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ANNEXE A
Liste des délégués et observateurs

MEMBRES DU SOUS-COMITE

Kenya

Odero, N.
Director
Fisheries Department
Ministry of Environment and Natural Resources
P.O. Box 58187
Nairobi

Chomba, C.N.
Senior Secretary
Ministry of Environment and Natural Resources
P.O. Box 30126
Nairobi

Tanzanie

Libaba, G.K.
Director of Fisheries
Fisheries Division
Ministry of Natural Resources and Tourism
P.O. Box 2462
Dar-es-Salaam

Killango, A.B.C.
Senior Fisheries Officer
Fisheries Division
Ministry of Natural Resources and Tourism
P.O. Box 2462
Dar-es-Salaam

Mapunda, X.E.
Fisheries Economist
Ministry of Natural Resources and Tourism
P.O. Box 9372
Dar-es-Salaam

Mrope, R.A.
Chairman and Managing Director
Tanzania Fisheries Corporation (TAFICO)
P.O. Box 4296
Dar-es-Salaam

Kiwalaka, Y.M.
Regional Natural Resources Officer
P.O. Box 200
Mwanza

Mtolela, J.C.L.
Regional Fisheries Officer
P.O. Box 226
Mwanza

Kayungi, J.M.
Ag. Principal
Fisheries Institute Nyegezi
P.O. Box 1213
Mwanza

Katunzi, E.F.B.
Fisheries Research Officer
TAFIRI - Mwanza Fisheries Research Centre
P.O. Box 475
Mwanza

Nkaka, E.J.
Manager, Mwanza Boat Yard
TAFICO
P.O. Box 1577
Mwanza

Mapunda, R.
Fisheries Officer
Fisheries Institute Nyegezi
P.O. Box 1213
Mwanza

Ndungumbi, Z.
Fisheries Officer
Fisheries Institute Nyegezi
P.O. Box 1213
Mwanza

Kirenga, J.
Fisheries Economist
Fisheries Institute Nyegezi
P.O. Box 1213
Mwanza

Sekikubo, H.S.
Refrigeration Engineer
Fisheries Institute Nyegezi
P.O. Box 1213
Mwanza

Kikareh, S.M.
Food Technologist
Fisheries Institute Nyegezi
P.O. Box 1213
Mwanza

Mtiesa, J.R.
Skipper
TAFIRI - Mwanza Fisheries Research Centre
P.O. Box 475
Mwanza

Kassulamemba, M.T.
Assistant Fisheries Officer
P.O. Box 200
Mwanza

Kasogela, J.
Assistant Skipper
Fisheries Institute Nyegezi
P.O. Box 1213
Mwanza

Higido, T.M.B.
Fisheries Assistant
Fisheries Institute Nyegezi
P.O. Box 1213
Mwanza

Mahatane, A.T.
Fisheries Officer
Fisheries Institute Nyegezi
P.O. Box 1213
Mwanza

Isingo, Y.S.
Officer-in-Charge
Tanzania Fisheries Research Institute (TAFIRI)
Mwanza Fisheries Research Centre
P.O. Box 475
Mwanza

Ouganda

Biribonwdha, A.
Commissioner for Fisheries
Fisheries Department
P.O. Box 4
Entebbe

Kanyike, E.
Deputy Commissioner for Fisheries
Fisheries Department
P.O. Box 4
Entebbe

PNUD

Reynolds, P.
Deputy Resident Representative
UNDP
P.O. Box 9182
Dar-es-Salaam
Tanzanie

OBSERVATEURS D'ETATS MEMBRES NE SIEGEANT PAS AU SOUS-COMITE

Pays-Bas

Witte, F.
Biologist
Haplochromis Ecology Survey Team
Nyegezi
Mwanza
Tanzanie

DEPARTEMENT DES PECHES DE LA FAO

Kambona, J.J.
Chef de l'Unité des institutions internationales et de la liaison (pêche)
Représentant du Sous-directeur général
Département des pêches
FAO
00100 Rome, Italie

Gaudet, J.L.
Fonctionnaire principal, planification des pêches
Division des politiques halieutiques et de la planification
Département des pêches
FAO
00100 Rome, Italie

Welcomme, R.
Fonctionnaire principal, ressources halieutiques
Division des ressources halieutiques et de l'environnement
Département des pêches
FAO
00100 Rome, Italie

Ben-Yami, M.
Spécialiste de l'industrie de la pêche
Service de la technologie des pêches
Division des industries de la pêche
Département des pêches
FAO
00100 Rome, Italie

OBSERVATEURS

Communauté économique européenne

Brown, D.
Agricultural Adviser
P.O. Box 5244
Kampala
Ouganda

SECRETARIAT

Gouvernement hôte 
Chargé de liaisonKillango, A.B.C.
Assistants pour la réunionManoni, C.
Athumani, J.
SecrétairesNjau, E. (Miss)
Jacob, I. (Miss)
FAO 
Secrétaire du Sous-ComitéKambona, J.J.

ANNEXE B
Allocution prononcée

par
M. G.K. Libaba, Directeur des pêches de la Tanzanie à la première session du Sous-Comité CPCA de la mise en valeur et de 1'aménagement des pêcheries du lac Victoria Mwanza, Tanzanie, 12–14 octobre 1981

Mes chers collègues, Messieurs les Directeurs des pêches de l'Ouganda et du Kenya, Messieurs les Représentants de l'organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture et du PNUD, Messieurs les Représentants des Organisations internationales et des pays donateurs, Mes chers collègues de la Division des pêches et de ses institutions, Monsieur le Secrétaire, Mesdames, Messieurs.

Au nom de M. Isaac Sepetu, Ministre des ressources naturelles et du tourisme de la Tanzanie, et de M. Ndugu Julius Sepeku, Secrétaire principal, j'ai le plaisir de vous souhaiter à tous la bienvenue en Tanzanie et en particulier à Mwanza. Je vous transmets également leurs meilleurs voeux pour le plein succès de la présente première session du Sous-Comité CPCA de la mise en valeur et de l'aménagement des pêcheries du lac Victoria, du Comité FAO des pêches continentales pour l'Afrique.

C'est un grand honneur pour la Tanzanie que d'accueillir cette première session du Sous-Comité. La Tanzanie est non seulement partisane d'un effort coordonné de développement et de gestion de pêche dans le lac Victoria, mais elle souhaite aussi vivement collaborer avec le personnel des pêches des pays voisins. Le poisson, en effet, ne reconnaît pas les frontières tracées par l'homme et, si cette observation générale est valable dans le cas du lac Victoria, alors, quels que soient les efforts d'aménagement que nous pourrions déployer dans notre zone nationale, si nos voisins n'en font pas autant dans leurs propres eaux, un tel travail sera inévitablement futile.

Depuis la disparition de la Communauté de l'Afrique orientale et de ses institutions en 1977, les scientifiques, les techniciens et les administrateurs travaillant dans le secteur des pêches ressentent l'absence d'un mécanisme leur permettant d'échanger observations et résultats en ce qui concerne l'aménagement et la mise en valeur des pêcheries du lac Victoria.

L'occasion de remédier à cette situation s'offrit à la quatrième session du Comité FAO des pêches continentales pour l'Afrique, tenue à Blantyre (Malawi) en décembre 1980, lors de laquelle la délégation du Kenya proposa la création d'un Sous-Comité CPCA de la mise en valeur et de l'aménagement des pêcheries du lac Victoria en vue de coordonner les activités de recherche et de développement de la pêche sur ce grand lac que se partagent le Kenya, l'Ouganda et la Tanzanie. Il a en outre été proposé que le mandat de ce Sous-Comité soit analogue à celui du Sous-Comité CPCA pour le lac Tanganyika et que les activités qui lui sont confiées soient celles dont s'acquittait précédemment la défunte Commission des pêches pour le lac Victoria qui était un organisme indépendant. La Tanzanie a appuyé cette proposition. Le Secrétariat du CPCA a été spécifiquement invité à étudier la question, à préparer un projet de mandat et à prendre les dispositions nécessaires pour répondre aux voeux des pays participants.

Une nouvelle occasion s'est offerte à la réunion des Ministres de l'agriculture, de l'alimentation et du développement rural du Commonwealth, tenue à Dacca (Bangladesh), lors de laquelle a été organisée une réunion officieuse des représentants du Kenya, de l'Ouganda et de la Tanzanie en février 1981. Ces représentants ont été convoqués une nouvelle fois afin d'examiner s'il serait nécessaire, comme le déclaraient les Etats Membres, de rétablir la Commission des pêches pour le lac Victoria. Le Secrétariat du Commonwealth s'est ensuite penché sur la question avec le Sous-Directeur général au Département des pêches de la FAO, qui lui avait donné l'assurance que la FAO fournirait l'aide consultative et les avis nécessaires si elle en était priée par les pays concernés. Il fut alors convenu que les représentants des trois pays se rencontreraient au mois de mai au moment de la session du COFI à Rome, afin d'étudier de manière plus approfondie les dispositions à prendre pour rendre la Commission opérationnelle.

La FAO organisa en conséquence une réunion qui eut lieu à Rome en mai 1981 et au cours de laquelle les représentants du Kenya, de l'Ouganda et de la Tanzanie se misent d'accord sur le projet de mandat et les modalités de fonctionnement du Sous-Comité CPCA de la mise en valeur et de l'aménagement des pêcheries du lac Victoria.

Mes chers collègues, je me suis efforcé de faire l'historique de la création du présent Sous-Comité afin de bien montrer à tous qu'elle répond aux voeux des Etats Membres de la FAO qui se partagent les ressources halieutiques du lac Victoria. Et, en l'occurrance, mes chers collègues, la Tanzanie tient à remercier la FAO d'avoir agi en temps voulu pour satisfaire les Etats Membres en créant une instance appropriée pour les échanges de notes et de données d'expérience sur le développement et la gestion de la pêche dans le lac Victoria. Nous tenons également à remercier le Secrétariat du Commonwealth qui a vivement encouragé notre réunion ici à Mwanza, sur les rives du lac Victoria. La session du Sous-Comité a véritablement été organisée en un lieu approprié.

Notre rôle exige que nous nous intéressions de près à la formulation de programmes d'action propres à assurer la réalisation de nos intentions.

