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RAPPORT DES SESSIONS TECHNIQUES (Continued)

(Section 6)
L'aquaculture en eau recirculée et le recyclage des déchets par l'aquaculture

Président:G.H. Allen
Rapporteur:J.E. Stewart

Membres du Groupe
G.H. Allen:Le recyclage des déchets par l'aquaculture
J. Tanaka:L'utilisation des déchets thermiques en aquaculture
R. Mayo:L'utilisation de l'eau remise en circulation
  
Documents pertinents:
FIR:AQ/Conf/76/R.19, R.30,
/E.3, E.9, E.18, E.19, E.21, E.22, E.23, E.27, E.29, E.37, E.41, E.51, E.59, E.62

Le recyclage des déchets par l'aquaculture

En Asie, on pratique depuis longtemps l'utilisation de certains types d'effluents domestiques et déchets animaux en pisciculture et quelques-uns du moins des pays de la région la pratiquent encore. On parle alors d'utilisation planifiée des déchets. L'utilisation non planifiée des eaux usées existe également et a pris un essor considérable au cours de la dernière décennie. Le pourcentage d'eau usée dans l'eau de boisson est devenu si élevé dans le monde et notamment dans les pays industrialisés que l'on commence à se préoccuper sérieusement de ses éventuels effets néfastes. Les attitudes et stratégies face au problème qui en découle se sont sensiblement modifiées et l'on commence à examiner aussi bien les aspects négatifs que positifs de l'utilisation des eaux usées. De nombreux programmes de remise en valeur de ces eaux usées pour la boire, ont fait leurs preuves et, à ce tiere, ont été acceptés par les autorités sanitaires et la public, ce qui permet maintenant d'examiner objectivement l'utilisation des eaux usées également en tant que milieu convenant à l'élevage des poissons et source de nutriment pour la culture d'aliments des poissons, des crustacés et des mollusques. L'utilisation planifiée des eaux usées et notamment des égouts est certainement en progression dans certaines parties du monde. De nombreux facteurs ont contribué à accroître l'intérêt que suscite l'utilisation des eaux usées en aquaculture et notamment:

  1. la pénurie d'engrais et de sources protéiques peu onéreuses aux fins de l'alimentation des poissons,
  2. preuve est faite des possibilités de la polyculture en tant que système efficace de traitement des eaux usées,
  3. il devient de plus en plus évident qu'un système d'aquaculture bien géré en eau usée peut fournir au poisson des conditions environnementales appropriées, et
  4. on constate que les effluents provenant de systèmes de traitement des eaux lagunaires usées et empoissonnées sont de meilleure qualité.

Par contre, les aquaculteurs ont des problèmes, quant à l'utilisation des ordures ménagères. Il faut se préoccuper de l'accumulation éventuelle d'éléments pathogènes pour l'homme, et notamment de virus, ainsi que de leur transmission aux consommateurs. Des techniques d'épuration ont été élaborées, au moins pour les mollusques. Il n'est pas prouvé que les poissons élevés dans ces eaux sont nocifs s'ils sont consommés cuits; on continue cependant à le craindre. Aussi est-il nécessaire d'effectuer des recherches, en collaboration active avec les instances chargées de la santé publique, pour établir l'inocuité des produits. Dans de nombreuses régions du monde, l'acceptation des produits élevés dans les eaux usées d'origine ménagère peut être grandement freinée par des motifs extérieurs à la biologie; raisons sociales, esthétiques ou culturelles; il faudra s'efforcer d'élaborer des programmes susceptibles de résoudre ces problèmes, qui font obstacle à l'utilisation planifiée, contrôlée et sûre de ces produits. Dans le cadre d'une stratégie visant à élargir l'emploi des eaux usées en aquaculture, on a suggéré que, chaque fois qu'une épuration efficace ne pourra être assurée, on devra s'efforcer d'élever des produits qui ne seront pas destinés à la consommation humaine directe: poissonsappât, espèces fourragères, juvéniles destinées à être élevés dans d'autres environnements et aliments destinés au stade larvaire des espèces d'élevage. Il faudra peut-être faire appel à l'aide active de spécialistes en sciences sociales qui devront évaluer l'attitude du public et élaborer des processus d'utilisation à la fois justifiés du point de vue scientifique, acceptables du point de vue sociologique et susceptibles d'être acceptables pour le public, notamment dans les zones où les besoins en eau, engrais et nourriture sont particulièrement aigus. Etant donné que les risques pour la santé publique sont en général liés à la consommation de produits crus ou mal préparés, tous les projets d'aquaculture en eaux usées devraient comporter un programme efficace de formation des consommateurs aux méthodes de manutention et de cuisson des produits aquatiques élevés dans ces eaux afin de briser le cycle des pathogènes ou parasites de l'homme.

Les recommandations émises par la Conférence internationale sur la rénovation et le recyclage des eaux usées par des systèmes aquatiques et terrestres, tenue à Bellagio (Italie) du 16 au 21 juillet 1975, ont été examinées et adoptées par un Groupe de travail chargé de ces questions. Il a jugé que ces recommandations étaient fondamentales, tant du point de vue de la sécurité que des possibilités accrues d'emploi des eaux usées en aquaculture.

Utilisation des déchets thermiques en aquaculture

L'utilisation des déchets thermiques en aquaculture est relativement récente et a été motivée par les impératifs ci-après:

  1. disposer de sources de chaleur bon marché pour améliorer la croissance et la survie des organismes élevés en climat tempéré et boréal, et
  2. possibilité de contrôler la pollution thermique.

Avec le développement industriel et la création de stations d'énergie thermiques et nucléaires, on dispose de quantités croissantes d'effluents chauds. Au cours des 10 ou 15 dernières années, des progrès considérables ont été réalisés dans de nombreux pays quant aux utilisations avantageuses de ces effluents. Au Japon, on emploie pour élever des crevettes kuruma (Penaeus japonicus) et des sérioles (Seriola quinqueradiata), ainsi que pour produire des alevins d'ormeaux (Haliotis discus hannai) et de pagres rouges (Pagrus major), etc., les eaux de refroidissement des usines hydro-électriques, dont la température dépasse d'environ 7°C celle des eaux voisines. En Hongrie, on a sensiblement abaissé l'âge de la première maturité des carpes chinoises en les élevant dans des effluents d'eau chaude. Dans un tel environnement, la consommation alimentaire augmente et l'on obtient des taux de croissance supérieurs, avec amélioration de l'efficacité de la conversion alimentaire.

Certains effluents thermiques sont sales, ou présentent des risques pour les espèces élevées. Il est parfois difficile de trouver des sites propices à l'aquaculture au voisinage des stations électriques. Les mesures adoptées par les stations électriques en cas d'arrêt ou contre la putréfaction peuvent engendrer des dangers pour l'aquaculture. On craint souvent que les produits aquicoles élevés dans les effluents des stations nucléaires n'accumulent des niveaux dangereux de radionuclides. Il y a là certaines contraintes qui, cependant, peuvent en général, être résolues par une planification permettant d'assurer simultanément la pleine exploitation du potentiel et la réduction des risques et des coûts.

Au premiers stades de la conception d'une station électrique, il faudrait tenir compte des impératifs mécaniques liés à une installation d'aquaculture dans les effluents thermiques, de façon à ne pas s'interdire à l'avance de profiter lors de l'achèvement de l'usine des facilités existantes, alors que le coût de l'aménagement ou de la modification des plans devient prohibitif. On pourrait ainsi prévoir d'employer de l'ozone au lieu du chlore et d'autres biocides pour empêcher l'engorgement des écrans d'arrivée, ou encore envisager d'utiliser du titane au lieu de bronze ou d'autres alliages à l'intérieur des tubes de condensateur.

