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5. RAPPORTS DES GROUPES ET RESUMES

5.1 Groupe 1 - Objectifs et stratégie de l'échantillonnage

Directeur des débats:E.L. Le Cren
Membres du groupe:J.S. Alabaster
 T. Backiel
 H.A. Regier
 D.E. van Drimmelen

(a) Objectifs

Pour réaliser des recherches avec succès, il faut savoir poser les questions fondamentales appropriées; c'est là une vérité première; et il est non moins indispensable de formuler ces questions de telle manière que les réponses obtenues soient pertinentes et sans ambiguïté. Par suite, avant d'examiner une ou plusieurs méthodes données en matière de prospection, de surveillance et d'évaluation des stocks, il convient d'envisager le cadre général des activités, et notamment les objectifs que l'on se propose d'atteindre en échantillonnant des populations.

La définition des termes relatifs à l'échantillonnage laisse encore place à de nombreuses ambiguïtés et, s'il est peu pratique d'envisager ici une normalisation des termes, il est souhaitable qu'elle soit réalisée ultérieurement. Aux fins de la présente réunion, la “prospection” peut être définie comme une activité visant à établir une distribution dans l'espace à un moment donné, et la “surveillance” comme l'étude des modifications qui se produisent au bout d'un certain temps en un point particulier de l'espace; l'“évaluation”, enfin, est une analyse quantitative de la ressource en fonction d'une grandeur ou d'une finalité prédéterminée.

Les poissons ou les populations de poisson sont en fait échantillonnés pour de multiples fins, dont les suivantes peuvent être considérées comme représentatives:

  1. déterminer les stocks disponibles aux fins d'exploitation commerciale, en évaluer l'ampleur et définir dans quelle mesure ils se prêtent à une telle exploitation;

  2. surveiller les modifications de stocks résultant de variations du milieu provoquées soit par des causes naturelles, soit par des intervantions humaines (pollution, construction de barrages, etc.); les poissons font alors fonction d'indicateurs et ne sont pas nécessairement examiné per se;

  3. surveiller la situation des stocks et leur comportement à l'égard des activités d'une pêcherie ou prévoir les captures pour une pêcherie donnée;

  4. évaluer les résultats des mesures d'aménagement prises; en particulier, évaluer l'efficacité des mesures anti-pollution ou destinées à améliorer les stocks par des programmes de réempoissonnement;

  5. réaliser des recherches fondamentales sur les poissons eux-mêmes, leurs communautés et populations et, lorsque des poissons ou des pêcheries existent en milieu pollué, formuler des normes de qualité de l'eau tenant compte de cette ressource.

Le choix de l'objectif ou des objectifs déterminera en dernière analyse les caraotéristiques des programmes d'échantillonnage, y compris le site de l'échantillonnage, ainsi que le choix des engins. Dans certains cas, il pourra être souhaitable que les programmes d'échantillonnage soient dirigés vers plusieurs objectifs, à condition que la validité et l'adéquation des données ainsi obtenues n'en soient pas affectées.

Les programmes d'échantillonnage sont souvent orientés en faveur des utilisateurs et déterminés soit par des facteurs socio-économiques (par exemple pêche sportive), soit par les impératifs de la prise de décision, à l'échelon directorial. Cela peut provoquer des restrictions particulières (délais donnés pour obtenir une réponse, etc.), le type et la précision des méthodes d'échantillonnage utilisables, ou encore les activités d'échantillonnage traditionnel, pouvant alors ne pas convenir. La prospection, la surveillance et l'évaluation, telles qu'on les entend dans le présent contexte, ne sauraient déorire convenablement des événements sortant du cadre normal du système pour lequel le programme est conçu; il nous faudrait alors nous fonder sur des données expérimentales.

(b) Portée

Pour réaliser ces objectifs, il faut éventuellement pouvoir disposer de toute une gamme d'informations, de précision et de complexité variables, ce qui influence le plan de l'expérience d'échantillonnage. Ainsi, il pourra suffire dans certains cas, de déterminer simplement la présence ou l'absence d'une espèce donnée - cette dernière éventualité est d'ailleurs difficile à réaliser. Plus généralement, il pourra falloir déterminer l'abondance, relative ou absolue, des communautés de poisson ou des espèces qui les composent; des recherches détaillées sur la biologie des poissons eux-mêmes peuvent être nécessaires, portant notamment des éléments comme les modifications du comportement, l'état de santé, la présence ou l'absence de parasites, voire l'acceptabilité de produits de la pêche aux fins de la consommation humaine ou autre.

(c) Stratégie de l'échantillonnage

Les pêcheries peuvent être plus ou moins complexes du point de vue tant de l'écosystème que les communautés de poissons; il est utile, pour la planification, de considérer les éléments communs à tous les systèmes, plutôt que de s'attacher aux différences qui existent entre eux.

Ces éléments sont les suivants:

Chacun de ces éléments peut faire l'objet de prospections, de mesures de surveillance et/ou d'évaluation et l'on suggère d'entendre par “stratégie” de l'échantillonnage le processus par lequel se répartit l'effort entre ces éléments ou leurs interactions multiples. Ainsi on peut parfois se borner à l'étude d'un seul élément, tel le milieu, comme c'est le cas pour la lutte contre les effets de la pollution; dans d'autres cas, on peut se limiter à une seule espèce, pour les enquêtes biologiques par exemple. Dans d'autres cas encore, il faut examiner différents éléments interdépendants, et des facteurs extérieurs au système comme les variations des impératifs sociologiques, économiques et personnels peuvent exiger des différences d'accent. On en citera pour exemple les rapports particuliers entre les éléments devant être examinés pour l'étude de la pêche sportive, qui peuvent être très différents des relations existant entre ces mêmes éléments dans le cas de la pêche commerciale.

