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OUVERTURE DE LA SESSION

1. Le Sous-Comité de la mise en valeur et de l'aménagement des pêcheries du lac Victoria du Comité des pêches continentales pour l'Afrique (CPCA) a tenu sa première session à Mwanza (Tanzanie) du 12 au 14 octobre 1981. Celle-ci a réuni les représentants des trois Etats Membres - Kenya, République-Unie de Tanzanie et Ouganda -, le Répresentant du Programme des Nations Unies pour le développement et des observateurs de la CEE et des Pays-Bas. La liste des délégués et observateurs figure à l'annexe A.

2. M. G.K. Libaba, Directeur des pêches de la République-Unie de Tanzanie, a souhaité la bienvenue aux participants au nom du peuple et du Gouvernement de son pays. Il a appelé l'attention de la FAO et des délégués sur la nécessité de coopérer pour mettre en valeur et aménager les pêcheries du lac Victoria. Il a instamment prié les membres du Sous-Comité de formuler des recommandations propres à stimuler la coopération régionale entre tous les utilisateurs des ressources aquatiques renouvelables du lac Victoria et à assurer une exploitation rationnelle de ce partimoine commun. Le texte de son allocution est reproduit à l'annexe B.

3. M. J.J. Kambona a ensuite pris la parole au nom du Directeur général de la FAO et du Sous-Directeur général au Département des pêches. Il a évoqué les efforts actuels de la FAO pour mettre en oeuvre une politique recommandée par les Etats Membres, tendant à apporter des ajustements à la structure et aux modalités de fonctionnement des organismes régionaux des pêches afin de permettre la décentralisation de la prise de décision et la fourniture de services d'assistance technique en matière de gestion et de développement de la pêche.

4. M. Kambona a rappelé aux participants que les Etats africains font tout leur possible pour mettre en oeuvre la stratégie de Monrovia qui a été adoptée par leurs Chefs d'Etats dans le but de parvenir à l'autosuffisance dans le domaine alimentaire et d'accoître la production de poisson.

5. Enfin, M. Kambona a fait état d'une proposition au niveau régional tendant à mettre en place un programme d'assistance technique pour la mise en valeur et l'aménagement des pêcheries du lac Victoria. Le texte de son allocution est reproduit à l'annexe C.

6. M. P. Reynolds, Représentant résident adjoint en Tanzanie du Programme des Nations Unies pour le développement, a souligné la nécessité d'une coopération entre les trois Etats riverains pour planifier l'exploitation et la gestion des ressources du lac Victoria.

ELECTION DU PRESIDENT ET DU VICE-PRESIDENT

7. M. G.K. Libaba, Directeur des pêches de la République-Unie de Tanzanie et M. A. Biribonwoha, Commissaire aux pêches de l'Ouganda, ont été élus respectivement Président et Vice-Président de la session.

ADOPTION DE L'ORDRE DU JOUR ET ORGANISATION DE LA SESSION

8. L'ordre du jour figurant à l'annexe D a été adopté.

MISE EN VALEUR ET AMENAGEMENT DES PECHERIES DU LAC VICTORIA

Sous le point 4a de l'ordre du jour, le Secrétariat a présenté le document CIFA:DM/LV/81/4, intitulé “Situation actuelle des pêcheries du lac Victoria”.

a) Les pêcheries du lac Victoria

9. Il y a vingt ans, le mode d'exploitation traditionnel des ressources halieutiques du lac Victoria était la pêche au filet maillant, qui était presque entièrement axée sur un stock limité et toujours moins abondant de Tilapia. Même alors, il y avait des prises accesoires d'autres espèces; en outre, un second type de pêche - assez restreint toutefois - s'adressait aux espèces anadromes des divers cours d'eau se jetant dans le lac. Un certain temps après, le projet PNUD/FAO de recherches sur les pêcheries du lac Victoria identifia un stock d'Haplochromis vivant en eaux profondes, ce qui ouvrit la perspective d'un type de pêche véritablement différent. Par ailleurs, la pêche artisanale en eau peu profonde a conservé son caractère multispécifique. Si le niveau des captures a été maintenu ces dernières années à 110 000 t, c'est grâce à des ajustements de la production de ces stocks multispécifiques, avec un apport complémentaire d'Haplochromis assumé par la nouvelle pêcherie.

10. Il ressort de l'examen des statistiques des captures (voir annexe G) et des descriptions des divers types d'opérations menés dans le lac qu'il existe bien en fait un certain nombre de pêcheries mono- ou plurispécifiques qui n'empiètent que relativement peu les unes sur les autres, car les engins ou maillages utilisés, ou bien les fonds exploités, sont différents. Quelques conflits risquent toutefois d'être inévitables. Les caractéristiques de ces pêcheries sont résumées au tableau 1.

11. Le fait que l'on peut distinguer plusieurs pêcheries bien définies ayant chacune ses propres caractéristiques est un élément important à prendre en considération pour la conduite de l'aménagement, car chacune aura ses besoins particuliers en matière de recherche, de mise en valeur et de gestion. Cette pluralité offre aussi la possibilité d'une exploitation alternée des stocks afin d'assurer leur conservation dans une ou plusieurs des pêcheries. De fait, la commutation opérée par les pêcheurs ougandais en faveur de Bagrus - en raison de la haute valeur marchande de ce poisson et de l'impossibilité de se procurer des filets maillants de fabrication industrielle ayant un petit maillage - semble avoir atténué la pression exercée sur Tilapia pendant une période d'à peu près cinq ans, grâce à quoi les stocks des diverses espèces de Sarotherodon et de Tilapia ont pu se reconstituer.

