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1. INTRODUCTION

1.1 Historique et mandat

Il y a une dizaine d'années, la FAO a mené une brève enquête sur la pollution des des eaux intérieures au Kenya, en Tanzanie, en Ouganda et en Zambie (FAO, 1971). La conclusion en a été que, si le problème n'était pas encore très préoccupant pour les pêcheries d'eau douce, il risquait de le devenir par la suite en conséquence de l'urbanisation et de l'industrialisation croissantes. Plusieurs recommandations ont donc été formulées en ce qui concerne la législation, l'administration, la surveillance continue, la formation, la recherche et la liaison entre la FAO et d'autres organismes.

La présente enquête a été conduite dans un double but: d'une part examiner cette même question dans trois autres pays, à savoir le Burundi, le Malawi et le Soudan, et faire le point de la situation au Kenya, en Tanzanie et en Zambie; de l'autre, formuler de nouvelles recommandations et faire rapport à la quatrième session du CPCA au Malawi (8–12 décembre 1980).

La mission avait le mandat suivant:

  1. identifier les sources existantes et évaluer les sources potentielles de pollution pour les pêcheries des pays précités;

  2. examiner les moyens disponibles sur place pour faire place aux aspects de la pollution des eaux qui intéressent les pêcheries;

  3. suggérer une infrastructure appropriée et établir les bases des études futures et de surveillance continue des programmes dans les pays.

Une certaine attention a toutefois été portée aux effets sur les pêcheries des modifications de l'environnement autres que la pollution des eaux, en particulier celles qui résultent de programmes de mise en valeur des ressources en eau.

1.2 Remerciements

Pendant cette mission d'assez courte durée, le consultant a pu prendre directement contact avec beaucoup, mais non avec la totalité, des organisations et des personnalités concernées; il n'a pu se rendre qu'en quelques endroits et ne lire qu'un nombre limité de documents utiles: il était donc inévitable que son étude ne soit pas également détaillée pour chacun des pays. Néanmoins, il estime avoir pu en faire assez pour avoir une vue d'ensemble de la situation dans chacun des pays visités et être à même d'identifier les problèmes communs. En outre, le consultant exprime sa profonde reconnaissance aux nombreuses personnes (dont on trouvera les noms à l'Annexe 1) avec qui il a eu de très utiles entretiens et échanges de renseignements, et qui lui ont été d'une aide considérable pour mettre au point son itinéraire. Une version préliminaire du présent rapport a été envoyée à toutes les personnes dont la liste figure à l'Annexe 1, ainsi qu'aux participants à la quatrième session du CPCA, et leurs observations ont été prises en considération pour la préparation du texte définitif.

2. PHYSIONOMIE GENERALE DES PECHES ET DE LA POLLUTION

2.1 Ressources des pêcheries d'eau douce

Dans la plupart des pays visités, le poisson représente une forte proportion des protéines animales entrant dans le régime alimentaire; les chiffres moyens sont un peu moins de 20% au Kenya et au Soudan et 20–40 % au Burundi, en Tanzanie et en Zambie (FAO, 1980) pour la période 1972–74, et, d'après une estimation plus récente, de 60–75 % au Malawi (Mothotho, comm. pers.). La place revenant au poisson en tant que source de protéines varie aussi évidemment à l'intérieur d'un même pays. Ainsi, elle est beaucoup plus importante à Khartoum que dans le reste du Soudan et sur les rives du lac Victoria qu'à l'intérieur de la Tanzanie, ce dont témoignent le meilleur état nutritionnel et la plus grande résistance aux maladies des enfants de moins de cinq ans. En Zambie, des chiffres récents indiquent que les produits de la pêche représentent à peu près 50% de l'apport protéique dans les villes et jusqu'à 60% dans les zones rurales; la consommation par habitant peut dépasser 25 kg par an dans le nord du pays à proximité des lacs, ainsi que le long du Kafue et du Zambèze (Williams, 1977), et, selon une estimation de l'Organisation mondiale de la santé, elle atteint 45 kg par an dans la province de Luapula (voir Muncy, 1973).

Dans tous les pays visités, le poisson consommé était principalement constitué par des espèces d'eau douce, la proportion dépassant 80% en Tanzanie, 90% au Kenya et 95% au Soudan, et atteignant 100% au Burundi, au Malawi et en Zambie (Welcomme, 1979). Cela représente globalement environ 358 000 t de poids frais par an, soit plus de 25% du total des captures de poissons d'eau douce en Afrique; il se pourrait même qu'il s'agisse d'une sous-estimation, la production de la pêche de subsistance pratiquée dans les petits cours d'eau pouvant être immédiatement consommée et n'étant alors pas enregistrée.

Les captures potentielles de poisson dans certains des pays visités sont supérieures aux chiffres actuels - les facteurs correspondants étant estimés à 1,4 pour la Zambie, 1,6 pour la Tanzanie et 5,5 pour le Soudan; cela, tout à fait indépendamment des accroissements de production à escompter de ressources qui n'ont encore été ni étudiées ni exploitées, comme il doit en exister par exemple dans les cours d'eau du Burundi, ainsi que du développement de l'aquaculture dans tous les pays.

Les protéines de poisson revêtent une importance particulière sans d'autres pays, comme le Kenya, dont la production de viande est en fait en voie de diminution et ou l'on prévoit un déficit alimentaire (Anon., 1980a) et la Tanzanie où l'écart entre la production et les besoins alimentaires est en train de s'élargir.

Cette brève récapitulation permet de se rendre compte de l'ordre de grandeur et de l'importance des ressources de poisson qui pourraient être menacées par la pollution des eaux et autres modifications de l'environnement; toutefois, le risque effectif dépendra, comme on le verra plus loin (sections 2.2 à 2.5), de l'interaction de divers facteurs, le plus important étant la corrélation entre le mode de répartition des ressources halieutiques exploitées à l'intérieur de chaque pays et le mode de répartition de la pollution des eaux.

2.2 Démographie

En général, on peut s'attendre à ce que le risque de pollution des eaux augmente avec la densité de population et le taux de croissance démographique. Le tableau ci-dessous permet de se rendre compte de la faible densité de la population des pays visités, en comparaison avec de nombreux pays développés.

Tableau: Caractéristiques démographiques de certains pays africains

 Population
(No/km2)
Taux de croissance démographique
(%/an)
Burundi1352.2  
Kenya  234,1*
Malawi  963,1*
Soudan   73,5  
Tanzanie     20**  3,3**
Zambie   73,1  

* Sur la base du dernier recensement
** Moyenne (Tanzania, Ministry of Finance and Planning, 1980)

Le taux probable de pollution des eaux devrait donc être généralement faible. Toutefois, beaucoup dépendra du degré d'urbanisation et d'industrialisation, des volumes, d'eau disponibles pour la dilution des eaux usées et des moyens d'épuration de ces dernières, ainsi que de l'évolution future de tous ces facteurs.

Au Soudan, par exemple, la population est peu nombreuse, mais elle tend à se concentrer le long du Nil et de ses affluents. Au Kenya, les prévisions indiquent (Ngunya, 1975) qu'entre 1980 et l'an 2000, la part de la population urbaine dans la population totale passera de 17 à 40%. Au Burundi, par ailleurs, qui occupe le deuxième rang en Afrique pour la densité de population, 96% des habitants sont dispersés dans les zones rurales où ils constituent des unités familiales autonomes vivant sur de petites parcelles de terrain plutôt que de se concentrer dans des villes et des villages; toutefois, les efforts se poursuivent pour réinstaller beaucoup d'entre-eux dans la vallée du Ruzizi, cours d'eau qui se jette dans le lac Tanganyika. En Tanzanie, plus de 90% de la population vit dans les zones rurales, mais les chiffres du dernier recensement font apparaître un courant migratoire vers les villes (Tanzania, Ministry of Finance and Planning, 1980). Un mouvement analogue est observable au Malawi. En Zambie, la population rurale ne représente qu'à peu près 66% du total et la densité de population est particulièrement élevée (41,6 habitants au Km2) dans la région productrice de cuivre (Chidumayo, 1979).

A noter que la progression démographique est forte dans tous ces pays, spécialement au Kenya où, signale-t-on, un programme mesuré de régulation des naissances est assez inéfficace et trouve le moins d'écho dans les zones rurales (Mbote, 1979). En Tanzanie, le taux annuel d'accroissement de la population est de 2,8 % dans les zones rurales et d'à peu près 6% dans les villes (Tanzania, Ministry of Finance and Planning, 1980); en Zambie, les chiffres correspondants pour 1974 étaient de, respectivement, 1 % et 7 % (Chidumayo, 1979) et ils s'établissent maintenant à environ 1 % et 9 %. Dans tous les pays visités, la progression démographique s'accélère.

Il est donc clair que, quoique le degré d'urbanisation ne soit pas encore très important, la population se concentre de plus en plus dans les villes et continuera probablement de le faire dans l'avenir immédiat, d'autant plus que la progression démographique, déjà forte, ne cesse de s'intensifier.

2.3 Agriculture

On peut se rendre compte de l'importance du secteur agricole dans les pays visités en calculant le produit intérieur brut (PIB) agricole en proportion du PIB total. Les chiffres montrent qu'à l'exception de la Zambie (11 %), tous ces pays sont fortement tributaires de l'agriculture, la situation étant plus ou moins la même au Kenya (27 %), au Malawi (33 %) et au Soudan et en Tanzanie (34 %), tandis que le Burundi (59 %) est un cas extrême. Cette prépondérance de l'agriculture rendrait probable un faible degré de pollution des eaux, mais beaucoup dépend de l'intensité des pratiques culturales, en particulier pour ce qui est des superficies occupées par les monocultures et de l'intensité des applications de pesticides, ainsi que de la proximité des pêcheries.

Parmi les pesticides employés dans les pays en développement figurent certains composés chimiques qui, pour des raisons écologiques, ont été en partie ou complètement interdits dans les pays développés, mais pour lesquels il n'a pas encore été mis au point de produits de remplacement efficaces et peu coûteux. Les pays en développement utilisent de plus en plus de pesticides; selon les estimations, leur part dans la consommation mondiale totale de ces produits, qui était de 20% en 1972, devrait atteindre 36% en 1985, soit 846 000 tonnes (Stout et al., 1980). Dans 13 pays africains, le gros des produits utilisés est constitué par des insecticides, dont la moitié sont appliqués sur le coton, mais la part des herbicides est passée de 3% du total en 1971 à 18% en 1975, tandis que celle des fongicides est restée inférieure à 1% (Stout et al., 1980).

