à réduire davantage le niveau de ces pertes donc à améliorer les revenus des pêcheurs.

3. PROPOSITIONS POUR UNE RÉDUCTION DES PERTES À L'APPROVISIONNEMENT

Les pertes à l'approvisionnement sont causées par les pannes de moteur, la durée de la marée, les espèces pêchées, la saison de pêche et les conditions de débarquement. Parmi ces causes, certaines sont pratiquement insolubles. Pour d'autres par contre, des solutions existent et peuvent permettre de minimiser les pertes.

Pour éviter les pannes de moteur en mer, les pêcheurs préconisent que le technicien de l'équipage soit particulièrement attentif au bruit du moteur pendant toute la durée de la partie de pêche. Une bonne écoute ici permet de détecter très tôt un éventuel problème.

Les pertes imputées à la durée de la marée sont étroitement liées aux pannes de moteur ou à la basse saison qui prolonge anormalement le temps mis sur l'eau. Certains pêcheurs pensent qu'ici la solution se trouve dans l'utilization de glace qui permettrait de maintenir la production en bon état quelle que soit la durée de la marée. Il faut pour cela disposer d'une unité de production de glace qui pourrait éventuellement être gérée par les pêcheurs eux-mêmes, organisés en groupement à vocation coopérative (GVC). La pratique de tarifs réduits, à la portée de tous est nécessaire pour garantir le succès de cette entreprise. Par ailleurs les installations doivent être techniquement viables pour éviter les pannes fréquentes qui pourraient occasionner une pénurie de glace dans la communauté. Les pertes liées aux espèces pêchées et à la saison de pêche trouveront en partie leur solution dans l'utilization de la glace.

Pour réduire les pertes liées aux conditions de débarquement des solutions sont proposées mais ces tentatives de solution ont toujours révélé des limites. Par exemple, pour éviter les écorchures du poisson, il aurait été intéressant d'utiliser la main au lieu d'une pèle pour le ramassage du poisson. Malheureusement, on risque de perdre énormément de temps, ce qui aura pour conséquence d'accélérer l'altération de la qualité du poisson. On aurait pu faire beigner le poisson dans l'eau de lagune avant le ramassage afin d'éviter les écorchures mais les pêcheurs ont souligné que les différences de salinité étaient dommageables pour le poisson. La solution la plus réaliste ici semble être l'observation d'une grande prudence lors du ramassage des produits. La même prudence devra être observée au moment du retrait du poisson des mailles du filet.

Les expériences réalisées et les propositions ci-dessus indiquent ainsi qu'il est possible de réduire les pertes financières subies par les opérateurs économiques de la filière pêche donc d'accroître leurs revenus.

Impact de la réduction des pertes après capture sur le niveau de vie des opérateurs économiques

Pour appréhender réellement les effets de la réduction des pertes après capture sur les revenus des opérateurs économiques de la filière pêche, il est important d'avoir une bonne connaissance des quantités de produits qu'ils traitent et de la fréquence de leurs activités. Ces informations ont été obtenues suite aux travaux de terrain conduits dans les différents sites d'échantillonnage. Les résultats sont exposés dans les paragraphes qui suivent.

Tableau 3: Données statistiques relatives aux activités des pêcheurs

Quantité
de poisson
pêchée (kg)

Valeur du
kg en
FCFA

Quantité débarquée

Pertes matérielles

Kg

Valeur FCFA

Kg

Valeur FCFA

1 158

152

1 150

174 810

8

1 216

Source: ST/ADEPA, NRI, Infopêche 1998

Réduction des pertes et améliorations des conditions de vie des pêcheurs

Les statistiques ci-dessous sont obtenues à partir de 14 suivis d'itinéraires réalisés dans les communautés de Vridi. Il ressort de ces enquêtes que le pêcheur travaille environ 5 jours dans la semaine et 8 mois sur les 12 que compte l'année.