Il faudrait réaliser des études comparatives détaillées sur les incidences écologiques, sociales, économiques et mécaniques des différentes possibilités d'aquaculture dans les effluents thermiques, afin de mettre à la disposition des instances gouvernementales intéressées des informations pratiques, pour les aider à planifier.

Des études devront également être effectuées sur les risques potentiels et les mécanismes physiologiques de l'accumulation des radionuclides, des métaux lourds ou d'autres substances dans les poissons, les crustacés ou les mollusques élevés dans les effluents thermiques des usines nucléaires ou thermiques; il faudra aussi envisager leurs répercussions possibles sur la santé publique ainsi que les moyens d'y porter remède, notamment par l'épuration.

La façon la plus rationnelle de réaliser les objectifs susmentionnées consiste à prevoir des projets pilotes, qui fourniront les critères conceptuels et les données relatives à la factabilité économique, nécessaires aux fins des décisions au niveau de la gestion.

Utilisation de l'eau recirculée

La nécessité de recycler l'eau et de la remettre en valeur dans l'aquaculture avait déjà été examinée dans une certaine mesure par les sessions précédentes. On peut utiliser l'eau recyclée ou reconditionnée pour:

  1. élever davantage de poissons dans une même quantité d'eau,
  2. assurer de façon plus économique le contrôle des conditions environnementales (température, etc.) de l'élevage des poissons, crustacés et mollusques, et
  3. réduire la quantité d'effluents de façon à ramener au minimum les frais de posttraitement.

En prenant pour exemple l'écloserie du fleuve Columbia, on a fait l'historique des systèmes de reconditionnement aux Etats-Unis. A l'heure actuelle, 13 grands ensembles de reconditionnement fonctionnent en Amérique du Nord. Leur production annuelle est de l'ordre de 576 tonnes de salmonidés, avec un débit total de 9,3 m3 par seconde. En dépit de problèmes initiaux et permanents, leur existence même indique que le reconditionnement de l'eau a sa place en aquaculture. Il est clair que la compréhension scientifique des méthodes et processus ne cesse d'être améliorée par les recherches, et contribue à l'amélioration des techniques. Ainsi, une étude réalisée par le “Corps of Engineers” a permis de mieux comprendre la nitrification. Dans ce processus, on assiste à la conversion d'ammoniaque en nitrate, après un stade intermédiaire de formation de nitrite. Pour ce qui est de la nitrification d'un système lourdement chargé, on a déterminé qu'il existe, au départ, une brève période au cours de laquelle la teneur de nitrite est élevée par rapport à la charge permanente. Si l'on accepte une concentration de nitrite de plus de 0,2 ppm, on produit des mortalités massives de salmonidés. Une fois que ces recherches ont fait comprendre le mécanisme (et la cause des mortalités), on a modifié les anciens plans et instructions pratiques, ce qui a permis de reprendre confiance dans l'intérêt des systèmes de reconditionnement. Le stade de la compréhension a suivi celui de l'application.

Le coût total des 13 complexes de reconditionnement fonctionnant en Amérique du Nord est de l'ordre de 10 millions de dollars U.S. et les dépenses en capital se situent entre 10,6 et 21,1 dollars U.S./litre/minute, pour les systèmes les plus complexes. Ceux-ci restent trop onéreux et peu rentables aux fins des opérations normales de pisciculture commerciale; on les considère cependant tout à fait économiques pour les écloseries utilisées dans les programmes de mariculture. Les travaux futurs devraient donc viser à réduire le coût du recyclage de l'eau, afin de lui donner de plus larges applications. A cet égard, on a recommandé que soient rassemblées et publiées des données spécifiques sur les effets des métabolismes sur la croissance, la survie et la santé des espèces élevées. Des directives devraient être élaborées, fondées sur les données existantes pour les salmonidés, les silures, les crevettes pénéides et toutes autres espèces assez bien documentées, en particulier sur l'application de critères biotechnologiques au succès des systèmes de remise en circulation de l'eau. Il a également été suggéré de montrer comment l'analyse préliminaire de modèles aux fins de l'application des principes biotechnologiques a permis d'éviter de gaspiller des fonds et de l'effort; on pourrait citer des exemples concrets.

Polluants provenant d'installations aquicoles

Au cours des débats du Groupe de travail sur le recyclage de l'eau et des déchets, on a soulevé le problème de la pollution engendrée par l'aquaculture. Le fait de convertir l'ammoniaque en nitrate ne résoudrait sans doute pas ce problème, dans la mesure où les déversements d'eau des installations aquicoles dans les cours d'eau naturels pourraient entraîner de graves problèmes d'eutrophisation. Lorsqu'il est impossible de pratiquer le recyclage en circuit fermé, il faut traiter les eaux usées. La méthode de dénitrification employée dans certains sites pour le traitement des effluents industriels représente peut-être une solution. Sur la base des travaux réalisés à l'Institut Battelle, en République Fédérale d'Allemagne, on a signalé que la dénitrification ne pose aucun problème grave lorsque les stocks de poissons sont peu importants. Lorsque les densités de stockage sont plus élevées (de l'ordre de 10 kg de poisson par m3 d'eau), il faut éliminer de l'eau les déchets solides et ne traiter que les substances dissoutes dans l'eau usée. A grande échelle cette solution n'est pas satisfaisante et l'on a adopté un circuit fermé, comportant un stade supplémentaire de dénitrification. Au cours du premier stade, le traitement consiste dans l'activation des boues. On pratique ensuite la dénitrification sans aération. Des bactéries dénitrifiantes convertissent les nitrates et nitrites en azote gazeux et celui-ci est éliminé dans l'atmosphère. Par cette méthode, tous les déchets organiques et composés azotés, solides ou dissous, sont transformés en anhydride carbonique en eau et en azote gazeux. On a singlé qu'il a été possible de maintenir, en conditions de laboratoire, 25 kg de poisson par m3 d'eau, avec un taux de croissance de 1 pour cent par jour.

SESSION III
Besoins nutritionnels des organismes d'élevage et technologie des aliments

Président:J.R. Brett
Rapporteur:J.E. Stewart

Membres du Groupe 
J.R. Brett:L'efficacité de la production de protéines par l'aquaculture
J.E. Halver:Besoins nutritionnels des espèces d'élevage
B. Hepher:Formules alimentaires et aspects économiques de l'alimentation
H. Koops:Nouvelles sources de protéines pour l'alimentation des poissons
  
Documents pertinents:
FIR:AQ/Conf/76/R.17, R.23, R.31,
/E.5, E.6, E.11, E.12, E.23, E.24, E.25, E.30, E.32, E.33, E.36, E.40, E.42, E.43, E.47, E.53, E.66, E.70, E.72, E.79

Efficacité de la production protéique par l'aquaculture

L'expression “efficacité de la production” revêt deux acceptations:

  1. le plus souvent, dans l'industrie des aliments pour animaux, en pisciculture et dans de nombreuses études alimentaires: “efficacité des aliments” ou “taux ou facteur de conversion alimentaire”, exprimés en pourcentage d'un poids “sec” d'aliments (teneur d'humidité moyenne: 10 à 30 pour cent), par rapport au gain en poids des poissons (en général, 72–80 pour cent d'humidité); et

  2. dans de nombreux rapports scientifiques “efficacité brute de la conversion d'un aliment” ou plus simplement “efficacité de la conversion” c'est-à-dire, le pourcentage du gain en poids sec absolu par rapport au poids sec des aliments ingérés.

