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OUVERTURE DE LA SESSION

1. Le Sous-Comité du développement et de l'aménagement des pêches dans le lac Victoria, du Comité des pêches continentales pour l'Afrique (CPCA), a tenu sa deuxième session à Rome (Italie), les 6 et 7 octobre 1983. Y ont participé les représentants des trois pays membres - Kenya, République-Unie de Tanzanie et Ouganda - et des observateurs du Secrétariat du Commonwealth. La liste des délégués et observateurs figure à l'annexe A.

2. La session a été ouverte par M.G.K. Libaba, Directeur des pêches de la République-Unie de Tanzanie, Président de la première session du Sous-Comité. Après avoir souhaité la bienvenue aux participants, M. Libaba a fait ressortir l'importance que revêtent les pêcheries du lac Victoria pour l'économie des trois pays membres et il a souligné la nécessité de protéger et d'exploiter ces ressources de manière que les Etats riverains en tirent un maximum de bénéfices. Etant donné qu'il s'agit de ressources partagées, une coopération régionale devrait être instaurée d'urgence pour les mettre en valeur et les aménager.

3. M. H.F. Henderson, Chef du Service des ressources des eaux intérieures et de l'aquaculture, a ensuite pris la parole au nom de M. Edouard Saouma, Directeur général de la FAO, et de M. J.E. Carroz, Sous-Directeur général au Département des pêches. Il a souligné l'importance d'une étroite collaboration pour la mise en valeur et l'aménagement des pêches dans ce lac important et il a attiré l'attention sur les fluctuations naturelles de ses ressources de poisson. Il a indiqué les stratégies d'aménagement possibles, à savoir tenter de stabiliser ces fluctuations ou bien en tirer parti au maximum. Enfin, M. Henderson a assuré les participants que la FAO ferait tout son possible pour les aider à réaliser leurs aspirations.

ELECTION DU PRESIDENT ET DU VICE-PRESIDENT

4. M. N. Odero, Directeur des pêches du Kenya et M. F.L. Orach-Meza, Fonctionnaire principal des pêches de l'Ouganda, ont été élus respectivement Président et Vice-Président de la session.

ADOPTION DE L'ORDRE DU JOUR ET ORGANISATION DE LA SESSION

5. L'ordre du jour annoté et le calendrier des activités reproduits à l'annexe B ont été adoptés. La liste des documents présentés à la session figure à l'annexe C.

AMENAGEMENT ET DEVELOPPEMENT DES PECHES DANS LE LAC VICTORIA

(a) Principaux problèmes d'aménagement et de développement qui se posent aux Etats riverains du lac Victoria

6. Au titre du point 4(a) de l'ordre du jour, le Secrétariat a présenté le document CIFA: DM/LV/83/2 qui examine la situation actuelle des pêcheries du lac Victoria.

7. Il ressort des études récentes des statistiques des captures, ainsi que des descriptions des diverses activités de pêche menées dans le lac, qu'il existe bien en fait un certain nombre de pêcheries mono ou plurispécifiques qui empiètent relativement peu sur les autres, car les engins ou maillages utilisés, ou bien les habitats des espèces exploitées, sont différents. Quelques conflits sont néanmoins inévitables. Les caractéristiques de ces pêcheries sont résumées à l'annexe D. La qualité des données sur les captures de poisson consignées dans les documents statistiques des pays riverains est assez variable. Il est possible que certains des chiffres publiés soient entâchés d'erreurs importantes imputables à la difficulté de recueillir les données, mais il n'est pas indispensable de connaître la production en grandeur absolue pour déterminer les tendances des pêcheries. La principale caractéristique à surveiller est le mode de variation des captures des différentes espèces d'une année à l'autre.

8. Le fait que l'on peut distinguer plusieurs pêcheries bien définies ayant chacune ses propres caractéristiques est un élément important à prendre en considération pour la conduite de l'aménagement, car chacune aura ses besoins particuliers en matière de recherche, de mise en valeur et de gestion. Cette pluralité offre aussi la possibilité d'une exploitation alternée des stocks afin d'assurer leur conservation dans une ou plusieurs des pêcheries.

