par
James M. Winfield
Shrimp, Inc.
En 1985, I'ODBFA et son directeur, l'Agronome Henry Louis Jeune, ont planifié une étude de faisabilité de pêche pour le lac Peligre. L'étude était programmée pour une durée de 8 mois avec les travaux pratiques réalisés par l'auteur quand il était un volontaire du Corps de la Paix des USA. La planification totale du projet pour cette étude de faisabilité était la première étape pour le développement d'un plan d'aménagement de la pêche sur le lac Peligre. Pendant la période de l'étude, il y a eu plusieurs interruptions de travail à cause de la situation politique du pays; ceci a entrainé un manque de temps pour la collecte de toutes les données nécessaires pour faire une étude complète.
L'étude a été divisée en 4 parties:
Les résultats de ces travaux sur le terrain sont les suivants:
Les caractéristiques physiques du lac indiquent qu'il n'y a pas de restriction physiques pour améliorer le système de pêche dans le lac.
La production primaire est élevée dans le lac:
la couleur de l'eau est verte; ce qui indique un niveau élevé de développement du plancton dans le système.
cette couleur indique également que le lac est très fertile. La production primaire est le résultat de la matière organique qui entre avec la sédimentation des rivières qui se fait à l'embouchure des rivières dans le lac.
Le niveau d'eau dans le lac est très variable avec une fluctuation de 22 mètres.
Au cours des mois de février, mars et parfois d'avril, le niveau du lac est très bas avec une profondeur minimale mesurée au niveau du barrage, de 150 m. Pendant les mois d'octobre, novembre et décembre, la profondeur maximale est de 172m, mesurée au même endroit.
Ces fluctuations au niveau du lac font que la superficie varie de 3,200 à 6,400 ha. selon la saison.
Les caractéristiques chimiques de l'eau sont dans les limites acceptables comme suits:
PH de 7,5 à 9,0
Oxygène dissous (OD) dans la matinée à 4 ppm
(OD) dans l'après-midi à 7 ppm
gaz carbonique de 17 à 30 ppm
alcalinité moyenne de 145 ppm
dureté moyenne de 147 ppm
température moyenne de 28 degrés C.
Il y a trois espèces de poissons exploités par le pêcheurs; ce sont le Tilapia mossambica, Cyprinus carpio et Gobiomurus dormitor. Les deux premiers ont été introduits par le Ministère de l'Agriculture depuis 1952. Les noms locaux pour ces trois poissons sont moro, poisson noir et “teta”.
Dans le total des captures, il y a les classements suivants des espèces par poids:
80% de C. carpio
15% de T. mossambica
5% de G. dormitor
Si on incluait l'autoconsommation locale par les pêcheurs, le pourcentage des teta serait plus important ; il représente l'espèce préférée pour la consommation.
Le tableau I présente les poids et longueurs moyens des poissons capturés au lac Peligre.
Tableau I: Moyennes calculées des poids et longueurs de trois espèces de poissons capturés au Lac Peligre
| Espèces | Echantillonnage (Nombre) | poids moyen (g) | long. Total en moyenne (cm) |
| 1- Cyprinus carpio | 532 | 299 | 27 |
| 2- Gobiomorus dormitor | 247 | 102 | 22 |
| 3- Tilapia mossambica | 82 | 97 | 16 |
Ces données ont été rassemblées par les pêcheurs qui ont calculé la moyenne pour chaque capture. Une analyse du poids moyen des C. carpio indique qu'il s'agit de poissons dans leur première année de croissance.
La reproduction pour les 3 espèces se fait dans des eaux peu profondes, au début de la saison de pluies; ce qui correspond, pour cette région, au mois d'avril.
C. carpio monte dans le lac pour se reproduire dans une zone d'herbes submergée avec un niveau d'eau d'un mètre de profondeur.
Le T. mossambica et le teta ne se reproduisent pas pendant une saison spécifique.
La C. carpio commence à se reproduire pour une première fois lorsqu'elle atteint une longueur moyenne de 23 cm.
Le T. mossambica se reproduit à une taille de 9 à 10 cm.
Les poids maximal de poissons capturés pour chaque espèce pesés pendant l'étude, sont très bas, à l'exception des G. dormitor:
| C. carpio: | poids max. | 2,5 kg |
| T. mossambica | " | 0,650 kg |
| G. dormitor | " | 1,4 kg |
Pour les trois espèces, la majorité de la surface du lac a un niveau d'eau trop profond pour des poissons qui préfèrent les hauts fonds du littoral. Ceci signifie que la plus grande partie du lac, c'est à dire la zone pélagique, n'est pas productive pour la pêche.