Ces expressions peuvent également s'exprimer sous forme de teneur d'azote ou de teneur énergetique. La première de ces deux formes est la réciproque de la seconde, lorsqu'il a été tenu compte de l'humidité relative. Les efficacités naturelles les plus élevées qui aient été enregistrées sont: le produit de la conversion de jaunes d'oeufs par les embryons de poissons qui peut atteindre 73 pour cent chez les harengs; il peut tomber à 5 pour cent, et même moins, chez les poissons reproducteurs ayant atteint leur maturité.

En aquaculture, le concept “production de protéines” dans les étangs, par exemple - est quelque peu différent. Dans ce cas, l'azote - des engrais et autres processus naturels - peut être évalué par rapport à la teneur d'azote des poissons récoltés. Les observations effectuées sur des herbivores (Chanos, etc.) montrent que les substances ingérées sont pour une large part éliminées sous forme de fèces. Cependant, la productivité biologique d'un système qui recycle l'azote par les fèces et l'action bactérienne peut améliorer sensiblement l'efficacité de la conversion protéique. On en citera pour exemple l'efficacité alimentaire (2,7) attribuée à la bouse de vache.

La plupart des communications présentées à la Conférence ont eu trait à l'efficacité alimentaire des poissons carnivores. Compte tenu des principes nutritionnels et environnementaux, il est apparu qu'une efficacité de 20 pour cent n'avait rien d'impossible. Les efficacités médiocres sont essentiellement imputables aux facteurs suivants: insuffisance des disponibilités alimentaires; stress physiologique, environnemental et provoqué par des erreurs de gestion. En conditions optimales, le taux de conversion alimentaire a atteint jusqu'à 40 pour cent pour de jeunes saumons. On a signalé que des expériences récentes portant sur des facteurs multiples, et notamment la combinaison du poids des aliments ingérés avec la température, la salinité et la photopériode en milieu bien oxygéné, ont donné des combinaisons optimum subtiles, qui ont sensiblement accéléré la croissance; en fait, l'efficacité a été améliorée de 35 pour cent et, dans un cas, de près de 50 pour cent. Etant donné que la nourriture est ingérée en premier lieu pour répondre aux besoins énergétiques, il faut avoir soin d'éviter de produire des métabolismes élevés (par excès d'activité, nage forcée, agression et excitation nerveuse), si l'on souhaite une grande efficacité de l'énergie emmagasinée. De même, l'objectif d'efficacité ne pourra être atteint par suite de la faible teneur d'oxygène dissou ou d'une accumulation de produits azotés de l'excrétion (en particulier ammoniaque et nitrites).

En matière d'efficacité de la conversion, il importe de considérer la teneur énergétique de l'aliment, encore appelée “densité énergétique”. Etant donné que les poissons dépensent bien plus de la moitié de l'alimentation qu'ils ont ingérée sous forme d'énergie et qu'ils n'ont pas de difficulté à désaminer les protéines pour en faire de l'énergie, il est indispensable de réaliser un équilibre convenable entre hydrates de carbone digestibles et lipides si l'on veut obtenir une bonne utilisation protéique. Le taux de conversion est élevé si l'on utilise des protéines de valeur biologique élevée. On peut prévoir de nouveaux progrès en matière d'amélioration de l'efficacité en associant des régimes alimentaires efficaces avec une combinaison d'hormones de croissance, de manipulation de l'environnement, et de stratégie de l'alimentation, compte tenu des connaissances acquises sur la physiologie du taux de digestion. Si l'on réussit à combiner toutes ces interventions avec la reproduction sélective de souches d'organismes aquatiques résistants aux maladies, dociles et domestiqués, on pourra relever sensiblement l'objectif minimum que l'on se propose, c'est-à-dire une efficacité de 20 pour cent.

Besions nutritionnels des espèces cultivées

On a déterminé que tous les poissons étudiés jusqu'à présent ont besoin pour leur croissance de quantités équilibrées des dix acides aminés indispensables dans tous les cas. L'élément protéique en outre doit comporter des acides aminés non indispensables; cependant, pour assurer une croissance optimale, le total doit traduire la composition-type des acides aminés des tissus formés. Il convient de noter que l'on ne connaît les besoins quantitatifs en acides aminés spécifiques que pour deux espèces environ. Les projections mathématiques fondées sur ces connaissances et appliquées à d'autres espèces se sont révélées erronées. Il est évident que des recherches s'imposent pour établir les valeurs pertinentes à toutes les espèces susceptibles d'être cultivées.

On a évalué à 45–50 pour cent de la ration alimentaire le besoin brut de protéines digestibles pour les jeunes salmonidés; il serait de 40–45 pour cent pour les ictaluridés, 35–40 pour cent pour les cyprinidés, 35–45 pour cent pour Anguilla et 50 pourcent pour les crustacés. Ces besoins augmentent avec la taille et diminuent avec la salinité. Il convient de souligner que l'on n'a étudié que quelques espèces et sources de protéines. La préparation d'un catalogue des sources protéiques et de la valeur nutritive de chacune d'entre elles pour les espèces d'élevage devrait être entreprise très rapidement.

Les lipides apportent aux poissons de grandes quantités d'énergie et la plupart des études montrent que les poissons peuvent utiliser entre 20 et 30 pour cent de leur nourriture sous forme de matières grasses, qu'ils peuvent digérer presque complètement. Ils peuvent alors épargner les protéines qui sinon devraient être utilisées pour faire face aux dépenses énergétiques de survie. Il semble que pour que leur santé et leur croissance soient bonnes de nombreux poissons ont besoin de poly-insaturés c22 ou c24, type Omega-3.

Des vitamines hydrosolubles et liposolubles sont indispensables pour métaboliser les autres nutriments en composants tissulaires. Les besoins varient suivant les espèces et de nouvelles méthodes cliniques devront être élaborées pour évaluer l'état pathologique des espèces élevées. On suppose souvent qu'il suffit de compléter l'alimentation par des vitamines pour que les besoins en vitamines sont satisfaits. Rien n'est cependant moins sûr et il faut, pour s'en assurer, pratiquer une surveillance clinique continue et satisfaisante.

Bien que l'on n'ait pas de connaissances précises à cet égard, les sels minéraux sont nécessaires pour assurer l'équilibre des sels et de l'eau dans les tissus, ainsi que pour métaboliser les autres nutriments et éléments structurels importants dans les tissus. On a mis au point de nouvelles méthodes, ainsi que des instruments capables de révéler et de mesurer les micro-quantitiés d'éléments; on s'en sert pour élucider le rôle des micro-nutriments dans la croissance normale et les processus biologiques.

Les poissons peuvent utiliser les lipides, les protéines et les hydrates de carbone pour faire face aux besoins énergétiques; cependant, les hydrates de carbone sont plus économiques. Même si la plupart des carnivores sont mal équipes pour métaboliser les glucides et les amidons, la pondération des sources d'hydrates de carbone en fonction des espèces permettra d'économiser des protéines coûteuses, tout en fournissant des quantités optimums de fibres qui entraînent les autres nutriments dans le tractus gastro-intestinal, favorisant la digestion et l'absorption.

La session a reconnu que l'on ne sait que fort peu de choses sur les besoins de la plupart des animaux élevés, en différentes composantes alimentaires et sur leur utilisation. Aussi a-t-elle souligné la nécessité de procéder à des recherches pour accumuler les connaissances fondamentales.

