Previous Page Table of Contents Next Page


OUVERTURE DE LA SESSION

1. Le Sous-Comité pour le lac Tanganyika du Comité des pêches continentales pour l'Afrique (CPCA) a tenu sa troisième session les 3 et 4 octobre 1985 à Lusaka (Zambie). Des représentants des quatre Etats membres - Burundi, Tanzanie, Zaïre et Zambie - ont participé à la session, ainsi qu'un observateur d'un Etat membre de la FAO et un représentant de la Communauté économique européenne (CEE). La liste des délégués et observateurs est reproduite à l'annexe C.

2. La session a été ouverte par M. S. Kasereka, Président, Chef de la division des pêches au Zaïre. Il a souhaité la bienvenue aux participants et a remercié le pays hôte. Il a également informé l'assistance du décès de l'ancien Président, M. T.M. Salea, du Zaïre, et l'on a observé une minute de silence à sa mémoire.

3. Monsieur S.A.T. Wadda, Représentant de la FAO en Zambie, s'est adressé aux participants au nom de M. Edouard Saouma, Directeur général de la FAO, et de M. J.E. Carroz, Sous-directeur général (Pêches). Il a rappelé les délibérations de la deuxième session et passé en revue les progrès effectués dans la mise en oeuvre de ses résolutions. Il a souligné l'importance du lac Tanganyika pour les quatre pays riverains; puis il a insisté sur la nécessité de coopérer au développement des pêches et de le coordonner, avant de souhaiter une réunion fructueuse aux participants.

ELECTION DU PRESIDENT ET DU VICE-PRESIDENT

4. Monsieur B. Nyakageni, Directeur du Département des eaux et forêts au Ministère de l'agriculture et de l'élevage du Burundi a été élu Président, et M. T.W. Maembe, Fonctionnaire principal, Division des pêches du Ministère des terres, des ressources naturelles et du tourisme de la Tanzanie a été élu Vice-Président de la session. La Zambie a été élue rapporteur.

ADOPTION DE L'ORDRE DU JOUR ET ORGANISATION DES TRAVAUX

5. L'ordre du jour, tel qu'il est reproduit à l'annexe A, a été adopté. L'annexe B donne la liste des documents présentés à la session.

LA SITUATION DES PECHES DU LAC TANGANYIKA

6. Le Secrétariat a présenté le document CIFA:DM/LT/85/3, Rapport sur le développement des pêches dans le lac Tanganyika, lequel a été favorablement accueilli par le Sous-Comité.

Les recommendations suivantes du dit rapport ont été examinées:

7. Le Sous-Comité a reconnu qu'il faut en priorité harmoniser la législation et les politiques d'aménagement des pêches et a suggéré que la FAO fournisse une assistance dans ce domaine au plus tôt. Il a été recommandé qu'une étude comparative des engins de pêche artisanaux utilisés soit entreprise parce que des innovations récentes dans certains pays indiquent que des bénéfices régionaux pourraient résulter de ces comparaisons. En ce qui concerne les accords de pêche - qui permettent aux pays d'obtenir les autorisations nécessaires pour que leur flottille pêche dans les eaux d'un autre pays, ou utilise les installations de débarquement d'un autre pays - le Sous-Comité est convenu que de tels accords sont possibles et que les dispositions y relatives doivent être prises par l'intermédiaire des ministères concernés. Il convient à cet égard de faire appel à l'expérience de la FAO, qui est considérable, notamment dans le domaine des pêches maritimes. Si le financement apporté par la FAO le permettrait, ou si on trouvait d'autres sources de financement, le Secrétariat devrait réunir des représentants de tous les pays et organismes donateurs participant au développement des pêches artisanales du lac Tanganyika pour procéder à des échanges d'expérience et promouvoir la coordination et la coopération. Le Secrétariat devrait également prendre des dispositions pour effectuer des analyses plus poussées des données historiques, statistiques et biologiques. La première tentative en ce sens s'est révélée particulièrement utile pour préciser les variations de stocks.

8. Le Sous-Comité a exprimé de sérieuses réserves en ce qui concerne l'introduction éventuelle d'un prédateur exotique dans le lac Kivu. Le délégué du Zaïre a informé l'assistance que les travaux relatifs aux introductions dans le lac Kivu devraient être précédés par des études sur la biologie des espèces et la limnologie du lac Tanganyika.