De fait, la commutation opérée par les pêcheurs ougandais au détriment des “tilapias” et en faveur de Bagrus en raison de la haute valeur marchande de ce dernier et de la difficulté de se procurer des filets maillants de fabrication industrielle ayant un petit maillage - semble avoir atténué la pression exercée sur les tilapias, grâce à quoi les “stocks” de poissons cichlidés du genre Tilapia ont pu se reconstituer. Au Kenya également, les petits maillages ont été abandonnés au profit des grands (102 mm–305 mm) parce que les espèces cichlidées des genres Haplochromis et Tilapia étaient devenus moins abondantes, alors que les effectifs des perches nilotiques de grande taille avaient augmenté.

9. On a également noté qu'outre les opérations de type traditionnel, utilisant des filets maillants et axées sur les “tilapias”, sur Bagrus, sur Clarias et sur Protopterus, trois nouveaux types de pêche se sont développés depuis quelque temps. Le chalutage a été introduit localement dans le golfe de Mwanza pour exploiter (sur une base limitée) les stocks d'Haplochromis spp. vivant dans les eaux profondes du lac. Cette pêche a été suivie de près par l'équipe néerlandaise chargée de l'enquête écologique sur Haplochromis et par l'Institut national de recherches sur les pêches (TAFIRI) de Tanzanie1. Cette surveillance a déjà permis de reconnaître l'existence de certaines tendances qui serviront de guides pour l'exploitation durant l'expansion envisagée du chalutage dans la totalité du lac.

  1. Les “stocks” de poissons semblent peu mobiles et il existe donc un risque réel de sur-exploitation locale. Les prospections effectuées dans les eaux ougandaises par le N/R IBIS ont fait apparaître un fléchissement spectaculaire des taux de capture d'Haplochromis en conséquence du chalutage pratiqué dans une zone limitée pendant une période de cinq ans. Dans les eaux tanzaniennes, on observe déjà des signes de modification de la communauté ichtyque sous l'effet de la pêche, qui sont analogues à ceux présentés par les stocks intensément pêchés d'Haplochromis du lac Malawi (disparition sélective des sujets et des espèces de grande taille). Les statistiques biologiques disponibles indiquent une très faible abondance d'Haplochromis dans le golfe de Nyanza. Ce déclin est attribué à la pêche et à la prédation par la perche nilotique d'introduction (Lates niloticus) qui est une espèce vorace. On a reconnu que la recolonisation des zones excessivement pêchées à partir d'autres zones ne se fait que lentement, et les opérations de pêche devraient donc être réparties dans l'espace et dans le temps de manière à éviter la disparition de toute communauté individuelle.

  2. Il a été démontré que la reproduction des stocks vivant dans les eaux sub-littorales, entre 10 et 20 m de profondeur, a un caractère nettement saisonnier. On a également noté que l'apport important d'éléments nutritifs dans le lac pendant les pluies a pour effet de rendre la nourriture plus abondante dans la zone sub-littorale et les poissons constituent leurs réserves de graisse et se reproduisent à cette époque. Par conséquent, il serait peut-être approprié de suspendre temporairement la pêche pendant ce temps. En compensation, il est possible que les stocks vivant en eaux plus profondes se reproduisent plus tard pendant la saison sèche et c'est alors qu'il faudrait décréter pour eux une période de fermeture de la péche. Dans ces conditions, on pourrait exploiter alternativement les stocks côtiers et les stocks des eaux profondes, selon la saison.

  3. L'utilisation de maillages très petits, de moins de 38,1 mm (1,5 in), apparaît hautement destructrice. La plupart des espèces d'Haplochromis spp. parviennent à maturité à une taille de plus de 6 cm, mais les actuels culs-de-chaluts à maillage de moins de 38 mm capturent principalement des sujets plus petits et immatures. Il faudrait donc envisager et recommander d'accroître le maillage des culs-de-chalut.

