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RAPPORT DES SESSIONS TECHNIQUES

SESSION I
Situation de l'aquaculture mondiale - son rôle futur

Président:K. Tiews
Rapporteur:C. Nash

Membres du groupe 
T.V.R. Pillay:Le développement de l'aquaculture au cours des dix dernières années
S. Tal:Les tendances récentes du développement de l'aquaculture
G.M. Gerhardsen:La place de l'aquaculture dans le développement rural intégré
P. Briggs/J.B. Glude:Les industries aquicoles verticalement intégrées
J.E. Bardach:L'avenir de l'aquaculture - potential et contraintes
K. Tiews:L'organisation de l'aquaculture - une contrainte du développement ultérieur
  
Documents pertinents:
FIR:AQ/Conf/76/R.4, R.10, R.13, R.16, R.19, R.21, R.25, R.30, R.33, R.35, R.36, R.38, R.39,
/E.2, E.4, E.8, E.18, E.20, E.22, E.26, E.51, E.55, E.71, E.75, E.77, E.82

Situation de l'aquaculture

La session s'est efforcée de faire le point sur les progrès de l'aquaculture au cours de la dernière décennie, c'est-à-dire depuis la dernière réunion mondiale sur la pisciculture (Symposium mondial de la FAO sur la pisciculture en étang à température élevée, Rome (Italie), 18–25 mai 1966). On a jugé que la participation à la présente conférence d'un nombre quatre fois plus important qu'à la première, traduit l'intérêt croissant manifesté pour l'aquaculture dans la plupart des pays du monde. L'augmentation de la production, qui constitue un étalon plus valable de la progression de l'aquaculture, continue à être difficile à évaluer par suite de la pénurie de statistiques détaillées et fiables. Sur la base des données disponibles, recueillies auprès des gouvernements et d'autres sources, on peut estimer que la production en 1975 a dépassé 6 millions de tonnes, contre 5 millions de tonnes en 1973 (production estimative). On ne saurait attribuer aux estimations présentes ou passées un degré de précision bien poussé; néanmoins, les informations disponibles montrent clairement que dans presque tous les pays la production totale a augmenté. Il convient de noter en particulier que les pays qui ont accordé, dans leur programme de développement agricole et industriel, une importance suffisante à cette industrie ont enregistré des progrès sensibles, d'où un accroissement des dépenses des gouvernements, une augmentation des investissements privés et une amélioration des services d'appui. Les facteurs ayant contribué à ce développement semblent résider dans le coût croissant de la pêche, la modification imminente du droit de la mer et la nécessité de recaser les pêcheurs au chômage ou de trouver des emplois d'appoint ou de remplacement pour des agriculteurs ou des pêcheurs. En outre, de nombreux pays ont pris une conscience plus nette de la place de l'aquaculture dans le développement rural intégré. L'un des facteurs fondamentaux du développement ultérieur de l'aquaculture est sans conteste possible la priorité que les gouvernements et l'industrie accordent à ce secteur. Aussi a-t-on suggéré que la Conférence adopte une déclaration destinée à servir d'instrument politique et à refléter la détermination des gouvernements et de la communauté universelle d'accorder à l'aquaculture la priorité qui lui revient.

Nouvelles tendances

L'inflation générale et plus particulièrement l'augmentation du coût des aliments pour animaux, de la main-d'oeuvre et d'autres inputs a eu un effet néfaste sur quelques industries aquicoles au cours des dernières années. Il en est résulté l'élimination dans certains pays du producteur marginal ou inefficace et, d'autre part, l'émergence d'une tendance générale à l'exploitation intensive, pour accroître la production par unité de superficie et la rentabilité des investissements. Cette tendance est universelle; cependant, dans de nombreux pays en développement la situation est telle qu'il est encore possible d'adopter des techniques d'élevage extensives et ces techniques restent les plus économiques dans un grand nombre de cas.

Une classification rigide en aquaculture “extensive” et “intensive” ne peut être valable que dans une mesure limitée car il existe de nombreuses catégories intermédiaires et des chevauchements. Dans l'ensemble, les pays développés adoptent cependant des méthodes d'aquaculture intensives, compte tenu des facteurs suivants: (a) disponibilités limitées de terres et d'eaux; (b) coût élevé de la main-d'oeuvre; (c) espèces prisées qu'ils leur faut élever et qui occupent des niveaux trophiques supérieurs. Les nouvelles techniques élaborées pour produire des saumons, des truites, des sérioles et des crevettes en sont des exemples. Toutefois, même certains pays moins développés ont élaboré des systèmes d'élevage intensif à fort rendement: polyculture en Israël et en Inde, élevage des silures en Thaïlande et élevage en cage dans le Mékong et ses affluents, etc.

Les progrès techniques de la dernière décennie sont largement fondés sur la connaissance scientifique des pratiques traditionnelles et l'amélioration de ces pratiques à la suite de recherches. On citera à cet égard l'élevage en cages et en parcs, la polyculture, le recyclage des déchets par l'aquaculture, etc.

La place de l'aquaculture dans le développement rural

Comme mentionné précédemment, le développement de l'aquaculture s'est récemment caractérisé par la volonté, manifestée par les planificateurs et les administrateurs, de la considérer comme faisant partie du développement rural intégré. A l'échelle mondiale, la production aquicole, convenablement planifiée et aménagée, pourrait constituer un apport très considérable pour l'alimentation dans les zones rurales. Dans la mesure où elle offre des possibilités d'emploi et améliore la nutrition, ainsi que le niveau et la qualité de la vie des déshérités ruraux - notamment en accroissant leur productivité - on peut s'attendre à ce que ces malheureux participent davantage à l'économie nationale, ce qui favorisera le bien-être économique et une croissance autonome ultérieurs.

On exige souvent de l'aquaculture, avant de l'inclure dans des projets de développement rural, qu'elle fasse la preuve de ce qu'elle est viable et, dans un sens plus restreint, rentable dans différents contextes ruraux. Si la rentabilité économique est une préoccupation essentielle, il faut cependant aussi tenir compte de l'intérêt social des projets. Pour déterminer l'importance socio-économique d'un projet, on pourra se fonder sur la “valeur ajoutée” produite et sur la part de valeur ajoutée qui restera dans les zones rurales. La définition que l'on retiendra pour cette valeur aura une grande importance, cependant, la productivité ou l'efficacité physiques, les salaires, les taux d'intérêt, le coût des biens en capital, enfin le prix des produits aquicoles auront aussi leur importance et il faudra en tenir compte pour évaluer la viabilité des projets. Sans vouloir généraliser, il faut néanmoins affirmer que la plupart des pays en développement préférent nettement intégrer dans les programmes de développement rural les formes d'aquaculture artisanales employant une nombreuse main-d'oeuvre. Cela n'interdit nullement d'envisager des entreprises de grande envergure en milieu rural.

Le succès des opérations d'aquaculture à petite échelle en milieu rural sera essentiellement fonction des services d'appui qui pourront être fournis. Le petit cultivateur aurait grandement avantage à bénéficier d'une série de mesures d'assistance, technique d'inputs et de crédits institutionnels à des conditions raisonnables. Comme l'agriculture rurale, le développement de l'aquaculture rurale demande un effort plus considérable sur le plan de la conception et de la mise en oeuvre des projets selon une stratégie originale.

Industries aquicoles verticalement intégrées

Les grosses industries aquicoles, notamment dans les pays développés, vont souvent de pair avec l'intégration verticale. Celle-ci présente de nombreux avantages, y compris la possibilité de répartir les bénéfices ou les pertes entre les différents secteurs de la production, de la transformation, de la distribution ou des ventes. Elle permet aussi de maintenir la qualité car le profit est fonction de l'acceptation des acheteurs. Il ressort toutefois d'une étude des industries aquicoles aux Etats-Unis en particulier que quelques-unes seulement (celles de l'ostréiculture, de l'élevage des homards et des poissons-appâts, etc.) sont fortement intégrées. Certaines d'entre elles, comme la crevetticulture ou la salmoniculture, le seront ultérieurement ou envisagent de l'être.