La contamination directe et indirecte des eaux par les produits chimiques utilisés en agriculture, en particulier les pesticides, peut provoquer par exemple des destructions de poissons, une réduction de la productivité des pêcheries et l'accumulation de concentrations élevées de produits chimiques indésirables dans les tissus comestibles des poissons. Cette question sera réexaminée à la section 3.2 pour chacun des pays visités.

L'agriculture peut également affecter les pêcheries de beaucoup d'autres manières. L'érosion des sols et les concentrations accrues de solides en suspension qui en résultent, par exemple, peuvent déterminer une réduction de la photosynthèse, ainsi que de la productivité des espèces de poissons qui ne sont pas adaptés aux eaux troubles; c'est ce qui s'est produit, semble-t-il, dans le lac Baringo au Kenya et on craint le même phénomène dans certaines parties du lac Victoria (Meadows, 1980). Par ailleurs, l'apport accru en éléments fertilisants attribuable aux eaux de drainage peut avoir pour résultat une augmentation de la production totale de poisson, peut-être aux dépens de la diversité des espèces.

Dans tous les pays visités, on continue de développer l'agriculture; les industries de transformation des produits animaux et végétaux continueront donc aussi de se développer et il y aura une augmentation des déversements de déchets, pour la plupart hautement oxydables, contenant souvent des concentrations élevées de matières en suspension et occasionnellement contaminés par des substances minérales toxiques. Ces sources de pollution des eaux sont rééxaminées à la section 3.1.

2.4 Foresterie

La surexploitation généralisée des forêts dans les pays visités - associée à d'autres facteurs - a entraîné une grave érosion des terres et, vraisemblablement aussi, des modifications des caractéristiques d'écoulement des cours d'eau: ce problème est généralement reconnu comme urgent à tous les niveaux. En Tanzanie, par exemple, des appels insistants à planter des arbres sont lancés dans tout le pays par la voie de la presse (Anon., 1980) et des arbres sont gratuitement distribués dans le cadre de programmes gouvernementaux; au Burundi, il existe un programme national de reboisement; au Kenya, les plans prévoient de tripler le nombre d'arbres plantés dans les dix à quinze année à venir. Toutefois, parallèlement à certains de ces programmes, il existe également des plans visant à développer l'exploitation forestière et à construire des usines de pâte et de papier, par exemple au Kenya, au Malawi et en Tanzanie, et la pollution des eaux pourrait s'en trouver accrue (voir section 3.1).

2.5 Ressources en eaux et développement industriel

Dans la plupart des pays, il existe des plans hydrauliques nationaux visant principalement à améliorer l'approvisionnement de la population en eau potable. Le développement de la distribution d'eau sous conduite aux habitations et aux industries peut entraîner un risque accru de pollution des eaux imputable à l'évacuation des eaux usées et des déchets industriels. Au Kenya par exemple, il est prévu d'assurer à la totalité de la population la distribution d'eau sous conduite à moins d'un kilomètre des habitations d'ici l'an 2000; en 1972, 19% seulement de la population et 9% de la population rurale bénéficiaient de ce service et, dans les projections que l'on faisait alors pour l'année 1980, les pourcentages prevus étaient de, respectivement, 31 et 19% (Ngunya, 1975). Dans ce pays, il existe également des plans en vue d'installer, là où nécessaire, des réseaux d'assainissement et en vue d'assurer l'épuration des eaux usées.

Au Burundi, où 4% seulement de la population vit dans les zones urbaines, 10% seulement des habitants sont approvisionnés en eau potable, mais il est prévu de porter ce chiffre à 50% dans les dix années à venir (REGIDESO, 1980), dans le contexte du développement des communautés villageoises et de la réinstallation d'une partie de la population dans les zones les moins peuplées. La conséquence en sera une évacuation accrue d'effluents urbains, notamment ceux de la ville de Bujumbura, qui sont actuellement déversés sans avoir été traités dans le lac Tanganyika, soit directement, soit indirectement par l'intermédiaire du fleuve Ntahangwa. Il est prévu d'installer ultérieurement des stations d'épuration des eaux usées, après qu'aura été achevée, d'ici cinq ans peutêtre, la construction d'égouts d'évacuation des eaux d'orage à qui est donnée la priorité absolue.

En Tanzanie, la population rurale a déjà été plus ou moins regroupée dans des villages dont il est prévu d'assurer l'alimentation en eau d'ici 1990; il est toutefois peu probable que les problèmes de pollution des eaux en soient beaucoup accrus. Mais on s'emploie aussi activement à développer la distribution d'eau aux zones urbaines.

La construction de barrages en vue de l'exploitation des ressources en eau peut être préjudiciable aux pêcheries; en effet, si elle peut créer des pêcheries productives en amont, comme c'est le cas au Soudan, elle peut aussi entraîner une réduction globale des ressources halieutiques par suite de la perte de pêcheries hautement productives dans les plaines d'inondation situées en aval, pêcheries qui auraient sans cela assuré l'essentiel de la production des cours d'eau. Dans de bassin du Rufiji en Tanzanie, par exemple, le développement hydroélectrique aura sans doute des effets importants sur les pêcheries; dans une évaluation initiale effectuée par la FAO, des recommandations ont été formulées en vue de la conduite de nouvelles études par l'Office de mise en valeur du bassin du Rufiji, en collaboration avec le Département de zoologie de l'Université de Dar-es-Salaam, qui a déjà travaillé dans cette zone, et en vue de l'établissement d'un programme en collaboration avec le Département des pêches de la Tanzanie, l'Université, le PNUE et la FAO (Hopson, 1979).

L'absence d'échelles à poissons sur certains des barrages les plus récemment construits a entraîné des morts de poissons à des périodes de faible débit des cours d'eau au Soudan et elle a fait obstacle à la migration des poissons vers l'amont au Kenya. Au Soudan, il faut également envisager les effets possibles sur les pêcheries des plaines d'inondation de la percée du canal du Jonglei au milieu de la plaine alluviale (Muller, 1978); certains estiment que ce projet a été mis en oeuvre avant que l'on ait receuilli suffisamment de données de base sur la situation existante pour être à même d'évaluer convenablement les répercussions sur l'environnement.

Le développement de l'équipement hydroélectrique sera probablement lié à l'utilisation de l'énergie électrique pour développer l'industrie et, par conséquent un risque accru de problèmes d'évacuation des déchets industriels. A l'heure actuelle, l'Afrique est peu industrialisée, comme on peut en juger sommairement sur la base de la consommation d'énergie par habitant, en 1976 exprimée en équivalent de kilos de charbon par an: les chiffres s'établissent à 11 pour le Burundi, 56 pour le Malawi, 68 pour la Tanzanie, 152 pour le Kenya, 167 pour le Soudan et 548 pour la Zambie. Pour les pays développés, les chiffres correspondants vont de 5 000 à 10 000. L'Afrique s'industrialisera probablement de plus en plus et les estimations et projections de la consommation d'énergie par habitant indiquent que, d'ici l'an 2000, les chiffres relatifs aux pays en développement seront du même ordre que pour le monde développé (Stout et al., 1980). En Afrique, en général, on peut donc s'attendre à ce que la pollution des eaux par les industries ne soulève pas de problèmes de très grande envergure dans l'avenir immédiat, quoique cela n'exclue pas la possibilité de graves problèmes locaux. Ceux-ci sont examinés plus en détail à la section 3.1.

2.6 Conclusions

Ce bref examen de certaines caractéristiques des pêcheries et de la pollution en Afrique de l'Est, ainsi que de quelques traits distinctifs de chacun des six pays qui ont été visités, permet de dégager les conclusions ci-après:

  1. Les pêcheries d'eau douce sont très importantes en tant que sources de protéines entrant dans le régime alimentaire et elles le deviendront sans doute encore plus dans l'avenir car, dans plusieurs pays, il y a déjà un écart entre la demande et l'offre de denrées alimentaires d'origine locale, écart que la très rapide progression démographique actuelle aura probablement pour effet d'augmenter. Il est donc indispensable de protéger et de mettre en valeur les pêcheries.

  2. L'agriculture joue un rôle capital dans l'économie et elle continuera probablement de se développer, grâce en partie à l'utilisation de quantités croissantes d'insecticides ainsi que d'herbicides; ce développement est extrêmement préoccupant du point de vue des intérêts de la pêche, en raison du risque de dommages accidentels aux ressources halieutiques (examiné plus loin à la section 3.2). En outre, la transformation des produits agricoles peut conduire à l'évacuation de déchets hautement oxydables et à la réduction des concentrations d'oxygène dissous dans les eaux réceptrices (voir sextion 3.1.).

  3. Les effets préjudiciables du déboisement sur les poissons peuvent être évités ou corrigés grâce aux programmes de reboisement prévus, mais certains de ces programmes sont également liés au développement de l'industrie de la pâte à papier, dont les déchets font également courir un risque aux pêcheries (voir aussi section 3.1).

  4. L'urbanisation n'est pas encore générale, mais elle s'intensifie et elle s'accompagne d'un développement de l'approvisionnement en eau sous conduite, et, par suite de l'évacuation des effluents par voie d'eau.

  5. Les programmes de mise en valeur des ressources en eau sont souvent axés sur la production d'énergie hydroélectrique et les pêcheries des plaines d'inondation peuvent être spécialement menacées. En outre, la production d'énergie, dont on peut constater l'augmentation dans plusieurs pays, stimule le développement industriel qui a pour conséquence l'évacuation d'un volume plus important d'eaux usées (voi section 3.1)

3. MESURES DE LUTTE CONTRE LA POLLUTION ET PROBLEMES AFFECTANT LES PECHERIES - RAPPORTS PAR PAYS

La législation antipollution et le travail administratif et scientifique qu'elle suppose sont conditionnés à un tel point par la nature et l'ampleur des problèmes de pollution affectant les pêcheries du pays en cause que les deux aspects seront étudiés ensemble, pays par pays, en distinguant autant que possible, d'une part la législation et ses modalités d'application et de l'autre, les problèmes présents et futurs. Nous examinerons séparément, tout d'abord les eaux usées et les déchets industriels, puis les pesticides. Mais, dans une section finale, nous envisagerons ensuite les questions d'intérêt général pour tous les pays, ainsi que des questions revêtant un intérêt particulier pour un nombre limité d'entre eux, compte tenu notamment des besoins futurs et du rôle que pourrait jouer le CPCA.