10. La deuxième pêche nouvelle est celle d'Engraulicypris (Rastrineobola). Elle a d'abord été pratiquée avec des sennes de plage dans les secteurs kényen et tanzanien du lac, mais la pêche par attraction lumineuse avec des filets coulissants et des sennes danoises s'est ensuite développée en d'autres endroits pour devenir une véritable pêche pêlagique. La méthode de la senne de plage consiste à attirer les poissons par la lumière pour provoquer leur concentration dans les eaux profondes, puis à faire dériver le banc ainsi regroupé vers le rivage où il est capturé avec une senne. Elle est hautement destructive pour les juvéniles de nombreuses espèces côtières, notamment les “tilapias” et la perche nilotique, aussi son remplacement progressif par de véritables méthodes de pêche en eaux libres est-il souhaitable. La biologie d'Engraulicypris n'est pas bien connue, mais tout porte à croire que le stock exploitable pourrait être assez important. Il est possible qu'Engraulicypris soit accompagné par un complexe nouvellement découvert d'espèces d'Haplochromis zooplanctonophages et phytoplanctonophages qui migrent la nuit vers la surface et qui pourraient soit être exploitées conjointement avec Engraulicypris, soit être pêchées séparément avec des chaluts de surface. La nature de la communaute pelagique vivant dans le lac demande a être étudiée et il faudra déterminer non seulement son importance mais aussi les interactions existantes, comme par exemple entre le complexe Haplochromis, Engraulicypris et la perche nilotique “pélagique” prédatrice (Lates). Engraulicypris et Haplochromis qui se déplacent en bancs sont très vulnérables à cette perche vorace. Par ailleurs, il y a également concurrence entre Engraulicypris et Haplochromis pour l'utilisation d'une source commune de nourriture (zooplancton). Certaines espèces d'Haplochromis spp. sont probablement aussi prédatrices qu 'Engraulicypris.

11. La troisième pêche nouvelle est celle de la perche nilotique prédatrice (Lates) dont l'introduction dans le lac avait été proposée parce que l'on pensait qu'elle utiliserait comme source de nourriture les bancs d'Haplochromis relativement antiéconomiques qui étaient abondants dans la totalité du lac à l'époque où elle a été introduite, et qu'elle pourrait constituer une biomasse plus appropriée pour la capture et la consommation. Avant 1979, la part de la perche nilotique dans la production du lac Victoria était insignifiante, mais, à l'heure actuelle, les données disponibles indiquent que Lates représente plus de 50 pour cent des quantités débarquées dans les secteurs suivants du lac: (i) la zone septentrionale ougandaise, depuis Entebbe jusqu'à Majanji; (ii) le golfe de Nyanza au Kenya; et (iii) la zone située tout autour de Musoma, dans la région de Mara en Tanzanie. La commutation opérée par les pêcheurs au détriment des petits cichlidés et en faveur de la perche nilotique - qu'ils capturent principalement avec des filets maillants ayant un maillage de 152–305 mm (6–12 in) et des palangres - a atténué la pression exercée sur la pêcherie de poissons cichlidés, grâce à quoi les stocks de “tilapias” semblent en voie de reconstitution dans ces zones. En 1976 par exemple, les captures de tilapias dans le golfe de Nyanza se sont établies à environ 1 000 t (approximativement 5 pour cent du total des captures), mais elles se sont situées aux alentours de 4 300 t (7 pour cent du total des captures) en 1982. A noter que, malgré la reconstitution du stock de tilapias endémiques, l'espèce d'introduction Oreochromis niloticus (=Tilapia nilotica) reste prédominante dans les captures de poissons du genre Tilapia.

12. Les statistiques des captures dont on dispose indiquent que, dans le golfe de Nyanza, il y a depuis cinq ans une corrélation négative entre les effectifs de perche nilotique et ceux d'Haplochromis. La perception de cette tendance est probablement à l'origine du point de vue très répandu selon lequel il y a une prédation excessive d'Haplochromis par la perche nilotique. Il reste toutefois difficile d'interpréter cette corrélation parce que l'on n'est pas complètement renseigné sur l'influence des autres facteurs intervenant dans la pêcherie - par exemple le remplacement possible des filets à petit maillage par des filets à maillage plus grand - et parce qu'il faudrait aussi en savoir davantage sur les effets de la pêche elle même sur les stocks d'Haplochromis.