Formulation et aspects économiques des aliments

Dans de nombreuses formes d'aquaculture, la nourriture constitue l'un des principaux éléments du coût de production, représentant souvent 40–70 pour cent des frais de fonctionnement. Plus l'aquaculture devient intensive et plus élevé est le part de l'alimentation dans les frais de fonctionnement. Cependant, il convient de distinguer entre les différents systèmes: élevage en étangs d'eau stagnante ou en eau courante et en cages. Dans les systèmes de pisciculture en étangs, on peut réduire les coûts en augmentant la productivité naturelle de l'étang par des engrais; en effet, les aliments naturels constituent une part importante des ressources alimentaires. Dans les autres systèmes, le poisson ne reçoit que peu ou pas d'aliments naturels et est presqu'entièrement tributaire de la nourriture apportée. Le coût de la nourriture est fonction de la composition du régime et du taux de conversion alimentaire. Des études ont déjà été réalisées pour déterminer s'il est possible de réduire la teneur protéique des aliments sans qu'il y ait perte d'efficacité de la conversion alimentaire. On n'a encore obtenu aucun résultat probant et de nouvelles études s'imposent. On a commencé cependant à rechercher des sources de protéines nouvelles et moins onéreuses. La farine de poisson est la principale source protéique actuelle dans les aliments des poissons produits commercialement et son coût entre pour une part importante dans le prix de ces aliments. Il est incontestablement raisonnable de transformer de la sorte des poissons de mauvaise qualité, en poissons prisés; néanmoins ceux qui cherchent à produire des aliments pour les affamés du monde ne partagent pas tous cette conception, d'autant plus qu'il est devenu nécessaire de réduire le coût de la nourriture pour assurer la viabilité économique de certains systèmes d'aquaculture. On a signalé à la session qu'il ressort de certaines expériences réalisées en République Fédérale d'Allemagne que la farine de poisson entrant dans les aliments pour truites pourraient être remplacés avec succès par un mélange de farine de sous-produits de l'aviculture et de farine de plumes hydrolisée, à condition d'y ajouter de petites quantités de lysine, de tryptophane et de méthionine. A cela s'oppose l'expérience acquise quant à l'alimentation des porcins et des volailles; dans ces cas la substitution à la farine de poisson de 10 ou même 5 pour cent de farine de plumes a entraîné une réduction sensible de la croissance. On pourrait également remplacer une partie de la farine de poisson par de la farine de gluten de maïs, un mélange de farine de viande et d'os, de la farine de sang, de la levure d'alkane ou des concentrés de soja.

Il est indispensable de se consacrer à l'étude de nouvelles sources de protéines pour nourrir les poissons et les crustacés. On a suggéré à cet effet d'examiner les possibilités de plusieurs types de farine de krill et d'animaux aquatiques d'élevage. Les protéines monocellulaires, comme les levures, les bactéries et les algues pourraient également convenir, sous réserve d'y ajouter des acides aminés. On pourrait également envisager d'employer des graminées, des feuilles et des plantes aquatiques, à condition de pouvoir résoudre les problèmes liés aux fractions aromatiques ou à la teneur en phénol des graminées. Il devrait être possible de trouver dans de nombreux cas des déchets agricoles inutilisés, qui conviendraient tout à fait comme ingrédients pour les aliments des poissons.

Les projections relatives aux travaux liés à l'évaluation des besoins nutritionnels des espèces d'élevage et à la formulation des aliments ont donné l'occasion de signaler la pénurie de nutritionnistes et de techniciens alimentaires expérimentés. Il est indispensable de créer des centres intégrés de recherche et de formation pour combler cette lacune; c'est là un problème urgent. Un tableau d'ensemble des besoins nutritionnels de chaque espèce prioritaire, aux différents stades de sa biologie, devra être dressé. A cet égard, on a souligné combien il serait utile de créer une banque centrale de données, disposant de facilités de récupération des informations et de constituer un groupe international d'experts.

SESSION IV
Recrutement artificiel et transplantation

Président:W.J. McNeil
Rapporteur:K. Sandercock

Membres du Groupe 
W.J. McNeil:Recrutement artificiel et transplantation des espèces anadromes
V.G. Jhingran:Amélioration des ressources halieutiques des eaux continentales
N. Hanamura:Amélioration des ressources halieutiques marines
M.A. Afinowi:Transplantations de mollusque pour constituer des populations de reproducteurs
  
Documents pertinents:
FIR:AQ/Conf/76/R.5, R.16, R.17, R.18, R.24,
/E.20, E.31, E.50, E.67, E.71, E.75

On s'est efforcé de réaliser, dans différentes parties du monde et pour des raisons variables, le recrutement artificiel et des transplantations de spécimens. Toutes ces tentatives ont suivi le même cours, qu'elles aient été entreprises afin d'accroître les stocks de certaines espèces, de repeupler les stocks surexploités ou vivant dans des étendues d'eau dont le milieu avait été altéré, de remplir une niche écologique ou d'utiliser plus pleinement une ressource biologique donnée. Dans chaque cas, on s'est heurté à un grand scepticisme. Nombre de ces tentatives ont été à l'origine considérées comme des échecs, car les difficultés techniques ont été telles et le soutien obtenu si insuffisant que les activités n'ont jamais pu être entreprises sur une échelle assez vaste pour qu'elles aient produit des résultats intéressants. Avec l'amélioration des techniques et la réalisation d'opérations de grande envergure, bénéficiant d'appuis, on a plus largement reconnu les avantages inhérents à un recrutement artificiel soigneusement planifié et aux transplantations.

La ranching en mer d'espèces anadromes

Les résultats les plus spectaculaires ont été obtenus jusqu'à ce jour avec le ranching en mer d'espèces anadromes, plus particulièrement les saumons. Leur comportement fortement directionnel (homing) pendant leur migration de reproduction constitue un mécanisme grégaire, qui facilite la récolte. Lorsqu'elles sont en mer, certaines espèces anadromes entreprennent des migrations alimentaires transocéaniques. Elles convertissent le plancton, toujours répandu dans un très grand volume d'eau, en protéines sous une forme facile à exploiter et a transformer aux fins de la consommation humaine. La technique du recrutement artificiel d'un certain nombre d'espèces anadromes est déjà bien en point et ne cesse d'être améliorée. Autre avantage: il s'agit en général d'espèces très prisées.

Les expériences récentes de ranching marin du saumon en Alaska, ont permis d'obtenir entre 15 et 30 adultes par géniteur: il s'ensuit que le recrutement artificiel peut être 5–10 fois plus efficace que le recrutement naturel. La rentabilité de cette pratique a, de même, été amplement prouvée au Japon. Pour obtenir le saumon Oncorhynchus keta on est passé, par étapes successives, au système d'écloseries, si bien qu'il n'est plus indispensable actuellement de disposer d'aires de reproduction sauvage; le nombre de poissons nécessaires pour soutenir le cycle suivant ayant été ramené au minimum on a pu augmenter les récoltes; simultanément, le taux de survie a pu être doublé. On estime que si l'on peuplait le Pacifique Nord de 500 millions d'alevins, propagés artificiellement et produits au coût de 500 millions de yens, on obtiendrait au bout de trois ou quatre ans environ 10 millions de saumons Oncorhynchus keta, pour une valeur dépassant 10 milliards de yens. L'amélioration du taux de récupération permet de prévoir de nouvelles augmentations de rendement. Bien que les progrès obtenus concernent surtout les saumons, on pratique de plus en plus le ranching marin de l'esturgeon en URSS et en Iran.

Il est apparu à certains participants que le ranching marin du saumon du Pacifique et, peut-être d'autres espèces anadromes, en est au stade de la croissance exponentielle. Le ranching marin privé a été légalement reconnu dans certains états des Etats-Unis d'Amérique. Des plans sont à l'étude en vue de l'expansion des écloseries publiques et certains pays, comme le Japon et l'URSS programment des entreprises mixtes de recrutement artificiel. Des pays de l'hémisphère Sud comme le Chile, encouragent des initiatives visant à l'introduction du saumon dans leurs eaux. A mesure que la part du recrutement artificiel augment, l'exploitation des stocks posera des problèmes juridiques de plus en plus importants.

