Moussa CISSE

CILSS
Mali
  1. Quels produits agricoles de l’Afrique de l’Ouest sont exportés hors du continent pendant que leur demande intérieure dans la région n’est pas couverte, et pourquoi ?

Les produits faisant l’objet d’exportation alors que la demande intérieure n’est pas satisfaite : bananes, café, cacao, mangues,....

Il faut indiquer que ce sont des produits exportés à l’état brut. La transformation est faite hors du continent. Ces produits reviendront sous forme de produits  manufacturés.

Quels produits agricoles sont mal distribués, déficitaires dans certains pays et perdus ou gaspillés dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, et pourquoi ?

La distribution des produits agricoles peut s‘apprécier  entre zones frontalières et entre les pays. Dans ce cadre, Il faut retenir que tous les produits font l’objet de flux entre pays pour peu qu’il se dégage un excédent dans un pays ou dans une zone frontalière. Selon les résultats des enquêtes par le CILSS menées en 2009 en collaboration avec les Systèmes nationaux d’Information sur les Marchés (SIM) entre le Niger, le Burkina Faso, le Mali et la Guinée près de vingt-sept (27) produits agricoles et agroalimentaires circulent entre les pays. Et certains produits peuvent transiter par un ou deux pays avant d’atterrir dans le pays destinataire.

Cet état de fait qui tire son origine dans le temps et est encouragé, entre autres facteurs, par 1) les mouvements et l’installation des populations dans l’espace régional, et 2) l’homogénéité des habitudes alimentaires qui en résulte progressivement. Les mouvements de populations dans l’espace régional créent des demandes en consommation que les opérateurs économiques privés notamment essaient de satisfaire au gré des disponibilités.

Au niveau régional pratiquement les productions de céréales sont déficitaires : la demande régionale en consommation est le plus souvent comblée par des importations en riz et en blé notamment. 

De même la production en tubercules est dans l’ensemble déficitaire. Elles demeurent autosuffisances dans l’ensemble dans les pays de la Côte, mais la demande est également tirée par les pays de la bande Sahel du fait de l’harmonisation des modes de consommations tirées par les mouvements des populations.

La mauvaise distribution est surtout liée aux facteurs suivants : a) l’enclavement des zones de productions; b) les difficultés d’accès permanent dans les zones déficitaires; c) le manque de matériels adaptés pour le transport des produits agricoles notamment périssables; d) les tracasseries routières, et, tout récemment d) l’insécurité le long des axes routiers.

  1. Quels sont les obstacles matériels à la mise en œuvre des dispositions réglementaires régionales sur le commerce des produits agricoles en Afrique de l’Ouest ?

Obstacle matériels :

Il y a une combinaison d’obstacles de diverses natures à la mise en œuvre des dispositions réglementaires communautaires. Sans prétendre être exclusif on peut citer :

  • La méconnaissance (ou la faible appropriation) des textes communautaire par les acteurs notamment qui doivent appliquer au quotidien l’application de ces textes ;
  • les textes de loi sont par nature « longs et complexes), il est de même pour les dispositions réglementaires régionales en Afrique de l’Ouest. Il y a donc un besoin réel de disposer des «résumés  exécutifs» de ces textes réglementaires communautaires en langues locales pour faciliter leur appropriation; 
  • les recours (arbitrages) en cas de conflits commerciaux ne sont pas toujours connus. Et pour ceux qui ont font recours, les décisions peuvent prendre du temps ; ce qui n’est pas de nature à encourager les opérateurs économiques.

 

  1. Comment améliorer la fluidité des échanges de produits agricoles dans la région, surtout avec le Nigeria, le plus grand marché de consommation en Afrique de l’Ouest ?

Il faut d’abord qu’il y ait des volontés politiques davantage affirmées, fortement affichées et suivies. En suite des politiques commerciales nationales davantage arrimées aux politiques commerciales régionales (UEMOA, CEDEAO). A titre d’exemple, dans bien des pays, les directions nationales de Commerce sont plus en phase avec les textes de l’OMC que de l’UEMOA et de la CEDEAO.

Plusieurs actions  peuvent être menées dans diverses directions:

1) appuyer et accompagner l’organisation régulière des rencontres commerciales régionales (foires, bourses)  en vue de faire les potentialités commerciales régionales, mais aussi faciliter les contacts entre opérateurs économiques privés. A titre d’exemple, le CILSS organise chaque année des Conférences régionales sur les opportunités d’Affaires en Afrique de l’Ouest (CORPAO), avec la participation systématique des opérateurs économiques privés du Grand Marché de Dawanau à Kano, au Nord Nigéria;

2) appuyer et accompagner le réseautage des opérateurs économiques avec des campagnes d’informations sur les textes régissant le commerce au sein des pays, et au niveau régional ;

3) systématiser les rencontres aux frontières entre corps habillés et opérateurs économiques privés. Avec le Nigéria l’un des facteurs bloquant est la langue, même il est passe d’être progressivement résolu ; 

4) mettre à contribution les médias (Radios nationales et radio communautaires, Tv…) et autres moyens de communication permis par les TIC pour véhiculer des messages ‘bien articulés’ pour renforcer l’appropriation des textes communautaires sur le commerce régional par les opérateurs économiques privés.

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Moussa CISSE

Coordonnateur

Programme Régional d’Appui Accès aux Marchés

Institut du Sahel

CILSS

Bamako, Mali