13. Outre ces trois principaux types d'opérations, il existe un certain nombre de pêches mineures d'importance locale. Ainsi, on capturait précédemment Mormyrus au filet maillant au large de lîle de Dagusi en Ouganda et il serait possible de pécher Synodontis au chalut dans les eaux profondes. Labeo est capturé dans le secteur tanzanien et il existe une pêche saisonnière de Barbus, Alestes et Schilbe à proximité des embouchures des cours d'eau.

14. Les ressources de poissons du lac Victoria sont surtout exploitées par les pêcheurs traditionnels et les artisans-pêcheurs. Selon les renseignements dont on dispose, à peu près 54 000 pêcheurs opèrent activement dans le lac, à bord d'environ 11 000 bateaux (4 000 au Kenya, 4 000 en Tanzanie et 3 000 en Ouganda). C'est dans le golfe de Nyanza (Kenya) qui a une superficie d'à peu près 6 000 km2 que l'on trouve la plus forte concentration de pêcheurs: leur effectif est d'environ 25 000 et 20 000 d'entre eux sont titulaires de licences. Dans le secteur tanzanien (à peu près 34 400 km2), ils sont approximativement 20 000 et, dans le secteur ougandais (à peu près 28 400 km2), environ 8 000.

15. La plupart des embarcations traditionnelles opèrent dans les eaux côtières (baies, golfes et criques) de moins de 20 mètres de profondeur. La pression exercée sur les “stocks” côtiers est donc considérable. Dans les eaux profondes, la pêche offre probablement de bonnes perspectives, mais on ne connaît pas avec précision la grandeur des ressources accessibles.

16. Le Sous-Comité a noté que, sur le plan technologique et sur le plan social la pêche dans le lac Victoria est un secteur multiforme, où entrent en jeu des intérêts antagonistes. La Tanzanie a introduit des méthodes modernes de chalutage au début des années soixante-dix; certaines mesures utiles ont été prises pour restreindre ces opérations et empêcher les chalutiers d'interférer avec les engins statiques des artisans-pêcheurs qui n'ont pas encore de système de protection de leurs intérêts; mais elles n'ont pas été appliquées de manière très efficace. Le Kenya et l'Ouganda ne pratiquent pas encore le chalutage sur une échelle importante, mais ils se heurteront probablement par la suite à des problèmes analogues. Le secteur de la pêche traditionnelle et artisanale connaît des conflits concernant le partage des bénéfices entre les pêcheurs et les intermédiaires. A ceux-ci s'ajoutent les conflits habituels entre les pêcheurs qui utilisent des méthodes de pêche différentes pour exploiter les mêmes fonds.

17. De nombreux aspects de la pêche artisanale pourraient être améliorés en apportant des innovations appropriées aux méthodes de pêche et à la technologie du poisson. Toutefois, les modestes ressources inexploitées des eaux profondes ne pourront pas être pêchées en utilisant les embarcations actuelles. En outre, il importera d'adopter une méthode de pêche efficace pour Engraulicypris ainsi qu'une technique de transformation convenable pour la perche nilotique (Lates) particulièrement grasse et dodue capturée dans le lac Victoria.

18. Le délégué du Kenya a rappelé qu'il y a eu des modifications spectaculaires de la composition par espèces, des taux de capture et des captures nominales dans le golfe de Nyanza (secteur kényen du lac). L'augmentation des captures de perche nilotique semble proportionnelle à la diminution des captures d'Haplochromis, ce qu'indiquent les données statistiques reproduites à l'annexe E. On possède des renseignements suffisants sur l'état des pêcheries côtières peu profondes jusqu'à l'isobathe 20 mètres, mais n'est pas suffisamment informé sur les stocks de poissons qui pourraient être exploités dans les eaux profondes par plus de 20 mètres de fond. Il est urgent de relancer les recherches sur les pêcheries des eaux profondes.