Il est ressorti très clairement des débats de la session que l'intégration verticale n'est pas nécessairement liée à l'importance de l'entreprise. En fait, on cite de nombreux cas d'opérations de faible envergure, voire d'élevages de subsistance, qui sont, par définition, intégrées verticalement. D'autre part, nombre d'opérations à grande échelle, comme l'élevage des silures ou des truites aux Etats-Unis, ne sont pas intégrées, la plupart des producteurs achetant les aliments pour animaux ou les alevins et vendant leurs produits par l'intermédiaire d'un réseau commercial existant. Il est admis que l'intégration verticale présente de nombreux avantages; cependant, elle n'est ni obligatoire aux fins d'une gestion efficace ni caractéristique du niveau de développement économique d'un pays.

Organisation de l'aquaculture

La production actuelle de poissons d'élevage provient pour une large part des pays socialistes à économie planifiée, où l'élevage est effectué dans des fermes d'Etats, des communautés ou des fermes coopératives. Dans d'autres pays, la production est largement privée et de petits pisciculteurs dominent la scène. Au cours des dernières années, un certain nombre de petites entreprises est entré en campagne et la tendance récente à la diversification de la production industrielle et agricole promet l'intéressement accru des entreprises privées et des investissements considérables de capitaux privés. Dans les entreprises aquicoles créées et administrées essentiellement en fonction du profit financier, on recherchera une intégration verticale plus poussée. Bien qu'une classification rigide des schémas d'aquaculture préférés par les pays en développement et développés respectivement soit impossible, il est probable que l'on trouvera dans les pays en développement, même à l'avenir, un plus grand nombre d'entreprises artisanales et d'opérations de subsistance. L'intégration de l'aquaculture dans les programmes de développement rural est également possible dans les pays en développement.

La recherche, la formation et les autres services d'appui sont indispensables au succès de l'aquaculture, qu'elle soit artisanale ou industrielle; néanmoins, les services de vulgarisation sont infiniment plus nécessaires lorsque l'industrie est dominée par de petits opérateurs. L'aide gouvernementale à la recherche multidisciplinaire, à la formation pratique institutionalisée, à la production, à la distribution d'inputs et à la fourniture de crédits contrôlés est essentielle aux fins de la création et du fonctionnement d'une aquaculture commerciale.

La session reconnaît qu'il existe un certain nombre de techniques que l'on pourrait adopter, le cas échéant après modification, pour accroître la production. Les recherches relatives à certains systèmes ou espèces nouveaux en sont au point où il n'y aura pas de nouveaux progrès sans projets de production pilotes, y compris en matière technique. Ces opérations pilotes, de même que les programmes de production commerciale à grande échelle ont un besoin essentiel de soutien financier et institutionnel. On a suggéré que le groupe de la Banque mondiale, les banques régionales de développement, le groupe FAO/Banque et le Fonds international de développement agricole pourraient constituer des sources de financement pour de tels projets dans les pays en développement. On a exprimé l'espoir que les banques adopteront une politique ouverte en apportant leur appui à une industrie nouvelle, en devenir, comme l'aquaculture.

L'avenir de l'aquaculture

L'augmentation progressive de la production mondiale par l'expansion des superficies exploitées et les améliorations techniques qui permettent d'intensifier la pisciculture tendent à montrer que l'aquaculture en viendra à jouer un rôle de plus en plus important dans la production alimentaire. Même si l'on se borne à élargir l'utilisation des techniques existantes, la production mondiale devrait doubler au cours de la prochaine décennie. Il semble même possible de la multiplier par 5, voire par 10, à condition de pouvoir disposer de l'aide nécessaire dans les domaines scientifique, financier et administratif.

Le développement de l'aquaculture permet d'entrevoir des possibilités en dehors la production alimentaire. La culture des perles a été entreprise par des pays autres que le Japon; la culture des algues productrices de colloïdes prend de l'importance; l'élevage des poissonsappâts qui, jusqu'à tout récemment n'a intéressé que la pêche sportive, pourrait, semble-t-il maintenant, se révéler intéressante aux fins de la pêche commerciale, comme la pêche du thon. L'élevage des poissons d'ornement est une industrie très importante du point de vue économique et en pleine expansion. L'élevage industriel des crocodiles et autres animaux devient également possible.

Des méthodes écologiques bien conçues joueront certainement un rôle de premier plan dans l'expansion de l'aquaculture. Plusieurs méthodes sont offertes à cette fin: exploitation - utilisation des eaux usées chaudes, des effluents domestiques et municipaux, des déchets animaux et agricoles. Les upwellings artificiels pour amener l'eau de mer des hypolimnion, aux fins d'aquaculture, dans des étangs côtiers et les enclos flottants ou autres systèmes comportant un circuit seront également faisables ultérieurement; bien que les contraintes mécaniques et économiques apparaissent encore formidables.

L'expansion de l'aquaculture supposera sans aucun doute l'utilisation de nouvelles zones. Les marécages et mangroves côtiers figureront sans doute en bonne place en tant que sites potentiels. On ne saurait trop insister sur la nécessité d'un examen critique plus approfondi des incidences écologiques de la conversion de ces aires en stations d'aquaculture.

La mariculture et l'aquaculture (“sea ranching”, “sea farming” ou “culture-based fisheries”) ont fait, au cours des dernières années, la preuve de leur viabilité, tant du point de vue technique qu'économique, pour les espèces anadromes comme les saumons. On a également progressé dans l'élevage d'espèces dont les migrations sont plus limitées, comme les crevettes.

L'expansion de ce type de culture semble très prometteuse. Elle est néanmoins limitée aux régions tempérées du monde et il est nécessaire de se pencher de façon approfondie sur la recherche d'espèces pouvant convenir aux zones tropicales.

A l'occasion de l'examen des potentiels et contraintes liés au développement aquicole, la session a également rappelé combien il importe de réaliser des projets pilotes bien conçus pour différents types d'aquaculture dans diverses parties du monde. A cet égard, on a notamment mentionné la nécessité d'une assistance intégrée au développement et d'une coopération entre les organismes de financement pour favoriser les projets de recherche et de développement.

SESSION II

(Section 1)
Elevage en étang des poissons

Président:J.W. Avault
Rapporteur:R.O. Smitherman

Membres du groupe 
J.W. Avault:Etude générale des systèmes piscicoles convenant à la production industrielle
Y.A. Tang:Le choix du site, les plans et la construction des étangs piscicoles
H. Chaudhuri:La production et la distribution des alevins
E.M. Donaldson:Progrès techniques de la reproduction contrôlée des poissons
V.R.P. Sinha:La gestion des stations piscicoles
S. Sarig:L'ichtyopathologie et les mesures de luttes contre les maladies des poissons élevés en étang
H.R. Rabanal:Aspects économiques de la pisciculture en étang
  
Documents pertinents:
FIR:AQ/Conf/76/R.2,R.10,R.15,R.19,R.22,R.28,R.30,R.32,
/E.1,E.2,E.5,E.6,E.8,E.9,E.13,E.14,E.15, E.16,E.20,E.30,E.34,E.39,E.43,E.46,E.47, E.51,E.54,E.63,E.64,E.65,E.66,E.68,E.70, E.76,E.77,E.78,E.79,E.80,E.81

Etat de l'élevage des poissons

La pisciculture représente actuellement le secteur le plus important de l'industrie aquicole, assurant environ 75 pour cent de la production mondiale. Les augmentations les plus considérables de la production ultérieure de poissons seront sans doute liées à l'expansion des superficies exploitées ainsi qu'à l'utilisation de techniques nouvelles et améliorées. L'expansion de l'aquaculture est freinée entre autres par la concurrence entre plusieurs utilisations possibles des terres et des eaux, à laquelle on assiste dans de nombreux pays, y compris des pays en développement qui auraient grand besoin d'accroître leur production de protéines animales. Il existe néanmoins d'importantes superficies marginales pour lesquelles les conflits avec les utilisations traditionnelles comme l'agriculture sont minimes. Les mangroves dans les pays tropicaux sont particulièrement importantes à cet égard, mais les effets écologiques de leur mise en valeur à grande échelle donnent lieu à de graves préoccupations. Des études critiques s'imposent pour déterminer comment prévenir les conséquences néfastes sur le milieu et fournir des sites de reproduction et de développement appropriés pour les larves et les juvéniles de poissons et de crevettes. La polyculture, l'intensification des pratiques culturales actuelles et l'adoption de la rizipisciculture devraient permettre d'augmenter la production. En Inde et en Israël on a produit jusqu'à 10 tonnes par hectare et par an par des méthodes de polyculture. La culture intensive, avec alevinage à fortes densités, nourrissement et aération a permis de récolter jusqu'à 25 tonnes par hectare et par an en Israël. L'organisation de services de vulgarisation appropriés est seule à même d'assurer une plus large diffusion des techniques améliorées. On a démontré que l'intégration de l'agriculture, de l'élevage et de l'aviculture avec l'aquaculture est susceptible de porter au maximum l'ensemble de la production et le revenu du cultivateur.

