Global Forum on Food Security and Nutrition (FSN Forum)

>> English translation below <<

Ana Paula Spencer, coordinatrice du Programme Conjoint des Nations Unies « Soutien à la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle dans les Écoles » au Cabo Verde

1. Pouvez-vous fournir des commentaires sur les programmes de nutrition scolaires ou repas scolaires déjà mis en œuvre dans votre pays ? Si c'est le cas, sont-ils liés à des activités sur l'éducation nutritionnelle et des menus utilisant des aliments issus de l'agriculture familiale, ou à toute autre intervention relative à la nutrition scolaire ?

Au Cabo Verde, le Programme de Cantines Scolaires a été initié avec l’appui du PAM en 1979 et couvre aujourd’hui 100% des écoles maternelles et primaires publiques. Depuis 2010, le gouvernement a totalement pris en charge ce programme suite à une transition réussie. Afin d’améliorer la qualité de l’alimentation scolaire et de transformer le programme de cantines en un Programme National d’Alimentation Scolaire incluant également l’éducation alimentaire et nutritionnelle comme axe d’intervention prioritaire,  des efforts ont été entrepris par les institutions nationales avec l’appui du Programme Conjoint des Nations Unies « Soutien à la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle dans les Écoles » (FAO, PAM, OMS, UNICEF). Les interventions s’organisent en 4 composantes :

  1. Renforcement de la capacité institutionnelle de gestion du PNAE. L’objectif est d’assurer la continuité de l’accès de tous les élèves à un repas équilibré et diversifié. Cela passe notamment par le renforcement du cadre légal et institutionnel de l’alimentation et de la santé scolaire (ex : proposition de loi d’alimentation et santé scolaire approuvée le 28 mai 2015) en mettant l’accent sur la coopération intersectorielle, le renforcement des capacités nationales en matière de gestion, logistique, suivi-évaluation et mobilisation de ressources et la promotion des échanges d’expériences au niveau national et international.
  2. Approvisionnement des cantines scolaires. L’objectif est de diversifier le menu scolaire avec des produits locaux (fruits, légumes, poisson, haricots) tout en générant des opportunités économiques pour les producteurs. Les menus scolaires sont revus par des nutritionnistes en tenant compte de la production et des habitudes alimentaires locales ainsi que des recommandations de l’OMS. Différents modèles d’approvisionnement des cantines en produits nationaux sont en cours de test dans des écoles pilote, comme l’achat par appel d’offres public, l’achat décentralisé par les écoles ou le partenariat avec des projets de producteurs/pêcheurs locaux (fourniture d’équipements et facteurs de production, remboursés sous forme de produits livrés aux cantines).
  3. Education alimentaire et nutritionnelle. L’objectif est d’améliorer les connaissances et les compétences de la communauté éducative en nutrition et hygiène alimentaire, notamment via le renforcement de l’importance de ces thèmes dans les programmes scolaires, des actions de sensibilisation et formation (communauté scolaire et population) et la promotion d’outils pédagogiques (manuels et guides sur l’alimentation saine, mise en place de jardins scolaires éducatifs, etc.).
  4. Gestion des cantines scolaires. L’objectif est d’améliorer la gestion et la qualité des services fournis par les cantines des écoles maternelles et primaires. Cela passe principalement par l’amélioration des infrastructures et équipements des cantines, l’établissement de normes de manipulation des aliments, la formation des cuisinières et responsables de cantine et le test de modèles plus efficients de gestion des cantines impliquant le secteur privé (catering).

2. Pensez-vous qu'il est nécessaire de soutenir les pays dans la transition vers une gestion nationale des programmes liés à l'alimentation scolaire et la nutrition ?

Oui, il est nécessaire de fournir une assistance technique aux pays pour le processus de transition, en deux temps:

  1. Pour la prise en charge nationale du programme (modèle du PAM axé sur la cantine scolaire), par le transfert de connaissances et compétences techniques et le renforcement des institutions nationales pour assurer la gestion ;
  2. Pour la transformation du programme afin d’inclure l’éducation nutritionnelle et d’améliorer la qualité et la diversité des repas, en prenant en compte le contexte national.