9. Outre les débats relatifs à ces recommendations, trois autres sujets ont été portés à l'attention du Sous-Comité:

  1. coopération entre les pays pour faciliter le retour des engins et embarcations volés transportés par delà les frontières internationales;

  2. nécessité d'éviter les doubles emplois dans la productions d'engins et d'embarcations de pêche entre pays riverains, éventuellement au moyen d'un inventaire des installations disponibles dans chaque pays, par exemple pour la construction navale, la fabrication de filets, etc.; enfin

  3. le problème de la pollution du lac Tanganyika.

10. Cette dernière question a suscité de nombreux commentaires parmi les délégués et les observateurs, soit en substance: le lac Tanganyika, dont la période de rétention de l'hypolimnion est très longue - 2 000 ans ou davantage - à cause du manque d'exutoires et du déplacement horizontal rapide et à grande distance des eaux de surface, est très sensible à la pollution. Si l'on entrevoit actuellement un risque général de pollution, qui serait imputable par exemple aux pesticides utilisés dans le secteur agricole, le danger le plus grave vient de la prospection et de l'exploitation éventuelle des ressources pétrolières sous-lacustres. Quoiqu'il en soit, les activités de raffinage du pétrole, au stade initial du moins, seraient implantées à l'extérieur du bassin d'alimentation du lac. Le Sous-Comité a demandé à la FAO les services d'un consultant qui pourrait le conseiller sur la réalisation de l'étude d'impact écologique qu'il conviendrait d'entreprendre pour évaluer les effets de la prospection pétrolière et de l'exploitation du pétrole sur le milieu aquatique et les ressources ichthyologiques du lac. Le consultant pourrait aussi se charger d'un étude générale des autres sources de pollution du lac et de son bassin, et évaluer dans quelle mesure un programme de contrôle de la pollution s'impose.

RAPPORT DE L'ATELIER SUR LES STATISTIQUES DES PECHES DANS LES EAUX INTERIEURES - LAC TANGANYIKA

11. Le Secrétariat a présenté le document CIFA:DM/LT/85/2, qui fait état des principaux résultats de la réunion qui s'est tenue à Bujumbura (Burundi) du 29 mai au 4 juin 1984, et des domaines dans lesquels l'action ultérieure des gouvernements et de la FAO est requise. L'atelier avait examiné les aspects organisationnels et techniques des systèmes d'enquêtes sur les eaux continentales, les problèmes pratiques rencontrés lors de la planification et de l'exécution des enquêtes statistiques, les diverses méthodes utilisées pour la collecte des données, ainsi que celles qui permettent d'en estimer la portée, et notamment de détecter les sources d'erreur possibles. La question des “facteurs d'extrapolation” avait aussi été abordée.

12. Le Sous-Comité a exprimé sa satisfaction devant la rapidité avec laquelle la FAO et son Bureau régional pour l'Afrique ont répondu à la demande d'aide que le Sous-Comité leur avait adressée à sa deuxième session, mais il a regretté que les quatre pays concernés n'aient pas tiré pleinement parti de la formation acquise au cours de l'atelier et du stage organisés par la FAO, faute de moyens humains, financiers et physiques.

13. Le débat qui a suivi a mis l'accent sur l'importance de données statistiques de qualité pour la planification, le développement et l'aménagement des pêches. On a par conséquent insisté sur le fait que les pays doivent accorder un rang de priorité plus élevé aux questions relatives aux statistiques des pêches.

14. Le Sous-Comité a de nouveau souligné l'importance de la coopération et de la collaboration régionales pour faire en sorte que l'on puisse instituer un système normalisé de collecte de données statistiques relatives aux pêches, et l'appliquer au lac.

15. Le Sous-Comité a demandé un concours supplémentaire de la FAO pour veiller à ce que les connaissances acquises au cours de l'atelier et du stage soient convenablement mises en pratique. A cet égard, il a été recommandé que la FAO entreprenne une évaluation des résultats de la réunion d'étude et du stage de formation organisés en 1984 et, si nécessaire, organise un programme de formation pour y faire suite.

COOPERATION REGIONALE EN MATIERE DE RECHERCHE D'AMENAGEMENT ET DE DEVELOPPEMENT DES PECHES DU LAC TANGANYIKA

16. Ce point de l'ordre du jour a été présenté par le Secrétariat à partir des documents CIFA:DM/LT/85/4, 85/4 Add.1, et 85/5.

