Page précédente Table des matières Page suivante


2. SOURCES D'INFORMATION ET METHODES

2.1 Cadre analytique et contraintes

Pour planifier le développement de la pisciculture et en réduire les risques économiques, il faut définir les zones offrant les perspectives les plus intéressantes en s'appuyant sur un certain nombre de critères. Ce type d'étude se prête particulièrement à une analyse réalisée dans le cadre d'un système d'information géographique (SIG)2.

L'étape essentielle consiste à identifier les principaux critères de développement (c'est-à-dire les facteurs les plus importants) et à spécifier les domaines de variation des données (ou les valeurs seuils) correspondant à un niveau souhaité de pertinence de chaque critère. Par exemple, pour le critère de la température de l'eau, le domaine de variation offrant les possibilités optimales de grossissement de façon à pouvoir réaliser deux récoltes par an des espèces considérées, c'est-à-dire en l'occurrence Oreochromis niloticus et Clarias gariepinus, correspond aux températures supérieures ou égales à 26°C.

La deuxième étape consiste à localiser, à compiler et à préparer les données nécessaires à l'analyse sur ordinateur. Une contrainte importante affectant la présente étude venait du fait que les données devaient d'emblée se présenter sous forme numérique, afin de réduire les coûts et de faciliter leur intégration au système d'information géographique. Or, cette même contrainte a imposé dans certains cas la vérification des critères ainsi définis au moyen de données de substitution. Par exemple, la densité de population a servi de donnée de substitution pour la mesure du marché local potentiel.

Le système d'information géographique créé aux fins de l'analyse a évalué les critères utilisés sur un quadrillage constitué de mailles de 10' (18 km × 18 km)3.

2 On entend par système d'information géographique un ensemble intégré de matériel, de logiciels, de données géographiques et de ressources humaines conçu pour assurer efficacement la saisie, la mise en mémoire, le traitement, l'analyse, l'affichage et la notification de toute forme d'information correspondant à des données géographiques.

3 A la latitude de l'équateur, les mailles ont ces dimensions, mais celles-ci diminuent lorsqu'on s'éloigne vers le nord et vers le sud.

2.2 Critères d'évaluation

Dans l'ensemble, quatre grandes catégories de critères ont servi à localiser les zones adaptées à la pisciculture en étang à température élevée: 1) grossissement et hivernage des poissons, 2) alimentation en eau, 3) capacités techniques nécessaires à la construction des étangs et 4) facteurs économiques. En ce qui concerne la pisciculture de subsistance, six critères ont été appliqués à l'intérieur de quatre catégories, tandis que la pisciculture commerciale a donné lieu à l'utilisation de huit critères (tableau 2.1):

Tableau 2.1 Critères, catégories de critères et données servant à définir les possibilités de pisciculture de subsistance et de pisciculture commerciale

CritèresCatégories de critères Pisciculture de subsistanceCatégories de critères Pisciculture commerciale
Température de l'eau (température de l'air)Grossissement et hivernageGrossissement et hivernage
Eau de ruissellement pluvial (précipitations annuelles)Alimentation en eauAlimentation en eau
Eau des rivières et des cours d'eau permanents(non pris en compte)
Texture du solPossibilités techniquesPossibilités techniques
Relief (% pente)
Demande du marché local (Densité de population)Facteurs économiquesFacteurs économiques
Utilisation des sous-produits agricoles comme facteurs de production (rendement et diversité des cultures pratiquées)
Infrastructure routière (Routes à revêtement et routes carrossables)(non pris en compte)

Les critères ci-dessus ont été évalués sur des mailles de 10' × 10'. Pour chaque critère, des seuils ont été fixés qui correspondaient à des conditions dites optimales, adéquates et limites de développement de la pisciculture de subsistance et de la pisciculture commerciale. Les sections suivantes contiennent un exposé plus détaillé des critères en question et présentent une classification des données.

2.3 Température

La définition du grossissement et de la survie des poissons en fonction de la température de l'eau a dû se faire en trois étapes: 1) choix d'espèces appropriées, puis définition de leurs possibilités de grossissement et d'hivernage et des seuils de température correspondants; 2) interpolation et extrapolation synoptiques de la température de l'air dans les différentes régions d'Afrique; et enfin 3) conversion des températures de l'air en températures de l'eau.

2.3.1 Température, grossissement et survie des poissons

L'objectif poursuivi a consisté à cartographier les conditions de température les plus favorables à la pisciculture à température élevée, à raison d'une et de deux récoltes par an: Oreochromis niloticus et Clarias gariepinus ont constitué les espèces choisies pour illustrer les possibilités de pisciculture dans ces conditions d'exploitation; il s'agit d'espèces largement répandues et dont la pisciculture a déjà donné de bons résultats. La présente étude les prend en considération simultanément, en raison de la similitude de leurs conditions de température optimales.

Le domaine de température optimal indiqué par Coche et Muir (tableau 1, en préparation) pour Oreochromis niloticus s'étend de 27 à 30° C et pour Clarias gariepinus de 25 à 27° C. Les températures optimales considérées pour cette étude sont donc de t ≥ 26° C pendant 12 mois, ce qui correspond à un décalage de 1° C par rapport aux deux régimes optimaux; elles couvrent la partie supérieure du domaine de température idéal et assurent un grossissement satisfaisant si des facteurs de production adéquats sont mis en oeuvre, ce qui autorise deux récoltes par an.

Un deuxième régime de température a été fixé à une température t ≥ 22° C pendant 12 mois. Le maintien de températures inférieures à 22° C a généralement pour effet d'inhiber le grossissement et la reproduction des tilapias (ICLARM et GTZ, 1991). Dans ces conditions, la température est suffisante pour assurer la reproduction naturelle des poissons, ainsi qu'un grossissement adéquat tout au long de l'année, ce qui autorise deux récoltes.

Aucune limite supérieure n'a été fixée pour la température. Selon l'hypothèse retenue pour ces deux régimes de température, le manque d'eau devrait limiter la pratique de la pisciculture avant que les températures ne deviennent suffisamment élevées pour porter préjudice au grossissement.

Puisque l'étude vise à estimer les possibilités de pisciculture dans des plans d'eau à température élevée, un troisième régime de températures a été considéré; il comporte le maintien à une température t ≥ 22° C pendant huit mois consécutifs, de façon à autoriser la reproduction des poissons et leur grossissement jusqu'à une taille récoltable, en une seule saison. La température a été fixée à 14° C les autres mois de l'année, pour assurer la survie des reproducteurs pendant l'hiver, sans précautions particulières.

