Forum global sur la sécurité alimentaire et la nutrition (Forum FSN)

Commentaires sur le rapport 

L'avant projet met bien évidence l'importance de mieux comprendre les aspirations des jeunes, différenciées selon le sexe, la classe sociale, l’appartenance ethnique et autres formes de différence, afin de permettre la mise en place de systèmes alimentaires durables. C'est pertinent parce que dans toutes les initiatives visant à promouvoir la participation et l'engagement des jeunes dans les systèmes agro-alimentaires, leurs aspirations à eux-mêmes ne sont presque jamais considérées.

 

Références les plus récentes à prendre en compte

Mabiso, A., and Benfica, R. (2019) The narrative on rural youth and economic opportunities in Africa: Facts, myths and gaps. IFAD, Rural Development Report, Background Papers 21.

 

Informations en retour

1. Il est nécessaire de promouvoir la participation et l'emploi des jeunes dans l'agriculture et les systèmes alimentaires car l'agriculture est avant tout le secteur qui fournit les matières premières à l'alimentation des peuples, et face à une population mondiale vieillissante, il y a un besoin impératif pour tous les pays de renouveller la classe des acteurs agricoles. En Afrique où le secteur emploie 65% de la population, c'est d'autant plus important de revisiter le travail des jeunes dans le secteur face aux taux de sous-emploi visible et invisible très élevés. Les principaux problèmes qui amenuisent les efforts de participation des jeunes dans le secteur sont le manque d'appui technique continu, les efforts limités de profilage, et le financement. Plusieurs opportunités existent et dans tous les secteurs de la société pour intéresser les jeunes à l'agriculture : les arts et loisirs relatifs à l'agro-tourisme ; l'agro-entrepreneuriat, la finance agricole, les technologies et services agricoles et agroalimentaires ; les foires culturelles et agricoles ; les médias axés sur l'agriculture ; l'éducation, la formation et la recherche en agriculture ; l'alimentation, la santé et la nutrition des famille ; et les politiques agricoles, législations foncières, et l'administration en général.

 

2. En réalité de nombreux jeunes s'engagent déjà dans l'agriculture et les systèmes alimentaires, soit parce qu'ils sont intéressés par le secteur, soit parce qu'ils n'ont pas d'autre alternative. Cependant, nous faisons face au défi du maintien des jeunes dans le secteur parce que dans de nombreuses régions du monde, le secteur a bénéficié de plusieurs décennies de sous-investissement qui en ont fait un secteur fournissant l'alimentation de la population mondiale mais créant plusieurs pauvres et travailleurs avec des revenus non décents. Il serait compliqué d'encourager un jeune à se créer un avenir dans un secteur où il voit peu d'avenir pour lui et sa famille ou trop de difficultés pour se faire une place.

 

4. Les voies les plus prometteuses pour rendre les systèmes agricoles et alimentaires plus attrayants pour les jeunes sont dans les services (fourniture diverses, médias), la production, l'agroalimentaire, les technologies, la finance, l'éducation et formation, et l'élaboration de politiques.

 

5. Il faut des stratégies axées sur un meilleur profilage des jeunes afin d'identifier les impératifs de capacités par profil de jeune dans les systèmes agricoles et alimentaires. Un rapport récent ACED-Bénin (2017). Analyse des profils des jeunes dans le secteur agricole au Bénin : les impératifs de capacités illustre bien le besoin de ce type de stratégies primordiales à toute initiative visant à engager pleinement et de manière durable les jeunes dans les systèmes agro-alimentaires.

 

6. Parallèlement, et notamment dans les pays africains, nous avons un réel besoin de revoir les programmes et curricula d'éducation et de formation en agriculture et y intégrer des outils prouvés d'évaluation professionnelle et d'orientation de carrière afin de mieux accompagner les jeunes formés dans les centres d'entrepreneuriat agricole, ainsi que les jeunes sortis des universités, dans leur projet professionnel et plan de carrière. Par exemple, encourager les jeunes à se positionner dans la seule sphère de l’agro-business est un premier pas et peut faire d’eux les champions économiques de demain s’ils se positionnent sur différents maillons avec des moyens mis à leur disposition. Mais en plus, il faut en orienter et en équiper d’autres pour façonner des politiques agricoles plus inclusives, améliorer l’environnement des activités et affaires agricoles, produire des données agricoles, repenser la nutrition et la santé des familles, valoriser l’agriculture et l’alimentation par les médias, financer les acteurs du secteur agricole, etc. Et les jeunes ne peuvent pas se positionner s'ils ne connaissent pas mieux leurs compétences actuelles et ce qui les intéresse dans les système agricole et alimentaire.

 

Ariel Djomakon, Spécialiste en finance agricole et en développement rural