17. A sa deuxième session, tenue à Rome en 1983, le Sous-Comité CPCA pour le lac Tanganyika avait identifié les éléments clés devant figurer dans un programme à long terme de développement et d'aménagement des pêches du lac Tanganyika. L'Atelier CPCA sut les statistiques des pêches dans les eaux intérieures, qui a été organisé sur la recommandation du Sous-Comité à sa deuxième session en mai/juin 1984, a défini plus précisément certains éléments clés en rapport avec les statistiques des pêches (voir paragraphes 11–15 ci-dessus).

18. Il a été tenu compte de ces éléments clés pour formuler le Projet régional d'aménagement des pêches du lac Tanganyika, lequel a été soumis à l'approbation du Sous-Comité (document CIFA:DM/LT/85/4 Add.1). Le but général du Projet régional a été présenté comme suit: coordonner la recherche et promouvoir la collaboration internationale à l'aménagement des ressources partagées du lac Tanganyika, afin de stimuler le développement des pêches.

19. Les objectifs - à long terme et à court terme - en sont les suivants:

Objectifs à long terme

20. Assurer l'exploitation maximale des ressources halieutiques du lac par les pays riverains afin que ces pays soient mieux approvisionnés en aliments à haute teneur en protéines, conformément à leurs objectifs de développement:

  1. en facilitant l'échange et l'exploitation des résultats de la recherche et des expériences;
  2. en aidant les gouvernements à planifier leurs programmes de développement nationaux afin d'assurer l'exploitation rationnelle de leurs ressources halieutiques;
  3. en renforçant les centres nationaux de recherche afin d'améliorer leur efficacité et d'éviter les doubles emplois.

Objectifs à court terme

  1. mieux connaître les fluctuations saisonnières et à long terme des ressources halieutiques du lac;
  2. établir un programme à long terme de surveillance des stocks de poissons et des conditions écologiques et former du personnel national pour poursuivre les travaux ainsi que d'autres activités lorsque l'assistance aura pris fin;
  3. rassembler et analyser les données statistiques déjà disponibles à l'échelle régionale, et prendre les mesures voulues pour assurer par la suite une uniformité dans la collecte des données à l'échelle régionale;
  4. aider les gouvernements des Etats membres à coordonner l'aménagement des ressources de la pêche pélagique dans le lac.

21. Le Sous-Comité a approuvé la proposition de projet telle que présentée au document CIFA:DM/LT/85/4 Add.1 et a exprimé sa gratitude envers le Secrétariat de la FAO pour avoir donné suite aux recommandations du Sous-Comité (deuxième session) à ce sujet.

22. Par ailleurs, certaines délégations ont rappelé la proposition qui avait été faite lors de la deuxième session du Sous-Comité, tendant à ce qu'il soit demandé à la CEE de participer au financement d'un Projet régional de cet ordre. Les participants ont été informés que trois pays riverains avaient fait une demande à la CEE dans l'inter-session mais que la réponse de la CEE ne leur était pas encore parvenue. Il a été demandé au Représentant de la CEE à la troisième session du Sous-Comité de clarifier la position de la CEE sur la question et d'informer les pays concernés.

23. Le Secrétariat de la FAO a informé le Sous-Comité que la proposition de Projet régional dont il est question au paragraphe ci-dessus a également été soumise à des donateurs bilatéraux, et qu'un pays donateur (la Finlande) avait exprimé un vif intérêt pour son financement. Bien que le document de projet n'ait pas encore été signé par le donateur intéressé au moment où le Sous-Comité se réunit, il semble fort probable qu'il le sera dans un très proche avenir.

24. Le Sous-Comité s'est félicité de cette information et a demandé à être officiellement prévenu dès la signature du document de projet. Le Sous-Comité est ensuite convenue que les embarcations de recherche existantes dans la région devraient être mises à la disposition du projet régional. Dans ce contexte la délégation de la Tanzanie a offert l'utilisation du navire de recherche ECHO (nommé auparavant FAO 81) et la Zambie le KAPATA qui a besoin de travaux de réfection.

25. Certains pays se sont néanmoins dits préoccupés que le document de projet envisagé par la Finlande ne fasse pas place à certains aspects ayant trait au développement, qui figuraient dans une version antérieure de proposition de projet du même ordre préparée en 1980 par le projet FAO/PNUD RAF/78/013. Par conséquent il a été proposé, pour éviter que le projet favorablement envisagé par la Finlande et la demande globale d'aide faite à la CEE (voir paragraphe 22 ci-dessus) ne fassent double emploi, que les éléments de développement ne figurant pas au projet proposé à la Finlande soient inclus dans une proposition distincte soumise à l'attention de la CEE.