Il s'ensuit que la stratégie est la planification d'ensemble du programme d'échantillonnage en vue de la réalisation de ces objectifs. Les détails logistiques des programmes d'échantillonnage peuvent être déorits comme suit dans un système à six éléments:

Les actions/reactions représentées par deux flèches impliquent qu'une décision est prise de façon itérative après examen de plusieurs possibilités. Le choix des engins et le plan de l'expérience d'échantillonnage dépendent très fréquemment des disponibilités de fonds et de main-d'oeuvre et le processus itératif peut entraîner en dernière analyse une modification de la portée des objectifs. Dans des cas plus extrêmes, lorsque les objectifs dépendent de certains critères de succès, des considérations de coût peuvent conduire à abandonner l'exercice s'il est évident que l'on ne peut satisfaire aux critères pré-établis dans la limite des moyens disponibles.

Un élément important du plan d'échantillonnage est la validation/étalonnage des engins. On le perd parfois de vue mais, pour que les résultats soient valables, les engins doivent être étalonnés du point de vue de leur efficacité. Le critère retenu pour l'étalonnage peut varier suivant l'exactitude et la portée du résultat que l'on se propose; il peut même être interprété en termes de pourcentage de captures des espèces de poissons présentes. Il s'ensuit que les performances d'un engin donné devraient être comparées à celles d'autres engins utilisés pour échantilloner le même stock. Un tel étalonnage est difficile pour les méthodes absolues et suppose que le comportement dans l'environnement qui fait l'objet de l'étalonnage d'un engin ou moins soit très bien connu. Pour les méthodes relatives, on peut supposer que si deux ou plusieurs engins tendent à varier dans le même sens, les résultats ont des chances d'être corrects, tandis que si des différences apparaissent dans les performances des engins, leurs résultats peuvent être faux et l'échantillonnage en est invalidé.

5.2 Groupe 2 - Techniques de pêche au filet

Directeur des débats:A. v.Brandt
Membres du groupe:R. Steinberg
 Kj.W. Jensen
 N. Bacalbasa-Dobrovici
 C. Kipling

Documentation: EIFAC/SC-I-Symp.63 [Exposé général de groupe]

Les principales techniques de pêches au filet utilisées pour l'échantillonnage des populations de poissons sont les suivantes:

  1. filets traînants (chaluts)

  2. sennes

  3. filets encerclants (sennes coulissantes, etc.)

  4. filets maillants

  5. filets emmêlants (trémail, etc.).

D'autres techniques de pêche au filet ont été exceptionnellement utilisées pour l'échantillonnage (filets trappes, épuisettes et filets montés sur cadre), mais les connaissances relatives à l'efficacité ou l'utilité de ces engins sont très fragmentaires.

Pour l'examen des techniques de pêche au filet relatées ci-après, il convient de signaler l'impossibilité de recommander un engin donné à toutes les fins de l'échantillonnage. De toute manière, il faudrait, chaque fois que possible, utiliser différents types d'engins.

(a) Chaluts - Documentation: EIFAC/SC-I-Symp. 5, 28, 34

Alors qu'à l'origine les chaluts marins étaient trop encombrants pour se prêter à une utilisation générale en eau douce, des formes améliorées comme les chaluts de fond à deux faces et les chaluts pélagiques à quatre faces sont maintenant employés non seulement dans les grands lacs, mais même dans les petits. On devrait autant que possible éviter d'utiliser des panneaux car ils augmentent la résistance à l'avancement, demandant de ce fait des moteurs beaucoup plus puissants. On a utilisé avec succès dans plusieurs régions des chaluts-boeufs.

L'utilisation des chaluts de fond est limitée par la nature du substrat et l'engin n'est généralement pas efficace dans un courant trop fort. Cette méthode est utile pour échantillonner les lacs et les cours d'eau à faible débit. Si l'on dispose d'informations appropriées sur les facteurs influençant l'efficacité de capture et la sélectivité, on peut utiliser cette méthode pour obtenir des estimations absolues.

(b) Sennes - Documentation: EIFAC/SC-I-Symp. 4, 6, 7, 14, 24, 29, 33, 37, 43, 44

Les sennes exigent des fonds clairs, notamment sur le rivage; elles sont peu efficaces en présence de végétation submergée. Par contre, on peut les utiliser sous la glace et elles sont alors très efficaces. Les poissons sont assez peu endommagés par cette méthode de capture et peuvent par conséquent être utilisés pour des exercices de récupération des marques. On a tenté d'obtenir des estimations absolues de l'abondance en utilisant des sennes; toutefois, un grand nombre de poissons, notamment de grande taille, s'échappent pendant le relevage et des trémails sont donc souvent posés parallèlement à la ligne de relevage.

(c) Sennes coulissantes - Documentation: EIFAC/SC-I-Symp.24, 51, 53

Les sennes coulissantes peuvent être utilisées avec succès dans les grands lacs profonds pour capturer des espèces pélagiques. Cette méthode est cependant onéreuse et on la réserve en général aux opérations commerciales.