Selon ce tableau l'équipage enregistre des pertes physiques d'une valeur de 24 320 FCFA (1 216 × 5 × 4) chaque mois. Dans les communautés concernées par l'étude, il existe 107 équipages de pêche qui opèrent de façon régulière dans les eaux côtières. C'est donc un montant d'environ 2 602 240 FCFA (24 320 × 20 × 107) qui est perdu mensuellement par les pêcheurs. Il est sans doute vrai que vouloir ramener les pertes au niveau zéro relève de l'utopie. Il n'est d'ailleurs pas très sûr que ce soit une entreprise rentable; les moyens à mobiliser pour parvenir à cette fin pouvant coûter plus cher que les économies escomptées. On sait cependant que l'observation de certaines précautions élémentaires telles que l'entretien régulier du filet et des autres engins de pêche, une plus grande prudence dans la manutention du filet, peuvent permettre de réduire de moitié le niveau de perte actuel. La communauté ne perdrait alors qu'environ 1 301 120 FCFA mensuellement au lieu de 2,6 millions de FCFA. Individuellement chaque équipage économiserait la somme de 12 160 FCFA chaque mois soit environ 145 920 FCFA l'an. Ces sommes peuvent permettre d'améliorer les conditions de travail des pêcheurs par l'achat d'équipements de pêche pour lesquels ils ont souvent recours à l'aide des transformatrices. Au niveau communautaire, les économies réalisées suite à un effort d'ensemble peuvent permettre la réalisation d'équipements collectifs qu'il est impossible d'obtenir individuellement. Face aux pannes répétées de moteur par exemple, certains pêcheurs ont souhaité l'achat de moteur de secours à usage collectif. Les gains au niveau macro-économique pourraient servir à cette fin. Ils pourraient également servir à aménager certaines plages qui présentent un environnement malsain pour les travaux de débarquement et de vente des produits de pêche.

C'est au niveau des transformatrices que l'impact de la réduction des pertes sur les revenus est le plus significatif.

Réduction des pertes et amélioration des conditions de vie des transformatrices

Les activités de la transformatrice de la communauté de Vridi peuvent se résumer comme indiqué dans le tableau 4 ci-après.

Tableau 4: Données statistiques relatives aux activités des transformatrices.

Quantité totale de poisson achetée

Pertes à la transformation

Bonne qualité

Mauvaise qualité

(Pertes physiques)

Quantité
(kg)

Prix/kg
F CFA

Valeur
quantité
totale F
CFA

Quantité
(kg)

Prix/kg
F CFA

Valeur
quantité
totale F
FA

Pertes
mauvaise
qualité F
CFA

Poids
frais
(kg)

Valeur
F CFA

Poids
fumé
(kg)

Valeur
F CFA

Pertes
totales
F CFA

263

152

39 976

7

152

1 064

532

1

152

1

625

777


Pertes à la commercialisation (pertes qualitatives)

Pertes totales subies
par la transformatrice
(F CFA)

Quantité totale
de produit après
fumage (kg)

Recette après vente
quantité
totale (F CFA)

Quantité mauvaise
qualité (kg)

Prix vente
F CFA/kg

Prix vente bonne
qualité F CFA/kg

Valeur
pertes

8

384

625

1928

3 237

106,6

64 697

Source: ST/ADEPA, NRI, Infopêche 1998

Comme le pêcheur, la transformatrice reste en activité 5 jours dans la semaine et 8 mois dans l'année. En se référant aux statistiques du tableau 4 les pertes enregistrées sont de l'ordre de 64 740 FCFA (3 237 × 5 × 4) le mois et 774 880 FCFA l'an.

Les tests sur la taille des mailles du grillage utilisé pour le fumage et l'emballage des colis à transporter sur le lieu de vente nous enseignent que les pertes peuvent être réduites de façon substantielle à la transformation et à la commercialisation. Les pertes physiques (poisson fumé) à la transformation qui s'élèvent ici à 1 kg ont été ramenées à 0 kg lors des tests. La vulgarisation de ce résultat peut donc permettre de réaliser une économie de 777 FCFA par fumage et 15 540 FCFA par mois.

