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CONCEPTIONS DE LA CONSTRUCTION ARTISANALE

EXPERIENCE DE KOSSOU

La construction des pirogues autour du lac de Kossou est artisanale.

Les chantiers de construction sont situés pour la plupart dans les nouveaux villages reconstruits pour accueillir les villageois sinistrés par le débordement du lac.

Les charpentiers sont fortement encadrés par l'agence gouvernementale AVB qui fournit les matériaux de construction, contrôle la fabrication, paie la main-d'oeuvre des charpentiers pour ensuite vendre les pirogues aux pêcheurs.

Comme il y a beaucoup de main-d'oeuvre disponible, la construction a été concue pour l'employer contrairement aux méthodes industrielles. Cette main-d'oeuvre effectué un apprentissage et c'est parmi eux que sont choisis les candidats charpentiers.

Les actuels constructeurs de pirogues ci-aprés dénommés charpentiers étaient auparavant des menuisiers de village avec une formation limitée, inhérente à leur apprentissage.

Comme il s'agissait d'obtenir une grande production de pirogues dés le début, un système de chassis et de gabarits fût introduit dés le premier stage de formation. Ce système permet la fabrication de pirogues par un menuisier n'ayant pas la formation de charpentier de marine.

Le chassis avec les membrures et étraves assure une construction de formes symétriques et de dimensions homogènes. Les gabarits permettent la fabrication correcte des éléments de formes. De plus ce systéme accélère la construction.

La méthode de construction allie la facilité de fabrication et la soliditéde l'embarcation.

La pirogue étant identique aux deux extrémités on évite la fabrication du tableau arrière. Il n'y a que deux membrures, principalement pour donner et garder la bonne forme de l'embarcation. La cohésion des bordés est maintenue par des renforts; plus faciles à construire que des membrures. La surépaisseur du bouchain permet un clouage facile du fond. Les planches de fond transversales évitent des joints difficiles.

La grande production des charpentiers démontre bien l'efficacité d'un tel système.

Une plus grande production pourrait être atteinte en rabotant et dressant les planches à l'usine avant livraison aux charpentiers. Ce système aurait cependant l'inconvénient de couper les revenus des apprentis qui font actuellement ce travail dans les chantiers artisanaux.

CONCLUSION

Afin d'atteindre la formule idéale menant à une construction artisanale économiquement intégrée au milieu, les étapes à suivre semblent être les suivantes:

  1. stages de formation
  2. suivi des charpentiers
  3. recyclage

Ces trois étapes font partie de la durée de la formation laquelle peut s'étendre sur une période d'un an. Durant ce temps, la tutelle totale du début s'estompera pour prendre un rôle de conseil sur la fin. C'est durant cette période qu'il nous faut découvrir et solutionner les problèmes techniques qui pourraient nuire à une gestion autonome de la construction artisanale.

Cette formule ne peut réussir que dans la mesure où:

  1. le charpentier obtient facilement les matériaux de construction sur place;
  2. le charpentier arrive à se faire payer ses pirogues.

Ces conditions supposent un développement régional avancé que l'on ne trouve guère lors de la création d'un lac artificiel.

Il est à prévoir que la tutelle doive se prolonger jusqu'à ce que ces conditions de développement régional soient atteintes.

Durant la période de tutelle, il faudra produire les pirogues de la façon la plus économique tout en employant le plus de main-d'oeuvre et en assurant le plus de formation possible.

Afin de réduire les frais de transport, il semble que les charpentiers devraient être regroupés par régions. La détermination des régions de regroupement sera fonction du transport économique des matières premières et du produit fini.

Les charpentiers pourraient travailler dans des chantiers régionaux sous contrôle du Service d'Etat chargé du développement régional.

Les pirogues pourraient être transportées au point d'eau le plus près pour ensuite être livrées par voie d'eau aux différents villages de pêche.

A priori, cette solution intérimaire semble la plus économique.

Durant cette période les charpentiers devraient être formés à la construction d'embarcations de plus grandes dimensions, comme certains bateaux de transports.

Les dimensions, charges et fonctions de ces grandes embarcations seront limitées par le type de construction et les principes adoptés pour le KOSSOU I. On se limitera donc à des embarcations à fond plat de faible tonnage.

La construction d'embarcations plus élaborées, ou à fonctions particulières, comme traversiers, remorqueurs, requiert une formation beaucoup plus sérieuse des charpentiers, ainsi qu'un chantier naval équipé, et une direction qualifiée. Ce genre de probléme sort du champ des possibilités de la construction artisanale et devient l'objet d'un projet de chantier naval.

CONCEPTIONS OF ARTISANAL BOATBUILDING

THE KOSSOU EXPERIENCE

Around Lake Kossou canoes are built by hand. Boatyards are mostly located in the new villages which were built to replace the ones flooded by the lake waters.

The carpenters are managed by the government agency AVB which supplies the building material, controls construction, pays wages and sells the canoes to the fishermen.

Since labour is freely available, boatbuilding is artisanal rather than industrial in order to provide employment. Candidate boatbuilders are chosen after an apprenticeship. The present boatbuilders were formerly village carpenters with limited training.

A considerable number of canoes were required from the beginning of the operation, therefore a system of moulds and patterns was introduced during the first training session. This system enables a simple carpenter without boatbuilding experience to build a canoe.

The mould with the frames and stems ensures symmetrical form and homogeneous dimensions. The patterns permit precise construction of the shaping elements, moreover construction time is reduced to a minimum.

The canoe has two identical ends which makes fabrication of a transom stern unnecessary. There are only two frames, mainly to give and hold the canoe's correct shape. Cohesion of the side planking is assured by the stiffeners which are easier to build than frames. The heavier scantling of the chine allows for easy nailing of the bottom planking which, being transversal, avoids difficult joints.

The large output of the boatbuilders proves the efficiency of this system.

Even greater production could be achieved by ordering ready planed and dressed timber, but this would cut the additional income of the apprentices who now do this work in the boatyards.

CONCLUSION

The following steps should lead to artisanal boatbuilding which is economically integrated in the villages:

  1. training sessions
  2. follow-up of boatbuilders
  3. recycling.

These three stages are an integral part of the training period, which can be spread over one year. In the beginning total authority will be necessary, but this should gradually change to counselling. It is during this period that technical problems have to be identified and solved, otherwise they will hinder the autonomous management of artisanal boatbuilding later on.

This formula will be successful on condition that

  1. boatbuilding materials are easily available on the spot,
  2. the canoes are paid in cash immediately on delivery.

These conditions imply an advanced regional development which rarely exists where artificial lakes are created.

It is expected that supervision will have to last until such conditions have been reached.

During this period, canoes will have to be produced in the most economical manner while providing at the same time as much employment and training as possible.

In order to reduce transport costs, the boatbuilders should be regrouped by regions.

The boatbuilders could also work in regional boatyards under the supervision of the government department in charge of regional development.

The canoes could be transported to the nearest port and then by boat to the fishing villages.

A priori, this interim solution seems to be the most economical one.

At the same time, boatbuilders should be trained in the construction of bigger vessels such as boats used for transport.

The dimensions, capacity and function of these bigger boats are limited by the construction and principles used for the building of Kossou I, i.e. they will have to be flat-bottomed boats of a carrying capacity not much above 3 tons.

The building of more elaborate boats for a specific purpose, such as ferries or tugs, requires more advanced training along with a well-equipped boatyard and qualified management. This is beyond the scope of artisanal boatbuilding and should be the subject of a separate project.


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