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OUVERTURE DE LA SESSION

1. Le Sous-Comité CPCA pour la protection et le développement des pêches dans la zone sahélienne a tenu sa cinquième session au Novotel de Banjul (Gambie) du 6 au 10 décembre 1993. Y ont participé des représentants des huit pays membres du Sous-Comité et un observateur de la Banque africaine de développement. La liste des délégués et observateur figure à l'annexe C.

2. Dans ses remarques liminaires, M. C. Joof, Secrétaire principal adjoint au Ministére des ressources naturelles, a souhaité la bienvenue à tous les délégués et à l'observateur, en mentionnant plus particulièrement le Nigeria qui est récemment devenu membre du Sous-Comité. Il a également souhaité la bienvenue au personnel venu du Siège de la FAO et du Bureau régional de la FAO pour l'Afrique.

3. M. B.F. Dada, Directeur de la Division des politiques et de la planification du Département des pêches de la FAO, a pris la parole au nom du Directeur général de l'Organisation. Il a exprimé les remerciements de la FAO et de tous les délégués au Gouvernement de la République de Gambie pour son aimable invitation à tenir la session à Banjul.

4. M. Dada a informé le Sous-Comité des préoccupations exprimées par la Conférence de la FAO à sa vingt-septiéme session, qui vient de se conclure, au sujet de la dégradation de la situation de la sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne et il a souligné que le poisson joue un rôle important dans l'alimentation en Afrique, avec une part de plus de 50 pour cent dans la consommation de protéines animales de la région. Il a fait observer que les ressources halieutiques pourraient contribuer bien davantage aux approvisionnements alimentaires et au bien-être économique général du continent qu'elles ne le font actuellement. Le secteur des pêches continentales, avec une production estimée à 130 000 tonnes par an depuis 1988, a apporté une contribution majeure au développement de la sous-région du Sahel, en termes de revenu, d'emploi et d'autosuffisance alimentaire.

5. M. Dada a attiré l'attention sur un certain nombre de facteurs affectant les pêcheries de la zone sahélienne - notamment les variations hydroclimatiques, la construction de barrages hydroélectriques et la création de réservoirs artificiels - et leurs effets socio-économiques sur les pêcheurs. Il a souligné qu'il incombe à tous les pays membres, aux groupements économiques et aux donateurs de soutenir activement le Sous-Comité pour lui permettre d'atteindre ses objectifs eu égard à l'élaboration de programmes dans les domaines de la formation, de la recherche, de la planification du développement et de l'aménagement des pêcheries.

6. Au nom du Ministre des ressources naturelles, la session a été officiellement ouverte par M. Sulayman Samba, Secrétaire permanent par interim, qui a présenté ses félicitations à M. Jacques Diouf pour son élection aux hautes fonctions de Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture. Il a assuré l'Organisation du soutien permanent du Gouvernement de la République de Gambie.

7. M. Samba a souligné l'importance que la Gambie attache à sa qualité de membre du CPCA et de son Sous-Comité pour la protection et le développement des pêches dans la zone sahélienne. On ne saurait surestimer la contribution que le secteur des pêches peut apporter au développement de l'économie gambienne. Le Gouvernement accorde donc une haute priorité au développement planifié de ses pêches industrielles et artisanales.

8. M. Samba a souligné le rôle des pêches artisanales dans le développement économique de son pays, et il a fait état des progrès impressionnants réalisés dans ce secteur avec l'aide multilatérale ou bilatérale de la FAO, de la CEE et des Gouvernements japonais et italien.

ELECTION DU PRESIDENT ET DES VICE-PRESIDENTS

9. Le Sous-Comité a élu à l'unanimité M. Ousman Drammeh, Directeur des pêches de la Gambie, aux fonctions de Président, et MM. V.O. Sagua (Nigeria) et Moriba Koné (Mali) à celles de Vice-Présidents.

ADOPTION DE L'ORDRE DU JOUR ET ORGANISATION DE LA SESSION

10. L'ordre du jour reproduit à l'annexe A a été adopté. La liste des documents présentés figure à l'annexe B.

SUITE DONNEE AUX PRINCIPALES RECOMMANDATIONS DU SOUS-COMITE

11. Le Secrétariat a résumé les initiatives qui ont été prises jusqu'à maintenant en application des recommandations de la quatriéme session, tenue à Conakry (Guinée) du 7 au 10 mai 1990, ainsi que d'autres activités connexes conduites au cours de l'intersession.

12. Le Sous-Comité a noté qu'une étude de base et un document de projet pour la planification, l'aménagement et le développement des pêches dans les pays du Sahel avaient été préparés aux fins d'examen au point 5(b) de l'ordre du jour. Aucune disposition n'a été prise en ce qui concerne la préparation d'un répertoire régional annoté des législations des pêches dans les pays du Sahel, car beaucoup d'entre eux sont en train de réexaminer leurs réglementations.