Mes chers collègues, vous avez sacrifié un temps précieux à écouter une histoire que vous connaissez très bien. Mais il est important que d'autres soient également mis au courant, en sorte que nos intentions soient bien connues de tous.

Les autorités locales m'ont assuré que les clés de cette belle ville de Mwanza étaient déjà à votre disposition à tous en leur absence. Je me suis laissé dire que certains d'entre vous ont déjà passé un peu de leur temps libre à la découverte de ce qui se passe entre les fissures des rochers qui font saillie dans quelques-unes des baies du littoral. Prenez tranquillement votre temps et je suis certain qu'il en sortira beaucoup de belles histoires sur Mwanza et que vous penserez que la ville vaut la peine d'être revisitée à défaut de pouvoir s'y installer définitivement.

Je tiens en cette occasion à féliciter M. Kambona de sa nomination au poste de premier Secrétaire du présent Comité CPCA de la mise en valeur et de l'aménagement des pêcheries du lac Victoria. Il semble bien que M. Kambona soit en train de devenir une sorte d'envoyé spécial lors de la création de telles institutions: j'ai eu en effet le plaisir de travailler avec lui dans l'exercise de ses fonctions de premier Secrétaire d'un même Sous-Comité pour le lac Tanganyika.

En conclusion, je tiens à vous souhaiter personnellement un plein succès dans vos travaux. Un cocktail a été organisé à votre intention et aura lieu cette nuit au New Mwanza Hotel. Vous y êtes tous cordialement invités.

Je vous remercie.

ANNEXE C
Allocution prononcée au nom du Sous-Directeur général, Département des pêches
de la FAO

par
M. J.J. Kambona, Chef de l'Unité des institutions internationales et de la liaison (pêches), Division des politiques halieutiques et de la planification, Département des pêches

Messieurs les délégués et observateurs, Mesdames, Messieurs.

J'ai le grand plaisir de vous transmettre les chaleureuses salutations de M. Edouard Saouma, Directeur général de la FAO, et celles de M. Kenneth C. Lucas, Sous-Directeur général au Département des pêches, ainsi que de vous faire part de leurs meilleurs voeux pour le succès de vos travaux.

C'est avant tout au nom de la FAO et, j'en suis certain aussi, au nom des délégués à la présente première session du Sous-Comité de la mise en valeur et de l'aménagement des pêcheries du lac Victoria du Comité des pêches continentales pour l'Afrique, que j'exprime mes sincères remerciements au Gouvernement et à la population de la République-Unie de Tanzanie grâce à qui la présente réunion a pu être organisée dans cette belle ville de Mwanza sur les rives du lac. Je tiens à remercier le Comité d'organisation tanzanien des excellentes dispositions qu'il a prises pour la réunion et d'avoir tout fait pour que chacun de nous se sente chez lui ici, à son arrivée en Tanzanie. Parlant à nouveau au nom de l'organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture et au nom de ceux qui travaillent dans le secteur de la pêche en général, je crois le moment très opportun pour noter quelques autres contributions de la Tanzanie dont nous lui sommes reconnaissants.

Avant tout, la Tanzanie a activement participé à l'effort visant à promouvoir la coopération dans le domaine des pêches, et cela non seulement en Afrique de l'Est mais aussi à diverses tribunes telles que les sessions de la Conférence des Nations Unies sur le droit de la mer, les conférences des pays non alignés, l'Organisation de l'unité africaine et le Conseil et la Conférence de la FAO elle-même. Il est clair pour nous que la population tanzanienne a démontré de façon spectaculaire au long des années tout ce qui peut être fait pour développer la pêche une fois que l'on s'est engagé dans un effort rationnel et soutenu. Au cours des deux dernières décennies, la Tanzanie s'est transformée, en partant de zéro, en une nation de pêcheurs actifs. Ses moyens de formation, ses centres de recherche, ses infrastructures, tout cela porte témoignage de l'énergie avec laquelle elle s'est efforcé de tirer un maximum de bénéfices économiques et sociaux de ses ressources aquatiques renouvelables. Ayant acquis beaucoup d'expérience tout au long de ces tentatives, la Tanzanie est maintenant à même d'apporter une contribution substantielle et de longue durée au progrès de la pêche dans la région desservie par le présent Sous-Comité du Comité des pêches continentales pour l'Afrique (CPCA).

Le Département des pêches de la FAO ainsi que vos collègues, les autres membres du CPCA, attendent avec un vif intérêt l'issue de vos délibérations. Il existe une longue tradition de coopérations dans la région et, voir réunis les directeurs des pêches du Kenya, de l'Ouganda et de la Tanzanie n'est pas une grande nouveauté. Mais la présente occasion est spéciale en ceci que c'est la première fois que vous vous retrouvez en tant que membres du Sous-Comité de la mise en valeur et de l'aménagement des pêcheries du lac Victoria du Comité des pêches continentales pour l'Afrique (CPCA), qui a été officiellement créé voici quelques mois pour donner suite à la recommandation formulée lors de la dernière session du CPCA, tenue à Blantyre (Malawi) du 8 au 12 décembre 1980.

D'autres organes sous-régionaux analogues à celui-ci ont également été créés l'année dernière. Dans le cadre de la Commission des pêches pour l'Océan Indien (CPOI), de tels organes ont été mis en place pour le golfe du Bengale et pour le sud-ouest de l'Océan Indien. Dans le cadre de la Commission des pêches pour l'Atlantique centre-ouest (COPACO) on a créé aux Caraïbes un Sous-Comité pour les petites Antilles et, dans le cadre de la Commission Indo-Pacifique des pêches (CIPP), un Sous-Comité pour la Mer de Chine méridionale. Tous représentent une nouvelle étape dans la mise en oeuvre de la politique adoptée par les Etats Membres de la FAO, qui vise à apporter des ajustements à la structure et au fonctionnement des organismes régionaux des pêches pour permettre la décentralisation de la prise de décisions et la fourniture de services d'assistance technique pour la gestion et le développement de la pêche. Comme il ressort de la liste ci-dessus, le présent Sous-Comité est le premier de sa sorte à s'occuper exclusivement de pêcheries d'eau douce.

Les principaux objectifs de ces organismes sous-régionaux sont les suivants: (i) assurer la pleine participation des pays aux activités des organismes régionaux des pêches de la FAO ayant trait aux ressources partagées, aux pêcheries partagées ou à d'autres problèmes communs à l'intérieur de ce que nous appelons des zones naturelles d'aménagement; et (ii) fournir à ces organismes un soutien technique multidisciplinaire basé sur place, en vue de promouvoir l'autosuffisance entre les pays concernés.

Permettez-moi de vous expliquer l'expression “zone naturelle d'aménagement”. Nous entendons par là une zone à l'intérieur de laquelle un groupe de pays se partagent des ressources halieutiques, ont des difficultés et possibilités semblables ou communes en matière de pêche ou ont d'autres intérêts sociaux et économiques en commun. Il s'agit peut-on dire de groupes qui ont besoin ou sont désireux de travailler ensemble, sont naturellement disposés à coopérer et bénéficieraient mutuellement d'une telle coopération. La région du lac Victoria est de toute évidence une zone de ce type.

La présente session se tient en un moment où les pêches mondiales subissent des transformations importantes et de grande portée. En ce moment aussi, les gouvernements africains s'efforcent de mettre en oeuvre la stratégie de Monrovia, qui a été adoptée par les Chefs d'Etat et de Gouvernements de l'organisation de l'Unité africaine (OUA) et qui vise notamment, dans le cadre de la tentative pour parvenir à l'autosuffisance alimentaire, à accroître de l'million de tonnes la production de poisson des eaux marines et continentales de l'Afrique d'ici 1985. La réalisation de cet objectif permettrait d'accroître de un kilo la consommation annuelle moyenne par habitant des africains d'ici 1985.

Au moment de commencer nos travaux ici, à Mwanza, nous constatons que nous sommes également motivés par les sentiments analogues que nous avons manifesté en ce qui concerne la mise en valeur et l'aménagement des pêcheries du lac Victoria, et par le désir largement exprimé d'affronter ensemble les problèmes correspondants, en reconnaissant qu'aucune solution efficace et de longue durée n'est à la portée d'un état agissant individuellement.

Nous avons un ordre du jour chargé et je ne retarderai pas nos travaux en prononçant un long discours. Je voudrais seulement ajouter ceci: lorsque vous examinerez les possibilités qui s'offrent à vous, ainsi que vos problèmes et vos besoins, vous souhaiterez peut-être tenir présentes à l'esprit d'importantes remarques qui ont été formulées à l'époque où l'on a recommandé la création de votre Sous-Comité, c'est-à-dire en décembre de l'année dernière à Blantyre.

La création d'un Sous-Comité CPCA pour le lac Victoria fut alors jugée nécessaire pour coordonner les activités de recherche et de développement halieutiques intéressant ce plan d'eau douce partagé entre le Kenya, la Tanzanie et l'Ouganda, et qui est le deuxième du monde. Ainsi donc, étant donné ses très larges fonctions, le Sous-Comité se trouvera dans le meilleure situation possible pour formuler et mettre en oeuvre une politique cohérente et harmonisée de développement et de gestion de la pêche dans le lac Victoria. Permettezmoi d'ajouter qu'il pourrait s'occuper activement de combler des lacunes ou d'éviter le risque de chevauchement des efforts, ainsi que de mobiliser l'aide bilatérale et multilatérale de façon coordonnée.

Il faudra pour cela les efforts combinés des délégations et de tous ceux qui ont pour fonction de fournir une aide technique ou financière à vos gouvernements. Je suis donc particulièrement heureux de voir ici les représentants de quelques organismes donateurs. Leur présence et leur coopération nous faciliteront sans nul doute l'adoption de recommandations précises et la production de résultats concrets.

Permettez-moi maintenant d'appeler votre attention sur les deux points techniques de votre ordre du jour.

Le point 4 a trait à la mise en valeur et à l'aménagement des pêcheries du lac Victoria. Vous étudierez tout d'abord leur situation actuelle, ce qui vous fournira l'occasion d'examiner les possibilités et difficultés liées à l'exploitation de leurs ressources afin de décider du travail à entreprendre en matière d'évaluation et d'aménagement, ainsi que de définir les besoins en matière de développement.