26. Le Sous-Comité a donc désigné un groupe de travail spécial, composé d'un représentant de chacun des pays riverains, et l'a chargé de tracer les grandes lignes de cette proposition. Le groupe s'est réuni sous la présidence de la Zambie et a préparé les propositions qui figurent à l'annexe D au présent rapport.

27. Le Sous-Comité s'est ensuite penché sur les conclusions de la Réunion de travail sur les relations prédateur-proie, la dynamique des populations et la productivité des pêcheries des grands lacs africains, laquelle avait précédé la troisième session du Sous-Comité, du 30 septembre au 2 octobre 1985. Quatre documents concernant le lac Tanganyika y avaient été présentés.

28. L'analyse récente des données relatives aux pêcheries et des données biologiques des zones septentrionale et méridionale du lac Tanganyika, ainsi que la synthèse des information existantes, permettent de mieux comprendre la dynamique du lac et la productivité des pêcheries.

29. Les six espèces pélagiques du lac Tanganyika sont exploitées artisanalement et industriellement à différents stades de leur vie. Les captures industrielles par unité d'effort de clupéidés et de leur principal prédateur L. Stappersii font apparaître des fluctuations importantes, d'une périodicité de 6 à 8 ans entre deux pointes successives de fréquence d'une même espèce. Dans la partie méridionale du lac, cette périodicité est de l'ordre de 3 à 4 ans. Ces fluctuations cycliques sont, pense-t-on, le résultat d'une relation complexe entre prédateur et proie, laquelle s'exerce à tous les stades de la vie des deux espèces. L'espèce prédatrice et sa proie fraient simultanément: les juvéniles des deux espèces - prédateurs et clupéidés - étant planctophages, ils se développement dans des circonstances très semblables, le succès du recrutement étant étroitement lié à l'abondance du plancton induite par le vent. A l'âge de 4 mois Stolothrissa est présent dans les zones de pêche industrielle au large, tandis que L. Stappersii, qui devient piscivore lorsqu'il atteint 110 mm environ à la fourche, disparaît de ces zones pour se nourir de Stolothrissa juvéniles près du rivage.

30. On a appliqué avec succès un modèle de régression multiple qui relie le recrutement des proies à la biomasse de leurs parents au moment de la maissance, ainsi qu'à la biomasse de leur prédateurs. Le rapport quantitatif au recrutement parental n'est toutefois pas direct dans les stocks pélagiques, et ce modèle pourrait sans doute être considérablement amélioré si l'on tenait compte de la force du vent dans l'estimation de l'abondance annuelle du plancton, ce facteur ayant une influence déterminante sur le taux de survie des juvéniles, donc sur le succès du recrutement. Le fait que les zones du lac où l'on trouve des juvéniles de L. Stappersii sont très limitées indique probablement que les frayères sont très localisées. Ces zones mériteraient donc des mesures spéciales d'aménagement.

31. Globalement, on observe des phases distinctes, saisonnières et de plus longue amplitude, dans la vie des espèces principales exploitées, cela dans les diverses zones du lac. Il est donc indispensable de mener des recherches de longue haleine portant sur l'ensemble du lac, en veillant particulièrement aux points suivants:

  1. pour avoir l'utilité et les effets maxima, les objectifs et les activités de recherche doivent être coordonnés entre les pays riverains;
  2. les résultats des recherches doivent être mis à la disposition des pays en temps opportun;
  3. les données statistiques des pêches, qui complètent les données biologiques fournies par les programmes de recherche, doivent être normalisées et circuler librement..

32. Le Sous-Comité a exprimé son accord sur ces points.

AUTRES QUESTIONS

33. Le Sous-Comité a renouvelé le souhait qu'il avait déjà exprimé à sa deuxième session, à savoir que les pays riverains organisent des réunions entre les sessions. Le manque de fonds et de coordination ne l'ont pas permis pendant la période 1983/85. Il a été demandé à la FAO d'offrir ses bons offices pour permettre la tenue, sous les auspices du CPCA, d'une réunion entre les sessions à Kigoma vers le mois de septembre 1986.

DATE ET LIEU DE LA QUATRIEME SESSION

34. La date et le lieu exacts de la session seront fixés par le Directeur général, en accord avec le Président et les autorités du pays hôte.

35. La Tanzanie et le Zaïre ont offert d'accueillir cette session, sous réserve de l'approbation de leurs gouvernements respectifs.

ADOPTION DU RAPPORT

36. Le présent rapport a été adopté le 4 octobre 1986.


Previous Page Top of Page Next Page