12. Qutre les opérations de type traditionnel, utilisant essentiellement des filets maillants et axées sur les Tilapias, sur Bagrus, sur Clarias et sur Protopterus, deux nouveaux types de pêche se sont développés ces dernières années. Le premier, à savoir le chalutage, a été introduit localement pour exploiter (sur une base limité) les stocks de poisson vivant dans les eaux profondes du lac. Les débuts de cette pêche dans le golfe de Mwanza ont été suivis de près par l'équipe néerlandaise chargée de l'enquête écologique sur Haplochromis. Cette surveillance a déjà permis de reconnaître l'existence de certaines tendances qui serviront de guides pour l'exploitation durant l'inévitable expansion de cette pêche dans la totalité du lac.

  1. Les stocks semblent peu mobiles et il existe donc un risque réel de surexploitation locale. Dans les eaux tanzaniennes, on observe déjà des signes de modification de la communauté ichtyque sous l'effet de la pêche qui sont analogues à ceux présentés par les stocks d'Haplochromis du lac Malawi (disparition sélective des sujets et des espèces de grande taille) et il y a peut-être déjà surexploitation dans le cas de la pêche au filet maillant dans le golfe de Nyanza. La recolonisation des zones excessivement pêchées à partir d'autres zones ne se fait que lentement, et les opérations de pêche devraient donc être réparties dans l'espace et dans le temps de manière à éviter la surexploitation de toute communauté individuelle.

  2. Il a été démontré que dans les eaux sub-littorales, entre 10 et 20 m de profondeur, la reproduction a un caractère nettement saisonnier. Il est intéressant de noter que l'apport important d'éléments nutritifs dans le lac pendant les pluies a pour effet de rendre la nourriture abondante dans la zone sub-littorale et que les poissons constituent leurs réserves de graisse et se reproduisent à cette époque. Par conséquent, il serait peut-être approprié de suspendre la pêche à cette époque. En compensation, il est possible que les stocks vivant en eaux plus profondes se reproduisent plus tard - pendant la saison sèche - et c'est alors qu'il faudrait décréter pour eux une période de fermeture de la pêche. S'il en est bien ainsi, on pourrait exploiter alternativement les deux stocks selon la saison.

  3. Le maillage présent de 19 mm semble trop petit. La plupart des espèces d'Haplochromis parviennent à maturité à la taille de 6–7 cm, mais les actuels culs-de-chaluts capturent jusqu'á 60 pour cent de poissons de moins de 5 cm quelques mois après le frai, et il s'agit donc de sujets immatures. Il pourrait être conseillable d'accroître le maillage des culs-de-chaluts.

Tableau 1

Caractéristiques des principales pêcheries du lac Victoria

PêcheriesEspèces viséesModalités de la pêcheImportance dans la pêche nationale (%)
(1979)
 Conflits possiblesEspèces subsidiairesSituation actuelle
KenyaTanzanieOuganda
Espèces anadromes
Barbus altianalis Labeo victorianus Alestes, Schilbe petits mormyridésPièges et lignes dans les cours d'eau; filets maillants dans les embouchures des cours d'eau3,815,32,3Captures accessoires de B. altianalis, L. victorianus et S. mystus possibles dans les filets maillants utilisés pour la pêche de Tilapia et dans les chaluts Généralement surexploitées, mais il existe des signes de reconstitution des stocks, du moins pour Labeo, notamment en Tanzanie
TILAPIASarotherodon esculentus
S. niloticus
S. leucostictus
S. variabilis
T. zillii
Filets maillants à maille de 6–11 cm (2,5– 4,5 in) disposés dans les baies peu profondes et dans les zones côtières abritées; des positions légèrement différentes peuvent modifier les rapports entre les espèces8,912,59,9Avec d'autres pêches au filet maillant, comme celles de Bagrus, Protopterus et Lates, etc. quoique le maillage plus grand et la pose différente des filets pour ce type d'opérations puissent éviter une concurrence excessiveSynodontis, L. victorianus, Haplochromis ssp. dans les communautés d'insectivores, détritivores, molluscivores et piscivores vivant dans les baies peu profondesSurexploitées; stocks généralement en mauvaise condition mais quelques signes de récupération sont observables dans la totalité du lac. Quelques différences dans la représentation proportionelle des espèces S. niloticus gagnant actuellement en importance.
PROTOPTERUS/ CLARIAS
Protopterus aethiopicus, Clarias mossambicusFilets maillants (12,5 cm – 5 in et plus) ou lignes à hameçon installées dans les zones à fond boueux à proximité de la lisière de papyrus11,412,422,1Avec les filets maillants chevauchement possible avec la pêche de quelques espèces de Tilapia et avec Lates. Le maillage est supérieur à celui utilisé pour Tilapia, aussi les conflits sont-ils limitésLates niloticus et Tilapias de grande tailleIncertaine mais les limites d'exploitation sont sans doute près d'être atteintes, sauf dans le golfe de Nyanza, au Kenya, où les stocks semblent déjà surexploités
BAGRUSBagrus docmacFilets maillants (12,5 cm – 5 in - et au-dessus) installés en eaux libres assez profondes et près des rivages rocheux non abrités5,8939,0Chevauchements possibles avec S. variabilis, mais l'utilisation d'une maille plus grande et la séparation spatiale des opérations permettraient de les réduire au minimum Incertaine, limites d'exploitation sans doute presque atteintes en Tanzanie, surexploitation dans le golfe de Nyanza mais exploitation encore en expansion en Ouganda
CHALUTHaplochromis ssp. II (espèces planctonophages détritivores vivant en eaux profondes)Chalutage dans les eaux profondes de plus de 20 m-37,8-Conflits avec les pêches au filet maillant en eaux peu profondes si les chaluts sont utlisés par moins de 20 m de fondXenoclarias, Bagrus, Synodontis et peut-être Mormyrus kannumeSous-exploitées dans tous les pays; exploitation en développement en Tanzanie où la surexploitation locale des stocks du golfe de Mwanza est indiquée
PELAGIQUESEngraulicypris (Rastrineobola) argenteus et Haplochromis ssp. III (complexe d'espèces pélagiques et semi-pélagiques se nourrissant de phytoplancton et de zoo-plancton)(i) les poissons sont concentrés par attraction lumineuse dans les eaux profondes, puis entraînés vers les eaux peu profondes où ils sont capturés avec des sennes de plage (ii) salabres et filets coulissants30,52,80,4Avec les sennes de plage, captures destructives de Sarotherodon, Tilapia et Haplochromis spp. I juvéniles et au stade de la reproduction, ainsi que de juvéniles de Lates dans le golfe de Nyanza. Absence probable de conflits avec les filets coulissants Peut-être extrêmement sous-exploitées, mais on ne possède pas encore suffisamment de données. Il s'agit d'une ressource nouvelle et peutêtre d'une nouvelle pêcherie pélagique possible en eau libre. Dans le golfe de Nyanza, c'est le type de pêche principal
AUTRES PECHERIES
  39,610,226,2   
(i) Haplochromis spp. I
Haplochromis spp. I (communauté d'insectivores, détritivores, molluscivores et piscivores vivant en eau peu profonde)Filets maillants à maille de 2,5–6,5 cm (1–2, 5 in) dans certaines eaux (pricipalement dans le golfe de Nyanza) 21,6-9,2Des Tilapias juvéniles sont capturés dans les filets maillants Signes de surexploitation dans les eaux peu profondes du golfe de Nyanza où les captures sont en voie de diminution
(ii) LatesLates niloticusFilets maillants à très grandes mailles (30 cm – 2 in - et plus)14,0-1,1Conflits possibles avec d'autres types de pêches aux filets maillants qui peuvent capturerProtopterus, Clarias, Sarotherodon niloticusExploitation peu importante en Tanzanie et intense dans le golfe de Nyanza, mais il n'y a pas encore de signes de surexploitation. Un maximum a été atteint en 1976 en Ouganda, avec en-suite une légère réduction
(iii) MormyrusMormyrus kannumeFilets maillants à maille de 10–11,5 cm (4–4, 5 in) dans les eaux profondes autour des îles du golfe de Nyanza1,20,70,8  Situation inconnue, cette pêche n'est peut-être pas pratiquée à l'heure actuelle
(iv) SynodontisSynodontis afrofischeri, Synodontis victoriaeChalutage ou pêche aux filet maillant, selon le lieu des opérations1,67,515,2Interactions possibles avec Haplochromis ssp. III Pêche limitée possible en Ouganda, ressource encore inexploitée