Pendant le transport et la commercialisation, les quantités de poisson de mauvaise qualité liées à l'emballage inapproprié qui sont de 5,2 kg sont ramenés à moins de 0,3 kg par colis lors du test. La transformatrice pourrait donc perdre seulement 70 FCFA par activité au lieu de 1 254 FCFA actuellement. Elle économiserait ainsi 1 182 FCFA par activité et 23 634 FCFA le mois.

Au total, la réduction des pertes au stade de la transformation et de la distribution fera économiser la somme de 39 174 FCFA chaque mois à la transformatrice. En un an les économies ainsi réalisées pourraient avoisiner la somme de 500 000 FCFA par opérateur économique. Ces sommes pourraient ainsi être utilisées pour accroître le rôle social de la femme dans la communauté de pêcheur, à l'intérieur du foyer et dans la compagnie de pêche.

Des études sur la question (ANOH-BIKPO, 1998) ont montré en effet que dans les communautés de pêcheurs-artisans de Vridi, les femmes jouent un rôle de premier plan dans la gestion quotidienne de leur ménage. Les frais de la popote sont à leur charge. Les hommes interviennent quand ils veulent et quand ils le peuvent. Elles s'occupent également des frais de santé et des dépenses liées à la scolarisation de leur progéniture. A l'intérieur de la compagnie de pêche, la transformatrice intervient souvent pour aider son conjoint ou l'équipage qui l'approvisionne à faire face aux frais de fonctionnement de l'unité de pêche. Elle interviendra ainsi pour l'achat de carburant, des vivres mais aussi pour effectuer de petites réparations. Le montant de ses interventions varie entre 50 000 et 100 000 FCFA au minimum. Toute augmentation des revenus de la transformatrice a donc nécessairement une incidence sur les conditions de vie de la communauté. Les économies réalisées par la réduction des pertes pendant la transformation et à la commercialisation évaluées à 500 000 FCFA l'an peuvent donc contribuer à accroître davantage le rôle social de la transformatrice au sein de son foyer et à l'intérieur de sa communauté.

4. CONCLUSION

Dans les communautés de pêcheurs étudiées, les pertes sont observées à tous les stades du réseau de distribution. Elles sont matérielles ou physiques, ou sont liées à la dégradation de la qualité du poisson ou encore dues à l'offre trop importante par rapport à la demande sur le marché.

Les expériences en vue de la réduction des pertes à la transformation et pendant le transport vers le lieu de vente ont révélé que loin d'être une fatalité, les pertes peuvent être réduites par l'observation de certaines précautions notamment la réduction des mailles des grillages servant pour le fumage et l'amélioration de l'emballage utilisé pour convoyer les produits sur le marché.

Les économies réalisées en observant ces dispositions contribueront à l'amélioration des conditions d'existence des opérateurs économiques de la filière pêche.

Les méthodes de recherche qui ont permis d'obtenir les résultats sur lesquels s'appuie l'analyse sont des méthodes sans doute efficaces pour connaître les pertes mais les expériences n'ayant pris en compte qu'une seule espèce (les sardinelles) avec un échantillon très petit sur une seule saison de pêche, il nous semble important de recommander beaucoup de prudence dans l'utilization des résultats. Des études plus étendues dans l'espace et dans le temps sont nécessaires pour valider ces premiers résultats.

Les conclusions des tests doivent être vulgarisées pour permettre une bonne appréciation des conséquences de la réduction des pertes sur la vie des communautés de pêcheurs. Pour l'heure les résultats obtenus sont satisfaisants car les économies réalisées au niveau individuel et collectif sont loin d'être négligeables.

Obstacles to the development of small-scale fish trade in West Africa

by

Amadou Tall
INFOPÊCHE
Abidjan 01, Côte d'Ivoire

Abstract

Background information is presented on the importance of the artisanal fisheries sector in West Africa in terms of income and employment generation, foreign exchange earning and as a major supplier of animal protein to low income urban dwellers and the rural poor. Processing methodologies of smoking, salting/drying and fermentation are still traditional although improved technologies are being introduced and gradually adopted,, coupled with a few semi-industrial processors to produce a final product with preferred tastes and market preferences. West Africa artisanal fisheries could benefit considerably from increased trade to the so called "ethnic market" in Europe, USA and other developed countries. Some key trading routes have been identified for the artisanal fishery products which represent 70 per cent of fish consumed and traded in the region. Constraints to trade expansion in the handling, processing, distribution and marketing chain of artisanal fisheries are highlighted. Areas to be improved in the sector for better trade in West Africa and the global marketplace are suggested. Recommendations are made for the possible strengthening of intra-regional trade and improving awareness in the opportunities of the market in the region and beyond.