L'adoption ou l'expansion de la pisciculture dans les rizières est freinée par les pratiques agricoles intensives modernes, qui supposent l'utilisation de pesticides et autres substances chimiques toxiques. Néanmoins, les recherches en cours à l'Institut international de recherche rizicole aux Philippines sur les variétés à maturation rapide ou flottantes, le développement de souches résistantes aux ravageurs et l'injection de pesticides dans le sol au lieu des pulvérisations que l'on utilise actuellement, donnent l'espoir de résoudre certains des problèmes.

Choix des sites et plans des stations piscicoles

L'expérience acquise dans différentes parties du monde met clairement en évidence l'importance capitale que revêtent le choix du site et les plans de la station quant à l'élevage des poissons en étang. Le site doit être choisi sur la base de données pertinentes sur l'hydrométéorologie de la région: pluviométrie, radiations et évaporation solaires et hydrologie: marées, étendue de bassin versant, fluctuations de la nappe phréatique et qualité des eaux. La connaissance des propriétés chimiques et physiques des sols, des principes fondamentaux d'engineering, de l'aménagement des fermes piscicoles et des relations économiques des opérations doivent être appliqués, aussi bien en matiére de sélection du site que de conception de la station. La plus grosse part de l'investissement en capital dans les projets de pisciculture étant liée à la construction de la station piscicole et une fraction importante des frais de fonctionnement étant absorbée par son entretien, le choix d'un site approprié ainsi que le design de la ferme revêtent une importance particulière.

Les étangs piscicoles côtiers remplis par l'action des marées représentent, d'aprés les estimations, environ 18 pour cent des stations piscicoles existantes. Les autres sont constituées par des étangs intérieurs, remplis par des ruissellements, par dérivation ou par infiltrations. Le choix du site convenant à une station piscicole cotidale est limité par les caractéristiques du relief et l'estrant. L'élaboration de systémes peu onéreux pour se procurer un appoint en eau accroîtrait grandement le nombre de sites disponibles. Un autre problème, de première grandeur, qui se pose, est celui de l'acidité du sol des marais côtiers, causée par l'accumulation de fer et de sulfates. Si un système de drainage d'interception pouvait être élaboré à peu de frais pour lessiver ces sels, le sol pourrait être amendé en très peu de temps. La tendance récente à l'intégration de la pisciculture avec les programmes de développement des ressources en eaux pourrait améliorer les disponibilités de sites propices à la création d'étangs intérieurs, alimentés en dérivation ou par infiltrations.

Reproduction contrôlée et production d'alevins

En dépit des progrès réalisés ces dernières années dans le domaine de la reproduction contrôlée de certains des poissons d'élevage, la production d'alevins continue à consister dans de nombreux pays dans la récolte de frai sauvage. L'insuffisance des approvisionnements d'hypophyses de poisson est l'un des obstacles à une plus large application des techniques de reproduction induite. La nécessité de créer des banques d'hypophyses et de rechercher de nouvelles sources de matériel hypophysaire (ainsi, le thon pourrait devenir plus aisément disponible auprès des conserveries), a été mise en évidence au cours des débats sur ce thème. Il importe aussi de disposer d'un nombre suffisant de reproducteurs en très bon état et de développer les compétences nécessaires pour améliorer le fonctionnement des écloseries afin d'accroître les possibilités de survie des larves.

Si, à l'heure actuelle, on s'intéresse davantage à l'application des méthodes de la première génération, déjà mises au point en matière de reproduction contrôlée, on devra à l'avenir s'intéresser tout particulièrement à cinq domaines de recherches: (a) l'accélération du développement des gonades, (b) l'induction de la reproduction, (c) l'inversion des sexes, (d) la stérilisation, et (e) la conservation des gamètes. On peut affirmer, en termes généraux, que la meilleure stratégie, aux fins de l'accélération de la maturation des gonades de poissons consiste actuellement à contrôler l'environnement. L'utilisation accrue d'hormones à cette fin sera fonction de la mise au point de capsules ou de boulettes libérant lentement certaines substances et qui peuvent être implantées chez les poissons. L'implantation à intervalles réguliers de boulettes de cholestérol contenant de la gonadotrophine, a été tentée avec des résultats encourageants. On peut induire à la reproduction soit en fournissant un environnement approprié, qui provoque la reproduction naturelle, soit encore en injectant des substances biochimiques naturelles ou synthétiques qui (i) stimulent la libération de gonadotrophine endogène par l'hypophyse, (ii) contiennent de la gonadotrophine exogène de mammifères ou de poissons, ou (iii) stimulent les stéroïdes naturels ou autres composés normalement induits par la gonadotrophine dans la gonade. A l'heure actuelle, les recherches ont surtout porté sur l'injection de gonadotrophine exogène de mammifères ou de poissons. Des recherches actives s'imposent pour isoler et synthétiser l'hormone du poisson libérant la gonadotrophine ou pour tester des analogues à LH-RH peut-être plus puissants chez les poissons. Réalisées avec succès, les inversions sexuelles pourraient avoir de nombreuses applications en pisciculture; elles se révèlent très urgentes pour l'élevage des tilapia. On a signalé que des alevins de Tilapia mossambica ayant ingéré pendant quatre semaines des doses de 30 mg/kg de méthyltestostérone ont produit 95 à 98 pour cent de mâles. Il importe de vérifier les effets de tels traitements sur l'acceptabilité du poisson aux fins de la consommation humaine. On n'a, semble-t-il, trouvé aucun moyen satisfaisant de stérilisation. Des progrès ont été réalisés en matiére de conservation du sperme d'un certain nombre d'espèces. On a obtenu avec le saumon rose (Oncorhynchus gorbuscha) jusqu'à 45 pour cent de fertilisations avec des laitances entreposées pendant un an dans de l'azote liquide.

La mise au point de méthodes de reproduction contrôlée et d'élevage en écloserie efficaces est très importante pour l'aquaculture. Cependant, l'industrie ne saurait prospérer sans une organisation appropriée de la production et de la distribution des alevins. Celles-ci peuvent constituer le point de départ d'une industrie spécialisée et distincte, comme c'est déjà le cas dans certains pays.

Aspects économiques

Le développement ultérieur de l'aquaculture sera, dans une large mesure, tributaire de son efficacité économique effective. Cependant, les données pertinentes essentielles continuent à être rares. Il est urgent de pouvoir recueillir et compiler les renseignements économiques susceptibles de permettre l'augmentation des investissements dans le secteur piscicole et de faciliter l'assurance et la gestion des risques des entreprises. Les investissements en capital sont très élevés dans ce domaine et l'on assiste à une tendance à économiser, ce qui entraîne l'inefficacité des opérations et des pertes de récoltes. On a prouvé que la pisciculture est rentable dans de nombreuses régions et des situations différentes; cependant, ces dernières années, le coût des inputs (aliments du poisson, engrais et semence, etc.) a subi une hausse rapide, sans que le prix du poisson produit ait augmenté en conséquence. L'adoption de techniques d'élevage intensif a entraîné une augmentation du rendement mais aussi des coûts de production. Ainsi, l'élevage intensif de Chanos suppose un peuplement très dense; or l'accroissement de la demande d'alevins et la baisse de l'offre, ont entraîné une majoration du coût de 1 000 pour cent en dix ans. Cela a engendré une tendance à élever des espèces très prisées, destinées à l'exportation, même dans les pays qui ont besoin de produire du poisson à bon marché pour nourrir leur population. La progression des rendements, la diminution des coûts de production et l'assurance d'obtenir un prix équitable constituent des étapes essentielles de l'amélioration de la rentabilité de la pisciculture.