13. La deuxième pêche nouvelle est celle d'Engraulicypris (Rastrineobola). Elle a d'abord été pratiquée avec des sennes de plage dans les eaux kényennes et tanzaniennes du lac, mais la pêche par attraction lumineuse avec des filets coulissants et des salabres s'est ensuite développée en certains endroits pour devenir ainsi une véritable pêche pélagique. La méthode de la senne de plage - qui consiste à attirer les poissons par la lumière pour provoquer leur concentration dans les eaux profondes, puis à faire dériver le banc ainsi regroupé vers le rivage où il est capturé avec une senne - est hautement destructive pour les juvéniles de nombreuses espèces côtières, aussi son remplacement progressif par de vraies méthodes de pêche en eaux libres est-il désirable. La biologie de ce poisson est inconnue, mais tout porte à croire que le stock exploitable pourrait être considérable. Il est possible qu'Engraulicypris soit accompagné par un complexe d'espèces d'Haplochromis zooplanctonophages et phytoplanctonophages qui migrent la nuit vers la surface et qui pourraient soit être exploitées conjointement avec Engraulicypris, soit être pêchées séparément avec des engins appropriés pour la pêche pélagique. La nature de la communauté pélagique vivant dans le lac demande à être étudiée et il faudra déterminer non seulement son importance mais aussi les interactions existantes, comme par exemple entre le complexe Haplochromis et Engraulicypris. Il est possible qu'il y ait concurrence pour l'utilisation d'une source commune de nourriture (zooplancton) ou que certaines espèces d'Haplochromis soient prédatrices d'Engraulicypris.

14. Outre ces principaux types d'opérations, il existe un certain nombre de péches mineures d'importance locale, ainsi, on capturait précédemment Mormyrus au filet maillant au large de l'île de Dagusi et il serait possible de pêcher Synodontis au chalut. La pêcherie de Lates revêt une importance particulière dans le golfe de Nyanza où l'on utilise des filets maillants à très grande maille, dans lesquels on ramène aussi S. niloticus géant.

15. Les échanges de vue ont permis de dégager certaines conclusions générales relativement au rôle du Sous-Comité CPCA pour le lac Victoria. Etant donné qu'il est urgent de rassembler davantage de renseignements sur la biologie et la dynamique des stocks, l'une des fonctions principales du Sous-Comité est de coordonner et encourager les recherches sur les divers stocks vivant dans le lac (voir aussi paragraphes 40, 42 et 43). Le Sous-Comité devrait également promouvoir l'établissement de statistiques des captures d'un type normalisé et fiable pour l'ensemble du lac (voir aussi paragraphe 33). On suggère que ces activités pourraient faire l'objet de programmes de recherche en coopération entre les divers instituts nationaux qui disposent de moyens de recherche.

