Cette étude internationale présentée à la Consultation s'inspirait de 15 études nationales relatives à des pays d'Europe et d'Amérique, des réponses - au nombre de 20 - à un questionnaire envoyé à 35 pays et de lettres expédiées à de nombreux directeurs dex pêches de pays d'Amérique latine, d'Afrique et de certains pays d'Asie. Les études nationales seront publiées ainsi que quelques comptes rendus d'expérience et études sur des thèmes spécifiques qui ont été soumis à la Consultation. La conclusion principale qui se dégage des informations rassemblées est que très peu de pays, pour ne pas dire aucun, sont satisfaits des statistiques dont ils disposent sur la pêche de loisir. Ceci tient au fait que les responsabilités dans ce domaine sont généralement partagées et exercées séparément et que les données sont enregistrées par utilisation prédominante. Rares sont les pays qui pourraient résumer la situation générale de leurs pêches en déclarant par exemple: “en 1979, la valeur de la production totale des pêches s'est élevée à x pour cent du revenu national exprimé en termes de ventes de poisson, de valeur de la pêche récréative de loyers payés et d'autres types de revenu”.
La présente étude a révélé que l'on possède et que l'on recueille une quantité étonnante d'informations sur la pêche de loisir. Dans le cadre des ressources dont ils disposaient, 11 pays ont pu fournir quelques données sur toutes les utilisations essentielles de leurs pêcheries. Neuf autres pays ont fait savoir qu'ils avaient l'intention d'effectuer des enquêtes ou bien qu'un autre organisme était chargé de recueillir des données en la matière. Toutefois, l'insuffisance de données valables et leur manque d'homogénéité font que l'on ne peut les regrouper pour parvenir à des totaux significatifs sur le plan international (captures, effort de pêche et récolte). En effet les informations sont trop souvent fondées sur des enquêtes spécifiques et de portée limitée, portant sur différentes périodes, et sur des définitions et des concepts administratifs particuliers.
Ceci étant, il ne fait aucun doute que la pêche de loisir a acquis une grande importance dans les pays étudiés, qu'on la mesure d'après l'activité économique qu'elle engendre, le nombre des résidents et des touristes qui s'adonnent à la pêche à la ligne ou encore d'après la contribution qu'elle apporte à la production alimentaire ou à la qualité de la vie. Dans cinq pays - qui pratiquent tous une pêche commerciale océanique - l'activité économique brute de la pêche récréative est voisine ou supérieure à celle de leur pêche commerciale. Dans six pays au moins, le pourcentage de pêcheurs à la ligne signalé chaque année s'établit entre 9 et 25 pour cent. Le meilleur moyen d'apprécier l'importance de la pêche de loisir en termes d'activité économique, de production alimentaire ou d'autres avantages, est d'étudier les différents rapports nationaux.
L'enquête et les études nationales ont souligné les difficultés ainsi que les éléments positifs rencontrés lors de l'établissement de données sur la pêche de loisir.
Il est difficile d'obtenir des données qui puissent être comparées sur le plan international car il s'agit de trouver un système applicable à des millions de pêcheurs en eau douce et en eau salée. En outre, les lieux de pêche, l'état des pêcheries, les espèces qui y vivent et le mélange complexe de facteurs sociaux, économiques et institutionnels qui façonnent le rôle et le statut de la pêche récréative sont d'une extrême diversité. Il faut donc commencer par reconnaître le mélange unique de facteurs liés à l'emplacement, à la pêcherie et aux pêcheurs qui caractérise chaque pays. La pêche récréative est un besoin humain non impératif, mais s'il s'appuie sur l'argent, il engendre une demande qui, directement ou indirectement, soutient les valeurs économiques des ressources ichtyologiques et les statistiques qui s'y rapportent.
Malgré ces différences, ce type de pêche présente des caractéristiques communes qui relèvent de l'analyse et de la connaissance de leur gestion au même titre que la pêche commerciale, pourvu que nous soyons disposés à fournir aux efforts d'études et de statistiques nécessaires des orientations analytiques meilleures et le soutien voulu.
