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1. HISTORIQUE, OBJECTIFS ET ORGANISATION

1.1 Historique

Le développement de l'aquiculture fait des progrès importants dans de nombreux pays, et on estime que la production mondiale qui est actuellement d'environ 5 millions de tonnes pourrait être quintuplée, voire décuplée, d'ici à la fin du siècle si ce secteur reçoit un soutien scientifique et organisationnel adéquat.

On croit savoir que la pisciculture se pratiquait déjà en Egypte, dès 2 500 ans avant Jésus-Christ, mais en général ce n'est pas une activité traditionnelle sur le continent africain. La production de truites en étang, essentiellement aux fins de la pêche sportive, a débuté entre les deux guerres mondiales; la pisciculture en eau tempérée, principalement de Tilapia spp., a été introduite et développée entre 1950 et 1960 pour améliorer l'alimentation des populations rurales. Elle s'est développée à l'origine essentiellement comme une activité de subsistance entreprise à temps partiel par les agriculteurs. L'historique de ce développement est décrit en partie dans les Actes de la Conférence anglo-belge sur les pêches, tenue à Elizabethville (maintenant Lubumbashi, Zaïre) en 1949 ainsi que dans ceux des symposiums sur les pêches organisés par la suite sous l'égide de la Commission de coopération technique en Afrique au sud du Sahara, avec l'assistance de son Conseil scientifique. Ces symposiums ont eu lieu à Entebbe (Ouganda) en 1952, à Brazzaville (Congo) en 1956 et à Lusaka (Zambie) en 1960.

On a assisté ces derniers temps à un réveil de l'intérêt pour la poursuite du développement de cette activité en Afrique, avec la prise de conscience croissante du fait que l'aquiculture en eau douce et dans les eaux côtières, à condition de bénéficier d'une bonne gestion technique, d'un appui et d'initiatives adéquats du Gouvernement, pourrait augmenter considérablement la production totale de poissons et de mollusques. De nombreux services des pêches en Afrique s'efforcent actuellement de réorienter leurs programmes vers une amélioration de l'aquiculture et des activités de développement ont été entreprises dans ce secteur par un certain nombre de pays. Le résultat de récents essais de production, menés dans des étangs d'eau douce, à l'aide de techniques améliorées, et les perspectives offertes par l'aquiculture à grande échelle en eau saumâtre, ont grandement contribué à renforcer cet intérêt.

Le Comité FAO des pêches continentales pour l'Afrique, lors de sa première session, tenue à Fort-Lamy (maintenant N'Djamena, Tchad) du 29 novembre au 5 décembre 1972, s'est déclaré vivement intéressé par le développement de l'aquiculture dans la région et a recommandé notamment (Recommandation CIFA/72/8) que se tienne un symposium sur cette question, en liaison avec la deuxième session du Comité.

Le Gouvernement du Ghana a très aimablement offert d'accueillir le symposium et, par l'intermédiaire de son Département des pêches, Ministère de l'Agriculture, il a accordé son plein appui pour en assurer la préparation.

1.2 Objectifs

Le Symposium avait les objectifs suivants:

  1. examiner la situation actuelle et le potentiel de développement de l'aquiculture en Afrique en eau douce, en eau saumâtre et en mer;

  2. déterminer les principaux obstacles au développement de l'aquiculture, programmation et organisation, financement, recherche scientifique, soutien technique, enseignement et formation, vulgarisation, facteurs de production aquicoles, commercialisation, économie, pollution des eaux et facteurs connexes;

  3. évaluer, sur la base de données existantes, l'efficacité des espèces actuellement élevées, et les techniques piscicoles employées;

  4. recommander des activités nationales et régionales à entreprendre en vue du développement rationnel de l'aquiculture.

1.3 Organisation

La notice sur le Symposium a été largement distribuée aux pays membres du Comité, aux autres pays africains et à des praticiens ayant une expérience récente de la recherche et du développement de l'aquiculture dans la région. Le Secrétariat technique du Département des pêches de la FAO a demandé à des scientifiques, à des institutions nationales et à d'autres organismes de préparer d'avance une documentation couvrant autant que possible les principaux thèmes du Symposium.

Les documents qui ont servi de base aux débats du Symposium étaient groupés comme suit:

  1. Rapports nationaux - examens de la situation de l'aquiculture et des possibilités de développement dans chaque pays participant, établis par l'organisme gouvernemental intéressé suivant un plan recommandé.

  2. Exposés généraux - critiques des informations existantes sur des questions choisies, notamment sur les lacunes de la connaissance, et recommandations concernant l'orientation des travaux futurs.

  3. Comptes rendus d'expériences - communications volontaires concernant des activités de recherche et de développement précises liées aux objectifs fixés pour le Symposium.

Le Symposium s'est tenu au Centre de conférences Kwame Nkrumah à Accra (Ghana) du 30 septembre au 2 octobre 1975, immédiatement avant la deuxième session du CPCA, qui s'est tenue du 3 au 7 octobre 1975. Il a accueilli 72 participants provenant de 24 pays et de six organisations internationales (annexe A).

2. SEANCE D'OUVERTURE ET ORGANISATION DES TRAVAUX

A la séance d'ouverture, M. J.N.N. Adjetey, Directeur des pêches au Département des pêches, Ministère de l'agriculture du Ghana, a souhaité la bienvenue aux participants (annexe B). M.C.H. Clay, représentant du Directeur général de la FAO et du Sous-directeur général (Pêches), a pris ensuite la parole (annexe C). M. Clay a évoqué les évènements et les recommandations qui ont conduit à l'organisation du Symposium et il a souligné l'intérêt croissant qui est porté dans le monde entier au développement accéléré de la pisciculture et à la nécessité d'intégrer ce développement dans les plans de développement économique généraux des pays. Il a annoncé, pour conclure, les noms du Président et du Vice-président du Symposium. La séance d'ouverture s'est terminée sur une allocution du Président du Symposium, M. B.F. Dada, Directeur par intérim, Département fédéral des pêches du Nigeria (annexe D).

L'ordre du jour provisoire (annexe E) a été approuvé et un bref débat a eu lieu au sujet de l'organisation des travaux des sessions techniques du Symposium.