19. Le délégué de la Tanzanie a confirmé la présence de Lates dans les eaux côtières du secteur tanzanien, mais il a précisé que les captures d'Haplochromis restent importantes, comme il ressort des données statistiques disponibles. L'avenir de l'industrie de la farine de poisson utilisant Haplochromis suscite des préoccupations en raison des modifications de l'abondance d'Haplochromis dans le golfe de Nyanza et dans le secteur ougandais du lac. On a fait ressortir la nécessité d'entreprendre une autre prospection pour explorer les eaux profondes.

20. Le délégué de l'Ouganda a également confirmé la soudaine “explosion” de la perche nilotique d'introduction, le fléchissement progressif des captures d'Haplochromis et les fluctuations des captures d'autres poissons cichlidés et non cichlidés. Les espèces d'introduction Lates et Oreochromis niloticus (=Tilapia nilotica) représentent maintenant plus de 60 pour cent de la production totale de certaines eaux ougandaises. Si l'on veut développer la pêche dans les eaux profondes, il sera nécessaire d'entreprendre une pêche exploratoire dans la zone de plus de 20 mètres de profondeur en vue de recueillir de nouvelles données de recherche. Mais le manque d'équipement de recherche approprié représente un obstacle important aux activités futures.

21. Le Sous-Comité a pris acte de l'accroissement des populations de perche nilotique et des préjudices qu'on les soupçonne de causer aux stocks d'Haplochromis, ainsi que des incidences réciproques des divers types de pêche exploitant ces deux groupes de poisson avec, en outre, Engraulicypris, les cichlidés du genre Tilapia, Bagrus, Clarias, Protopterus, etc. Il a également reconnu les intéressantes perspectives que pourrait offrir Engraulicypris et noté la nécessité de recueillir davantages de données scientifiques sur cette espèce.

22. Le Sous-Comité a dégagé certaines conclusions générales quant à son rôle à l'égard du lac Victoria. Etant donné les modifications spectaculaires de la composition par espèces, de la distribution et de l'abondance des stocks, il devrait avoir pour fonction principale d'encourager les recherches sur les pêcheries dans la totalité du lac. En outre, il a estimé qu'il convient de donner une haute priorité à la promotion d'un système unifié de statistiques des pêches d'un type normalisé et fiable. Idéalement, ces activités pourraient faire l'object de programmes de recherche en coopération entre les divers instituts nationaux qui disposent de moyens de recherche et des compétences voulues.

23. Le Sous-Comité a noté qu'il faudrait porter une grande attention à la manutention, à la transformation et à la commercialisation du poisson à l'intérieur de la région. Le manque d'installations de débarquement et de véhicules réfrigérés pour le transport, quoique compensé par l'utilisation de méthodes traditionnelles de conservation telles que le séchage et le fumage, est de plus en plus apparent. Les modifications intervenues dans la composition des captures, en particulier la proportion croissante de perche nilotique, rendent nécessaire une plus large utilisation de la réfrigération.

24. La rapide augmentation de l'offre de perche nilotique soulève des problèmes de commercialisation, car les consommateurs de la région ne sont pas habitués à ce type de poisson et ne l'apprécient pas parce qu'il est très gras. Il faudrait donc s'efforcer de mettre au point des produits qui satisfassent à la fois aux exigences du marché intérieur et du marché d'exportation.

25. Le bois de combustible nécessaire pour fumer le poisson devient de plus en plus rare et coûteux en de nombreux endroits de la région. Il faudrait donc introduire de nouveaux types de fours, plus économiques, pour le fumage.

26. Les problèmes que soulève l'utilisation directe d'Haplochromis pour la consommation humaine ne sont toujours pas résolus. L'important travail de recherche à entreprendre dans ce domaine devrait être suivi d'études sur les attitudes des consommateurs et du lancement des produits mis au point qui auront été acceptés par les consommateurs.