Il n'est pas prémature d'examiner la capacité des lieux de reproduction marins de produire des espèces anadromes. De nombreux pays se disputeront le droit de faire “paître” des poissons anadromes sur des “parcours ouverts”, dont le potentiel de production piscicole est limité. Les problèmes liés à la création et à la protection des droits de pâturage devront être résolus.

La transplantation des espèces anadromes est susceptible d'engendrer des profits intéressants; néanmoins certains risques lui sont liés; il faut aussi les reconnaître pleinement. Le maintien de la diversité génétique parmi les populations faisant l'objet d'une propagation artificielle pourrait se révéler très important aux fins du succès à long terme du ranching marin. Il s'agit malheureusement là d'une question qui a été virtuellement ignorée par les organismes de recherche. Les décisions visant à entreprendre la reproduction sélective devraient être fondées sur des connaissances approfondies sur l'extinction potentielle de la diversité génétique, ainsi que sur les conséquences de cette extinction en matière de croissance et survie des poissons lâchés dans les eaux naturelles.

Lorsque des poissons sauvages et artificiellement recrutés se trouveront mélangés sur le même fond de pêche, la conservation des populations sauvages pourrait devenir plus difficile. Les populations de saumon sauvage de l'Alaska, par exemple peuvent, en moyenne, soutenir une exploitation de l'ordre de 60 à 70 pour cent; on croit cependant savoir que les populations artificiellement recrutées peuvent, elles, supporter une exploitation allant jusqu'à 90, voire 95 pour cent. Une pêcherie aménagée pour récolter les populations artificiellement recrutées provoquerait, dans ces conditions, la destruction rapide des populations recrutées naturellement. Il faut s'apprêter à résoudre ces problèmes, ainsi qu'une multitude d'autres questions techniques et socio-économiques.

Les débats de la session ont essentiellement gravité autour du ranching marin du saumon dans les zones tempérées et subartiques du monde. La possibilité de réaliser des opérations analogues en milieu tropical doit être envisagée. On a suggéré que la FAO prepare un inventaire des espèces anadromes tropicales dont certaines pourraient convenir à une activité piscicole de deuxième génération.

Amélioration des ressources halieutiques continentales et maritimes

La transplantation et le recrutement artificiel dans les eaux continentales ont dans de nombreux cas été entrepris en fonction de besoins et de possibilités liés à la modification artificielle de l'environnement. On en citera pour exemples la création de bassins hydrologiques, la construction de barrages et de lacs artificiels, etc. On pratique la transplantation ou l'alevinage pour remplacer ou accroître les stocks de poisson qui en ont été affectés, comme c'est le cas pour les espèces migratrices, ou encore pour développer les ressources halieutiques des réservoirs constitués par la construction de barrages. De nombreux exemples de transplantation et d'alevinage couronnés de succès dans les eaux continentales peuvent être cités. Le traitement chimique des lacs pour en éliminer les espèces indésirables, suivi d'un repeuplement par des espèces commercialement importantes sont devenus courants dans certains pays. L'URSS met en oeuvre un programme actif de transplantation associé à l'introduction d'organismes destinés à servir d'aliments des poissons. L'alevinage a pris une importance considérable dans les pêcheries des grands lacs asiatiques.

En ce qui concerne l'environnement marin, les transplantations de mollusques et notamment d'huîtres, ont été nombreuses à l'échelle planétaire. Compte tenu de la nature sédentaire de ces organismes, les chances de succès sont infiniment meilleures. Les tentatives actuelles de recrutement artificiel des crevettes au Japon ont été examinées à la session II (section 2). Des efforts considérables sont en cours au Japon pour développer de nouveaux types de pêche basés sur l'élevage.

Au cours des discussions générales relatives aux transplantations, il a été admis que nombre de transplantations ont été motivées par le désir de se procurer des espèces commerciales renommées. Cela s'est souvent produit au détriment des espèces indigènes, qui auraient pu convenir aussi bien. On a recommandé que la FAO ainsi que d'autres organismes encouragent le développement et l'utilisation des stocks indigènes et découragent la pratique qui consiste à transplanter au hasard, avec tous les risques que cela entraîne. Il arrive souvent que des espèces soient introduites et transplantées pour combler des niches supposées vides. On a suggéré que ces niches pourraient n'être vides que dans nos connaissances.

Les transplantations peuvent engendrer d'importants avantages sociaux et économiques; il convient cependant de procéder avec discernement et d'évaluer les répercussions possibles des espèces introduites sur les stocks naturels. Les risques d'introduire de manière fortuite des ravageurs, des parasites ou des maladies, à la suite de transplantations effectuées sans soins ont été évoqués à plus d'une reprise au cours de la session et l'on a fait référence aux directives formulées par le Conseil International pour l'Exploration de la Mer (CIEM) en matière de transplantations. On a suggéré que la FAO envisage de diffuser dans le monde entier ces directives, qui se présentent sous la forme d'un document, pour en faire la base de code d'usage acceptable. La création d'un Comité indépendant chargé d'étudier toutes les propositions de transplantation et de statuer sur leur viabilité a également été envisagée.

SESSION V
Aspects juridiques, sociaux et économiques de l'aquaculture

Président:T.J. Cracknell
Rapporteur:W. Krone

Membres du Groupe 
T.J. Cracknell:Problèmes juridiques de l'expansion des industries aquicoles
G.M. Gerhardsen:
Aspects sociaux et économiques de l'aquaculture dans les programmes de développement rural intégré
Y.C. Shang:Economie comparée de différents types d'aquaculture
V.R. Pantulu:
Conflits et économie comparée de l'aquaculture avec d'autres formes d'utilisation des terres et des eaux
R. Ramírez Granados:Problèmes sociaux affectant le développement de l'aquaculture
  
Documents pertinents:
FIR:AQ/Conf/76/R.3, R.6, R.8, R.16, R.17, R.21, R.22, R.27, R.33, R.36, R.37,
/E.10, E.20, E.21, E.53, E.54, E.56, E.58, E.64, E.71, E.75, E.80, E.82

Aspects juridiques et institutionnels

Le développement de l'aquaculture est lié à cinq grands groupes de problèmes juridiques:

  1. utilisations concurrentielles des terres et des eaux,
  2. pollution des eaux,
  3. problèmes de compétence administrative,
  4. transport intra-national et international de poissons vivants et lutte contre les maladies, et
  5. soutien financier.

On a reconnu d'emblée que le cadre juridique ne sera modifié que si le public et les gens en place le demandent et il faudra pour cela des efforts constants et organisés de tous ceux qu'interesse l'aquaculture. L'agriculture, l'énergie hydro-électrique, l'exploitation minière, les pêches de capture, les industries, les activités récréatives, etc. viendront souvent disputer à l'aquaculture des sites qui lui sont propices. On devrait pouvoir concilier les différentes utilisations possibles; de nombreuses considérations devront cependant être pondérées. L'économie comparée pourra constituer un facteur important de la prise de décisions; toutefois, la pénurie de données fondamentales comparables sur l'économie aquicole fait souvent obstacle à cette approche. On a suggéré que la stratégie des coûts opportunistes pourrait convenir davantage. Les données relatives aux profits nets dérivés de la pisciculture, présentées à la session ont montré que, du moins dans les conditions décrites pour le bassin du Mékong en Asie, l'aquaculture est infiniment plus rentable que les formes d'agriculture possibles dans la région. D'autres facteurs se chevauchent: avantages sociaux, nutritionnels, voire politiques, susceptibles d'être engendrés par la forme de développement proposée; il en ressort à l'évidence qu'une planification intégrée s'impose pour obtenir le maximum d'avantages au plan national. La session a reconnu qu'il est indispensable que les responsabilités administratives soient concentrées entre les mains d'un service unique pour faciliter le développement aquicole des différents pays. Les gouvernements ont été instamment invités à créer ces services intégrés afin d'éviter tout délai dans les programmes de développement, provoqué par l'appel à une multitude d'instances. A condition de faire l'objet d'une planification et d'une exécution des programmes bien coordonnés, l'aquaculture pourrait avoir un rôle important dans le développement rural intégré, notamment dans les zones à faible revenu. Les incertitudes relatives à la place de l'aquaculture dans des mécanismes administratifs nationaux devront être résolues. Un pays donné peut ne pas avoir de loi spécifique à l'aquaculture; alors que nombre d'autres lois existantes sont appliquées à cette activité. Les incertitudes administratives ont entraîné des vexations nombreuses pour les entrepreneurs désireux d'investir dans l'aquaculture et la session a été d'avis qu'il est urgent d'éliminer toutes les anomalies de cet ordre.