Le Symposium a été organisé en six sections qui ont été examinées au cours des séances consécutives. Il y avait un modérateur et un rapporteur pour chaque section; chaque fois qu'une section a dû être subdivisée plusieurs modérateurs et rapporteurs ont été nommés (annexe F) pour assurer que les différentes questions soient traitées de façon satisfaisante. Toutes les sections techniques ont été examinées en plénière. Les modérateurs ont présenté en plénière leurs rapports et leurs recommandations établis sur la base des documents présentés au Symposium (annexe G). Les recommandations du Symposium ont été établies sur la base des conclusions des cinq séances techniques, et approuvées lors d'une séance plénière extraordinaire réunie spécialement à cet effet.

3. RAPPORTS DES SESSIONS TECHNIQUES

3.1 Section I: Etat actuel de l'aquiculture et potentiel de développement

Modérateur:Z.H. Shehadeh
Rapporteur:W. Q-B. West

Documentation

CIFA/75/SC 1,2,3,4,5,6,7,8,9,10,11,12,13,14,15,16,17,18,19

CIFA/75/SR 3

CIFA/75/SE 6, 16, 18, 19

L'aquiculture n'est pas une activité traditionnelle en Afrique ce qui fait de son introduction et de son établissement sur le continent au cours des 25 dernières années une réalisation importante.

Les deux buts fondamentaux de cette activité étaient: le stockage des plans d'eau naturelle et l'amélioration de la nourriture des populations rurales. Son développement a été jusqu'à présent limité principalement à la pisciculture en étangs. Elle est pratiquée au niveau de subsistance et comme une occupation à temps partiel par les paysans; les entreprises commerciales privées n'ont pas encore atteint un niveau de développement appréciable.

Ce qui manque ce sont les informations fondamentales sur les zones de culture, la production totale de l'aquiculture et les zones du continent, favorables à l'exploitation future. Il est aussi difficile d'estimer les niveaux d'emploi actuels en raison de la culture de subsistance qui est pratiquée à temps partiel, le fait que cette activité demande une main-d'oeuvre intense est démontré par le Nigeria où environ 500 000 personnes sont engagées dans l'un ou l'autre aspect de l'aquiculture.

L'aquiculture en eau saumâtre est toujours au stade embryonnaire de son développement; actuellement la production à grande échelle au moyen de la culture limitée à quelques espèces de mollusques et de poisson à nageoires dans quelques pays. L'intérêt des gouvernements dans ce secteur semble toutefois augmenter et ceci pourra continuer si le développement rationnel est réalisé.

Tout récemment, on s'intéresse de nouveau au développement de cette industrie et à l'amélioration et intensification des techniques de culture. Les résultats récents obtenus des expériences de production et de techniques de cultures intensives dans les étangs et les perspectives de développer l'aquiculture en eau saumâtre à grande échelle ont contribué à réveiller cet intérêt.

Les taux de production de 1,5 et 5 t/ha/an ont été réalisés au moyen de l'application des techniques améliorées de culture de tilapia. En plus, une combinaison de pisciculture et d'élevage de porcs, ou pisciculture/canards dans des rizières s'est révélée prometteuse en Afrique.

Le coût de construction d'étang et le nombre limité des semences de quelques espèces entravent le développement de cette industrie. Ce problème a fait l'objet de plusieurs discussions. On a suggéré que les coûts pourraient être réduits par l'achat plutôt que le louage d'équipements lourds par l'intégration d'excavation en même temps que d'autres types de construction rurales et au moyen de la main-d'oeuvre en commun.

Il y a eu accord sur le fait qu'un revenu substantiel à court terme découlant d'un investissement de capital relativement bas pourrait être obtenu par la culture extensive de poisson dans les plaines d'inondation et par la programmation conjointe de l'utilisation de l'eau des systèmes d'irrigation, d'installation de traitement d'égout et d'utilisation à fins multiplesde réservoirs.

Un approvisionnement adéquat de matériel de stockage peut être assuré par l'augmentation de la production des alevinages au moyen de l'adaptation des techniques disponibles aux conditions locales, en excluant les prédateurs et par l'établissement d'un commerce privé spécialisé de semence.

Les perspectives de développement de l'aquiculture dans un avenir immédiat dans la plupart des pays sera probablement limité au petites pêcheries intégrées au développement rural. Les plans de production à grande échelle en utilisant les techniques mises au point dans la région sont toutefois possibles surtout si les gouvernements prennent l'initiative de tels programmes.

Les besoins fondamentaux en vue d'un développement ordiné de l'aquiculture résumés au cours des débats comprennent: (i) une programmation de développement bien définie sur la base de la faisabilité d'études et d'une conception claire des objectifs et des investissements nécessaires, (ii) le développement de cadres techniquement formés à tous les niveaux et l'établissement ou l'élargissmment des services d'information, (iii) le rassemblement et la diffusion de l'information, (iv) pourvoir à l'émulation du secteur privé pour encourager le développement commercial, (v) l'accroissement de la production de matériel de stockage et, (vi) intensification de la recherche sur les espèces dont il a été démontré qu'elles sont potentiellement cultivables.

3.2 Section II: Les espèces d'élevage

Modérateurs pour les trois sous-sections:1Poissons: O. Lessent
   2
Crustacés/mollusques: M.A. Afinowie
   3Introductions: T.T. George
     
Rapporteurs:1 et 2: S. Sivalingam  
 3: D. Chaytor  

3.2.1 Sous-section 1: Poissons

Documentation

CIFA/75/SC 5

CIFA/75/SR 1, 2, 7, 8, 10

CIFA/75/SE 8

Les tilapias, famille Cichlidae, sont les espèces les plus communes en pisciculture en eau chaude dans la région. Au cours des deux dernières décennies, on a entrepris la pisciculture d'un grand nombre d'espèces; parmi celles-ci, les espèces principales qui sont cultivées actuellement sont:

Tilapia nilotica
T. rendalli (melanopleura)
T. mossambica
T. macrochir
T. galilaea
T. nigra
T. zillii
T. esculenta

L'omnivore - microphagus, T. nilotica, est l'espèce la plus cultivée, surtout dans les cultures intensives, en raison de la rapidité de sa croissance et de son utilisation effective aussi bien de la nourriture artificielle que naturelle.

En plus de Tilapia spp., d'autres cichlidés sont souvent stockés dans des étanges et/ou dans des rizières dans le but de contrôler les populations de tilapia et d'éliminer les mollusques vecteurs de la bilharziose. Ces espèces comprennent (pour le contrôle de tilapia):

Hemichromis fasciatus
Serranochromis robustus
S. thumbergi

et pour le contrôle des mollusques:

Haplochromis spp.
Astatoreochromis alluaudii

La reproduction prolifique des tilapias a rendu nécessaire le développement de techniques d'exploitation spéciales destinées en particulier au contrôle de la densité. Cellesci comprennent le contrôle du stockage de prédateurs, l'élevage de stocks de seuls mâles et la récolte sélective.