Au Cabo Verde par exemple, une première transition a eu lieu en 1996 et a échoué, du à certains facteurs comme : (i) aucune enveloppe spécifique n’était prévue pour l’alimentation scolaire dans le budget de l’état, d’où un arrêt de l’alimentation scolaire lors de restrictions budgétaires ; (ii) manque d’informations externes et de partage d’expériences sur la stratégie et la gestion du programme, d’où une mise en œuvre différente selon les régions du pays ; (iii) non anticipation de l’augmentation de fréquentation scolaire liée aux repas et insuffisance des ressources.

En revanche, la transition initiée en 2007 a fonctionné grâce à une stratégie, un plan d’action et des responsabilités bien définis (feuille de route), l’institution d’une commission multisectorielle de coordination et d’échange ainsi que l’allocation d’une ligne de budget spécifique pour l’alimentation scolaire. Avec l’appui du Programme Conjoint des Nations Unies, cette coordination multisectorielle est renforcée et différentes approches sont testées pour améliorer la qualité du programme.

3. Quels sont les défis de la promotion des composantes essentielles de l'alimentation scolaire et la nutrition dans le cadre d'une intégration et d'un renforcement mutuel ?

Le travail d’intégration  est nécessaire, toutefois il présente de nombreux défis :

  • L’intérêt/le bénéfice de chaque secteur ou partenaire doit être clairement défini et connu, dans une logique « win-win » afin que chacun assume ses responsabilités, ce qui nécessite un échange permanent entre les partenaires impliqués
  • Les différents secteurs en sont à des étapes différentes de leur formulation stratégique, activités et calendrier d’action, ce qui peut rendre difficile la planification commune et demande une adaptation et un temps supplémentaire à dédier aux réunions conjointes. Au Cabo Verde, la formulation d’une loi d’alimentation et santé scolaire est le résultat d’un travail important de coordination entre les secteurs de l’éducation et de la santé qui doit être poursuivi.
  • La mobilisation de ressources pour le financement des actions d’alimentation scolaire, au moyen du transfert de ressources entre les partenaires, mais également de ressources supplémentaires que les institutions nationales doivent mobiliser pour améliorer la qualité du programme. Au Cabo Verde par exemple, l’institution chargée de l’action sociale scolaire a été transformée en fonction pour lui donner plus de liberté dans la mobilisation de financements, y compris auprès du secteur privé.

L’identification de projets ou d’activités concrètes sur le terrain qui impliquent la coopération entre différentes institutions nous semble être une voie importante pour renforcer l’intégration. Au Cabo Verde, les projets-pilotes d’approvisionnement des cantines scolaires en produits locaux sont un exemple concret de cette coopération : le ministère de l’agriculture/de la pêche y voit une opportunité de professionnaliser et de donner accès à de nouveaux marchés aux producteurs/pêcheurs et leur fournit donc un appui technique spécifique, alors que le secteur de l’éducation y voit une opportunité de diversifier le menu scolaire en réduisant les distances d’approvisionnement et en ayant la garantie de la qualité des produits.

1. Could you provide comments on school nutrition or school meals programmes already being implemented in your country? If so, have they been linked with activities on nutrition education and menus using food from family farming, or any other school nutrition intervention?