13. Le Sous-Comité a également noté avec satisfaction que la FAO a redoublé d'efforts au cours de l'intersession pour aider les pays membres à formuler des plans de développement sectoriel. Une mission d'identification, envoyée sur le terrain en Guinée en 1991 pour évaluer la situation actuelle en matière de pêches continentales, a formulé un projet, actuellement examiné par les donateurs, en vue de l'élaboration d'un plan directeur détaillant les aspects à considérer en priorité pour la relance de ce secteur. Un appui technique a été apporté au Mali en 1993 pour la formulation d'un projet visant à planifier le développement des pêches et de l'aquaculture, et pour l'élaboration de plans d'aménagement pour les principales pêcheries. Le projet devrait être mis en oeuvre en janvier 1994 avec un financement du PNUD. Au milieu de l'année 1993, au titre du Programme de coopération technique de la FAO, le Burkina Faso a recu une aide pour entreprendre un examen détaillé et complet du secteur des pêches, et formuler sur cette base une stratégie de développement et un programme d'action à court et moyen termes. Une assistance analogue a été fournie au Tchad à la fin de 1993. Une autre forme de soutien importante apportée à la sous-région en mars–avril 1993 a été l'envoi sur le terrain d'une mission chargée d'analyser les principaux effets des changements climatiques sur les pêcheries du Sahel, effets dont la synthèse a été présentée dans le document CIFA/PD:S/93/7 examiné au point 5 (b) de l'ordre du jour.

14. Le Sous-Comité a été informé que plusieurs pays membres ont entrepris de réviser leurs législations en matière de pêches. Avec l'aide de la FAO, des examens détaillés de ces législations ont été entrepris en Gambie en 1991 et au Burkina Faso en 1993. Le Mali est en train de reformuler ses instruments juridiques et sollicite une aide pour élaborer des réglementations. En outre, on a également noté que le Sénégal a élaboré un plan d'action forestier tropical qui comprend une composante pêche continentale et pisciculture. En outre, le Mail et le Sénégal ont sollicité l'appui de la FAO pour une réadaptation de leur législation concernant les pêches continentales.

EVALUATION DES EFFETS DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES RECENTS SUR LES PÊCHERIES DE LA ZONE SAHELIENNE

15. M. Sagua, Consultant FAO, a présenté son rapport, intitulé “Effets des changements climatiques sur les pêcheries du Sahel”. Ce document (CIFA/PD:S/93/7) fait, entre autres, l'historique du régime pluvial dans les trois principaux bassins hydrographiques de cette zone. Il y a eu depuis le début du siècle une série d'épisodes de sécheresse dont le plus récent (de 1970 à l'heure actuelle) a été de loin le plus grave et le plus prolongé.

16. Des corrélations ont été établies entre le régime des précipitations, les conditions hydrologiques et les captures de poisson dans tous les bassins. Une corrélation particulièrement bonne a été trouvée entre les moyennes mobiles sur une période de trois ans, respectivement de la production de poisson du Delta central du Niger et du débit du fleuve. Pour ce qui est du bassin du Tchad, les corrélations sont compliquées par la manière différente dont les composantes lacustres et fluviales des pêcheries réagissent aux variations des conditions. Les modèles proposés sont basés sur des séries incomplètes de données sur les pêcheries, et il faudra continuer à recueillir des informations pour être à même de faire à l'avenir des analyses et des prévisions plus précises.

17. Quelques évaluations des effets des réservoirs sur les rendements en poisson des cours d'eau, ainsi que des effets des changements climatiques sur les réservoirs, ont été présentées. Toutefois, les données disponibles sont loin d'être complètes et il faudra effectuer des études supplémentaires pour évaluer la contribution de ces structures artificielles au système considéré dans son ensemble.

18. Le Secrétariat a fait ressortir que la nature de la corrélation entre les crues et les captures indique que les assemblages de poissons vivant dans les cours d'eau du Sahel résistent extrêmement bien aux changements climatiques, même lorsqu'il y a une intense pression d'exploitation par pêche. La reconstitution des assemblages consécutive à des années de meilleures pluies signifie que, pour le moment, les systèmes ne sont pas surexploités. Ils en courent néanmoins réellement le risque au cas où des conditions climatiques défavorables persisteraient en association avec une forte exploitation et en l'absence de mesures d'aménagement appropriées.

19. Les corrélations établies font aussi clairement apparaître l'importante contribution des zones humides liées aux fleuves au maintien de la productivité des pêcheries. Aucun effort ne devrait être négligé pour conserver les zones humides existantes et régénérer celles qui ont déjà subi des modifications.