Des discussions ont été axées sur la praticabilité de l'élevage des hybrides de tilapia et sur les risques de reproduction mixte des hybrides avec des espéces de tilapia en eaux naturelles. Il a été signalé que l'élevage des hybrides est peu répandu en Afrique et qu'il y est limité à cause des problèmes que posent la préservation de stocks de reproducteurs purs et l'entrée accidentelle dans les étangs des espèces de tilapia en provenance des eaux naturelles. Par suite des variations intraspécifiques observées et l'inexactitude fréquente qu'on constate sans la taxonomie des cichlidés, les avis sont partagés quant à l'étendue des dommages pouvant résulter d'une reproduction mixte.

La carpe, Cyprinus carpio (Cyprinidae), qui a été répandue partout sur le continent est actuellement cultivée par plusieurs pays y compris la République Arabe d'Egypte, la République Malgache, le Nigeria, Lesotho, Ouganda, la République du Cameroun, le Maroc et le Soudan, entre autres. Son élevage sur le continent est secondaire seulement à celui de tilapia. La carpe a toujours fait l'objet de controverses lors des discussions sur l'introduction des espèces exotiques.

Les mulets (Mugilidae) qui sont largement répandus le long des côtes du continent représentent une ressource mal exploitée surtout dans les pays qui disposent d'une abondance d'alevins naturels. Les mulets sont actuellement cultivés en étangs ainsi qu'en eaux saumâtres dans la République Arabe d'Egypte, en Tunisie et au Nigeria. Les espèces les plus cultivées sont:

Mugil cephalus
M. capito
M. falcipinnis
M. grandisquamis
M. auratus
M. saliens

La truite, Salmo gairdneri et S. trutta (Salmonidae), est plus utilisée pour peupler les eaux naturelles pour la pêche sportive; leur élevage pour la consommation n'est pas répandu. Le bass, Micropterus salmoides (Centrarchidae), introduit principalement pour la pêche sportive, est aussi utilisé pour le contrôle des populations de tilapia dans les étangs.

Des recherches récentes ont conduit à la découverte d'excellentes possibilités d'élevage en étangs de certaines espèces africaines qui ne sont pas encore utilisées à grande échelle. Ces espèces comprennent notamment: Clarias lazera et C. senegalensis (Claridae), Chrysichthys nigrodigitatus et Bagrus docmac (Bagridae), Heterotis niloticus (Osteoglossidae) et Lates nilotious (Centropomidae). La mise au point de techniques pour l'élevage en étang de Clarias lazera est presque terminée, mais la pénurie de semence nécessaire en entrave le développement.

Les participants sont convenus que la recherche sur la biologie et l'élevage de ces poissons et d'autres espèces indigènes telles que Barbus spp., Labeo spp. devrait être intensifiée. Il a été reconnu que la coopération inter-institutionnelle dans la région portant sur l'échange d'information, d'expérience et de personnel accélèrerait ces recherches.

3.2.2 Sous-section 2: Les mollusques et les crustacés

Documentation

CIFA/75/SC 4, 12

CIFA/75/SE 4, 15, 17

Les activités d'élevage de mollusques et de crustacés sont restées limitées jusqu'à présent. Il y a donc souvent des lacunes dans l'information sur ce sujet.

Au total, un ensemble de dix espèces de mollusques appartenant à quatre familles sont cultivées à présent à différentes échelles. Ces espèces sont:

(Ostreidae)(Mytilidae)
Crassostrea angulata
C. gigas
C. gasar
C. cucullata
Ostrea edulis
Mytilus galloprovincialis
M. edulis
(Veneridae)(Pteriidae)
Venerupis (=Tapes) decussatusP. margaritifera

La Tunisie est le seul pays d'où une production substantielle de moules, d'huîtres et de Venerupis ait été signalée. La culture de Pinctada spp. est limitée au Soudan. La culture expérimentale de Crassostrea gigas, C. virginica et Ostrea edulis en Ile Maurice a été arrêtée en raison du rendement médiocre fourni par ces espèces dans les conditions locales.

L'élevage de crustacés est encore à développer à grande échelle; la culture de Penaeus duorarum (Penaeidae) en association avec des moules, tilapias et Chrysischthys est pratiquée dans une certaine mesure au Nigeria. La production en écloseries de Penaeus kerathurus est encore au stade expérimental en Tunisie.

La production de Macrobrachium rosenbergii en écloseries a été perfectionnée en Ile Maurice et la production expérimentale en étangs est en cours. Des expériences préliminaires sur l'élevage de M. macrobrachion et M. vollenhovenii ont aussi été faites en Côte-d'Ivoire et au Libéria.

Bien que des études aient été faites sur quelques mollusques tels que Anadara senilis, Crassostrea gasar et Ostrea tulipa il reste encore beaucoup à découvrir sur la biologie de la plupart des espèces. Cette connaissance est indispensable pour l'identification d'espèces cultivables et la mise au point de techniques en vue de leur culture.

On doit aussi prendre en considération les lacunes dans les connaissanses techniques sur les techniques de culture et les besoins de cadres formés.

3.2.3 Sous-section 3: Introductions et transplantations

Documentation

CIFA/75/SC 4, 5, 8, 10, 11, 12

CIFA/75/SR 7, 8

CIFA/75/SE 3, 6, 8, 10, 19

Selon les informations obtenues des rapports de pays et des questionnaires distribués, 32 espèces de poissons exotiques, appartenant à sept familles, ont été introduites en Afrique depuis 1859.

La majorité de ces espèces ont été introduites pour peupler les eaux naturelles; celles qui sont actuellement cultivées jusqu'à un point appréciable comprennent:

Cyprinus carpio
Carassius auratus
Tinca tinca
Salmo gairdnerii
Micropterus salmoides

On sait que trois espèces de mollusques et deux espèces de crustacés ont été introduites aux fins d'élevage; ce sont:

Crassostrea gigas
C. virginica
Ostrea edulis

Procambarus clarkii
Macrobrachium rosenbergii

En outre, il y a eu de nombreuses transplantations d'espèces indigènes au sein du continent.