La gestion des stations piscicoles et la lutte contre les maladies

L'importance capitale d'une gestion efficace, en vue d'assurer le succès de la pisciculture, a été tout particulièrement soulignée tout au long des débats. L'adoption de méthodes d'élevage plus intensives provoque en général une prise de conscience accrue des problèmes de gestion. Les risques de maladie et de mortalités massives, dus à différents facteurs de stress se multiplient. Les infestations parasitaires prédominent dans les eaux tempérées, les maladies bactériennes et virales, chez les stocks piscicoles des eaux froides. On a réalisé des progrès sensibles au cours des dernières années en matière de diagnostics, de méthodes de lutte contre les maladies et de thérapies. Une plus grande généralisation de ces progrès est de nature à réduire sensiblement les pertes futures. Il faudra que les recherches soient beaucoup plus poussées avant que l'on soit en mesure d'utiliser largement la vaccination préventive des poissons. Le développement de souches résistantes aux maladies, aux fins de l'élevage, revêtira un intérêt tout particulier dans les programmes piscicoles.

Récapitulant les débats de la session, on a recommandé les mesures spécifiques ci-après:

  1. Des études devraient être entreprises sur les caractéristiques physiques et d'environnement liées à l'aquaculture: température, pluviosité, types de sols, disponibilités d'eau et d'électricité, utilisation des terres, main-d'oeuvre, produits et aliments des poissons.

  2. On devrait évaluer les espèces convenant à l'élevage à l'égard des impératifs physiques et environnementaux de croissance rapide.

  3. Il faudrait élaborer pour chaque espèce des fonctions de production établissant un rapport entre niveaux physique et environnemental et coûts de production.

  4. Des cartes devraient être établies, sur la base des données précitées, dûment combinées; elles décriraient les sites convenant à l'élevage d'espéces déterminées, les coûts de production y afférents et les possibilités économiques.

  5. Il faudrait rechercher des sources de matériel hypophysaire provenant de poisson comme le thon.

  6. Des dépôts de sperme et de matériel hypophysaire devraient être envisagés sur une base régionale et internationale.

  7. On devrait examiner plus en détail les méthodes d'inversion des sexes et autres possibilités de contrôle des sexes.

  8. Des efforts concertés devraient être poursuivis sur la reproduction des espèces comme le Chanos.

  9. On devrait établir des méthodes améliorées pour la collecte et la distribution des alevins sauvages.

  10. Des souches de poisson résistant à certaines maladies devraient être créées par sélection.

(Section 2)
Elevage des crustacés

Président:H. Kurata
Rapporteur:P.A. Sandifer

Membres du Groupe 
R.A. Neal:La situation actuelle de la crevetticulture; ses problèmes et perspectives
H. Kurata:La crevetticulture au Japon
J. Perrot:L'élevage des crevettes et la production de semence
Y. Hirasawa:Aspects économiques de la crevetticulture
S.W. Ling:L'élevage de Macrobrachium
R.A. Shleser:Les méthodes d'élevage des homards et des crabes
  
Documents pertinents:
FIR:AQ/Conf/76/R.12,R.17,R.18,R.27,R.29,
/E.3,E.11,E.16,E.22,E.23,E.33,E.36,E.38,E.40, E.42,E.44,E.45,E.49,E.57,E.77

L'élevage des crustacés

Pour différentes raisons, on a assisté au cours de la dernière décennie à un intérêt puissant quant à l'élevage des crustacés et, notamment, des crevettes. Dans une certaine mesure, l'accroissement de la demande de crevettes et la production limitée de la pêche de capture, qui a entraîné une augmentation du coût du produit, expliquent cette tendance. Différentes formes d'élevage des crevettes existent traditionnellement en Asie; c'est cependant le succès qu'a connu le Japon dans la propagation de Penaeus japonicus qui a attiré l'attention du monde entier sur ce type d'élevage. Des recherches importantes sont en cours dans de nombreux pays; il convient cependant d'admettre que, dans l'ensemble, l'élevage des crustacés n'est pas sorti du stade de l'enfance, la production restant faible. Cependant, les progrès techniques des dernières années laissent entrevoir des perspectives brillantes.

Les travaux récents relatifs aux crevettes ont notamment porté sur la reproduction contrôlée des animaux et l'élevage massif des larves. Des progrès appréciables ont été réalisés dans ces domaines; de nouvelles améliorations s'imposent cependant. Il n'en est pas de même pour la phase suivante, c'est-à-dire la croissance, dans des conditions économiques satisfaisantes, des juvéniles jusqu'à une taille commerciale. Ce n'est que dans les domaines où le prix des produits est élevé (crevette kuruma au Japon, etc.) ou lorsque le coût de la maind'oeuvre et de la nourriture est faible que la production s'est révélée rentable. Les données documentant la viabilité des pêches d'élevage de crevettes au Japon deviennent accessibles. Depuis 1974, on a lâché dans la Mer Intérieure un total de 150 à 200 millions de juvéniles, ce qui apparemment a contribué à accroître les mises à terre de la pêche de capture. Le taux de récupération est estimé à environ 5,7 pour cent et l'on espère le porter à 10 pour cent. Ces résultats ainsi que ceux obtenus en polyculture de Macrobrachium et poissons permettent de fonder des espoirs sur la mise en route prochaine d'un programme de production de grande envergure. L'expérience des Etats-Unis permet d'envisager l'élevage des crevettes en conditions semi-contrôlées dans les baies naturelles.

La crevetticulture

Au cours des toutes dernières années on a réalisé des progrès importants dans les domaines de la maturation et de la reproduction de différentes crevettes pénéides. Plusieurs espèces, en particulier Penaeus merguensis, P. semisulcatus, P. japonicus, P. aztecus et P. monodon ont été portées à maturation et ont frayé en conditions contrôlées. Certaines et notamment P. merguensis ont atteint leur maturité et se sont reproduites en conditions naturelles. P. japonicus a frayé lorsqu'il est devenu possible de manipuler avec précaution les facteurs environnementaux (notamment la température et la photopériode) tandis que la plupart des espèces n'ont atteint leur maturité qu'après avoir subi l'ablation d'un pédoncule de l'oeil. L'adoption de cette technique permettra éventuellement de résoudre les problèmes liés à la dépendance des crevettes sauvages à l'égard d'un cycle de reproduction. Il se révèle souvent difficile et coûteux d'obtenir des crevettes matures en quantités suffisantes à partir de spécimens sauvages, ce qui limite aussi la disponibilité dans le temps des larves et des juvéniles aux fins de l'élevage.

Plusieurs améliorations ont été réalisées dans les méthodes d'élevage des crevettes. Certaines d'entre elles supposent une mesure importante de contrôle de l'environnement et l'utilisation de cultures monospécifiques de diatomés et d'aliments composés. Ces améliorations ont entraîné des taux de survie élevés. Dans les débats relatifs à l'élevage des larves, on s'est surtout penché sur les approvisionnements en Artemia, pour nourrir les larves. Plus de 60 souches d'Artemia salina existent dans le monde et l'on connaît nombre de ressources inexploitées. On a suggéré que la FAO participe à la collecte des informations relatives à ces ressources. Des études sur la biologie et l'écologie d'Artemia devraient aussi être entreprises pour servir de base à une amélioration de la production et de l'exploitation en milieu naturel ou artificiel. Pour conserver les disponibilités actuelles il faut élaborer des méthodes plus efficaces et plus rentables d'éclosion et d'utilisation des cystes d'Artemia.

