1) Analyse des éléments complexes et des problèmes pratiques associés aux interfaces entre science et politiques
Comprenez-vous la manière dont les politiques relatives aux systèmes agro-alimentaires sont mises en oeuvre dans votre pays ou à l'échelle régionale ou internationale?
Réponse : Au Cameroun, comme à l’échelle régionale en Afrique, la mise en oeuvre des politiques relatives aux systèmes agro-alimentaires n’échappe pas aux limites de la gouvernance publique en générale, et peuvent être caractéristique des approximations ; des théories, des conflits d’intérêts ; des improvisations et la non maturation des projets ; l’inadéquation entre la recherche et les besoins réels du secteur ; la distance entre les agents porteurs des politiques et les acteurs vers qui ces politiques sont destinées ; etc.
Savez-vous qu'il existe des possibilités de contribuer à la science, aux preuves et à la connaissance des politiques menées sur le plan national, régional ou mondial?
Réponse : Des centres de recherches existent. Mais autant leurs démarches ne sont pas inclusives ; autant les résultats de leurs recherches n’arrivent que très rarement au niveau des besoins pratique sur le terrain ; et de façon très sélective ; par ce que possiblement accessible à une poignée d’élites intellectuelles embourgeoisées ; ou alors issue de l’une oligarchie politico-administrative à la quête d’activités de plaisance sans grand engouement de rentabilité économique : une activité agro-pastorale plus sentimentale qu’économique! Dans le même temps, les agents publics sensés chargés des projets de recherche et ceux en charge de leur diffusion privilégient les domaines où les budgets pourraient être facilement hors de contrôle. Des activités parallèles de commercialisation des résultats des centres de recherches moins théoriques peuvent parfois servir de méthode de financement de celles-ci!
Quel type de connaissance et de preuve faut-il privilégier dans un tel processus?
Réponse : Les connaissances basées sur les savoirs anciens, les connaissances pratiques et les preuves directes devraient être privilégiés pour être adaptés au contexte actuel. Ce qui permettrait une assimilation facile par les acteurs sur le terrain ; et inciter une contribution inclusive de tous les acteurs à la recherche
Connaissez-vous les forces et les faiblesses des processus?
Réponse : La difficulté de la recherche à sortir des laboratoires et instituts y relatifs crée une déconnection avec la réalité et les besoins actuels constitue la principale faiblesse. Ce à quoi il faut ajouter les problèmes de gouvernance, l’infrastructure de recherche, le financement à doses homéopathiques ou très sélectif ; l’illettrisme de la plupart des acteurs finaux et leur manque de moyens pour s’attacher les services d’experts ; l’existence «d’experts-charlatans» sur les réseaux sociaux, et le déficit de politiques publiques cohérentes adossées sur une programmation globale à l’échelle nationale ou régionale!
Et comme forces : La jeunesse de la population, le très fort engouement aux métiers de chercheurs et acteurs agro-pastoraux ; le potentiel naturel et climatique favorable à tous types cultures, et donc de possibilités de pratiques après la théorie ; un potentiel énorme et un environnement encore vierge de toute pollution irréversible. Bref, l’existence des besoins réels en produits de la recherche, etc.
Quelles opportunités et quels défis avez-vous rencontrés pour tirer parti de la science de la durabilité, de l'interdisciplinarité et de la transdisciplinarité pour étayer l'élaboration des politiques?
Réponse :
- Comme opportunités rencontrés pour tirer parti de la science de la durabilité, la jeunesse des chercheurs et leur désir d’aller plus loin ; les besoins du marché et la volonté politique affichée par les services de l’organisation régionale (l’Union Africaine) ; de même que les organisations sous régionales, malgré leur manque de moyens financiers ! De l'interdisciplinarité : potentiel sans opportunités réelles et dépourvu de volonté d’ouverture aux savoir traditionnels qui soutient la majeure partie de la production jusqu’ici ; et de la transdisciplinarité pour étayer l'élaboration des politiques : aucune opportunité mis en exergue malgré des possibilités multiples.