(d) Filets maillants - Documentation: EIFAC/SC-I-Symp.1, 4, 6, 9, 14, 23, 24, 30, 37, 41

Les filets maillants, peu onéreux et d'une utilisation facile, sont largement employés pour échantillonner les populations de poissons. Cependant la grande sélectivité des engins est susceptible de poser des problèmes si l'on n'en tient pas compte. Si l'on utilise une flottille emportant des filets maillants de différents maillages, on peut capturer des poissons de plusieurs longueurs; les différentes courbes de sélectivité peuvent être combinées à d'autres données sur les captures, ce qui permet d'obtenir des estimations pour un grand nombre de paramètres. Les filets maillants sont des engins passifs; leur efficacité dépend essentiellement du comportement du poisson; en d'autres termes, l'efficacité des captures dépend dans une large mesure du type de matériel utilisé pour la construction des filets (visibilité, résistance à la pénétration). Compte tenu de ces problèmes, il faut être très prudent pour formuler des conclusions sur ces engins; dans tout état de cause, on ne peut obtenir que des informations relatives.

(e) Filets emmêlants - Documentation: EIFAC/SC-I-Symp.9, 31, 73

Les trémails et les filets montés sur cadres sont intéressants pour l'échantillonnage des populations de poissons; en particulier, on utilise depuis longtemps à cette fin les trémails. Leur sélectivité est relativement faible, si bien qu'ils conviennent à l'échantillonnage d'une vaste gamme de populations de poissons. On peut utiliser les filets emmêlants soit comme engins actifs, soit comme engins passifs; les frais de fonctionnement sont plus élevés qu'avec des filets maillants. Les filets montés sur cadres, employés depuis peu en Europe, offrent des possibilités dans l'avenir bien qu'ils n'aient été encore utilisés qu'à échelle restreinte.

5.3 Groupe 3 - Engins pour la pêche par engourdissement ou paralysie

5.3.1 Groupe 3a - Pêche à l'électricité

Directeur des débats:P. Lamarque
Membres du groupe:E. Halsband
 W.G. Hartley
 A. Lelek
 P. Sharkey

Documentation: EIFAC/SC-I-Symp.65 (Exposé général de groupe) 3, 4, 10, 13, 38, 39, 46, 47, 50, 68, 69, 71, 74

(a) Description

Il convient de considérer les engins de pêche à l'électricité comme des auxiliares des engins de pêche traditionnels, susceptibles d'en augmenter considérablement l'efficacité. On citera, parmi les différentes combinaisons possibles: les filets soulevés, les chaluts, les filets traînants et les écrans de rabattage électriques. L'électricité attire les poissons, soit qu'ils se trouvent au large, soit qu'ils soient cachés parmi la végétation ou au fond; ils peuvent alors être capturés par des filets soulevés ou des chaluts. On peut également rabattre des poissons jusqu'à des nasses ou les immobiliser tandis que le courant les entraîne dans un filet fixe.

(b) Avantages et applications possibles

Il est possible d'augmenter sensiblement le rendement des engins traditionnels en les électrifiant. Ainsi, l'électrification d'un chalut permet de multiplier ses captures de 4 à 30 fois. L'électrification d'un verveux posé dans un fleuve triple les captures. Les barrières à poissons électriques, qui rabattent les poissons migrateurs vers des nasses peuvent atteindre une efficacité de 80 pour cent.

L'électrification des engins de pêche permet de capturer des poissons qu'il est impossible de prendre d'une autre manière, ou autrement qu'à des époques déterminées de l'année. L'augmentation de l'efficacité des engins ou la réduction des dimensions nécessaires pour obtenir un rendement équivalent, réduit en général de façon sensible le coût de la pêche.

Si le courant est convenablement dirigé, les poissons ne sont pas endommagés et peuvent être remis à l'eau après avoir été examinés ou marqués.

(c) Inconvénients et limites

Les engins électriques sont relativement sélectifs, tant pour ce qui est des espèces que pour les dimensions des poissons d'une même espèce, en fonction de leur plus ou moins grande sensibilité au champ électrique. Il est en général plus facile de prendre des grands poissons que des petits.

Les poissons tendent à être d'autant moins faciles à capturer qu'ils ont reçu davantage de chocs électriques. Il convient donc d'être extrêmement prudent lorsqu'une efficacité constante de la pêche est nécessaire, comme c'est le cas pour les estimations de de Lury.

L'efficacité de la pêche est également susceptible de varier avec certains paramètres de l'environnement: conductivité, température, turbidité ou limpidité de l'eau, courant, etc.

L'utilisation de filets soulevés électrifiés est limitée aux eaux n'atteignant pas 2 à 3 mètres de profondeur; le chalutage électrique est possible dans toutes les eaux, quelle que soit leur profondeur.

Dans l'état actuel des possibilités des générateurs, l'utilisation de filets à main électrifiés est limitée aux eaux d'une conductivité inférieure à 10 000 us/cm et celle des chaluts, à des eaux allant jusqu'à 3 000 us/cm. Ce problème technologique peut toutefois être résolu par l'utilisation de nouveaux courants pulsés en créneaux.

Pour obtenir des résultats optimaux, il convient d'adapter la technique et le type de courant employé aux conditions locales, y compris les limitations de l'appareillage disponible, le champ électrique et leurs effets sur le poisson.

(d) Facilité d'interprétation des résultats

La validité des résultats de l'échantillonnage dépend essentiellement de la dimension des échantillons par rapport à celle du stock. Elle est entre autres fonctions de l'efficacité de la pêche qui, à son tour, dépend de l'efficacité de l'appareil et de la durée de la pêche.