Les raisons principales qui ont motivé les introductions ont été discutées et définies comme suit:

  1. L'établissement de pêches sportives

  2. Le contrôle de la végétation aquatique

  3. Le contrôle de vecteurs de maladies humaines

  4. Le peuplement des niches qui semblent être dépourvues ou le remplacement des espèces indigènes par des espèces dont la valeur marchande est plus élevée et dont le taux de croissance est plus rapide

  5. L'élevage en étangs au moyen de techniques de culture normalisées d'espèces qui pourraient occuper les niches vides ou dont le taux de croissance est plus rapide que celui des espèces indigènes

  6. La production de seuls mâles hybrides de Tilapia spp.

Malgré la recrudescence d'intérêt qui s'est manifestée récemment par l'introduction d'espèces exotiques cultivables ce sujet reste controversable.

Il a été vivement discuté des avantages et des inconvénients des introductions. Des objections contre les introductions ont été soulevées pour les raisons suivantes:

  1. De nombreuses espèces introduites, y compris la carpe, gambusia et black bass peuvent être remplacées par des espèces indigènes qui occupent les mêmes niches et sont plus adaptées aux conditions climatiques locales si on étudie avec soin leur biologie et élevage

  2. L'introduction d'espèces exotiques réduirait probablement les efforts déployés pour la recherche sur les espèces indigènes cultivables

  3. Les risques écologiques ou le déplacement d'espèces indigènes précieuses ne peuvent pas être exclus

  4. Les introductions effectuées à partir du seul critère de transfert de la technologie disponible ne garantissent pas nécessairement le succès de l'élevage dans les conditions locales

  5. Le risque d'introduire des maladies et des parasites qui pourraient se propager rapidement dans les conditions tropicales.

Les propositions faites en faveur du contrôle des introductions étaient basées sur les points suivants:

  1. Le doute que les espèces exotiques de non-prédateurs puissent s'établir dans les eaux naturelles parmi des grands carnivores indigènes tels que Hydrocyon, Lates, Clarias, Hepsetus, Gymnarchus, etc.

  2. L'absence d'effets nuisibles écologiques après l'introduction de la carpe en République Arabe d'Egypte, au Cameroun, au Nigeria et en République Malgache.

  3. L'accroissement de la production en étangs.

L'accord a cependant été unanime sur les points suivants:

  1. Le besoin de formuler une ligne de conduite rationnele pour l'établissement de réglementations efficaces à ce sujet. A cet effet, le rassemblement et l'analyse de données sur l'impact écologique produit par les introductions précédentes serait d'une grande utilité

  2. L'introduction sans distinction ne devrait pas être permise

  3. Les introductions ne doivent pas être faites aux dépens de la recherche sur les espèces indigènes de substitution

  4. La recherche sur la biologie et la culture d'espèces indigènes appropriées doit être intensifiée pour pallier le besoin, à plus ou moins longue échéance, d'introduire les espèces exotiques

  5. Toute introduction extensive doit être précédée de recherches d'adaptation contrôlées avec le plus grand soin

  6. Il faut tout faire pour éviter l'introduction de maladies et de parasites.

3.3 Section III: Systèmes et techniques de l'aquiculture

Modérateurs des trois sous-sections:

  1. Contrôle de la reproduction et production de semence: A. El-Bolock

  2. Manipulation des stocks, méthodes de fertilisation et d'alimentation: J.Q. Miller

  3. Techniques de culture mixte: M.J. Vincke

Rapporteurs:1.K.H. Ibrahim
 2.J.B.E. Awachie
 3.A.G. Coche

3.3.1 Sous-section 1: Contrôle de la reproduction et production de semence

Documentation

CIFA/75/SC 1, 2, 6, 7, 8, 9, 11

CIFA/75/SR 2, 8, 9, 10

CIFA/75/SE 2, 4, 5, 6, 7, 9, 10

Le commerce spécialisé qui s'est développé en Asie concernant la production d'alevins (c'est-à-dire, collecteurs professionnels et producteurs privés d'alevins) n'existe pas en Afrique. Dans plusieurs pays, les semences qui sont fournies aux éleveurs proviennent de centres gouvernementaux de production d'alevins.

La reproduction contrôlée dans les étangs est pratiquée avec des cichlidés et leurs hybrides, la carpe, le poisson rouge, la truite, Bagrus docmac et un peu avec Lates niloticus, Heterotis niloticus et Clarias lazera. La reproduction provoquée par l'injection de glande pituitaire et d'hormones n'est pratiquée qu'à petite échelle avec Clarias lazera.

Dans les pays où les alevins des espèces indigènes cultivées abondent dans les eaux naturelles, cela constitue la source principale de matériel d'alevinage. Il faut dans ces cas éviter de ramasser et de stocker des alevins porteurs de parasites, tels que Lernea et Argulus.

Pour ce qui est des tilapias, les poissons jeunes et de petites dimensions récoltés dans des bassins de production constituent une source essentielle de matériel d'alevinage pour les récoltes suivantes. Un débat important a suivi l'examen des effets anti-sélectifs possibles d'une telle pratique sur une période prolongée. On a examiné la possibilité de recommander des mesures visant à la préservation d'un pool génétique pour le genre Tilapia.

On a noté cependant que Tilapia spp. semble avoir atteint un stade de rapide évolution dans les eaux naturelles; on peut en outre éviter les pressions anti-sélectives en contrôlant le frai de mâles et femelles de différentes souches.

La où la culture des mollusques est pratiquée, le naissain est ramassé dans les zones côtières; la production de naissains en parc n'est pratiquée dans aucun des pays membres du CPCA. Il est prévu d'établir un parc expérimental en Tunisie.

Les Penaeides post-larvaires sont ramassés dans les zones côtières; la production en parc de Macrobrachium rosenbergii a été améliorée en Ile Maurice et est prévue au Malawi.

On a signalé un problème important d'approvisionnement en semence de carpes au Nigeria et en République Malgache à cause de la production limitée d'alevins en viviers. Cela se traduit dans ces deux pays par un coût de production élevé des alevins. Il faudra dans certains pays augmenter la surface des bassins d'élevage si l'on veut développer la culture des carpes.

La culture de Clarias lazera, qui s'est avérée d'un excellent rendement dans la culture extensive et intensive de même que comme prédateur pour le contrôle des populations de Tilapia, est limitée du fait de faible taux de survie des larves ayant résorbé leur vitellus dans des viviers en plein air.

Compte tenu des plans prévus pour le développement de l'aquiculture dans de nombreux pays de la région, on a souligné qu'il est improbable que les établissements du gouvernement puissent répondre à la demande d'alevins. Le problème deviendra particulièrement critique si l'on développe la rizi-pisciculture car il faudra de plus gros alevins pour ce genre de culture. On rencontrera également des difficultés dans la production de semence adéquate de tilapia uniquement mâle par sexage et/ou hybridation.