La rentabilité des opérations de pêche et leur réglementation sont les principaux facteurs qui déterminent le type, la qualité, le coût et la quantité de poisson qui entre finalement dans le secteur de la commercialisation. Il semble cependant que la question des besoins et méthodes d'aménagement suscite des dissensions considérables entre les personnes qui s'occupent de réglementer l'industrie de la pêche. Cela tient en partie à l'extra-ordinaire complexité des facteurs qui influent sur la dynamique des populations de poissons vivant dans les eaux du lac Victoria et à l'impossibilité, dans la situation actuelle, de recueillir des données du type et du degré de précision requis pour l'ensemble du lac. On ne peut malheureusement espérer que les recherches individuelles et une amélioration soutenue des statistiques recueillies pour tel ou tel secteur national de la pêche permettent de résorber entièrement les désaccords sur les faits. En outre, le maintien de la présente incertitude quant à la dimension des stocks et aux mesures d'aménagement appropriées ferait obstacle à la mise en valeur future des ressources halieutiques.

Il est donc hautement souhaitable d'examiner les activités de recherche qui pourraient être entreprises en coopération, si les trois états riverains veulent atteindre leur but déclaré de mieux utiliser les ressources ichtyques disponibles.

L'étude du point 5 de l'ordre du jour fournira l'occasion d'examiner et établir les priorités, notamment pour les actions qui exigent une coopération régionale, ainsi que de décider des activités futures du programme envisagé pour la mise en valeur et l'aménagement des pêcheries du lac Victoria. A ce propos, vous souhaiterez peut-être passer en revue les instituts nationaux existants dans la région du lac Victoria et examiner quelles sont les possibilités de les utiliser comme véhicules du développement futur.

Etant donné que le lac représente une unique unité écologique et que la distribution des ressources ne respecte pas les frontières politiques établies par l'homme, il vaudra la peine d'examiner les moyens qui permettraient aux trois pays frères d'harmoniser leurs législations et leurs politiques d'aménagement, de coordonner et rentabiliser leurs activités de recherche, de promouvoir les échanges de données sur les pêches, de se communiquer des renseignements sur les résultats des recherches et d'unifier leurs statistiques de base en vue d'élaborer des politiques valables et d'assurer un développement plus satisfaisant et soutenu du secteur de la pêche.

Il appartient à la FAO de vous fournir la meilleure assistance possible dans les tâches complexes et difficiles auxquelles vous devrez faire face pour mettre en valeur et aménager les ressources ichtyques du lac Victoria. Le programme proposé de mise en valeur et d'aménagement des pêcheries du lac Victoria devrait être bientôt démarré. La FAO saurait gré aux délégations de lui faire part de leurs commentaires et avis en ce qui concerne l'organisation et la conduite future de ce programme.

Je suis fermement convaincu que les membres du Sous-Comité ont le désir commun de coopérer et de bénéficier mutuellement de cette coopération en matière de développment et de gestion de leurs pêches. Nous sommes ici pour explorer les diverses méthodes de collaboration possibles dans le domaine des pêches dans la région. Seule une action commune permettra aux pays de la région de surmonter plus rapidement et affronter avec succès les problèmes techniques, sociaux et économiques qui se posent à eux. Nous réussirons peut-être ainsi à modifier la situation inacceptable où se trouvent ces trois pays d'une région riche en poisson, puisque leur population continue de souffrir de malnutrition protéique avec ses effets débilitants collatéraux.

Pour progresser dans la maîtrise des difficultés, il est probablement nécessaire de commencer par des réunions de cette sorte. Elles permettent de jeter les bases du futur et il ne faut pas en sous-estimer la portée. La FAO et la communauté internationale sont à votre disposition pour vous apporter une aide si vous le jugez nécessaire.

Pour conclure, Messieurs les délégués, Mesdames, Messieurs, je voudrais redire que la FAO est extrêmement reconnaissante au Gouvernement de la République-Unie de Tanzanie de son invitation à tenir la présente session à Mwanza.

Souhaitons que le travail accompli ici dans les prochains jours aboutisse à une amélioration de longue durée dans le domaine de l'aménagement et du développement des pêcheries du lac Victoria et donc à une amélioration des conditions de vie des habitants de la région.

Au nom de Monsieur Edouard Saouma, Directeur général de la FAO, et de M. Kenneth C. Lucas, Sous-Directeur général au Département des pêches, je vous souhaite à nouveau un plein succès dans vos travaux.

Je vous remercie.

ANNEXE D
Ordre du jour

  1. Ouverture de la session

  2. Election du Président

  3. Adoption de l'ordre du jour et organisation de la session

  4. Mise en valeur et aménagement des pêcheries du lac Victoria

    1. Les pêcheries du lac Victoria

    2. Principaux problèmes de développement et de gestion que devront résoudre les pays qui exploitent les pêcheries du lac Victoria

  5. Programmes d'action pour la mise en valeur et l'aménagement des pêcheries du lac Victoria

  6. Autres questions

  7. Date et lieu de la prochaine session

  8. Election du Bureau

  9. Adoption du rapport

ANNEXE E
Liste des documents

CIFA:DM/LV/81/1Ordre du jour provisoire
 2Ordre du jour provisoire annoté
 3Calendrier provisoire des activités
 4Examen de la situation des pêcheries du lac Victoria
 5Principaux problèmes à résoudre en matière de mise en valeur et d'aménagement des pêcheries et initiatives proposées
  a) Kenya
  b) Tanzanie
  c) Ouganda
 6Programme envisagé pour la mise en valeur et l'aménagement des pêcheries du lac Victoria

CIFA:DM/LV/81/Inf.1Liste des documents
 2Liste des délégués et observateurs
 3Rapport de la quatrième session du Comité des pêches continentales pour l'Afrique (CPCA), Blantyre, Malawi, 8–12 décembre 1980
 4Mandat et règlement intérieur du Comité des pêches continentales pour l'Afrique (CPCA)
 5Mandat du Sous-Comité CPCA de la mise en valeur et de l'aménagement des pêcheries du lac Victoria

ANNEXE F
Résumé des mesures recommandées

Point 4: Mise en valeur et aménagement des pêcheries du lac Victoria

A. Les pêcheries du lac Victoria

A L'ATTENTION DE LA FAO

  1. Aider les pays à enrichir les connaissances sur les divers stocks de poissons (paragraphes 12, 13, 15, 40, 42, 43).

  2. Aider la région à améliorer le système d'information sur la pêche, y compris la normalisation des statistiques des captures de captures de poisson (paragraphes 15, 33).

  3. Encourager l'amélioration de la pêche traditionnelle et le transfert des techniques de pêche à l'intérieur de la région (paragraphes 23, 24, 25).

A L'ATTENTION DES GOUVERNEMENTS

  1. Encourager l'utilisation d'un maillage plus grand pour les culs-de-chalut (paragraphe 12).

  2. Intensifier l'étude de l'écologie et de la biologie d'Haplochromis et d'Engraulicypris (Rastrineobola) (paragraphes 12, 13).

  3. Coordonner et stimuler les recherches sur les divers stocks de poisson vivant dans le lac (paragraphes 15, 40, 42, 43).

  4. Coopérer pour normaliser les statistiques des captures de poissons (paragraphes 15, 33).

  5. S'efforcer de définir des priorités pour développer la pêche à l'intérieur des structures sociales existantes (paragraphes 23, 25)

B. Principaux problèmes de développement et de gestion que devront résoudre les pays qui exploitent les pêcheries du lac Victoria

A L'ATTENTION DE LA FAO

  1. Intensifier le rôle du Sous-Comité en matière de développement et de gestion de la pêche dans le lac Victoria (paragraphes 27, 47).

  2. Créer un Groupe de travail sur les statistiques de la pêche (paragraphe 33).

  3. Aider les pays à harmoniser leurs lois et réglementations dans le domaine de la pêche (paragraphe 34).

  4. Aider les pays à formuler des programmes de développement en vue de l'amélioration du secteur traditionnel de la pêche, ainsi que de l'amélioration des embarcations, des engins et des opérations de pêche, et de la manutention, de la conservation et de la commercialisation du poisson (paragraphes 39, 42, 43).

  5. Faciliter la mise en oeuvre d'un programme régional pour la conduite de prospections portant sur des ressources déterminées, ainsi que l'élaboration de meilleures méthodes d'évaluation des stocks, adaptées à la région (paragraphes 31, 45, 46).

A L'ATTENTION DES GOUVERNEMENTS

  1. Intensifier les efforts en vue de mettre sur pied un dispositif international efficace pour la mise en valeur et l'aménagement des pêcheries du lac Victoria (paragraphe 27).

  2. Coopérer pour contrôler et réglementer l'exploitation du lac (paragraphe 30).

  3. Coopérer pour l'étude de la distribution des stocks et pour celle des techniques de pêche, afin d'éviter des doubles emplois dans les activités de recherche (paragraphe 31).

  4. S'efforcer d'améliorer la diffusion des informations scientifiques et techniques au niveau régional (paragraphe 32).

  5. Intensifier les efforts dans les domaines de coopération régionale ci-après:

    1. normalisation des statistiques de la pêche (paragraphe 33);
    2. harmonisation des lois et réglementations dans le domaine de la pêche (paragraphe 34);
    3. développement de la pêche d'Haplochromis (paragraphe 39);
    4. mise en valeur des pêcheries pélagiques (paragraphe 42);
    5. remise en état des pêcheries d'espèces anadromes (paragraphe 43);
    6. promotion de la recherche en coopération (paragraphes 45, 46);
    7. Coopération avec le Sous-Comité CPCA de la mise en valeur et de l'aménagement des pêcheries du lac Victoria pour toutes les questions concernant la pêche dans le lac (paragraphe 47).

Point 5: Programmes d'action pour la mise en valeur et l'aménagement des pêcheries du lac Victoria

A L'ATTENTION DE LA FAO

  1. Prêter son concours pour encourager une action en coopération au niveau de la région et faciliter la mise en oeuvre d'un programme régional (paragraphes 49, 50, 51, 63).