Le filet soulevé électrifié permet depuis quelque temps d'estimer des populations par les méthodes de Petersen et de de Lury, notamment dans les cours d'eau à truites, où les captures atteignent fréquemment une efficacité de 30 à 80 pour cent (proportion de poissons capturés par rapport à l'importance du stock). Cet ordre de grandeur peut également être atteint avec d'autres espèces vivant dans des eaux exploitables par le filet soulevé électrifié.

L'efficacité d'un chalut électrique récemment utilisé dans un lac de 15 ha d'une profondeur de 2 mètres a atteint 6 pour cent suivant la méthode de Petersen. Cette efficacité a augmenté de plus de 20 pour cent à l'occasion d'une opération de pêche de 16 heures, ce qui a permis d'estimer le stock avec un intervalle de confiance de ± 10 pour cent.

5.3.2 Groupe 3b - Méthodes chimiques

Directeur des débats:A.V. Holden
Membres du groupe:P. Bauman
 G. Hall
 W.D. Davies
 O. Sumari

Documentation: EIFAC/SC-I-Symp.72 (Exposé général de groupe) 2, 18, 26, 35, 40, 58, 62

(a) Mode opératoire

Une quarantaine de substances chimiques ont été utilisées pour détruire des populations de poissons, mais deux seulement de ces substances (la roténone et l'antimycine) ont été employés dans les techniques d'échantillonnage. L'antimycine est plus toxique que la roténone; elle est plus adaptée à la sensibilité des différentes espèces mais les poissons ne l'évitent pas. Compte tenu de ses propriétés, elle pourrait se révéler plus utile pour les biologistes halieutistes que la roténone; cependant, la technique n'est pas encore au point et la roténone (sous forme d'extrait ou d'émulsion de derris) a été davantage expérimentée.

On utilise des substances vénémeuses dans des zones délimitées par des barrières de filet, sur toute la largeur d'un fleuve ou dans les anses d'un lac, ou encore à partir du rivage du lac. Dans les fleuves, il est généralement nécessaire de traiter l'eau au-delà du filet posé en aval, avec du permanganate de potassium pour détruire la substance toxique et éviter la mortalité en dehors de la zone considérée. Il convient de déterminer très soigneusement les concentrations des substancex toxiques et détoxifiantes.

(b) Avantages et applications possibles

Cette méthode permet d'obtenir les informations suivantes:

(i) Estimation des captures potentielles

L'exactitude dépend de l'efficacité du ramassage des poissons morts à la surface et sur le fond (plongeurs). Les alevins et les jeunes sont les plus difficiles à recueillir et cela peut provoquer une sous-estimation sensible du nombre, encore que l'erreur sur la biomasse soit de proportions moindres. Il est possible de réaliser une estimation raisonnable des captures potentielles d'un lac par échantillonnage d'une anse ou au large.

(ii) Estimation de la composition par espèces

Si l'on utilise du poison en concentration suffisante, toutes les espèces sont généralement tuées, ce qui permet de réaliser une estimation des proportions respectives (quantitatives ou pondérales).

(iii) Présence des espèces

Cet élément est utile si l'on se propose d'établir une liste de la faune ou si l'on vérifie la survie d'espèces acclimatées.

(iv) Densité des classes annuelles

On obtient par là des informations sur les classes d'âge, le succès de la reproduction, la survie des classes d'un an, le déclin d'un groupe d'âge dominant et les taux de mortalité.

(v) Equilibre des groupes d'espèces

Donne une indication de l'équilibre entre poissons-fourrage et carnivores ou poissonsproies et poissons ordinaires ou de rebut.

(vi) Vérification d'autres méthodes

Pour vérifier les informations recueillies par des techniques de pêche au filet ou à la nasse.

Lorsque l'on ne dispose d'aucune information antérieure sur l'existence des poissons, il sera facile de s'en procurer en utilisant du poison. Il conviendrait toutefois de tenir compte du fait qu'un comportement saisonnier peut entraîner l'absence d'une espèce donnée dans les zones d'eaux peu profondes lors de l'empoisonnement.

Le coût de l'opération peut être peu élevé par rapport à celui d'autres méthodes; il faut par consequent tenir compte de ce facteur pour les enquêtes initiales, encore que l'utilisation d'une substance détoxifiante augmente sensiblement le coût. Les poisons peuvent ne pas convenir dans des eaux utilisées aux fins de consommation publique et les services des eaux et forêts, préoccupés de la santé des oiseaux ou d'autres espèces, peuvent décourager leur utilisation.

(c) Inconvénients et limites

Parmi les inconvénients, il convient de mentionner le fait que la roténone et l'antimycine sont toxiques pour différentes espèces d'invertébrés; l'antimycine l'est pour les oeufs de poisson; ces inconvénients sont toutefois mineurs lorsque la zone empoisonnée ne représente qu'une fraction minime de l'ensemble du plan d'eau. Les poisons sont rarement sélectifs par espèces et ne le sont jamais par taille. Ils ne conviennent pas bien aux eaux profondes et à fort courant. Il est difficile de récupérer les poissons dans les eaux troubles ou sur un lit d'algues, et des jeunes peuvent se perdre parmi les sédiments. L'introduction de poissons marqués avant l'empoisonnement de la zone peut permettre de corriger les informations relatives aux poissons non récupérés.

Cette méthode ne peut pas être utilisée pour obtenir des informations sur le contenu stomacal des poissons, étant donné que le poison exerce un effet vomitif sur certains d'entre eux, alors que les gros poissons mangent parfois les petits poissons mourants avant d'être eux-mêmes affectés par le poison. Les mortalités de poissons dans les eaux chaudes sont rapides mais la décomposition accélérée des poissons sur le fond peut entraîner une sous-estimation du nombre total de poissons tués.

