Les eaux intérieures de l'Afrique jouent un rôle de plus en plus important dans l'approvisionnement en protéines animales d'un continent qui manque traditionnellement de ces produits essentiels. L'accroissement de la demande, l'introduction de nouvelles techniques de pêche et, par dessus tout, la création de nouveaux plans d'eau posent des problèmes de développement et d'aménagement qu'il importe de résoudre si l'on veut conserver à ces eaux un potentiel de production maximum.
Une politique rationnelle de développement et d'aménagement présuppose une bonne connaissance des ressources disponibles. La FAO s'occupe depuis longtemps des questions relatives à l'évaluation des ressources, et des recherches ont été faites à leur sujet dans le cadre des projets axés sur certains lacs d'Afrique, aussi bien naturels qu'artificiels. Des études ont également été effectuées à l'échelon national par certains pays et par le Programme Biologique International (PBI). En conséquence, on a édifié dans plusieurs Etats africains un fonds de connaissances spécialisées qui ont permis l'organisation de deux séminaires sur l'évaluation des stocks, tenus l'un à Jinja (Ouganda) en mai 1970, et l'autre à Bujumbura (Burundi) en juin 1971.
La promotion et la coordination d'enquêtes et de programmes en vue de l'utilisation rationnelle des pêches continentales constituent l'un des principaux mandats du Comité FAO des pêches continentales pour l'Afrique (CPCA) et un symposium sur l'évaluation des ressources des pêches dans le développement et l'aménagement des pêches continentales a été tenu dans le cadre de la première session du CPCA, à Fort-Lamy (Tchad) du 29 novembre au 1er décembre 1972.
Le Symposium se proposait généralement de déterminer le rôle que l'évaluation des ressources peut jouer dans le développement et l'aménagement des pêches continentales et avait les objectifs suivants:
Examiner de manière générale le rôle des diverses disciplines auxquelles on fait actuellement appel dans l'évaluation des ressources halieutiques des eaux intérieures de l'Afrique;
Faire le point des connaissances actuelles sur les ressources halieutiques de certaines eaux intérieures africaines représentatives;
Etudier l'orientation à donner aux activités nationales et internationales d'évaluation des ressources pour le développement et l'aménagement rationnels des pêches dans les eaux intérieures de l'Afrique;
Formuler des recommandations de mise en oeuvre.
Le Symposium a tenu cinq séances consécutives, dont la première et la dernière étaient des réunions d'experts. M. J. Okedi, Directeur de l'East African Freshwater Fisheries Research Organization, a rempli les fonctions d'animateur des débats et a dirigé tous les groupes. Quatre documents de base et treize communications personnelles ont été présentés et discutés. Ont assisté au Symposium des spécialistes des pêches de dix-neuf pays et le personnel des projets PNUD/FAO intéressant les pêches, dont la liste est donnée en annexe A.
Au cours des débats, les cinq domaines prioritaires ci-après ont été définis:
Evaluation et surveillance des stocks;
Pêches dans les cours d'eau et les plaines d'inondation;
Développement des pêches artisanales;
Possibilités d'activités internationales;
Rassemblement et diffusion des renseignements.
| Documents de base* | : | S.2; S.3 |
| Communications* | : | S.7; S.10; S.11; S.13; S.14; S.15; S.18 |
Depuis les premiers séminaires sur l'évaluation des ressources tenus à Jinja (Ouganda) et Bujumbura (Burundi) en 1971, des progrès ont été accomplis dans l'évaluation des ressources halieutiques des eaux continentales de l'Afrique. Bien des chercheurs qui font des études sur différents lacs utilisent maintenant des techniques simples pour évaluer l'importance des stocks et l'état des pêcheries. Une grande partie des résultats obtenus jusqu'ici sont en accord satisfaisant avec le modèle approximatif établi d'après l'indice morpho-édaphique. Dans les premiers stades, ces méthodes simples, mais approchées, peuvent se révéler plus précieuses que des procédés plus précis mais plus complexes. Cependant, on a maintenant besoin d'estimations plus détaillées pour certaines zones car il y a des indices de surexploitation, d'où la nécessité de prendre immédiatement des mesures d'aménagement dans ces eaux.
Reconnaissant la nécessité de continuer les travaux sur l'évaluation et la surveillance des stocks, le Symposium a recommandé: que les efforts actuels dans ce sens soient poursuivis; qu'un groupe de travail ad hoc soit convoqué lors de la deuxième session du CPCA; et, qu'au cours de la période intersession, ces objectifs soient examinés par un groupe de travail par correspondance.