3.1. Eaux usées et déchets industriels

Les comptes rendus ici présentés se suivent dans un ordre arbitraire, correspondant à celui dans lequel les pays ont été visités.

3.1.1 Soudan

Le Ministère de la santé veille à l'application d'un décret national pour la lutte contre la pollution des eaux qui interdit le déversement des eaux usées, traitées ou non, dans le Nil et ses affluents; l'évacuation d'effluents industriels traités est autorisée dans des cas exceptionnels, sous réserve “qu'ils ne contiennent pas de produits chimiques toxiques et pas plus de 30 mg/l de solides en suspension, et que la demande biochimique en oxygène (DBO) ne soit pas supérieure à 20 mg/l” (George, 1976). Le Ministère assure la surveillance continue en effectuant les analyses d'eau normales mais les données sur les métaux lourds et les pesticides font défaut. En outre, le service administratif du Département des pêches veille à l'application des dispositions d'un décret sur les pêcheries visant à protéger et à sauvegarder la vie aquatique (George et El Moghraby, 1978).

Dans les zones rurales, les effluents domestiques sont enlevés et déchargés et mis à sécher dans des zones éloignées, ou bien, ce qui est maintenant plus fréquent, ils sont déversés dans des fosses septiques et des puisards, et ils ne font pas courir de risques aux pêcheries.

Dans les grandes agglomérations, les eaux usées sont recueillies dans des égouts et traitées dans des filtres percolateurs ou dans des étangs d'oxydation. Les boues peuvent être utilisées comme engrais agricoles et l'effluent, après dilution, peut servir à irriguer des arbres ou, s'il contient une forte proportion de déchets industriels, être évacué dans le déserts. Il semble donc que les pêcheries et les consommateurs de poisson ne courent aucun risque, sauf si, comme il arrive apparemment, on capture des poissons dans les canaux d'évacuation des effluents en dépit des lois interdisant ce type de pêche.

Certains déchets industriel ont été ou sont encore déversés dans le Nil et, si cette pratique est désapprouvée en certains lieux, rien n'indique que les pêcheries en aient souffert. Le Département des pêches estime que ces sources de pollution ne soulèvent pas pour le moment de problèmes graves. En outre, on considère que, dans l'avenir, le développement industriel sur le Nil ne représentera pas une menace sérieuse pour les pêcheries (George, 1976).

Il a cependant été suggéré que la loi devrait être renforcée et qu'il faudrait prévoir des ressources additionnelles pour la mettre plus rigoureusement en application et assurer la surveillance continue. La nécessité d'effectuer un inventaire complet des déversements a été soulignée et l'Université de Khartoum prévoit d'effectuer ce travail pour le Nil bleu et le Nil blanc, sur une période de trois mois en 1981, avec l'aide d'un expert étranger.

Le développement industriel s'intensifiera probablement encore, surtout sur la côte, par exemple à Port Soudan, plutôt qu'à l'intérieur des terres où, en tout état de cause, il semblerait qu'il ne puisse avoir beaucoup d'effets sur le Nil, sous réserve que l'on s'en tienne aux méthodes actuelles d'évacuation des eaux usées.

Dans la région de Gézirch, il existe quelques usines produisant des formulations de pesticides, mais elle n'évacuent pas d'effluents et les murs de retenue prévus pour parer aux situations d'urgence minimisent la probalité d'une pollution des eaux à la suite de déversement accidentels.

3.1.1.1 Conclusion

Pour le moment, les pêcheries ne souffrent pas beaucoup de la pollution des eaux, car une grande partie des eaux usées et des déchets industriels ne sont pas déversés dans le Nil, lequel assure de toutes façons une dilution considérable. Toutefois, on manque de renseignements sur les déversements dans le fleuve et leurs effets sur la qualité de l'eau. En outre, il faudrait peut-être renforcer la législation.

3.1.2 Kenya

3.1.2.1 Législation

La question de la législation anti-pollution au Kenya a été évoquée par Moore et Christy (1978) et étudiée plus en détail par Meadows (1980) qui a formulé des observations et suggestions en vue de l'améliorer. Son élément le plus important est le décret sur les eaux de 1951, qui dispose que tous les usagers potentiels des eaux doivent présenter à l'Office de distribution de l'eau une demande de licence de captage, et doivent être à même de justifier que tous déversements d'effluents seront conformes aux normes de qualité prescrites pour protéger les utilisations en aval, y compris les pêcheries. L'Office comprend des membres de divers ministères, notamment ceux du commerce, de l'industrie et de l'agriculture, ainsi que d'organismes régionaux spécialisés dans la captation des eaux, et des représentants du public, et il a des contacts officieux avec les entreprises de pêche; il est conseillé par le Directeur du Département des eaux au Ministère de la mise en valeur des ressources en eaux. La non observation d'une condition de l'approbation de la requête peut entraîner la révocation d'une licence, un recours pouvant être exercé devant le Ministère de la mise en valeur des ressources en eaux. Cette clause est très rigoureuse. La Division du contrôle (créée en 1972) du Ministère de la qualité et de la protection des eaux veille à l'application de la loi avec l'Inspection des effluents des entreprises commerciales. Une version révisée du décret, comblant les lacunes analysées par Meadows (1980) relativement au contrôle des déversements dans les égouts municipaux, devrait être transformée en loi en 1981.

Les normes applicables aux effluents sont fondées sur des critères pertinents de qualité des eaux pour des usages précis, compte tenu de la capacité d'assimilation de l'eau réceptrice. En l'absence de données permettant de définir des critères de qualité des eaux pour les espèces d'eau douce africaines ou d'un type analogue, les critères applicables à la truite sont utilisés à titre indicatif. Le Ministère dispose des moyens techniques voulus pour procéder à des tests de toxicité des effluents pour les poissons, ce qu'il fait de temps à autre. Pour l'établissement des normes applicables aux effluents, Baker et Meadows (1978) préconisent des méthodes reposant sur l'étude de la dilution, de la toxicité et des caractéristiques physiques des cours d'eau et, pour éviter des spécifications inutilement rigoureuses, tenant compte du mode d'utilisation des eaux en aval, quoique, dans la plupart des cas, on admette qu'il s'agit d'usages domestiques. Pour les cours d'eau saisonniers, un entreposage périphérique est envisagé pour certains effluents, le déversement n'étant autorisé qu'aux époques de fort débit.

Des avis spéciaux sont fournis pour la conception et l'exploitation des installations, aussi bien pour ce qui est de la production industrielle que pour ce qui est du traitement des effluents, afin d'aider l'industrie à satisfaire aux normes en vigueur pour les effluents. Une attention particulière est portée, par exemple, au traitement des déchets de la transformation du café, les avis étant formulés en coopération avec l'Institut kényen pour la recherche industrielle et avec l'industrie en cause - dans le cas présent l'Office kényen du café.

Pour faciliter l'observation des normes sur les effluents, on a récemment proposé de renforcer la législation pour donner au Gouvernement, entre autres pouvoirs, celui de spécifier les méthodes de production et l'équipement anti-pollution, et de subventionner l'achat et l'installation de celui-ci (Kenya, National Environment Secretariat, 1979).

Pour le traitement centralisé des effluents dans les grands centres urbains, Baker et Meadows (1978), ainsi que Mbote (1979), soulignent l'intérêt des étangs de stabilisation des déchets, ainsi que la possibilité de les employer pour la production de poisson (cette utilisation est actuellement étudiée par le Kenya dans le cadre d'un programme international patronné par le Centre de recherches pour le développement international); ils signalent également des méthodes permettant de remplacer acceptablement l'évacuation des matières fécales par voie d'eau dans les petits centres urbains et les zones rurales.

Le Département des pêches n'a ni pouvoirs ni fonctions spéciales en ce qui concerne la protection des pêcheries contre la pollution, mais il participe aux travaux d'un comité interministériel sur la pollution et il y est représenté.

Jusqu'à maintenant, la lutte contre la pollution a principalement relevé du Gouvernement central, mais des plans ont été établis pour la décentraliser davantage aux niveaux des provinces et des districts (Kenya, National Environment Secretariat, 1979).

3.1.2.2 Coordination nationale de la protection de l'environnement

Baker et Meadows (1978) ont étudié les répercussions sur l'environnement de la mise en valeur des ressources en eau du Kenya et ils ont fait ressortir qu'il importe d'aborder cette question sur la base des bassins hydrographiques, dans un contexte national et compte tenu de tous les autres intérêts et développements. Ils soulignent par exemple, (avec d'autres) la nécessité d'une coordination entre les responsables de la distribution de l'eau et les responsables de l'implantation des industries. A l'heure actuelle, il existe au Kenya plusieurs organismes nouveaux qui s'occupent de la mise en valeur des bassins hydrographiques, notamment l'Office de mise en valeur du bassin du lac pour la partie orientale du lac Victoria, l'Office de mise en valeur du fleuve Tana et l'Office de mise en valeur de la vallée Kerio; pour le moment toutefois, le territoire national n'est pas encore entièrement couvert de cette manière. Certains projets, prévoyant la possibilité de transferts d'eau entre des bassins d'alimentation exigent une étroite coordination entre les autorités locales et nationales compétentes.

La planification générale du développement national et de la protection de l'environnement incombe au Secrétariat national pour l'environnement, petite unité rattachée au bureau du Président. Une description générale de ses charges et fonctions, ainsi que ses réalisations, est donnée à l'Annexe 2. Des propositions ont été formulées en vue d'en faire un organe officiel et de lui donner des pouvoirs de réglementation (Kenya, National Environment Secretariat, 1979). Parmi ses priorités, telles qu'on les envisage actuellement, figureront la prévision de l'évolution de l'envirónnement, y compris la qualité et l'abondance de l'eau, un examen des lois existantes sur l'environnement et l'élaboration d'une procédure reconnue par la loi pour évaluer les effets des nouveaux projets sur l'environnement.