-Comme défis rencontrés pour tirer parti de la science de la durabilité : le rajeunissement davantage de chercheurs et leur responsabilisation pour sortir du jouc des maîtres très résistants pour laisser émanciper la nouvelle génération ; au risque de donner l’impression de prendre en otage les structures de recherche, qu’ils pourraient soumettre…;
De l'interdisciplinarité et de la transdisciplinarité pour étayer l'élaboration des politiques: l’absence de politique réelle et cohérentes qui favorisent une recherche globalisante, interdisciplinaire et à long terme!
Comment prendre efficacement en compte les asymétries de pouvoir entre les parties prenantes dans le cadre des processus liés à la science et aux politiques ?
Il faut résoudre l’équation d’élaboration participative et inclusive des politiques, en associant tous les acteurs scientifiques et utilisateurs des produits des recherches ou demandeurs ; et élaborer des politique basées sur une programmation qui vise le long terme, l’interdisciplinarité et la transdisciplinarité ;
Privilégier le mérite et non la quête d’opportunités d’emplois ; démocratiser la recherche en intégrant le savoir traditionnel ou indigène qui associe les dépositaires culturels et coutumiers de cette sciences non conventionnelle ; mais donc la pratique se fond dans une sorte de symbiose avec l’environnement etc.
2) Production de connaissances au service des politiques
Quelles mesures prenez-vous pour aligner votre recherche sur les problématiques et les défis auxquels sont confrontés les systèmes agro-alimentaires ?
Réponse : Il faut écouter la base et adapter ses besoins à ce qui résulte des recherches actuelles ; et ouvrir le partage des savoirs anciens à un plus grand nombre ; au monde de la recherches et à la mutualisation interculturelle.
De quelle manière les thèmes de recherche dans votre domaine de travail sont-ils structurés par les intérêts académiques et/ou les priorités des bailleurs de fonds ?
Réponse : Notre travail ne bénéficie jusqu’ici d’aucun accompagnement académique, étatique ou de quelques bailleurs de fonds qu’il soit. Du coup, nous n’obéissons qu’à la demande sur le terrain ; que nous adaptons à l’offre des solutions parfois innovantes ou simplement améliorées.
Dans quelle mesure ressentez-vous une convergence de vues entre les communautés de recherche et d'élaboration des politiques dans votre domaine de travail sur les défis auxquels sont confrontés les systèmes agro-alimentaires ?
Réponse : Aune concordance en terme de politique n’étant prise en compte dans les travaux de recherche et l’élaboration des politiques à notre connaissance, tout se passe comme si les bureaucrates sortent des solutions sous leur chapeaux ; tant dis que les chercheurs des instituts parapublics qui heureusement reçoivent les financements publics reprennent ces prescriptions comme s’ils n’avaient pas de choix ; même si l’acteur destinataire en a exprimé le besoin différents, ou que les résultats de la recherche ne lui parviennent pas !
Dans quelle mesure travaillez-vous de manière interdisciplinaire et/ou tirez-vous parti des compétences d'acteurs universitaires et non universitaires, notamment des peuples autochtones et des petits producteurs ?
Réponse : C’est le viatique de notre mission ; et nous nous y attelons au quotidien, même si les milieux de la recherches restent très fermés. D’où cet appel à rendre la recherche disponible et dans un format accessible et compréhensible : (le concept de Démocratisation de la recherche) !
Dans quelle mesure et de quelle manière vos recherches sont-elles coproduites avec d'autres détenteurs de connaissances et des parties prenantes non universitaires pour éclairer les politiques relatives aux systèmes agro-alimentaires ?
Réponse : Nous travaillons sur le terrain et les résultats de nos recherches sont directement mis à disposition des acteurs de terrain qui sont organisés en mutuelles. Celles-ci travaillent en synergie d’actions et partagent leurs savoirs avec l’ensemble des acteurs ; y compris avec nos équipes. C’est ce qui permet de diffuser plus facilement les connaissances à des distances et cultures plurielles distinctes ! Malheureusement, l’absence de moyens de permet pas de documenter cette recherche qui se transmet oralement lors de la pratique. D’où la nécessité d’une prise en compte interdisciplinaires qui favorisera la collecte et la documentation pour un partage durable et à grande échelle.