2.3.2 Interpolation des températures de l'air sur l'ensemble du continent africain

II n'existe pas de données géographiques complètes sur les températures de l'eau des étangs. Les températures de l'air ont donc servi de point de départ.

La FAO ne dispose pas de données quotidiennes de température sous forme numérisée. Les données quotidiennes de température pour chacune des stations du pays d'origine sont relevées à des intervalles de 10 jours (intervalles décadaires) puis soumises à la FAO pour enregistrement sous forme de fichiers électroniques. Pour que les besoins de calcul restent à un niveau acceptable, les températures diurnes moyennes mensuelles (TDMM) ont été substituées aux températures diurnes décadaires.

Les données de TDMM ont été établies par le Groupe de l'agrométéorologie de la FAO. Un compte rendu détaillé des méthodes employées pour déterminer la répartition spatiale des températures diurnes moyennes mensuelles a été rédigé par See et Gommes (1992). Pour résumer, les données de températures africaines provenant de quelque 1 900 stations météorologiques, pour la plupart concernant la période 1931–1960, ont été utilisées. La densité des stations météorologiques dans les zones agricoles, qui sont les régions les plus intéressantes pour la présente étude compte tenu des besoins de sous-produits agricoles utilisés par la pisciculture en tant que facteurs de production, est satisfaisante, bien que la couverture des autres zones soit plus clairsemée.

La température diurne est calculée à partir des températures quotidiennes minimales et maximales, compte tenu de la durée du jour. La durée du jour est déterminée en fonction de la latitude de la source d'observation et de la date à laquelle les observations ont été effectuées.

Les données des stations ont été interpolées par krigeage, au moyen du progiciel SURFER. La latitude et l'altitude ont été prises en compte dans le cadre du processus d'interpolation. Le quadrillage des données de température ainsi obtenues comporte des mailles de 20' de côté équivalant à 37 km × 37 km au niveau de l'équateur.

Afin de vérifier l'exactitude des températures ainsi obtenues au niveau de chaque maille, les données agroclimatiques provenant de 35 stations et correspondant aux mois extrêmes ont été comparées aux températures correspondant aux mailles les plus proches. Sauf pour une station, les valeurs obtenues pour les points du quadrillage ont été pratiquement identiques aux valeurs réelles des températures relevées par les stations.

2.3.3 Conversion des températures de l'air en températures de l'eau

Les températures diurnes mensuelles moyennes ont été converties en températures moyennes mensuelles de l'eau au moyen d'un modèle défini à partir d'une loi de régression établie entre les températures de l'eau de trois étangs et les températures correspondantes de l'atmosphère (données brutes tirées de C. Nugent, communication personnelle, d'après des relevés de stations météorologiques). Les données ont été recueillies à la station de recherche Henderson à proximité de Harare (Zimbabwe). Les caractéristiques des étangs et des échantillons sont présentées au tableau 2.2.

Les températures diurnes quotidiennes ont été calculées à partir des températures minimales et maximales quotidiennes de l'air tel qu'indiqué à la section 2.3.2. Les températures quotidiennes de l'eau, prélevées approximativement à 7 heures et 16 heures, ont été mises en moyenne. Ensuite, les moyennes mensuelles ont été calculées à partir des données quotidiennes. En raison des données manquantes, il y a eu plusieurs cas de mois courts et dans un cas des données quotidiennes consécutives ont été agrégées de façon à constituer un mois long de 39 jours.

L'étang E s'est caractérisé par les plus fortes variations de température. Les températures moyennes quotidiennes de l'eau ont présenté par rapport aux moyennes mensuelles un écart maximum de 6,8° C et la différence moyenne s'est élevée à 4,6° C (tableau 2.2).

Tableau 2.2 Caractéristiques physiques, tailles d'échantillon et différences de températures moyennes mensuelles et quotidiennes relatives à trois étangs au Zimbabwe

CaractéristiqueEtang EEtang HEtang J
Superficie (m2)16022510 000
Domaine de variation de la profondeur (cm)30–12020–1000–175
Nombre de jours d'observations538603271
Nombre de mois calendaires d'observations20229
Différence maximale/moyenne entre la moyenne quotidienne et la moyenne mensuelle-6,8, +6,6
/-4,6, +4,4
-4,2, +3,9
/-2,2, +2,1
-5,2, +5,1
/-3,2, +3.9

Les lois de régression établies entre les moyennes mensuelles des températures diurnes et les moyennes mensuelles des températures de l'eau pour chacun des trois types d'étangs ont fait apparaître des corrélations significatives, avec des coefficients de corrélation respectivement égaux à 0,88, 0,85 et 0,67 pour les étangs de type E-, H- et J-. Compte tenu du recouvrement des limites de confiance à 95 pour cent en ce qui concerne aussi bien les pentes que les ordonnées à l'origine, il a été supposé que les relations entre la température de l'air et la température de l'eau correspondant aux trois étangs ne présentaient pas de différences significatives. Aussi les données mensuelles ont-elles été regroupées et le modèle ci-dessous a été établi après avoir procédé à une analyse de régression sur les données agrégées (figure 2.1).

Figure 2.1 Température moyenne mensuelle de l'eau en fonction de la température diurne moyenne mensuelle de l'air (n = 51 mois)

Figure 2.1

Le coefficient de corrélation a été de 0,82. Les limites de confiance à 95 pour cent ont été comprises entre -10,13 et -2,58 pour l'ordonnée à l'origine et entre 1,12 et 1,47 pour la pente.

2.4 Alimentation en eau

Les ressources en eau disponibles pour les étangs de pisciculture ont été évaluées en considérant deux sources d'approvisionnement, d'une part les eaux de ruissellement pluvial et d'autre part, les rivières et les cours d'eau permanents. Pour la pisciculture de subsistance, seule la première a été prise en compte tandis que l'une et l'autre ont été prises en considération pour la pisciculture commerciale.

2.4.1 Eaux de ruissellement pluvial

Une relation entre précipitations annuelles moyennes et ruissellement pluvial a été établie pour évaluer les possibilités de stockage de l'eau à des fins d'irrigation en Afrique (FAO, 1987). D'après cette relation, il suffit d'un niveau moyen de précipitations annuel de 550 mm pour obtenir le stockage d'une certaine quantité dans les étangs. Au Texas (Etats-Unis), les étangs sont classés en fonction du niveau de précipitations. Dans les zones recevant plus de 1 000 mm de précipitations annuelles, les étangs restent pleins toute l'année (AFS, 1986). Dans les zones où les précipitations n'atteignent pas 750 mm par an, on observe des épisodes d'épuisement complet de l'eau des étangs pendant les mois les plus secs.