27. Le seul moyen de résoudre les difficultés en matière de technologie du poisson est d'entreprendre à l'intérieur de la région un travail de recherche appliquée convenablement planifié et coordonné. Il existe déjà des instituts de recherche à Mwanza, Entebbe et Kisumu, mais il faudrait améliorer leur efficacité en leur fournissant les fonds et l'équipement nécessaires et en coordonnant leurs efforts.

28. Le Sous-Comité a été informé que, pour donner suite aux recommandations des Consultations d'experts FAO sur la technologie du poisson en Afrique, tenues à Dar-es-Salaam (Tanzanie) en 1980 et à Casablanca (Maroc) en 1982, et aux recommandations de la première session du Sous-Comité CPCA pour le lac Victoria, tenue à Mwanza (Tanzanie) en 1981, la FAO a lancé, en utilisant des fonds du Programme ordinaire et des fonds extra-budgétaires, diverses activités de recherche en matière de technologie du poisson qui sont menées conjointement par les trois pays membres.

29. Ces activités ont plus particulièrement concerné l'amélioration de la manutention et de la distribution d'Haplochromis, des études sur la durée d'entreposage des principales espèces commerciales de poissons, des recherches sur les débouchés qui pourraient s'offrir aux poisson séché sur cylindre dans les zones à faible revenu, enfin l'évaluation d'une étude de pré-faisabilité en vue de l'installation d'une conserverie à Mwanza, etc.

30. Un Cours de formation FAO/DANIDA sur la technologie et le contrôle de qualité du poisson a été organisé à Mwanza (Tanzanie) en juillet 1983, à l'intention des pays africains anglophones. Le Kenya, la Tanzanie et l'Ouganda y ont participé et procuré les services de conférenciers.

31. Le Sous-Comité a noté que le léger redressement de certaines pêcheries tout autour du lac a démontré la faculté de récupération des stocks exploités. Toutefois, il a également pris acte des lacunes existantes dans les données sur l'état des stocks de certaines espèces et des problèmes que soulèvent l'utilisation, la transformation et la commercialisation du poisson, et il a souligné la nécessité d'accroître les programmes coopératifs régionaux de recherche sur les pêches en vue de recueillir le complément d'informations scientifiques nécessaire pour assurer une exploitation et un aménagement rationnels des pêcheries du lac Victoria.

1 Document CIFA:DM/LV/83/Inf. 4: Factors influencing exploitation of Haplochromis. Report by Haplochromis Ecology Survey Team (HEST), Mwanza (Tanzanie)

(b) Proposition tendant à mettre en place un projet régional CEE/FAO de développement et d'aménagement des pêches dans le lac Victoria

32. Au titre du point 4(b) de l'ordre du jour, le Secrétariat a présenté le document CIFA:DM/LV/83/3 “Proposed EEC/FAO regional project for the development and management of the fisheries of Lake Victoria”. On a fait ressortir qu'il y a actuellement six obstacles principaux au développement et à l'aménagement des pêches dans le lac Victoria: (i) il n'existe pas de système de statistiques des pêches bien conçu et coordonné au niveau régional; (ii) on ne possède pas de données à jour sur la répartition des espèces, leur abondance, les taux de capture et le rendement potentiel dans les eaux libres de grande profondeur; (iii) on ne dispose pas de l'équipement approprié pour la recherche sur les pêches; (iv) les fournitures matérielles nécessaires pour la pêche font également défaut; (v) les moyens de manutention, de transformation et de commercialisation du poisson sont insuffisants; et (vi) il n'y a pas de stratégie ni de plans detaillés en matière d'aménagement des pêches (lois et réglementations).

33. Le Sous-Comité a noté qu'un projet régional visant à résoudre tous ces problèmes exigerait un financement important et de longue durée. Pour le moment, on ne voit pas où trouver les fonds nécessaires. En conséquence, les délégués sont convenus que, pour mettre en valeur et aménager rationnellement les pêcheries du lac, il y a lieu d'utiliser au maximum les instituts existants dans les pays riverains.