Communications: S.8; S.16; S.17
Par contraste avec les renseignements relativement poussés dont on dispose pour les pêches lacustres, on sait peu de choses des pêches dans les systèmes fluviaux du continent africain. Malgré l'absence de données, on a pu estimer qu'au moins 40 pour cent des poissons d'eau douce capturés en Afrique proviennent des fleuves et rivières. Les quelques études dont on dispose indiquent que l'essentiel de cette production vient des régions qui possèdent une plaine d'inondation. On cherche de plus en plus à mettre ces zones en valeur par l'agriculture, d'où risque de dégradation des fonds de pêche par suite du drainage ou de la pollution par les produits agro-chimiques. Les plaines d'inondation sont également affectées par les ouvrages hydro-électriques et les réseaux d'irrigation; ainsi, par exemple, un nombre considérable d'hectares ont déjà été perdus pour la production halieutique en aval du barrage de Kainji.
Etant donné le manque actuel de renseignements sur ces ressources, on a insisté sur la nécessité d'entreprendre et de développer des travaux dans ce sens et on a recommandé que le CPCA étudie en séance plénière la possibilité de créer un groupe de travail sur l'aménagement et le développement des pêches dans les cours d'eau et les plaines d'inondation.
| Document de base | : | S.5 |
| Communications | : | S.9; Inf.9 |
Les études effectuées jusqu'ici sur les eaux intérieures de l'Afrique ont porté essentiellement sur les aspects biologiques et techniques des pêches. On s'est relativement peu préoccupé de comprendre les facteurs sociaux et économiques qui affectent plus directement le capital humain et sont peut-être tout aussi importants pour le développement et l'aménagement d'ensemble de la pêche. Dans beaucoup de régions d'Afrique, le capital humain est constitué par de petits pêcheurs artisanaux dont la pêche est le seul moyen de subsistance. Ils sont particulièrement vulnérables aux variations des conditions qui règnent dans la pêcherie et manquent souvent des moyens qui leur premettraient de s'adapter facilement à ces modifications. Des expériences limitées faites dans certaines régions du continent ont montré qu'il est possible d'accroître le revenu, d'augmenter l'efficacité et d'améliorer les conditions de travail de ces pêcheurs par des investissements judicieux en équipement.
Pour garantir que l'on examinera soigneusement les problèmes qui se posent à ces pêcheurs dans la zone du CPCA et que l'on étudiera de plus près les moyens d'accroître leur productivité et d'améliorer leurs conditions de vie, il a été recommandé que le CPCA considère en séance plénière la possibilité de créer un groupe de travail sur les aspects du développement et de l'aménagement des pêches artisanales.
| Document de base | : | S.4 |
| Communication | : | S.12 |
Nombre des principaux plans d'eau de l'Afrique relèvent de la juridiction d'au moins deux Etats riverains. Des opérations entreprises sur le territoire d'un Etat donné, par exemple par surexploitation, pollution ou modification du régime hydrologique, peuvent affecter les pêches des autres Etats propriétaires. En outre, dans ces eaux, on ne peut effectuer d'études valables qu'à l'échelon international. Une action concrète sur le plan international est également indispensable au développement et à l'aménagement adéquats des stocks; des activités ont déjà été entreprises dans ce sens pour certaines masses d'eau africaines.
Pour que tous ceux qui sont concernés par une ressource donnée en tirent le meilleur parti possible, il a été recommandé que les Etats Membres africains envisagent la création d'organismes internationaux chargés de coordonner leurs activités en ce qui concerne l'aménagement conjoint de leurs stocks et le contrôle de l'environnement.
Pour être valable, toute étude concernant les pêches en Afrique doit être aisément accessible à tous ceux qui travaillent sur le terrain. Il est donc nécessaire de renforcer les contacts entre les Etats Membres du CPCA, ce qui est un des rôles essentiels du Comité. L'emmagasinage, l'interprétation et la transmission des données seront grandement facilités par la normalisation des méthodes de communication.
2.521 Il a été recommandé qu'une série appropriée de documents soit établie aux fins de la diffusion des renseignements aux Etats Membres du CPCA.
2.522 Il a été recommandé que les possibilités de normaliser la communication des données sur les ressources soient étudiées par un groupe de travail par correspondance et que toutes les données pertinentes soient communiquées au Centre de données halieutiques de la FAO en vue de leur traitement et de leur diffusion.