Les possibilités d'alimentation des étangs en Afrique grâce aux eaux de ruissellement ont été étudiées en comparant les possibilités de création d'étangs de pisciculture dans chaque district, aux précipitations annuelles observées dans les mêmes districts. Les emplacements et les pays étudiés ont été choisis par défaut - il s'agit de ceux pour lesquels les délimitations secondaires et intranationales (c'est-à-dire les districts) avaient été numérisées par le centre SIG de la FAO et pour lesquels il existait des données correspondantes sur les superficies des étangs de pisciculture également établies par district. Les densités d'étangs de pisciculture de chaque district étaient connues en ce qui concerne la totalité du territoire du Ghana (Kapetsky et al., 1991), ainsi que la zone d'aménagement du bassin hydrographique lacustre au Kenya (Campbell, communication personnelle), la Zambie (Haight, communication personnelle) et le Zimbabwe (Nugent, communication personnelle); le nombre total des districts pris en compte a été de 123.

Les précipitations annuelles moyennes en Afrique proviennent de la base de données sur les ressources mondiales (GRID) du PNUE (Nairobi), sous la forme d'un fichier image IDRISI4 avec des mailles de 10' de côté (18 km × 18 km au niveau de l'équateur). Ce jeu de données a été créé dans le cadre de l'évaluation mondiale de la dégradation des sols (GLASOD, Global Assessment of Soil Degradation) à partir de données concernant la période 1951–1980. Deichmann et Eklundh (1991) ont présenté une description détaillée de la méthodologie. Les données pluviométriques GLASOD sont plus complètes et plus fiables par comparaison à celles qui ont été utilisées dans l'étude consacrée à l'irrigation, réalisée par la FAO en 1987, mentionnée ci-dessus.

La procédure suivie a consisté à attribuer la superficie totale des étangs de pisciculture au district correspondant. Pour que les districts soient comparables, la superficie des étangs a été exprimée en termes de densité d'étangs (m2) par km2 de district. Les courbes de pluviométrie annuelle (isohyètes) établies par intervalles de 100 mm, ont été superposées aux cartes de districts, et les intervalles pluviométriques relatifs à chaque district doté d'installations de pisciculture ont été mis sous forme de tableaux de valeurs, et représentés graphiquement en fonction de la densité d'étangs. Il en résulte manifestement que la plupart des exploitations piscicoles se trouvent dans des districts où les précipitations annuelles dépassent 1 000 mm (figure 2.2).

Au Ghana, les exploitations piscicoles se trouvent dans des districts qui reçoivent des précipitations allant de 1 000 mm à plus de 1 400 mm, les densités d'étangs les plus élevées étant rencontrées à partir de 1 100 mm de précipitations et au-delà. Au Ghana, il ressort des observations personnelles de l'auteur et d'échanges de vues avec les pisciculteurs que le maintien du niveau de l'eau dans les étangs pose des difficultés dans les districts recevant des précipitations annuelles inférieures à 1 100 mm.

Au sud-ouest du Kenya, les activités de pisciculture sont installées dans les districts qui reçoivent au moins 1 400 mm de précipitations, sauf dans un district qui reçoit quelque 1 200 mm par an.

4 L'IDRISI est un système d'information géographique et de traitement d'images maille par maille, mis au point par l'Ecole supérieure de géographie de l'Université Clark à Worcester (Mass. 01610, Etats-Unis).

Figure 2.2 Précipitations annuelles dans 123 districts dotés d'exploitations piscicoles

Figure 2.2

En Zambie, il existe des exploitations piscicoles dans des districts pour lesquels les précipitations annuelles sont comprises entre 700 mm et plus de 1 400 mm. D'après Haight (communication personnelle), les établissements de pisciculture commerciale sont en mesure de maintenir une alimentation en eau suffisante tout au long de l'année dans les zones de faible pluviométrie (par exemple 700 mm), en installant des réservoirs alimentés par des bassins hydrographiques étendus.

Au Zimbabwe, le lien entre la densité d'étangs et les précipitations annuelles n'est qu'apparent. D'après des données non publiées provenant d'AGRITEX, plus de 70 pour cent des exploitations piscicoles de 25 des 29 districts du Zimbabwe sont tributaires des infiltrations d'eaux souterraines pour leur approvisionnement en eau. Même dans les districts qui reçoivent des précipitations relativement élevées, les venues d'eaux souterraines constituent le principal approvisionnement. Cette situation prévaut dans pratiquement tous les districts dont les précipitations sont inférieures à 900 mm.

En s'appuyant sur les données comparées des quatre pays mentionnés plus haut et sur la situation observée aux Etats-Unis, l'incidence des précipitations annuelles sur les possibilités de pisciculture peut être décrite comme suit:

Précipitations annuelles (mm)Signification
>1 199Approvisionnement largement suffisant
1 000–1 199Approvisionnement suffisant n'exigeant pas de moyens techniques importants ou spécialisés.
700–999Approvisionnement suffisant à condition de réaliser des modifications grevant les coûts, telles que l'utilisation de bassins hydrographiques étendus (acquisition de terrains plus importants), étangs plus profonds (coûts de construction majorés et productivité moindre)
<700Approvisionnement insuffisant sauf apport important d'eaux souterraines.

2.4.2 Eau provenant des rivières et des cours d'eau permanents

Les rivières et les cours d'eau permanents ont été considérés en tant que sources d'approvisionnement en eau pour la pisciculture commerciale, mais non pour la pisciculture de subsistance. En règle générale, les frais d'équipement et les coûts d'exploitation liés aux installations d'acheminement de l'eau (canalisations, pompes) seraient incompatibles avec les limites économiques propres à la pisciculture de subsistance.

Le jeu de données SIG FAO comporte une carte numérique des rivières et des cours d'eau permanents. Les données d'origine ont été établies par l'ESRI (Environmental Systems Research Institute) (1984).