Des mesures urgentes s'imposent pour remédier à cette situation; des solutions possibles comprennent:

  1. Augmentation de la production d'alevins en adaptant des techniques intensives normalisées

  2. Contrôle des prédateurs dans les viviers

  3. Augmenter les surfaces des viviers où cela est possible

  4. Création de centres privés commerciaux pour la production de semence, si possible avec l'aide des gouvernements

  5. Formation de personnel à des techniques de production intensive d'alevins y compris la reproduction provoquée par l'injection d'hormones et contrôle de l'incubation des oeufs et de l'élevage de larves.

3.3.2 Sous-section 2: Manipulation des stocks, et méthodes de fertilisation des étangs et d'alimentation

Documentation

CIFA/75/SC 1, 2, 6, 7, 8, 9, 11, 13

CIFA/75/SR 2, 4, 6

CIFA/75/SE 2, 4, 5, 6, 7, 9, 11

La reproduction prolifique du Tilapia spp. a mené au développement de techniques d'exploitation spéciales destinées particulièrement au contrôle de la densité.

Des discussions portant sur des résultats récents révélèrent des développements impressionnants dans les techniques de culture et les taux de production. Une production et un pourcentage plus élevés de tilapia commercialisable ont été obtenus par:

  1. L'augmentation de la croissance avant le commencement de la reproduction au moyen d'alevinage intensif avec utilisation d'engrais dans les étangs et une alimentation supplémentaire ou l'utilisation d'alimentation granulée à haute teneur protéique. Les taux de production signalés sont de 2 à 6 tonnes/ha/an

  2. Le stockage contrôlé de prédateurs comme Lates niloticus, Clarias spp., Serranochromis spp., Bagrus spp., et Micropterus spp. Des taux de production atteignant jusqu'à 5 tonnes/ha/an ont été signalés

  3. La culture de tilapia uniquement mâle obtenu tant au moyen de sexage que d'hybridation interspécifique. Les taux de production de 1,5 à 2 tonnes/ha/an de poisson de 150 à 200 g ont été obtenus. Cette technique est limitée à très peu de pays à cause des problèmes qu'entraîne l'entrée accidentelle de tilapias non-cultivés et des difficultés de conservation de stocks de géniteurs de pure souche

  4. Le stockage échelonné de groupes d'âge mixte avec des récoltes réguliéres en se servant de senne à maille sélective. Cette technique permet l'utilisation maximum d'eau puisque la vidange ne serait pas faite fréquemment.

On a souligné que la production de tilapias ayant des poids individuels de moins de 75–100 g ne constitue pas toujours un désavantage puisque le préjugé de commercialisation de petits poissons n'existe pas dans nombre de pays. On a également signalé que les poissons trop petits servent d'alevins de stockage et constituent donc une source de revenu.

Les engrais au phosphate se sont révélés être les engrais les plus essentiels pour l'augmentation de la production de poisson. Les fumiers organiques sont également efficaces surtout quand ils sont utilisés avec des engrais inorganiques. Le coût élevé et la pénurie sont les facteurs qui entravent l'utilisation de ces deux types d'engrais dans plusieurs pays. Il a été signalé que l'élevage associé de poisson et de volaille ou de porcs pourrait constituer la solution de ces problèmes dans quelques pays.

La technique d'alimentation supplémentaire pour les poissons en Afrique s'est répandue au cours de ces dernières années. Toutefois très peu de recherche a été faite sur la technologie d'alimentation; des études fructueuses sur la formulation de nourritures pour les poissons ont été faites au Togo, au Nigeria, en République Centraficaine, en Côte-d'Ivoire et en République Arabe d'Egypte.

La quantité et la qualité des déchets utilisés pour la préparation de nourriture devrait augmenter avec le développement de l'agriculture et on s'attend à l'utilisation plus répandue de nourritures supplémentaires et en granulés en pisciculture en Afrique.

L'élevage de carpe est pratiqué dans plusieurs pays comme le Nigeria, l'Ouganda, la République Arabe d'Egypte, le Lesotho et la République Malgache. Des productions de 2,5 tonnes/ha/an obtenues à l'aide d'alimentation supplémentaire ont été signalées par la République Arabe d'Egypte. Clarias lazera est une des espèces les plus prometteuses pour l'élevage en étangs en Afrique et l'on s'attend à ce que l'élevage en soit largement répandu dès qu'un approvisionnement suffisant en semence sera assuré.

Il a été signalé également que l'élevage intensif et extensif de poissons dans les plaines inondées, comme il est pratiqué actuellement au Dahomey, serait un moyen efficace d'augmenter la production de poissons avec des investissements minimes et cette activité devrait être encouragée surtout en Afrique de l'Ouest.

Les résultats encourageants fournis par l'élevage en masse de tilapias, surtout en Côte-d'Ivoire, exige une recherche continue; des productions de 50 à 60 kg/m3 ont été obtenues, en utilisant l'alimentation granulée, à des taux de stockage de 20 kg/m3.

La culture de mollusques et crustacés n'est pas encore bien développée en Afrique; des productions substantielles de mollusques sont signalées seulement en Tunisie et au Soudan. Des recherches poussées sur la biologie des espèces d'élevage sont encore nécessaires.

Pour terminer on était d'accord que:

  1. La disponibilité de techniques de culture de grande capacité de production ne constitue pas un obstacle au développement de l'aquiculture dans la région

  2. Des efforts doivent être déployés pour assurer l'application immédiate des résultats démontrés

  3. Des méthodes normalisées de communication des données devraient être adoptées pour faciliter l'analyse économique et l'amélioration des techniques de gestion

  4. On doit accélérer la recherche sur la préparation de nourritures de poisson en se servant d'ingrédients disponibles localement et encourager l'utilisation de granulés lorsque cela est économiquement faisable

  5. La recherche sur la reproduction contrôlée et les techniques d'alevinage de Clarias lazera et Cyprinus carpio doit être intensifiée

  6. La pisciculture en plaines inondées et en cages et enclos, en lacs et en réservoirs doit être encouragée

  7. Des efforts doivent être déployés pour intensifier les activités de recherche et de développement de la pisciculture et culture de mollusques et crustacés en eaux saumâtres.

