8. Le secrétariat a présenté le document CIFA/83/2 qui met en évidence l'importance de la pêche artisanale dans l'Afrique continentale et souligne que, pour soutenir son développement, il est nécessaire de disposer de services de vulgarisation halieutique forts et efficaces. On a fait observer que, si la production totale des captures continentales africaines est d'environ 1,5 million de tonnes par an, celle de l'aquaculture ne représente qu'une partie relativement faible du total. C'est pourtant l'aquaculture qui possède à long terme les plus grandes potentialités d'augmentation de la production. A court terme, on peut néanmoins augmenter grandement la production de protéines de poisson en accroissant légèrement les captures tout en réduisant les pertes après récolte, lesquelles atteignent peut-être actuellement vingt pourcent des captures totales, soit 300 000 tonnes par an. En conséquence, les orateurs se sont longuement penchés sur les activités de vulgarisation en matière d'aquaculture, de capture de poissons, de traitement et de commercialisation.
9. Treize documents ont ensuite été présentés par des participants, traitant des divers aspects de la gestion et des problèmes de la vulgarisation en matière d'aquaculture et de pêche de capture en Afrique continentale. Les documents et débats ont cerné un certain nombre de problèmes et de difficultés auxquels se heurtent les services de vulgarisation et qui peuvent être groupés en quatre catégories:
Définition d'objectifs, de politiques et de stratégies pour les services de vulgarisation en matière de pêche:
les fonctions d'aménagement et de mise en application sont souvent mêlées aux fonctions de développement du service de vulgarisation;
les objectifs et les contradictions internes éventuelles (production accrue, équité, prix préférentiels pour les consommateurs, prix accrus pour les pêcheurs, auto-dépendance, subventions, etc.) ne sont pas toujours clairement visualisés et résolus;
trop souvent un service de vulgarisation existe, mais il n'est pas orienté dans son fonctionnement par un programme réaliste de développement intégré des pêches;
il arrive souvent que l'élaboration des plans se fasse sans une participation suffisante de la population locale cible;
les fonctionnaires supérieurs des pêches ont souvent besoin d'une formation supplémentaire aux méthodes de planification pour un développement intégré des pêches.
Structure organisationnelle et stratégie de vulgarisation:
on essaie - sans beaucoup de succès - d'utiliser la même structure et les mêmes agents de vulgarisation dans les domaines tant de l'aquaculture que des pêches par capture, et ce malgré les différences fondamentales qui existent en ce qui concerne l'organisation de la production et les connaissances techniques requises. Un service de vulgarisation d'aquaculture peut généralement offrir un “bloc” complet, intégré, de production technique, mais la nature des pêches par capture exclut généralement ce type d'approche;
très souvent, les services de formation demeurent organisés dans une structure isclée de type “conservateur des pêches” héritée de l'époque coloniale, mais qui ne se prête pas aux activités de développement;
les services de vulgarisation manquent souvent de planificateurs, de cadres et de personnel administratif;
il n'existe généralement pas d'interaction efficace et de soutien mutuel avec les services de vulgarisation des autres organismes gouvernementaux (agriculture, développement communautaire, santé, etc.);
les services de vulgarisation pour l'aquaculture paraissent souvent raisonnablement efficaces, tandis que la vulgarisation en matière de pêche par capture, assurée par des agents individuels, ne semble guère avoir eu de très bons résultats;
il est nécessaire de former des cadres supérieurs à des structures organisationnelles différentes pour la vulgarisation des pêches, surtout conjointement avec des équipes de vulgarisation multidisciplinaires et l'utilisation de centres communautaires des pêches;
il n'existe guère de filières de communication dans les deux sens, permettant de déterminer quelle recherche appliquée doit être entreprise et de mettre en oeuvre les résultats de cette recherche;
quelques écoles qui forment des fonctionnaires gouvernementaux des pêches n'offrent pas encore de cours et de formation pratique en matière de méthodes de vulgarisation;
trop de services de vulgarisation sont organisés de telle façon que des fonctionnaires de terrain sous-payés sont détachés dans des endroits éloignés, puis virtuellement oubliés en ce qui concerne les possibilités de formation, de responsabilité et d'avancement. Ainsi, il arrive souvent que des éléments valables se découragent et présentent leur démission;
des descriptions de postes rédigées clairement et fondées sur les besoins de développement et la réalité locale font souvent défaut;
très rares sont les services de vulgarisation qui rassemblent actuellement les divers spécialistes multidisciplinaires (production aquacole, capture du poisson, aspects socio-culturels, économie, traitement, commercialisation, planification participative) qui sont nécessaires à la planification et à la mise en oeuvre d'un programme efficace de développement rural.
Mise en place et financement du service de vulgarisation - recrutement, formation et soutien logistique;
il est difficile de bien choisir les agents de vulgarisation, même après examens et interviews, si on ne les a pas vus à pied d'oeuvre;
les personnels détachés d'organismes paramilitaires (foresteries, etc.) ne semblent guère adaptés à des fonctions de vulgarisation technique au niveau de la base;
de nombreux départements des pêches semblent être dans l'embarras lorsqu'il s'agit d'établir les types et la durée de formation dont leur service de vulgarisation a besoin et de trouver où cette formation peut être obtenue. Cela est vrai à tous les niveaux: coopérants villageois, vulgarisateurs généralistes, agents techniques de vulgarisation, surveillants, planificateurs et administrateurs;
il arrive fréquemment que les crédits budgétaires nécessaires (équipement, fournitures et transports) à une utilisation efficace des agents de vulgarisation qui figurent déjà sur les états de paie fassent défaut, ce qui empêche les agents de faire leur travail;
souvent on manque des moyens et des fonds nécessaires à la production des auxiliaires pédagogiques tels que matériel audiovisuel, brochures, etc.