16. Le lac Victoria est le domaine des pêcheurs traditionnels et principalement des artisanspêcheurs. Selon les rapports dont on dispose, ils sont plus de 54 100 (25 000 au Kenya, 21 000 en Tanzanie et 8 100 en Ouganda) à opérer activement dans le lac pour y trouver le poisson qui est leur principale source de subsistance. Ils pêchent à bord de, respectivement, 4 000, 4 400 et 2 700 bateaux, pour la plupart de types traditionnels ou de types traditionnels améliorés.

17. Un petit nombre seulement des embarcations traditionnelles sont utilisables pour la pêche hauturière d'Haplochromis et Engraulicypris. En conséquence le secteur traditionnel exerce une pression considérable sur les stocks côtiers, alors que les stocks sous-exploités des deux espèces précitées sont les seules réserves connues dont on pourrait tirer parti pour le développement de la pêche traditionnelle.

18. Sur le plan technologique et sur le plan social, la pêche traditionnelle est un secteur multiforme qui connaît certains conflits intérieurs concernant le partage des bénéfices entre les pêcheurs et les intermédiaires, la concurrence pour l'exploitation des ressources qui oppose les divers secteurs employant des méthodes de pêche différentes, les pratiques destructives pour les stocks employées par certains exploitants commerciaux, les équipages salariés et les relations entre les pêcheurs et les propriétaires des bateaux, etc.

19. Divers aspects de la pêche traditionnelle pourraient être améliorés par des mesures de développement apropriées. Ainsi, par exemple, la qualité du poisson, le système de distribution et de commercialisation et les infrastructures correspondantes, les bateaux et méthodes de pêche, les organisations de pêcheurs et les systèmes de crédits, etc.

20. La pêche traditionnelle est une importante source d'emplois et, du fait en particulier de la demande croissante d'Haplochromis et Engraulicypris, elle constitue également une source importante d'aliments protéiques à bon marché pour la population de la région.

21. Les pêcheries de lac Victoria constituent un écosystème très dynamique et toujours en évolution qui ne reconnaît pas forcément les frontières nationales. Les poissons capturés dans certaines eaux territoriales trouvent un marché ailleurs où la demande est plus importante et/ou ils se vendent à meilleur prix. Les engins de pêches que l'on ne peut se procurer dans un pays peuvent être obtenus dans l'autre. Quelques pêcheurs côtiers continuent leurs migrations traditionnelles, en suivant les concentrations de poissons.

22. S'efforçant de répondre à la demande nationale de farine de poisson et, simultanément, de mettre en valeur le stock d'Haplochromis, la Tanzanie a nouvellement lancé une pêche axée sur les utilisations industrielles. Les autres pays, qui n'ont pas encore fait de même, ont l'option de développer à la place une pêche d'Haplochromis fondée sur un système traditionnel amélioré. D'ailleurs, la Tanzanie, dont la politique est de faire fonctionner et développer l'industrie de la farine de poisson, n'écarte pas l'idée de faire accéder la pêche artisanale aux ressources hauturières.

23. Le Sous-Comité a estimé que toute identification et introduction par un pays de techniques nouvelles ou améliorées et tout soutien financier et institutionnel fournis dans ce but seront fonction de la politique adoptée par le gouvernement concerné et de ses priorités socio-économiques et politiques. Plus précisément, il s'agit de décider à quel secteur de l'économie est assignée la tâche de mettre en valeur les ressources qui ne sont pas encore pleinement exploitées ou de développer la pêche traditionnelle existante, les entreprises nationales ou parastatales, les sociétés privées, etc.

24. Semblable décision politique devra prendre en considération les modifications ou les avantages qu'elle pourrait entraîner sur le plan social et les nouveaux conflits qui pourraient être suscités par une telle évolution. A cet effet, il importera de disposer d'une documentation de fond suffisante et bien analysée sur les aspects humains des pêcheries du lac Victoria.

25. Si l'option de la pêche industrielle exige l'utilisation de chalutiers relativement plus grands ainsi que des investissements assez importants, celle de la pêche traditionnelle suppose l'identification et l'introduction de techniques intermédiaires appropriées, techniquement et financièrement accessibles aux pêcheurs existants. Il pourrait s'agir par exemple de l'emploi de chaluts-boeufs, de sennes danoises, de filets coulissants et autres.

b) Principaux problèmes de développement et de gestion que devront résoudre les pays qui exploitent les pêcheries du lac Victoria

26. Sous le point 4b de l'ordre du jour, le Secrétariat a présenté le document CIFA:DM/LV/81/5, intitulé “Principales questions de mise en valeur et d'aménagement des pêcheries et initiatives proposées”.

27. On a fait ressortir que la création du Sous-Comité CPCA pour le lac Victoria tenait principalement à la nécessité urgente de mettre sur pied un dispositif international efficace pour la mise en valeur et l'aménagement des pêcheries du lac et qu'il appartenait donc au Sous-Comité d'examiner les possibilités offertes et les difficultés soulevées par la mise en valeur de ces pêcheries, de préciser les objectifs des pays riverains et d'identifier les domaines d'intérêt commun et de collaboration régionale.