Des travaux sont en cours dans de nombreux pays pour identifier des produits de remplacement des Artemia et certains résultats intéressants ont déjà été obtenus. Gammarus, Brachionus et des chironomidés ont été expérimentés avec succès. Il convient d'encourager de nouveaux efforts dans cette direction.

L'élevage des crevettes destinées à être commercialisées a récemment tendu à être réalisé par monoculture intensive. Dans certains pays asiatiques, on a accru le rendement par unité de superficie dans des étangs d'eaux saumâtres en améliorant les méthodes traditionnelles. L'élevage de P. monodon se révèle très prometteur en Asie, où l'on a obtenu une production satisfaisante en élevant des juvéniles sauvages dans des étangs. L'élevage de P. merguensis a des chances de devenir plus intensif dans la plupart des pays de l'Asie du Sud-Est, compte tenu de l'élaboration de méthodes simples de maturation et de reproduction.

On s'est efforcé d'adopter des méthodes plus intensives pour l'élevage des crevettes au Japon et aux Etats-Unis. Un système produisant 20 à 30 tonnes par hectare et par an et 4 tonnes par an/homme a été élaboré dans l'eau courante. Des unités de croissance en circuit fermé ont été expérimentées aux Etats-Unis. Dans les deux cas, le coût constitue le principal obstacle.

Des progrès considérables ont été réalisés dans la mise au point de régimes alimentaires composés pour les crevettes, qui donneraient de bons résultats en termes de croissance et de rentabilité économiques. Dans l'ensemble, il semble néanmoins indispensable de s'attacher davantage à produire des aliments naturels pour les crevettes dans des étangs et à adopter des régimes alimentaires combinés associant des systèmes écologiquement équilibrés avec une alimentation d'appoint. Des tentatives en ce sens sont en cours dans certains centres situés en Asie et en Amérique latine. Lors de l'examen de la nutrition et de l'alimentation, on a souligné que les différences constatées entre plusieurs espèces de crevettes devront être approfondies. Il semble que l'on se trouve en présence de différences sensibles quant aux besoins protéiques des différentes espèces de crevettes d'élevage. Les besoins écologiques pourraient également varier en ce sens. Aussi a-t-on instamment recommandé d'en revenir à l'étude de la biologie fondamentale des crevettes, après s'être concentrés pendant des années sur les techniques d'élevage.

Les expériences de mariculture ou de développement de la pêche d'élevage des crevettes dans la Mer Intérieure du Japon montrent que le principal obstacle à la survie des juvéniles lâchés dans la mer est la prédation intensive par certaines espèces de poisson. Pour y pallier, on a conçu des terres dotées de marées artificielles, afin de contrôler les conditions environnementales et de prévenir la prédation des juvéniles relativement sédentaires.

L'élevage de crevettes n'a pas encore fait l'objet d'évaluations économiques détaillées dans différents contextes; il est cependant clair qu'un des principaux éléments du coût de production dans les systèmes intensifs est le prix de la nourriture. Compte tenu de ses importantes répercussions sur le succès des opérations, il faut concentrer et accroître les efforts de recherche pour produire des aliments moins onéreux et améliorer l'efficacité de la conversion alimentaire. Comme on l'a déjà signalé, la rentabilité de l'élevage des crevettes dans de nombreuses zones du Japon est essentiellement fonction du prix élevé des crevettes vivantes élevées dans le pays. Cela a permis aux crevetticulteurs d'adopter des méthodes d'élevage intensif supposant des investissements de capital importants et des coûts de production élevée.

L'élevage de Macrobrachium

La propagation artificielle de la grosse crevette d'eau douce Macrobrachium rosenbergii en Malaisie en 1962 a suscité l'intérêt du monde entier et des recherches visant à développer un système d'élevage économiquement viable sont maintenant en cours dans de nombreux pays. Actuellement, on dénombre plus de 20 organisations étudiant Macrobrachium dans les seuls Etats-Unis d'Amérique. Des améliorations sensibles des techniques d'élevage des larves ont été réalisées en Hawaii (Etats-Unis) et elles ont été suivies de la mise en route d'un petit nombre de stations commerciales. En Asie du Sud-Est et notamment en Thaïlande, de petites écloseries privées se multiplient de même que les opérations d'élevage jusqu'à la taille commerciale. Dans les pays développés, on met l'accent sur les systèmes d'élevage intensif et l'un des principaux problèmes inhérent à leur développement est le coût élevé des aliments. Bien que des formules alimentaires aient été employées dans l'élevage de M. rosenbergii aux stades larvaire et juvénile, le succès a été limité en ce qui concerne les larves.

Les possibilités d'élever une douzaine d'espèces de Macrobrachium ont été expérimentées; à l'heure actuelle, l'espèce la plus largement utilisée est M. rosenbergii. Il a été observé que M. lanchesteri et M. malcolmsonii bénéficient également d'un potentiel d'élevage important.

Homards, langoustes et crabes

L'élevage du homard américain Homarus a suscité une attention plus générale au cours des dernières années. On peut habituellement élever cette espèce en captivité. La période allant de l'accouplement à l'éclosion des oeufs a été ramenée en laboratoire à huit mois, contre deux ans à l'état sauvage. La technique d'élevage des larves a sensiblement progressé et l'on a obtenu des taux de survie allant de 70 à 80 pour cent. L'élevage en système clos, avec nourrissement automatique, a donné des résultats très encourageants. L'élevage de post-larves, pendant quatre stades larvaires complets a été réalisé en dix jours à 22°C. Par suite de leur tendance au cannibalisme, on a adopté des mesures d'élevage individuel. Différents types d'enclos individuels ont été expérimentés: piles de réservoirs avec circulation d'eau du bas vers le haut dans la baie de Bodega et système circulaire, avec eau coulant du haut vers le bas, à San Diego. L'expérience montre qu'en portant l'eau à 22°C, le temps de production d'un homard de taille commerciale (450 g) peut être ramené de 7 à 9 ans (en mer) à environ 2 ans. Aussi, la clé de l'élevage commercial du homard américain réside-t-elle peut-être dans la fourniture à peu de frais de quantités appropriées d'eau tiède. On a évalué plusieurs méthodes peu onéreuses de fourniture de chaleur (circuits fermés, réutilisation partielle des eaux avec traitement des déchets et utilisation des effluents thermiques des usines hydro-électriques, etc.). Des progrès ont été réalisés dans la détermination des besoins protéiques et d'acide gras de H. americanus. Des travaux sont en cours pour formuler des régimes peu coûteux, possédant de meilleures caractéristiques de croissance; il est cependant indispensable de poursuivre les recherches sur la composition des régimes alimentaires et leur stabilité.

On a obtenu des hybrides de H. americanus avec le homard européen H. gammarus et les caractéristiques de leur progéniture sont actuellement à l'étude. La reproduction sélective de homard sans yeux dont la croissance est plus rapide (environ 35 pour cent) que celle des homards normaux, a été signalée. Il s'ensuit que l'on devrait pouvoir produire un animal de 500 g en 12 à 15 mois à 22°C. Si l'on dispose de quantités suffisantes d'eau réchauffée à un coût raisonnable, la production de Homarus de taille commerciale, à un prix compétitif, devrait devenir possible. Les recherches ont donc, semble-t-il, atteint le stade où des opérations à l'échelle pilote s'imposent pour évaluer la viabilité économique de telles entreprises.

Bien que la plupart des travaux récents aient porté sur l'élevage des homards américains, quelques recherches sur la possibilité d'élever des langoustes ont également été entreprises aux Etats-Unis, en Australie et aux Bahamas. Ces dernières ne sont pas cannibales; il serait donc plus facile de les élever. Les stades post-larvaires et juvéniles capturés dans des lagunes ont été utilisés aux fins de l'élevage expérimental aux Bahamas et à Tahiti. On signale une possibilité de produire des spécimens d'à peu près 500 g en un an environ à Tahiti. Des recherches plus poussées s'imposent pour permettre la reproduction en captivité et l'élevage des larves en conditions contrôlées.