L'alimentation en eau provenant des rivières et des cours d'eau permanents a été évaluée en termes de présence ou d'absence de rivières et de cours d'eau permanents à l'intérieur de mailles de 2' × 2'. Ensuite, chaque élément d'image ou pixel de 10' × 10' - c'est-à-dire l'unité standard d'analyse considérée dans la présente étude - a été examiné afin de relever le nombre de pixels de 2' × 2' dans lesquels se trouvent des rivières ou des cours d'eau permanents. D'après une analyse préliminaire, le nombre maximum de pixels de 2' × 2' comportant des rivières ou des cours d'eau permanents s'est élevé à 23 pour un nombre maximum de 25. La répartition en fréquence des pixels de 2' × 2' comportant des ressources en eau de ce type, à l'intérieur des pixels de 10' × 10', a été établie. Les possibilités d'approvisionnement en eau ont été classées en trois catégories définies comme suit:

Nombre de pixels de 2' × 2' correspondant à la présence de rivières ou de cours d'eau permanentsSignification
9–23Zone optimale
5–8Zone adéquate
1–4Zone impropre

2.5 Texture du sol et relief

L'objectif poursuivi a consisté à identifier les zones qui se prêtent à la construction d'étangs. Deux critères ont été utilisés: la texture du sol et le relief, ce dernier étant caractérisé par la pente. La carte FAO-UNESCO des sols d'Afrique est à l'échelle 1:5 million (FAO-UNESCO, 1977) et fournit les données de base correspondant à ces deux critères (figure 2.3). La numérisation de la carte a été réalisée selon une résolution de 10'. Les unités cartographiques se composent d'une unité de sol ou d'une association d'unités de sol. Chaque association se compose d'un sol dominant et de sols associés, l'extension de ces derniers étant estimée à au moins 20 pour cent de la superficie délimitée. Les sols couvrant une superficie représentant moins de 20 pour cent sont ajoutés en tant qu'inclusions.

Figure 2.3 Fiabilité de la carte FAO-UNESCO des sols d'Afrique

Figure 2.3

La cartographie des sols africains est caractérisée par trois niveaux de fiabilité. Quelque 7 pour cent de la superficie du continent africain a été couverte par des levés de reconnaissance caractérisés par une fiabilité de niveau 2 et le restant, soit 55 pour cent de la superficie, correspond à des zones pratiquement inexplorées dont la fiabilité est dite de niveau 3; toutefois, ce troisième niveau de fiabilité se rapporte à des régions semi-inaccessibles ou dont la population est très clairsemée.

2.5.1 Texture du sol

La carte FAO-UNESCO des sols d'Afrique définit trois classes de texture: grossière, moyenne et fine. Cette texture est indiquée pour le sol dominant de chaque association et se rapporte uniquement à la couche superficielle de 30 cm.

Un triangle de texture du sol indiquant les sols les plus appropriés pour la construction d'étangs de pisciculture a été mis au point par Coche et Laughlin (1985); un triangle de texture des sols établi par la FAO a été superposé à ce premier triangle pour illustrer le rapport entre la construction d'étangs et la texture des sols (figure 2.4). Seuls les sols de texture grossière sont clairement inadaptés à la construction d'étangs. Par contre, certains sols de texture fine et moyenne conviennent à cet effet.

Figure 2.4 Comparaison des sols les mieux adaptés à la construction d'étangs de pisciculture et des classes texturales définies par la carte FAO-UNESCO des sols d'Afrique

Figure 2.4

Une autre ventilation en sept classes texturales a été établie par l'ESRI (1984); cette répartition tient compte des caractéristiques texturales de tous les sols réunis dans l'association considérée. Aussi, l'information liée à la superficie du polygone correspondant à une texture données est-elle plus complète que celle fournie par la classification FAO-UNESCO d'origine.

L'adaptation présentée ci-dessous de la classification ESRI répartit les sept classes texturales initiales en quatre classes, en fonction de leur caractère plus ou moins adapté à la construction d'étangs:

ClasseTextureSignification
1fine pour > 75%Zone très bien adaptée
fine pour 50–75%
2moyenne pour > 75%Zone moyennement adaptée
moyenne pour 50–75%
3grossière pour 50–75%Zone faiblement adaptée
toutes classes > 50%
4grossière pour >75%Zone impropre

L'analyse de l'aptitude des sols à la construction d'étangs de pisciculture repose sur le principe suivant: à moins d'avoir identifié chaque type de sol particulier et de connaître la nature et l'importance relative des autres composants, les sols de texture fine conviennent davantage que les sols de texture moyenne et les sols grossièrement texturés sont comparativement impropres à cet usage. Seules les catégories très adaptées (Classe 1) et moyennement adaptées (Classe 2) ont été employées.

2.5.2 Relief

La carte FAO-UNESCO des sols africains (FAO, 1977) fait apparaître trois classes de pentes associées au relief correspondant à l'association de sols considérée:

ClassePente dominante
(%)
Interprétation FAO (1977)
10–8Terrain plat à légèrement irrégulier
28–30Terrain ondulé à accidenté
3>30Terrain raviné en pente forte à montagneux

Du point de vue de l'aptitude à la construction d'étangs, les classes de pente sont analysées comme suit, en tenant compte du fait que, même dans le cas des classes 2 et 3, la création d'étangs ne serait pas totalement exclue:

ClassePente dominante
(%)
Signification du point de vue de la construction d'étangs
10–8Zone adaptée pour les étangs les plus importants (1–5 ha), si la pente est comprise de 1 à 2 pour cent et pour les étangs de 0,01 à 0,05 ha si la pente dépasse 5 pour cent (ICLARM et GTZ, 1991)
28–30Généralement trop accidenté pour la construction d'étangs sauf au fond des vallées
3> 30Trop accidenté même pour des étangs en courbes de niveau

2.6 Débouchés locaux

Seul un petit nombre de pays font l'objet de données économiques complètes susceptibles d'être utilisées pour définir les débouchés potentiels offerts aux produits de l'aquaculture et dont le niveau d'agrégation correspond à des entités administratives d'une importance moindre par rapport au pays tout entier. Aussi, les densités de population ont-elles servi de données de substitution. La procédure suivie a comporté deux étapes: la première a consisté à calculer des estimations de population à l'échelle de l'Afrique, à partir de la même année de référence. La seconde étape a consisté à interpréter les estimations démographiques en termes de possibilités locales de commercialisation du poisson de pisciculture.

2.6.1 Densité de population en Afrique

La densité de population en Afrique exprimée en termes de nombre d'habitants par km2 pour l'année 1988, sur un quadrillage constitué de mailles de 5' (9 km × 9 km) a été extraite de la Base de données GRID du PNUE (Nairobi). Les procédures analytiques appliquées à cet effet sont présentées par Deichmann et Eklundh (1991). Pour résumer, les procédures en question avaient pour effet de mettre en relation la densité démographique et le potentiel d'interaction de la population, c'est-à-dire une mesure de la concentration humaine théorique dans une région donnée, d'après les informations disponibles concernant les agglomérations urbaines. D'autres facteurs ont été pris en considération afin de définir le potentiel d'interaction, notamment la proximité du littoral, des plans d'eau intérieurs, des voies ferrées et des routes. Les zones réputées pratiquement inhabitées n'ont pas été prises en considération. Enfin, une approche heuristique interactive a permis d'introduire une pondération des facteur pris en compte; ainsi, d'après les données de référence, l'incidence des facteurs de pondération choisis a été évaluée et les facteurs ont été corrigés jusqu'à ce qu'un niveau satisfaisant de fidélité de représentation soit obtenu. La carte ainsi réalisée est reproduite suivant une échelle non linéaire (voir tableau 2.3, colonne 1 ci-dessous).