  2. Aider les pays à élaborer un projet régional, en tenant pleinement compte des priorités de chacun d'entre eux (paragraphes 51, 52, 59, 60).

  3. Aider les pays à préparer et mettre à exécution la phase II envisagée pour le Projet régional de recherches sur les pêcheries du lac Victoria (paragraphe 55).

A L'ATTENTION DES GOUVERNEMENTS

  1. Collaborer pour la mise en valeur et l'aménagement des pêcheries du lac Victoria (paragraphes 49, 63).

  2. Renforcer la coopération et mettre sur pied une unité de soutien technique basée sur place, qui s'occuperait de la planification et de la direction d'ensemble de l'aide technique et financière visant à assurer la mise en valeur, et de l'aménagement rationnels des pêcheries du lac Victoria (paragraphes 50, 51).

  3. Intensifier les efforts en vue de trouver des fonds pour mettre sur pied l'unité de soutien technique (paragraphes 52, 59, 60).

  4. Coopérer pour évaluer la situation actuelle de l'industrie de la pêche dans le lac Victoria (paragraphe 54).

  5. Coopérer pour l'exécution de la phase II envisagée du Projet régional de recherche sur les pêcheries du lac Victoria (paragraphe 55).

ANNEXE G
Production de poisson des diverses pêcheries nationales du lac Victoria

Captures et part (%) de chaque espèce
KENYA19761977197819791980
S. esculentus49(0,3)42(0,2)180(0,8)94(0,3)90(0,3)
S.niloticus421(2,3)465(2,4)972(1,1)962(3,1)1 184(4,4)
S. variabilis 537(2,9)928(4,8)1 454(6,1)1 683(5,5)3 739(13,9)
S. leucostictus
T. zillii
Bagrus1 025(5,5)1 141(5,9)1 396(5,9)1 769(5,8)642(2,4)
Lates94(0,5)203(1,1)1 066(4,5)4 286(14,0)4 310(16,0)
Protopterus935(5,0)773(4,0)612(2,6)472(1,5)370(1,4)
Haplochromis6 368(34,1)6 255(32,4)6 621(27,8)6 599(21,6)3 636(13,5)
Clarias2 507(13,4)1 755(9,8)1 729(7,2)3 029(9,9)1 223(4,5)
Barbus182(1,0)183(0,9)199(0,8)417(1,4)421(1,6)
Synodontis191(1,0)310(1,6)155(0,6)482(1,6)388(1,4)
Mormyrus89(0,5)102(0,5)132(0,6)359(1,2)333(1,2)
Labeo123(0,1)62(0,3)148(0,6)443(1,4)482(1,8)
Schilbe57(0,3)129(0,7)120(0,5)320(1,0)117(0,4)
Engraulicypris5 652(30,3)6 704(34,7)8 710(36,5)9 321(30,5)9 443(35,1)
Autres447(2,4)280(1,4)362(1,4)356(1,1)536(2,0)
Total18 680 19 332 23 856 30 592 26 914 
TANZANIE19751976197719781979
S. esculentus3 592(7,7)1 256(2,5)1 564(2,4)962(2,1)1 997(2,8)
S. niloticus- 1 031(2,0)1 645(2,5)2 968(6,4)1 608(2,8)
S. variabilis1 850(4,0)1 245(2,5)1 944(3,0)2 279(4,9)3 857(6,7)
S. leucostictus- - - - - 
T. zillii207(0,4)114(0,2)172(0,3)143(0,3)95(0,2)
Bagrus5 827(12,5)5 906(11,7)4 570(7,0)5 114(11,0)5 183(9,0)
Lates      24(0,1)  
Protopterus6 180(13,3)3 100(6,1)7 243(11,1)4 029(8,9)4 603(8,0)
Haplochromis16 148(36,6)25 184(49,8)36 158(55,3)18 810(40,4)21 760(37,8)
Clarias2 508(5,4)1 980(3,9)2 622(4,0)2 869(6,2)2 558(4,4)
Barbus232(0,5)161(0,3)153(0,2)129(0,3)364(0,6)
Synodontis2 295(4,9)3 166(6,3)3 152(4,8)2 270(4,9)4 334(7,5)
Mormyrus80(0,2)88(0,2)106(0,2)99(0,2)408(0,7)
Labeo1 601(3,4)3 611(7,1)736(1,1)2 309(5,0)6 849(11,9)
Schilbe1 015(2,2)1 373(2,7)2 771(4,2)1 216(2,6)1 638(2,8)
Engraulicypris- 252(0,5)2 513(3,8)1 569(3,4)1 598(2,8)
Autres5 058(10,9)2 117(4,2)- 1 720(3,7)1 063(1,8)
Total          
OUGANDA19751976197719781979
S. esculentus70(0,5)50(0,5)760(4,9)760(4,9)180(1,1)
S. niloticus5 890(38,0)1 300(11,7)1 100(7,1)1 100(7,1)750(4,5)
S. variabilis860(5,5)400(3,6)980(6,3)970(6,2)570(3,4)
S. leucostictus130(0,8)60(0,5)140(0,9)140(0,9)- 
T. zillii50(0,3)40(0,4)130(0,8)130(0,8)150(0,9)
Bagrus2 930(18,9)4 380(39,5)4 910(31,5)4 900(31,5)6 530(39,0)
Lates250(1,6)540(4,9)460(2,9)460(3,0)190(1,1)
Protopterus195(12,6)1 800(16,2)2 270(14,6)2 300(14,8)1 370(8,2)
Haplochromis1 690(10,9)1 000(9,0)1 560(10,0)1 560(10,0)1 550(9,2)
Clarias1 290(8,3)1 320(11,9)1 920(12,3)1 900(12,2)2 330(13,9)
Barbus260(1,4)130(1,2)530(3,4)530(3,4)360(2,1)
Synodontis70(0,5)40(0,4)570(3,7)540(3,4)2 540(15,2)
Mormyrus40(0,3)20(0,2)240(1,5)240(1,5)130(0,8)
Labeo10(0,1)10(0,1)30(0,2)30(0,2)40(0,2)
Engraulicypris10(0,1)10(0,1)    70(0,4)
Total15 500 11 100 15 600 15 560 16 760 

ANNEXE H
Situation des pêcheries du lac Victoria

Résumé
L'industrie de la pêche dans le lac Victoria s'est développée depuis le début du siècle: l'augmentation de l'effort de pêche associée à cette expansion a modifié le caractère des opérations qui, précédemment axées sur les tilapias de grande taille, se sont orientées vers des espèces plus petites. Cette évolution a également été influencée par l'introduction de plusieurs nouveaux poissons dans la faune locale. Depuis 1968, le total des captures effectuées dans le lac est resté plus ou moins stable, quoique la taille et la qualité du poisson capturé n'aient cessé de diminuer. Une estimation du potentiel de capture donne un chiffre très supérieur à celui des prises actuelles, du fait de la présence d'une ressource inexploitée: Haplochromis vivant en eaux profondes.
L'industrie de la pêche est encore de type artisanal, de nombreux artisans-pêcheurs exploitant les ressources maintenant réduites des eaux côtières. Tout accroissement de la production et peut-être même le maintien des niveaux actuels de capture, exigeront l'utilisation de techniques d'aménagement plus rationnelles que celles adoptées actuellement et le développement d'un nouveau type de pêche axé sur les stocks d'eaux profondes encore inexploités.

1. INTRODUCTION

Le lac Victoria, deuxième lac du monde, s'étend à cheval sur l'équateur et a une superficie d'à peu près 68 800 km2. Ses ressources côtières de poissons, qui comprennent de nombreuses espèces, sont fortement exploitées, contrairement aux stocks du large, qui comptent eux aussi de nombreuses espèces. Il serait possible d'améliorer considérablement la gestion des ressources, les techniques de capture, la transformation et la commercialisation. C'est pour cette raison que les Gouvernements du Kenya, de la Tanzanie et de l'Ouganda envisagent sérieusement de mettre sur pied des programmes nationaux pour accélérer le développement de leurs pêches artisanales. Toutefois, les stocks de poisson et les pêcheries traditionnelles ne se laissent pas diviser par les frontières nationales et, par conséquent, l'unification des politiques de pêche et des réglementations adoptées dans l'ensemble du lac est l'une des conditions essentielles d'une gestion et d'un développement rationnels.

Toute une variété d'engins sont utilisés pour l'exploitation des pêcheries côtières multispécifiques (sennes de plage, filets maillants, palangres avec avançons, pièges, etc.). Les populations de certaines des espèces ayant la plus haute valeur marchande, comme par exemple Sarotherodon exulentus (Ngege) et Labeo victorianus (Ningu), se sont déjà extrêmement réduites. Mais l'espèce la plus abondante et la moins prisée, Haplochromis spp., qui vit à des profondeurs de plus de 20 m, est encore sous-exploitée. La nécessité d'unifier la gestion des pêcheries du lac Victoria est évidente depuis les années vingt, époque où ont commencé d'apparaître des signes de surexploitation du stock côtier indigène de Sarotherodon spp. (tilapias).

A l'époque où les filets maillants furent introduits dans le lac Victoria, les captures de Sarotherodon se chiffraient ordinairement à 50–100 sujets de grande taille par filet. Les filets utilisés avaient généralement une maille étirée de 127 mm, et plus de 50 m de long. En 1928, les captures par unité d'effort étaient tombées à 6–7 sujets par filet. Cet état de choses a incité Graham à recommander la création d'une autorité administrative commune pour l'ensemble du lac, chargée de réglementer la pêche et de recueillir des statistiques des captures de poisson. En conséquence, une limite de maillage de 127 mm fut fixée pour les filets maillants en 1933. Le Service des pêches du lac Victoria fut créé en 1947 et la même année vit également la création de l'Organisation de recherche sur la pêche en eau douce dans l'Est africain (EAFFRO) qui fut chargée d'entreprendre des recherches biologiques sur les stocks de poisson dans la totalité du lac. Toutefois, on ne parvint guère à faire accepter les réglementations par les pêcheurs.