En ce qui concerne l'élevage des crabes, en dehors de quelques opérations de faible envergure utilisant des juvéniles sauvages dans certains pays du sud-est asiatique, les progrès n'ont été que très limités. Les tendances cannibales des adultes constituent l'un des principaux problèmes et l'on n'a pas encore élaboré de méthode économique pour les éviter ou réaliser des taux de survie minimums. Plusieurs groupes effectuent des recherches sur la reproduction et l'élevage de larves de différentes espèces.

(Section 3)
Elevage des mollusques

Président:P. Korringa
Rapporteur:K. Mackay

Membres du Groupe 
J.B. Glude:L'ostréiculture
A.M. Figueras:La mytiliculture
S. Mizumoto:L'élevage des huîtres perlières
P. Korringa:Aspects économiques de la mytiliculture
K. Chew:Le potentiel d'expansion de la mytiliculture
D.A. Hunt:L'épuration des mollusques
  
Documents pertinents:
FIR:AQ/Conf/76/R.3, R.7, R.11, R.13, R.16, R.19, R.34,
/E.7, E.28, E.37, E.52, E.58, E.69

Etat actuel de l'élevage des mollusques

Les mollusques forment un groupe important d'organismes d'élevage et la production aquicole à ce titre dépasse le million de tonnes. Ils constituent le meilleur moyen de développer la mariculture dans l'immédiat. Etant donné que leur taux de conversion de la production primaire est très efficace, ils présentent un certain nombre d'avantages par rapport à un grand nombre d'autres espèces et, dans l'ensemble, le coût de leur production est relativement faible. La plupart des espèces de mollusques sont élevées pour l'alimentation humaine; certains sont cependant employés comme aliments pour les animaux, comme c'est le cas pour les moules en Thaïlande. L'élevage des huîtres et d'autres mollusques pour la production de perles, qui a son origine au Japon, s'est étendu à d'autres pays, comme la Chine et l'Australie. Depuis 1966, date à laquelle la production perlière a atteint un niveau maximum, l'industrie a grandement décliné. Cela est dû, semble-t-il, aux techniques de production massive adoptées et à la détérioration de la qualité des perles qui en est découlée. La culture des perles a également subi le contrecoup de la pollution aquatique, qui a entraîné des mortalités élevées d'huîtres perlières et la détérioration de la qualité des perles.

Les huîtres et les moules sont les principaux mollusques actuellement élevés à grande échelle. Les palourdes, les coques, les ormeaux et les coquilles St-Jacques sont produits dans certains pays. Bien que la pollution du milieu et d'autres problèmes aient affecté l'ostréiculture dans certaines régions, la production mondiale totale est certainement en augmentation. Toutes les méthodes normalisées patiemment mises au point continuent à être appliquées, cependant on pratique de plus en plus l'élevage au-dessus du fond. La méthode des lignes flottantes permet d'utiliser les zones moins protégées aux fins de l'ostréiculture et de la mytiliculture. Les lignes opposent moins de résistance aux vagues et au vent et sont moins exposées aux poissons prédateurs. Les dépenses en capital ne sont pas plus élevées que pour les radeaux, alors que les lignes permettent une plus grande souplesse d'exploitation. La conception et la construction des installations d'élevage de mollusques demandent davantage de connaissances mécaniques. Il faut aussi appliquer des méthodes visant à accroître la production primaire (apport d'engrais, etc.) pour obtenir des rendements satisfaisants.

Quant aux espèces élevées, on a importé de grosses quantités de Crassostrea gigas en Europe, et notamment en France, pour maintenir les populations ostréicoles décimées par des mortalités massives d'espèces indigènes. On étudie actuellement les possibilités d'élever quatre nouvelles espèces d'huître de mangroves: Crassostrea rhizophorae à Cuba, C. tulipa en Sierra Leone, C. braziliana au Brésil et C. belcherii au Sabah.

En ce qui concerne les techniques, on citera notamment l'utilisation d'écloseries pour produire du naissain, le début d'une modification génétique des stocks ainsi que des expériences visant à élever des huîtres en milieu contrôlé, jusqu'à ce qu'elles aient atteint une taille commerciale. Il existe actuellement aux Etats-Unis douze écloseries commerciales d'huîtres. Les souches d'huîtres résistantes à l'haplosporidé Minchinia nelsoni ainsi que des souches à coquille de forme améliorée, qui permettent un meilleur rendement de chair ont été développées en Virginie (Etats-Unis). L'ostréiculture en circuit fermé pratiquée à l'Université du Delaware (Etats-Unis) a été signalée en session.

Mytiliculture

On s'intéresse de plus en plus à la mytiliculture et l'on emploie un nombre de plus en plus grand d'espèces. L'élevage de Perna perna au Venezuela, de Mytilus edulis aoteanus et P. canaliculus en Nouvelle Zélande est récent. Choromytilus choro et M. edulis chilensis, qui sont des espèces importantes, poussent plus vite que M. edulis au Chili.

Cinq types de techniques sont employées en mytiliculture; ils sont adaptés aux conditions locales hydrographiques et socio-économiques. On citera la culture de fond (Pays-Bas), la culture en bouchot (côte atlantique française), la culture sur radeaux (Espagne), la culture sur rateliers (Italie, Yougoslavie) et le système de collecteurs submergés de naissain, en bambou (Philippines). Tous ces sytèmes présentent des avantages et des inconvénients. Ce sont les conditions socio-économiques qui déterminent généralement la méthode préférée dans une region donnée.

Un système comme celui des Pays-Bas, dans lequel on emploie des embarcations assez grandes, gréées pour la pêche et la plantation des moules suppose que l'on envisage des entreprises suffisamment importantes pour que l'élevage soit rentable; le système philippin, par contre, permet des opérations à petite échelle, par exemple sur une base familiale.

La culture sur le fond, pratiquée aux Pays-Bas, présente l'avantage de pouvoir être largement mécanisée, aussi la production par opérateur est-elle élevée. Son inconvénient est que les crabes ou les étoiles de mer, prédateurs benthiques, ainsi que le parasite Mytilicola intestinalis atteignent plus facilement les moules. Une culture suspendue, d'un radeau dans les zones où l'estrant est important ou d'un râtelier lorsque l'estrant est faible, a pour avantage de permettre l'élevage des moules là où l'eau est assez riche en plancton mais où les dépots existant sur le fond sont trop mous et boueux pour permettre l'implantation des moules.

Les inconvénients des cultures suspendues sont: les faibles possibilités de mécanisation et l'encrassement des cordages supportant les moules par les ascidiens, les anatifes, les hydroïdes, les bryozoaires et les éponges.

La production espagnole a connu un essor considérable au cours des dernières années; elle est passée de 300 000 à 400 000 tonnes par an et son accroissement est essentiellement dû à la progression de l'industrie espagnole. Environ 40 pour cent de la production de ce pays est vendue à l'état frais, le reste est transformé. L'augmentation de la densité des moules cultivées sur radeaux provoque des problèmes liés à l'accumulation des détritus au voisinage des radeaux. On a suggéré que des recherches soient entreprises à ce sujet.

Il existe incontestablement des possibilités intéressantes d'introduction de la mytiliculture dans des pays dotés de sites convenables. Néanmoins, la commercialisation et la promotion d'un produit myticole peut présenter des problèmes dans certains pays, lorsque l'acceptation des consommateurs est faible. Les conditions de production sont généralement favorables dans les zones tropicales, où la température de la mer est élevée et le coût de la main-d'oeuvre relativement faible. Bien que la technologie fondamentale de production soit connue, les méthodes existantes devront être améliorées et il faudra en élaborer de nouvelles pour résoudre les problèmes auxquels doivent faire face les producteurs. On a suggéré en session qu'une commission internationale soit créée sous l'égide de la FAO pour examiner les problèmes et planifier les études biologiques, technologiques, économiques et régulatrices ou administratives qui s'imposent.