3.1.2.3 Problèmes de pollution affectant les poissons

Après une longue période sans graves problèmes de pollution des eaux, exception faite du fleuve Nairobi, plusieurs incidents graves survinrent en 1970 et, peu après, une enquête sur les concentrations d'oxygène dissous dans tous les principaux cours d'eau fut conduite par l'Organisation mondiale de la santé et un inventaire de tous les réseaux d'assainissement et déversements industriels fut établi (Ngunya, 1975). Les résultats de ce travail, ainsi que les données sur le débit des cours d'eau fournies par le secteur de l'hydrologie du Ministère, se sont ensuite révélés de la plus haute utilité pour l'établissement de normes sur les effluents; à cet effet, on a également commencé des recherches sur l'auto-épuration naturelle des cours d'eau.

La nature et l'ampleur des problèmes de pollution dans les pêcheries d'eau douce du Kenya ont été résumées par Ngunya (1975) et Arunga, Okemwa et Nyaoke (1978). En général, on ne considère pas que les pêcheries aient subi de graves prejudices, quoique l'avenir inspire certaines préoccupations. Les principales sources possibles de pollution sont les eaux usées et autres déchets oxydables des industries alimentaires, en particulier, des raffineries de café et de sucre, des usines de pâte et de papier, des usines textiles et des tanneries. Il y a également des déversements localisés de métaux lourds et un problème seul en son genre causé par de fortes concentrations de fluorure. Toutes ces sources de pollution sont suivies de près par les autorités: elles se sont intéressées par exemple à la conception des étangs d'oxydation et on porte une attention croissante à l'utilisation des déchets des raffineries de sucre pour la production d'éthanol; des études sur la toxicité des colorants utilisés dans l'industrie textile ont été commissionnées; enfin, des consultants ont examiné les problèms soulevés par les effluents contenant des fluorures. Au cours des deux dernières années, on a assisté à une forte expansion des industries chimiques et des industries de transformation des métaux (Baker et Meadows, 1978) et, quoique la pollution par les métaux lourds ne soit pas encore gravement préoccupante, la multiplication des tanneries soulève le problème de la pollution par le chrome. Les auteurs indiquent également que des pesticides sont fabriqués aux mêmes endroits, situation qui est à surveiller de près. De fait, on considère que la présente stratégie de surveillance est valable, mais devra être renforcée si l'on veut maîtriser les problèmes de pollution. A l'heure actuelle, il n'existe pas de processus automatique de surveillance continue.

La production industrielle du Kenya devrait certainement augmenter (Kenya, National Environment Secretariat, 1979; Mwamanga, 1980), peut-être à raison de 10 % par an, et on prévoit qu'en 1986 sa contribution au PNB devrait être égale à celle du secteur agricole. Certaines industries bénéficient d'un soutien du Gouvernement, ce qui pourrait être le cas pour l'acier dans l'avenir.

3.1.2.4 Conclusion

A la suite des problèmes locaux aigus soulevés par la pollution il y a une dizaine d'années, on entreprit de rassembler au niveau national des données sur la qualité des eaux et sur les déversements de déchets, ainsi que de renforcer la législation existante promulguée par les pouvoirs responsables de la lutte contre la pollution. L'attention s'est concentrée surtout sur les déchets de la transformation du café-avec la collaboration de l'industrie; en dépit des importantes améliorations dues à l'introduction du recyclage de l'eau à l'intérieur de l'usine, les déchets de la transformation du café restent la source la plus importante de pollution des eaux. La décentralisation du contrôle de la pollution des eaux doit se poursuivre et la législation est en cours de révision. Parallèlement, des dispositions sont prises en vue de donner des pouvoirs réglementaires à un petit secrétariat national pour l'environnement, qui est chargé de la coordination entre le développement national et la protection de l'environnement.

3.1.3 Burundi

Au Burundi, il existe une loi générale sur les pêches qui vise à prévenir la pollution des eaux mais, il semble qu'aucun service administratif ne soit spécialement chargé de veiller à son observation. Néanmoins, le Gouvernement s'inquiète expressément aujourd'hui des déversements d'eaux usées et de déchets industriels dans le lac Tanganyika et il est prévu à long terme de pourvoir la capitale, Bujumbura, de réseaux d'assainissement et d'installations d'épuration des eaux usées et, en dernier ressort, de connecter les systèmes d'évacuation des déchets industriels au tout-à-l'égout. Ces plans sont actuellement formulés et coordonnés par la Régie de distribution d'eau et d'électricité (REGIDESO, 1980); un inventaire de tous les déversements industriels (résultant de la fabrication de boissons, de chaussures et de savon) a été entrepris et le Département de l'assainissement, avec l'aide de la REGIDESO, a pris l'initiative d'étudier le traitement des effluents des entreprises commerciales et l'élaboration de normes pour les effluents. Toutefois, dans l'avenir immédiat, le Département s'occupera principalement de mettre sur pied l'organisation elle-même, plutôt que l'entreprendre une évaluation technique des problèmes de pollution et de les contrôler; par la suite, de nouvelles ressources techniques seront nécessaires pour faire effectivement face à la situation et deux experts étranger doivent bientôt se joindre à l'équipe. En établissant pour commencer des normes sur les effluents pour les déchets industriels, on vise principalement à protéger les processus biologiques d'épuration plutôt que la qualité de l'eau dans le lac Tanganyika, quoique l'on ait pas encore décidé si l'épuration se fera dans des lagunes ou si l'on utilisera une méthode plus perfectionnée. Jusqu'ici, il n'y a pas eu de consultation officielle avec les représentants du secteur de la pêche, mais cela n'est pas exclu pour l'avenir.

En attendant, les industries se développent à Bujumbura, où se sont implantées par exemple une tannerie et une usine de textiles, avant qu'il n'existe un réseau d'assainissement, et l'on prévoit qu'il y aura beaucoup de développements prématurés de ce type. Il existe des plans à long terme (Burundi, 1978) pour accroître la production à fort coefficient de main-d'oeuvre, pour exploiter si possible les ressources de nickel pour exploiter la tourbe aux fins de la production de combustible et pour accroître la production d'énergie hydroélectrique dans le nord du pays.

3.1.3.1 Conclusion

Il existe des plans pour l'installation de réseaux d'assainissement et de systèmes d'épuration des déchets industriels et on est en train de créer un service administratif qui sera en mesure de prévenir et de contrôler la pollution: mais les industries se développent déjà.

3.1.4 Tanzanie

3.1.4.1 Législation

Le Règlement (général) sur les pêches de 1973, promulgué par le Ministère des ressources naturelles et du tourisme au titre du Décret sur les pêches de 1970, permet le contrôle de la pollution des eaux dans les pêcheries, et certains travaux spéciaux à ce sujet ont été effectués par les chercheurs de la Division des pêches du Ministère. Des directives en vue de l'élaboration de normes pour les effluents ont été préparées par un comité des normes concernant les effluents qui a été créé par le Gouvernement (Tanzania, Ministry of Health, 1977); on donne actuellement suite à sa recommandation tendant à en faire des dispositions légales. Le Comité a recommandé que le Gouvernement réexamine la législation relative à la protection de l'environnement et que le Ministère des terres, du logement et de la planification urbaine (qui est le dépositaire des affaires du PNUE en Tanzanie) prenne l'initiative de constituer un Service de lutte contre la pollution de l'environnement dont le Secrétariat devrait se trouver à la Chambre législative ou au Bureau du Premier Ministre et dont on propose que les responsabilités soient initialement limitées au contrôle de la pollution des eaux.

Au cas où le Ministère des terres, du logement et du développement urbain constituerait une Unité de l'aménagement et de la protection de l'environnement tanzanien, qui serait chargée, entre autres, de la lutte contre la pollution et de la coordination de toutes les questions d'environnement, il est probable que celle-ci concentrerait tout d'abord son attention sur la pollution des eaux. Un nouveau Comité des effluents a également été constitué, en l'absence d'un organisme plus approprié, par le Bureau des normes tanzanien, organisme indépendant créé en 1975. Ce Comité a commencé ses travaux en 1979 et il a notamment examiné la possibilité d'étudier des méthodes de testage de toxicité des effluents pour le poisson, question qui n'est pas prise en considération dans le rapport du Ministère de la santé, quoi qu'elle soit actuellement examinée de très près par l'Organisation internationale de normalisation dont la Tanzanie est récemment devenue membre.

Le Ministère de l'eau, de l'énergie et des ressources minérales, par l'intermédiaire de son Administrateur général des eaux, est responsable de la concession de droits d'eau en vertu du Décret sur l'utilisation des eaux (contrôle et réglementation) de 1974, et il se conforme généralement aux directives du Ministère de la santé; quant au Ministère des terres, du logement et du développement urbain, il s'occupe par l'intermédiaire de sa Division des eaux usées, créée en 1978, des nouveaux programmes de construction d'égouts dans les villes, y compris les normes applicables aux déversements dans les égouts, mais il ne s'occupe pas des programmes ruraux, même s'ils impliquent l'évacuation de déchets industriels. Cette répartition des tâches entre les deux ministères rend nécessaire une étroite collaboration entre eux.

Aucun des deux ministères ne possède actuellement les ressources nécessaires pour vérifier que les stations d'épuration des effluents fonctionnent correctement et que les normes établies pour les effluents sont convenablement observées par l'industrie. Récemment (juillet 1980), la recherche sur les pêches a été confiée à un nouvel organisme autonome, l'Institut de recherche halieutique; celui-ci coiffe plusieurs centres, tout en restant responsable devant le Ministère des ressources naturelles et du tourisme, mais il ne dispose non plus des ressources qui permettraient d'assurer le travail de surveillance continue nécessaire. Il est manifeste que la législation anti-pollution et ses instruments d'application n'ont pas encore été définitivement mis au point.