3.3.3 Sous-section 3: Techniques de culture associée

Documentation

CIFA/75/SC 6, 11

CIFA/75/SR 3, 11

CIFA/75/SE 1

La rizi-pisciculture associée à l'élevage de porcs et de canards, n'est pas actuellement répandue, mais est néanmoins très prometteuse en Afrique.

Malgré des essais de production faits dans dix-sept pays, la rizi-pisciculture n'a connu un développement remarquable qu'en République Malgache. Dans ce pays 20 000 ha sur 75 000 ha de rizières irriguées sont utilisés à cette fin. La production de poisson en 1973 a été estimée à environ 252 tonnes. En République Arabe d'Egypte on pourrait compter sur un rendement total de 30 000 tonnes/an de poisson si la moitié seulement des rizières était utilisée à cet effet. Un rendement de 112 kg/ha de poisson a aussi été obtenu en Tanzanie. Le rendement maximum obtenu jusqu'à présent de rizières bien exploitées est de 250 kg/ha.

La viabilité économique de l'activité a été démontrée en République Malgache. En plus des essais préliminaires effectués en Egypte ont aussi démontré une augmentation de 5 à 7 pour cent de la production de riz et ceci au moyen de la pisciculture. Eu égard à l'investissement de capital minime et au faible coût de production, on a signalé que cette activité est économiquement viable même avec des rendements faibles de poissons.

Il a été reconnu que les deux obstacles principaux à l'expansion de cette technique en Afrique étaient: l'utilisation très répandue dans plusieurs pays de pesticides en riziculture, le besoin d'un grand nombre de naissains de 20 à 50 g; ce dernier problème a été spécialement traité au cours d'une session précédente.

La pisciculture associée à l'élevage de porc ou de canard n'était pratiquée que dans cinq pays avant 1966; depuis lors l'intérêt envers cette technique est de plus en plus manifesté et des essais expérimentaux en cours sont signalés au Cameroun, au Congo, au Gabon, en République Malgache, en République Centrafricaine et en Tunisie.

Les rendements de poissons communiqués étaient de 2 000 à 4 000 kg/ha/an avec les canards et de 8 500 à 8 900 kg/ha/an avec les porcs; des rendements de 3 600 à 4 900 kg/ha/an étaient obtenus au Gabon en association avec l'élevage de volaille. La rentabilité de cette technique a été démontrée en République Centrafricaine et en Tanzanie.

Il a été conclu que:

  1. La culture associée constitue un moyen tangible d'intégrer la pisciculture et l'agriculture

  2. Les techniques réduiraient le besoin de dépenses élevées, tels que pour les engrais et les aliments en pisciculture et devraient être adoptées en Afrique où cela est possible

  3. Les techniques mises au point en République Malgache pourraient servir de base à la recherche adaptive d'autres pays d'Afrique

  4. Des dispositions doivent être prises, en collaboration avec les services de l'agriculture et de la santé publique pour assurer l'utilisation judicieuse de pesticides dans les rizières surtout là où la pisciculture associée a un potentiel considérable.

3.4 Section IV: L'aquiculture face aux problèmes de l'environnement

Modérateur:A. Imevbore
Rapporteur:K. Meecham

Documentation

CIFA/75/SR 5, 12

CIFA/75/SE 6, 7, 12, 14

Un nombre de paramètres biotiques et abiotiques de l'environnement naturels et artificiels portant en particulier sur l'aquiculture ont été discutés.

Parmi les facteurs biotiques naturels, les prédateurs, les parasites de poissons et les vecteurs de maladies humaines sont d'une importance particulière.

L'entrée accidentelle de grands prédateurs dans les étangs et rizières entraîne souvent des baisses considérables de production et il est nécessaire de prendre des précautions spéciales. La production d'alevins est également souvent limitée dans plusieurs pays en raison de la prédation excessive par les amphibies; dans de tels cas il faut clôturer les viviers en étang.

Les parasites extérieurs semblent être le problème principal affectant les étangs de pisciculture en eau chaude en Afrique; les températures élevées de l'eau et son contenu organique accélèrent les cycles de vie des parasites et provoquent leur propagation. De nombreuses formes de parasites, qui causent peu de dommages en environnement tempéré peuvent provoquer de grosses pertes dans des conditions tropicales dues à des infestations importantes. Des méthodes, installations et services permettant le diagnostique et le traitement des maladies et parasites seront nécessaires au fur et à mesure de l'expansion de l'industrie, et devront être développées sur place.

Les maladies endémiques telles que le paludisme et la bilharziose peuvent s'aggraver si la gestion appropriée des étangs, tel que le prélèvement manuel ou le contrôle biologique des plantes aquatiques et escargots ainsi que des algues filamenteuses, n'est pas mise en pratique. Un côntrôle biologique efficace à l'aide de poissons herbivores et malacophages a été observé dans certains pays de la région.

Les paramètres abiotiques environnementaux, tels que: évaporation, turbidité, altitude, température, salinité et pH, revêtent une signification importante en relation avec les besoins écologiques des espèces cultivées et la productivité des étangs.

L'évaporation excessive relative aux pluies augmente l'utilisation de l'eau en élevage en étangs et accroît les coûts de production lorsque l'eau doit être achetée. En sus, la fluctuation de la salinité qui en résulte, surtout dans certaines lagunes peut limiter le choix d'espèces cultivables. L'utilisation de systèmes recyclés à bas prix, où cette technologie peut être mise en pratique, a été suggérée dans le but de réduire les pertes dues à l'évaporation dans les zones arides.

Le degré élevé de turbidité de l'eau causé par le dépôt de boue au cours de la saison pluvieuse réduit la production primaire et les taux d'oxygène des étangs et augmente souvent l'apparition des maladies causées par les champignons (fungus). Il a été noté que l'utilisation d'étangs de débourbage, où celà est possible, pourrait atténuer ce problème.

Les besoins écologiques des espèces d'élevage, en particulier en ce qui concerne leur croissance et reproduction ont été examinés avec soin. L'incapacité d'adaptation des poissons introduits, en particulier dans les climats frais et à hautes altitudes a été attribuée au manque de connaissance adéquate sur les besoins écologiques de ces poissons et, très fréquemment, à l'identification erronées des espèces introduites.

Un obstacle important à l'expansion ou même à la seule mise en pratique de l'aquiculture dans certains pays est l'utilisation massive de pesticides persistants en agriculture et pour les besoins de la santé publique.