Epuration des mollusques

La qualité bactérienne des produits est particulièrement importante dans le cas de l'élevage des mollusques qui sont consommés crus dans de nombreux pays. Cela a conduit à adopter dans certains pays des normes de qualité pour les produits et des normes pour la qualité de l'eau dans d'autres. On procède souvent à l'épuration ou à la purification contrôlée des mollusques recueillis dans des eaux polluées. L'industrie adopte parfois des mesures analogues pour rafraîchir, ou conditionner le produit ou en éliminer le sable et les matières étrangères avant de les commercialiser. L'ancienne technique du traitement chloré est maintenant remplacée par une application de rayons ultraviolets ou d'ozone. La conception et le fonctionnement d'une usine d'épuration se fondent sur le maintien de conditions favorables aux mollusques pendant tout le cycle d'épuration. Les prélèvements aux fins d'examen bactériologique constituent la seule façon de déterminer si l'épuration a été effectivement réalisée. Alors qu'un certain nombre d'études ont été faites, on n'a pas établi le nombre maximum de particules virales que l'on peut tolérer dans les mollusques recueillis pour être épurés. Les normes microbiologiques recommandées ou adoptées varient selon les pays. L'accord est cependant général quant à la nécessité de choisir des eaux non polluées pour élever des mollusques et d'épurer les produits lorsque les eaux sont polluées.

(Section 4)
Intégration de l'aquaculture dans l'agriculture et la production animale

Président:S.W. Ling
Rapporteur:V. Gopalakrishnan

Membres du Groupe 
E. Woynarovich:Combinaison de l'aquaculture avec l'élevage animal
M.J. Vincke:L'élevage de poisson en rizières irriguées
K.G. Rajbanshi:Problèmes dérivant de la combinaison de l'aquaculture avec l'agriculture et l'élevage
S.W. Ling:Potentialités pour l'expansion de l'aquaculture combinée avec l'agriculture et l'élevage
  
Documents pertinents:
FIR:AQ/Conf/76/R.6, R.10, R.19, R.22, R.35,
/E.17, E.20, E.29

On prévoit qu'à l'avenir l'aquaculture sera pour une large part étroitement associée au développement rural intégré des pays en développement, lorsque l'amélioration des conditions de vie des populations rurales y fait figure de priorité nationale. Le sous-emploi et la faiblesse des revenus des agriculteurs constituent des problèmes majeurs dans la plupart de ces pays et il ressort à l'évidence de l'expérience acquise en Asie que la combinaison de l'aquaculture avec l'agriculture et/ou l'élevage peut constituer une façon tout à fait efficace de les résoudre. Aussi la session s'est-elle efforcée d'évaluer les méthodes existantes et d'examiner les possibilités d'expansion ultérieure.

Combinaison de l'aquaculture avec l'élevage animal

Le recyclage des déchets animaux par l'aquaculture est très répandu en Chine et la pisciculture y est combinée avec la production d'autres animaux. On élève des canards et des oies avec des poissons dans un grand nombre de pays de l'est européen et des pratiques analogues ont été introduites avec succès, à l'échelle pilote, dans certains pays asiatiques et africains. Dans le cas de l'élevage associé des poissons et des canards, l'effet fertilisant des fientes de canards accroît la productivité biologique et, par suite, la production piscicole. L'expérience de l'est européen suggère qu'environ 500 volatiles peuvent être élevés sur un étang d'un hectare. On estime qu'ils produisent environ 3 tonnes d'engrais organique par an; susceptibles de contribuer à une production accrue, de l'ordre de 120 à 180 kg de poisson.

On a signalé des taux moyens annuels de production allant jusqu'à 3 500 kg/ha dans ce type d'opération au Taíwan, province chinoise. L'expérience de la Hongrie montre que la pisciculture associée à l'élevage de canards peut être employée pour amender les sols sodiques et les rendre cultivables.

En Chine, le fumier de porc est un produit de porcherie aussi important que la viande de porc, le jambon et le bacon. Dans d'autres pays où la pisciculture associéc à l'élevage des porcs a été expérimentée, on a également montré qu'il s'agit d'un moyen efficace d'éliminer les déchets, associé à des économies sensibles du coût des engrais destinés à la production piscicole. Il faut cependant prendre soin d'éviter de polluer l'eau des étangs et de la contaminer par des organismes infectieux. Le maintien de conditions salubres importe tout particulièrement dans ce type d'opération.

L'un des problèmes auxquels il faut faire face en combinant l'aquaculture avec l'élevage de porcs ou de canards réside dans la difficulté qu'il y a de disposer à la fois de compétence en matière de pisciculture et d'élevage. Il importe de maintenir un équilibre entre les deux éléments, étant donné qu'en se concentrant davantage sur l'un on risque de porter préjudice à l'autre. Ainsi, dans l'élevage des canards associé à la pisciculture, on peut produire une tonne de viande de canard tous les 45 à 50 jours, et cela engendre des rentrées d'argent plus fréquentes qu'avec le poisson, dont la récolte est effectuée à intervalles moins fréquents. On peut alors être amené à s'intéresser davantage aux canards qu'aux poissons. Au contraire, il arrive fréquemment que l'on dispose d'installations adéquates pour les écloseries et les soins aux poissons et l'on n'obtient des canetons de bonne qualité qu'avec la plus grande difficulté. Au cours des débats, la nécessité de disposer d'un manuel pratique de pisciculture associée à l'élevage des canards ou des porcs a été soulignée.

Combinaison de l'aquaculture avec l'agriculture

La forme la plus courante d'agriculture associée à l'aquaculture est la culture combinée de poisson et de riz. Au départ, la combinaison de ces formes de production alimentaire présente de nombreux avantages. Néanmoins, la riziculture reste la principale préoccupation. Aussi la pisciculture doit-elle être adaptée aux impératifs de la production rizicole: niveau de l'eau, drainage, récolte, etc. La pisciculture dans les riziéres et, dans une moindre mesure, certaines formes de production de crevettes, également dans les riziéres, existent en Asie depuis de nombreuses années. On les a expérimentées dans un certain nombre de pays africains et la pratique en est courante à Madagascar. Quatre pays européens au moins, deux pays d'Amérique latine et certains états méridionaux des Etats-Unis d'Amérique ont adopté ce type de pisciculture sur une échelle limitée. Suivant la nature et le niveau des opérations, la production piscicole varie entre 100 et 2 250 kg/ha. Dans aucun des pays considérés, on n'a assisté à une expansion de la rizipisciculture au cours des dernières années; au contraire, on observe des signes évidents de déclin dans un grand nombre d'entre eux. Parmi les principales raisons on citera l'emploi de fortes doses d'engrais, de pesticides et d'herbicides persistants; l'utilisation croissante de variétés de riz courtes à haut rendement dans des riziéres à niveau d'eau peu élevé; enfin, la fragmentation des rizières dans certains pays, en liaison avec les lois agraires et successorales. Toutefois, les avantages éventuels de l'utilisation des riziéres aux fins de la pisciculture dans les pays en développement ayant grand besoin d'accroître leur production de protéines animales sont si importants qu'il faut résister à la tentation de conclure que les pratiques rizicoles modernes sont incompatibles avec la pisciculture. Même si le pourcentage de rizières irriguées affectées à cet usage devait être faible, l'apport de la production piscicole accrue qui y serait liée serait appréciable. Il faut donc rechercher des possibilités de concilier les impératifs opposés, afin de développer les techniques appropriées simultanément aux deux utilisations. Comme on l'a rapporté au sein de la session l de la Conférence, quelques progrès ont déjà été signalés quant au développement de variétés de riz résistantes aux insectes, ce qui pourrait conduire à réduire ou à éliminer l'emploi des insecticides. L'application des insecticides aux racines et l'emploi d'engrais pré-fermentés semblent également riche de promesses.

