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1. GENERALITES ET JUSTIFICATION

Bien que les possibilités de pisciculture en Afrique soient jugées dans une large mesure inexploitées, elles n'ont pas donné lieu à des évaluations à l'échelle continentale ou régionale. Par ailleurs, les études nationales qui localisent et quantifient les possibilités en matière d'aquaculture sur la base de plusieurs critères physiques sont rares. Or, les organisations internationales dispensatrices d'une aide technique et financière doivent effectuer des choix pour répartir le temps, les ressources humaines et les moyens financiers dont elles disposent entre les différentes activités de développement des pêches et de l'aquaculture. Les gouvernements nationaux et les institutions de financement doivent avoir une connaissance préalable de la localisation des perspectives les plus prometteuses en matière de développement de l'aquaculture avant d'y consacrer les ressources limitées dont ils disposent.

L'objectif essentiel de la présente étude consiste donc à cartographier et à estimer les zones présentant des caractéristiques adéquates à optimales en matière de pisciculture de subsistance et de pisciculture commerciale en étang à température élevée. L'étude perspective ainsi présentée est réalisée à l'échelle du continent. Un objectif annexe consiste à encourager les pays dotés de possibilités relativement importantes dans ce domaine à entreprendre des études nationales plus détaillées en guise de première étape vers la formulation ou l'affinement d'une politique aquacole et à améliorer la planification dans ce domaine.

1.1 L'aquaculture en Afrique

La production aquacole en Afrique a pratiquement doublé depuis 1984, date de la première publication de statistiques, jusqu'en 1992, année des dernières données disponibles (figure 1.1). Toutefois, dans l'absolu, l'aquaculture représente en Afrique une activité qui est encore à ses débuts. La production piscicole intérieure de 36 pays s'est élevée à environ 53 000 tonnes en 1992 (FAO, Service de l'information, des données et des statistiques sur la pêche, 1994) (figure 1.2). Ce chiffre est à comparer aux captures des pêches intérieures qui s'élevaient ces dernières années à quelque 1,8 million de tonnes (FAO, 1993).

Figure 1.1 Production aquacole africaine
(espèces dulcicoles et clupéidés diadromes)

Figure 1.1

Source: FAO, Service d'informations, de données et de statistiques sur la pêche (1994).

Figure 1.2 Production aquacole par pays (1992)
(espèces dulcicoles et clupéidés diadromes)

Figure 1.2

Source: FAO, Service d'informations, de données et de statistiques sur la pêche (1994).

Sur les 48 pays faisant l'objet de la présente étude1. 12 n'avaient aucune production aquacole en 1992 (FAO, Service de l'information, des données et des statistiques sur la pêche, 1994) (figure 1.2). La production aquacole des eaux intérieures est dominée par l'Egypte et le Nigéria. Ces deux pays réunis représentaient 84 pour cent de la production totale en 1992. Seuls trois autres pays, l'Afrique du Sud, la Zambie et le Kenya produisent plus de 1 000 tonnes par an.

1 C'est-à-dire tous les pays situés sur le continent, plus Madagascar et la Guinée équatoriale. Ce dernier pays a été inclus, puisque sa plus grande superficie terrestre (le Rio Muni) est située sur le continent.

1.2 Justification

Puisque la pisciculture en étang d'espèces dulcicoles est l'activité aquacole la plus répandue en Afrique à l'heure actuelle (pratiquée dans 36 des 48 pays pris en compte dans la présente étude) et puisqu'elle fournit les tonnages les plus importants, elle représente la voie la plus prometteuse pour accroître la production de poisson d'élevage à court et à moyen terme. La présente évaluation est donc axée principalement sur la pisciculture en étang. Les possibilités de pisciculture de subsistance et de pisciculture commerciale sont évaluées séparément.

La présente étude s'attache essentiellement aux possibilités offertes par la pisciculture en étang à température élevée. Il en est ainsi puisque les conditions climatiques prédominantes en Afrique sont celles d'un climat tropical chaud (pour 67 pour cent de la superficie du continent). Les régions subtropicales chaudes comportant des pluies d'été représentent une fraction supplémentaire de la superficie s'élevant à 10 pour cent. Les régions restantes rentrent dans les catégories des régions tropicales fraîches ou froides (FAO, 1978). La pisciculture en étang intégrée de façon synergique à d'autres activités d'exploitation agricole, ou à proximité immédiate de ces dernières a de bonnes chances de réussir lorsque les conditions économiques et le milieu ambiant s'y prêtent plus particulièrement. Par conséquent, le choix des zones climatiques chaudes pour cette évaluation garantit deux résultats: 1) croissance ininterrompue des poissons ou du moins saison de croissance prolongée, grâce aux températures relativement élevées et 2) diversité des sous-produits agricoles en quantité potentiellement suffisante pour fournir les facteurs de production nécessaires à la pisciculture.


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