1. INTRODUCTION

The artisanal fisheries of West African Coast from Mauritania to Nigeria with a total coast line and continental shelf of 6 500 km2, and 310 050 km2 respectively developed from the use of small sail canoes to the situation where the fleet has become more diversified and motorised. This includes 18-20 meters long canoes, which carry on board larger crew. This development facilitated by access to modern equipment and gear through projects or national programs, plays an important role in the socio-economic well being of fisher folks.

The catches serve local and foreign markets, usually through intermediaries. The artisanal sector is an important source of employment and foreign exchange and consistently provides about 40% of animal protein of the region's growing population (FAO, 1998: The state of Fisheries and Aquaculture). In 1995, the artisanal fleet landed 1 200 000 t; the major part of it is small pelagic (60%). About 1 000 000 fishermen who deliver to thousands of intermediaries (fishmongers, processors and traders) operate this fleet. Women play a prominent role in artisanal fisheries post harvest activities - processing and marketing - and they are major players in socio-economic development of West African countries.

The average annual fish consumption according to FAO/IDAF was estimated at 9,2 per capita in 1995, below the world average, which was 13 kg in the same year and 15 kg in 1998 (FAO/IDAF, 1998: The State of Artisanal Fisheries in West Africa in 1997). The reduction in fish consumption can be attributed to fall in imports resulting from economic crises being experienced by the countries of the region, increased population growth and inefficient utilization of fish catches.

The high population growth rate is not accompanied by a concomitant increase in landings, which reduces the per capita fish supply.

Tables 1, 2, 3 and 4 show the import and export volumes and values from the ECOWAS region.

In 1994 the quantity of fish imported into ECOWAS stood at 1.2 million t and increased to approximately 1.7 million t in 1998. Côte d'Ivoire, Ghana, Nigeria and Senegal are the leading importers. Between them they are responsible for 85% of the total import into the sub-region. Translated to foreign exchange outflow, the 16 ECOWAS countries spent US$ 363 362 000 to import fish in 1994 and US$ 493 000 000 in 1998, an increase of about $ 30 000 000.

The outflow of fish and inflow of cash of ECOWAS countries is somehow favourable. In 1994 export of fish and fishery products out of ECOWAS stood at 262 173 t, it increased to 330 086 t in 1998. In return a total of US$ 628 070 000 and US$ 822 272 000 came in 1994 and 1998 respectively. The four main exporters are Côte d'Ivoire, Ghana, Mauritania and Senegal.

2. PROCESSING METHODOLOGIES

The processing methods used are mainly traditional ones, though improved technologies are being introduced and gradually adopted. An active cured fish production exists in Western Africa. Except for a few semi-industrial operators engaged in fish smoking, drying and salting, fish curing is organized at artisanal level.

Table 1 Imports of fish and fishery products by CECAF countries (value in US$ 1000)

Country

1994

1995

1996

1997

1998

Benin

7 123

9 288

7 228

6 910

6 399

B.Faso

911

935

1 344

1 210

2 741

C.Verde

350

539

1 946

1 334

687

C. d'Ivoire

170 141

147 582

140 588

159 588

264 383

Gambia

202

277

413

1 546

1 320

Ghana

10 986

19 132

19 359

14 827

19 196

Guinea

1 270

1 495

1 373

15 861

308

G.Bissau

400

506

554

2 469

1 265

Liberia

1 785

1 731

2 422

2 199

1 426

Mali

272

303

381

222

387

Mauritania

800

1 039

818

2 532

202

Niger

92

203

253

390

437

Nigeria

150 948

140 309

290 350

158 633

190 098

Sénégal

11 970

17 215

11 259

21 797

15 759

S.Leone

3 420

3 425

3 446

3 562

3 215

Togo

15 557

16 599

13 835

27 901

19 031

Table 2 Imports of fish and fishery products by ECOWAS countries (quantity in t)