20. Au cours des échanges de vues qui ont suivi, le Sous-Comité a fait ressortir que de nouvelles études sont nécessaires pour préciser le rôle du cours supérieur des principaux fleuves dans la productivité de leurs pêcheries, ainsi que pour définir les variables écologiques y relatives. On a également estimé que l'impact de barrages tels que ceux de Sélingue et Markala est plus grave que l'étude présentée ne l'indique. Il y a donc lieu de prendre en considération les intérêts de la pêche lors de l'évaluation préliminaire des effets des barrages avant leur construction. Les effets en amont des barrages devraient aussi être examinés avec un soin particulier.

21. L'attention a été attirée sur le probléme de l'infestation du fleuve Niger par la jacinthe d'eau au Niger, infestation qui progressera probablement en aval jusqu'au barrage de Kainji et jusque dans les ramifications du fleuve au Nigeria. La lutte contre cette plante adventice nécessite une collaboration entre les deux pays concernés. On a également reconnu l'importance du problème de la pénétration d'eau salée dans les systèmes côtiers et celle des effets de la réduction du débit des cours d'eau sur la productivité des pêcheries marines. L'étude de ces questions devra également être poursuivie.

22. Le Sous-Comité s'est félicité de la préparation de ce rapport dont il a apprécié la haute teneur scientifique, et qui servira de base pour les nouvelles études identifiées au cours des échanges de vues. Il a recommandé:

  1. de faire précéder tous nouveaux projets de construction de barrages sur des cours d'eau du Sahel d'une évaluation soigneuse de leurs effets possibles sur les pêcheries situées en amont et en aval;

  2. d'intensifier les activités de collecte, d'interprétation et d'analyse de données statistiques sur l'hydrologie et les pêcheries des cours d'eau sahéliens, en vue d'améliorer et perfectionner les modèles existants qui seront utilisés comme instruments d'aménagement;

  3. de publier dans la série des Documents techniques du CPCA le rapport “Effets des changements climatiques sur les pêcheries du Sahel”, convenablement amendé en y incluant des études plus récentes sur le lac Tchad.

EXAMEN DU DESCRIPTIF RELATIF AU PROJET SOUS-REGIONAL DE PLANIFICATION DES PECHES ET D'AMENAGEMENT DES RESSOURCES DANS LA ZONE SAHELIENNE

23. Le Secrétariat a présenté la version préliminaire du descriptif du projet régional “Aménagement et planification du développement des pêches continentales au Sahel”. Le Sous-Comité a été informé que ce projet avait été formulé en application d'une recommandation de sa quatrième session en prenant en considération tous les aspects essentiels de l'action à mener pour surmonter les principales difficultés, communes à tous les pays du Sahel, que soulèvent l'aménagement et la planification du développement des pêches.

24. On a fait ressortir que les administrations des pêches de la zone sahélienne n'ont pas les moyens (humains, financiers et matériels) d'atteindre leurs objectifs et que l'insuffisance des effectifs du personnel qualifié de haut niveau est l'un des principaux obstacles à la conduite de recherches, ainsi qu'à la fourniture d'avis en matière d'aménagement et à l'application de mesures correspondantes. Le projet a été élaboré en vue de résoudre ces problèmes. Son objectif à long terme est l'aménagement rationnel des ressources des eaux intérieures afin que les produits de leur exploitation puissent durablement contribuer aux approvisionnements alimentaires et assurer des avantages sociaux et économiques, dans un cadre général de protection du fragile environnement sahélien.

25. Le Sous-Comité a noté que les principaux résultats du projet régional comprendraient notamment:

  1. la mise en place de systémes nationaux d'information et de collecte et traitement de données statistiques, pour certains types de pêcheries;

  2. la création d'un réseau sous-régional de banques de données pour analyser et diffuser des informations hydrobiologiques, socioéconomiques et autres au sujet des pêcheries du Sahel;

  3. la formulation de plans nationaux d'aménagement pour certaines pêcheries, et la fourniture d'une assistance pour réviser la législation et les réglementations en conséquence;

  4. la fourniture, à la demande des pays, d'une aide pour l'élaboration de plans et projets de développement sectoriel;

  5. le renforcement de la coopération sous-régionale pour la préservation des écosytèmes aquatiques, en vue plus particulièrement d'harmoniser les politiques d'exploitation des ressources halieutiques partagées;

  6. la formation d'experts d'institutions nationales et sous-régionales dans les divers domaines d'activités requis pour parvenir aux résultats précités.