3) Application des connaissances dans l'élaboration des politiques
Dans quelle mesure votre organisation/université vous aide-t-elle à produire et à diffuser des produits de connaissance destinés à tout un éventail de publics ?
Réponse : Notre organisation fonctionne sans aucune aide. Nous travaillons en tant que bénévoles et avec les moyens du bord. Ce qui fait la proximité avec les acteurs. L’Organisation facilite le regroupement d’acteurs de
terrain dans le but de mutualiser, et notre message trouve un auditoire acquis à la diffusion des méthodes et près à partager. Nous n’hésitons pas à mettre la main à la patte pour la pratique avec les acteurs sur le terrain. Ce qui permet de vérifier et d’ajuster si besoin est. Le champ et la plantation sont nos laboratoires expérimentaux.
Comment l'établissement crée-t-il ou maintient-il des liens institutionnels entre les producteurs et les utilisateurs de la recherche ?
Réponse : Le pacte de mutualisation de départ et l’implication à l’élaboration participative des besoins ; la présence sur le terrain en permanence car, c’est le terrain notre laboratoire et les exploitations notre champs d’expérimentation et pratique. Ce qui nous donne l’occasion de maintenir un lien fort et constant y compris hors saison : nous formons alors un tout avec le milieux de production, l’utilisation de la recherche et les acteurs sur le terrain. Nous pourrons mieux faire si nous avions des ressources dédiées à la collecte, l'application et la diffusion des connaissances acquises ou à développer..
Veuillez décrire les incitations ou les récompenses mises en place pour assurer un engagement politique efficace et durable, par exemple en menant avec succès des recherches pertinentes sur le plan des politiques et en assurant leur diffusion
Réponse : Nous ne recevons aucune attention extérieure et n’avons reçu aucune distinction ou récompense jusqu’ici de quelque organisme qu’il soit. Tout se passe dans notre cas comme si nous évoluons dans un monde où le critère unique de bénéficier d’un appui est l’appartenance au secteur public ou parapublic. Mais la satisfaction d’une agricultrice qui a amélioré sa production ou jugulé les pertes après récolte représente la meilleure incitation à poursuivre. C’est notre satisfaction.
Veuillez nous mentionner toute activité dans laquelle vous ou votre organisation/université vous engagez à rassembler des preuves pour l'élaboration de politiques, telles que des activités de synthèse de preuves ou l'élaboration de lignes directrices.
Réponse : - La maitrise de l’eau, l’impact des saisons et du climat, le respect de la forêt, le reboisement naturel, la production respectueuse de l’environnement, la limitation des usages chimique et les solutions à apportées aux espaces appauvris par les produits chimique, les pertes avant et après les récoltes, les méthodes traditionnelles de production, reproduction, diffusion et de conservation ; l’adaptation des cultures et modes culturaux avec les changements climatiques et la lutte contre la pollution plastique ; la place du recyclage dans l’agriculture urbaine ; la production fruitières ; l’agriculture et l’élevage biologique ; l’importance de la biodiversité dans le monde paysan, l’aquaponique et la pisciculture urbaine ou continentale ; l’agriculture de contre saison ; etc
Est-ce que vous ou votre organisation/université participez à des processus pour intégrer des données probantes aux processus d’élaboration de politiques agro-alimentaires tels que des consultations gouvernementales, des systèmes de gestion des connaissances gouvernementales, des systèmes numériques d'aide à la décision, des portails web, etc.