Country

1994

1995

1996

1997

1998

Benin

14 103

9 607

7 324

9 295

12 726

B.Faso

4 075

3 945

3 212

3 846

3 874

C.Verde

2 371

1 915

2 735

2 652

2 881

C. d'Ivoire

280 785

375 620

375 862

366 350

424 834

Gambia

4 299

3 031

3 137

3 402

3 908

Ghana

182 694

222 825

230 539

234 558

285 235

Guinea

31 179

34 931

36 865

44 079

17 479

G.Bissau

1 630

1 483

5 527

4 885

4 763

Liberia

4 782

4 565

4 957

5 323

9 393

Mali

2 543

6 630

6 234

8 042

7 309

Mauritania

105 573

112 046

96 430

86 747

81 270

Niger

1 613

1 563

1 457

1 525

3 041

Nigeria

258 725

302 871

446 199

425 643

478 197

Sénégal

206 293

236 277

210 871

252 142

233 275

S.Leone

57 285

55 234

51 958

51 154

42 906

Togo

41 162

46 629

58 593

63 173

51 205

Table 3 Exports of fish and fishery products by ECOWAS countries (US$ 1 000)

Country

1994

1995

1996

1997

1998

Benin

1 518

1 569

2 125

1 359

2 032

B.Faso

-

15

61

-

7

C.Verde

2 350

1 782

1 578

2 134

1 490

C. d'Ivoire

135 666

237 290

244 869

200 391

231 105

Gambia

3 061

4 440

2 585

3 831

7 349

Ghana

29 187

51 844

68 674

69 162

113 011

Guinea

5 910

17 508

22 572

24 344

22 012

G.Bissau

740

2 473

9 692

8 435

9 344

Liberia

908

211

3

18

11

Mali

370

412

450

459

359

Mauritania

154 132

180 805

165 471

134 431

83 654

Niger

740

586

234

321

70

Nigeria

14 083

21 546

19 040

13 856

36 833

Sénégal

231 600

264 373

310 541

286 667

301 363

S.Leone

47 805

48 100

33 093

31 824

13 632

Table 4 Exports of fish and fishery products by ECOWAS countries (in MT)

Country

1994

1995

1996

1997

1998

Benin

488

330

266

202

565

B.Faso

-

3

14

-

2

C.Verde

858

216

267

552

963

C. d'Ivoire

48 698

65 177

66 096

53 269

63 816

Gambia

2 088

1 844

1 803

1 747

2 295

Ghana

32 734

39 417

50 942

60 351

76 173

Guinea

1 927

5 199

5 592

9 652

6 043

G.Bissau

1 330

1 149

5 174

4 484

4 431

Liberia

322

91

2

2

3

Mali

250

256

250

203

201

Mauritania

56 081

59 768

57 766

42 932

40 583

Niger

185

98

105

52

18

Nigeria

4 081

5 923

4 926

4 301

9 658

Sénégal

93 673

103 458

106 027

112 152

111 273

S.Leone

18 165

16 050

036

13 593

7 681

Togo

1 293

3 407

216

1 914

6 582

Source: INFOPECHE

Different techniques of smoking fish exist and vary from a country to another, based on tradition, preferred tastes and market preferences. The quality of smoked fish is different according to the smoking methods, species of the wood (aradirachita, mangifera, schirrophora, etc.) used in the smoking process, which can give a different taste to the final smoked product.

In general, there are two main different smoking techniques: hot-smoking and dry-smoking. The first is considered of superior quality than the second and has a better market acceptance but, as it contains some water, it has a reduced shelf-life compared to the dried-smoked fish. The main products processed and traded include smoked sardinella, smoked bonga, smoked or dried anchovy, smoked catfish and smoked tilapia. Other traditional forms of processing are sun-drying, salting-drying, fermenting and frying.