28. Le raisonnement économique de base sur lequel s'appuie l'exploitation d'une ressource naturelle renouvelable du type trouvé dans le lac Victoria a été illustré à l'aide d'exemples concernant certaines pêcheries de ce lac. Lorsque, pour une espèce donnée, l'intensité d'exploitation est faible, le produit économique est élevé par rapport à l'effort de pêche fourni. A mesure que l'intensité d'exploitation augmente (qu'il s'agisse d'un accroissement de l'effectif des pêcheurs ou que l'on se mette à opérer plus loin que la côte, ou que l'on utilise un maillage plus petit), la rentabilité de chaque unité d'effort de pêche supplémentaire devient moindre, c'est-à-dire que l'on peut appliquer la loi des recdements décroissants, et cela en particulier dans le cas de Labeo et de Barbus. Le point d'équilibre est atteint lorsque l'effort total de pêche est égal aux coûts totaux de la pêche. Tout accroissement du premier au-delà de ce point est avant tout antiéconomique, c'est-à-dire que les coûts seront supérieurs aux avantages et que l'on parviendra à longue échéance à l'épuisement de cette pêcherie particulière. Dans le lac Victoria, c'est ce qui s'est passé dans le cas de la pêcherie de Labeo, dans la partie septentrionale du lac, et des pêcheries de Tilapia dans certaines zones. Une représentation graphique de cette notion simple permet de voir que le point d'équilibre se situe loin à droite du point de rendement économique maximum (lequel est atteint dans le premier stade de l'exploitation d'une pêcherie) ou du point correspondant au rendement maximum équilibré, c'est-à-dire le point où les captures atteignent leur maximum en quantité et/ou valeur.

29. Le rendement économique maximal, qui correspond au point où l'excédent des recettes sur les coûts est le plus élevé, est - théoriquement au moins - le niveau de pêche idéal, puisqu'à ce point la surexploitation est évitée et la rentabilité du capital et de la main-d'oeuvre investis atteint son maximum. Dans la pêche de subsistance, l'effort de pêche se situe habituellement plus près du point correspondant au rendement maximum équilibré (sinon au-delà de ce point), ce qui permet à un plus grand nombre de pêcheurs de participer aux opérations.

30. On a expliqué que les autorités responsables disposent de divers moyens de contrôler l'exploitation du lac. Il serait possible de limiter les captures grâce à des réglementations imposant un tonnage fixe pour une période donnée. Le maintien du niveau optimal d'exploitation pourrait également être assuré grâce à un système de licences, ayant pour effet de limiter le nombre de bateaux et d'engins, le temps de pêche, etc. Un autre système permettant de maintenir l'effort de pêche au niveau optimal pour telle ou telle espèce consisterait à faire bénéficier du droit de pêche un groupe précis de personnes, étant stipulé que, sous la direction de l'autorité responsable, ce groupe ferait en sorte que la ressource soit exploitée à un degré optimal, de manière à assurer ainsi un niveau constant de revenu à ses membres. Un tel système, qui est peut-être celui qui conviendrait le mieux dans les conditions régnantes sur le lac Victoria, permettrait aux pêcheurs eux-mêmes de se répartir entre eux les ressources exploitées, de contrôler la concurrence en réglementant l'entrée dans les pêcheries, de limiter l'effort de pêche total et l'effort de pêche individuel et de parvenir ainsi à une exploitation biologique et économique plus rationnelle des stocks. Il exigerait une action au niveau des villages et la participation des exploitants des pêcheries eux-mêmes à l'élaboration de mesures d'aménagement et à leur mise en application. Il faudrait entreprendre des programmes d'information du public destinés à convaincre les pêcheurs de la nécessité d'aménager les ressources, avec, à l'appui, des programmes de formation efficaces à but éducatif. Cette dernière méthode de contrôle de l'effort de pêche serait moins coûteuse puisque la réglementation de celui-ci serait assurée par les groupes intéressés eux-mêmes.

31. Le Sous-Comité a reconnu que si l'on veut conserver et mettre en valeur les ressources halieutiques du lac Victoria, il est impératif que celui-ci soit traité comme une unité écologique. Les mesures prises dans un pays peuvent facilement avoir des répercussions dans un autre: c'est pourquoi la collaboration au niveau régional est non seulement désirable, mais aussi indispensable. Elle pourrait intéresser par exemple les domaines suivants: étude de la distribution des stocks de poisson, techniques traditionnelles de capture du poisson, efforts de pêche déployés et migrations dans l'ensemble du lac, analyse conjointe des renseignements recueillis. Cela contribuerait à une compréhension commune de l'évolution des situations, ce qui permettrait d'éviter les doubles emplois dans les activités de recherche.

32. Il a été convenu que les données recueillies et publiés par les Etats riverains devraient être non seulement comparables, mais aussi à la disposition de tous les pays concernés. De même, on a jugé absolument prioritaires au niveau régional la reprise rapide d'une publication scientifique et technique valable et celle d'un système d'échange d'informations et de publications. Plus précisément, le Sous-Comité a identifié les domaines de coopération régionale ci-après:

i) Normalisation des statistiques de la pêche

33. Le Sous-Comité a reconnu que des progrès notables avaient été accomplis dans le cadre de la Commission des pêches pour le lac Victoria en ce qui concerne la normalisation de la préparation et de la communication des statistiques. De fait, il existait alors un certain type de formulaire statistique normalisé qui était utilisé dans toute la région. La coordination du rassemblement des statistiques a pris fin avec la disparition de la Communauté de l'Afrique orientale. Les participants à la session ont estimé qu'en l'absence de statistiques de la pêche valables et comparables, tout effort pour améliorer la gestion des pêcheries était futile. On a donc résolu d'adopter une double ligne de conduite: d'une part, la FAO a été invitée à apporter son aide pour l'étude des systèmes statistiques existants dans les trois pays, en vue de leur harmonisation; de l'autre, les Etats riverains ont recommandé la création d'un groupe de travail sur les statistiques de la pêche, qui, sous les auspices du Sous-Comité CPCA pour le lac Victoria, réunirait périodiquement les statisticiens des trois pays. Le mandat du groupe de travail pourrait être défini en détail à sa première session.