Dans un rapport très détaillé (Alkbrant, 1979), préparé à la demande du Ministère de la mise en valeur des ressources en eau, de l'énergie et des ressources minérales pour lui donner des avis sur la distribution d'eau dans les zones rurales, la législation existante relativement à la qualité de l'eau a été examinée et des recommandations ont été formulées en ce qui concerne: (i) l'amendement du Décret sur l'utilisation des eaux de manière qu'il englobe l'établissement de normes sur les effluents; (ii) élargissement du système existant de surveillance de l'eau potable aux eaux d'égout, aux effluents industriels et aux eaux réceptrices; et (iii) la mise en place d'une infrastructure articulée sur les bassins hydrographiques, la priorité étant donnée aux zones industrielles fortement peuplées. Quoique le rapport concerne essentiellement l'eau de boisson, ses recommandations sont également valables pour la proctection des pêcheries contre la pollution des eaux. Il examine aussi les moyens dont disposent actuellement les laboratoires pour assurer l'indispensable surveillance continue et faire face aux besoins de formation.

Un aspect n'a pas été pris en considération dans le rapport: il est nécessaire que les organes gouvernementaux soient à même de donner des avis techniques sur les moyens les plus appropriés de traitement des eaux usées pour satisfaire les normes prescrites sur les effluents. Ni le Ministère des terres ni le Ministère de l'eau ne sont actuellement en mesure de s'acquitter de ce travail, quoiqu'ils reconnaissent tous deux (avec d'autres) qu'il serait d'une valeur inestimable pour lutter contre la pollution des eaux. L'Organisation tanzanienne pour la recherche et le développement industriel, créée en vertu d'une ordonnance de 1979, a les fonctions suivantes: (i) donner des avis à l'industrie sur la manière de minimiser les sources de pollution; et (ii) entreprendre des recherches en vue de réduire et prévenir la pollution. Elle pourrait être en mesure d'apporter son aide dans l'avenir.

Le rapport (Alkbrant, 1979) examine également la question des normes sur les effluents une préférence étant exprimée pour celles qui tiennent compte des possibilités de dilution et des conditions locales, plutôt que pour des prescriptions uniformes dans toutes les circonstances. Il propose également la création d'un comité central, le Comité national de la qualité des eaux, qui serait un organe de coordination et de décision, comprenant des représentants de tous les groupes d'intérêts, quoique les intérêts de la pêche aient été exclus, probablement parce que le rapport était principalement consacré à la question de l'eau de boisson.

Il existe des plans régionaux de mise en valeur des ressources en eau, établis sur la base des bassins hydrographiques des circonscriptions politiques, et des dispositions récemment ont été prises pour les coordonner au niveau national. On étudie actuellement de près la création de nouveaux services nationaux chargés d'assurer la distribution d'eau dans les zones urbaines, mais le fait que les réseaux d'assainissement et les systèmes d'épuration des eaux usées ne relèveront probablement pas d'eux est considéré par certains comme un grave inconvénient.

3.1.4.2 Coordination nationale de la protection de l'environnement

Un rapport plus récent (McAuslan, 1980), préparé sur commande pour le PNUE à la demande du Gouvernement de la Tanzanie, étudie le contrôle de toutes les formes de pollution de l'environnement, compte tenu des législations et institutions existantes, ainsi que la création d'une agence nationale pour l'environnement, qui serait une petite organisation nouvelle, ayant statut juridique, placée sous l'égide du Ministère d'Etat pour les affaires économiques et la planification. Sa composition, son mandat et son programme possibles sont brièvement décrits. Il s'agirait principalement d'un organisme de planification et d'administration bénéficiant d'un vigoureux soutien politique et ayant pour mission d'assurer la mise en oeuvre d'une politique et d'un programme nationaux pour l'environnement. Ses priorités seraient les suivantes: (i) techniques de contrôle de la pollution et normes applicables au développement industriel, aux industries extractives et à l'utilisation des sources d'énergies; et (ii) respect de l'environnement pour la conduite des grands programmes d'irrigation. Tout en soulignant l'urgence de la question, le rapport insiste aussi sur la nécessité d'effectuer une analyse coûts/bénéfices de l'intervention ou de la non intervention en matière de protection de l'environnement.

3.1.4.3 Nature et ampleur des problèmes affectant les pêcheries

En Tanzanie, plusieurs des grandes agglomérations de l'intérieur du pays ont déjà des industries bien établies qui se sont développées pendant les quinze années précédant 1978 (Ngoile, Challe et Mapunda, 1978). Quoique la plupart des industries existantes aient été implantées sans qu'il soit prevu de mesures de contrôle de la pollution (Tanzania, Ministry of Health, 1977), les directives du Comité des normes sur les effluents, qui relève de ce Ministère, sont maintenant utilisées par les consultants pour formuler leurs propositions en vue de l'installation de réseaux d'assainissement et de systèmes d'épuration des déchets industriels dans des villes telles qu'Arusha, Morogoro, Moshi et Mwanza; dans la plupart des cas, des plans directeurs ont été établis pour le développement futur des villes; les industries existantes et proposées y sont examinées de façon détaillée, mais aucun d'eux n'a encore été mis en oeuvre.

La situation géographique des nouvelles industries est examinée par la Société nationale de développement et autres sociétés industrielles autonomes sous l'égide du Ministère de l'industrie, mais il n'est pas obligatoirement tenu compte des disponibilités en eau: ce manque de coordination a été souligné et très critiqué (McAuslan, 1980) et on a fait ressortir la nécessité d'une planification intégrée.

Depuis la publication du rapport sur la nature et l'ampleur des problèmes de pollution des eaux en Tanzanie (Ngoile, Challe et Mapunda, 1978), de nouveaux complexes se sont développés par exemple, usines de textiles et tannerie, dans les zones industrielles existantes, la politique suivie visant à parvenir à une répartition suffisamment uniforme des complexes industriels dans le cadre d'un sondage couvrant tout le pays. Jusqu'à aujourd'hui, la plupart des industries avaient été implantées sur la côte, mais la tendance a maintenant changé, comme le montre par exemple l'accroissement de la consommation d'énergie par les industries situées à l'intérieur du pays, dont la part dans la consommation totale est passée de 17 à 30 % au cours de la période 1967 à 1979 (Msuya, 1980). Toutefois, de nouvelles installations de traitement des déchets ont été prévues pour quelques sources de pollution existantes à l'intérieur des terres, par exemple pour les eaux usées non épurées qui, antérieurement, se déversaient directement dans le lac Victoria à Mwanza, pour les déchets d'une tannerie récemment implantée au même endroit, ainsi que pour ceux d'une nouvelle usine textile à Musoma.

Quoique rien n'indique que les déchets évacués aient de graves effets nocifs sur les pêcheries, aucune étude scientifique n'a été effectuée et l'on craint que l'intensification prévue des déversements de déchets industriels ne fasse courir de risques aux poissons du lac Victoria, en particulier à des espèces telles que Tilapia spp. qui vivent près du rivage.

Malgré le manque de techniciens qualifiés pour l'exécution d'un programme de recherche, l'Institut des pêches prévoit d'entreprendre des études pour mesurer la toxicité pour les poissons indigènes des effluents industriels actuellement déversée dans le lac Victoria, en vue de prendre des mesures correctives. Pour cela toutefois, une aide du laboratoire de chimie du Ministère de la santé sera nécessaire pour identifier les causes chimiques de la toxicité, et celui-ci ne dispose pas non plus pour le moment d'un personnel suffisant.

Un fait nouveau très important dans le bassin du Rufiji est l'implantation d'une grande usine de papier sur le fleuve North Ruaha qui draîne une très importante pêcherie de plaine d'inondation. La situation suscite des préoccupations considérables (Bernacsek, 1980, 1981), et on prévoit qu'il sera nécessaire de surveiller la qualité des effluents en recourant à des tests de toxicité pour les poissons indigènes. Plus en aval, il est prévu d'installer d'importants groupes hydroélectriques et il est probable que l'énergie qu'ils produiront sera en partie utilisée par l'industrie dans l'avenir. Il est prévu d'implanter une usine sidérurgique à Njombe d'ici cinq ans et une usine de laminage de l'acier à Mwanza.

3.1.4.4 Conclusion

L'industrialisation progresse, spécialement à l'intérieur du pays; toutefois, de nouvelles stations d'épuration des eaux usées ont été installées pour les anciennes et nouvelles sources de pollution. La pollution des eaux ne semble pas encore poser de problèmes sérieux, mais aucune étude à ce sujet n'a été effectuée et on craint que les alevinières situées le long des rives du lac Victoria ne soient déjà affectées. Il existe des plans en vue d'entreprendre des tests de toxicité pour les espèces indigènes de poissons des effluents actuellement déversés dans le lac. Des directives provisoires pour l'élaboration de normes sur les effluents sont actuellement appliquées pour le contrôle de la pollution, mais on estime que la législation devrait être révisée. Il importera de mettre en place les rouages adminstratifs nécessaires pour la mettre effectivement en application, notamment pour ce qui concerne la surveillance continue de la qualité des effluents. Des propositions constructives ont été formulées en vue de la création d'un petit organe national de coordination pour les questions de qualité des eaux et de protection de l'environnement.

3.1.5 Zambie

3.1.5.1 Législation

La question de la législation anti-pollution en Zambie a été abordée par Moore et Christy (1978). La Direction des affaires hydriques du Ministère de l'agriculture et de la mise en valeur des ressources en eau, agissant par l'intermédiaire d'un office de l'eau représentant de nombreux groupes d'intérêt concernés, accorde maintenant des licences pour le captage des eaux superficielles, au titre du Décret sur les eaux, Ch. 312, et elle est à même d'imposer des conditions quant à toute pollution de l'eau qui pourrait résulter de son utilisation: toutefois, ses pouvoirs sont limités et, pour le moment, elle ne dispose pas des moyens nécessaires pour la surveillance régulière de la qualité des effluents et de l'eau des cours d'eau, quoiqu'elle enquête sur les sinistres causés par la pollution. Les autorités municipales sont responsables de la distribution d'eau dans les villes, du contrôle des déversements de déchets dans les égouts et de l'épuration des eaux usées, et elles disposent des moyens techniques voulus pour la surveillance continue. Elles travaillent en consultation avec les intérêts de la pêche, quoique cela ne soit pas obligatoire.

Le Règlement de 1971 sur l'exploitation minière prévoit le contrôle de la pollution des eaux imputable aux industries extractives, mais celles-ci sont seules à assurer la surveillance continue, quoiqu'elles soient tenues de communiquer leurs résultats à la Direction des affaires hydriques.

Le Décret de 1970 sur la conservation des ressources naturelles couvre en termes généraux la prévention de la pollution et il prévoit la création d'un Conseil consultatif des ressources naturelles pour les sols, les eaux, la flore et la faune.