3. MAIN FISH TRADE CHANNELS IN WEST AFRICA

Though mostly unrecorded, processed products from the artisanal sector form a highly significant part of the small pelagic fishery products traded intra-regionally within the selected countries. This trade has increased considerably over the past years but its importance is still not reported as it should be in trade data, since much of this activity takes place unrecorded. Some key trading channels can be however identified:

Studies by INFOPECHE indicate that 70% of fish consumed in the region is in smoked form (INFOPÊCHE mission report - marketing of artisanal fish products 1990). The trade in cured fish products has the most extensive distribution network in the region. This is particularly true for smoked dried products and to a lesser extent, sun-dried, salted-dried and fermented-dried products. While dominated by women, cured fish marketing in the region is a very complex activity, involving large-scale wholesalers, who purchase in bulk from processors, small-scale retailers who may sell in small pieces to consumers and a host of other middlemen in between.

Artisanal fish catches are marketed fresh or processed in line with consumer taste, storage conditions, and the supply/demand situation. The lack of a highly developed cold storage and marketing network makes fresh and frozen fish distribution to the inland population in most West African countries difficult.

In many countries, cold storage systems are inadequate and fish not sold the same day is either dried or smoked. In Senegal, approximately 1/3 of the artisanal fish catches are processed, 1/3 is sold fresh on the domestic market, and another 1/3 is goes to export markets in neighbouring countries, such as Côte d'Ivoire, Ghana, Mali, Mauritania and Nigeria.

In Côte d'Ivoire, 80% of the production consists of smoked fish, mainly sardinella, anchovies and bonga. In Benin, the bulk of the fish sold is in processed form but increasing quantities of bonga are sold fresh. In general, there is an increasing tendency to sell the fish captured by artisanal fisheries in fresh form due to an increased availability of ice together with improved infrastructure making distribution towards hinterland more and more possible. There is also a growing trade among neighbouring countries due to the same reasons in addition to improvements in co-operation between countries. Fresh and frozen fish are generally exported to Europe, though some are also traded within the region, especially "African-market mixed fish" and small pelagic fish. Due to the absence of a well organised African fleet for frozen pelagic fish products harvested in African waters, the European exporters succeed in selling their products in this market, and countries such as Mauritania and Senegal cannot compete with them. The market for small pelagic fish in this region is quite substantial, estimated at about 800 000 Mt.

The key western African markets for frozen small pelagic are Nigeria, Côte d'Ivoire, DR Congo, Cameroon, Ghana, Togo and Congo. Despite Nigeria's importation of fish, its demand still falls short of the supply. The demand for fish in that country is put at 1.3 million tonnes whereas supply is presently put at 0.5 million tonnes.

High value fish such as sole, barracuda, snappers etc. are exported to Europe and in return mackerel, sardines and mixed fish are imported from EU countries, Russia, South America, Ireland, Mauritania Angola, Namibia and Senegal. This category of fish is consumed mainly by the urban and rural poor in the fresh and smoked or fried form.

Frozen fish is often imported for processing by the artisanal fisheries. The artisanal urban fish processors smoke such fish for sale throughout the year while the artisanal rural processors smoke the fish during off season of sardinella and bonga.

Cured fish trade is very complex, an informal activity undertaken with hardly any record keeping process such as bookkeeping. It is assumed that the trade enables those involved in it to improve their earnings but investigations into this are needed together with the training of the operators in bookkeeping.

The leading African suppliers of these products are Mauritania, Senegal, Namibia and Angola. The most popular and the easiest species of frozen fish traded are the small pelagic fish such as sardinella, chub mackerel and horse mackerel. The most important quality criteria are fish size and fat content. Chub mackerel should be at least 25-30 cm and as fatty as possible, while horse mackerel should be minimum 20-25 cm with the similar fat content as the former.

The distribution of artisanal products in the region is an important activity involving several thousands of traders, most of them women. While this activity may serve a social purpose, such as providing food for the families of the traders, its primary objective is economic - to generate income.