Un bref examen des réponses des directeurs des pêches de différents pays d'Amérique latine, d'Afrique et de certains pays d'Asie, révèle que d'énormes ressources de poissons d'eau de mer et d'eau douce s'offrent au pêcheur sportif. En Amérique latine et en Afrique, elles vont des poissons d'eau froide - à des altitudes parfois bien supérieures à 1 000 m - jusqu'à de nombreuses espèces intéressantes des lacs, des fleuves et des eaux côtières. En Amérique latine, les pressions qui s'exercent sur les ressources font sentir leurs effets et des programmes de stockage ont été entrepris. En Afrique, les ressources disponibles pour la pêche sportive vont principalement à l'industrie du tourisme et les plans de développement visent à accroître les recettes en devises tirées de ce secteur. En Asie, les pays anglophones semblent être plus portés au développement et à l'organisation de la pêche sportive. La situation au Japon - pour lequel on ne dispose d'aucune donnée - pourrait contredire cette assertion.
En dehors de l'Europe et de l'Amérique du Nord il n'existe pas, semble-t-il, de graves problèmes de répartition des ressources entre la pêche de loisir et la pêche commerciale. La raison pourrait en être que l'utilisation récréative des ressources ichtyologiques se développe avec la croissance du revenu et l'augmentation des loisirs. Il existe par contre quelques conflits, qui prennent une importance croissante, entre la pêche et les autres utilisations de l'eau. Beaucoup de pays comptent sur l'expérience et la méthodologie de l'Europe et de l'Amérique du Nord pour résoudre ces problèmes. Ainsi, dans les pays en développement, les responsables des bassins fluviaux ont grand besoin d'une meilleure méthodologie pour prendre des décisions relatives à l'utilisation multiple des eaux.
En Amérique latine, les organisations de pêcheurs amateurs sont assez courantes et de plus en plus nombreuses. D'après les informations dont on dispose, les pêcheurs à la ligne, qui se trouvent “en bout de chaîne” pour ce qui est de cette forme d'utilisation des ressources, doivent de toute évidence mieux comprendre et participer plus activement aux décisions d'aménagement grâce à une meilleure organisation.
Certains pays, comme la France, se sont dotés avec succès de moyens institutionnels particuliers grâce auxquels ce sont pratiquement les pêcheurs à la ligne qui financent, dirigent et développent les pêches intérieures. En Pologne, les allocations de ressources doivent tenir compte à la fois des aspects environnementaux et du fait que la pêche à la ligne est l'une des meilleures réponses aux besoins humains de loisir dans la société moderne. Aux Etats-Unis on continue à étudier les nombreux aspects de la pêche sportive et à les replacer dans une juste perspective; par exemple, on a estimé la valeur alimentaire des poissons capturés par les pêcheurs à la ligne en 1975 à US$ 2,5 milliards, chiffre de beaucoup supérieur à la valeur des quantités débarquées en 1978 par les pêcheurs professionnels.
Au Royaume-Uni, la décision de mettre à jour la National Angling Survey en 1980, illustre l'importance croissante de la pêche récréative.
On peut donc conclure que par sa taille, son importance et la dynamique de sa croissance la pêche récréative a atteint les proportions qui lui valent d'être reconnue sur le plan international comme c'est le cas depuis trente ans pour la pêche commerciale. Avec quelques exceptions en Europe, la plupart des pays ont entrepris - ou ont l'intention d'entreprendre - d'importantes études. Il existe maintenant des raisons majeures qui rendent nécessaires l'échange d'informations au niveau international et l'adoption de définitions et de mesures communes. Le saumon atlantique, espèce recherchée tant pour la pêche de loisir que pour la pêche commerciale en eau douce et salée, en est une illustration. De même, les problèmes sont internationaux et dépassent les frontières arbitraires. L'étude mondiale de la pêche récréative a conclu que l'on a beaucoup à gagner et rien à perdre à renforcer la collaboration internationale.