ii) Harmonisation des lois et réglementations dans le domaine de la pêche

34. Etant donné la nécessité de contrôler les activités de pêche pour atteindre les objectifs nationaux de développement établis par chacun des pays qui exploitent les ressources du lac Victoria, il est impératif que les lois et réglementations des trois pays riverains soient coordonnées. Le Sous-Comité a recommandé l'adoption d'une ligne de conduite analogue à celle suggérée pour l'établissement des statistiques de la pêche. La FAO a été invitée à apporter son aide, sous la forme de services de consultants ou autre, pour l'examen des lois et réglementations existantes et la formulation de suggestions en vue de leur harmonisation. En outre, les pays sont convenus qu'ils devraient avoir des échanges de vues réguliers pour examiner les problèmes liés à la mise en application des réglementations en matière de pêche et se tenir informés des faits nouveaux correspondants dans chacun d'entre eux.

35. On a estimé qu'il faudrait mobiliser les communautés et les groupes de pêcheurs pour assurer qu'ils comprennent le système de gestion de la pêche et y participent. A cette fin, il serait nécessaire d'éduquer les pêcheurs en les faisant participer à des séminaires, des ateliers ou autres, afin qu'ils comprennent mieux les raisons des réglementations.

36. On a estimé que la constitution des pêcheurs en petits groupes tels que coopératives ou unions de pêcheurs, comme cela se pratique dans certains pays, faciliterait leur éducation et motiverait leur participation.

37. Des études fondamentales restent toutefois nécessaires pour faire le point des résultats obtenus par les trois pays dans leurs tentatives de réglementation de la pêche par des moyens tels que la limitation de l'effort et la restriction de l'accès aux pêcheries, l'immatriculation des engins et bateaux de pêche, ainsi que pour examiner les options qui s'offrent aux gouvernements pour gérer efficacement les ressources. Il faut également encourager les études socio-économiques sur les pêcheurs, les diverses pêcheries, les systèmes de fixation des prix et de commercialisation.

38. Les participants ont estimé qu'il faudrait également coordonner les travaux de recherche afin que les trois pays puissent s'appuyer sur des lignes d'orientation scientifiquement valables pour assurer la protection, l'aménagement et la mise en valeur des ressources du lac.

iii) Développement de la pêche d'Haplochromis

39. Au début des années soixante-dix, le Projet FAO/PNUD de recherches sur les pêcheries du lac Victoria a estimé à 600 000 t la biomasse du stock d'Haplochromis. Des recherches complémentaires semblent indiquer que les stocks sont moins mobiles qu'on ne le pensait à l'origine. Au Kenya, la pêche d'Haplochromis, qui fournissait la fraction la plus importante du total des captures nationales, a presque complètement disparu pendant les toutes dernières années. Par contre, en Tanzanie, une pêche industrielle a été développée en vue de fournir la matière première nécessaire à une usine de farine de poisson. On a également attiré l'attention des participants sur le fait qu'Haplochromis est de mieux en mieux accepté par les consommateurs.

40. Etant donné les faits nouveaux ci-dessous, le Sous-Comité a estimé qu'il devenait urgent d'entreprendre une nouvelle enquête d'évaluation des stocks afin de vérifier leurs dimensions et se rendre compte de leur résistance à l'exploitation, et de recueillir les éléments nécessaires pour établir de nouveaux plans de développement fondés sur ce complexe d'espèces. Les pays ont été instamment priés d'associer au développement de leurs pêches industrielles, aux fins de la production de farine de poisson par exemple, des programmes adéquats d'évaluation et de surveillance des effets de la pêche sur les stocks de poissons.

En attendant toutefois, les pays auraient avantage à identifier des moyens de développer la pêche artisanale d'Haplochromis en améliorant les techniques de pêche et en développant les produits d'Haplochromis et leur commercialisation.

41. Les pays ont été instamment priés de suivre de près les résultats obtenus par la Tanzanie avec sa pêche industrielle d'Haplochromis. Les besoins actuels de la Tanzanie en matière d'aliments pour animaux ont été estimés à 147 000 t; la pêche tanzanienne (maritime et continentale) fournit à peu près 15 000 t de farine de poisson pour la satisfaction de ces besoins.

iv) Développement de la pêche pélagique

42. La forte augmentation des captures d'Engraulicypris depuis quelques années a conféré une importance accrue à la pêche pélagique dans le lac Victoria. Il importe donc d'évaluer les stocks disponibles et d'étudier les possibilités de développement de la pêche pélagique. On a jugé important que les pays qui exploitent des stocks pélagiques échangent des renseignements étant donné la diversité des techniques de pêche actuellement utilisées pour la capture de ces poissons.

v) Remise en valeur des pêcheries d'espèces anadromes

43. Dans le lac Victoria, quelques espèces de poissons ont disparu ou sont sur le point de le faire du fait des malversations dans le domaine de la pêche. La chose est particulièrement vraie dans le cas des espèces anadromes qui sont très vulnérables à la pêche non contrôlée. Il serait peut-être possible de remettre en état les pêcheries disparues et de mettre en valeur d'autres pêcheries pélagiques en produisant des alevins dans des établissements de pisciculture.