2.6.2 Evaluation des possibilités locales de commercialisation en fonction des densités de population

La présente section comprend deux parties. La première partie met en évidence l'importance des activités locales de vente ou de troc, même du point de vue du développement de la pisciculture de subsistance. La deuxième partie étudie le lien entre la densité de population et la présence d'une activité de pisciculture. Ensuite, moyennant des hypothèses concernant le volume des ventes sur place, la densité de population est considérée comme une indication des débouchés locaux potentiels.

2.6.2.1 Importance des marchés locaux

L'existence de débouchés locaux constitue un critère important d'essor de la pisciculture lorsque les systèmes de transport ne sont pas très développés et lorsque le coût du transport est élevé. Or, ces conditions caractérisent une grande partie du continent africain. L'importance de ces débouchés locaux est décisive non seulement pour les exploitations de pisciculture commerciale, mais aussi pour la pisciculture de subsistance. Même si les niveaux de production sont très modestes et si les superficies consacrées aux étangs de pisciculture sont limitées, une partie de la production est commercialisée par des ventes directes au consommateur ou dans le cadre d'échanges de troc. Par exemple, en Zambie, dans la province de Luapula, 70 pour cent des exploitants piscicoles considèrent la pisciculture comme une activité commerciale (Wijkstrom et Wahlstrom, 1992) bien que la superficie moyenne des étangs de chaque établissement piscicole soit inférieure à 400 m2 et que leur production ne dépasse pas un niveau compris entre 600 et 2 000 kg par ha et par an (c'est-à-dire, 24 à 80 kg par ha et par an en moyenne par étang). Dans la province du Nord-Ouest, les résultats de deux enquêtes montrent que 65 à 76 pour cent des exploitants piscicoles commercialisent et consomment le poisson et que plus de la moitié de la production est vendue. Dans cette province, la superficie moyenne des étangs d'une exploitation est de 1 400 m2, tandis que le rendement annuel moyen est de l'ordre de 430 kg par ha et par an (Wijkstrom et Larsson, 1992).

De manière analogue, dans la région de Ruvuma en Tanzanie, 66 pour cent de la production piscicole récoltée par lots a été vendue par des exploitations dont les étangs occupent en moyenne une superficie de 429 m2 et dont les rendements annuels moyens sont de 1 300 kg par ha (Seki et Maly, 1993). On rapporte par ailleurs qu'au Rwanda, la récolte de poisson est souvent vendue dans une proportion d'au moins deux tiers. Dans ce pays, la superficie des étangs était d'environ 0,04 ha et les rendements allaient de 300 à 500 kg par ha et par an, avant l'introduction de pratiques de gestion améliorées. Par la suite, les rendements ont augmenté pour atteindre 1 200 à 1 500 kg par ha et par an (Nathanael et Moehl, 1989).

Sil'on considère à nouveau les emplacements mentionnés ci-dessus, on peut constater que la densité de population dans la province de Luapula est relativement faible. D'après les données utilisées par Kartzow, Heijden et van der Schoot (1992), les trois districts qui comportent les densités d'étangs les plus fortes correspondent à des densités de population comprises entre 5 et 25 habitants au km2, et qu'un district à plus faible densité d'étang correspond à une densité de population comprise entre 1 et 5 habitants au km2. Dans les deux districts de la province du Nord-Ouest où se trouvent des exploitations piscicoles, les densités de population étaient comprises de 1 à 5 habitants au km2 dans le district dont la densité d'étangs est la plus élevée, et inférieures à 1 habitant au km2 dans celui dont la densité d'étangs est la plus faible.

En dépit du caractère incomplet des données disponibles, il s'avère en définitive que, même à des densités de populations humaines relativement faibles et avec des exploitations et des productions piscicoles modestes, la pisciculture est autant une entreprise commerciale qu'une activité de subsistance. La production de poisson est vendue ou échangée à un niveau très local, à des amis, des parents ou des voisins. Aussi, l'existence d'une demande du marché local peut-elle avoir une incidence positive sur le développement de la pisciculture.

2.6.2.2 Densité de population et présence d'exploitations piscicoles

Lorsqu'une partie de la récolte est vendue ou échangée, on peut raisonnablement supposer que la densité de population au voisinage de l'exploitation piscicole, c'est-à-dire le marché local potentiel, constitue un important facteur de développement. Pour simplifier, plus la population est dense, plus les possibilités de ventes locales sont importantes. La présente section se propose de définir un lien entre la densité de la population humaine et le niveau de développement de l'activité piscicole mesuré en termes de densité des étangs de pisciculture.

Les possibilités locales de commercialisation du poisson d'élevage ont été estimées par une méthode analogue à celle utilisée pour comparer la densité des étangs de pisciculture aux précipitations annuelles (section 2.4.1): les densités par district relatives au Ghana, au sud-ouest du Kenya, à la Zambie et au Zimbabwe (soit 123 districts au total) ont été relevées dans les documents de référence mentionnés plus haut; les données de densité de population (section 2.6.1) ont servi à définir la densité de population5 observée dans chaque district doté d'exploitations piscicoles. Cela signifie que la plupart des exploitations piscicoles sont installées dans des districts où la densité de population est comprise entre 5 et 25 habitants au km2; toutefois, une autre valeur dominante correspond aux districts dont la densité de population est comprise entre 100 et 250 habitants/km2 (figure 2.5).

Figure 2.5 Densité de population dans 123 districts dotés d'explitations piscicoles

Figure 2.5

II existe néanmoins des exploitations piscicoles lorsque les densités de population sont inférieures à 5 habitants au km2 et, d'après des données restreintes relatives à la Zambie et à la Tanzanie, on constate l'existence d'activités commerciales de pisciculture même pour des densités démographiques aussi faibles, tel qu'indiqué à la section 2.6.2.1.

5 La plupart des districts se caractérisent par des densités de population comprises dans plusieurs domaines de valeurs. Pour simplifier, l'intervalle de densité de population correspondant à la superficie de district la plus étendue a été considéré comme caractérisant la densité de population de l'ensemble du district.