(d) Nécessité de recherches ultérieures

L'utilisation des poisons aux fins d'échantillonnage n'a fait l'objet que de rares recherches; il semble toutefois que cette technique puisse être perfectionnée, tant par la découverte de substances chimiques dotées de propriétés sélectives sur les espèces que par la limitation de l'utilisation du poison à des profondeurs prédéterminées. Des méthodes de collecte plus efficaces, ainsi que la possibilité de calculer le pourcentage de poissons récupérés par groupes d'âge, par des techniques de marquage/récupération, permettraient d'améliorer la précision de l'estimation des populations.

5.4 Groupe 4 - Méthodes électroniques

5.4.1 Groupe 4a - Techniques acoustiques

Directeur des débats:O.A. Mathisen
Membres du groupe:H. Braithwaite
 K. Johannesson
 S.T. Forbes

Documentation: EIFAC/SC-1-Symp.76 (Exposé général de groupe), 17, 27, 28, 34, 37, 54, 66, 67

Les méthodes acoustiques se sont développées au point qu'il est possible de réaliser des estimations quantitatives assez précises et exactes de l'ichtyomasse dans des eaux de plus de 10 m de profondeur, à condition que l'écho des poissons soit suffisamment distinct de celui du fond (stocks pélagiques et semi-pélagiques). Il est possible d'établir des cartes de distribution très détaillées, représentatives de l'abondance des stocks éloignés du rivage dans les grands lacs. Dans les eaux peu profondes des lacs et des fleuves, la méthode est moins bien définie, mais l'utilisation d'écho-sondeurs à faisceau horizontal devrait pouvoir donner lieu à des progrès ultérieurs. Pour les poissons migrateurs les systèmes traitant tous les signaux provenant des poissons pris individuellement doivent, dans la plupart des cas, être fondés sur les caractéristiques du poisson lui-même (direction du mouvement, battements de la queue, par utilisation de l'effet Döppler, etc.).

Les méthodes de traitement des signaux comprennent l'étude optique et les mesures à partir d'échogrammes normaux, l'intégration électronique de signaux tenant compte des pertes liées aux différentes profondeurs où apparaissent des poissons, ainsi que l'analyse sur ordinateur de signaux enregistrés sur bandes magnétiques. Cette dernière opération permet d'obtenir des estimations distinctes pour différentes strates bathymétriques et différents niveaux d'amplitude.

Le calcul direct de la force de l'écho prévu de la part de quantités variables de poissons ne s'est pas révélé satisfaisant en tant que base d'étalonnage. On peut comparer dans certains cas le dénombrement de cibles individuelles fourni par les lectures de l'intégrateur avec les estimations de la biomasse obtenues soit par chalutage, soit avec des engins non acoustiques. A ce propos, il peut devenir possible d'étalonner de simples écho-sondeurs par rapport à des systèmes plus complexes, pour des enquêtes de routine. A l'heure actuelle, l'investissement élevé pour le matériel nécessaire à l'estimation de la biomasse tend à limiter l'utilisation de ces engins à l'étalonnage d'autres méthodes d'estimation de l'abondance pour des enquêtes de vérification occasionnelles. Toutefois, si l'on n'a pas à se préoccuper de l'investissement de capital, une prospection acoustique ne coûte qu'environ 15 pour cent d'une prospection par chalutage en milieu marin, pour une efficacité triple. Le volume échantillonné avec une prospection acoustique peut être 50 fois supérieur et, du fait que la variance est plus ou moins proportionnelle au volume étalonné, la variance des estimations devrait être améliorée dans la même mesure. Il faut aussi s'attendre à ce que le coût des prospections acoustiques diminue rapidement avec les progrès de la miniaturisation, la meilleure connaissance des spécifications d'échantillonnage pour un niveau de précision donné, et l'utilisation d'ordinateurs à terre plutôt qu'à bord des navires, pour traiter les données recueillies.

5.4.2 Groupe 4b - Compteurs automatiques

Directeur des débats:W.G. Hartley
Membres du groupe:D. Simpson
 L. Stewart
 P. Sharkey

Documentation: EIFAC/SC-1-Symp. 77 (Exposé général de groupe), 11, 12, 15, 16, 17, 21, 28, 36, 58, 64, 67, 70

Il peut être avantageux d'utiliser des compteurs automatiques pour dénombrer tous les individus qui passent là où l'espèce échantillonnée est forcée, soit par habitude, soit par des structures artificielles, d'emprunter des chenaux limités. On peut compter les poissons en s'inspirant du principe du pont électrique, avec un groupe de trois électrodes, mais seulement si les conditions hydrauliques du lieu considéré sont constantes ou si leurs variations sont régulières. Il est nécessaire de vérifier par des moyens optiques, ou par enregistrement télévisé ou encore par photographie instantanée déclenchée par le passage des poissons, si ces dénombrements sont exacts. Il est alors possible de distinguer les espèces auxquelles appartiennent les individus.

Les erreurs de dénombrement sont le fait non pas de difficultés de détection du poisson mais plutôt de l'inaptitude à provoquer des conditions compatibles avec le comportement des poissons, ou encore d'interférences électriques. En général, il importe moins d'obtenir une numération exacte que de créer un système stable, car les erreurs ne peuvent pas être corrigées dans les dénombrements erratiques.