Fonctionnement des services de vulgarisation:
les contacts entre les agents de vulgarisation et leurs supérieurs hiérarchiques sont dans bien des cas insatisfaisants et peu fréquents;
les agents de vulgarisation perdent beaucoup de temps chaque mois pour aller jusqu'au centre du district percevoir leur salaire;
les cours intensifs de recyclage et de perfectionnement du personnel de vulgarisation sur le terrain sont rares;
les programmes de crédit et d'approvisionnement destinés aux pêcheurs et aux pisciculteurs - complément nécessaire des techniques transférées par la vulgarisation - sont souvent inexistants;
on procède rarement à une évaluation adéquate et à une révision commune périodique du programme de développement exécuté par le service de formation;
les carences de la communication dans les deux sens, entre les agents de vulgarisation et la population cible locale, demeurent l'un des principaux obstacles à une vulgarisation efficace.
Recommandations
10. Pour faire face aux problèmes ci-dessus, on pourrait prendre notamment les dispositions suivantes:
Les organismes gouvernementaux responsables devraient revoir leurs programmes de développement et s'assurer que les objectifs, les politiques officielles et les méthodes de planification en matière de développement et d'aménagement des pêches sont énoncés clairement, qu'ils ne comportent pas de contradictions et qu'ils tiennent raisonnablement compte de la réalité objective, surtout en ce qui concerne le fonctionnement des services de vulgarisation;
Là où il n'y en a pas encore, les organismes gouvernementaux responsables devraient élaborer - à l'aide de leurs services de vulgarisation - des plans de développement intégré pour les pêches artisanales et l'aquaculture, et ce avec la participation maximale de la population locale cible concernée;
Etant donné que l'organisation de la production et la base de connaissances techniques nécessaires sont si différentes en ce qui concerne l'aquaculture et les pêches par capture, il pourrait être très souhaitable de spécialiser les vulgarisateurs dans le domaine soit de l'aquaculture soit des captures;
Dans la plupart des cas les agents de vulgarisation auraient beaucoup de difficultés à s'acquitter de leurs tâches en matière de développement si on leur confiait aussi des fonctions de mise en application et de collecte de statistiques. Par conséquent, il faut envisager sérieusement la possibilité de confier les fonctions de mise en application et de collecte des statistiques à un personnel autre que celui chargé de la vulgarisation;
Pour aider les gouvernements à orienter les fonds nécessaires vers le soutien logistique essentiel à un fonctionnement efficace de leurs services de vulgarisation, il faudrait envisager de faire en sorte que certaines des fonctions actuellement financées par le gouvernement deviennent financièrement auto-suffisantes. Cette action pourrait porter sur les écloseries, les usines de fabrication de glace et la fourniture d'engins de pêche;
Il faudrait essayer soigneusement d'améliorer les conditions d'emploi des agents de vulgarisation ruraux: possibilités de carrière, soutien logistique, promptitude dans le versement des salaires et encadrement adéquat;
La formation et l'expérience pratique en ce qui concerne l'utilisation efficace des méthodes de vulgarisation devraient figurer dans les programmes des écoles nationales de pêche ou d'autres instituts techniques. Cela nécessitera souvent une formation supplémentaire concernant les méthodes de vulgarisation et les méthodes d'enseignement pour les instructeurs qui seront chargés de l'élément vulgarisation du programme. Cet aspect peut souvent être pris en charge par un projet national visant l'établissement ou la remise en état des services de vulgarisation halieutique;
Quelques-uns des besoins de formation des fonctionnaires supérieurs des pêches, des agents de vulgarisation et des instructeurs, en matière de méthodes de vulgarisation et de planification participative, ainsi que de déroulement, de surveillance et d'évaluation des activités de vulgarisation, devraient être satisfaits moyennant des cours intensifs de brève durée et des stages pratiques, dans le cadre du nouveau programme FAO/DANIDA/Norvège pourle développement intégré des pêcheries artisanales en Afrique de l'ouest qui sera implanté au Bénin. Une assistance analogue est nécessaire pour l'Afrique de l'est et du centre;
On a noté un besoin de coordination et de soutien mutuel entre pays de la région pour la préparation, la production et la distribution de publications, d'auxiliares audiovisuels et d'autres matériels éducatifs nécessaires aux services de vulgarisation des pêches. Cette coordination pourrait être effectuée dans le cadre du programme FAO/DANIDA/Norvège pour l'Afrique de l'ouest et d'un programme similaire pour l'Afrique de l'est, à condition qu'un tel programme puisse être mis sur pied.
Il ne faut négliger aucun effort pour établir à l'intention de l'Afrique de l'est un programme régional semblable au programme FAO/DANIDA/Norvège pour l'Afrique de l'ouest, pouvant offrir non seulement une assistance en matière de formation, mais aussi l'aide nécessaire à l'identification de projets et à la planification participative ainsi que l'appui nécessaire aux projets nationaux associés de la région.