Le Ministère du commerce enregistre les implantations d'industries, quoiqu'il n'y existe aucune obligation de consulter les personnes intéressées par les questions d'alimentation en eau et de pêches.

De manière générale, on s'accorde à reconnaître que la législation et l'infrastructure actuelles sont insuffisantes et diverses initiatives ont été prises pour améliorer la situation. Un Comité de la recherche sur la pollution des eaux, créé par le Gouvernement en 1972, a préparé en 1978 des propositions préliminaires en vue d'amender le Décret sur les eaux et, notamment élargir son champ d'application pour faire place aux normes sur les effluents et à la surveillance continue; ces propositions sont actuellement examinées par la Direction des affaires hydriques. Le Comité a recommandé que des normes provisoires préparées par les industries extractives (Charman, 1978; voir aussi Kaoma et Salter, 1979) soient acceptées comme lignes d'orientation par le Gouvernement. En 1977, le Ministère des terres et des ressources naturelles a commencé de préparer un Décret sur la conservation de l'environnement intéressant, entre autres, la pollution, qui s'intensifie actuellement. Le Ministère du commerce qui a, semble-t-il, été chargé du contrôle de la pollution, a depuis fait procéder à une étude (Kratel, 1979) en vue de la préparation d'un nouveau Décret sur le contrôle de la pollution des eaux, étude où figurent des lignes d'orientation pour l'élaboration de normes sur les effluents et l'établissement de critères de qualité des eaux pour le poisson. Ce rapport a été largement diffusé pour observations. Il semble que l'on soit généralement favorable à des normes qui tiennent compte des conditions locales, telles que la dilution.

3.1.5.2. Coordination nationale de la protection de l'environnement

Le Conseil national de la recherche scientifique, par l'intermédiaire d'un comité spécial de recherche, a examiné la question de la pollution de l'environnement en 1974–75 et il à recommandé une législation, ainsi que la création d'un organe indépendant des organisations existantes qui serait globalement chargé de définir les politiques et d'assurer la surveillance continue.

Il a récemment été décidé, à une réunion de toutes les personnes intéressées, que le Ministère des terres et des ressources naturelles devrait désormais coordonner toutes les activités concernant la révision de la législation. Toutefois, il reste à obtenir l'accord du Gouvernement sur les lignes d'orientation applicables à l'élaboration de normes pour les effluents, et on ne voit pas encore clairement comment ces normes seront établies et incorporées dans la législation; le Département des pêches estime qu'il faudrait demander conseil à des experts étranger en ce qui concerne les normes à respecter pour les poissons, en attendant que soient connus les résultats des études expérimentales sur la résistance des principales espèces indigènes aux contaminants trouvés dans les cours d'eau de la Zambie. On considère aussi que, pour contrôler efficacement la pollution dans l'avenir, il faudrait se doter des moyens techniques nécessaires pour être à même d'effectuer des tests de toxicité des effluents pour les poissons, d'étudier l'accumulation de produits chimiques dans les poissons et d'appliquer des méthodes biologiques pour la surveillance continue de la qualité des eaux. En outre, on reconnaît généralement que le Gouvernement devrait s'assurer les services d'experts pour ce qui concerne la technologie du traitement des déchets et l'étude de l'auto-épuration naturelle du Kafué, qui est le cours d'eau le plus menacé par la pollution.

3.1.5.3 Nature et ampleur du problème affectant les pêcheries

Mumba, Chanda et Muleya (1978) ont indiqué qu'en Zambie la pollution par les eaux d'égouts et les déchets industriels affecte principalement le fleuve Kafué dont les biefs supérieurs sont plus particulièrement contaminés par les déchets de l'extraction du cuivre et les effluents des grands ensembles urbains, tandis que les biefs inférieurs et les affluents, à partir de Lusaka et spécialement dans la zone industrielle de Kafué, sont pollués par les usines de textiles, d'engrais azotés, de construction en plastiques et de fabrication de levure, ainsi que par une tannerie. Ils ont conclu qu'en général la pollution n'est pas encore un problème sérieux, quoiqu'il n'ait pas été effectué d'études détaillées sur les effets des déversements de déchets sur la vie aquatique, et que la situation soit tout juste sous contrôle. En aval de la zone des industries extractives, il y a eu des destructions de poissons et il a été signalé que les quantités capturées sur une section de 10 à 15 km sont très faibles. En ce qui concerne les caractéristiques qualitatives des eaux, les concentrations de divers agents de pollution, y compris le cuivre dissous, ont diminué au cours de la période 1971–78 (Kaoma et Salter, 1979) et les données fournies par les industries extractives (J.A. Charman, comm. pers.) pour la période de juin à décembre 1979 indiquent de nouvelles réductions par rapport aux mêmes mois des années précédentes. Toutefois, on ne possède pas de données sur les effets du cuivre et ceux d'autres caractéristiques de qualité des eaux sur les espèces locales de poissons, quoique l'on ait quelques renseignements sur les besoins d'oxygène dissous de certaines d'entre elles (University of Idaho et al., 1971). Il y a égalemant eu des destructions de poissons dans le fleuve, en aval de la ville de Kafué, et on s'est particulièrement inquiété (par exemple Kaoma et Salter, 1979) des effets des déchets azotés provenant de la ville de Kafué sur l'eutrophisation dans le fleuve et, par suite, de la possibilité d'un abaissement encore plus marqué de la concentration d'oxygène dissous, un abaissement étant déjà observé normalement pendant les deux périodes de crue de l'année. Mais la question n'a pas encore été étudiée.

Parmi les faits nouveaux récents, on peut signaler l'implantation de deux usines de papier et la possibilité d'installation d'une usine de laminage de l'acier.

La politique industrielle définie dans le plan pour 1979–83 est d'investir proportionnellement moins que précédemment dans les industries extractives, en particulier celle du cuivre (qui conservera toutefois la première place), et d'exploiter les autres ressources minérales, d'accroître la production d'énergie à partir du charbon et implanter de petites industries, y compris des usines de transformation du cuivre, ainsi que des usines de transformation de produits agricoles tels que le sucre dont la production devrait augmenter.

3.1.5.4 Conclusions

L'urbanisation et le développement industriel sont extrêmement importants le long du Kafué et des effets nocifs sur les poissons ont été observés dans les biefs supérieurs du fleuve, dans la zone productrice de cuivre, ainsi que dans les biefs inférieurs à proximité du domaine industriel de Kafué. Au niveau national, les problèmes ne sont pas jugés graves, mais aucune étude détaillée n'a été effectuée. Les autorités ne disposent pas des moyens nécessaires pour surveiller la qualité des effluents et celle des eaux courantes et, pour le moment, elles s'en remettent aux industries extractives pour s'acquitter de cette tâche à proximité des mines. La législation anti-pollution est généralement jugée peu satisfaisante et sa révision, ainsi que l'examen de propositions en vue de coordonner au niveau national le contrôle de la pollution des eaux et celui de la pollution de l'environnement, retiennent l'attention au plus haut point.

3.1.6 Malawi

Le contrôle des déversements dans les eaux naturelles incombe, en vertu du décret de 1972 sur les ressources hydriques, à l'Office des ressources en eau du Département des terres (évaluation) et des eaux. Les demandes de captage de l'eau doivent être adressées à l'Office qui peut imposer des conditions en ce qui concerne l'évacuation des effluents. Les directives provisoires en vue de l'élaboration de normes sur les effluents concernent la demande biochimique en oxygène, les solides en suspension, le total des solides dissous et les substances toxiques en tant que catégorie générale. Des redevances sont perçues pour l'utilisation de l'eau; leur montant est en fonction du type d'utilisation et de la catégorie à laquelle appartiennent les eaux où sont déversés les effluents (le plus fort coefficient étant attribué aux lacs, aux plans d'eau fournissant de l'eau potable et à ceux où il existe des pêcheries), du degré auquel les effluents s'écartent des normes, du volume des effluents (en vue d'encourager les économies d'eau et de limiter la quantité d'effluents) et de la dilution possible dans les conditions d'écoulement par temps sec (qui est prise en considération en sus du volume des effluents); il n'est pas encore explicitement tenu compte des processus d'autopurification dans les cours d'eau (voir annexe 3). L'un des avantages du système de redevances est qu'il s'applique à la fois aux districts ruraux et urbains.

Le traitement et l'évacuation des eaux usées incombent aux conseils locaux qui, au titre du Décret sur la santé publique, sont habilités à contrôler l'évacuation de déchets industriels dans les égouts; les déversements provenant des égouts sont eux-mêmes contrôlés par le Conseil.

Une équipe du PNUD qui examine actuellement un plan directeur pour les ressources en eau du Malawi sera étoffée en 1981 par un spécialiste des questions juridiques qui formulera des avis en vue d'une révision de la législation sur les eaux. Les programmes actuels d'évacuation des eaux usées ne sont pas pour le moment automatiquement liés à un tel plan directeur, mais on ne pense pas que l'aménagement hydraulique des zones rurales aboutisse à une augmentation notable des quantités d'eau usées évacuées par voie d'eau et on estime même que, dans certaines villes, les fosses septiques conserveront probablement leur importance.

Il existe actuellement des plans en vue de renforcer les compétences techniques du Département des eaux; le but est d'assurer sur une plus grande échelle le contrôle qualitatif et la surveillance continue des effluents, en faisant appel à des laboratoires centraux et régionaux, dont l'un devrait bientôt commencer de fonctionner à Blantyre. Le premier impératif est le recrutement de personnel ayant reçu une formation intensive de durée relativement brève (trois à six mois). Il serait souhaitable d'avoir à disposition davantage de compétences techniques pour ce qui concerne les processus d'auto-épuration dans les eaux naturelles, en sorte qu'ils puissent être pris en considération pour l'élaboration des normes sur les effluents, pour la formulation des critères de qualité des eaux destinées à des usages déterminés et pour la technologie du traitement des déchets industriels; on souligne toutefois qu'il ne s'agit pas d'offrir des services d'expertise-conseil à l'industrie, mais simplement de mieux se rendre compte des perspectives et limitations en matière de contrôle de l'utilisation des eaux et du traitement des eaux usées et, dans les rapports avec l'industrie, d'être en mesure d'offrir, le cas échéant, des avis informels.