The bulk of the cured fish products is transported by road, in lorries, pick-up trucks, passenger vehicles, taxis and motorcycles. The choices are dependent on distance, volume of load, costs and whether in the urban or rural area. River transport is also very popular on the Volta Lake and the River Niger. A striking observation is the limited use of rail transport in some areas. Except for the Abidjan-Ouagadougou line, as well as some rail connections in Togo, this means of transportation has featured less in cured fish marketing.

4. MAJOR OBSTACLES TO TRADE EXPANSION IN WEST AFRICA

Fisheries communities are confronted by serious problems throughout all stages of handling processing distribution and marketing. The following are the major constraints that affect intra-regional fish trade:

Lack of infrastructure: for handling, storage, (problems with ice, electricity, etc.), processing facilities, distribution, transport facilities, inter-state roads and border controls.

Lack of cargo vessels: the present situation sees most of the cargo vessels covering the Morocco to South Africa route coming directly from Europe. If the vessels are full, then it becomes a problem for Mauritania or other countries to ship their products to their destination in the Gulf of Guinea.

Lack of information: in general. Fishermen live in small isolated settlements along the shores of coastal and inland waters and usually extension officers do not visit them because of the lack of incentives and proper wages.

This situation, coupled with high illiteracy amongst them, engenders the absence of crucial information, not only within the communities of fisher folks themselves but also between these and the outside. This hampers their access to appropriate technology for fish preservation and processing as well as their ability to access information on resource and markets. The region is also characterised by low dissemination of appropriate techniques leading to insufficient knowledge of the fish handling, preservation, processing and distribution methods used.

Political and civil unrest: this situation is aggravated by a number of military coups and civil strife among the countries particularly in the West African sub-region. In most cases, when a military junta or a rebel group overthrows a government, existing trading arrangements are affected.

Economic situation: This is alarming in many countries of the region. The introduction of Structural Adjustment Programmes in some countries in the 80s e.g. Ghana and Nigeria adversely affected all sectors of the economy including the artisanal fishery sector. The purchasing power of the rural poor was lowered. Scarce foreign exchange to import fishing inputs for example petrol, fishing gears, out board engines, etc. has resulted in scarcity of fish leading to price hikes beyond the reach of the poor. For example, for CFA French speaking African countries such as Côte d'Ivoire, the devaluation of the CFA franc of 1994 resulted in a sharp drop of the imports of fish products. These were 170 141 t and 140 588 t in 1994 and 1997 respectively. Such were the effects on imports in spite of the country's high population growth, a decrease in aquaculture production and capture fisheries. After the "shock" due to the devaluation of the franc CFA, the imports have been steadily increasing but are still below the required 300 000 t. Consequently, there is less fish is available and this tends to limit its access by low income communities who have a weaker purchasing power.

Foreign exchange to pay for imported products. Many African countries are finding it difficult to pay for their imports as their currencies continue to weaken and not convertible to the dollar and other foreign currencies that are used for the transactions in the region.

Credit: It is difficult for fish traders who want to expand or improve their operations. On the one side, access to credit is difficult and on the other, repayment conditions are often harsh. This is particularly true for the artisanal fish traders, the majority of whom avoid the formal credit channels.

Ineffective national and regional policies: Virtually all the countries making up ECOWAS have individual national fishery policies. However, these policies are ineffective either due to sabotage, bureaucracy or lack of will power on the part of those who should implement them. An example is the ECOWAS initiative on streamlining fish trade policy in West Africa which started in 1970s and still nothing concrete on the ground.

Tariff barriers and non tariff barriers

Harassment/corruption

Checkpoints along roads and at borders between states are major obstacles to trade in the region. As traders and transporters are mostly illiterate, they are often duped by custom officers, health officers and policemen. Money is the valid "authorisation" for being allowed to pass. Some transporters in avoiding checkpoints take other routes and end up spending more time on their journeys and encounter other problems. All these cost money and is ultimately put on the price of fish sold.