In Cabo Verde, the Program for School Canteens  started with the support of WFP in 1979 and today it covers 100% of the nursery and state primary schools. Since 2010, the government has been in charge of this program following a successful transition. In order to improve the quality of school food and to transform the school canteens program into a National Program for School Canteens which includes food and nutrition education as the main focus of intervention, efforts were taken by national institutions with the support of the Joint United Nations Programme Support for Food Security and Nutrition in Schools (FAO, OMS, PAM, UNICEF). The interventions were organized in 4 components:

  1. Reinforcement of the institutional capacity for management of the National Program for School Feeding. The objective is to ensure continuity of access for all pupils to a balanced and diversified meal. This is achieved particularly by reinforcing the legal and institutional framework of school food and health (e.g.: proposal for a law on school food and health, passed on the 28 May 2015) putting the accent on inter-sectorial cooperation, reinforcement of national capacities in terms of management, logistics, follow-up assessment, mobilization of resources and promotion of sharing of experiences at national and international levels.
  2. Supplies to school canteens. The objective is to diversify the school menu with local products (fruit, vegetables, fish, beans) generating economic opportunities for the producers. The school menus are revised by nutritionists taking into account production and local feeding customs as well as the recommendations of the WHO. Different forms of supplying school canteens with national products are being tested in pilot schools, like buying through public tenders, decentralized buying by schools or partnership with local producers/fishermen organizations (provision of equipment and production assets reimbursed by products for school canteens).
  3. Food and Nutrition Education. The objective is to improve the knowledge and competences of the education community regarding food nutrition and hygiene, in particular through the reinforcement of these subjects in school programs, awareness and training activities  (school community and population) and the promotion of educational resources ( manuals and guides on healthy eating, establishing educational  school vegetable gardens, etc.).
  4. Management of school canteens. The objective is to improve management and quality of services provided by canteens in nursery and primary schools. This mainly involves improving infrastructures and equipment in the canteens, establishing norms for handling of food, training of cooks and canteen managers and trying out more efficient models of canteen management involving the private sector (catering).

 

2. Do you think that it is necessary to support countries in transitioning towards national ownership of School Food and Nutrition related programmes?

Yes.  It is necessary to provide technical assistance to countries for the transition process, in two instances:

  1. When taking national charge of the program (WFP model related to school canteen), by the transfer of knowledge and technical competences and the reinforcement of national institutions to provide management;
  2. For the transformation of the program in order to include nutritional education and improve the quality and diversity of meals, taking into account the national context.

For example, in Cabo Verde a first transition took place in 1996 and failed, due to certain factors such as: (i) no specific package was planned for school food in the estate budget, so school food was halted due to budgetary restrictions; (ii) lack of external information and sharing of experience on strategies and management of the program, so the implementation was different in different parts of the country; (iii) unforeseen increase in school attendance linked to the provision of meals and insufficient resources.

On the other hand, the transition started in 2007 was successful thanks to a strategy, an action plan and well established responsibilities (roadmap), the establishment of a multi-sectorial commission  for coordination and exchange as well as the allocation of a specific budget line for school food. With the support of the Joint United Nations Programme, this multi-sectorial coordination was reinforced and different approaches were tested to improve the quality of the program.

3. What are the challenges of promoting School Food and Nutrition core components in an integrated and mutually reinforcing matter? 

The task of integration is necessary, however it presents several challenges:

  • The interest/rewards of each sector or partner must be clearly defined and known, within a win-win logic, so that each bears their responsibilities, which requires a permanent exchange between the partners involved.
  • The different sectors are in different stages of their strategic formulation, activities and action plans, which could make it difficult to have a common plan and requires adaptation and additional time dedicated to joint meetings. In Cabo Verde, the formulation of a school food and health law is the result of important work on coordination between the education and health sectors which had to be carried out.
  • Mobilization of resources to finance school food, by means of transferring resources between the partners, but equally additional resources that the national institutions must mobilize in order to improve the quality of the program. For example, in Cabo Verde the institution in charge of school social services was transformed so as to give it the freedom to mobilize funds, including from the private sector.

The identification of projects or concrete activities in the field which involve cooperation between different institutions seems to be an important way of reinforcing integration. In Cabo Verde, the pilot projects for supplying school canteens with local products are a concrete example of this cooperation: the Ministry of Agriculture and Fishing sees in this an opportunity to professionalize producers/fishermen and give them access to new markets and therefore provides them with specific technical support, while the education sector sees an opportunity to diversify school menus by shortening supply distances and by having the quality of the products guaranteed.