Réponse : Bien qu’au plan national, ce type d’évènements ne produisent pas véritablement de résultats visibles à l’immédiat en bout de processus, mon organisation et moi-même sommes toujours disponibles pour apporter notre contribution de manière significative ; y compris jusqu’au niveau de l’Union Africaine, l’organisation régionale et ses partenaire l’UE et le NEPAD. Mais notre franc-parler peut vite devenir un facteur de rejet qui fait de nous les personnes peu désirables après quelques sessions ! Ce qui ne nous décourage pas pour autant. Nous répondons aux appels du Forum FNS de la FAO depuis 2017 ; et ne manquons à aucun rendez-vous du système des Nations-Unies depuis l’élection de notre organisation au Statut Spécial Consultatif ECOSOC 2018 ; sauf si l’évènement est exclusivement réservé à la participation en personne : nous ne pouvons-nous payer le luxe de financer des déplacements alors que notre petite organisation ne bénéficie d’aucune aide ni subvention. Nos petits moyens sont strictement réservés aux activités pratiques sur le terrain en arrière-pays.
Est-ce que vous, ou votre organisation/université, contribuez aux efforts déployés pour garantir la fourniture de données à l'appui de l'élaboration des politiques, qui soient fondées sur la compréhension des contextes nationaux (ou sous-nationaux) (y compris les contraintes de temps), axées sur la demande et centrées sur la contextualisation des données pour une décision donnée de manière équitable ? Dans l’affirmative, veuillez nous en dire plus.
Réponse : Comme nous l’avons déjà exprimé plus haut, c’est le viatique constitutif de notre action globale même qui est résumé sur cette préoccupation. La réponse est oui. Nous pensons que c’est l’une des démarches des plus efficientes et efficaces qui devrait être privilégiée, si on veut véritablement que les efforts déployés pour garantir la fourniture de données à l'appui de l'élaboration des politiques et fondées sur la compréhension des contextes atteignent les cibles finales avec efficacité et efficience.
4) Évaluer les données probantes
Quels sont les éléments qui rendent les preuves crédibles, pertinentes et légitimes pour les différents
publics, et comment pouvons-nous équilibrer leurs exigences divergentes ?
Réponse : C’est l’avis du demandeur sur le terrain qui importe. Et seul un élément concret le satisfait. Il a donc besoin de juger au pied du mur : c’est-à-dire sur le terrain. D’où la nécessité de l’associer à la pratique expérimentale, parce qu’il n’est pas profane, mais acteur avec son expérience traditionnelle. Et le témoignage d’un acteur de son réseau est plus crédibilisé que toutes les théories savantes. Quant à la pertinence, le public l’atteste après vérification d’un élément mis à disposition et ce n’est qu’après qu’il accorde une certaine légitimité à la source. Un centre de recherche donc les chercheurs ne sortent jamais du confort de leurs bureaux que rarement, ou qui viennent sur le terrain avec de grosse voiture 4X4 climatisées créent le rejet systématique. Mais le message véhiculé par un acteur intermédiaire avec qui ils ont travaillé sur le terrain a plus de légitimité accordée que tous les clips vidéos montés avec des effets spéciaux…
Comment évaluer les preuves de manière rigoureuse, transparente et neutre ?
Il faut écouter les petits acteurs de terrain. Leurs témoignages en font foi. Il faut les associer au processus de collecte des méthodes et pratiques ; la vérification et d’évaluation. Si ça marche à leur échelle, ça va marcher à grande échelle ; surtout si la politique tend à faire de ces acteurs-là, les futurs pionniers agricoles !
Comment communiquer au mieux les évaluations des preuves à toutes les parties prenantes ?
Réponse : La communication des parties parementes est essentielle ; la concertation également. Il faut démocratiser la recherche et rendre disponible les résultats où chaque acteur s’y retrouve ; et tous pourront s’en approprier et assimiler !
5) Exemples
Veuillez donner des exemples illustrant la manière dont la science, les preuves et les connaissances générées par votre travail ou celui de votre organisation/université ont ensuite servi à alimenter le processus décisionnel
Réponse : Nous avons contribuer à la création de mécanismes interafricain au sein des structures spécialisées de l’Union Africaine et du NEPAD ; Au niveau National, nous avons participé aux états généraux de plusieurs secteurs ; même si les résultats sont demeurés dans les tiroirs ; Nous participons aux différents ateliers thématiques y relatifs ; etc.
Hubert Franck ATEBA, Président Exécutif ONG Afrique Avenir, Cameroun
السيد Hubert Franck ATEBA