Les structures juridiques et institutionnelles devront être adaptées aux conditions politiques et socio-économiques individuelles et il faudra tenir dûment compte des cas particuliers et des objectifs politiques des pays en développement. Les organisations internationales comme la FAO devraient encourager les gouvernements à affecter des ressources en eau à l'aquaculture dans le cadre de plans d'ensemble d'utilisation des côtes et des eaux et à s'assurer que les intérêts de l'aquaculture sont représentés dans les organismes assurant la planification des ressources hydriques.

Les problèmes juridiques liés au ranching océanique ont été évoqués dans le cadre de la session IV. On a exprimé l'espoir qu'un mécanisme international ou interrégional sera créé pour assurer la surveillance continue des effets du ranching hauturier et réglementer les droits de pêche.

La préoccupation qui s'exprime dans le monde entier depuis quelques années, quant à la pollution de l'environnement a déjà entraîné des effets favorables pour l'aquaculture dans de nombreux secteurs. La pollution des eaux destinées à l'aquaculture devra être contrôlée efficacement et les stocks aquicoles devront être protégés contre les risques de contamination. Simultanément, il faudra apporter toute l'attention voulue à la pollution éventuelle de l'environnement par l'aquaculture. Cette pollution peut être évitée et il faudrait encourager l'application des techniques existantes.

Aspects socio-economiques

La session a pris note des modifications récentes des politiques de mise en valeur ainsi que de l'accent mis sur les aspects qualitatifs de la croissance et une redistribution plus équitable des revenus. Il s'ensuit que l'on s'attache davantage aux problèmes du développement des zones rurales, où vivent certaines populations parmi les plus déshéritées. A cet égard, l'aquaculture a bénéficié d'un regain d'attention au cours des dernières années. Dans les zones rurales l'aquaculture peut se proposer essentiellement:

  1. de fournir à un prix raisonnable une alimentation riche en protéines aux populations rurales, et
  2. de créer des emplois pour les populations rurales qui, de la sorte, disposeront d'une source de revenus constante et sûre.

Cela n'empêche nullement la création d'entreprises orientées vers l'exportation et qui peuvent aussi améliorer les revenus ruraux; les devises étrangères acquises profiteraient à l'économie du pays dans son ensemble. On a également noté que certains systèmes d'aquaculture intensive font appel à une nombreuse main-d'oeuvre et, par suite, se révèlent potentiellement intéressante du point de vue de l'emploi, qu'ils soient destinés à faire face à la demande intérieure ou à l'exportation. Les problèmes du chômage et du sous-emploi peuvent être sensiblement allégés par l'intégration de l'aquaculture dans les plans de développement rural. Les problèmes et les perspectives d'une aquaculture liée à l'agriculture et à l'élevage ont déjà été examinés à la session II (section 4). On a reitéré l'importance qu'il y a à bénéficier de services de vulgarisation efficaces, de crédits suffisants et contrôlés et d'une aide à la commercialisation.

La coexistence d'opérations artisanales avec les entreprises de type industriel a été examinée par la session. Les problèmes auxquels il faut faire face ne sont pas facile à résoudre; cependant, les éventuels conflits peuvent être réduits au minimum dans le cadre d'une planification appropriée. On peut souvent obtenir les avantages inhérents aux opérations de grande envergure en organisant l'aquaculture par l'intermédiaire d'associations de producteurs ou de coopératives. L'expérience de quelques pays est probante à cet égard.

La comparaison des aspects économiques des opérations d'aquaculture est compliquée par la pénurie de données appropriées. Le coût de production est en général plus élevé dans un système d'élevage intensif; les aquaculteurs n'en tireront un revenu supplémentaire qu'en fonction de l'augmentation du revenu qui en découle et du fait qu'elle dépasse ou non l'accroissement des coûts. On a souligné que l'aquaculture est souvent plus rentable que l'agriculture. Dans l'ensemble, la polyculture augmente la production par unité de superficie et se révèle plus rentable que la monoculture compte tenu des frais fixes relativement peu importants par unité de production. Il faut adopter des techniques économiques rationnelles pour évaluer la rentabilité. Les estimations de la “valeur globale réelle”, couramment utilisées au Japon ont été jugées convenir dans la plupart des cas. Dans d'autres situations, le coût de la production de protéines de bovins ou de poisson d'élevage a constitué le meilleur étalon. Les données économiques disponibles sur les opérations d'aquaculture sont insuffisantes, aussi a-t-on recommandé que soient recueillies de nouvelles informations récentes sur les coûts de production, les caractéristiques de la demande et la commercialisation. On a signalé qu'on pourrait peut-être tirer de modèles qu'il faudrait établir des fonctions de production et des éléments de coût, ce qui permettrait d'évaluer les combinaisons optimum d'inputs de production. La comparaison avec l'agriculture et les pêches traditionnelles en serait également facilitée lors de la prise de décisions aux fins de la planification nationale du développement.

SESSION VI
Stratégie du développement futur de l'aquaculture

Président:C.P. Idyll
Rapporteur:P. Hjul

Membres du Groupe 
W. Krone:Financement et crédit
P.A.D. Secretan:Possibilités d'assurance aquicole
T.V.R. Pillay:Services de recherche et de vulgarisation pour le développement de l'aquaculture
C.P. Idyll:La formation de personnel en vue de développement de l'aquaculture
G.I. Pritchard:La planification nationale du développement aquicole
  
Documents pertinents:
FIR:AQ/Conf/76/R.7, R.21, R.25, R.33, R.36, R.38,
/E.4, E.8, E.14, E.26, E.55, E.60, E.71, E.78, E.82

La planification nationale du développement aquicole

On a souligné qu'il est indispensable de planifier convenablement le développement au plan national pour permettre à l'aquaculture de progresser rapidement dans la bonne direction; cela avait déjà été signalé par d'autres sessions de la Conférence. Il faut admettre que le choix des grandes orientations doit guider l'action d'ensemble. Dans nombre de cas, la biologie et la technologie ont franchi les étapes de la prévision et de la planification opérationnelle pour évaluer les risques et permettre aux responsables des décisions d'affecter à des tâches déterminées les ressources financières, humaines et naturelles. Mais les facteurs sociaux ont souvent été négligés; pourtant, il faut les soumettre aux mêmes modalités de la prévision, de la planification et de la prise de décisions. La session s'est félicitée de ce que des plans nationaux de développement aquicole aient été formulés à la suite de séminaires régionaux de planification, organisés par la FAO en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Le développement aquicole du Japon a été cité en exemple des avantages que l'on peut attendre d'une planification et d'une exécution rationnelles, avec l'appui d'une législation nationale fondamentale.

