Previous Page Table of Contents Next Page


CENTRAL REGION OF AFRICA/RÉGION CENTRALE D'AFRIQUE

Développement et recherche aquacoles au
CAMEROUN

Jean Calvin NJOCK
Biologiste des pêches
Service de la Recherche, Institut de Recherches Zootechniques et Vétérinaires (IRZV)
Yaoundé, Cameroun

Figure 1

Figure 1. Les sites d'intérêt piscicole

Abréviations

CRDICentre de Recherche/Développement International, Canada
FCFAFranc CFA - Banque des Etats de I'Afrique Centrale (avril 1993: USD 1 = 274 FCFA)
IRZVInstitut de Recherches Zootechniques et Vétérinaires
MEAVSBMission d'Etudes et d'Aménagement de la Vallée Supérieure de la Benoué
MINEPIAMinistère de I'Elevage, des Pêches et des Industries Animales
MRSTMinistère de la Recherche Scientifique et Technique
PNUDProgramme des Nations Unies pour le Développement
SRHOLStation de Recherches Halieutiques et Océanographiques de Limbé
SRPFStation de Recherches Piscicoles de Foumban
USAIDAgence des Etats-Unis pour le Développement International
USDDollar U.S.A.
ZAPIZone d'Actions Prioritaires Intégrées

1. LE SECTEUR DU DEVELOPPEMENT AQUACOLE

1.1 Historique du développement aquacole

1.1.1 Historique proprement dit

La première expérience piscicole camerounaise remonte à 1948, année où un barrage à vocation piscicole fut construit à Yaoundé. L'engouement que cette technique entraîna auprès des populations fut tel qu'au début des années '50, près de 5000 barrages/étangs furent construits dans le Centre et l'Est.

Un plan de développement mis en oeuvre en 1954 a permis la mise en place d'un service de vulgarisation et la construction des centres d'alevinage et de 10 000 étangs ruraux (60 à 300m2 en moyenne) et barrages (0,6 à 3 ha).

A partir de 1960, faute de moyens financiers et de motivation, l'encadrement piscicole et les centres d'alevinage furent quelque peu délaissés et bon nombre d'étangs familiaux abandonnés, si bien qu'en 1968, un nouveau projet de développement piscicole fut lancé à Foumban, dans le cadre d'une intervention régionale PNUD/FAO, dans quatre pays de l'Afrique Centrale (Congo, RCA, Gabon et Cameroun). Ce projet se termina en 1972.

Les échecs des expériences piscicoles d'avant 1970 ont conduit le gouvernement à créer en 1972 le Fonds National Forestier et Piscicole (FNFP) qui a été chargé du financement, du suivi et de l'exécution du programme piscicole sur le territoire national. Le FNFP a fonctionné tant bien que mal avant sa dissolution en 1979.

En 1973, avec l'aide du PNUD/FAO, un projet national pour le développement de la pisciculture a vu le jour à Foumban. Ce projet, qui n'a eu qu'une existence éphémèmère, a disparu en 1976 pour des raisons budgétaires, sans avoir atteint tous ses objectifs.

Dans le cadre d'un soutien au programme ZAPI (Zone d'Actions Prioritaires Intégrées), la Banque Mondiale (BM) a financé en 1978, un projet pour la promotion de la pisciculture dans la province de l'Est. Ce projet a pris fin en 1983.

De 1980 à 1984, I'USAID a financé un projet sur la pisciculture villageoise dans les provinces de l'Ouest et du Nord-Ouest.

En soutien à la Mission d'études et d'aménagement de la Vallée Supérieure de la Bénoué (MEAVSB), le gouvernement hollandais finance depuis 1987 un projet piscicole à Lagdo qui vient de se terminer.

Les résultats obtenus dans le cadre des projets de développement n'ont pas été disséminés auprès des pisciculteurs. Les tentatives amorcées pour la relance des activités piscicoles se sont limitées à une pléthore d'études sectorielles (Mezainis and Satia, 1975; Aubray, 1976; FAO, 1977; Kouao, 1979; Grover et al., 1980; SOGREAH, 1982a, 1982b, 1983a, 1983b and 1983c; Balarin, 1985; Vallet, 1991) dont les recommandations n'ont jamais été appliquées.

A ce jour, il y a environ 1 500 pisciculteurs propriétaires de 2 000 étangs/barrages. La superficie moyenne de ces exploitations est de 300m2, avec une production moyenne annuelle de 14 kg/are.

1.1.2 Infrastructures

Le plan de développement piscicole mis en place en 1954 a conduit à la construction, jusqu'en 1960, de 22 centres/stations d'alevinage publics. En 1993, il existe 33 stations piscicoles et centres d'alevinage (50.17 ha sous eau) dans les régions où les conditions (hydrographie, topographie, etc.) se prêtent à la pisciculture. Les principales missions assignées à ces structures sont:

Si l'on considère la date de mise en place des infrastructures, la période antérieure à 1979 apparaît comme celle au cours de laquelle la pisciculture camerounaise a connu une certaine prospérité. En effet, sur les 33 stations piscicoles et centres d'alevinage encore relativement fonctionnels en 1993, 24 ont été construits avant 1972, 8 entre 1972 et 1979 et 1 en 1987. Après cette dernière date, il n'y a pas eu création de nouvelles structures et la gestion de celles existantes est tombée au plus bas niveau. II est estimé qu'à présent seulement 30–40% de la surface des stations de l'Etat sont en production.

1.1.3 Personnel

A tous les niveaux de décision, les responsables sont des cadres vétérinaires pour lesquels la pisciculture n'est pas une priorité. Le personnel administratif et des stations se compose comme suit:

Cadres supérieures 
Administration centrale (Direction pêches)  3
Administration délégastions provinces  9
Direction stations  4
 
Cadres moyens (Stations et centres d'alevinage)32
 
Ouvriers permanents92

Le personnel d'encadrement comprend environ 140 moniteurs piscicoles assistés d'une dizaine de Volontaires américains du Corps de la Paix.

1.1.4 Activités de support
  1. Législation

    Il n'y a pas de législation particulière pour l'aquaculture.

  2. Vulgarisation

    La vulgarisation est assurée par des moniteurs piscicoles, trait d'union entre d'une part les stations aquacoles et centres d'alevinage et d'autre part les pisciculteurs qu'ils assistent dans la construction et la réfection des étangs, la gestion des plans d'eau, et qu'ils approvisionnent en alevins. Malgré l'intérêt que portent les moniteurs à l'exercice de leur métier, ils sont tout de même handicapés par leur formation limitée. Leurs conseils ne sont pas toujours appropriés à la situation rencontrée. Il s'en suit une mauvaise gestion des plans d'eau qui ne peut qu'entraîner des rendements médiocres succeptibles de décourager les pisciculteurs. Du point de vue pratique, le sous équipement des stations de pisciculture en moyens de transport limite les visites des moniteurs aux pisciculteurs à de rares sorties. Cela constitue une contrainte majeure dans la politique de vulgarisation mise en place par le gouvernement.

  3. Crédit

    Aucun organisme de crédit n'accepte de prêter de l'argent à un pisciculteur. Seul le Projet de pisciculture villageoise financé par I'USAID pour les provinces de l'Ouest et du Nord-Ouest (1980–1984) a expérimenté un système de prêt en nature (matériel et outils piscicoles). Cette expérience n'a pas été poursuivie après la fin du projet.

  4. Recherche

    Commencée au niveau des stations aquacoles dans le cadre du Projet régional PNUD/FAO initié en 1968 et du Projet national PNUD/FAO lancé en 1973, la recherche aquacole a connu en 1980 la création (avec des fonds nationaux) de la Station de Recherches Piscicoles de Foumban (SRPF) et celle de la Station de Recherches Halieutiques et Océanographiques de Limbé (SRHOL). D'autres structures de recherche existent au Projet Pisciculture Lagdo.

    Une discussions plus détaillée du secteur de la recherche aquacole est présentée au chapitre 2.

  5. Espèces élevées

    De la quinzaine d'espèces testées (SOGREAH, 1982a), quatre ont été retenues pour la production d'alevins:

1.2 Cadre institutionnel

Jusqu'en 1979 la pêche a été confiée à deux administrations: la pêche continentale et la pisciculture au Ministère de l'Agriculture (MINAGRI) et la pêche maritime au Ministère de l'Elevage et des Industries Animales (MINEL). Au niveau du MINAGRI, le service de la pêche continentale dont dépendait la pisciculture était une section de la Direction des Eaux, Forêts et Chasse (DEFC). En 1972, un réaménagement interne créa au sein de la DEFC le Fonds National Forestier et Piscicole (FNFP) et confia la vulgarisation piscicole aux délégués provinciaux et départementaux.