26. Au cours des échanges de vues qui ont suivi, les délégués ont réaffirmé leur volonté de travailler à une plus grande harmonisation au niveau sous-régional des politiques et des plans intéressant le secteur des pêches, et ils ont unanimement approuvé le descriptif de projet proposé.

27. Il a néanmoins été suggéré qu'il faudrait préciser certains aspects de la proposition. Il faudrait en particulier insister davantage sur la protection de l'environnement au Sahel, la sécurité alimentaire et la limitation de l'exode rural.

28. On a noté en outre que la majorité des pays accordent au projet une priorité immédiate, car ils ont récemment adopté des politiques de décentralisation favorisant l'aménagement à l'échelle des communautés, et ont entrepris à cet effet un processus de révision de la législation des pêches. On a toutefois estimé que le plafond budgétaire proposé pour le projet était insuffisant, en particulier pour ce qui a trait au matériel. En outre, la durée prévue du projet a été jugée trop brève pour mener à bien les nombreuses et complexes activités programmées. Certains pays ont estimé que l'élément formation devrait être renforcé. Peut-être pourrait-on envisager par la suite d'élargir la couverture géographique du projet à tous les pays de la commission du bassin du lac Tchad, ainsi qu'à d'autres pays de la zone en général (par exemple Ghana, Bénin, Sierra Leone, etc.). Enfin, le Burkina Faso a indiqué qu'il serait disposé en principe à accueillir le projet régional, en faisant observer, par exemple, qu'un certain nombre d'institutions régionales, y compris le Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS), ont leur siège à Ouagadougou.

29. Le Sous-Comité a recommandé au Secrétariat de tenir compte de ces observations pour mettre définitivement le document de projet en forme et de rechercher, en coopération avec les pays membres, un financement auprès de donateurs appropriés.

COMMERCE DU POISSON DANS LES PAYS DU SAHEL

30. Un mini-séminaire d'une journée a été organisé pour examiner la question du commerce du poisson et les aspects connexes. L'objectif était d'identifier les initiatives qui pourraient être prises aux niveaux national, régional et international pour améliorer les échanges de poisson entre les pays du Sahel, ainsi qu'entre les pays sahéliens et non sahéliens d'Afrique de l'Ouest.

31. Le séminaire a examiné le document CIFA/PD:S/93/2 présenté par le Secrétaire, ainsi que les exposés par pays (CIFA/PD:S/93/CS1 à CS8) qui ont été présentés par les délégués des huit pays membres du Sous-Comité. Des exemplaires du document technique publié par le Bureau régional en juin 1993, présentant une étude de base entreprise par INFOPECHE sur le commerce du poisson dans la région du Sahel, ont également été distribués aux participants.

32. Le séminaire a examiné divers problèmes qui avaient été mis en lumière: offre et consommation de poisson, politique commerciale, crédit dans le secteur après capture, technologie de la manutention et de la transformation du poisson, information commerciale, assurance de qualité, impôts et prélèvements officiels ou officieux.

33. Le séminaire a noté que la consommation de poisson dans les pays du Sahel va de 0,6 kg par personne et par an au Niger à plus de 25 kg par personne et par an au Sénégal, et que les approvisionnements sont extrêmement variables à l'intérieur d'un même pays. La consommation moyenne dans la région du Sahel est d'approximativement 8 kg par personne et par an, la moyenne mondiale étant de 13 kg. Les disponibilités par habitant au Niger et au Burkina Faso ont été jugées trop modiques, en raison de la popularité relative du poisson dans la sous-région, ainsi que du degré relativement élevé de sous-alimentation et de malnutrition. Quelques pays sans littoral ont néanmoins fait observer que des modifications récemment apportées aux systèmes de distribution ont permis d'élargir les réseaux nationaux de distribution, d'exporter moins et d'accroître la consommation intérieure au niveau des villages.

34. Au cours de ses échanges de vues sur la politique commerciale, le séminaire a rappelé le Traité portant création de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO) (1970) dont l'un des objectifs est l'harmonisation des tarifs douaniers entre les Etats membres, en vue de promouvoir le commerce intrarégional. Il a également noté que tous les pays du Sahel, à l'exception du Tchad, font partie de la CEDEAO. Le séminaire a toutefois reconnu que, d'une part le poisson est un produit alimentaire de base dans la zone sahélienne et que, d'autre part, sa distribution est entravée par des impôts élevés, ainsi que par des prélèvements officieux.

35. Le séminaire a recommandé aux gouvernements de collaborer pour tenter de réduire et harmoniser les impôts et les droits officiels, et de prendre en outre des mesures pour éliminer les prélèvements officieux. Afin d'améliorer le commerce intrarégional du poisson, il faudrait notamment mettre en oeuvre les clauses de sauvegarde prévues dans le traité CEDEAO, en particulier celles concernant le Fonds de compensation pour la coopération et pour le développement.