Le nombre d'étangs de pisciculture par district tend à augmenter en fonction de la densité de population. Toutefois, compte tenu de la large définition des tranches de données démographiques, l'établissement d'une loi de régression ne se justifie guère. Afin d'étudier l'incidence de la demande locale sur le potentiel de pisciculture, les hypothèses suivantes ont été retenues pour estimer le nombre d'activités de subsistance et d'exploitations commerciales qui permettent les ventes sur place, compte tenu d'une densité de population donnée. Les hypothèses retenues étaient les suivantes:

Sur la base de ces hypothèses, les tableaux 2.3 et 2.4 montrent qu'il faudrait une densité de population d'environ 4 habitants par km2 pour qu'une exploitation de subsistance puisse vivre des ventes sur place et une densité de 6 habitants par km2 pour assurer la viabilité d'une exploitation commerciale grâce aux ventes à la ferme.

Tableau 2.3 Nombre des exploitations piscicoles de subsistance nécessaires pour assurer les ventes sur place correspondant à différentes densités de population

Densité de population
(habitants/km2)
Nombre d'habitants dans un rayon de 2 km et demande à raison de 1 kg/habitant/anExploitations piscicoles commercialesprésentes dans un rayon de 2 km pour satisfaire la demande
Domaines GLASODPoint médian de chaque domaine
<10,560,2
1–42,5310,8
5–24151894,7
25–493746511,6
50–997594323,6
100–2491752 19955,0
250–4993754 713117,8

Tableau 2.4 Nombre d'exploitations piscicoles commerciales requises pour répondre à la demande d'achats à la ferme, correspondant à des densités de population données

Densité de population
(habitants/km2)
Nombre d'habitants dans un rayon de 4 km et demande à raison de 1 kg/habitant/anExploitations piscicoles commerciales présentes dans un rayon de 4 km pour satisfaire la demande
Domaines GLASODPoint médian de chaque domaine
<10,5250,1
1–42,51260,4
5–24157542,5
25–49371 8606,2
50–99753 77012,6
100–2491758 79729,3
250–49937518 85062,8

Sur cette base, les huit classes initiales de données GLASOD ont été réparties en trois classes de manière à refléter les possibilités locales de commercialisation ouvertes aux exploitations de pisciculture de subsistance et aux exploitations de pisciculture commerciales tel qu'indiqué dans le tableau suivant:

Tableau 2.5 Interprétation de la densité de population en temps qu'indicateur de la demande du marché local de poisson de pisciculture fourni par des exploitations de pisciculture commerciales et de subsistance.

Classification initiale (GLASOD) habitants/km2Interprétation du point de vue des possibilités de développement d'exploitations piscicoles commerciales (habitants/km2)Interprétation du point de vue des possibilités de développement d'exploitations piscicoles de subsistance (habitants/km2)
<1<5
densité faiblement adaptée
<1
densité faiblement adaptée
1–41–4
densité suffisante
5–245–24
densité suffisante
<5
densité largement suffisante
25–49>25
densité largement suffisante
50–99
100–249
250–499
>500

2.7 Sous-produits agricoles utilisés comme facteurs de production des exploitations piscicoles

D'après la Banque mondiale (1991), nombre d'entreprises d'aquaculture en Afrique ont échoué par défaut d'intégration à l'économie rurale et agricole environnante. La réussite de l'intégration de ce type d'entreprise repose obligatoirement sur la facilité d'obtention de sous-produits agricoles destinés à l'alimentation des poissons ou de déchets destinés à servir d'engrais. La nécessité de mettre au point des stratégies d'alimentation semi-intensive des poissons privilégiant l'utilisation d'ingrédients simples et de sous-produits agricoles disponibles sur le marché national a été reconnue par Tacon, Maciocci et Vinatea (1987). Ceci étant, l'objectif a été d'indiquer les emplacements, les disponibilités et la gamme de sous-produits agricoles utilisables comme facteurs de production par les exploitations piscicoles. Ces différentes caractéristiques peuvent être liées à l'adaptation agroclimatologique des cultures, telle qu'elle est mesurée par la durée de la période de croissance (DPC).

2.7.1 Généralités

La FAO (1978) a défini les zones agroécologiques correspondant à onze principales cultures en Afrique. Le potentiel de production des cultures pluviales a été évalué en présence de facteurs de production importants (cultures mécanisées) et de facteurs de production réduits (cultures manuelles). En principe, les exigences climatiques des cultures étaient adaptées aux différents climats des zones agroécologiques considérées de façon à permettre l'estimation des productions agricoles en fonction des principales divisions climatiques et de la durée des périodes de croissance.

La durée de la période de croissance a été calculée à partir des données recueillies dans 730 stations et représentée graphiquement sur des cartes au 1:5 millionième par intervalle de 30 jours. Une évaluation de l'adaptation agroclimatique a été réalisée pour chaque culture à deux niveaux de facteurs de production, en tenant compte de la totalité du domaine de variation possible du rendement d'un point de vue agronomique et en classant chaque valeur de la durée de la période de croissance dans quatre classes de capacité de rendement.

Rendement maximal réalisable (%t)Classification
>80Caractéristiques très adaptées
40 à <80Caractéristiques adaptées
20 à <40Caractéristiques faiblement adaptées
<20Caractéristiques impropres

2.7.2 Méthodes utilisées dans le cadre de la présente étude

Aux fins de la présente étude, la production agricole potentielle a été examinée dans les principales zones climatiques de l'Afrique. Les deux zones les plus importantes, les plaines littorales de la zone tropicale chaude et les zones subtropicales chaudes à régime pluvial estival, connaissent l'une et l'autre des températures moyennes quotidiennes supérieures à 20° C pendant la période de croissance. Ces températures correspondent sensiblement aux limites inférieures spécifiées pour assurer un assez bon grossissement des poissons, tel qu'indiqué à la section 2.3.

Neuf types de cultures ont été étudiés dans le cas des zones les plus chaudes d'Afrique:

Céréales vivrières de base:Riz, maïs, millet, sorgho
Racines et tubercules:Patate douce, manioc
Cultures vivrières légumineuses:Haricot, soja
Cultures de rapport:Coton

Les données de base d'adaptation des cultures et de la durée de la période de croissance propres à chaque zone climatique proviennent de la FAO (1978: tableaux 10.1 à 10.11). Afin d'établir une classification applicable aux sous-produits destinés à la pisciculture, chaque durée de la période de croissance a été classée en fonction du rendement potentiel des différentes cultures (plus de 80 pour cent du rendement potentiel, de 40 pour cent à moins de 80 pour cent du rendement potentiel) et également du point de vue de la diversité (nombre de cultures très adaptées ou adaptées pour cette même durée).