La récolte totale annuelle de poissons est estimée à 90 tonnes / an. C'est une estimation faites avec les données de 8 mois et pas 12 mois comme souhaité. Donc la production de poissons du lac a une moyenne de 16 kg / hectare / an basé sur une superficie de 5.625 ha.
Il y a environ 250 personnes qui pêchent sur le lac Pêligre. La pêche pour ces personnes est une ressource alimentaire et économique. Mais la pêche n'est pas leur occupation à plein temps; leur métier est l'agriculture. Il faut noter que tous les pêcheurs font la pêche sur la surface du lac où le niveau d'eau est de moins de 4 m de profondeur.
Presque tous les pêcheurs se servent d'un canot pour faire la pêche; la longueur moyenne de ces canots est de 3 m et ils sont construits en bois. Aucun pêcheur ne se sert de moteur hors bord au Lac Peligre (durant cette étude).
Les pêcheurs se servent de 5 types d'équipement de pêche, c'est à dire: le filet, la nasse, l'épervier, l'hameçon et le tramail. L'utilisation et le choix d'équipement dépend de la saison:
Pendant la saison de pluie, on se sert plus de l'épervier, car C. carpio se trouve dans les eaux peu profondes. Après la période de reproduction on ne se sert plus de l'épervier. Le tramail est utilisé de la même façon selon la saison.
Durant le reste de l'année, les pêcheurs se servent de l'hameçon, filet et nasse. A la saison des pluies, les pêcheurs habitent le lac, ils construisent une petite hutte de pêcheurs et passent jours et nuits sur leur lieu de travail. C'est à ce moment qu'il y a une grosse concentration de pêcheurs dans les parties hautes du lac.
Une analyse du marché à Dormond a été faite comme partie de l'étude. L'analyse a duré 1 an. Les résultats sont les suivants:
Soixante dix huit marchandes différentes vendent du poisson au marché de Dormond. La majorité des marchandes habitent tout près du lac. Il n'y a pas de perte de poissons due à la pourriture, ce qui signifie que la conservation des poissons avec du sel est réussie. Il y a plus de poissons frais que salés. Le prix des poissons varie selon l'espèce, le poids et la condition du poisson (salé ou frais).
Le lac Péligre est un système très fertile avec beaucoup de nourriture pour les poissons.
Il ny a pas de restrictions chimiques dans ce système.
La fluctuation du niveau de l'eau affecte l'habilité de reproduction de C. carpio. Beaucoup de C. carpio meurent pendant le mois d'avril lorsque le niveau de l'eau descend rapidement et les poissons ne peuvent plus échapper des zones où il sont entrés pour se reproduire. Le résultat de cette action est une perte d'adultes et d'alevins.
La production des poissons dans le lac est très faible. La production moyenne est de 16 kg / ha. En Afrique on atteint une production de 60 à 100 kg / ha avec un minimum de gestion.
Pour C. carpio qui est le poisson dominant dans le système, le recrutement et le remplacement est gravement affecté par la pression des pêcheurs. La pêche dans la zone littorale se passe pendant la saison de reproduction. Ceci a réduit la population totale de cette espèce dans le lac.
La plus grande surface du lac Péligre n'est pas utilisée. Il manque une espèce pélagique. C'est à dire que les ressources naturelles ne produisent pas à leur capacité. L'introduction d'une nouvelle espèce pourrait améliorer cette situation.
La commercialisation des poissons est bien organisée et elle fournit du travail pour beaucoup de marchandes de la zone. Ce système est très fragile et une introduction, comme une coopérative d'achat dans ce système pourrait entrainer une perte d'emplois pour les gens de la zone.
Haiti n'a pas encore de stratégie nationale pour le développement de ce type de ressources naturelles. Ce qui signifie qu'il n'y a pas encore de plan bien organisé et formé pour collectionner des données à long terme sur les lois.
Pendant cette étude il a été évident qu'il n'y a pas de lois concernant le contrôe de la pêche. Il n'y a pas de restriction concernant la zone, la saison et le type d'équipement à utiliser.
Egalement un manque de techniciens spécialisés dans l'évolution et l'aménagement des lacs. Ceci demande la participation du gouvernement haitien et de l'Université, si Haiti veut aménager les lacs en vue des systèmes productifs.