36. Le séminaire a pris note du caractère essentiellement informel du commerce du poisson traité à l'intérieur de la zone, du défaut de données statistiques qui en résulte avec, parallèlement, la difficulté de fournir une assistance à ce secteur. Il a donc été d'avis que les pays du Sahel devraient prendre des dispositions appropriées pour assurer l'enregistrement des opérateurs économiques, tout d'abord pour encourager la création de groupements professionnels (Groupements d'intérêt économique - GIE), puis pour faciliter la surveillance continue du commerce, encourager l'observation des réglementations et faire disparaître les pratiques irrégulières.

37. Le séminaire a accordé une priorité élevée à la mise en place et au financement de systèmes de crédit dans le secteur après capture, pour mieux financer les échanges intra-régionaux. A cet égard, tout en notant les importantes initiatives prévues dans le contexte du Programme régional de la CEE visant à améliorer l'utilisation des captures de poisson des artisans-pêcheurs en vue de définir des programmes convenables pour ce secteur, il a été recommandé que le Sous-Comité prenne contact avec des institutions appropriées pour aider à financer de tels programmes. Le séminaire a également reconnu que la mise en place de ces mécanismes encouragerait en outre les opérateurs économiques à se faire enregistrer auprès des autorités.

38. Le séminaire a souligné qu'il importe d'améliorer la collecte, l'analyse et la diffusion des informations sur le marché pour que la promotion commerciale devienne une réalité. Il faudrait redoubler d'efforts pour mettre directement en contact les importateurs et exportateurs et les transformateurs, par exemple en publiant des listes des opérateurs homologués dans BONGA “Flash-Marché” (en anglais BONGA “Market Flash”). A cet égard, le séminaire a recommandé que la FAO fournisse un soutien additionnel à INFOPECHE pour permettre une couverture plus complète des pays sans littoral de la zone sahélienne.

39. On a fait ressortir que pour intensifier les échanges commerciaux et accroître les recettes des producteurs, il faut améliorer les infrastructures (mise en glace et entreposage réfrigéré) de manière à faciliter une plus large distribution du poisson frais (en glace) depuis les centres de pêche de l'intérieur jusque dans les zones urbaines, ainsi que parmi les groupes à revenu plus élevé, particulièrement dans les pays sans littoral. Le mauvais état général de l'infrastructure routière a été considéré comme un obstacle à toutes les formes de commerce du poisson. Le séminaire a noté avec préoccupation qu'il n'y a guère de signes que les impôts perçus sur le secteur des pêches soient réinvestis dans des infrastructures propres à encourager la croissance de ce secteur ou à faciliter les échanges commerciaux, que ce soit au niveau national ou entre pays voisins. Il a recommandé que les administrations des pêches portent la question à l'attention des autorités appropriées.

40. Le séminaire a reconnu que la qualité d'une grande partie des produits commercialisés dans la région, qu'il s'agisse de poisson frais, congelé ou traité, laisse beaucoup à désirer. Toutefois, les participants ont souligné que nombre des problèmes rencontrés commencent au stade de la capture; des mesures correctives doivent donc être prises à tous les stades, depuis les méthodes utilisées pour la capture jusqu'à la transformation, au conditionnement et au transport, en passant par la manutention à bord. Le séminaire a fait cas des importantes contributions déjà apportées par le programme régional de la CEE au cours de sa phase préliminaire et il a pris acte des actions proposées pour la nouvelle phase de cinq ans. Celles-ci prévoient la poursuite des activités en vue de promouvoir l'utilisation de conteneurs isothermes dans le secteur des pêches artisanales, des échanges entre groupements de transformateurs pour encourager l'utilisation du four chorkor, et la création d'un groupe de travail sur le conditionnement et l'entreposage des produits de la pêche traités. Le séminaire a toutefois reconnu que ces apports ne suffiront pas à eux seuls pour résoudre les problèmes de la région et il a donc souhaité la formulation d'apports complémentaires.

41. On a reconnu que, pour tirer pleinement parti des ressources halieutiques disponibles, il pourrait être nécessaire d'entreprendre des activités simples de développement de produits, par exemple l'utilisation de sel pour réduire la décomposition et les infestations par les insectes, ce qui permettrait de décourager l'utilisation de pesticides toxiques. Une éducation du consommateur serait ensuite nécessaire pour rendre de tels produits mieux acceptables.

42. Lors de l'examen de beaucoup des questions ci-dessus et des mesures à prendre, le Séminaire a reconnu l'utilité du réseau africain sur la technologie du poisson coordonné par la FAO (Programme régional de recherches en coopération sur la technologie du poisson en Afrique). Il a rappelé que la cinquième Consultation d'experts sur la technologie du poisson en Afrique avait été tenue en 1991 et il a recommandé d'organiser la sixième Consultation au plus tard en 1995.