Magasa (1978) a donné un aperçu de la pollution des eaux au Malawi et il a conclu qu'elle ne soulève pas encore de problèmes sérieux car il existe des systèmes d'épuration des eaux usées dans les zones urbaines et les industries sont encore peu développées; elles se concentrent principalement à Blantyre, qui restera probablement la capitale commerciale. En outre, le cours d'eau récepteur, le Shire, est important et rapide.

Les principales industries sont celles qui transforment des produits agricoles, citons par exemple des usines textiles, une raffinerie de sucre avec une usine d'éthanol associée et des conserveries; il existe des plans en vue de la création d'une tannerie et peut-être d'une usine de pâte. Dans ce dernier cas, des études de base ont été entreprises au voisinage d'un lieu de déversement possible des effluents dans le lac Malawi et plusieurs options en matière de traitement et d'évacuation des déchets sont à l'examen, y compris l'utilisation d'étangs de retenue des poissons qui serviront à la fois pour la surveillance continue de la qualité des effluents et pour la production de poisson. Le développement industriel est actuellement encouragé à Lilongwe et un plan de cinq à dix ans est en cours de préparation pour l'ensemble du pays; il prendra en considération les groupes d'intérêts concernés, y compris les pêches. Parmi les développements prévus pourraient figurer la production de ciment, celle de bauxite celle d'une plus grande quantité de caoutchouc et, même, à long terme, celle de charbon.

3.1.6.1 Conclusion

La pollution ne soulève pas de problèmes sérieux, car il existe des installations d'épuration des eaux usées; l'industrie est peu développée et les déversements sont rigoureusement contrôlés dans le cadre d'un système de redevances établies en fonction de la qualité et du volume des effluents, ainsi que du volume d'eau disponible pour la dilution. La législation sur les eaux doit néanmoins être revue et il existe également des plans en vue de renforcer les compétences techniques dont dispose le Département des eaux et en vue d'installer les laboratoires nécessaires pour améliorer la surveillance continue et le contrôle de la qualité des effluents.

3.2 Pesticides

3.2.1 Soudan

Le Comité national des pesticides veille à l'observation du Décret sur les pesticides de 1974 qui réglemente tous les aspects de l'utilisation de ces produits, y compris l'importation, l'homologation et les essais pratiques (El Tigani et al., 1980). Il se tient en étroite liaison avec la Coopération pour la recherche agricole, au sein de laquelle il existe un Département de la protection des plantes et un Centre de recherche halieutique.

George et El Moghraby (1978) ont fait le point de la situation en matière d'utilisation et de contrôle des pesticides, dans l'optique des intérêts de la pêche.

Les pesticides sont principalement employés dans la vaste zone de terres irriguées de la Gézireh, au sud de Khartoum, qui se trouve entre le Nil bleu et le Nil blanc; elle produit à peu près la moitié du coton dont l'économie soudanaise dépend à un degré si important. Ces terres sont normalement soumises à des traitements intensifs, consistant en applications répétées de divers pesticides, à la dose totale d'à peu près 4 kg/ha/an. Les canaux d'irrigation contiennent des poissons qui sont périodiquement détruits, par suite en partie des pulvérisations directes, de la dérive des produits pulvérisés et du lavage des conteneurs vides et des vêtements dans les canaux. Le poisson est exploité par la pêche de subsistance, bien que ce ne soit pas là l'utilisation prévue. Des concentrations assez élevées de résidus de pesticides ont été trouvées dans les poissons, mais il n'existe pas et, pour autant que l'on sache, il n'est pas prévu de programme régulier de surveillance continue systématique. Des concentrations modérément élevées de résidus ont également été trouvées dans les tissus adipeux des habitants de la zone, ainsi que dans le lait des femmes, mais aucune étude épidémiologique n'a encore été entreprise; leurs niveaux sont comparables à ceux observés dans les pays développés.

L'utilisation des canaux d'irrigation pour l'aquaculture a été envisagée (George, 1976), mais on estime nécessaire de procéder à un examen plus approfondi des concentrations de pesticides présentes avant de poursuivre l'étude de cette possibilité.

Depuis quelques années, on a tendance à employer les pesticides les plus sélectifs et les moins persistants et on n'a pas observé d'augmentation sensible de la quantité totale utilisée, probablement parce que les nouveaux produits coûtent plus cher que le DDT. En outre, le Centre de recherche halieutique, avec l'aide de la FAO, s'efforce résolument de mettre au point un programme de lutte intégrée contre les ravageurs dans lequel les pesticides ne seront pas obligatoirement la principale arme utilisée, ainsi que de mettre en place sur le terrain des équipes de travail chargées de superviser les opérations de pulvérisation aériennes en vue d'empêcher l'emploi de doses excessives.

Pour lutter contre les moucherons aquatiques, contre les moustiques et contre les escargots qui sont les hôtes intermédiaires dans la propagation de la bilharziose, on utilise aussi actuellement des composés chimiques relativement peu toxiques pour les poissons. Toutefois, les produits efficaces contre les oeufs et les cercaires des schistosomes sont également très toxiques pour les poissons. L'Organisation mondiale de la santé s'est penchée sur la question (WHO, 1978) et elle a conseillé la prudence et la sélectivité lorsque l'on utilise des pesticides en vue de lutter contre le paludisme; elle a préconisé de les employer uniquement comme intermédiaires pour empêcher et éliminer en permanence la reproduction des vecteurs; en ce qui concerne les schistosomes, l'OMS a exprimé sa préférence pour des méthodes d'aménagement de l'environnement, plutôt que pour l'emploi de pesticides.

Des recherches ont été effectuées à l'Université de Khartoum sur la toxicité létale aiguë des pesticides pour les poissons et des travaux complémentaires sont prévus en vue d'étudier les effets à long terme.

Le Centre de recherche halieutique expérimente aussi sur l'utilisation de la carpe chinoise (Ctenopharyngodon idella) pour lutter contre les plantes adventices aquatiques dans les canaux d'irrigation et les résultats suggèrent que ce poisson pourrait également être utile pour combattre les populations d'escargots vecteurs de schistosomes.

Ailleurs sur les terres irriguées situées en dehors de la Gézireh, les répercussions possibles sur les pêcheries de l'utilisation de pesticides sont généralement de moindre envergure, et résultent normalement de pulvérisations moins fréquentes sur le coton. Toutefois, il existe aussi un mode d'utilisation mineur des pesticides, mais à fortes doses et relativement incontrôlé, à savoir les applications effectuées sur de nombreuses petites parcelles maraîchères sur les rives du Nil Blanc.

L'une des principales causes d'introduction de pesticides dans l'eau, quoiqu'elle ait existé pendant peu de temps, chaque année, a été l'utilisation de 2,4-D pour lutter contre la jacinthe aquatique (Eichhornia crassipes) dans la portion du Nil Blanc longue de 1 800 km qui va de Juba à Jebel Aulia, où ce produit a été pulvérisé à la dose de 4,4 kg/ha. Il semble que l'écosystème tout entier ait été affecté (El Moghraby, 1975) et il y a eu dans le passé des mortalités massives de poissons 1969). Certains considèrent que les herbicides seront dans l'avenir les produits les plus dangereux pour les pêcheries et qu'ils justifient des recherches complémentaires. Le programme de pulvérisations visant la jacinthe aquatique est maintenant contrôlé par une administration des pêches distincte, qui est basée à Juba.

Quoiqu'il ait été allégué (University of Zambia, 1973) que la qualité des eaux souterraines du Soudan s'est ressentie de l'utilisation d'engrais chimiques, aucune confirmation n'a été obtenue.

3.2.2 Kenya

A l'heure actuelle, le Gouvernement ne donne pas d'avis (ne distribue pas de tracts, par exemple) en vue d'assurer une utilisation et une évacuation sans danger des pesticides; il existe cependant un comité sur les pesticides, où sont représentés les fabricants, qui fournit des services de vulgarisation répondant en partie à cette nécessité et s'occupe par exemple, de l'évacuation sans danger des bains antiparasitaires. Toutefois, le Gouvernement a examiné la question et une nouvelle Loi sur les pesticides est à l'examen au Parlement. On envisage également d'interdire certains composés chimiques tels que le DDT, la dieldrine et l'aldrine (Kenya, National Environment Secretariat, 1979), mais Meadows (1980) a fait ressortir qu'il importait d'examiner la toxicité aiguë pour le poisson des produits de remplacement moins persistants.

On utilise actuellement à peu près 5 000 t de pesticides par an sur une étendue relativement réduite où sont cultivés le café, le coton, le maïs et les plantes horticoles, ainsi que sur les superficies irriguées (Mbote, 1979). L'utilisation de pesticides sur certaines cultures, par exemple le blé, est peut-être influencée par le subventionnement présent, mais on considère généralement qu'elle s'intensifiera, en dépit de la hausse des coûts.

Les pesticides et leurs produits de dégradation ont été retrouvés dans l'eau et les organismes aquatiques, y compris le poisson (Kallquist et Meadows, 1977) et l'on craint que les concentrations n'approchent les niveaux susceptibles de provoquer des effets nocifs. Pour le moment cependant, il n'y a pas de surveillance systématique des charges corporelles. En outre, on ne possède pratiquement aucune donnée sur les effets nocifs possibles des herbicides aquatiques employés dans les zones rurales (Meadows, 1980).

3.2.3 Burundi

Il ne semble pas qu'il y ait de programme d'évaluation préalable des pesticides en vue d'assurer leur utilisation sans danger. Ils sont principalement employés sur les cultures pratiquées dans la plaine du Rizizi (Autrique, 1977) et on continuera probablement de le faire, et même dans une mesure croissante, car les plans du Gouvernement visent encore toujours à attirer vers cette zone la population des collines surpeuplées de la région centre-nord. Le fleuve Rizizi se déverse dans la partié septentrionale peu profonde du lac Tanganyika, et l'on craint que les pêcheries ne puissent être affectées pour les pesticides entraînés par les eaux de ruissellement, d'autant plus que les alevinières de certaines espèces importantes se trouvent relativement près du rivage.