34. Le Sous-Comité a réitéré les vues qu'il avait exprimées à sa première session, à savoir que, si l'on veut conserver et mettre en valeur les ressources halieutiques du lac Victoria, il est indispensable de le traiter comme une unité écologique. Les mesures de développement et d'aménagement prises dans l'un des pays auront forcément un effet (positif ou négatif) dans les deux autres, c'est pourquoi la collaboration au niveau régional est jugée essentielle.

35. Le Sous-Comité est convenu que le projet proposé à financer par la CEE sous l'égide du Sous-Comité CPCA du développement et de l'aménagement des pêches dans le lac Victoria sera considéré comme l'unité de soutien technique qui devrait être le moteur d'un programme de développement et de coordination régionale des activités de pêche dans cette zone. En tant que tel, il aiderait les pays membres à identifier, préparer et soumettre des demandes d'assistance supplémentaire pour leurs activités intéressant les pêches dans le lac Victoria.

36. On a estimé que la plus haute priorité devrait être donnée aux activités régionales ci-après dans la zone du lac Victoria:

  1. élaborer et mettre en oeuvre un système unifié de rassemblement, de mise en forme et d'analyse des diverses données statistiques sur les pêches dans le lac, y compris la formation, le perfectionnement et la supervision technique générale du personnel employé;

  2. entreprendre et promouvoir le travail d'analyse et d'interprétation des données statistiques sur les pêches aux fins de l'évaluation des stocks de poisson, et identifier les options possibles en matière d'aménagement;

  3. préparer des comptes rendus analytiques des programmes de recherches passés et présents sur les pêcheries du lac, en vue de permettre les échanges de données de base et de conclusions de travaux déjà menés à bien, de coordonner les programmes de recherche présents et futurs et d'indiquer les zones et les activités à examiner en priorité;

  4. soutenir et encourager des consultations régulières au niveau technique et au niveau administratif supérieur, en vue de coordonner le développement et l'aménagement des pêches dans le lac;

  5. améliorer les installations des instituts de technologie du poisson se trouvant tout autour du lac et les aider à coordonner leurs activités;

  6. entreprendre des études et organiser des échanges de vues au sujet de l'harmonisation proposée des lois et réglementations en matière de pêche dans la totalité du lac.

37. Le Sous-Comité a exprimé son plein soutien à la proposition de projet préparée par le Secrétariat et contenue dans le document CIFA: DM/LV/83/3. Les membres du Sous-Comité ont rappelé que les trois pays ont adressé à la CEE une demande officielle de financement de ce projet et ils ont remercié la CEE de bien vouloir l'examiner dans un sens positif.

38. Le Sous-Comité est convenu que la proposition telle que soumise fournit l'armature d'un document de projet circonstancié dont la préparation devrait être achevée avec l'aide de consultants de la CEE et de la FAO, en étroite consultation avec les pays intéressés. Les consultants devraient se rendre dans les pays membres aussitôt que possible afin que ceux-ci puissent prendre une décision définitive au sujet du lieu où sera installé le siège du projet et autres arrangements administratifs. Il a également été convenu que le document de projet final devrait être ratifié par chaque pays conformément aux procédures agréées.

(c) Identification des apports supplémentaires requis

39. Une observatrice du Secrétariat du Commonwealth a informé le Sous-Comité au sujet de certaines activités présentes du Secrétariat en matière de développement et d'aménagement des pêches. Elle a indiqué que celui-ci serait disposé à continuer de collaborer avec les membres du Sous-Comité pour entreprendre des activités d'intérêt commun.

40. Le Sous-Comité a jugé utile cette information, car elle a pour effet de renforcer son rôle en tant qu'organisme de coordination des pêches pour le lac Victoria. En outre, la collaboration avec le Secrétariat du Commonwealth lui permettra d'identifier plus facilement les lacunes dans les données sur le développement des pêches fournies par les gouvernements et par les divers organismes d'assistance technique.