BESOINS DE RECHERCHE HALIEUTIQUE DANS LA ZONE SAHELIENNE

43. Ce point a été examiné sur la base du document CIFA:PD/S/93/6 donnant un aperçu des besoins de recherche halieutique dans le Sahel. Le rapport de la deuxième session du Groupe de travail CPCA sur l'aquaculture, tenue à Harare (Zimbabwe) du 13 au 17 septembre 1993 (doc. FIPL/R489), qui examine les priorités en matière de recherche aquacole pour l'ensemble de l'Afrique, a également été mis à la disposition des participants.

44. Pour ce qui est des recherches à entreprendre dans la région, les délégués ont fondamentalement fait ressortir dans leurs interventions les besoins d'informations scientifiques et autres des administrateurs pour la formulation de politiques et la surveillance continue de leurs effets.

45. Le Sous-Comité a souligné le rôle essentiel de la recherche pour la formulation et le suivi des politiques intéressant le développement et la gestion des pêches continentales et de l'aquaculture. Pour cette raison, l'attention a été attirée sur la nécessité de renforcer les capacités nationales de recherche en dispensant une formation aux chercheurs et en créant des infrastructures.

46. On a reconnu en particulier que les programmes intéressant les pêches continentales et l'aquaculture devraient être formulés en vue de satisfaire aux exigences des pays en matière de développement et d'aménagement. On a estimé à ce propos que les priorités identifiées dans l'Etude sur la recherche halieutique internationale (SIFR), ainsi que par la deuxième session du Groupe de travail CPCA sur l'aquaculture, sont généralement valables, mais que, dans le contexte sahélien, une place particulière doit être faite à certains aspects identifiés ci-après.

47. Questions d'environnement

Deux grands problèmes environnementaux, résultant de l'aménagement à des fins autres que les pêches, affectent les ecosystèmes aquatiques sahéliens, à savoir les effets des grands barrages sur les pêcheries en aval et en amont, et les effets sur les pêcheries de la modification des écosystèmes des plaines d'inondation résultant du développement hydro-agricole. On ne possède encore que très peu d'informations sur les moyens d'évaluer et d'atténuer ces effets.

48. Aquaculture

Le Sous-Comité a estimé qu'au stade actuel, l'aquaculture rurale de type classique dans des étangs n'est peut-être pas adaptée aux besoins du Sahel et qu'il faudrait s'efforcer principalement de développer cette activité: a) dans les plans d'eau des plaines d'inondation, par les moyens de l'empoissonnement et d'un meilleur aménagement, et b) dans de petits plans d'eau créés à d'autres usages que les pêches, par les moyens de l'empoissonnement et de la fertilisation.

Dans les deux cas, le défaut de techniques de formulation d'aliments artificiels utilisant des ressources locales, ainsi que de techniques permettant de fournir en nombre suffisant des alevins destinés à l'empoissonnement, sont des facteurs limitants du développement.

49. Surveillance continue

Il faudrait mettre au point et assurer le fonctionnement de systèmes statistiques permettant d'évaluer le potentiel des pêcheries sahéliennes et de surveiller les effets des politiques d'aménagement. Dans certains cas, tels que celui du lac Tchad, il faudrait mener à bien de nouvelles études de base pour déterminer le potentiel et les performances actuelles de la pêcherie après les préjudices causés par la sécheresse.

50. Etudes de base

51. Etudes économiques et sociales

Des études sur la situation sociale et économique des pêcheurs sont nécessaires à de nombreux niveaux:

52. Technologie

On a reconnu que les techniques actuelles de construction de pirogues et de préservation des poissons sont préjudiciables à l'environnement. Il y a lieu d'en mettre au point de nouvelles qui soient plus respectueuses de l'environnement et d'une valeur durable, tout en ayant un bon rapport coûtefficacité.

53. Les délégués ont été d'avis que les échanges de vues à la présente session ne représentaient qu'une étape préliminaire de la définition de programmes de recherche pour le Sahel et de la formulation de projets pour les mener à bien. Il a donc été recommandé de préparer une étude plus détaillée sur la base d'un questionnaire à distribuer à tous les pays membres du Sous-Comité et à d'autres pays intéressés de la région, qui sera présentée à la prochaine session du Sous-Comité.

54. On a reconnu que les pays de la région n'ont pas les ressources financières nécessaires pour poursuivre des programmes de recherche. Il a donc été suggéré de prévoir dans les futurs projets de développement des pêches pour la région une composante “recherche”.