Aquaculture associée à l'agriculture et à l'élevage

Si, dans la plupart des cas, on s'est efforcé d'associer l'aquaculture soit à l'agriculture, soit à l'élevage, on se trouve parfois en présence de systèmes intégrés combinant les trois éléments. Ils offrent de nombreuses possiblités d'utilisations rentables des étangs et terres avoisinantes pour la production de poisson, de légumes, de céréales, de volailles, de porcs et même de bétail. Dans certains régions, on peut même pratiquer la sylviculture, en liaison avec la pisciculture en étangs. Ces systèmes intégrés sont particulièrement intéressants aux fins des programmes de développement rural et méritent d'être encouragés par les gouvernements nationaux et les banques internationales. Une planification appropriée des différentes activités s'impose en cas d'intégration et de mise en oeuvre harmonieuse, afin de réaliser une production maximum jointe à une utilisation optimum des ressources. L'infrastructure et les services d'appui nécessaires devront être fournis, de même que les crédits et les gestionnaires compétents. Il y aurait lieu de démontrer les avantages qu'il y a d'intégrer différentes formes d'élevage, d'agriculture et de pisciculture et le rendement protéique potentiel devrait être établi.

(Section 5)
L'aquaculture en raceways, en cages et en enclos

Président:V.R. Pantulu
Rapporteur:A.G. Coche

Membres du Groupe
J. Kato:Plan des installations d'aquaculture
D. Møller:Elevage en cages et en enclos
M. Delmendo:Economie comparé de l'élevage en raceways, en cages et en enclos
V.R. Pantulu:Potentiel d'expansion de l'élevage en cages et en enclos dans les pays en développement
  
Documents pertinents:
FIR:AQ/Conf/76/R.15, R.20, R.26, R.37,
/E.5, E.10, E.19, E.30, E.32, E.35, E.43, E.51, E.53, E.54, E.72, E.73

La pisciculture en cages, en enclos, en raceways ou autres types d'aquaculture en eau courante, ont un assez long passé dans certaines parties de l'Asie. Leur intérêt et leurs applications sont devenus particulièrement évidents dans la situation actuelle. De nos jours, l'aquaculture est surtout partiquée à terre et la possibilité de pouvoir disposer de terrains situés à proximité de points d'eau appropriés devient rapidement un facteur limitatif dans les pays développés ainsi que dans certains pays en voie de développment. D'autres états risquent également de se trouver confrontés à une telle situation dans un avenir relativement proche et cela a conduit à “redécouvrir” ces systèmes, qui ont d'ailleurs été très sensiblement améliorés à la suite d'expériences et d'innovations. Nombre de pays développés les ont adoptés à l'échelle commerciale.

Sites propices à l'élevage en cages et en enclos

L'élevage en cages et en enclos est en général réalisé dans des baies, des lacs, des réservoirs, de petits cours d'eau ou des canaux d'irrigation protégés. Le nombre de sites pouvant être affectés à ce genre d'entreprise est encore suffisant dans la plupart des pays; cependant, là où les opérations piscicoles ont pris de l'extension, le surpeuplement des cages ou la construction d'un nombre trop grand d'enclos ont tendu à affecter la circulation d'eau et à accélérer l'envasement. Dans certains cas aussi, des problèmes graves de pollution des eaux ont été provoqués par le surpeuplement des cages dans les régions encloses. Aussi a-t-on maintenant tendance à repousser les cages vers le large; cela suppose des ouvrages de génie importants. Des études sont en cours au Japon pour mettre au point des brise-lames flottants, rigides ou souples, situés au large. Une statione maricole expérimentale, enclosé par des filets, est utilisée au Japon depuis quelques temps et produit environ 500 tonnes de sérioles (Seriola) par an. Submergée au large elle est ainsi protégée contre les typhons. Les aspects juridiques et environnementaux sont particulièrement importants dans le choix de sites appropriés à de telles installations.

Elevage en cages et en enclos

Des cages et des enclos de différents types ont été mis au point ces dernières années et utilisés avec succès. Les espèces les plus fréquemment élevées dans les cages de conception moderne sont les saumons (Oncorhynchus, Salmo), les truites (Salmo spp.), le silure américain (Ictalurus) et la sériole. Traditionnellement certains pays asiatiques utilisent les espèces indigènes de poissons-chats et de carpes communes. L'élevage de Chanos en enclos a pris une extension considérable aux Philippines ces dernières années. L'élevage de Tilapia en cages a également été entreprise à petite échelle dans un certain nombre de pays. La méthode d'élevage en cages de filets flottantes, adoptée au Japon et produisant environ 100 000 tonnes/an (dans 7 000 cages), a été jugée susceptible d'être utilisée dans les pays en développement. Les problèmes de la putréfaction et de l'usure des filets sont maintenant suivis avec beaucoup d'attention. En République Fédérale d'Allemagne, ils ont été résolus par l'utilisation de cages sphériques rotatives. Dans la plupart des cas et notamment pour la pisciculture en cages, la production est dans une très large mesure tributaire de l'efficacité alimentaire. La nature du site et les facteurs environnementaux, notamment l'oxygène dissous, la vitesse et la circulation de l'eau ont également leur importance. La modernisation de ces types de culture est dans une large mesure limitée aux pays développés. L'élevage du Chanos en enclos aux Philippines, qui a connu un essor très considérable et rapide fait exception. Les principaux obstacles à une diffusion plus générale de ces systèmes dans les autres pays en développement semblent résider dans le manque de crédits et d'aliments appropriés, et dans l'insuffisance de l'aide technique. Il faut également signaler la nécessité de démontrer les méthodes modernes d'élevage en cages, en enclos/parcs et en raceways; à cette fin, des projets pilotes devront être établis en certains lieux particulièrement importants. Lors de l'examen de la question, on a suggéré que soit préparé un manuel de la pisciculture en cages, qui comporterait des détails sur différents types de cages, sur les techniques d'élevage et sur l'aspect économique des opérations. Le représentant du journal “The Commercial Fish Farmer and Aquaculture News” a signalé qu'il se propose de publier au cours de l'année une série d'articles sur la pisciculture en cages et il sera heureux d'y inclure un catalogue des plans de cages.

Economie comparée de la pisciculture en cages, en enclos et en raceways

Chacune de ces méthodes est applicable à la production de poisson, de crustacés et de mollusques, mais l'économie de leurs opérations constitue un aspect important de leur adoption à plus ou moins grande échelle. Les dépenses initiales en capital sont les plus fortes en raceways et les moins élevées en cages. Par contre, les enclos/parcs utilisés aux fins de la pisciculture extensive entraînent ensuite les dépenses annuelles les plus élevées. D'où la nécessité de chercher à réduire les dépenses initiales de capital sans perte d'efficacité et/ou accroissement des frais d'entretien et de fonctionnement annuel. La nourriture est l'élément majeur du coût de production annuel dans chacune des trois méthodes, dépassant en moyenne 55 pour cent. On pourrait réduire les frais de nourriture en utilisant pour les élever en enclos des espèces herbivores ou planctonivores; cela n'est cependant possible que dans les eaux ayant une forte production primaire comme la Laguna-de-Bay aux Philippines. La maind'oeuvre nécessaire pour récolter les poissons élevés en enclos est également un facteur relativement élevé du coût. La protection des stocks contre le braconnage ou les vols est un problème répandu et peut entraîner des frais élevés.

Il semble qu'il n'y ait pas de différence sensible entre les divers types d'élevage du point de vue biologique (conversion alimentaire, taux de croissance et de survie) lorsque la qualité de l'eau est bonne et que les méthodes sont appliquées avec soin.

Etudiant le potentiel d'expansion de ces formes d'élevage à forte densité dans le monde, la session a évoqué les lagunes sub-tropicales et tropicales, particulièrement importantes. Pour faire face à la demande croissante de poisson des zones urbaines, il sera avantageux d'établir des systèmes d'élevage intensifs au voisinage des villes et des bourgs. On a suggéré que les instances chargées de planifier les cités futures devraient être encouragées à prévoir des installations de pisciculture intensive. Dans les pays en développement où celle-ci est très répandue, il faudrait prendre des mesures pour apporter aux pisciculteurs une aide technique et financière. La création d'usines fabriquant des aliments pour les poissons à partir d'ingrédients locaux et la mise en place de stations d'alevinage qui produiraient régulièrement du matériel de stockage devraient bénéficier d'une aide technique et les banques devraient être appalées à avancer des fonds. Lorsque la pisciculture intensive n'est pas encore très répandue, il faudrait mettre en oeuvre des projets pilotes.


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