Il est essentiel que les électrodes soient constamment submergées, ce qui peut produire des difficultés pour la conception des compteurs en chenaux profonds ou en pleine eau, en présence de vagues. Un compteur tubulaire, muni d'électrodes dans un tunnel, est à cet égard le meilleur système, d'autant plus qu'il peut fournir une information approximative sur les dimensions des poissons. Les tubes sont toutefois susceptibles de se bloquer et les poissons peuvent être retenus dans les tubes, ce qui provoque des erreurs (si le même poisson est enregistré à plusieurs reprises). On a également réalisé des dénombrements satisfaisants aux barrages de comptage de Crump, où la profondeur du courant est relativement constante et telle que le poisson est induit à nager à proximité d'électrodes montées à l'entrée. On utilise également dans les passes plus larges des compteurs soniques d'une conception infiniment plus complexe.

Il est indispensable de faire écran aux bruits électriques pour réaliser une opération fiable et il convient d'éviter les zones où les bruits de fond électriques sont importants; il est en général possible de protéger, au pire, une superficie suffisamment vaste pour le compteur.

Les compteurs automatiques se sont révélés suffisamment afficaces pour permettre d'évaluer les modifications diurnes du passage des poissons et réduire les erreurs provoquées par la fatigue à la suite de longues périodes de surveillance visuelle. Il est particulièrement recommandé de réaliser des installations multiples le long des rivières ou des fleuves, afin d'améliorer l'exactitude, et - dans la mesure où on le souhaite - d'améliorer les chances des informations sur les effets des modifications du courant, ou de la qualité de l'eau ou encore des mouvements de poissons.

5.5 Groupe 5 - Barrages, passes et pièges à poissons

Directeur des débats:C.J. McGrath
Membres du groupe:M. Leopold
 D. Piggins
 C.P. Ruggles
 I.R.H. Allan

Documentation: EIFAC/SC-I-Symp. 78 (Exposé général de groupe), 2, 4, 7, 11, 13, 14, 19, 20, 21, 24, 25, 32, 48, 56, 57, 58, 68

(a) Installations pour le dénombrement des poissons dans les passes à poissons

L'avantage essentiel des passes à poissons réside dans le fait que tous les poissons désireux de se mouvoir vers l'amont doivent obligatoirement passer par l'installation. La migration tout entière devient donc disponible aux fins de dénombrement par les moyens décrits par le Groupe 4b (Section 5.4.2). Tous les poissons migrateurs peuvent être surveillés de la sorte et, en outre, là où leur nombre n'est pas trop grand, la passe peut être conçue de manière à permettre de retirer un individu et de l'inspecter sans l'endommager trop sérieusement. Les dénombrements peuvent devenir extrêmement exacts, 100 pour cent pour les cours d'eau où le nombre de poissons migrateurs est faible et une proportion légèrement inférieure lorsque le nombre est élevé. Si l'installation est convenablement conçue, les besoins de main-d'oeuvre sont généralement très faibles.

(b) Pièges à poissons anadromes (y compris jeunes)

Lorsque les conditions de site le permettent, il suffit de construire une barrière sur toute la largeur du fleuve pour compter toutes les migrations en amont et en aval. Lorsqu'une partie seulement du chenal peut être munie de la barrière, il n'est évidemment possible d'échantillonner qu'une partie de la migration et les plus grandes précautions sont nécessaires lorsque l'on extrapole les résultats pour en tirer une estimation de l'ampleur totale de la migration. Des pièges flottants ont également été utilisés avec succès pour échantillonner des migrations vers l'aval.

L'utilisation de systèmes de barrières à poissons sur toute la largeur du cours d'eau est limitée aux petits cours d'eau et aux affluents des grands fleuves étant donné le coût que cela implique. Tous les poissons diadromes peuvent être échantillonnés dans des systèmes utilisant des pièges sur toute la largeur du cours d'eau; les poissons sont généralement peu endommagés et peuvent ainsi être utilisés pour des expériences de récupération des marques.

(c) Pièges portatifs autonomes

Des méthodes de capture des poissons au moyen de pièges portatifs avec ou sans ailes de filet sont utilisés pour la pêche commerciale dans de nombreuses parties du monde. Elles sont peu onéreuses et ne nécessitent qu'une main-d'oeuvre réduite; toutefois, elles sont suceptibles d'être gênées par le public et les pêcheurs sportifs peuvent y voir des inconvénients. Ces engins peuvent être utilisés dans presque toutes les conditions de temps et de profondeur et là où aucun autre engin ne peut être employé. Par suite, elles constituent une méthode précieuse pour échantillonner des poissons, par exemple dans des régions couvertes d'algues. De nombreux poissons lacustres sont capturables avec ce type de pièges, qui peuvent également être utilisés dans les fleuves. Ils sont aussi très sélectif du point de vue des espèces et même du sexe, lorsque le schéma des mouvements varie selon le sexe. Etant donné que la plupart des pièges sont construits en treillis métallique ou textile, ils sont sélectifs suivant les dimensions des mailles utilisées. De nombreux chercheurs mettent en doute la fiabilité des estimations totales de populations réalisées à partir de captures par des pièges; notamment du fait que l'on ne connaît pas les variables biologiques commandant les mouvements vers les pièges. Il ressort toutefois de l'expérience polonaise que les filets à ailes donnent une mesure tout à fait satisfaisante de la densité de tous les stocks dans les lacs, non seulement pour ce qui est de l'estimation relative de cette densité, mais éventuellement même pour la détermination de son chiffre absolu.