55. L'observateur de la Banque africaine de développement a indiqué qu'il pourrait maintenant être possible de financer des recherches sur les pêches, ainsi qu'il a déjà été fait dans d'autres secteurs ruraux.

EXAMEN DE LA LEGISLATION SUR LES PECHES DANS LA ZONE SAHELIENNE

56. Le Sous-Comité a examiné ce point en se fondant sur le document CIFA:PD/S/93/4 qui résume les caractéristiques et problèmes de la législation des pays sahéliens en matière de pêches continentales. Ce document fait également ressortir l'importance des systèmes d'aménagement traditionnels et la nécessité d'assurer la compatibilité de la législation moderne avec eux. Le rôle des autorités centrales dans l'aménagement des pêches a été examiné, ainsi que la possibilité de déléguer au niveau local les responsabilités correspondantes. L'intégration, la collaboration et l'harmonisation entre les différents pays membres de la région figuraient parmi les principales questions étudiées dans le document.

57. Le Sous-Comité a noté que les pays de la région ont maintenant pour politique générale de retirer à l'administration centrale la responsabilité de l'aménagement des pêcheries pour la confier aux communautés de pêcheurs elles-mêmes. Il a donc été recommandé que les pays membres révisent leur législation existante pour la rendre plus compatible avec cette politique. La FAO a été priée d'apporter une aide à cet effet.

58. Etant donné la politique tendant à inclure dans le cadre juridique les systèmes d'aménagement traditionnels, on a jugé essentielle la participation des communautés et pêcheurs intéressés à la préparation des lois et réglementations. Cette participation des utilisateurs des ressources permettra de formuler des réglementations recueillant l'assentiment général, ce qui encouragera les communautés à les appliquer.

59. Le Sous-Comité a fait ressortir que beaucoup des ressources aquatiques du Sahel sont partagées et il a souligné l'importance de la coopération à l'échelle régionale. On a jugé nécessaire que des accords soient conclus entre les Etats riverains d'un système donné quel qu'il soit, et, pour faciliter ce processus, il a été recommandé que le Secrétariat prépare des orientations générales pouvant servir de cadre pour l'intégration des différentes lois. Ces lignes d'orientation devraient permettre de négocier un code général de principes qui serait adopté par tous les pays membres. Ce code refléterait les principales dispositions des lois qui devraient comprendre, entre autres, des réglementations en vue de conserver et préserver les ressources.

60. Le Sous-Comité a reconnu que le contrôle de l'accès reste l'un des principaux problèmes à résoudre pour lutter contre la surexploitation des stocks de poissons. Il faudrait donc réviser les systèmes actuels d'octroi de licences pour pouvoir en faire des instruments d'aménagement. Les activités des pêcheurs migrants devraient être prises en considération lors de la formulation de réglementations de ce genre.

61. Les délégués ont également fait ressortir que, lors de l'élaboration d'une législation, il importe de prévoir des régimes d'aménagement différents selon les plans d'eau.

62. Un système de ce type qui mérite d'être pris en considération est celui des concessions pour l'aménagement et l'exploitation de petits plans d'eau, reconnaissant des droits exclusifs d'utilisation du plan d'eau en cause aux fins de la pêche. Chaque pays pourrait tenir un registre des concessions accordées et des licences de pêche en général.

63. Le Sous-Comité a énergiquement souligné que, pour qu'il soit possible de collaborer effectivement avec les pêcheurs, des fonctions administratives telles que la collecte de données devraient être séparées des mesures d'application des réglementations.

FORMATION DANS LE DOMAINE DES PECHES CONTINENTALES ET DE L'AQUACULTURE

64. Lors de la présentation de ce point et du document CIFA/PD:S/93/8, on a fait ressortir que, dans de nombreux pays du Sahel, le manque de personnel qualifié a contribué au manque de durabilité des projets de développement pêches. Toutefois, une enquête récemment conduite par le Bureau régional de la FAO pour l'Afrique (RAFR) sur les capacités africaines dans le secteur des pêches a montré que, si l'effectif des biologistes qualifiés est généralement suffisant, par contre le personnel de haut niveau fait défait dans certaines disciplines, par exemple socio-économie, biostatistique, bioécologie, technologie des pêches et autres domaines spécialisés.

65. On a noté que l'éducation et la formation en matière de pêches n'ont pas encore bien trouvé leur place dans les plans nationaux de développement et que, dans de nombreux pays du Sahel, la participation de nationaux à la recherche halieutique a été insuffisante. En outre, très peu nombreuses sont les femmes bien qualifiéees qui s'occupent du développement des pêches, malgré la prépondérance féminine dans les secteurs de la transformation, de la commercialisation et de la distribution du poisson dans la sous-région.