A partir d'informations reçues et des résultats des débats on a identifié les besoins suivants:

  1. Informations sur les besoins écologiques des espèces d'élevage

  2. Informations sur les principaux parasites des espèces d'élevage et sur les méthodes préventives et curatives

  3. En coopération avec les services agricoles et de la santé publique des efforts doivent être faits en vue de créer des zones libres de toute utilisation de pesticides pour l'agriculture, ainsi que pour l'utilisation judicieuse de pesticides afin de protéger les produits aquicoles.

3.5 Section V: Les aspects socio-économiques et la planification de développement

Modérateur:J.N.N. Adjetey
Rapporteur:J.J. Kambona

Documentation

CIFA/75/SC 1, 3, 6, 9, 10, 14

CIFA/75/SR 3, 11

CIFA/75/SE 18

Il a été reconnu que l'aquiculture en Afrique était pratiquée principalement à un niveau de subsistence et exploitée comme occupation à temps partiel des paysans; on n'a pas observé de développement d'entreprises de commerce privées dans plusieurs pays. Par conséquent, l'infrastructure économique et les industries associées qui se sont développées en relation avec l'aquiculture dans d'autres régions n'existent pas encore en Afrique.

Il a été aussi reconnu que l'objectif principal de l'aquiculture sur le continent, jusqu'ici, a été l'amélioration de la nutrition des populations rurales. Cette culture à un niveau de subsistance a été, et continue à être, subventionnée par les gouvernements dans diverses mesures au moyen des contributions nécessaires et des services d'information.

On a constaté que nombre de gouvernements, surtout ceux qui ont des ressources financières limitées, sont de moins en moins disposés à maintenir le niveau d'assistance qu'ils fournissent actuellement s'ils n'ont pas la certitude d'un gain. Toutefois, on a souligné au cours des discussions que cette prise de position est due principalement aux contradictions dans les objectifs et estimations des programmes d'aquiculture. De l'avis général, la pisciculture de subsistance en tant qu'activité ayant pour but l'amélioration de la nutrition du groupe ayant le revenu le plus bas du secteur rural, ne peut être poursuivie sans l'appui du gouvernement; l'évaluation des profits provenant de tels programmes doit être faite au moyen d'une méthode de comptabilité sociale plutôt qu'au moyen d'un analyse coût-bénéfice motivée par l'appât de gain immédiat.

Afin de retirer un revenu maximum des subventions gouvernementales on a été d'accord que la priorité doit être donnée aux systèmes de production des protéines animales les plus efficaces et les moins sophistiqués à petite échelle. Il a été également souligné qu'un moyen tangible de réduire les contributions gouvernementales et tout en développant l'aquiculture et en assurant une planification appropriée, est son intégration dans des projets de développement ruraux. Ainsi, on pourrait s'attaquer à l'ensemble des problèmes: projets d'irrigation, riziculture, techniques d'élevage associé, formation professionnelle, services sociaux et systèmes de commercialisation en vue d'augmenter la production alimentaire et d'améliorer le sort des communautés rurales.

Le potentiel considérable pour le développement de l'aquiculture en eaux douce et saumâtre en Afrique a été reconnu. Il était également évident que plusieurs pays d'Afrique ont maintenant reconnu l'aquiculture non seulement comme source de protéines animales pour les zones rurales mais, aussi, comme activité rentable qui pourrait fournir de l'emploi, et assurer l'utilisation maximum des terres.

Pour faire de ce potentiel une réalité eu égard au renouvellement actuel d'intérêt pour cette industrie, il a été reconnu qu'un examen et une réorientation des politiques de planification gouvernementales en ce qui concerne le développement de l'aquiculture constituent une nécessité pressante.

Il a été également reconnu que le développement de l'aquiculture peut se dérouler sans conflit à trois niveaux selon les niveaux de technologie disponibles, les finances et autres systèmes de soutien dans chaque pays.

Ceux-ci ont été identifiés comme suit:

  1. La pisciculture au niveau de subsistance: dans le but d'éviter les déséquilibres nutritionnels ou comme source d'aliment en période de pénurie ou de famine

  2. La pisciculture privée à petite échelle: lorsque les pisciculteurs à petite échelle s'intéressent à l'aquiculture comme entreprise rentable mais ne sont pas en mesure de démarrer par manque des moyens financiers. Les privilèges gouvernementaux sous forme de facilités de crédit sont nécessaires pour encourager ce genre de développement

  3. La pisciculture commerciale à grande échelle: dans des conditions économiques favorables et lorsque le savoir-faire technique existe les entreprises d'aquiculture commerciale puevent être rentables.

Il a été reconnu, toutefois, qu'en raison du manque de participation du secteur privé à l'aquiculture, et faute de l'expertise technique nécessaire aussi bien que de services de soutien des organismes gouvernementaux, il est important que les gouvernements prennent l'initiative de lancer de telles entreprises. A ce sujet, il a été noté que l'idée d'entreprises conjointes entre gouvernement et secteur privé rencontre la faveur d'autres régions et s'implante en ce qui concerne le développement de l'aquiculture. Il a été souligné toutefois que des projets commerciaux pilotes de grande envergure devraient être entrepris pour démontrer la rentabilité d'entreprises commerciales. Ces mêmes projets pourraient fournir des facilités pour la formation du personnel et la production de semence.

Etant donné les ressources financiéres limitées de nombre de pays de la région, il a été souligné que l'on devrait solliciter de l'aide des organismes internationaux et bilatéraux à cet effet.

On a conclu à l'unanimité que:

  1. La bonne planification du développement est la condition essentielle au développement systématique et rationnel de cette industrie

  2. La planification du développement de l'aquiculture doit être basée sur des études de faisabilité technique et économique effectuées par des experts

  3. Le développement de l'aquiculture devrait être intégré dans le développement de la pêche nationale et dans les plans globaux de développement économique

  4. L'intégration de l'aquiculture de subsistance et de la pisciculture privée à petite échelle dans les projets de développement rural pourrait fournir des bénéfices immédiats et aiderait à réduire le coût des subventions gouvernementales

  5. La formation de personnel technique pour entreprendre l'exécution de programmes de développement et renforcer les services de vulgarisation gouvernementaux devrait bénéficier d'une priorité absolue

  6. Les gouvernements devraient prendre l'initiative, où celà s'avère justifié, de commencer des entreprises à échelle commerciale et solliciter de l'aide extérieure selon la nécessité.