En 1979, une réforme plus profonde ôta la responsabilité de l'administration de la pêche continentale et de la pisciculture au MINAGRI et la confia au Ministère de l'Elevage et des Industries Animales (MINEL) qui devint alors Ministère de l'Elevage, des Pêches et des Industries Animales (MINEPIA). Le FNFP fut dissout et ses cadres et agents transférés au MINEPIA. A cause de procédures administratives tatillonnes, ce transfert prit quelques années avant d'être effectif. Pendant ce temps, les activités piscicoles connurent un certain flottement qui mit à dure épreuve les projets de développement actifs sur le terrain (projets USAID et ZAPI).

Après la réforme institutionnelle de 1979, la Direction des Pêches Maritimes du MINEL devint la Direction des Pêches, comprenant quatre services dont deux (le Service de l'Aquaculture et le Service de la Recherche Appliquée et de la Documentation) s'occupent de pisciculture. Aux niveaux provincial et départemental, les services provinciaux des pêches, les centres de pêche, les stations piscicoles et d'alevinage assurent le suivi des activités (Figure 2). Cette hiérarchie rencontre de nombreux blocages qui sont liés aux conflits de compétence des différents intervenants.

1.3 Enseignement et formation

La formation de moniteurs est assurée au Centre National Aquacole de Foumban, créé en 1974 et érigé en 1986 en Centre National de Formation Zootechnique et Vétérinaire (option pêche). Cette école récrute les candidats titulaires du BEPC pour une formation d'un an. 52 moniteurs y ont été formés entre 1973 et 1976 (Projet national FAO) et 30 entre 1980 et 1984 (Projet USAID). Depuis, par manque de crédits, la formation est dispensée de façon irrégulière. Le moniteur est formé pour vulgariser une seule technique (soit étangs de barrage en région forestière, soit étangs en dérivation en région de savane). Avec cette formation stéréotypée, il n'a pas la possibilité de s'adapter à des situations variables dans le temps et l'espace.

Figure 2

Figure 2. Organigramme du secteur de la pêche au sein du MINEPIA (Source: Njock, 1992)

Notes: MINEPIA: Ministère de l'Elevage, des Pêches et des Industries Animales; DSV: Direction des Services Vétérinaires; MIDEPECAM: Mission de Développement de la Pêche Artisanale Maritime; CDPM: Caisse de Développement de la Pêche Maritime; DEPF: Direction des Etudes, Projets et Formation; DPA: Direction de la Production Animale; DAG: Direction de l'Administration Générale

Initialement créé pour les agents de l'Etat (catégorie C), le centre de formation de Foumban s'ouvre de plus en plus aux pisciculteurs potentiels.

La formation de cadres (ingénieurs de catégorie A1 et A2) est faite à l'étranger ou à l'Ecole Nationale Supérieure Agronomique (ENSA, Université de Dschang) où des cours élémentaires de pisciculture sont dispensés.

Des stages de recyclage de courte durée sont organisés à l'étranger en cas de besoin.

1.4 Plan de développement

Il n'existe pas de plan de développement pour l'aquaculture. Cette dernière est traitée dans le cadre de projets dressés pour la pêche prise au sens le plus large.

Afin de concevoir un plan directeur de ce secteur (pêche et pisciculture), le Ministère de l'Elevage, des Pêches et des Industries Animales (MINEPIA) a organisé en 1991, avec le concours de la FAO et du CRDI (Canada), un Séminaire national sur la politique et la planification de la pêche au Cameroun auquel ont pris part tous les acteurs nationaux du secteur pêche: administration, institutions de recherche, pêcheurs, industriels, pisciculteurs, commerçants, institutions financières locales, organismes de développement rural. Dans le domaine de la pisciculture, il est apparu que dans le futur, une attention particulière devra être portée sur: les considérations socio-économiques de cette filière, la gestion des stations aquacoles, la production d'alevins, l'amélioration de la vulgarisation, l'accès au crédit et la promotion de l'aquaculture marine (ou en eau saumâtre), qui est actuellement inexistante.

1.5 Evaluations et contraintes du développement

Au cours du Séminaire national mentionné plus haut, plusieurs analyses critiques ont été faites par des cadres nationaux sur le développement de la pisciculture au Cameroun.

Les évaluations effectuées par le personnel national sont de Mezainis et Satia (1975) et de Satia (1978). Les préoccupations relevées dans ces documents sont les mêmes que celles qui ont été soulignées dans les rapports de consultation des experts étrangers dont les plus en vue sont les travaux de la SOGREAH (1982a), de Balarin (1985) et de Vallet (1991). Ces investigations ont analysé le potentiel du développement aquacole (ressources physiques et humaines), ainsi que les facteurs limitant ce développement. Ainsi, les principales contraintes relevées sont liées à la gestion des stations aquacoles et centres d'alevinage, à l'insuffisance de la production d'alevins, à l'inefficacité de la vulgarisation telle qu'elle est pratiquée actuellement, au niveau de formation des moniteurs et des pisciculteurs jugé faible, aux difficultés d'accès au crédit pour les pisciculteurs, aux problèmes liés à la propriété foncière.

On pourrait ajouter à cette liste de contraintes:

Pour lever ces contraintes, il est souhaitable que l'Etat se désengage au profit de l'initiative privée. Dans ce cas, son intervention se limiterait à la création d'un système de financement pour favoriser l'accès au crédit pour les pisciculteurs.

1.6 Statistiques de production

Malgré tous les efforts déployés pour la mise en place des structures aquacoles, la formation du personnel et la dissémination des techniques aquacoles, la production reste marginale et mal connue. Aucun système de collecte et d'analyse des statistiques de production n'existe. Cette production est grossièrement estimée à 50 tonnes par an (Satia 1991, communication personnelle).

1.7 Projets de développement aquacole

  1. Projet régional PNUD/FAO (1968–1972)

    En 1968, le Cameroun a souscrit au Projet régional PNUD/FAO RAF/66/054 de perfectionnement et recherches en pisciculture (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon). Localisé à Foumban, ce projet a permis la formation du personnel d'encadrement aux nouvelles techniques de polyculture, de pisciculture semi-intensive, de production d'alevins de Clarias gariepinus et de fertilisation organique par un élevage associé de volaille ou de porcs.

  2. Projet national PNUD/FAO (1973–76)

    Ce projet (CMR/72/010) avait pour objectifs:

    A son actif on peut citer:

  3. Volontaires du Corps de la Paix

    Arrivés au Cameroun en 1969 dans le cadre d'un projet d'assistance et d'encadrement des pisciculteurs de l'ex-Cameroun occidental, les Volontaires du Corps de la Paix des Etats Unis d'Amérique ont vu leur zone d'intervention s'étendre à partir de 1974 à d'autres régions du pays, notamment dans les provinces du Centre-Sud et de l'Est. Les premiers volontaires ont mis l'accent sur la pisciculture intensive de la carpe commune (Cyprinus carpio) en étangs de dérivation. Cette expérience n'ayant pas donné de bons résultats à cause du manque d'alevins dû aux difficultés de production dans les centres d'alevinage, leurs efforts ultérieurs ont porté sur la promotion de la pisciculture extensive du tilapia dans les barrages et sur un meilleur encadrement des pisciculteurs. Chaque volontaire suit une trentaine de fermiers propriétaires de quelques étangs de 200 à 300 m2, répartis dans un faible rayon afin de réduire les distances à parcourir. Depuis 1969, plusieurs dizaines de volontaires ont travaillé pour la vulgarisation de la pisciculture au Cameroun. A ce jour, il y a 19 volontaires actifs.

  4. Banque Mondiale (1978–83)

    Pour l'amélioration de la pisciculture dans la province de l'Est, la Banque Mondiale a financé un projet de 40 millions de FCFA.

    Ce projet avait comme objectifs:

    Ce projet a permis la construction et la réfection de 600 étangs privés, l'aggrandissement de la Station piscicole de Bertoua (0,3 ha à 1 ha), et la construction d'un centre de démonstration à Doumé (environ 0,8 ha). Mais d'après un rapport de la Banque Mondiale (World Bank, 1983), ce projet n'a pas atteint ses objectifs en raison de la mauvaise utilisation des fonds débloqués et de la non exécution du programme de départ.