66. Le Sous-Comité a examiné les mécanismes de formation existants sous trois rubriques:

  1. formation du personnel de haut niveau;
  2. formation des techniciens;
  3. formation des pêcheurs et des pisciculteurs.

67. La plus importante des trois rubriques concerne la formation de haut niveau pour laquelle il n'existe pas d'institutions dans la sous-région même. Cette formation était naguère dispensée outre-mer à grands frais ou au titre de bourses d'étude, et les diplômés avaient souvent besoin d'un temps considérable pour acquérir une expérience pratique applicable aux pêcheries locales. Néanmoins, depuis quelques années, quelques activités de formation ont été organisées au niveau moyen à supérieur au Centre de formation piscicole de Bouaké (CFPB) en Côte d'Ivoire, à l'Institut supérieur des sciences et techniques halieutiques (ISSTH) de la Communauté économique de l'Afrique de l'Ouest (CEAO) à Nouadhibou (Mauritanie) et au Centre régional africain d'aquaculture (ARAC) à Port Harcourt (Nigeria) pour ce qui a trait à la pisciculture. On a noté que la formation des techniciens et des pêcheurs ne semble pas poser de problème grave quoiqu'il n'existe pas dans la sousrégion d'institutions permanentes, en particulier pour la formation des pêcheurs. Dans de nombreux cas, il serait nécessaire d'apporter un soutien technique aux instituts existants de la sous-région pour la formation du personnel de haut niveau. On a également fait ressortir la nécessité d'une coopération entre les institutions existantes pour assurer une utilisation optimale des moyens dont dispose la sous-région.

68. Au cours des échanges de vues qui ont suivi, le Sous-Comité a fait ressortir la nécessité de:

  1. recycler le personnel des pêches pour améliorer ses possibilités d'emploi et son utilité, car l'utilisation de diplômés de l'enseignement supérieur est devenue un problème dans certains pays;

  2. former, au niveau universitaire supérieur, du personnel de haut niveau dans des domaines où il fait défaut tels la socio-économie, la biostatistique et la technologie des pêches. On a également fait ressortir la nécessité d'une formation pluridisciplinaire à forte orientation pratique;

  3. favoriser la formation d'un plus grand nombre de femmes dans le secteur des pêches où elles jouent un rôle dont, dans certains cas, les hommes ne peuvent pas s'acquitter.

69. Le représentant de la Banque africaine de développement (BAD) a informé les participants que la Banque ne pourrait financer la formation et le renforcement des institutions qu'au titre d'éléments de projets de développement de plus grande envergure.

70. En conclusion, le Sous-Comité a formulé les recommandations ci-après:

  1. il conviendrait d'évaluer les besoins de formation dans chaque pays (effectifs nécessaires dans des domaines particuliers);

  2. une large place devrait être faite au recyclage du personnel des pêches pour assurer qu'il soit valablement et utilement employé;

  3. il faudrait encourager la collaboration à l'échelle régionale et renforcer des institutions appropriées pour les mettre en mesure de contribuer à la formation du personnel de niveau élevé et intermédiaire à l'intérieur de la sous-région;

  4. les programmes de formation des pêcheurs devraient viser, entre autres, à les mettre en mesure de comprendre et respecter les lois et réglementations de leurs pays en matière de pêches, afin de s'assurer leur collaboration pour l'application de ces lois.

71. La FAO a été invitée à apporter une aide pour renforcer les instituts nationaux et régionaux de formation existant dans la zone sahélienne.

AUTRES QUESTIONS

72. Le Sous-Comité a réaffirmé l'utilité d'organiser un atelier ou un séminaire conjointement à ses sessions ordinaires. Il a suggéré que les thèmes ci-après pourraient être envisagés pour sa prochaine session: “Mise en valeur des pêcheries des petits plans d'eau”, “Aménagement communautaire des pêcheries” et “Perfectionnement et formation du personnel”.

73. Pour conserver l'élan acquis au cours de la présente session, le Sous-Comité a demandé au Secrétariat d'étudier la possibilité de préparer un bulletin d'information ou une circulaire périodiques afin de tenir informés les pays membres au cours de l'intersession.

DATE ET LIEU DE LA SIXIEME SESSION

74. Le Sous-Comité a noté avec satisfaction les offres faites par les délégués du Burkina Faso, du Mali, du Niger et du Sénégal d'accueillir sa sixième session en 1996, sous réserve de confirmation officielle par leurs gouvernements respectifs qui sera communiquée au Directeur général de la FAO.

ADOPTION DU RAPPORT

75. Le présent rapport a été adopté le 10 décembre 1993. Les participants ont voté une motion de remerciement au Gouvernement de la République de Gambie pour avoir accueilli la session.


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