Avec l'intensification de l'effort de pêche après la deuxième guerre mondiale, les captures de poisson dans les filets maillants de 127 mm diminuèrent de plus en plus et la taille moyenne du poisson commercialisé devint sensiblement plus petite. La pêche resta toutefois assez rentable. Le noeud de la difficulté était qu'il n'y avait pas d'écart de prix suffisant entre les poissons de grande et de petite taille, ce qui encourageait l'utilisation de filets maillants à maille trop petite, d'un type illégal, pour maximiser l'effectif des captures. En outre, les pêcheries multispécifiques déjà complexes furent rendues plus fragiles par l'introduction des espèces exotiques Sarotherodon leucostictus et Tilapia spp. ainsi que de la perche nilotique (Lates niloticus) prédatrice entre 1950 et 1960. Il n'existait ni législation visant à contrôler la vente et la distribution des filets maillants à maillage trop petit, ni personnel suffisant pour assurer la surveillance des fonds de pêche et, par la suite, l'interdiction des filets maillants à maille comprise entre 76 et 127 mm devint impossible à mettre en application à la fin de 1956. En conséquence, la limite de maillage fut abolie en Tanzanie et en Ouganda. Par la suite, le Service des pêches du lac Victoria fut dissous en 1960. La collaboration dans le domaine de la pêche continua dans le cadre de l'EAFFRO. Mais ce mécanisme international de coordination cessa également d'exister après la disparition de la Communauté de l'Afrique orientale.

A l'heure actuelle, les pays qui se partagent le lac Victoria reconnaissent à nouveau la nécessité absolue de collaborer pour mettre en valeur et aménager leurs pêcheries multi-spécifiques. Lors de la quatrième session du Comité FAO des pêches continentales (CPCA), tenue à Blantyre (Malawi) du 8 au 12 décembre 1980, on recommanda la création d'un sous-comité CPCA pour le lac Victoria. Lors de la quatorzième session du COFI, tenue à Rome du 26 au 30 mai 1981, les représentants des trois pays - Kenya, Tanzanie et Ouganda - se mirent d'accord sur le mandat du Sous-Comité.

2. NATURE DES RESSOURCES HALIEUTIQUES

Le lac Victoria héberge une faune abondante de poissons cichlidés, consistant en de nombreuses espèces d'Haplochromis spp., de Tilapia et de Sarotherodon, ainsi qu'une certaine population de poissons non cichlidés (par exemple Protopterus, Clarias, Bagrus, Labeo, Barbus, Synodontis et l'espèce d'introduction Lates niloticus). Quoiqu'on ne possède pas de données biologiques détaillées sur chacune des espèces présentes, on peut reconnaître un schéma général de distribution des poissons dans le lac. Les données disponibles indiquent que la distribution d'un certain nombre d'espèces est influencée par la profondeur et le type de dépôts se trouvant sur le fond. Du fait du caractère multispécifique des pêcheries, il est assez difficile de déterminer avec précision la distribution des stocks dans l'espace et dans le temps.

2.1 Communautés de poissons

Les groupes d'espèces en interaction les unes avec les autres forment des communautés écologiques assez discontinues, délimitées par la profondeur, la topographie et les conditions hydrographiques des différents habitats du lac. Quoique les communautés de poissons existantes soient assez homogènes, on observe également des migrations de certaines espèces qui se dirigent des tributaires et des marécages de la berge vers les eaux côtières et celles du large. Les communautés ichtyques ci-après sont accesibles à l'exploitation par les flottilles artisanales et semi-industrielles: (i) la communauté démersale côtière; (ii) la communauté démersale hauturière; et (iii) la communauté eurybathique pélagique.

2.1.1 Communauté démersale côtière

La communauté ichtyque vivant dans les zones marginales du lac (c'est-à-dire zones marginales des tributaires, marécages à papyrus, zones à nymphéas et eaux côtières peut profondes) comprend des espèces cichlidées et non cichlidées. Les genres Tilapia et Sarotherodon (tilapias, cichlidés) dont la zone de distribution va jusqu'à 20 m de profondeur, dominent les autres espèces. Le groupe constitué par les espèces d'Haplochromis (cichlidés) constitue un élément important de la communauté ichtyque côtière. Enfin, les poissons non cichlidés, à savoir Protopterus aethiopicus, clarias mossambicus, C. carsonii, Schilbe mystus et Synodontis afrofischeri, sont des éléments importants des pêcheries côtières. Protopterus et Clarias fréquentent les marécages couverts de papyrus et de nymphéas, mais on les trouve aussi dans les eaux côtières à fond boueux. En outre, les autres espèces représentées dans la communauté ichtyque côtière sont Labeo victorianus, Barbus altianalis et Synodontis afrofischeri. Labeo préfère les eaux peu profondes où ne poussent pas de nymphéas et celles des tributaires où il se reproduit pendant la saison des pluies. La plupart des poissons non cichlidés qui vivent dans les zones côtières peu profondes font la navette entre les eaux des cours d'eau et celles du lac tout au long de l'année; quelques cichlidés, par exemple Haplochromis multicolor et Astatoreochromis alluaudi, en font autant. Les mélanges d'espèces cichlidées et non cichlidées de diverses tailles se trouvent surtout dans les zones littorales et sub-littorales (aux profondeurs de moins de 20 m) et c'est là un facteur important à prendre en considération pour l'aménagement des pêcheries du lac Victoria.

2.1.2 Communauté démersale hauturière

La communauté ichtyque qui vit dans les eaux profondes du large, que ce soit sur le fond ou au voisinage de celui-ci, est dominée par le groupe Haplochromis spp. (cichlidés). Les poissons non cichlidés vivant dans les eaux comprennent Bagrus docmac, Mormyrus kannume, Synodontis victoriae, le poisson-chat clariidé Xenoclarias eupogon et l'espèce d'introduction Lates niloticus macrophthalmus (perche du Nil). Ces poissons non cichlidés de taille relativement grande sont capables de se reproduire en eaux libres. Il est très probable que pour toutes ces espèces il n'y a pas de ségrégation des sujets de différentes tailles en fonction de la profondeur. Cela signifie qu'un engin de pêche non sélectif permettra de capturer un mélange de juvéniles et d'adultes de poissons non cichlidés du genre Haplochromis.

2.1.3 Communauté pélagique

On sait qu'Engraulicypris argenteus (Mukene) vit dans les eaux côtières superficielles ainsi que dans les eaux profondes. On sait également qu'il se reproduit en eaux libres là où il ne pousse pas de nymphéas. Ce poisson est l'une des rares espèces d'eau douce qui produisent des oeufs pélagiques et il s'agit donc d'une véritable espèce pélagique. A Engraulicypris s'ajoutent Bagrus, Clarias mossambicus, Schilbe mystus et le groupe des espèces prédatrices piscivores d'Haplochromis spp. qui s'alimentent en surface.

2.2 Captures actuelles

Dans une pêcherie multispécifique, l'exploitation d'un groupe d'espèces affecte la structure des populations des autres espèces présentes. La pêche artisanale au filet maillant est hautement sélective pour ce qui est des espèces visées. Les populations des espèces très prisées Sarotherodon esculentus et Labeo victorianus, qui vivent dans les eaux côtières peu profondes, ont considérablement diminué. Par ailleurs, Haplochromis et Synodontis spp. (qui vivent au large en eaux plus profondes) sont encore abondants.

A l'heure actuelle, les statistiques des captures sont encore insuffisantes. Il y a probablement des lacunes dans leur champ d'application et dans la répartition des captures entre les différentes espèces, et on ne possède pas de facteurs d'extension fiables pour estimer les captures totales sur la base d'un échantillonnage des quantités débarquées. Les données sur les captures nationales au cours des dernières années sont récapitulées au tableau 1. Pendant la période 1968–72, les captures de la Tanzanie et de l'Ouganda ont accusé une tendance à la baisse. Entre 1973 et 1979, les captures de la Tanzanie ont oscillé entre 40 000 et 66 000 tonnes; cette fluctuation peut être expliquée par des variations de la productivité et des changements d'ordre socio-économique au sein des unités de pêche. Avant 1973, les opérations de pêche dans les eaux ougandaises étaient plus ou moins analogues à celles menées dans les zones kényenne et tanzanienne. Puis, au cours de la période 1968–73, les captures de l'Ouganda ont fluctué entre 41 200 et 32 500 t, ce qui donne une moyenne annuelle de 37 000 t pour cette période; après 1973, il y a eu une période économique anormale et l'industrie de la pêche s'est dégradée par suite du manque de matériel. Dans ces conditions, il est très probable que les captures annuelles n'ont pas dépassé 32 500 t, ce qui correspond au plus faible niveau de captures qui ait été atteint avant 1973; quant aux captures annuelles moyennes après 1973; on peut raisonnablement supposer qu'elles ont été d'à peu près 30 000 t. Enfin, les tendances des captures dans le secteur kényen ne sont pas les mêmes que dans le reste du lac: les captures du Kenya ont augmenté lentement, passant d'environ 16 400 t en 1968 à environ 19 300 t en 1977, après quoi il y a eu un brusque accroissement qui les a portées aux niveaux de 23 900 t et 30 600 t, respectivement en 1978 et 1979. Pendant la période 1978–79, les captures annuelles totales du Kenya ont été dominées par Engraulicypris (33 pour cent), Haplochromis venant au deuxième rang (à peu près 25 pour cent) et Clarias au troisième (9 pour cent à peu près). Dans les eaux tanzaniennes, les captures consistent principalement en Haplochromis spp. dont la part dans les prises annuelles a été d'à peu près 30 pour cent en 1978 et 1979. Le groupe Tilapia et Sarotherodon s'est classé au deuxième rang, avec 13 pour cent du total des captures, et Bagrus au troisième rang avec environ 10 pour cent. Le Sous-Comité CPCA pour le lac Victoria devrait examiner critiquement les causes de la disparité des tendances enregistrées dans les trois pays.