En termes de production agricole potentielle, on a supposé que la catégorie très adaptée correspondait à un rendement moyen de 90 pour cent (milieu de l'intervalle allant de 80 à 100 pour cent) et que la catégorie adaptée correspondait à un rendement potentiel moyen de 60 pour cent de la valeur maximale (milieu de l'intervalle allant de 40 à 80 pour cent). Ainsi, lorsqu'une culture a été classée dans la catégorie très adaptée, pour une durée donnée de la période de croissance, une note de 1,5 lui a été attribuée (90 pour cent/60 pour cent = 1,5); si elle est classée dans la catégorie dite adaptée une note égale à 1 lui a été attribuée (60 pour cent/60 pour cent = 1).

Afin de définir l'indice de diversité, les notes affectées à chaque culture ont été additionnées après pondération tenant compte du rendement potentiel. Les résultats obtenus figurent au tableau 2.6.

Les notations finales affectées à chaque durée de la période de croissance et dans chaque zone climatique ont été réparties dans quatre catégories qui peuvent être décrites comme suit:

Domaine de notationAbondance et diversité des sous-produits
9–12Quantités moyennes à satisfaisantes provenant de cultures diversifiées
4–8Quantités moyennement importantes provenant de cultures diversifiées
1–3Quantités moyennement importantes provenant de quelques cultures
0Faibles quantités de sous-produits

2.8 Infrastructure routière

L'infrastructure routière a été considérée comme un important critère de développement dans le cas de la pisciculture commerciale, mais non dans celui de la pisciculture de subsistance. La densité de routes munies d'un revêtement et de routes carrossables a servi de variables de substitution du niveau de développement général de l'infrastructure routière. Le raisonnement sous-jacent est le suivant: les zones dotées de routes importantes praticables en tout temps offrent de meilleure possibilités de transport des facteurs de production et des fournitures destinées aux exploitations piscicoles et, par ailleurs, d'envoi des produits sur les marchés par comparaison aux zones dépourvues d'une telle infrastructure routière. II a par ailleurs été supposé qu'en présence de routes praticables en tout temps, la probabilité de bénéficier d'autres types d'infrastructures à proximité immédiate, par exemple l'électricité et le réseau de télécommunications, est d'autant plus grande.

Les données sur les routes ont été établies à partir des cartes topographiques d'Afrique de l'US Defense Mapping Agency (DMA) ainsi que des tableaux de navigation et de planification de la DMA concernant l'Afrique. La carte a été établie à l'échelle de 1:5 millionième (ESRI, 1984). Du fait de l'ancienneté des données utilisées, l'estimation de l'infrastructure routière est plutôt en deçà de la réalité en ce qui concerne les pays dont les réseaux routiers ont été étendus et améliorés au cours de la dernière décennie.

Tableau 2.6 Productivité et diversité des cultures relatives aux différentes durées de la période de croissance dans les principales zones climatiques d'Afrique et notations correspondantes de productivité - diversité des cultures

ndt: DPC: Durée de la période de croissance/Type

DPC
type
DPC
(j)
Zone subtropicale chaude, régime pluvial estivalPlaines littorales, zone tropicale chaudeZone subtropicale fraîche, régime pluvial estivalZone subtropicale fraîche, régime pluvial hivernalHautes terres/zone subtropicale chaude régime pluvial estival
très adaptéeadaptéeproductivité
/diversité
très adaptéeadaptéeproductivité
/diversité
très adaptéeadaptéeproductivité
/diversité
très adaptéeadaptéeproductivité
/diversité
très adaptéeadaptéeproductivité
/diversité
N365000011000000000
N330 à 364000044000000000
N300 à 329000044000000011
N270 à 299055055112,5000112,5
N240 à 269167,5167,5236011236
N210 à 23927102710326,5101,5326,5
N180 à 2095411,55411,5326,5101,5326,5
N150 à 17962116312326,5011326,5
N120 à 149000189,5000011055
N90 à 119000088000011055
N75 à 89000077000011055
N1 à 74000077000011055
N0000000000000000
I1 à 74000000000000000
I75 à 89000077000011000
I90 à 119000077000011000
I120 à 149011011000000000
I150 à 179066000033000000

La densité routière a été mesurée par le nombre de pixels de 2' × 2' contenant une route à revêtement ou une route carrossable dans chaque pixel de 10' × 10'. La densité routière maximale est donc de 25 pixels par pixel de 10' × 10'. Dans la pratique, le nombre maximum observé a été de 22. La densité routière a donc été classée dans trois catégories comportant des effectifs sensiblement identiques:

Nombre de pixels de 2' × 2' contenant une route à revêtement ou un route carrossable, par pixel de 10' × 10'Signification
9–22Zone optimale
5–8Zone adaptée
1–4Zone faiblement adaptée

2.9 Récapitulation des critères utilisés et des seuils correspondants

En règle générale, le choix des critères et l'utilisation de valeurs seuils de ces derniers ont permis de définir deux types de possibilités de pisciculture en eaux à température élevée. II s'agit de la pisciculture de subsistance et de la pisciculture commerciale.

2.9.1 Pisciculture de subsistance

Dans le cas de la pisciculture de subsistance six critères ont été pris en considération: ruissellement pluvial, température de l'eau, relief, texture du sol, demande du marché local et utilisation de sous-produits agricoles comme facteurs de production. Le tableau 2.7 récapitule les critères pris en compte et les domaines de variation propres à chaque classe.

Tableau 2.7 Récapitulation des critères et des seuils correspondants applicables à la pisciculture de subsistance.

CritèreClasse 1/valeurs optimalesClasse 2/valeurs adaptéesClasse 3/valeurs faiblement adaptées
Température de l'eau (°C)≥26°C pendant 12 mois≥ 22°C pendant 12 mois≥ 22°C pendant 8 mois et ≥ 14°C pendant 4 mois
Eau de ruissellement pluvial (mm)>1 1991 000–1 199700–999
Relief (% pente)0–88–30>30
Texture du solTexture fine principalementTexture moyenne principalementTexture grossière principalement
Demande du marché local (habitants/km2)>5>1 à <5<1
Sous-produits agricoles (Productivité et diversité des cultures)Possibilités moyennes à bonnes, cultures diversifiées (9–12)Possibilités moyennes, cultures peu nombreuses (4–8)Possibilités réduites (1–3)

2.9.2 Pisciculture commerciale

La définition des possibilités de pisciculture commerciale s'est appuyée sur l'utilisation de huit critères et des valeurs seuils correspondantes (voir tableau 2.8).

Tableau 2.8 - Récapitulation des critères et des seuils correspondant applicables à la pisciculture commerciale.