  5. USAID (1980–84)

    Au début de la décennie '80, l'aide de l'USAID a contribué à la relance de la pisciculture villageoise dans les provinces de l'Ouest et du Nord-Ouest. Les objectifs de ce projet étaient:

    Les réalisations du projet ont porté sur:

    Le projet de pisciculture villageoise a été fortement perturbé par les changements intervenus en 1979 dans l'administration des pêches camerounaises (voir section 1.2).

  6. Projet pisciculture de Lagdo (1987–92)

    Financé par les Pays-Bas, le Projet Pisciculture de Lagdo a été exécuté par le bureau d'études Haskoning (Pays-Bas) pour le compte de la Mission d'Etudes et d'Aménagement de la Vallée Supérieure de la Bénoué (MEAVSB).

    Evalué à 70 millions de FCFA, ce projet avait comme objectifs:

    Les réalisations du projet ont porté sur:

    Les formalités sont en cours pour le transfert du Centre piscicole de Lagdo au MINEPIA.

    Les projets ont contribué à la formation du personnel, à la mise en place des infrastructures et à la vulgarisation de techniques aquacoles. Malheureusement, par manque de fonds de fonctionnement et de suivi, ces investissements deviennent difficiles à gérer à la fin des projets. Le démarrage de certains d'entre eux (projet USAID, projet ZAPI) ayant coïncidé avec le changement institutionnel intervenu au niveau de l'administration de tutelle de la pisciculture, ces derniers ont été perturbés, ce qui a contribué à réduire leur portée.

2. LE SECTEUR DE LA RECHERCHE AQUACOLE

2.1 Description du secteur

2.1.1 Principaux participants

Au Cameroun, la recherche aquacole est exclusivement effectuée par le secteur public. Elle a commencé avec le Programme régional PNUD/FAO (1968–1972) concernant quatre pays de l'Afrique centrale, dont le Cameroun. Ce Projet régional a été relayé dès 1973 par le Projet national PNUD/FAO CMR/72/010 jusqu'en 1976.

Jusqu'en 1979, les activités de recherche ont été menées dans les structures du MINAGRI. Ensuite, plusieurs changements se sont succédés rapidement:

  1. En 1979 le Gouvernement créa la Délégation générale à la recherche scientifique et technique (DGRST).

  2. En 1984, celle-ci devint le Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique (MESRES).

  3. En 1988, le MESRES devint le Ministère de l'enseignement supérieur, de l'informatique et de la recherche scientifique et technique (MESIRES).

  4. En 1991, le Ministère de la recherche scientifique et technique (MRST) fut enfin créé.

Ces organismes avaient pour missions entre autre de concevoir, d'orienter et de mettre en oeuvre la politique du gouvernement dans le domaine de la science et de la technologie.

Pour le secteur de l'aquaculture, la recherche fut confiée à des structures spécialisées: la Station de Recherches Halieutiques et Océanographiques de Limbé (SRHOL) et la Station de Recherches Piscicoles de Foumban (SRPF).

2.1.2 Objectifs de la recherche

Il n'a jamais existé de plan national concernant spécialement le développement de l'aquaculture. Les objectifs des programmes de recherche ont souvent été définis dans le cadre:

A ce comité, siègent des institutions de recherche et d'enseignement ainsi que celles chargées du développement. Les sujets traités concernent la recherche agricole vue dans son ensemble, sans qu'un accent particulier soit mis sur l'aquaculture.

2.1.3 Orientations générales

Essentiellement biotechnologiques, les recherches aquacoles ont porté sur:

D'autres aspects ont été peu (aspects socio-économiques) ou pas du tout (environnement) couverts.

2.1.4 Ressources disponibles
  1. Infrastructures

    La recherche aquacole est effectuée dans deux stations: la Station de Recherches Halieutiques et Océanographiques de Limbé (SRHOL) et la Station de Recherches Piscicoles de Foumban (SRPF). Ces structures ont été créées en 1980 au sein de l'Institut de Recherches Zootechniques et Vétérinaires (IRZV).

    Les activités ont commencé en 1981 par la SRHOL. Située au bord de la mer, à 15 km du centre ville de Limbé (75 km de Douala), cette unité dispose d'un laboratoire d'hydrobiologie en mauvais état de fonctionnement et d'une dizaine de bacs en béton alimentés par gravitation à partir d'une rivière. II existe aussi un site d'une demi douzaine d'hectares sur le front de mer où peuvent être aménagés des étangs alimentés en eau de mer par pompage. Sur un autre côté de la station, un autre site est disponible pour l'aménagement éventuel d'une trentaine d'étangs de 200 m2 en dérivation à partir d'un cours d'eau.

    La SRPF est fonctionnelle depuis 1985. Elle a hérité des étangs municipaux de Koupa Matapit à 14 km de Foumban. Dix-neuf étangs (4 000 m2 sous eau) ont été à ce jour réfectionnés. Ils sont en dérivation sur un canal alimenté à partir d'un petit barrage d'un hectare. Depuis 1991, la station construit un laboratoire et une écloserie dans le cadre d'un contrat de coopération avec l'Université Catholique de Leuven (Belgique).

  2. Equipements

    Les équipements actuellement fonctionnels se trouvent à la SRPF. Ils ont été acquis en 1991 dans le cadre du projet belgo-camerounais. Il s'agit d'un laboratoire entièrement équipé, d'une bibliothèque et d'équipements informatiques. Des équipements similaires se trouvent au Projet piscicole de Lagdo.

  3. Financement

    Avant la création des structures nationales de recherche en 1980, la recherche aquacole était exclusivement financée par la coopération internationale dans le cadre de l'assistance technique PNUD/FAO.

    De 1983 à 1986, elle l'a été timidement par des fonds gouvernementaux, les sommes allouées ayant été esentiellement destinées à la mise en place des structures d'accueil (environ 60 millions de FCFA). A cause de la crise financière il n'y a plus de budget disponible depuis cette dernière date.

    A la SRPF, le financement de la recherche est assuré pour la durée du projet belgo-camerounais (1991–1994). Ensuite, le gouvernement camerounais devrait prendre la relève.

  4. Ressources humaines

    Le personnel scientifique est constitué de:

    Les chercheurs ont été formés à l'étranger (France, Belgique, Etats-Unis d'Amérique). Les techniciens n'ont pas suivi une formation particulière.

    Les profils des chercheurs nationaux se limitent à la biologie (4) et à l'hydrobiologie (3).

2.1.5 Principaux programmes de recherche

A une exception près, les programmes de recherche ont été réalisés dans le cadre de projets financés par la coopération internationale et les sujets traités sont similaires d'un projet à un autre.

2.1.5.1 Programmes du Projet national PNUD/FAO (1973–76)

Ils font partie du projet CMR/72/010 pour le développement de la pisciculture. Localisé à Foumban, ce projet a été lancé en 1973 pour une durée de trois ans.

  1. Objectifs

    Ce projet étant un projet de développement, les objectifs concernant la recherche n'ont pas été clairement spécifiés. Parmi les objectifs immédiats définis au Plan d'opérations du projet, on peut retenir comme objectifs de recherche les points suivants:

  2. Activités réalisées

  3. Durée

    La durée a été du 1973 à 1976.

  4. Ressources

    Au total (y compris le volet formation) le PNUD a investi 217 000 USD et le gouvernement l'équivalent d'environ 220 000 USD (en nature).

2.1.5.2 Programmes de I'IRZV (1983–86)

Considérées comme un sous-programme du programme pêche de l'Institut de Recherches Zootechniques et Vétérinaires (IRZV), les recherches sur l'aquaculture sont menées à la SRHOL et à la SRPF.

  1. Objectifs

    Des objectifs précis n'ont pas été définis. Cependant, à partir des actions entreprises, se dégagent deux axes principaux:

  2. Activités réalisées ou prévues

    Elles sont envisagées à travers des recherches adaptatives sur:

  3. Durée

    Entreprises en 1983 à la SRHOL et en 1985 à la SRPF, ces activités ont été conduites de façon irrégulière pour être interrompues dès 1986 par manque de budget.

  4. Ressources

    Les ressources allouées par le gouvernement ont été principalement utilisées pour la mise en place des infrastructures (60 millions de FCFA). Moins de 5 millions de FCFA ont été consacrés à la recherche.

2.1.5.3 Programmes du Projet belgo-camerounais (1991–94)

Jusqu'à présent, c'est le seul projet de recherche spécialement conçu pour l'aquaculture.

  1. Objectifs

    Les recherches à mener dans le cadre de ce projet ont pour objectifs:

  2. Activités réalisées

  3. Activités futures

  4. Durée

    La durée du project est de quatre ans.

  5. Ressources

    Environ 20,63 millions de francs belges seront investis par la Belgique pour le fonctionnement de la recherche et la mise en place de différentes infrastructures équipées pendant les quatre années que durera le projet.