Tableau 1

Captures nominales totales des artisans-pêcheurs dans le lac Victoria, en tonnes, par pays, pour la période 1968–69

 196819691970197119721973197419751976197719781979
Kenya1640017 40016 40014 9001600016 80017 20016 30018 70019 30023 90030 600
Tanzanie59 40053 90048 30042 6004090049 60041 70046 60050 60065 40046 50055 100
Ouganda40 50041 20034 80038 1003390032 50030  000a30  000a30  000a30  000a30  000a30  000a
Total116 300112 50099 50095 60090 80098 90088 90092 90099 300114 700100 400115700

a Captures annuelles totales de l'Ouganda supposées inférieures à celles de 1973, par suite de la dégradation de l'industrie de la pêche pendant la période économique anormale 1973–79

2.3 Rendement potentiel

En 1967, le premier projet FAO/PNUD de recherches sur les pêcheries du lac Victoria devint opérationnel. Sur la base de données biologiques recueillies par l'EAFFRO et des résultats de la pêche exploratoire à bord du navire de recherche IBIS, on effectua des estimations préliminaires de la biomasse de poissons et du rendement potentiel. La biomasse du stock exploitable est estimée à 750 000 t, dont 600 000 t - soit 80 pour cent - pour le complexe Haplochromis. Les 20 pour cent restants (à savoir 150 000 t) sont constituées par les “tilapias” (Tilapia et Sarotherodon), Bagrus, Protopterus, Clarias, la perche nilotique d'introduction (Lates), Labeo, Barbus, etc. Une estimation prudente du rendement potentiel d'Haplochromis donne le chiffre d'à peu près 200 000 t, alors que l'on estime à environ 47 300 t les captures actuelles de la pêche artisanale. Par conséquent, le développement de la pêche dans les eaux situées au-delà de l'isobathe 20 m permettrait de récolter un supplément d'environ 152 700 t d'Haplochromis spp. Sur la base de la superficie des eaux territoriales et de la longueur des côtes de chacun des Etats qui se partagent le lac Victoria, on peut admettre que les captures supplémentaires d'Haplochromis se répartiraient à peu près comme suit: 10 pour cent pour le Kenya, 15 pour cent pour la Tanzanie et 40 pour cent pour l'Ouganda. Quoique le potentiel de développement de la pêche soit suffisant, il faudrait prévoir suffisamment de sauvegardes pour éviter de surcapitaliser l'industrie de la pêche dans le lac Victoria, car il pourrait y avoir des fluctuations naturelles des populations exploitées, ainsi que des modifications de la composition par espèces par suite d'interactions entre les espèces. En outre, la composition par taille et par âge des espèces exploitables se modifiera avec l'intensification de la pêche commerciale. Il sera donc indispensable de revoir en permanence les estimations du rendement potentiel d'Haplochromis, et de contrevérifier les données sur le rendement à long terme en utilisant les données sur les captures et l'effort de pêche.

Pour assurer une mise en valeur et un aménagement rationnels des pêcheries du lac Victoria, il conviendrait de se fonder sur l'abondance des espèces exploitées en fonction de la profondeur et sur les possibilités de commercialisation des produits de la pêche. Les eaux de moins de 20 m de fond occupent une superficie de 12 700 km2 (soit 18,14 pour cent de la superficie du lac) et c'est dans cette zone qu'opèrent la majorité des artisans-pêcheurs. La zone ayant de 20 à 40 m de fond (profondeur moyenne) occupe une superficie d'environ 11 000 km2 (16 pour cent de la superficie totale), tandis que la zone de plus de 40 m de fond a une superficie d'à peu près 45 100 km2 (65,6 pour cent du total). Les données recueillies au cours des chalutages exploratoires effectués antérieurement indiquent que les contributions des secteurs 0–20 m, 20–40 m et 40–79 m à la biomasse totale de poisson sont, respectivement d'environ 29, 25,8 et 46,2 pour cent. Il y aurait lieu toutefois de vérifier ces estimations.

Les captures actuelles de Tilapia et de Sarotherodon dans l'ensemble du lac sont estimées à 16 500 t à peu près. Les espèces d'introduction S. niloticus, S. leucostictus, T. zillii et T. rendalli dominent les espèces indigènes S. esculentus et S. variabilis dans les eaux kényennes et ougandaises. Mais, dans les eaux tanzaniennes, les tilapias indigènes (S. esculentus et S. variabilis) restent plus abondants que les espèces d'introduction. Sur la base des taux de capture dans les eaux tanzaniennes une estimation modeste du rendement potentiel de tous les types de tilapias dans l'ensemble du lac donne le chiffre d'à peu près 22 900 t. Les captures totales de “tilapias” ont tendance à varier d'une année à l'autre avec les modifications de l'intensité de la pêche et les fluctuations de l'abondance de ces espèces. Il est donc nécessaire d'aménager rationnellement les stocks côtiers de tilapias afin de maintenir une haute productivité et des rendements “stables”.

On ne possède pas de données suffisantes pour estimer de façon sûre l'ordre de grandeur actuel de la ressource constituée par Lates, Protopterus, Mormyrus, Bagrus, Clarias, Synodontis et Barbus. Mais les données sur la distribution bathospatiale indiquent qu'une proportion notable des poissons eurybathiques (espèces ayant un large intervalle vertical de distribution, comme par exemple Bagrus docmac, Clarias mossambicus, Synodontis victoriae, etc.) ne sont pas accessibles aux artisans-pêcheurs. Par conséquent, il est probable que le développement des activités de pêche permettra d'accroître les captures de ces espèces dans les eaux de plus de 20 m de profondeur. Mais les schémas de migration existants et le fait que la même espèce peut être pêchée simultanément par les flottilles artisanale et semi-industrielle pourraient rendre difficile l'estimation du rendement potential. Le Sous-Comité CPCA pour le lac Victoria pourrait peut-être s'intéresser au problème de la normalisation des données sur les captures par unité d'effort, afin de rendre plus aisées des estimations plus rationnelles du potentiel des ressources.

2.4 Données biologiques

Un certain nombre des espèces non cichlidées vivant dans le lac Victoria migrent saisonnièrement des eaux côtières peu profondes vers les cours d'eau et les marécages. On est encore mal informé sur le mécanisme de ces migrations et leur importance pour la pêche artisanale utilisant de multiples engins.

On manque encore aussi de données fiables sur la taille et l'âge moyens des espèces individuelles dans les captures des artisans-pêcheurs. En outre, il n'existe pas de données sur la sélectivité des différents maillages utilisés pour les filets maillants, ainsi que sur celle des hameçons, des sennes de plage et des sennes-moustiquaires utilisés par les artisans-pêcheurs. Etant donné que les biefs inférieurs des tributaires du lac, les marécages marginaux et les zones côtières peu profondes à fond sableux ou boueux servent d'alevinières à de nombreux cichlidés de petite taille, ainsi qu'aux espèces non cichclidées plus grandes, on a des raisons de penser que le défaut de réglementation du maillage dans l'ensemble du lac contribue à la médiocrité du recrutement.

Les recherches limnologiques et halieutiques qui ont été effectuées par la défunte EAFFRO et par le Projet régional FAO/PNUD de recherche sur les pêcheries du lac Victoria ont permis de recueillir des renseignements précieux. Il existe quelques intéressantes estimations des taux de croissance, de mortalité et de reproduction. En outre, on possède certains renseignements sur les modalités de la reproduction, les habitudes alimentaires, et l'adaptation écologique de quelques groupes d'espèces. La principale restriction à l'utilisation de ces informations aux fins de l'aménagement est que les recherches ont eu une durée et un champ d'application géographique limités. Dans beaucoup de cas, l'échantillonage en vue de déterminer les fréquences de longueur, l'âge, le degré de maturité sexuelle et la fécondité a été limité à certains golfes et baies présentant différentes caractéristiques abiotiques et biotiques. En outre, il existe apparemment pour de nombreuses espèces une stratification bathymétrique en fonction de l'âge et de la taille. Des programmes convenables d'échantillonnage biologique permettront de recueillir pour l'ensemble du lac d'utiles renseignements sur la structure des populations des espèces exploitées par zones bathymétriques, en utilisant les mécanismes offerts par le Sous-Comité pour le lac Victoria.

3. SITUATION DE L'INDUSTRIE DE LA PECHE

3.1 Embarcations de pêche

Les embarcations de pêche utilisées par les artisans-pêcheurs du lac Victoria comprennent des pirogues monoxyles de type traditionnel et des pirogues et bateaux bordés. Le nombre de pirogues monoxyles semble diminuer constamment. Ce type d'embarcation est en effet lourd, lent et instable et son maniement exige beaucoup d'adresse mais, par ailleurs, ces pirogues durent très longtemps. Elles peuvent avoir jusqu'à 12 m de long, avec des baux de 0,9 m, mais elles sont en moyenne beaucoup plus courtes. En outre, les arbres ayant un bois de type convenable, qui étaient jadis gratuitement mis à la disposition des constructeurs de pirogues, sont devenus de plus en plus difficiles à trouver.

Les bateaux les plus populaires pour la pêche artisanale sont le kabalega, la pirogue sesse, la pirogue nyanza et un bateau du type dhaw appelé karua. Il s'agit le plus souvent de versions modifiées des embarcations indigènes traditionnelles.

Il y a de nombreux constructeurs de bateaux locaux et il existe même de petits et moyens établissements de construction navale tout autour du lac. En outre, les gouvernements ont installé des chantiers navals modernes où ont été construites des embarcations de type occidental et des bateaux de plus grande taille. Les tentatives effectuées pour introduire des méthodes occidentales de construction navale n'ont pas toutes réussi parce que les bateaux bordés ont tous plus ou moins la même durée de vie et qu'un bateau construit par des méthodes traditionnelles coûte à peu près le tiers ou le quart de celui construit par des méthodes modernes; le coût additionnel ne s'est donc pas justifié. Ainsi par exemple, beaucoup de pêcheurs n'ont pas usé de la subvention offerte par le Gouvernement ougandais pour encourager l'introduction de bateaux de pêche de type occidental.

Un cours régional de construction navale a été organisé en Ouganda pendant les années soixante-dix; au cours de celui-ci un chalutier de ferrociment de 12,6 m et quelques bateaux simples à fond en V ont été contruits selon un modèle conçu par la FAO et sous sa supervision.

3.2 Moteurs

Les moteurs hors bord sont largement utilisés par les artisans-pêcheurs. Dans la plupart des cas leur puissance va de 12 à 18 ch. Il en existe de nombreux types et marques, mais les plus communs semblent être les suivants: Johnson, Evinrude, Yamaha et Archimedes/Penta.