Quality assurance of fish and fishery products

Health regulations and quality standards for fish and fishery products based on Hazard Analysis of Critical Control Point (HACCP) have been adopted in developed countries, and are in the process of being implemented in many other countries, including the African countries. For example, imports of fishery products into the EU and the USA must have an original health certificate from approved establishments and bear the name of the country of origin. Some countries have been certified e.g. Mauritania, Senegal, The Gambia, Côte d'Ivoire, Ghana and Nigeria, while others are to upgrade their plants and improve their inspection skills.

Taxes and import duties

An initiative has been taken by a number of regional and sub-regional organizations to identify a common trade policy for their respective member countries but, so far, very little has been achieved because countries are not adequately committed to enforcing regional trade rules.

In the year 2000, an important political measure to improve fish trade has been taken by the eight member countries of the UEMOA (Senegal, Guinea Bissau, Mali, Burkina Faso, Niger, Togo, Benin and Côte d'Ivoire) that will enable them to benefit from a zero tariff, the so-called TEC (Tarif Economique Commun) for products produced within the region.

Another example is to be found within ECOWAS (Economic Community of West African States) whose efforts to streamline fish trade policy in West Africa date back to the 1970s. A common duty and tax schedule was worked out in May 1979 but member states failed to incorporate these special provisions, preferring to apply their own regulations. Under the stipulated common policy, non-tariff barriers should have been removed within 4 years from May 1981.

Both UEMOA and ECOWAS have taken decisions establishing the classification of import duties and taxes and indirect internal taxes and duties to be reduced and eliminated or harmonised in conformity with the provisions of their treaty. However, the economic pressures in the individual member states made it impossible to put the new policy into effect

The Central African countries import substantial volumes of frozen and cured fish from West Africa. However, products originating from the West African region do not benefit from the special tax concessions applicable in UDEAC Member States.

A lack of harmonisation and/or enforcement in trade policies and sanitary regulations among African States, corruption, harassment at check points continue to hamper the development of intra-regional trade in fish and fishery products.

5. IMPROVEMENTS FOR A BETTER TRADE IN WEST AFRICA

Improvements in the artisanal sector of the conditions and infrastructure on board fishing vessels and in the landing sites, of the roads and communications networks, of the processing and trading establishments, and of fish inspection services are the prerequisites for enhancing the intra-regional trade in good quality and safe fish products. It is also necessary to establish a broad information network on responsible fishing, appropriate technology, trade-related issues such as product demand, market information, etc....

The statistical database on West African artisanal fisheries is weak and should be improved. Increased awareness, education, training and information in the social and economic importance of the sector will help to improve its performance and to strengthen livelihoods in the sector.

Economic co-operation and regional integration offer tremendous opportunities for economic growth enabling participating countries to overcome the constraints of small national markets, increasing intra - Africa trade and providing opportunities for integrating African economies into the global economy. In the same vein, a monetary co-operation programme which shall involve the adoption of collective measures for the purpose of setting up a harmonised monetary system and common management institutions will enable countries to overcome constraints to intra-regional trade resulting from countries' individual monetary policies.

6. CONCLUSIONS AND RECOMMENDATIONS

Artisanal fisheries have become an important source of income, employment and animal protein to the populations of the region.

The measures that should be undertaken to strengthen intra-regional trade by stimulating production in a sustainable manner, by creating awareness of market opportunities in the region, improving trade channels and trade services in support of market integration are as follow:

7. BIBLIOGRAPHY

Decision A/DEC.18/5/80 of the authority of heads of stated and government of the Economic Community of West African states relating to trade liberalisation in industrial products.

FAO (1998). The state of Fisheries and Aquaculture

FAO/IDAF (1998). The State of Artisanal Fisheries in West Africa in 1997

Tall, A. (2000). Presentation of the advantages and constraints of fish trade in West Africa made at the symposium on artisanal fisheries in West Africa- WADAF- November 2000 Cotonou - Benin

Teutscher, F. (2000). Presentation on Globalisation and Artisanal Fish trade in West Africa at the symposium on artisanal fisheries in West Africa- WADAF- November 2000 Cotonou - Benin

UEMOA preferential trade measures (TEC)

Vannuccini, S. (2000). FAO/DFID Workshop on post harvest practices and issues in fishing communities in West Africa


Previous Page Top of Page Next Page