2.2 Cadre institutionnel du secteur

2.2.1 Contexte administratif
Figure 3

Figure 3. Relations entre la recherche aquacole - représentée par le Ministère de la Recherche Scientifique et Technique (MRST) - et le développement - représenté par le ministère chargé de la pisciculture (MINEPIA).

Du point de vue institutionnel, la recherche aquacole est séparée du développement (Figure 3). Elle est placée sous la tutelle du Ministère de la Recherche Scientifique et Technique (MRST) alors que le développement est du ressort du Ministère de l'Elevage, des Pêches et des Industries Animales (MINEPIA).

Au niveau du MRST, la recherche aquacole et vétérinaire est conduite au sein de l'Institut de Recherches Zootechniques et Vétérinaires (IRZV) où l'aquaculture ne constitue qu'un sous-programme parmi les onze que compte l'institut. La définition des activités à mener (thèmes de recherche et financement) est discutée au sein du Comité de programmes auquel prend part le MINEPIA, représenté par la Direction des Pêches. Il est prévu que les résultats obtenus soient transmis du MRST au MINEPIA qui se chargerait de les vulgariser auprès des pisciculteurs en utilisant d'une part son réseau de stations et centres piscicoles, et d'autre part ses moniteurs piscicoles. Mais ce système ne fonctionne pas à cause du manque de collaboration entre les deux ministères.

2.2.2 Tâches déléguées à la recherche aquacole

La recherche aquacole est en principe considérée comme un appui au développement. Mais, en fait, ce rôle n'est pas effectif, compte tenu du fait qu'il n'existe pas de plan national de développement aquacole. A cause de cela, les résultats obtenus jusqu'à présent n'ont pas été judicieusement exploités.

2.3 Contribution de la recherche au développement

2.3.1 Collaboration recherche-production: Raisons

L'organisation administrative actuelle du secteur aquacole ne favorise pas la collaboration entre la recherche et la production. Par conséquent, au niveau du MRST et de I'IRZV, l'accent est mis de plus en plus sur la pré-vulgarisation (organisation des structures de démonstration au sein des centres de recherche). Cette approche, qui met l'accent sur la recherche sur le terrain, devrait permettre des contacts directs entre les chercheurs et les pisciculteurs. Ces derniers devraient aussi pouvoir prendre part aux divers comités de programmes qui désormais se tiendront par zone agro-écologique selon des recommandations récentes de la Banque Mondiale. Ceci amènera l'IRZV à identifier les thèmes de recherche à partir de la base.

2.3.2 Collaboration recherche-production: Sujets

Les sujets de cette collaboration ont été clairement exprimés par les pisciculteurs lors du séminaire de septembre 1991. Ils devraient être:

2.3.3 Collaboration recherche-production: Mécanisme

Ce mécanisme est fortement handicapé car:

2.3.4 Résultats obtenus
2.3.4.1 Programme du Projet national PNUD/FAO

La superficie des étangs existants (0,35 ha) a été portée à 3,30 ha. Cela a permis de poursuivre le programme d'études nécessaires, dont les résultats sont résumés ci-après:

Par ailleurs, un plan d'action a été établi combinant les ressources financières du gouvernment et de la coopération internationale (Organisation internationale du café et PNUD) en vue de la réalisation de ces projets.

Ces résultats répondent généralement aux objectifs fixés. Cependant, ils n'ont pas été judicieusement exploités par manque de suivi, cela étant essentiellement dû à l'inexistence d'un plan national de développement et de recherche aquacoles.

2.3.4.2 Programme de l'IRZV

Les recherches initiées à l'IRZV n'ont pas donné de résultats significatifs. Aucun des objectifs n'a été atteint. Deux raisons principales peuvent l'expliquer:

Actuellement, l'IRZV dispose de neuf chercheurs spécialisés en aquaculture. La réalisation des objectifs fixés par cette institution est désormais conditionnée par le financement des activités.

2.3.4.3 Programme du Projet belgo-camerounais

Un an après le démarrage du projet, les enquêtes réalisées auprès d'une dizaine de pisciculteurs de la région de Foumban ont montré que la pisciculture demeure une activité de subsistence. La plupart des pisciculteurs possèdent un seul étang d'une superficie moyenne d'environ 320 m2, d'où ils tirent un bénéfice annuel de l'ordre de 20 000 FCFA (hormis l'auto-consommation), la main d'oeuvre étant essentiellement familiale tandis que l'aliment piscicole est constitué de déchets agricoles. Avec une meilleure gestion des étangs, les revenus annuels pourraient augmenter. Ces études ont aussi montré que le manque de fonds succeptibles d'améliorer l'outil de production constitue la contrainte majeure pour le développement de cette activité.

D'autres résultats de recherche sont attendus après la mise en fonction, au cours de l'année 1993, de l'écloserie et du laboratoire.

3. PRIORITES DE DEVELOPPEMENT ET DE RECHERCHE

3.1 Priorités de développement

Les priorités de développement du secteur aquacole n'ont pas encore été définies. Toutefois, les contraintes qui freinent ce développement semblent être:

Ces points résument les préoccupations de la profession telles qu'elles ont été exprimées lors du Séminaire national sur la politique et la planification de la pêche au Cameroun, organisé en septembre 1991 par le MINEPIA avec l'assistance conjointe de la FAO et du CRDI (Canada).

Cette rencontre avait réuni tous les acteurs du secteur de la pêche et de la pisciculture: administrateurs, pêcheurs, pisciculteurs, chercheurs et banquiers.

A partir des problèmes soulevés, on peut établir les lignes prioritaires suivantes:

  1. à court terme:

  2. à moyen terme:

Les priorités à court terme peuvent être satisfaites par une restructuration de l'organisation des stations piscicoles ainsi que des services de vulgarisation.

A cause de la récession que connaît le pays, 32 stations ne reçoivent plus de budget depuis plusieurs années. Une réduction du nombre de stations par liquidation ou par privatisation serait plus réaliste dans les conditions actuelles.

La vulgarisation, effectuée par du personnel mieux qualifié, devrait être plus efficace que celle effectuée par des moniteurs qui le plus souvent ne maîtrisent pas leur technique.

Ces réformes, qui peuvent intervenir au sein de MINEPIA, n'entraîneraient pas de frais significatifs.

Dans le cas des priorités à moyen terme, on peut envisager la création d'un projet pour la promotion de la pisciculture commerciale. Des structures de ce genre ont été proposées par une étude du Projet national PNUD/FAO (FAO, 1977). L'un des sites choisis était Obala mais des considérations récentes semblent avoir une préférence pour Mbalmayo (40 km de Yaoundé). Ce projet, actuellement en veilleuse, pourrait être relancé. Contrairement à ce qui a été fait jusqu'à présent, il est cependant proposé que dans le cadre de tout nouveau projet, une approche interdisciplinaire impliquant les structures de recherche de l'IRZV soit considérée.

  1. Justification

    Depuis l'introduction de la pisciculture au Cameroun à la fin des années quarante, le Gouvernement a créé plusieurs structures pour promouvoir le développement de cette activité. Divers projets se sont succédés au cours des trente dernières années. Malgré ces efforts et d'incontestables acquis techniques, cette activité n'arrive pas à décoller à cause de la défaillance des stations piscicoles qui non seulement ont le monopole de la production d'alevins, mais également ont négligé d'autres aspects concourant nécessairement dans le développement aquacole.

    Le Gouvernement a formé pour les stations de recherche de l'IRZV des cadres spécialisés dans divers aspects de la production aquacole. Le projet devrait mettre à profit leur expérience pour maîtriser la production en masse d'alevins et la vulgariser auprès de pisciculteurs sélectionnés.

    La disponibilité des alevins encouragera le développement de ce secteur. Il en résultera un accroissement des besoins en aliment de poissons. L'expérience des nutritionnistes de l'IRZV sera bénéfique au projet pour la mise au point d'un aliment de qualité, à partir de sous-produits agro-industriels disponibles localement. Les programmes volaille et porcin de l'IRZV seront d'un grand secours pour la fertilisation organique des étangs.

    Le projet devrait promouvoir des fermes aquacoles à vocation commerciale, dont l'exploitation nécessite des investissements relativement importants pour les pisciculteurs. Afin de faciliter l'accès au crédit à ces derniers, le projet devrait collecter, avec l'aide des économistes de la recherche, les données économiques fiables nécessaires pour soutenir des dossiers de crédit auprès des organismes de financement.