3.3 Méthodes et engins de pêche

Le lac Victoria est le domaine des artisans-pêcheurs. Pendant des siècles, ils ont utilisé des nasses, des pièges, des claies et des harpons. Les filets maillants ont été introduits en 1905 et les sennes de plage en 1925, mais il n'y a guère eu d'autre nouveauté jusqu'en 1949. La plupart des opérations se concentrent entre la berge et l'isobathe 20 m, zone où de manière générale on trouve les poissons de plus haute valeur marchande. Les poissons-chats et Protopterus sont capturés avec des palangres, les diverses espèces de Tilapia, de poisson-chats, de Labeo, etc. étant également capturées à l'aide de pièges et de clayonnages. Bagrus et Lates sont pêchés avec des filets maillants, et les captures à la senne de plage sont de tous les types.

Les filets en fibre synthétique ont été introduits au début des années cinquante. A l'heure actuelle, la pêche artisanale utilise principalement des filets maillants pour la capture de Tilapia et autres poissons de table. Plus récemment, on a commencé d'utiliser des filets maillants et des sennes de plage pour capturer des quantités croissantes d'Haplochromis de moindre valeur marchande. Alors qu'autrefois la maille étirée des filets maillants pouvait atteindre 17 cm à l'heure actuelle sa dimension peut être réduite à 38 mm.

La pêche par attraction lumineuse d'Engraulicypris pélagique en utilisant des lampes à kérosène et des filets encerclants soulevés a également été signalée. Toutefois, on pourrait très bien envisager de diversifier les engins de pêche et les manières d'opérer. Pendant les années soixante-dix, le chalutage expérimental et exploratoire entrepris dans le cadre d'un projet FAO a indiqué la possibilité de pêcher Haplochromis en utilisant des chaluts à panneaux. Mais jusqu'ici, le chalutage commercial ne se pratique qu'en Tanzanie où, selon les renseignements dont on dispose, quatre chalutiers en acier de conception hollandaise pêchent actuellement Haplochromis à l'intention d'une usine de farine de poisson qui se trouve à Mwanza.

Des expériences préliminaires effectuées par la FAO ont également indiqué la possibilité de pêcher Haplochromis avec des sennes halées à bord, en utilisant de petits bateaux de pêche non pontés ou pontés, propulsés par de petits moteurs diesel. Il se peut que les chaluts-boeufs remorqués par de petites embarcations offrent une méthode de pêche pour ce type de poisson et il faudrait l'expérimenter.

3.4 Matériel

Il existe deux fabriques de filets en Tanzanie, une au Kenya et une en Ouganda. La qualité des filets de nylon utilisés dans la région, qu'ils soient importés ou fabriqués en Afrique, est bonne, et les prix, contrairement à ce qui a été observé en Afrique de l'Ouest, semblent raisonnables.

En Tanzanie, on a interdit l'importation de filets et de lignes de pêche, du moins ceux en nylon, mais on ne sait pas ce qu'il en est actuellement de cette réglementation ni si elle est effectivement mise en vigueur. Des plaintes ont été suscitées par le fait que les filets fabriqués en Tanzanie et en Ouganda coûtent quelquefois plus cher que les filets importés au Kenya, situation qui semble injustifiée.

3.5 Méthodes de transformation

Dans les pays riverains du lac Victoria, il existe une préférence marquée pour le poisson d'eau douce. Contrairement à ce qui se passe pour quelques autres lacs africains, seule une quantité limitée du poisson frais pêché dans le lac est commercialisée à l'extérieur de la région, car la production est principalement consommée dans la zone à forte densité de population située au voisinage immédiat du rivage.

Le secteur de la pêche artisanale se heurte à des problèmes typiques tels que le manque de glace, les méthodes inappropriées de manutention du poisson et l'absence d'installations au rivage pour le débarquement, l'entreposage, la transformation et la commercialisation des captures. Cela se traduit habituellement par une certaine quantité de pertes après capture dans quelques zones du lac où la production est supérieure à la consommation locale de poisson frais.

On ne possède que des renseignements extrêmement limités et le plus souvent périmés sur les installations et les méthodes existantes de transformation. Les données disponibles indiquent que dans tous les principaux centres de pêche, tels que Mwanza, Entebbe et Kisumu, il est possible de se procurer de la glace, mais non en quantité suffisante. Habituellement, les pêcheurs s'en passent pendant leurs sorties et le poisson n'est mis en glace qu'au débarquement en vue de son acheminement vers les grands centres commerciaux plus distants tels que Nairobi ou Kampala où il peut rapporter un prix plus élevé. La distribution locale se fait principalement sans glace et la production quotidienne est écoulée immédiatement.

De tous les poissons consommés à l'état frais autour du lac Victoria, c'est Tilapia spp. qui a la préférence des consommateurs. Viennent ensuite Bagrus, Clarias et Protopterus, mais leur degré d'acceptation varie beaucoup d'un endroit à l'autre. L'espèce la plus abondante - Haplochromis - n'est acceptée que dans une étroite zone proche du littoral. Il y a plusieurs années, des expériences de commercialisation d'Haplochromis à l'état frais à l'extérieur de cette zone ont été effectuées au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie, mais les résultats n'ont pas été très encourageants, ce qui a fait ressortir la nécessité de trouver des méthodes de transformation appropriées pour ce groupe de poissons qui est le plus abondamment représenté dans le lac Victoria.

Il existe un marché limité pour Haplochromis fumé et en particulier séché au soleil. Plusieurs tentatives ont été faites pour mettre au point d'autres produits plus acceptables, par exemple un produit en conserve en sauce tomate, une farine comestible ou des produits fermentés, mais aucune de ces formes de présentation n'a été introduite ou expérimentée sur une grande échelle. La farine comestible séchée a toutefois été accueillie favorablement lors des essais de commercialisation.

La ressource abondante et sous-exploitée d'Haplochromis a attiré l'industrie de la farine de poisson qui a finalement réussi à construire des usines à Mwanza (capacité de 50–80 t/jour) pendant les années soixante-dix. Le Kenya examine depuis 1975 avec la Norvège la création d'une entreprise mixte. On ne possède que des renseignements limités sur le fonctionnement des usines, mais celle de Mwanza semble fonctionner assez bien, quoiqu'elle n'ait pas encore trouvé de marché pour l'huile qu'elle produit. Le poisson qui lui est destiné est capturé par quatre chalutiers appartenant à la Nyanza Fishing and Processing Company. Les captures accessoires, qui consistent en poissons de table de haute valeur marchande, sont traitées dans la petite usine de transformation de la société.

Les méthodes traditionnelles de transformation du poisson (fumage et séchage au soleil) continuent de jouer un rôle très important dans la conservation des produits pêchés dans le lac Victoria. La qualité du poisson est généralement médiocre, à quoi s'ajoute le problème de sévères infestations par les insectes, en particulier pendant la saison des pluies. Le défaut de méthodes appropriées de conservation du poisson et des produits de la pêche et l'insuffisance des conditions d'hygiène dans de nombreux centres de débarquement et de transformation sont responsables de pertes importantes. Les données disponibles pour la Tanzanie indiquent que le dagaa séché peut être entièrement consommé par des ravageurs en deux à trois mois. On ne possède pas assez de données précises sur les méthodes traditionnelles de transformation du poisson tout autour du lac et cet aspect demanderait à être étudié de beaucoup plus près, d'autant plus que le développement de la pêche industrielle peut avoir une incidence défavorable sur le secteur artisanal.

4. STRUCTURE SOCIO-ECONOMIQUE DE L'INDUSTRIE DE LA PECHE

Les pêcheurs du lac Victoria, qui à l'origine travaillaient presque au niveau de subsistance et alternaient périodiquement la pêche et l'agriculture ou autres formes d'emploi possibles, sont devenues en de nombreux endroits des pêcheurs à temps complet débarquant du poisson frais capturé dans les eaux côtières relativement peu profondes. Comme le transport dans la zone littorale s'est amélioré, les pêcheurs peuvent maintenant opérer toujours plus loin le long des côtes tout en restant à même de livrer leurs captures à l'état frais aux acheteurs. L'exploitation des zones peu profondes très distantes s'est développée plus lentement, car les consommateurs préfèrent nettement le poisson frais au poisson salé et séché. Les eaux profondes ne sont pas encore très largement exploitées parce que l'utilisation de petites embarcations à une grande distance du rivage soulève des problèmes techniques et parce que les espèces vivant en eaux peu profondes se vendent à meilleur prix que les Haplochromis de petite taille trouvées plus au large. Les espèces préférées par les consommateurs sont également très variables tout autour du lac, si bien que les structures des prix peuvent être très différentes selon les endroits, de même que les stratégies de pêche adoptées par telle ou telle communauté à l'intérieur d'un pays donné.

Il y a actuellement un peu plus de 50 000 artisans-pêcheurs sur le pourtour du lac Victoria; ils opèrent à bord de quelque 12 000 embarcations et leur récolte annuelle totale se situe aux alentours de 100 000 t ou un peu plus.

4.1 Exploitation des ressources

L'intensité de l'exploitation et le degré de développement des circuits commerciaux correspondants ne sont toutefois pas uniformes tout autour du lac. C'est dans la zone kényenne que la pêche est la plus intense puisqu'environ 25 000 pêcheurs, c'est-à-dire la moitié de l'effectif total pour le lac, opèrent à partir du littoral de ce pays qui ne représente que 12 pour cent de la longueur totale des côtes. Dans cette région où les terres agricoles sont rares et où il n'y a guère d'autres possibilités d'emploi, les zones de pêche et les zones de débarquement ont été divisées et delimitées selon un système analogue à celui utilisé pour délimiter les propriétés agricoles.

L'accès aux ressources des eaux peu profondes se trouve ainsi interdit aux nouveaux venus et aux “étrangers”, le résultat étant que les pêcheurs Luo qui sont “en trop” doivent trouver à s'engager comme membres de l'équipage sur le bateau de quelqu'un qui possède des droits de pêche, à défaut de quoi ils devront renoncer à la pêche pour trouver un autre emploi.

Exception faite des centres de pêche bien établis, les eaux tanzaniennes et ougandaises semblent moins intensément exploitées que celles du Kenya, ce qui tient principalement aux problèmes posés par le transport dans la zone voisine de la côte et au moindre développement des circuits de commercialisation.

