Foro Global sobre Seguridad Alimentaria y Nutrición (Foro FSN)

Jacques Loyat

AVSF Agronomes et vétérinaires sans frontières
France

L’importance de l’élevage

Dans le monde, 600 millions de personnes, parmi les plus pauvres, font de l’élevage leur principale ressource.

Dans les pays les moins avancés en termes de développement, l’élevage joue un rôle crucial dans la survie des familles paysannes. Il facilite notamment le passage des périodes sans récoltes (autoconsommation, source de financement pour acheter d’autres aliments). Les œufs, le lait et la viande constituent un apport nutritionnel protéique de qualité, en particulier pour les femmes enceintes et les enfants.

Par la traction (labour, transport, ...) et la fertilisation des sols avec leur fumier, les bovins, chevaux et chameaux assument une fonction déterminante dans les exploitations agropastorales.

Pour les revenus, le petit élevage (volailles, petits ruminants, porcins,…) représente une source de liquidités facilement mobilisable, surtout pour les femmes. Les « gros animaux » constituent une forme de capitalisation, comme au Sahel où ils permettent la valorisation des zones enclavées et la survie des populations pastorales qui y vivent.

Sécuriser les élevages paysans

Sécuriser les élevages paysans est un enjeu fort, nécessitant d’aider les éleveurs à maitriser leurs principales contraintes, au premier rang desquelles les contraintes zootechniques (disponibilité alimentaire, reproduction, amélioration de l'habitat, ...) et la santé des animaux.

D’un point de vue environnemental, les animaux jouent, pour les petits éleveurs, un rôle fondamental car ils entretiennent les pâturages, valorisent les résidus de récoltes pour leur alimentation et restituent au sol leur fertilité naturelle avec leurs déjections : en phase avec une approche agroécologique, ils participent ainsi au maintien de la fertilité des cycles naturels.  Quant aux émissions de gaz à effet de serre, les élevages paysans sont les moins émetteurs car l'utilisation d'intrants, d'énergies fossiles, de fertilisants pour produire les fourrages est beaucoup moindre que pour les élevages industriels.

L’agroécologie dans l’élevage

Comment concilier l’agroécologie, qui prévoit un recours minimal aux intrants de nature chimique, avec des modes d’élevage qui nécessitent souvent des produits de synthèse (antibiotiques, antiparasitaires, vitamines…) ?

Est-il possible d’améliorer la santé et la productivité des élevages familiaux, de protéger la santé publique avec une approche plus écologique ?

La réponse peut être trouvée à travers les pratiques traditionnelles vétérinaires. Rechercher des alternatives à la médecine occidentale dans les pays en développement est recommandable, car les médicaments vétérinaires y sont souvent difficiles d’accès et de qualité parfois douteuse. Une autre voie pour réduire les interventions de nature chimique est la récupération et la diffusion d’espèces et de races animales mieux adaptées aux conditions d’élevage (climat, disponibilité d’aliments et d’eau) et nécessitant moins de soins.

L’élevage paysan s’imbibe du respect du vivant, il maintient des tailles d’exploitation raisonnables et une solidarité tacite entre homme et animal, qui n’est pas vu seulement en termes productivistes. Les éleveurs et les paysans du Monde ont beaucoup de choses à nous apprendre.

Jacques Loyat,

Administrateur AVSF

AVSF Agronomes et vétérinaires sans frontières

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