  2. Réalisation et exécution

    Selon les priorités définies, les activités, ainsi que les responsables de leur exécution, sont présentés dans les tableaux 1 à 4.

Tableau 1

Activités et responsables de leur exécution pour la phase préliminaire du projet de développement

ActivitésExécution
Réactualisation des études de faisabilitéGouvernement
Acquisition du siteGouvernement
Etudes détaillés du site: pédologie et topographieGouvernement
Désignation du responsable du projetGouvernement
Etude d'implantation générale du projetProjet

Tableau 2

Activités et responsables de leur exécution pour la production en masse d'alevins

ActivitésExécution
Construire une station d'alevinage et de démonstrationProjet
Identifier les espèces à éleverIRZV
Assurer le suivi des opérations de reproduction et d'alevinageProjet/IRZV
Vendre les alevins d'empoissonnementProjet
Produire une brochure de vulgarisation des techniques d'alevinageIRZV/MINEPIA/Projet
Diffuser la brochure auprès des pisciculteursMINEPIA/Projet
Recycler le personnel du MINEPIAProjet/IRZV
Former les pisciculteurs sélectionnésMINEPIA/Projet

Tableau 3

Activités et responsables de leur exécution pour la rentabilisation des exploitations

ActivitésExécution
Utilisation de la fertilisation organiqueIRZV/Projet
Utilisation de sous-produits agro-alimentaires dans l'alimentIRZV/Projet
Assurer le suivi des opérations d'élevage jusqu'à la taille commercialeIRZV/Projet
Commercialisation de poissonsProjet
Production d'une brochure de vulgarisationProjet/IRZV/MINEPIA
Diffusion de la brochure auprès des pisciculteursProjet/MINEPIA
Recyclage du personnel du MINEPIAProjet/IRZV
Formation des pisciculteursProjet/MINEPIA

Tableau 4

Activités et responsables de leur exécution pour faciliter l'accès au crédit

ActivitésExécution
Evaluer les coûts d'exploitationProjet/IRZV
Recueillir d'autres données économiques fiablesProjet/IRZV
Etablir un registre de données économiques destinées aux organismes de crédit et les assister pour traiter les dossiers des pisciculteursProjet
Financer l'établissement de quelques fermes piscicoles privéesProjet/Banques
  1. Financement

    Le financement n'est pas disponible localement et un donateur devrait être trouvé. Cependant, le Gouvernement est en pourparler avec la Caisse Française de Développement (ex-CCCE) pour le financement d'un projet similaire à Mbalmayo. A titre indicatif le présent projet peut être estimé coûter de 100 à 200 millions de FCFA.

3.2 Priorités de recherche

Il n'existe pas de priorités de recherche officiellement définies pour l'aquaculture. Toutefois, à la lumière des sections précédentes, l'on peut retenir les lignes prioritaires suivantes:

3.2.1 Priorité à court terme

Faire l'inventaire des résultats obtenus par les projets de recherche et de développement aquacoles ayant existé au Cameroun.

  1. Justification

    Au cours des 30 dernières années, plusieurs projets de recherche et de développement ont été implantés dans différentes localités du Cameroun. Des travaux intéressants ont été réalisés. A cause de la dispersion des localités ayant hébergé ces projets, il est difficile d'avoir accès aux importants résultats consignés dans les archives.

Dans le double but de s'inspirer des expériences passées (pour la réalisation de nouveaux projets) et d'éviter la répétition des travaux déjà réalisés, comme cela a été le cas jusqu'à présent, la constitution d'une base documentaire est nécessaire.

  1. Activités

  2. Exécution

    La réalisation de ces différentes activités pourrait être confiée à un chercheur de l'IRZV.

  3. Financement

3.2.2 Priorité à moyen terme

Renforcer les capacités de recherche de la Station de Recherches Piscicoles de Foumban (SRPF).

  1. Justification

    Avec l'assistance technique et financière de l'Université Catholique de Leuven (Belgique), l'Institut de Recherches Zootechniques et Vétérinaires conduit, pour la période 1991–94, un projet de recherches piscicoles à la SRPF.

    Les chercheurs impliqués dans ce projet forment une bonne équipe inter-disciplinaire. Le financement disponible permet l'aménagement d'étangs, la construction d'une écloserie, l'équipement d'un laboratoire et le fonctionnement de la recherche.

    Afin de consolider ces acquis et de renforcer les capacités de recherche aquacole du Cameroun, la mise en place d'un second projet est nécessaire. Cela pourrait permettre d'augmenter le nombre et la superficie des étangs de la SRPF, tout en poursuivant les recherches.

    Pour une meilleure exploitation des résultats de recherche, certains étangs pourraient être exploités commercialement, ce qui non seulement permettrait l'autofinancement de la SRPF, mais également contribuerait à valoriser la pisciculture comme activité commerciale rentable.

  2. Activités

  3. Exécution

    Les chercheurs de l'IRZV en poste à la SRPF seraient chargés de l'exécution de ces activités.

  4. Financement

BIBLIOGRAPHIE

Aubray, 1976. The fishery of Cameroon. An economic review. Rome, FAO, 24 p. (mimeo)

Balarin, J.D.. 1985. National reviews for aquaculture development in Africa. 6. Cameroon. FAO Fish.Circ., (770.6), 88 p.

FAO, 1977. Développement de la pisciculture. Cameroun. Conclusions et recommandations du projet. Rome, FAO, FI:DP/CMR/72/010. Rapport terminal, 32 p.

Grover, J.H., D.R. Street and P.D. Starr, 1980. Review of aquaculture development activities in Central and West Africa. Auburn University, International Centre for Aquaculture, 31 p.

Kouao, B., 1979. Cameroon. Rapport de stage sur les activités du Cameroun et de Centrafrique dans le domaine de la pêche et de la pisciculture. FAO/PNUD/MINEFOR-IVC/77/003, 20 p.

Mezainis, V. and B. Satia, 1975. Peace Corps/Cameroon fisheries mid-service conference. Yaoundé, Peace Corps Proc., 12 p.

Middendorp, A.J., 1992. Rapport final. Projet pisciculture Lagdo. MEAVSB/HASKONING, 52 p.

Njock, J.C., 1992. Inventaire des potentialités humaines et matérielles des pêches du Cameroun. Yaoundé, IRZV, 42 p. (mimeo).

Satia, B.P.N., 1978. A handbook for fish farmers of Cameroon. Yaounde, National Forestry and Pisciculture Fund Publication, 73 p.

SOGREAH, 1982a. Cameroun. Etude de l'aquaculture et de la pêche continentale. Tome II. La pisciculture d'étang, les stations de pisciculture, les centres d'alevinage. Grenoble, SOGREAH, 135 p.

SOGREAH, 1982b. Cameroun. Etude de l'aquaculture et de la pêche continentale. Tome III. Fermes piscicoles commerciales. Faisabilité technique et économique. Grenoble, SOGREAH, 181 p.

SOGREAH, 1983a. Cameroun. Etude de l'aquaculture et de la pêche continentale. Tome IV. Fermes d'aquaculture. Faisabilité technique et économique. Grenoble, SOGREAH, 160 p.

SOGREAH, 1983b. Cameroun. Etude de l'aquaculture et de la pêche continentale. Tome V. Identification des potentialités piscicoles des plans d'eau naturels et artificiels. Grenoble, SOGREAH, 101 p.

SOGREAH, 1983c. Cameroun. Etude de l'aquaculture et de la pêche continentale. Tome VI. Aquaculture littorale: crustacés et coquillages. Grenoble, SOGREAH, 58 p.

Valet, F., 1991. Etude de la pisciculture au Cameroun. FAO/TCP/CMR/0053(A), 61 p.

World Bank, 1983. Appraisal report: Cameroon. Section 19: Inland Fishery. Washington, World Bank Report, 8 p.

Développement et recherche aquacoles en
REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

Jean YAMINDOU
Ministère des Eaux et Forêts
Bangui, République Centrafricaine

Figure 1

Figure 1. Zones piscicoles en République Centrafricaine

Abréviations

CPNCentre Piscicole National de la Landjia (Bangui)
FCFAFrancs CFA (en avril 1993, 1 USD = 274 FCFA)
FEDFonds Européen de Développement
FENUFonds d'Equipement des Nations Unies
ONGOrganisation non-gouvernementale
PNUDProgramme des Nations-Unies pour le Développement
UNICEFFonds des Nations-Unies pour l'Enfance
USAIDAgence des Etats-Unis pour le Développement International

1. LE SECTEUR DU DEVELOPPEMENT AQUACOLE

1.1 Historique du développement

La pisciculture fut introduite en République Centrafricaine en 1952 par l'Administration coloniale. De 1952 à 1959, elle a connu une croissance prodigieuse mais qui ne dura pas longtemps.