La formulation des politiques et des stratégies doit être fondée sur des informations et des connaissances appropriées. Les informations nécessaires aux responsables des décisions et des plans diffèrent souvent des renseignements indispensables aux praticiens de l'aquaculture. L'intérêt des conférences et notamment de celle qui est en cours a été dûment reconnu à cet égard; il a néanmoins été suggéré de créer des groupes consultatifs ou similaires, plus restreints et chargés d'aider à recueillir, évaluer et interpréter les informations fondamentales en vue de la planification et de la prise de décisions. Le rôle de services internationaux de recherche et d'information bien organisés a été tout particulièrement souligné dans la mesure où ils fournissent les bases indispensables à la prévision et à la planification aquicoles.

Lors de l'examen de la stratégie générale qui convient au développement aquicole, il a été reconnu qu'une plus large application des techniques connues pour accroître la production aquicole dans le monde est capitale. On peut envisager des projets pilotes chargés de tester la factabilité des transferts de techniques ou encore des programmes de production à grande échelle. Nombre de pays en développement ont besoin d'une aide financière à des conditions raisonnables pour de telles activités.

Financement et crédit

L'insuffisance des facilités financières et des crédits est un obstacle majeur au développement de l'aquaculture dans de nombreux pays. S'agissant d'entreprises d'un type nouveau, les institutions de financement sont fréquemment très peu enclines à apporter leur aide avant de se trouver en présence d'un développement commercial de grande envergure. Aussi importe-t-il de créer immédiatement dans de nombreux secteurs un climat propice aux investissements et de produire les données économiques qui doivent servir de base aux investissements en réalisant des opérations pilotes. Des divergences d'opinion sont apparues quant à la nécessité de programmes de crédits spécialisés pour l'aquaculture. Les programmes de crédits agricoles ou halieutiques sont souvent en mesure de répondre aux besoins de l'aquaculture à condition de pouvoir faire face à ces impératifs particuliers, et de pouvoir établir les mécanismes de contrôle des crédits et les liens voulus avec les services de vulgarisation aquicole.

Il ressort des données présentées en session que dans de nombreuses régions les intérêts encaissés représentent une très importante proportion des frais de fonctionnement. Même lorsque les systèmes d'aquaculture sont extrêmement rentables, cela peut constituer un obstacle au développement de l'aquaculture commerciale. Les principales organisations d'aide au développement devraient en tenir compte lorsqu'elles envisagent d'apporter leur appui à l'aquaculture, notamment aux stades initiaux.

Les besoins financiers sont éminemment variables avec le type et le niveau des opérations. S'agissant de développer des entreprises artisanales, il faudra davantage s'attacher à encadrer le crédit et à fournir des services de vulgarisation. Dans le secteur privé, l'aquaculture industrielle tend actuellement à s'intéresser davantage aux espèces très prisées, et dans nombre de cas à celles destinées à l'exportation. Compte tenu des nombreux encouragements offerts à l'exportation, il est sans doute assez aisé d'obtenir des crédits à cet effet tandis que la production aux fins de la consommation intérieure n'est que rarement préférée ou même envisagée avec faveur.

On a jugé que des études de factabilité détaillées ainsi que la formulation de propositions de projets susceptibles d'être financés sont particulièrement importantes et qu'il faudra apporter une assistance internationale à la plupart des pays en développement jusqu'à ce que les compétences multidisciplinaires nécessaires à cette fin aient vu le jour. La possibilité d'organiser des entreprises mixtes pour se procurer non seulement des crédits mais aussi des gestionnaires qualifiés, des connaissances techniques et commerciales a été évoquée au cours des débats. On a souligné la grande difficulté qu'il y a à mettre sur pied des entreprises mixtes en aquaculture, notamment lorsqu'il s'agit d'espèces destinées à la consommation intérieure. Il a semblé à la plupart des observateurs qu'une approche progressive faciliterait le financement des projets: recherche, opérations pilotes et enfin programmes de production intégrée.

Possibilités d'assurance

La possibilité de se couvrir contre les risques par une assurance est susceptible d'accroître les disponibilités d'investissements dans l'aquaculture; en effet, une police d'assurance du stock présente un avantage certain lorsqu'on cherche des bailleurs de fonds. On a commencé à créer au Japon et au Royaume-Uni un marché de l'assurance susceptible de répartir les risques. Cependant, on n'est pas encore sorti du stade de l'enfance et il faudra réunir de nombreuses informations de base et une expérience considérable pour que les conditions d'assurance deviennent tout à fait satisfaisantes, équilibrant les primes et la couverture. Dans ce domaine aussi, la nécessité vitale de réaliser des projets pilotes avant d'entreprendre des opérations commerciales de grande envergure est évidente. Ils permettront de se faire une idée plus précise des risques encourus et de déterminer la base de calcul des primes.

Lors des débats sur ce thème, un certain nombre de questions a été soulevé quant au coût de l'assurance, à son incidence sur les coûts de production et à la couverture actuellement offerte. Il a semblé que l'assurance tous risques constitue la meilleure forme d'assurance pour les stocks aquicoles.

Services de recherche et de vulgarisation

On s'accorde en général à considérer que des services de recherche et de vulgarisation appropriés constituent des éléments essentiels d'une stratégie du développement aquicole. Les recherches aquicoles, récentes, ne sont guère avancées. On a suggéré qu'au lieu de s'efforcer de subdiviser la recherche aquicole en recherche fondamentale et appliquée, on pourrait examiner les différents plans de recherches, pour lesquels les perspectives de succès et les difficultés prévues sont de nature différente. La recherche à un niveau relativement primaire viserait essentiellement à se fonder sur des principes connus et à donner des réponses aux problèmes immédiats des aquaculteurs, concernant notamment la reproduction induite des poissons, leur alimentation, l'utilisation d'engrais, les densités de stockage et les méthodes d'aménagement. Sur un plan légèrement plus élevé, on placerait les expériences visant à déterminer pourquoi certaines méthodes sont meilleures que d'autres. Un troisième plan, encore plus élevé, concernerait les recherches pour déterminer les motifs physiologiques et chimiques fondamentaux de certains phénomènes, comme l'inaptitude de certaines espèces à atteindre leur maturité dans des eaux encloses ou la nécessité d'apporter dans l'alimentation de certains organismes des éléments spécifiques. A un quatrième niveau, encore plus élevé et plus approfondi, on pourrait placer les recherches visant à permettre une meilleure compréhension scientifique dans les domaines de la physiologie de la reproduction, de la nature des gènes, etc. Ces recherches ne pourront pas toujours être effectuées séparément aux différents niveaux mais devront au contraire souvent être entreprises simultanément et par la même institution. Ce qui importe réellement est s'assurer que le niveau des recherches soit approprié à la nature des problèmes que l'on se propose de résoudre.

La session a reconnu que les recherches aquicoles sont nécessairement multidisciplinaires et systématiques. La nature diffuse des recherches en cours dans ce domaine et l'insuffisance des crédits, des installations et des compétences, ont été signalées par de nombreux groupes d'experts. Il est indispensable de réorienter et d'intégrer les recherches, dans les pays développées ainsi que dans ceux en développement. Certains pays avancés ont commencé à remettre en question l'organisation des recherches et l'identification des espèces ou méthodes d'élevage prioritaires. Des études pourraient être réalisées dans le secteur privé, sous contrat, et il ne devrait pas être impossible de résoudre les problèmes liés à la nature confidentielle et particulière de ces recherches. Quant au monde en développement, un groupe de travail, puis un sous-comité, nommés par le Comité consultatif technique du Groupe consultatif de la recherche agricole ont fait le point des recherches nécessaires et émis des propositions visant à la création de centres régionaux de recherche et de formation, en rapport étroit avec certains centres nationaux, pour constituer des réseaux en Asie, en Afrique et en Amérique latine. Les séminaires régionaux sur la planification aquicole, organisée dans ces trois régions par le Programme PNUD/FAO de mise en valeur et de coordination de l'aquaculture ont repris cette proposition à leur compte.