CritèreClasse 1/valeurs optimalesClasse 2/valeurs adaptéesClasse 3/valeurs peu adaptées
Température de l'eau (°C)≥ 26°C pendant 12 mois≥ 22°C pendant 12 mois≥ 22°C pendant 8 mois et ≥ 14°C pendant 4 mois
Eaux de ruissellement pluvial (mm)>1 1991 000–1 199700–999
Eaux des rivières et des cours d'eau permanents (pixels 2'×2'/pixel 10'×10')9–234–80–3
Relief (% pente)0–88–30>30
Texture du solTexture fine principalementTexture moyenne principalementTexture grossière principalement
Demande du marché local (habitants/km2)>25>5 à <25<5
Routes à revêtement et routes carrossables (pixels 2'×2'/pixel 10'×10')14 à 228 à 131 à 7
Sous-produits agricoles (Productivité et diversité des cultures)Possibilités moyennes à bonnes, cultures diversifiées (9–12)Possibilités moyennes, cultures peu nombreuses (4–8)Possibilités limitées (1–3)

2.10 Regroupement de critères en catégories

Pour faciliter l'interprétation et l'utilisation des résultats présentés, les six critères appliqués à la pisciculture de subsistance (tableau 2.7) et les mêmes six critères complétés par deux critères supplémentaires appliqués à la pisciculture commerciale (tableau 2.8) ont été classés dans quatre catégories tel qu'indiqué de façon schématique au tableau 2.1. L'exposé détaillé des analyses effectuées figure en annexe aux sections 6.1 et 6.2.

Les quatre catégories considérées sont les suivantes: 1) grossissement et hivernage des poissons; 2) possibilités techniques de construction d'étangs; 3) alimentation en eau et 4) facteurs économiques. La première catégorie - grossissement et hivernage - a fait office d'argument d'évaluation des autres catégories. Son rôle prépondérant est lié au fait que le nombre annuel de récoltes et les perspectives de production correspondantes sont particulièrement significatifs quant à la production potentielle de l'exploitation. L'analyse conjointe de ces différentes catégories de critères permet donc d'apprécier l'incidence globale sur la production. En outre, dans la pratique, le critère le plus important, à savoir la température de l'eau est celui qui se prête le moins à une amélioration au niveau d'une exploitation de subsistance. Dans le cas d'une exploitation commerciale, sa modification implique des solutions coûteuses telles que la construction de serres et le chauffage de l'eau au moyen d'autres sources d'énergie. Autrement dit, la température de l'eau est le critère le moins facilement modifiable parmi les facteurs physiques affectant la faisabilité et la production d'une exploitation de pisciculture.

2.10.1 Détermination de l'approvisionnement en eau à partir du ruissellement pluvial et de l'apport des rivières et des cours d'eau permanents

Du point de vue d'une exploitation commerciale, il est plus sûr de disposer de deux sources d'approvisionnement en eau que d'une seule. En outre, la possibilité d'utiliser l'eau des rivières et des cours d'eau permanents présente un avantage dans les zones où les pluies sont saisonnières ou peu abondantes.

Le ruissellement pluvial est considéré comme une source d'approvisionnement plus importante que les rivières et les cours d'eau permanents. Une quantité déterminée de précipitations se répartit nécessairement de manière homogène sur la totalité d'un pixel. Or, tel qu'indiqué à la section 2.4, l'apport des rivières et des cours d'eau permanents est réparti de façon plus inégale. On comprend en effet intuitivement qu'à l'intérieur de pixels de 10' × 10' comportant un grand nombre de rivières et de cours d'eau permanents, la superficie de terrain à proximité immédiate des cours d'eau ne constitue qu'une très petite partie de la totalité d'un pixel. C'est pourquoi l'apport des rivières et des cours d'eau permanents s'avère important uniquement lorsque le ruissellement pluvial est insuffisant. Sinon, on peut le considérer en tant qu'approvisionnement complémentaire.

Aux fins de la présente étude, l'apport du ruissellement pluvial a été considéré comme deux fois plus important que celui des rivières et des cours d'eau permanents. L'incidence de la combinaison des deux critères avec cette pondération est traitée à la section 6.2 de l'annexe.

2.10.2 Combinaison d'autres critères pour définir les catégories liées aux possibilités techniques et aux facteurs économiques

La catégorie dite des possibilités techniques a été définie en combinant la texture du sol et la pente au moyen de coefficients de pondération identiques, de façon à obtenir les classes dites optimale, adaptée et faiblement adaptée tel qu'indiqué à la section 6.1 de l'annexe.

Les facteurs économiques relatifs aux exploitations piscicoles de subsistance ont été décrits en associant les facteurs de production et la demande du marché local avec des coefficients de pondération identiques. Le tableau ainsi obtenu figure à la section 6.1 de l'annexe.

Les facteurs économiques relatifs aux exploitations de pisciculture commerciale ont été définis en complétant les facteurs de production et la demande du marché local par l'adjonction du critère de l'infrastructure routière, en affectant un coefficient de pondération identique à chacun d'eux (annexe, section 6.2).

2.11 Analyses finales

En vertu de l'approche prudente adoptée dans le cadre de la présente étude, les situations limites n'ont pas été prises en considération. Autrement dit, pour un pixel donné, si l'une des quatre catégories de critères appliquées à l'évaluation des possibilités de pisciculture de subsistance et de pisciculture commerciale a reçu une notation faible, le pixel considéré a été éliminé. Seules les zones jugées adaptées ont été prises en considération.

Les résultats des analyses ont été regroupés comme suit afin de présenter un éventail utile de conclusions à interpréter:

Deux récoltes par an - bon grossissement (zone dite optimale)
1.Deux récoltes par an, bon grossissement, zone optimale pour les autres catégories de critères
2.Deux récoltes par an, bon grossissement, zone adaptée pour toutes les autres catégories de critères, à adaptée pour une catégorie et optimale pour deux catégories.
Deux récoltes par an - assez bon grossissement (zone dite très adaptée)
3.Deux récoltes par an, assez bon grossissement, zone optimale pour les autres catégories de critère
4.Deux récoltes par an, assez bon grossissement, zone adaptée pour toutes les autres catégories de critères, à adaptée pour une catégorie et optimale pour deux catégories.
Une récolte par an, assez bon à bon grossissement (zone adaptée)
5.Une récolte par an, assez bon à bon grossissement, zone optimale pour les autres catégories de critères
6.Une récolte par an, assez bon à bon grossissement, zone adaptée pour toutes les autres catégories de critères, à adaptée pour une catégorie et optimale pour deux catégories.
Zone faiblement adaptée (zone inadéquate)
7.Zone faiblement adaptée pour une à quatre catégories de critères.

Page précédente Début de page Page suivante