L'indépendance du pays eut lieu en 1959 et dès 1960 la pisciculture fut touchée par un important déclin lié aux manques de cadres nationaux compétents, de techniques appropriées de vulgarisation et à la construction anarchique des étangs. Ce phénomène de régression persista jusqu'en 1968.

C'est alors que la République Centrafricaine, le Cameroun, le Congo et le Gabon décidèrent de conjuguer leurs efforts dans le cadre d'un projet régional PNUD-FAO, exécuté de 1968 à 1972 pour tenter de lever les goulots d'étranglement.

La formation et la recherche furent les deux principaux objectifs de ce projet parmi lesquels l'on trouvait l'alimentation des poissons, la fertilisation des étangs, l'élevage associé et la reproduction de Clarias gariepinus, ainsi que la rénovation des infrastructures du Centre Piscicole National de la Landjia.

A la fin de ce projet régional, plusieurs projets nationaux furent financés par le PNUD et exécutés par la FAO. Le premier projet (1972–1979) avait pour objectifs la vulgarisation des résultats précédemment acquis (Njikara et Miller, 1978). Simultanément (1974–1979), un projet financé par l'USAID contribua à la réhabilitation et à la création de sous-stations piscicoles, ainsi qu'à la vulgarisation de la pisciculture par les Volontaires du Corps de la Paix des Etats-Unis.

Un second projet PNUD-FAO (1980–1985) eut pour mérite de coordonner les actions de plusieurs donateurs dont l'UNICEF, l'USAID, le FENU et le Gouvernement. Il avait pour objectifs: la vulgarisation, l'autofinacement des stations piscicoles principales, la construction de deux nouvelles sous-stations, la formation et la recherche piscicole.

Ensuite, fut négocié et mis en place le projet de “Développement de la pisciculture artisanale” par le crédit (1986–1989). Ce fut le seul projet financé par le PNUD et exécuté par le Gouvernement, assisté par la FAO à travers des missions de consultation (Janssen, 1989).

Le dernier projet en date dans le domaine de la pisciculture est celui financé par l'UNICEF de 1989 à 1991, mais qui a mené des actions de vulgarisation limitées à seulement quelques zones dans le pays.

Notons que pour l'exécution de chaque projet, le Gouvernement a associé des homologues centrafricains au personnel d'assistance technique qui devait assurer leur formation; sur le plan financier, une contrepartie centrafricaine a été contribuée, principalement en nature.

1.2 Cadre institutionnel du secteur

Après l'indépendance, le Service des Eaux et Forêts a pris en charge le développement de la pisciculture, sous la tutelle du Ministère chargé de l'Agriculture.

Dès 1986, le Centre Piscicole National (CPN) a été créé à la Landjia et demeure encore maintenant la principale institution centrafricaine chargée de développer la pisciculture. Ce centre a été restructuré pour l'adapter aux exigences de développement et trois services ont été créés: le Service financier et du matériel, le Service de recherche piscicole et le Service de vulgarisation/formation.

Le Centre dont la Direction est basée à la Landjia est un service publique qui jouit d'une autonomie financière et administrative. Il est rattaché cette fois au Ministère des Eaux, Forêts, Chasses, Pêches et du Tourisme.

Pendant les années '70, le ministre chargé du développement rural a ouvert une deuxième station piscicole à Boyali pour la production de poissons marchands.

Une ONG nationale a été créé en 1986 sous l'appellation de “Groupement d'Action Piscicole” (GAP). Elle produit du poisson pour la commercialisation en appliquant les résultats de recherche obtenus au Centre Piscicole National. Par ailleurs, elle soutient le Service de vulgarisation en vendant des alevins dont elle assure le transport jusqu'au lieu de livraison. Cette ONG est aussi souvent sollicitée par les paysans pour des conseils techniques.

Actuellement, un organisme interministériel dénommé “Institut Centrafricain de Recherche Agronomique” (ICRA) est en création. Il devrait regrouper le Ministère chargé de l'Agriculture et le Ministère des Eaux, Forêts, Chasses, Pêches et du Tourisme. Son organigramme comporte une Direction chargée de la recherche piscicole, qui devrait inclure le Centre Piscicole National.

1.3 Plan de développement et crédit piscicole

Depuis l'introduction de la pisciculture en République Centrafricaine, il n'existe pas de plan de développement de cette activité. Le plan quinquennal 1986–1990 avait seulement prévu la production de 350 tonnes de poissons par le développement de la pisciculture artisanale.

La politique a consisté à mettre en place des fonds de crédit auprès d'une banque locale au profit des pisciculteurs. Ce crédit devrait permettre aux personnes bénéficiaires de:

Le Centre Piscicole National a été chargé de la réalisation de ce plan, avec un financement obtenu dans le cadre d'un projet PNUD-FAO (CAF/85/004).

La mise en oeuvre du projet a compris les étapes suivantes:

L'ensemble des conditions de sélection du pisciculteur et de gestion du crédit a été jugé trop sévère et il y a eu très peu de pisciculteurs bénéficiaires. Les résultats techniques de la première campagne ont été faibles et les objectifs du projet ont été réorientés.

L'échec de cette première expérience de crédit se justifie par:

1.4 Evaluations et contraintes du développement

Des évalutions ont été faites en 1985, 1986 et 1989 avec la participation de cadres nationaux, à titre de consultants nationaux ou dans le cadre d'un projet arrivé à terme.

Ces évaluations faites sur la base des documents existants ont pris en compte la situation antérieure, le présent et des propositions pour l'avenir.

Du point de vue de la pisciculture, la République Centrafricaine est caractérisée par:

  1. Un réseau hydrographique très dense, couvrant tout le territoire. Il s'agit du bassin de l'Oubangui-Congo et du bassin du Chari-Logone;

  2. Un marché très favorable. En effet, la consommation nationale de poisson en 1982 était estimée à 14 000 t tandis que la production de la pêche se chiffrait à environ 10 000 t seulement, et le pays est obligé d'importer du poisson pour combler son déficit.

L'augmentation régulière du prix du poisson vendu par les stations piscicoles (FCFA 300 en 1976 et plus de FCFA 700 en 1982) explique bien l'importance du poissons en tant que produit rare et de qualité (Deceuninck, 1985).

La pisciculture centrafricaine est surtout de type familial. Pour 1,5 ares d'étang, l'investissement est estimé à plus de FCFA 33 000 et le fonctionnement à environ FCFA 12 000 dans le cas d'un élevage semi-intensif (alimentation locale plus compost). La production escomptée, qui est de 40 kg/are/an, donne des recettes de près de FCFA 36 000, soit un bénéfice de FCFA 23 000. Le taux de rentabilité varie donc autour de 16 pour cent.

D'une manièrale, générale, les différentes évaluations ont retenu les conclusions suivantes:

  1. Restructurer le Service de vulgarisation en créant d'autres zones et donc d'autres stations piscicoles principales, tout en assurant la formation de cadres qualifiés.

    Sur la base des réalités économiques et surtout climatiques du pays, il ne semble cependant pas nécessaire de créer d'autres zones; on pourrait plutôt envisager la réhabilitation et le renforcement des trois stations existantes, sur les plans financier, matériel et du personnel.

    Par contre, le problème de formation reste tout entier. En 1992, on ne compte plus que deux ingénieurs, un technicien supérieur et deux techniciens formés et travaillant dans la pisciculture pour environ 3 000 pisciculteurs (Tableau 1).

  2. Renforcer l'assistance à la pisciculture artisanale par la mise en place d'un fonds de crédit piscicole. L'expérience a été effectivement tentée à travers un projet comme mentionné plus haut, mais a connu un échec. Cette voie pour le développement de la pisciculture mérite d'être explorée d'avantage, en tenant compte de la situation économique et sociale du pays.

  3. Limiter à 25, le nombre de pisciculteurs à encadrer par un moniteur piscicole.

  4. Conserver le tilapia du Nil comme la principale espèce pour le développement de la pisciculture.

  5. Le Service de vulgarisation ne doit encadrer que les pisciculteurs ayant une superficie sous eau supérieure à 1,5 ares.

Ces trois derniers points restent des recommandations encore valables à ce jour.

Le potentiel de développement de la pisciculture en République Centrafricaine repose sur:

Ces groupements constituent en principe la base du développement futur de la pisciculture en Centrafrique, et à ce titre, sont les groupes cibles à soutenir pour un développement durable de la pisciculture.