(d) Conclusions

Lorsqu'on examine le rôle des pièges en matière de prospection, de surveillance et d'évaluation des ressources ichtyologiques, il convient de metttre l'accent sur les points suivants:

  1. Il est nécessaire d'effectuer une programmation préliminaire adéquate de l'expérience;

  2. Il faut éviter de créer une situation artificielle dans laquelle la présence du pièges trouble excessivement le comportement du poisson;

  3. Il convient de prendre des précautions importantes en manipulant le poisson et en libérant les migrateurs vers l'amont, notamment lorsqu'on se trouve en présence d'intérêts considérables en matière de pêche sportive;

  4. Il faut mettre au point un programme d'échantillonnage pour éviter des interférences avec l'ensemble de la population;

  5. Il faut avoir une nette conscience des limites des pièges portatifs en matière de travaux d'évaluation sans pour cela négliger leur utilité en tant que méthode d'appoint, lorsque les conditions de site ne permettent pas d'utiliser d'autres méthodes.

5.6 Groupe 6 - Techniques pour l'échantillonnage des stades larvaires et juvéniles

Directeur des débats:K. Tiews
Membres du groupe:W. Nellen
 T. Bagenal

Documentation: EIFAC/SC-I-Symp.59 (Exposé général de groupe), 18, 24, 28, 35, 48, 53, 57, 58

Les oeufs, les larves et les jeunes posent des problèmes d'échantillonnage particuliers mais présentent une importance certaine car les réactions aux polluants peuvent varier suivant la phase du cycle biologique. En outre, on a estimé que 50 pour cent de la production de l'ichtyomasse se situent au cours de stades juvéniles. Alors que certaines méthodes examinées aux Sections 5.2 à 5.5 - Empoisonnement et pêche à l'électricité - peuvent être adaptées à la pêche des jeunes et même des larves, on utilise plus généralement des filets spéciaux. Peu de méthodes utilisées actuellement semblent applicables en général à l'échantillonnage quantitatif.

Parmi les méthodes décrites pour les larves et les jeunes, on signalera plusieurs types de filets conçus pour remonter à la surface et pour capturer les poissons se trouvant dans un volume d'eau ou une superficie connus. Il apparaît que cette technique réduit en général les réactions d'évitement à l'égard du filet. Les filetssoulevés, les sennes coulissantes et les filets traînants ont été également efficaces avec ou sans feux. Les pièges à larves semblent ne pas donner de résultats homogènes; leur utilisation est recommandée par certains chercheurs et rejetée par d'autres: les systèmes fondés sur des schémas particuliers de comportement (recherche d'abris ou agrégation au feu) sont souvent efficaces.

Peu d'espèces dulcaquicoles produisent des oeufs pélagiques et les différentes espèces de poissons choisissent pour se reproduire une vaste gamme de sites. Dans la plupart des cas, les méthodes d'échantillonnage pour estimer leur abondance doivent être adaptées aux habitudes particulières de l'espèce en cause. On dispose de plusieurs méthodes pour séparer les oeufs des matières du fond: des systèmes hydrostatiques ou hydrauliques permettent de les recueillir en les dénombrant. L'abondance d'oeufs adhésifs peut quelquefois être estimée par un processus en deux étapes, qui comporte d'abord une estimation quantitative du substrat puis une estimation de la quantité d'oeufs par unité de substrat. On peut aussi prévoir des collecteurs de frai et les placer dans l'habitat avant la ponte. Il est en général judicieux de procéder par observation et dénombrement direct, encore qu'il puisse être nécessaire de disposer de plongeurs.

On admet généralement que de nouvelles recherches sont indispensables sur l'identification des oeufs et des larves et sur leur échantillonnage quantitatif, compte tenu, tant des difficultés particulières que l'on rencontre, que de l'importance que revêt la connaissance de ces stades pour évaluer les effets des modifications de l'environnement sur les populations de poissons.

5.7 Groupe 7 - Méthodes de récupération des marques

Directeur des débats:J.E. Thorpe
Membres du groupe:C. Kipling
 H. Koops
 V. Steiner
 K. Jensen

Documentation: EIFAC/SC-I-Symp. 79 (Exposé général de groupe), 1, 2, 7, 22, 24, 25, 42, 43, 44, 45, 52, 58, 60, 68

La méthode de récupération des marques en vue d'évaluer l'importance (N) d'une population de poissons consiste à lâcher une quantité donnée d'individus marqués et à registrer les quantités recapturées à l'occasion d'un échantillonnage ultérieur. On suppose que la fraction de la population marquée retrouvée dans l'échantillon est égale à une fraction de la population totale échantillonnée.

Pour que les estimations soient valables, il faut que soient remplies deux conditions générales:

  1. Le marquage ou l'échantillonnage ultérieur doit être réalisé au hasard par rapport à la population faisant l'objet de l'estimation;

  2. Le marquage ne devrait modifier en aucune façon le comportement ou les prévisions de durée de vie du poisson.

Il est rare que ces conditions idéales soient totalement réalisées et il est nécessaire de faire des expériences complémentaires pour établir la fourchette d'erreur par rapport à ces conditions. Il peut également être difficile de réunir un échantillon suffisamment vaste au cours d'une seule opération d'échantillonnage, et différentes méthodes d'échantillonnage multiple ont été élaborées. La théorie des estimations est très développée, ce qui permet de fixer des estimateurs statistiquement efficaces pour une gamme de modifications très vaste et, dans des cas particuliers, de juger de leur précision. On dispose de différents types de marques et l'enquêteur devrait prendre soin de choisir la méthode de marquage la mieux adaptée à ses objectifs.