3.6 Section VI: Recommandations

Les recommandations ci-après ont été formulées à partir des conclusions générales des différentes sections techniques au cours de la réunion convoquée à cet effet:

1. Estimation du potentiel de l'aquiculture

Examinant les données sur la situation actuelle de le potentiel de l'aquiculture sur la base des rapports des pays présentés au symposium;

Reconnaissant que le manque d'information sur les possibilités de développement est principalement dû au fait que dans plusieurs pays aucune exploration complète de zones, ni aucune étude de faisabilité adéquate n'a encore été faite;

Notant que les informations sur le potentiel de développement de l'aquiculture sont des conditions préalables pour la planification du développement au niveau national;

Recommande que les gouvernements entreprennent des études sur le potentiel de l'aquiculture dans leurs pays.

En outre, le symposium recommande que les gouvernements profitent partout où cela s'avère nécessaire, de l'aide dispensée par l'entremise de la FAO, du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), de la Banque Mondiale, des Banques Régionales pour le développement, des organismes d'aide bilatérale, et d'autres organismes nationaux et internationaux.

2. La planification de l'aquiculture

Notant que le manque de planification rationnelle pour le développement de l'aquiculture est l'un des obstacles principaux au développement méthodique de l'industrie;

Considérant qu'une planification inadéquate peut conduire à l'échec des programmes;

Recommande que les gouvernements formulent des plans pour le développement de l'aquiculture avec l'aide des spécialistes qualifiés, partout où cela s'avère nécessaire, et qu'ils définissent d'avance les objectifs concrets à poursuivre et les processus à adopter.

Le symposium recommande aussi que les gouvernements intègrent le développement de l'aquiculture dans le développement national de la pêche, dans les projets de développement rural et dans les plans de développement économique global.

3. Le développement de l'élevage pilote commercial

Ayant reconnu que certains systèmes d'aquiculture ont démontré une faisabilité technique et économique dans certains pays et sont maintenant prêts pour le développement à l'échelle commerciale;

Etant conscient que l'infrastructure économique associée à l'aquiculture existant dans d'autres continents n'existe pas encore en Afrique;

Notant que des techniciens formés et les services de vulgarisation sont essentiels au succès de l'aquiculture;

Recommande que les gouvernements dont les programmes approchent du niveau de développement à grande échelle prennent l'initiative d'établir des installations d'élevage pilote commercial.

En outre, le symposium recommande que les installations ainsi établies servent ultérieurement comme centres nationaux de recherche et de formation.

Le symposium recommande également que les gouvernements profitent de l'aide qui peut être disponible à cet effet auprès de la FAO, du PNUD, de la Banque Mondiale, des banques régionales de développement, des organismes d'aide bilatérale et d'autres organismes nationaux et internationaux.

4. Centre africain de l'aquiculture

Tenant compte que l'aquiculture est en cours de développement en Afrique ce qui demande un effort concerté;

Notant la demande en personnel qualifié et expérimenté pour entreprendre les travaux de développement nécessaires;

Reconnaissant que la coopération régionale pour la recherche et la formation peut accroître l'efficacité et le rendement de ces activités;

Recommande qu'un centre pour l'aquiculture soit créé en Afrique pour conduire des recherches sur les problèmes de portée régionale et organiser la formation au niveau supérieur pour aquiculteurs;

Le symposium recommande également que ce centre régional soit en liaison étroite avec des centres nationaux choisis de recherche et de formation;

Le symposium recommande en outre que la FAO demande l'aide du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et autres organismes de financement pour l'établissement de ce centre aussitôt que possible.

5. Recherche sur les espèces indigènes

Reconnaissant que le manque de données adéquates sur la biologie et les exigences écologiques des espèces indigènes a été un obstacle principal au développement de techniques pour leur élevage;

Notant que l'élevage de certaines espèces indigènes dont le potentiel a été vérifié pour l'aquiculture est limité par le manque de techniques valables pour leur reproduction contrôlée et pour la production de semence;

Conscient que plusieurs instituts de recherche n'ont pas les ressources suffisantes pour effectuer les études nécessaires;

Recommande que les gouvernements de la région donnent à ces instituts l'aide nécessaire pour développer un programme intensif d'études orienté vers la détermination des espèces appropriées cultivables et accélerer la domestication de celles dont le potentiel a déjà été démontré;

Le symposium recommande également que des études sur les répercussions des espèces introduites sur l'écologie des espèces indigènes soient particulièrement prises en considération;

Le symposium recommande aussi que les programmes de recherche incluent des études sur le développement d'aliments artificiels à partir des ingrédients disponibles localement et sur l'amélioration des techniques de gestion pour la production de semence.

6. Utilisation de systèmes de production à bas prix

Notant le fait que les systèmes conventionnels de pisciculture demandent un investissement élevé de capitaux;

Conscient que l'élevage de poissons en cages et en enclos dans les lacs et retenues et les techniques de pisciculture adaptées aux plaines inondables et aux cages rizicoles peuvent augmenter considérablement la production de poisson pour un taux d'investissement relativement bas;

Recommande que les gouvernements de la région entreprennent des études de faisabilité orientées vers l'intégration de l'aquiculture dans ces environnements.

7. Coordination de recherches en aquiculture

Notant le nombre croissant de programmes nationaux de recherche en aquiculture dans la région;

Reconnaissant que le transfert d'information et de techniques accélère le développement de l'aquiculture dans la région;

Recommande que les gouvernements de la région encouragent et appuient l'échange d'information, d'expérience et de personnel;

Le symposium recommande aussi que le secrétariat du CPCA explore les possibilités d'établir un programme coopératif de recherche sur l'aquiculture parmi les pays participants selon les lignes suivies dans d'autres régions.

8. Groupe de travail du CPCA sur l'aquiculture

Le Groupe de travail du CPCA sur l'aquiculture, créé lors de la Première Session du CPCA (1972) s'est réuni à Nairobi, Kenya, du 19 au 22 mars 1974; le Rapport du Groupe de travail figure au document CIFA/75/4.

Le symposium recommande que le Groupe de travail poursuive son activité avec le mandat suivant:

réunir et diffuser l'information aux agences gouvernementales et aux chercheurs sur:

  1. L'économie de l'aquiculture - disponible auprès des projets de développement nationaux du Programme de Développement des Nations Unies et des installations piscicoles gouvernementales;

  2. les principaux parasites et maladies des espèces de poissons cultivées, leur prévention et contrôle;

  3. les répercussions écologiques des espèces de poissons, mollusques et crustacés exotiques introduites sur les espèces indigènes.

Considérant que le mandat constitue les activités de rassemblement d'information, il est suggéré que le Groupe de travail soit élargi et commence immédiatement celles-ci par correspondance.


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