1.5 Statistiques de production

AnnéesProduction totale (t)
1978  45,8
1979  66,7
1980  80,0
1981103,6
1982150,0
1983203,8
1984269,0
1985288,0
1986193,0
1987  88,0
1988    9,0
1989  82,0
1990105,0
1991  78,0

La production piscicole estimée telle que présentée dans le tableau ci-dessus a connu une augmentation régulière de 1978 à 1985, ce qui coïncide avec la fin du projet PNUD-FAO de “Réhabilitation et autofinancement des stations piscicoles principales”.

La mise en place du crédit de 1985 a donné de l'espoir à tous les pisciculteurs, mais les critères de choix très sélectifs ont rapidement désenchanté les bonnes volontés d'où la baisse rapide des niveaux de production à partir de cette date.

1.6 Projets de développement aquacole

De 1968 à 1992, plusieurs projets ont été exécutés dans le domaine de la pisciculture; les plus importants sont les suivants:

  1. De 1968 à 1972, le Projet régional PNUD-FAO RAF/66/054 regroupant le Centrafrique, le Congo, le Cameroun et le Gabon. Ce projet avait deux principaux objectifs: la formation et la recherche avec application en vulgarisation. A la fin du projet, 6 cadres centrafricains et 28 moniteurs avaient été formés. Les recherches ont permis de mettre au point l'élevage du tilapia du Nil tel qu'il est pratiqué actuellement. Ces recherches ont également porté sur la reproduction du Clarias gariepinus avec des résultats peu concluants à cause du taux de mortalité très élevé des larves.

  2. De 1973 à 1979, le Projet national (CAF/72/002 et CAF/76/007) également financé et exécuté par PNUD-FAO, avec comme objectifs majeurs la vulgarisation des techniques piscicoles mise au point dans le cadre du précédent projet. Ce projet a atteint d'importants résultats:

  3. De 1980 à 1985, Projet pour la vulgarisation et l'autofinancement des stations piscicoles principales (PNUD-FAO CAF/80/002):

    Il s'agit d'un projet à objectifs multiples:

    Ce projet a coordonné plusieurs sources de financement dont le Gouvernement, le PNUD, l'UNICEF, le FENU, le FED et l'USAID. Des résultats satisfaisants ont été atteints et notamment l'autofinancement des stations, la création d'une écloserie de silure à la Landjia, la construction de deux barrages de retenue d'eau, la formation de sept cadres supérieurs et de cinq cadres moyens.

Tableau 1

Liste des cadres formés en pisciculture

Nom et prénomFormation
Yamindou, JeanIngénieur agricole - Ingénieur des eaux et forêts; diplômé d'université comme Chef de projet et exploitation en aquaculture; DEA en ichtyologie appliquée
Bangassi, Kouagou LeonIngénieur des travaux forestiers
Kaimba, BarthélémyIngénieur des techniques forestières
Koyaguitrembi, MauriceIngénieur des techniques forestières
Ndodet, BonifaceIngénieur des techniques forestières
Abakar, Paul CélestinIngénieur des techniques forestières
Karalema, JeanIngénieur des techniques forestières
Ndjikara, EmmanuelTechnicien supérieur des eaux et forêts
Wabongo, GuyTechnicien supérieur des eaux et forêts
Ngaikoisse, Guy IsaacTechnicien des eaux et forêts
Mbaiki, FrançoisTechnicien des eaux et forêts

2. LE SECTEUR DE LA RECHERCHE AQUACOLE

2.1 Description du secteur

2.1.1 Les principaux participants

II y a encore cinq ans, il n'existait pas d'organisme ayant à charge les recherches scientifiques et techniques. Depuis, le Secrétariat d'Etat à la Recherche Scientifique a été établi comme l'organe national chargé de la coordination de toutes les recherches menées dans le pays.

En Centrafrique, chaque ministère conçoit son programme de recherche et l'exécute à travers des structures de terrain telles que instituts, laboratoires, centres et stations de recherche. Au plan national, il n'existe pas de structure de recherche privée. La tendance actuelle est de créer des organismes publics à autonomie financière, pour les recherches scientifiques et techniques.

Dans le domaine de la pisciculture, seul le Centre Piscicole National a la charge de préparer et de réaliser des programmes de recherche. C'est un organisme public jouissant, théoriquement, de l'autonomie financière et administrative, et ayant une personnalité morale.

Le personnel cadre du centre est constitué de fonctionnaires du Ministère chargé des Eaux, Forêts, Chasses, Pêches et du Tourisme. Ce personnel travaille sous la supervision d'une Direction Centrale du ministère. Celle-ci collabore à l'établissement du programme de recherche et en assure le financement. Généralement, elle intervient auprès des finances publiques pour une subvention qui est rarement obtenue, surtout ces dernières années compte tenu de la crise économique et financière que traverse le pays.

2.1.2 Objectifs de recherche

D'une manière globale, la recherche piscicole en Centrafrique retrouve ses objectifs dans les raisons qui justifient l'introduction de la pisciculture:

Les principaux objectifs ci-dessus revêtent uniquement des aspects d'intérêt national et ne peuvent être atteints que par l'amélioration de la production par la recherche.

On poursuit des recherches surtout de type appliqué pour augmenter la production piscicole mais il n'existe pas de plan directeur, tant au niveau national qu'en relation avec des réseaux extérieurs. On entreprend les recherches au fur et à mesure que les problèmes apparaissent dans un domaine donné.

2.1.3 Orientations générales

Les techniques d'élevage (polyculture, élevage associé, alimentation, etc.) sont le principal domaine des recherches réalisées au Centre Piscicole National. Ces recherches portent surtout sur le tilapia du Nil à cause de sa rusticité.

Mais depuis dix ans environ, un accent est mis sur la reproduction artificielle et l'élevage du silure à cause de sa croissance rapide qui joue très favorablement sur la production. Par ailleurs, le marché commence à devenir exigeant quant à la taille du poisson marchand et à ce point de vue, le silure vient en complément au petit tilapia.

La recherche est d'une manière générale orientée vers la maîtrise de la reproduction artificielle du Clarias gariepinus et de son alevinage. La mise au point d'une formule alimentaire à base de produits locaux pour une pisciculture artisanale de tilapia rentre aussi dans cette préoccupation.

2.1.4 Les ressources disponibles

Comme mentionné plus haut, les recherches sont menées au niveau de chaque département ministériel qui possède à cet effet ses propres structures. Actuellement, on peut recenser une dizaine de laboratoires de recherche. Le répertoire des chercheurs nationaux fait ressortir une trentaine de personnes au total, travaillant chacune de son côté.

Le Centre Piscicole National renferme les structures de base en matière de recherche piscicole. Jusqu'en 1972, la station piscicole de la Landjia (Bangui) était structurée de la manière suivante:

Ces importantes structures qui naguère permettaient de conduire des recherches dans le cadre des premiers projets sont en mauvais état pour deux raisons:

  1. Le manque de financement pour l'entretien;
  2. La diminution du débit d'eau liée à la sécheresse qui s'aggrave régulièrement.

En 1980, une écloserie de Clarias gariepinus a été construite pour la reproduction artificielle de cette espèce; sa capacité de production annuelle est comprise entre 1 et 2 millions d'alevins d'environ 1 g. Elle est composée de bacs de reproducteurs, de bacs d'alevinage et d'éclosion, d'aquaria et de structures pour l'éclosion des artémias.

En plus de deux autres stations piscicoles principales à Bouar et Bambari, le Centrafrique possède environ 15 sous-stations qui ont la responsabilité de démontrer et de vulgariser les résultats de recherche.

En matière de recherche, le Centre ne dispose d'aucun cadre spécialisé, mais il existe un Service de Recherche Piscicole géré par un cadre Ingénieur des Eaux et Forêts qui aurait besoin d'une formation supplémentaire.

2.1.5 Principaux programmes de recherche

Les principaux programmes de recherche piscicole ont porté sur l'alimentation des poissons, la polyculture, l'élevage associé et la reproduction artificielle de Clarias gariepinus.

Les études d'alimentation ont consisté à tester deux types de rations constituées sur la base de produits locaux sous formes de granulés et de farine; ces essais ont duré de 1972 à 1979 et ont eu pour objectifs de déterminer la forme d'aliment qui, à un coût accessible aux pisciculteurs moyens, permettrait d'obtenir une production optimale.

La polyculture ou association du tilapia à un poisson prédateur (silure) a fait l'objet d'essais pendant la même période. Comme précédemment, l'on recherchait l'augmentation de la production par la maîtrise de la proportion tilapia: clarias. Dans les élevages associés (poisson/volaille ou poisson/porc) l'on a cherché à déterminer la densité optimale de porcs ou volaille.