Des échantillons de poissons ont été examinés en 1971 et 1972 en vue de déterminer leur teneur en pesticides (par exemple Deelstra, 1977). Quoique les concentrations trouvées n'aient pas été préoccupantes, il n'a pas encore été entrepris de programme régulier de surveillance continue en vue de déterminer des tendances éventuelles; des travaux complémentaires, pour lesquels les fonds nécessaires ont été trouvés, sont toutefois prévus. L'Université du Burundi (ou peut-être la REGIDESO) pourrait procéder aux analyses chimiques nécessaires, sous réserve que le Burundi prenne des mesures administratives appropriées. Fryer (1972) a attiré l'attention sur la très longue durée du renouvellement des eaux pour une énorme masse d'eau comme le lac Tanganyika, dont la décharge est réduite, et sur le fait qu'une accumulation de produits chimiques persistants à des concentrations toxiques pourrait donc se prolonger pendant des siècles, ce qui rend indispensable la prévention de la pollution car sans cela des mesures correctives pourraient être pratiquement inévitables. Il est clair que les enseignements dégagés de la lutte contre l'accumulation de pesticides dans les lacs nord américains trouveraient ici leur application.

3.2.4 Tanzanie

Il n'existe pas de procédure officielle d'approbation des pesticides pour utilisation en Tanzanie, mais l'Institut de recherche sur les pesticides utilisés dans les zones tropicales, qui a été créé en octobre 1979, est chargé de l'homologation de ces produits et, ce faisant, il se propose de recueillir des données sur leurs propriétés, y compris leur toxicité pour les poissons. Il est habilité à effectuer des recherches sur la pollution de l'environnement et à veiller à l'observation des règlements concernant la supervision, le contrôle et la distribution des pesticides.

Les pesticides ne sont pas très largement utilisés en agriculture. Dans la région centrale, on a employé à peu près 5 t de phénothion par an pour combattre les oiseaux du genre quelea. Dans la région de Kigoma, à l'ouest, on a signalé que du DDT à 5 % a été appliqué au maïs à raison de 75 t par an; comme il y a eu un déversement accidentel pendant le transbordement dans le port de Kigoma, on se demande s'il ne pourrait pas avoir des conséquences plus néfastes pour les pêcheries du lac Tanganyika que le ruissellement des pesticides utilisés en agriculture. En 1979, un projet spécial de lutte contre la mouche tsé-tsé a été entrepris dans la partie nord-ouest du pays, entre le Rwanda et le lac Victoria, dans le cadre d'une nouvelle expérience d'élevage extensif du bétail qui prévoyait cinq pulvérisations aériennes d'endosulfan à la dose de 6–8 g/ha à intervalles de 14 jours; les lacs Ihimpa et Burigi se trouvent dans la zone concernée mais les effets secondaires possibles sur les poissons n'ont pas été étudiés; toutefois, ce projet a maintenant été abandonné. Dans la zone proche de Nbozi à proximité de la partie nord du lac Nyasa, des fongicides à base de cuivre ont été employés à très fortes doses sur le café: les conséquences sont déjà préoccupantes, car les rendements ont diminué en raison des fortes concentrations accumulées dans le sol, mais on ne possède aucun renseignement concernant les effets de ces traitements sur les eaux drainant la zone et sur les pêcheries.

Un programme de surveillance continue des concentrations de pesticides dans les poissons du lac Tanganyika, ainsi que des travaux complémentaires sur la toxicité de certains pesticides pour les espèces indigènes de poissons, sont prévus ou seront entrepris par le Centre faisant partie de l'Institut des pêches qui se trouve à Kigoma, lorsque l'on disposera du personnel voulu. Il y a d'ambitieuses propositions en vue d'examiner les effets des pesticides sur la croissance et la fécondité des espèces indigènes de poissons qu'il n'a pas été possible d'élever en captivité pendant de longues périodes, et elles attendent d'être analysées.

3.2.5 Zambie

En Zambie, il n'existe pas de législation régissant spécifiquement les utilisations des pesticides, mais le Ministère de l'agriculture (et de la mise en valeur des ressources en eau) a pris en 1976 l'initiative de créer un comité du contrôle des pesticides qui s'occupe des questions de législation et de sécurité, et le Ministère lui-même fournit certains avis sur les précautions à prendre pour l'utilisation des pesticides; toutefois, les activités de vulgarisation et les services aux exploitants agricoles sont surtout le fait des sociétés commerciales qui distribuent les composés chimiques. Le projet de Décret sur la conservation de l'environnement que prépare actuellement le Ministère des terres et des ressources naturelles contient également des directives concernant la prévention de la pollution par les pesticides, et ce Ministère a été consulté par le Ministère de l'agriculture qui souhaitait son agréement pour autoriser l'emploi des pesticides.

Kaoma et Salter (1979) ont examiné les conditions d'emploi des pesticides en Zambie et ils ont indiqué que, dans la zone de Mazabuka à proximité du fleuve Kafué, les risques liés à la pollution des eaux sont relativement importants, car ces produits sont appliqués en grandes quantités au mais, à la canne à sucre et à d'autres cultures, le bétail est très nombreux et les exploitations agricoles sont drainées par une série de cours d'eau parallèles qui se déversent dans les marécages formés par le Kafué. Les pulvérisations aériennes d'endosulfan en vue de combattre la mouche tsé-tsé, se sont également concentrées à proximité; par exemple à côté de Mapanza et de Macha, au sud du fleuve Kafué, et près de Mumbwa vers le nord. On a signalé que les doses d'application étaient occasionnellement supérieures à celles prévues dans le programme.

Aucun travail de surveillance des concentrations de pesticides dans le poisson n'a encore été entrepris en Zambie, mais l'Office zambien de lutte contre la mouche tsé-tsé, au Ministère de l'agriculture et des affaires hydriques, entreprendra des analyses sur quatre espèces communes de poissons et de crustacés dont le personnel FAO exécutant le programme de lutte contre la mouche tsé-tsé s'occupe actuellement de collecter des échantillons, sous réserve de recevoir l'aide financière nécessaire pour les services de l'expert étranger. Le DDT et son métabolite ont déjà été décelés dans des poissons témoins. Le Conseil national de la recherche scientifique prévoit également un programme sur les pesticides dans l'environnement - y compris les eaux, les poissons et la vase -qu'il a l'intention de mettre en oeuvre avec l'aide d'un expert étranger déjà en poste qui s'occupera de former le personnel local.

Wessels et al., (1980) ont déterminé les quantités d'insecticides à base d'hydrocarbures chlorés présentes dans les oeufs des crocodiles (Crocodilus niloticus) vivant dans le lac Kariba et dans le Zambèze en amont du lac, et ils ont trouvé des concentrations relativement élevées de HCH et de DDT dans le second cas, ce qui montre la nécessité d'étudier de manière approfondie le devenir de ces pesticides dans l'optique de la mise en valeur des pêcheries lacustres; les concentrations de résidus de DDT, mais non de HCH, correspondaient à celles trouvées à la suite d'applications terrestres dans des conditions connues au Zimbabwe. Quoiqu'une analyse récente de diverses espèces de poissons du lac Kariba ait indiqué la présence de faibles concentrations de pesticides organochlorés, il faudra analyser chaque fois que possible d'autres échantillons afin de recueillir davantage de renseignements généraux et, peut-être, faciliter la délimitation des zones critiques (T. Tannock, comm. pers.).

3.2.6 Malawi

Le Ministère de l'agriculture et des ressources naturelles exige une évaluation préliminaire des pesticides et il publie des avis pour assurer leur utilisation sans danger, par exemple dans des manuels consacrés à la protection des cultures (Mattews et al., 1974) et aux usages vétérinaires, où l'on trouve des avertissements quant à la toxicité pour les poissons. Le Ministère a récemment préparé une version préliminaire de réglementations applicables aux pesticides au titre du Décret sur l'agriculure, les engrais, les aliments et médicaments pour animaux, imposant de strictes conditions d'homologation de tous les pesticides utilisés dans le pays et exigeant la fourniture de renseignements sur leurs propriétés, y compris la toxicité pour les poissons.

Des plans avaient été établis pour que le Département des pêches procède à toutes les épreuves nécessaires dans des étangs, en utilisant des espèces indigènes, mais le projet est maintenant en suspens en raison du manque de fonds. Pour la même raison, une proposition de projet en vue de l'établissement d'un laboratoire de recherche qui s'occuperait de toutes les analyses de pesticides au Malawi, a également été omise pour le moment de l'actuel programme quinquennal.

Les pesticides sont surtout employés sur le coton cultivé le long du rivage du lac et, plus particulièrement, dans la vallée du Shire; mais d'autres cultures sont également traitées, notamment le tabac, le maïs et le thé. Les pêches sont importantes dans la vallée du Shire, leur production étant d'à peu près 12 000 t par an sur un total de 70 000. Entre 1973 et 1978, des spécimens de poissons du Marécage de l'Eléphant à proximité des zones cotonnières, ainsi que du Lac Makoka à proximité de la Station de recherche agricole, ont été prélevés et analysés en vue de déterminer leur teneur en DDT (Pickering, Cox et Donegan, 1980). Les concentrations de DDT et de ses métabolites qui ont été trouvées sont généralement trop faibles (moins de 0,05 mg/kg en moyenne dans les muscles) pour être préoccupantes; une quantité relativement importante a cependant été trouvée (2,7 mg/kg) dans les ovaires d'un spécimen de l'espèce Clarias gariepinus et l'on peut se demander si cette concentration est assez élevée pour avoir des effets nocifs sur la reproduction.

3.2.7 Résumé et conclusions

Les pesticides sont de plus en plus largement utilisés. Ils ont été la cause de destructions non désirées de poissons et on en a trouvé dans les tissus des poissons, quelquefois à des concentrations préoccupantes pouvant approcher les niveaux qui ont des effets nocifs à long terme ou des effets sublétaux. Relativement peu de test ont été effectués pour mesurer la toxicité des pesticides pour les espèces africaines de poissons, et aucun test de longue durée ni programme de surveillance continue des concentrations présentes dans le poisson n'a encore été mene à bien, quoique plusieurs propositions dans ce sens soient en attente. Cette situation exige des mesures correctives. Quelques-uns, mais non pas tous les pays, ont un système d'évaluation préliminaire qui leur permet de se rendre compte de l'innocuité des pesticides, de formuler des avis en vue de leur utilisation sans danger et, notamment, de donner des renseignements sur une toxicité pour les poissons.


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