4.2 Propriétés des bateaux de pêche

Diverses enquêtes ont fait apparaître que plus de la moitié des bateaux de pêche opérant sur le lac sont exploités par le propriétaire, les autres étant exploités au titre de divers arrangements, notamment la location du bateau sur une base mensuelle, l'emploi d'un équipage salarié ou le prêt à un ami en échange d'un versement symbolique pour le poisson. Les propriétaires de bateaux qui ne pêchent pas eux-mêmes semblent limiter leurs flottilles à trois ou quatre embarcations, ce qui s'explique, en partie au moins, par les difficultés pratiques liées à la supervision d'un nombre plus important de bateaux. Il semble que les propriétaires non pêcheurs se rencontrent plus fréquemment dans les zones où la pêche est conduite sur une base entièrement commerciale (comme au Kenya). Ailleurs (comme par exemple en Ouganda) où la pêche de subsistance reste importante et où il est plus facile de trouver des emplois agricoles, il arrive que les pêcheurs abandonnent leur occupation au bout de quelques semaines ou de quelques mois pour travailler à terre, puis se remettent ensuite à la pêche. Dans les zones où l'on pratique la pêche de subsistance, les prix des pirogues ont tendance à être plus bas et à rendre compte du fait que le constructeur n'a souvent pas d'autres possibilités d'emploi.

4.3 Distribution de l'emploi et des revenus

Les pirogues transportent en moyenne trois pêcheurs chacune, tandis que les dhaws, qui sont moins nombreux, naviguent avec un équipage pouvant compter jusqu'à huit hommes et jeunes garçons. Les formes de rémunération de l'équipage sont très variées; il peut s'agir d'un simple salaire mensuel, du droit à une part des captures faites au cours de chaque sortie, du paiement au membre intéressé de l'équipage de 10 pour cent de ses captures en échange d'une place sur le bateau et de la possibilité d'y installer ses propres filets, ou encore de l'emploi de membres de la famille travaillant sans rémunération officielle.

La propriété et le mode d'utilisation des filets sont également soumis à des modalités très diverses.

Au Kenya au moins, on estime que, quoique la majorité des membres des équipages soient des pêcheurs à temps complet, leur revenu est à peine suffisant pour assurer leur propre entretien, pour ne pas parler de celui d'une famille. Les chefs des équipages bénéficient de meilleures conditions. Quant aux propriétaires de bateaux, ils semblent souvent réaliser des bénéfices suffisants pour investir dans une petite boutique de vente au détail sur le rivage, ce qui leur confère un statut social plus important et, en même temps, leur permet de diversifier leurs investissements pour minimiser les risques.

Quoique l'on ne possède guère de renseignements sur les types de crédit dont peuvent bénéficier les pêcheurs, il semble que les pêcheurs ougandais, tout en ne remplissant pas en général les conditions voulues pour bénéficier d'un crédit commercial officiel, avaient évité de quelque manière, du moins à la fin des années soixante, de s'endetter systématiquement auprès des acheteurs de poisson. Il semble bien qu'une grande partie des besoins de crédit de la pêche artisanale kényenne sont satisfaits par de petits hommes d'affaires locaux, et que les bénéfices de la pêche sont réinvestis localement.

4.4 L'emploi dans le secteur de la commercialisation

A peu près 8 000 acheteurs et distributeurs de poisson, opérant pour la plupart sur une petite échelle, s'occupent de la commercialisation du poisson frais à proximité du lac et font parvenir du poisson transformé dans les zones de l'intérieur.

5. DEVELOPPEMENT DE LA PECHE

Il est probable qu'à peu près 50 000 pêcheurs tirent leur subsistance du lac avec une production se situant entre 100 000 et 120 000 t de poisson par an. Si on ajoute à leur effectif celui des personnes qu'ils ont à charge et celui des personnes qui vivent de la commercialisation des captures et autres services liés à la pêche, le nombre de personnes vivant de la pêche artisanale dans le lac Victoria se situe sans doute entre 130 000 et 200 000 t. Il s'agit d'un secteur très actif et ceux qui y participent font preuve d'esprit d'initiative et manifestent un savoir-faire suffisant pour tirer pleinement parti - sinon surexploiter - les ressources côtières parmi lesquelles figurent les espèces les plus prisées et les plus faciles à commercialiser de tous les poissons trouvés dans le lac.

Sur le plan commercial, les principaux développements déclenchés par des facteurs extérieurs ont été la création de quelques chantiers de construction de bateaux, celle de fabriques de filets, l'établissement de centres de transformation et d'entreposage du poisson à Mwanza et au Nyegezi Freshwater Fishery Institute, l'implantation de l'usine de farine de poisson MWADECO à Pasiansi, et la création de fabriques de glace et d'installations d'entreposage du poisson ailleurs tout autour du lac.

5.1 Potentiel d'accroissement de la production

Le principal moyen d'accroître la production de poisson du lac Victoria et peut-être le seul, consisterait à exploiter le grand stock de plus de cent espèces d'Haplochromis, qui pourrait être récolté en utilisant divers types de dragues remorquées par bateau et autres méthodes de pêche. Diverses estimations ont été faites de ce stock mais, même sur la base des plus faibles, il apparaît possible d'ajouter des dizaines de milliers de tonnes par an d'Haplochromis à la production actuelle du lac Victoria. Le développement de ce type de pêche soulève beaucoup de problèmes autres que techniques et, pour évaluer la faisabilité de l'entreprise, il faudrait se fonder sur des critères socio-économiques et écologiques (voir documents 5 et 6).

Toutefois, une grande partie des efforts consacrés à l'aménagement des ressources de poisson du lac devront avoir pour objet de maintenir au moins les niveaux actuels de production des espèces les plus prisées et, si possible, d'accroître les rendements. Il sera difficile d'axer la gestion des ressources sur de tels objectifs dans la mesure où il y a un problème fondamental de surexploitation, c'est-à-dire un effort de pêche trop intense. La gestion devra également étre coordonné entre les trois Etats, étant donné que ces stocks, de même que les stocks pélagiques du large, traversent les frontières nationales dans leurs déplacements et que les pêcheurs les suivent.

Il faut aussi prendre en considération le fait que les diverses modifications actuellement apportées ou qu'il est prévu d'apporter aux cours d'eau tributaires du lac, ainsi que les risques croissants de pollution des eaux du lac liés au développement industriel, font également peser une menace sur les pêcheries, notamment celles de stocks migrateurs. Là aussi, seule une action concertée des trois Etats pourra assurer une protection efficace.

5.2 Autres possibilités de développement

Il existe diverses autres possibilités d'améliorer l'utilisation des ressources existantes, avant tout en améliorant la transformation et la commercialisation. On pourrait s'efforcer à la fois de réduire les pertes dues à la détérioration et d'accroître la valeur marchande du poisson produit. Les obstacles actuels au développement de l'utilisation et de la commercialisation du poisson du lac Victoria sont les suivants:

  1. le faible pouvoir d'achat de la majorité des consommateurs;

  2. le manque d'infrastructures et d'installations au rivage;

  3. la médiocrité des systèmes de distribution;

  4. le défaut de capital de roulement suffisant;

  5. le manque de techniques appropriées de manutention et de commercialisation du poisson;

  6. les habitudes alimentaires traditionnelles.

Il semblerait difficile pour le moment de réaliser des progrès notables dans la distribution et la commercialisation du poisson frais, notamment dans les zones rurales eloignées. Une amélioration de la qualité des produits grâce à de meilleures méthodes de manutention et à l'introduction de la mise en glace impliquerait une augmentation importante des coûts et le paiement d'un prix plus élevé pour le produit. Quoique les consommateurs se préoccupent de la qualité et de l'hygiène de ce qu'ils achètent, le prix est pour eux un élément capital: le produit final qui leur est offert devrait donc être en rapport avec leur pouvoir d'achat.

Des progrès plus rapides pourraient être accomplis en ce qui concerne l'expansion de la pêche industrielle et l'exploitation des stocks existants d'Haplochromis aux fins de la production de farine de poisson. Le développement de cette dernière pêche, qui dans la pratique a déjà commencé, pourrait avoir un retentissement important sur l'économie des pays du lac Victoria en leur permettant de réduire leurs importations et d'atteindre à l'autosuffisance dans la production de farine de poisson. A peu près 10 à 20 pour cent des captures des chalutiers qui travaillent à l'intention de cette industrie sont constituées par des espèces convenant à la consommation humaine directe: il faudrait donc également assurer une manutention, une transformation et une distribution appropriées de ce poisson. Quoique l'utilisation d'Haplochromis pour la production de farine semble offrir pour le moment la solution la plus facile, il faudrait s'efforcer de trouver un moyen satisfaisant d'utiliser ces espèces pour la consommation humaine directe. On estime donc qu'il faudrait procéder à des expériences mieux conçues de commercialisation d'Haplochromis. On espère que les résultats des essais de commercialisation prévus par le Nyegezi Institute pour la deuxième moitié de 1981 seront aussi très utiles au Kenya et à l'Ouganda. Il faudrait poursuivre les recherches sur la transformation d'Haplochromis et autres espèces de poisson en vue d'obtenir des produits qui soient commercialisables dans des conditions rentables et acceptables pour le consommateur. A cet égard, un exemple actuel intéressant est la production de filets de Protopterus à l'intention des restaurants.

Le secteur de la pêche artisanales offre également des possibilités de développement suffisantes par l'amélioration de la manutention, de la transformation et de la distribution du poisson. La mise en place d'une organisation commerciale appropriée sur les marchés urbains et dans les zones rurales devrait stimuler le développement du commerce du poisson.

6. RESUME ET INITIATIVES PROPOSEES AU SOUS-COMITE

Le présent document fait l'historique et examine la situation actuelle des pêcheries du lac Victoria. Quelques-uns des problèmes soulevés par l'aménagement de ces pêcheries ont été esquissés et des possibilités de développement ont été suggérées.

Le Sous-Comité souhaitera peut-être discuter certains aspects de cette étude et examiner si oui ou non elle résume correctement la situation présente. Des suggestions plus concrètes sont présentées dans les documents CIFA:DM/LV/81/5 et CIFA:DM/LV/81/6.


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