Le grand programme de reproduction artificielle de Clarias gariepinus a commencé en 1981 avec la construction de l'écloserie. Les différentes étapes du projet ont ensuite été les suivantes:

  1. Adaptation et amélioration de la technologie pour la reproduction contrôlée et l'élevage semi-intensif du silure.

  2. Développement d'une alimentation basée sur les sous-produits agricoles disponibles localement.

  3. Etablissement d'une politique de distribution d'alevins aux pisciculteurs privés.

  4. Formation du personnel local dans ces nouvelles techniques de reproduction contrôlée du silure.

Toutes ces recherches appliquées ont été réalisées par du personnel expatrié et financées pour la plus grande partie sur les fonds des projets d'assistance technique. Si pour la reproduction artificielle du silure, deux experts nationaux ont été associés à l'exécution du programme, il n'en est pas de même pour les autres recherches.

2.2 Cadre institutionnel du secteur

2.2.1 Contexte administratif

Comme indiqué plus haut, le Centre Piscicole National est rattaché au Ministère des Eaux, Forêts, Chasses, Pêches et du Tourisme.

II définit les programmes de recherche en collaboration avec la Direction Centrale chargée de la Faune et l'exécute; le centre tient compte pour cela des besoins des pisciculteurs et du niveau d'évolution de la pisciculture.

En fonction des objectifs globaux de développement fixés dans le Plan quinquennal, il identifie les actions de recherche à mener et soumet le programme pour financement au Ministère du Plan, coordonnateur de toutes les actions de développement.

2.2.2 Tâches déléguées à la recherche

Le Centre Piscicole National chargé des recherches piscicoles diffuse les résultats de ses travaux en faisant des démonstrations auprès de pisciculteurs et des groupements de pisciculteurs qui servent de groupes cibles. La ville de Bangui contient environ six groupements qui utilisent les résultats des recherches et servent de modèles auprès des autres pisciculteurs.

Actuellement, la recherche en tant que domaine d'activité ne rentre pas dans le plan de développement, mais la pisciculture comme secteur de développement rural est prise en compte dans le plan de développement national, étant entendu que l'aspect recherche y est compris.

2.3 Contribution de la recherche aquacole au développement

2.3.1 Collaboration recherche-production: Raisons

En plus des tâches de production et de recherche, les stations piscicoles constituent en ellesmêmes des centres de démonstration pour les pisciculteurs. Elles assurent la formation et reçoivent la visite des pisciculteurs qui désirent bénéficier de certaines expériences.

Parmi les pisciculteurs, les meilleurs sont identifiés et servent de modèles pour la vulgarisation des résultats obtenus au Centre Piscicole National.

Par ailleurs, les moniteurs piscicoles, agents d'encadrement de base, sont parfois eux-mêmes des pisciculteurs qui, après leur formation, assurent la vulgarisation tout en pratiquant la pisciculture en milieu rural, selon les techniques modernes acquises au Centre Piscicole National.

2.3.2 Collaboration recherche-production: Sujets

La pisciculture de Clarias gariepinus est de pratique récente en République Centrafricaine. Afin d'en assurer une meilleure production, une collaboration très étroite existe entre chercheurs et producteurs: le choix de site, la taille de l'étang, le rythme et la quantité d'aliment à distribuer, le suivi de la production par des pêches de contrôle, la détermination de la date de récolte ainsi que la fourniture d'alevins sont autant de sujets qui lient le chercheur du Centre Piscicole au producteur. Par ailleurs, le Centre organise souvent après vidange l'évacuation des poissons vers les marchés.

Les vols de poisson ainsi que la sécheresse sont les deux principaux facteurs de l'environnement naturel et social qui ont un impact négatif sur la production piscicole. L'installation anarchique des étangs (surtout sur nappe phréatique) résulte parfois en leur assèchement.

2.3.3 Collaboration recherche-production: Mécanisme

Les résultats obtenus en stations sont transférés en milieu rural par la vulgarisation. En Centrafrique, on peut compter plus de 100 pisciculteurs par vulgarisateur équipé d'un vélo. Ces pisciculteurs sont souvent répartis dans plusieurs villages, sur une distance de plus de 50 km.

L'organisation de réunions de contacts, la projection de diapositives et les démonstrations à la ferme sont les principaux mécanismes de transfert des résultats de recherche en milieu producteur.

Afin de faciliter leur travail, le CPN a fourni du petit matériel de terrassement (pelles, brouettes, etc.) aux pisciculteurs grâce à l'aide de l'UNICEF. Ce genre d'action a cependant engendré un manque d'engagement et une certaine passivité chez les pisciculteurs.

2.3.4 Résultats obtenus

L'étude comparée d'aliments sous formes de granulés et de poudre contenant 30 pour cent de protéines végétales a donné des résultats à différence peu significative; mais le coût de production de la farine est bien moins élevé que celui des granulés, soit FCFA 3 contre FCFA 15, donc plus accessible au pisciulteur moyen.

L'étude des élevages de tilapia du Nil et de Clarias gariepinus, avec ou sans complément d'aliments mais associés à l'élevage du porc a produit des poissons d'un poids moyen qui dépasse 100 g pour le tilapia du Nil et 200 g pour le silure. Ces résultats son très encourageants mais, la difficulté majeure, reste celle de l'élevage du porc qui n'est pas familier aux pisciulteurs.

Quant à la reproduction artificielle de Clarias gariepinus, on a obtenu un taux d'éclosion de 60 à 80 pour cent. Les étangs empoissonnés avec des larves de 50 à 150 mg à une densité de 50 larves au m2 ont produit 5 000 à 12 000 larves de 5 à 10 g; face à un certain nombre de difficultés rencontrées, cette recherche a été complétée par d'autres aspects qui ont porté sur:

3. PRIORITES DE DEVELOPPEMENT ET DE RECHERCHE AQUACOLES

3.1 Priorités de développement

3.1.1 Priorités existantes

La dernière réunion à caractère national sur la pisciculture a eu lieu à Bangui en 1989, à l'occasion de la revue tripartite du projet PNUD-FAO ‘Développement de la pisciculture artisanale’. Au cours de cette réunion, il a été recommandé de:

Toutes ces recommandations ont été formulées à l'attention du Gouvernement centrafricain à travers le Ministère des Eaux, Forêts, Chasses, Pêches et du Tourisme, le Centre Piscicole National étant bien entendu l'organe chargé d'en assurer l'exécution.

3.1.2 Autres priorités non encore définies

Des trois stations piscicoles principales qui soutiennent le développement de la pisciculture en République Centrafricaine, il en existe deux qui souffrent actuellement de la diminution du débit d'eau du fait de l'accentuation du phénomène de sécheresse.

Il s'impose de trouver une solution d'urgence telle que forage, construction de barrage de retenue ou simplement transfert de la station sur un nouveau site favorable du point de vue ressource en eau.

L'Etat Centrafricain dans la situation de crise actuelle ne peut supporter les coûts d'investissements. Une assistance financière extérieure paraît nécessaire.

Il est également nécessaire de mettre en place et développer un réseau d'information en matière de pisciculture.

3.2 Priorités de recherche

L'aspect recherche de la pisciculture en Centrafrique n'a pas fait l'objet d'une réunion de concertation afin d'en définir les grandes lignes et les priorités; mais sur la base de la situation antérieure et présente, on peut retenir les priorités suivantes:

  1. Mise au point d'une alimentation artificielle pour la pisciculture artisanale à base de sous-produits agricoles disponibles localement, à un prix accessible et avec un bon coefficient de transformation.

  2. Poursuite des recherches sur l'élevage des larves de silure en étangs pour l'amélioration du taux de survie.

  3. Amélioration de la production de zooplancton pour remplacer l'artémia, comme aliment pour les larves de silure.

BIBLIOGRAPHIE

Ndjikara, E. et J.W. Miller, 1978. Rapport annuel de vulgarisation de la pisciculture. Bangui, Document interne du projet CAF/76/007, 25 p.

Deceuninck, V., 1985. Etudes nationales pour le développement de l'aquaculture en Afrique. 13. République Centrafricaine. FAO Circ.Pêches, (770.13):68 p.

Janssen, J., 1989. République Centrafricaine. Etat actuel de la pisciculture. Rome, Projet CAF/85/004, 89 p.

Yamindou, J., 1980. Les activités piscicoles dans la zone périphérique de Bangui. Bangui, Document interne du projet CAF/80/002, 64 p.


Previous Page Top of Page Next Page