Au cours de ces débats, la session a souligné qu'il est indispensable de promouvoir la recherche systématique, en vue du développement rapide de l'aquaculture et a recommandé que les réseaux régionaux de centres de recherche et de formation proposés soient créés à bref délai. Il a été suggéré que la FAO facilite l'échange, à titre gracieux, des informations et connaissances entre institutions de recherche. Il importe que les banques coopèrent davantage pour fournir des crédits à la recherche et à la formation aquicoles organisées dans les pays en développement. On a rappelé que les conférences comme celle-ci aideraient les institutions financières à décider de l'appui à apporter à certains projets. D'importants capitaux sont nécessaires pour construire les installations de recherche et se doter d'équipes de chercheurs interdisciplinaires; on a cependant fait remarquer que la recherche n'est pas plus coûteuse en aquaculture que dans les sciences connexes. Il devrait être possible, grâce à une coopération plus active des institutions de financement et des organismes d'aide, d'élaborer les bases scientifiques indispensables à l'aquaculture.

Services de vulgarisation

L'importance du rôle des services de vulgarisation en matière de développement aquicole a également été soulignée dans quelques-unes des sessions précédentes de la Conférence.

Les activités de vulgarisation s'exercent souvent sur deux plans en matière aquicole: d'une part, concernant le transfert des résultats des recherches, depuis les centres de recherche jusqu'aux activités extérieures - c'est la tâche des techniciens de terrain - d'autre part, pour aider les aquaculteurs à appliquer des méthodes nouvelles et améliorées dans leurs programmes de production.

L'analogie avec le développement agricole montre la place que les services de vulgarisation devraient prendre dans un programme de développement et plus particulièrement dans les petits projets ruraux. Trois facteurs au moins ont une importance particulière dans l'organisation des services de vulgarisation: en premier lieu les effectifs et l'ampleur du service de vulgarisation. Un agent vulgarisateur peut fournir des avis et une aide lors de ses visites périodiques dans une station, mais, ses services doivent être disponibles rapidement pour faire face à des urgences; aussi faut-il prévoir un nombre suffisant d'agents vulgarisateurs, assez mobiles. En deuxième lieu, le service de vulgarisation devrait disposer des appuis nécessaires pour fournir aux aquaculteurs les services dont ils peuvent avoir besoin pour le choix des sites, les plans d'étangs et autres installations d'élevage, l'analyse des sols et des eaux, le diagnostic des maladies et la lutte contre celles-ci, etc. Enfin, si les avis de l'agent vulgarisateur doivent être suivis d'effet, il faudra très souvent pouvoir apporter une assistance financière. Aussi est-il nécessaire de lier la vulgarisation, l'assistance financière et le crédit. Cela est tout aussi important si l'on veut être sûrs que les crédits sont utilisés à bon escient. Et par-dessus tout, les qualités personnelles du vulgarisateur sont de la plus haute importance. Son aptitude à travailler avec le pisciculteur, à gagner sa confiance ainsi que ses compétences techniques, qui doivent lui permettre d'être réellement utile, sont les éléments essentiels de l'efficacité des programmes de vulgarisation. L'agent devrait avoir accès à un système d'information très complet et disposer des dispositifs audiovisuels nécessaires pour faciliter sa tâche. On a rappelé à plusieurs reprises au cours des débats combien il est important de disposer de film-strips et de films instructifs, de manuels pratiques convenablement rédigés et de brochures. On a suggéré que les activités de vulgarisation auraient tout à gagner à s'exercer selon un système de roulement, dans lequel les vulgarisateurs accroîtraient leur expérience en changeant d'affectation de temps à autre.

Formation du personnel

La pénurie de personnel convenablement formé et expérimenté est un problème majeur de la mise en oeuvre des projets de développement, aussi bien dans les pays développés que dans ceux en développement. Les personnalités nécessaires pour assurer le développement aquicole sont très variées; cependant, les qualités que l'on demande au grand nombre sont telles que la formation en cours d'emploi constituerait la meilleure préparation possible. Les chercheurs reçoivent leur formation de base à l'université; cependant, ils acquièrent des connaissances spécialisées, surtout en participant à des recherches sous la direction de chercheurs plus avancés. Ces chercheurs devraient si possible être formés dans leur pays d'origine ou dans la région dans laquelle ils exerceront. Le réseau de centres de recherches qu'il est prévu de créer dans les régions en développement permettra d'assurer la mise au courant des jeunes chercheurs dans leur région d'origine. Les techniciens aquicoles devront acquérir des connaissances dans différents domaines et sur divers types d'aquaculture. A cette fin, des services d'information spécialisés devront être créés sur le modèle des écoles commerciales ou agricoles. Il y aura intérêt à les organiser sur une base régionale et les centres régionaux qu'il est prévu d'établir pourraient opérer dans les meilleures conditions d'économie et d'efficacité. La formation des vulgarisateurs devra être assurée sur le plan national, compte dûment tenu des systèmes d'élevage qui seront appliqués dans les régions où ils exerceront.

Conclusions

Dans l'ensemble, la session s'est efforcée de mettre l'accent sur les nombreuses idées, soulevées lors de la Conférence et pertinentes à la formulation d'une stratégie de développement mondial de l'aquaculture, et destinées à fournir davantage de nourriture, de possibilité d'emploi et de revenus. Il est généralement apparu que l'incompréhension du public constitue l'un des principaux obstacles à l'élaboration de grandes orientations originales, qui se traduiront par une industrie aquicole solidement établie. Les différentes propositions relatives à des activités organisées et notamment les démonstrations et les projets pilotes devraient promouvoir de nouveaux financements dans ce secteur. L'inclusion de l'aquaculture dans les programmes de développement rural intégré favorisera le développement économique rapide des zones rurales tout en multipliant les petites entreprises aquicoles dans les régions où elles bénéficieront à un nombre maximum de déshérités ruraux. Un tel programme élargi de production démontrerait de la plus convaincante le grand potentiel de l'aquaculture et produira un effet de boule de neige en suscitant l'appui à la recherche, pour améliorer les techniques existantes et la mise au point de nouvelles techniques. On peut également s'attendre à ce qu'ils conduisent à la création d'installations plus satisfaisantes pour la formation des différentes catégories de personnel. De la sorte, l'universalisation de la stratégie pourra d'ici une ou deux décennies entraîner un développement très appréciable dans ce secteur; elle se caractérisera par l'application à grande échelle des techniques existantes pour accroître la production, faciliter la création d'emplois, permettre d'économiser ou de gagner des devises étrangères; elle sera facilitée par des recherches multidisciplinaires et systématiques, visant à améliorer les techniques existantes et à développer de nouvelles techniques et associée à un programme intensif de formation de personnel d'encadrement. Tout cela ne se réalisera que si les gouvernements et les organisations internationales reconnaissent à l'aquaculture une priorité élevée et lui assurent l'appui nécessaire. En conséquence on a suggéré que la Conférence adopte une “Déclaration sur l'Aquaculture” et le Comité de rédaction de la Conférence a été invité à préparer une telle déclaration.

Se référant à l'assistance massive nécessaire pour la mise en oeuvre des programmes d'aquaculture dans les pays en développement, la session a suggéré qu'il conviendrait de prévoir des consultations fréquentes entre organismes d'aide bilatérale et multilatérale pour permettre l'utilisation optimum des crédits et facilités disponibles.


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