Les avantages de la méthode résident dans le fait que la précision des estimations peut être prédéterminée et les dimensions des échantillons choisies en conséquence. Les engins de récupération sont étalonnés simultanément en tant qu'instruments mesurant l'abondance; des déterminations plus simples, plus rapides et moins onéreuses de l'abondance relative sont possibles par la suite. On obtient également des informations sur les mouvements de croissance et la mortalité.

Il s'agit toutefois là d'une méthode d'appoint par rapport à une ou plusieurs méthodes de capture; en cela, elle est plus onéreuse. Il faut plusieurs expériences supplémentaires lorsque l'échantillonnage n'est pas aléatoire ou que l'on se trouve en présence de différences de mortalité ou de recrutement, que des marques ont été perdues ou n'ont pas été déclarées dans leur totalité. Elle est également limitée à des cohortes de populations d'espèces homogènes.

Du fait du coût relativement élevé des expériences bien conçues, cette méthode est peut-être particulièrement utile pour la validation des engins servant à l'échantillonnage proprement dit et pour l'estimation de leur efficacité.

5.8 Groupe 8 - Conclusions et recommandations

Directeur des débats:R. Lloyd
Membres du groupe:T. Northcote
 K. Tiews
 E.D. Le Cren
 J.A. Gulland

(a) Méthodes de capture ou d'échantillonnage du poisson non examinées par les groupes 2 à 7

Plusieurs méthodes importantes de capture et d'échantillonnage des populations de poissons n'avaient pas été incluses dans les communications présentées au Symposium et n'avaient donc pas été traitées dans les exposés généraux des groupes; les participants au Symposium ont signalé les méthodes suivantes, dignes d'être examinées à cette fin:

  1. Méthodes de pêche au filet:

  2. Techniques de pêche à la ligne:

  3. Méthodes optiques:

  4. Autres méthodes

Il a été convenu que les participants informeraient le Secrétariat de la CECPI de toutes autres méthodes sur lesquelles ils possèdent des informations en indiquant leurs avantages et inconvénients respectifs (Cf. Section 4, Recommandation 74/5).

(b) Synthèse des informations présentées au Symposium

Au cours d'une discussion générale sur les méthodes simplifiées de collationnement des informations recueillies par le Symposium, on a suggéré que l'on pourrait préparer une série de tableaux destinés à aider les chercheurs halieutistes à choisir le ou les engins ou techniques les plus efficaces, compte tenu du problème spécifique à résoudre. Il a été entendu cependant que le nombre de variables, liées aux paramètres physiques des fleuves et des lacs ainsi qu'aux espèces à échantillonner, rendrait très difficile la préparation de tels tableaux; si un tel système pouvait être mis au point, il serait très utile.

Il a été recommandé en conséquence qu'un groupe de travail soit créé pour récapituler toutes les techniques évoquées par le Symposium, en vue de rédiger un manuel analogue à ceux que la FAO a préparés dans d'autres domaines. On a également considéré que l'engagement d'un expert-conseil serait précieux à cet égard. Un tel manuel devrait chercher à indiquer non seulement une méthode particulière susceptible d'être utilisée dans une situation donnée, mais toute une gamme de techniques pouvant être appliquées seules ou en combinaison (Cf. Section 4, Recommandation 74/7).

(c) Publication des actes du Symposium

On a été d'avis que les communications présentées au Symposium constituaient une collection précieuse d'informations, qui devrait être publiée. Le Secrétariat a souligné que le meilleur moyen de réaliser cet objectif consisterait à charger un groupe de rédaction de réduire les communications en longueur et en quantité, de manière à limiter le coût et les dimensions de la publication (Cf. Section 4, Recommandation 74/6).

(d) Recherches ultérieures nécessaires

Les communications présentées ont montré à l'évidence que certains types de systèmes aquatiques (petits cours d'eau, petits lacs et eaux libres des grands lacs) présentaient peu de problèmes et que les techniques d'échantillonnage des salmonidés migrateurs ont été bien définies. Cependant, avec l'augmentation des dimensions des plans d'eau, on assiste à une croissance concomitante de la complexité écologique que l'on trouve aux bords des grands lacs et dans les grands cours d'eau. On a conclu dans l'ensemble que l'on ne disposait pas de méthodes adaptées à l'échantillonnage quantitatif de ces régions, notamment lorsque le substrat est obstrué par de la végétation, des galets ou d'autres obstacles, ou lorsque la vitesse du courant est excessive. Il est alors nécessaire d'adapter les méthodes existantes à l'échantillonnage de ces situations et de rechercher de nouvelles techniques avec peut-être une approche nouvelle. Un tel programme de recherche s'accompagnerait nécessairement d'une étude plus approfondie de l'écologie générale de ces types d'habitat.

L'application de méthodes comme l'échantillonnage du produit de la pêche commerciale ou récréative, y compris la récupération des poissons marqués, laisse subsister le problème de la coopération qu'il faut obtenir de la part des individus intéressés; il convient de mettre l'accent sur la nécessité de sensibiliser le public aux besoins de la recherche halieutique; il faut également davantage tenir compte des aspects sociaux et économiques de la pêche sportive et commerciale, ainsi que des pêcheurs, pour obtenir l'assistance maximale de la part de ces groupes. Cela pourrait faciliter l'attribution des crédits nécessaires pour les nouveaux programmes de recherche décrits ci-dessus. Il est peu probable que ces problèmes seront résolus rapidement. Des progrès seront sans nul doute réalisés à mesure que l'on acquerra plus d'expérience dans l'application des méthodes d'observation.


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