44. Les possibilités offertes par la pisciculture sur une grande échelle dans le lac Victoria, par exemple dans des bassins-réservoirs ou dans des viviers, ont également été mentionnées et les pays ont manifesté de l'intérêt pour ces systèmes permettant de soutenir la production d'espèces de haute valeur marchande.

vi) Promotion de la recherche au niveau régional

45. La nécessité urgente d'entreprendre des recherches sur la plupart des stocks de poisson vivant dans le lac a été notée et soulignée au paragraphe 15 et le Sous-Comité a un rôle de premier plan à jouer dans la promotion et la coordination des recherches au niveau régional. Parmi les diverses pêcheries définies au tableau 1, celles de Tilapia et celles des espèces anadromes sont les seules qui aient été étudiées jusqu'à un certain point et les informations qui permettraient d'orienter la prise des décisions font donc généralement défaut dans tous les secteurs.

46. Quoique le manque de renseignements soit général, deux secteurs semblent justifier actuellement la priorité et demandent à être étudiés immédiatement en raison du développement qu'ils pourraient prendre et du potentiel d'investissement correspondant dans la totalité du lac. Ce sont: (i) les stocks d'Haplochromis actuellement étudiés par l'équipe financiée par les Pays-Bas et chargée d'enquêter sur l'écologie d'Haplochromis à Mwanza. Dans ce cas, il importe d'examiner de plus près les aspects biologiques pour définir les divers complexes d'Haplochromis et le plus urgent est peut-être une évaluation plus approfondie des stocks benthiques et des modifications qui se sont produites dans les zones d'exploitation; et (ii) les stocks d'Engraulicypris (Rastrinebola) et les stocks pélagiques d'Haplochromis qui représentent une nouvelle pêcherie en puissance et qui sont encore presque complètement inconnus. Il faudrait étudier à la fois la biologie des stocks et leur abondance.

vii) Rôle du Sous-Comité CPCA pour le lac Victoria

47. Les pays membres ont réaffirmé le rôle de leurs départements des pêches respectifs qui sont les services officiels entièrement responsables de l'établissement et de la mise en application des réglementations et de la gestion des pêches dans leurs eaux nationales. Le Sous-Comité a d'une part un rôle consultatif à jouer auprès des gouvernements des étatsmembres et constitue de l'autre le dispositif régional qui permettra de promouvoir la collaboration au niveau de la région.

PROGRAMME D'ACTION POUR LA MISE EN VALEUR ET L'AMENAGEMENT DES PECHERIES DU LAC VICTORIA

48. Le Sous-Comité a reconnu qu'en Afrique de l'Est la collaboration dans le domaine des pêches représente l'une des plus anciennes formes de coopération sur ce continent. Dès 1928, on avait recommandé la création pour l'ensemble du lac d'un unique service officiel chargé de la réglementation de la pêche et du rassemblement des statistiques halieutiques. De fait, en 1933, une limite de maillage uniforme avait été convenue. Avec la création de l'organisation de recherche sur la pêche en eau douce dans l'Est africain (EAFFRO) en 1947, cette collaboration s'est consolidée et elle s'est encore intensifiée par la suite.

49. Avec la disparition de la Communauté de l'Afrique orientale en 1977, cet important mécanisme régional de coordination a également disparu. Toutefois, les pays riverains ont estimé qu'il était d'une nécessité absolue de travailler ensemble au développement et à la gestion de la pêche dans le lac Victoria et c'est pour cette raison que le Sous-Comité CPCA pour le lac Victoria a été créé en décembre 1980 à l'occasion de la quatrième session du Comité FAO des pêches continentales pour l'Afrique (CPCA), à Blantyre.

50. Le Sous-Comité est convenu que, pour que son travail soit efficace, il faudrait qu'il soit épaulé par une unité de soutien technique ou un programme central basé sur place, qui s'occuperait de la planification ainsi que de la direction et de la coordination d'ensemble de l'aide technique et financière visant à assurer la mise en valeur et l'aménagement rationnels des pêcheries du lac. Le personnel central pourrait comprendre pour commencer un directeur de programme dont le poste serait financié au plan international, un coordonnateur de l'aménagement des pêcheries dont le poste serait financé localement, et quelques experts associés et consultants.

51. En première étape, le Sous-Comité a l'intention de consolider son Secrétariat et de l'installer dans la région. En seconde étape, il espère mettre sur pied un projet régional de longue durée pour le développement de la pêche, comportant un fort élément de recherche à financer par des organismes donateurs bilatéraux ou multilatéraux intéressés dans la région.

52. Pour atteindre ce deuxième objectif, le Sous-Comité a énergiquement recommandé que les pays demandent à la FAO de fournir, au titre du PCT, le personnel nécessaire pour préparar un projet régional à long terme de développement de la pêche et de recherches sur les ressources halieutiques du lac Victoria. Un groupe de travail comprenant un représentant de chaque pays a été désigné par le Sous-Comité qui l'a chargé d'élaborer une proposition que chaque pays devra soumettre individuellement au Directeur général de la FAO.

53. Pour atteindre son premier objectif, à savoir l'affermissement de ses activités avec l'aide d'une unité technique de soutien, le Sous-Comité a instamment prié la FAO, dans le cadre de son programme ordinaire et à titre de mesure temporaire, d'affecter suffisamment de fonds aux services d'expertise-conseil nécessaires pour l'entreprise des activités prioritaires en matière de législation, de statistiques et de technologie de la pêche. En attendant, la FAO s'efforcerait d'identifier un donateur susceptible de financier l'unité de soutien technique ou le programme central nécessaire pour coordonner efficacement les activités de développement de la pêche dans la région.

54. Le Sous-Comité a en outre reconnu la nécessité d'évaluer la situation actuelle des pêcheries de chaque pays. L'assistance de la FAO a été demandée pour ce travail.