41. Le Sous-Comité a été nettement d'avis que les programmes de recherches en coopération qui ont déjà été entrepris, en particulier dans le domaine de la technologie du poisson, et qui sont financés par des ressources du Programme ordinaire de la FAO ou des fonds extra-budgétaires, devraient être poursuivis.

OBJECTIFS, ROLE ET FONCTIONS DU SOUS-COMITE CPCA DU DEVELOPPEMENT ET DE L'AMENAGEMENT DES PECHES DANS LE LAC VICTORIA

42. Le Sous-Comité a examiné ce point à la lumière du document CIFA:DM/LV/83/4 et des renseignements additionnels qui lui ont été fournis oralement par le Secrétariat.

43. Le Sous-Comité a noté que le Comité des pêches continentales pour l'Afrique (CPCA) lui a délégué, pour le lac Victoria, des responsabilités en matière de développement et d'aménagement identiques à celles assignées au Comité lui-même pour l'ensemble de la région Afrique. Le Sous-Comité est un organe créé par les membres du CPCA pour aider les pays de la région à utiliser au mieux les ressources biologiques aquatiques grâce à un développement et un aménagement rationnels des pêches. L'action à mener intéresse la pêche et l'aquaculture, ainsi que la transformation et la commercialisation. Il faut voir là, de l'avis du Sous-Comité, une nouvelle manifestation de la spécialisation et de la concentration progressives de la coopération internationale dans le domaine des pêches dans des zones géographiques de moindre étendue.

44. Mention particulière a été faite du mandat du Comité et de ses fonctions en tant qu'organisme de coordination des activités de pêche entreprises par les pays riverains. Le Sous-Comité a noté que, dans l'avenir, il remplirait également les fonctions d'organe consultatif auprès du projet régional pour le lac Victoria auquel participent les trois pays.

45. Le Sous-Comité a estimé que, par la suite, des organes de coordination analogues devraient être créés par le CPCA pour des zones telles que le bassin du fleuve Kagera ou le lac Malawi (Nyasa) ou d'autres zones où les ressources de poisson sont partagées, en vue d'y assurer un développement et un aménagement rationnel des pêches.

46. Le Sous-Comité a examiné en détails les divers services administratifs et de Secrétariat que la FAO pourrait lui fournir en vue d'assurer son bon fonctionnement. Il a souligné qu'il faudrait donner une haute priorité au rassemblement et à la diffusion régulière des informations à ses membres, et il a demandé au Secrétariat de s'attaquer à cette tâche aussitôt que possible.

47. Le Sous-Comité a réitéré la nécessité de mettre sur pied dans la région une unité de soutien technique ou autre mécanisme approprié pour l'aider à s'acquitter de ses devoirs et fonctions.

AUTRES QUESTIONS

48. Etant donné qu'il lui appartient de promouvoir et de coordonner à l'échelle nationale et régionale les efforts entrepris pour empêcher la dégration de l'environnement aquatique, notamment pour prévenir et contrôler la pollution, le Sous-Comité a demandé que quelques informations sur le travail entrepris dans le cadre de l'enquête hydrométéorologique sur les bassins hydrographiques de la région du lac Victoria, lui soient données dans la documentation préparée pour sa prochaine session.

DATE ET LIEU DE LA TROISIEME SESSION

49. Le Sous-Comité a souligné qu'il importe que ses réunions soient organisées dans la région, dans chaque pays à tour de rôle, pour permettre aux délégués de mieux se rendre compte des progrès accomplis par l'industrie de la pêche dans le lac Victoria et des obstacles à surmonter.

50. Dans l'intervalle, l'Ouganda a proposé d'accueillir la troisième session du Sous-Comité à la fin de 1984. Cette offre a été acceptée avec gratitude. La date et le lieu exacts de la session seront décidés par le Directeur général de la FAO en accord avec le Président et avec les autorités du pays hôte.

ADOPTION DU RAPPORT

51. Le présent rapport a été adopté le 7 octobre 1983.


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