55. Le représentant du PNUD a indiqué que son organisation examinerait avec plaisir toute proposition de projet émanant du Sous-Comité. Il a confirmé que les programmes régionaux et les programmes par pays du PNUD pour 1982–86 étaient en voie de mise en forme définitive. On a exprimé l'espoir que le Sous-Comité serait éventuellement en mesure de prendre les arrangements administratifs qu'il jugerait appropriés et de pressentir les donateurs en leur soumettant une proposition précise. A l'heure actuelle, il semble qu'il y ait trois propositions de projets:

  1. le Programme régional pour les pêches continentales de l'Afrique, préparé par la FAO à l'intention du CPCA, mais qui ne figure pas - selon la FAO - sur la liste des priorités absolues du PNUD pour le cycle de programmation 1982–86;

  2. la proposition en vue d'un programme de mise en valeur et d'aménagement des pêcheries du lac Victoria (pour un montant de US$ 564 590), préparée par la FAO aux fins d'examen par le Sous-Comité;

  3. la proposition en vue de la Phase II du Projet régional de recherches sur les pêcheries du lac Victoria (pour un montant d'à peu près US$ 4 millions), qui est en cours d'examen par les trois gouvernements.

56. Le représentant du PNUD a souligné qu'il est indispensable que le personnel central de tout programme futur, qu'il s'agisse du présent Sous-Comité, d'un groupe de travail technique ou d'un Secrétariat, bénéficie du plein appui des pays participants qui devront s'acquitter les leurs responsabilités au niveau national et fournir leurs contributions de contrepartie. Il a fait observer qu'il faudrait prendre des dispositions pour assurer au Sous-Comité les services voulus de consultants en matière de législation et de statistiques, ainsi que l'ont demandé les représentants des pays au cours de la session.

57. Le représentant de la CEE a expliqué que la participation de la Communauté à la réunion du Sous-Comité s'expliquait par le fait que le Fonds européen de développement (FED) prévoit de financer pendant Lomé II l'important programme de développement de la pêche en Ouganda.

58. Ce programme aurait des incidences sur le plan régional étant donné que la surveillance conjointe des stocks de poissons par les trois pays est un préalable essentiel du développement de la pêche hauturière ougandaise.

A partir de là, on n'est plus très loin d'une participation directe de la CEE sur une base régionale, qui se justifierait par la pénurie de protéines animales, le sous-développement général du bassin du lac et la nécessité impérieuse de tirer nourriture et revenus des ressources du lac.

59. Compte tenu des autres aspects à considérer, à savoir la protection des investissements envisagés par la CEE elle-même en Ouganda ainsi que la présente situation de l'aide financière internationale et bilatérale ailleurs sur le périmètre du lac, la Communauté envisagerait en principe favorablement le financement d'un ou plusieurs projets authentiquement régionaux au titre de Lomé II. Ces projets auraient pour objectif premier d'aider à assurer que les ressources du lac soient une source de nourriture et de revenus, et ils viseraient en outre à faciliter la collaboration pratique entre les trois pays et à asseoir les bases d'une exploitation rationnelle des ressources du lac.

60. Le représentant de la CEE a expliqué que les propositions de projets devraient avoir l'approbation d'au moins deux Etats ACP afin de remplir les conditions voulues pour obtenir un financement régional du FED et qu'elles devraient de préférence être présentées par l'intermédiaire d'un organisme régional tel que le présent Sous-Comité à qui incombent maintenant les fonctions de la défunte Commission des pêcheries du lac Victoria. L'existence d'un tel organisme représentant officiellement les trois gouvernements faciliterait dans une mesure considérable l'identification, la préparation et la mise en oeuvre de projets régionaux du FED.

61. En ce qui concerne les types de projets, le représentant de la CEE a indiqué que le FED finance de préférence des projets pratiques visant à aider le développement à la base; les projets ayant un aspect de recherche pratique ne sont cependant pas exclus. Quant aux projets visant par exemple à la constitution d'une équipe chargée de diriger la mise en valeur et l'aménagement des pêcheries du lac, la FAO est l'organisme le mieux qualifié pour les entreprendre, étant donné que sa participation au CPCA sera de longue durée et étant donné le coût élevé des experts financés par l'intermédiaire du FED.

62. L'observateur des Pays-Bas a attiré l'attention du Sous-Comité sur le travail de l'équipe (HEST) chargée d'enquêter sur l'écologie d'Haplochromis, qui est basée au Centre de recherches sur la pêche en eau douce de Nyegezi (Tanzanie). Ces activités de recherche bénéficient du soutien de la Fondation néerlandaise pour le progrès de la recherche tropicale (WOTRO).

63. Les participants se sont vivement félicités des recherches effectuées par le groupe HEST dont le travail vient de compléter celui du programme de développement financé par le Gouvernement des Pays-Bas en Tanzanie. Le Sous-Comité a approuvé la poursuite et l'élargissement de ce projet de recherche qui, étant donné le grand intérêt que revêt pour les états membres l'exploitation commerciale d'Haplochromis, est d'une valeur pratique immédiate pour tous les pays de ce bassin.

AUTRES QUESTIONS

64. Aucune autre question n'a été soulevée à la réunion.

DATE ET LIEU DE LA DEUXIEME SESSION

65. Le Sous-Comité a accepté avec gratitude l'offre de la délégation du Kenya qui a proposé d'accueillir la prochaine session du Sous-Comité.

La date et le lieu de la session seront décidés par le Directeur général de la FAO en accord avec le pays hôte.

ELECTION DU BUREAU

66. Le Sous-Comité a recommandé que l'élection des membres du Bureau soit reportée au début de la prochaine session. Il a estimé que cela permettrait au présent Bureau de mieux guider les activités intersessionnelles.

ADOPTION DU RAPPORT

67. Le présent rapport a été adopté le 14 octobre 1981.


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