1. Pourquoi est-il nécessaire de promouvoir la participation et l'emploi des jeunes dans l'agriculture et les systèmes alimentaires? 

    Quels sont les principaux problèmes et opportunités?

La nécessité de promouvoir la participation et de l’emploi des jeunes dans l’agriculture et les systèmes alimentaires n’est plus à demontrer. Quatre raisons principales peuvent être avancé pour justifier cette nécessité.

  • La croissance démographique : la population mondiale en 2015 s'élèvait à 7,3 milliards de personnes et elle devrait atteindre 8,5 milliards en 2030. 25% de la population mondiale sera Africain d’ici 2050 et l’Afrique sera le 1er continent le plus peuplé. On  estime  que  plus  de  2 milliards d'enfants naîtront dans le monde entre 2015 et 2030 (ONU, 2015).
  • Le taux de chômage: au plan mondial, il est de 21% contre 28% en Afrique.    
  • Le potentiel de l'agriculture et les systèmes alimentaires pour l’emploi des jeunes : l’agriculture constitue le plus gros employeur et où les besoins en termes de disponibilité, d'accès et de qualité des aliments et de la nutrition sont les plus grands. Il existe un important réservoir inexploité d'emplois dans le secteur agroalimentaire
  • La réduction de la pauvreté et de la faim: l’emploi des jeunes dans l’agriculture entrainerait l’augmentation des revenus des jeunes et contribuerait à réduire la pauvreté. D’un autre coté, cette participation va contribuer à la réduction de la faim à cause de la production en quantité et qualité suffisante pour la population.

La participation et l’emploi des jeunes dans l’agricculture offre deux avantages, celui d’offrir des emplois aux jeunes en résultant le problème de chômage aggravé par la croissance démographique et celui de lutter contre la faim dans le monde à travers une production durable et une amélioration des systèmes alimentaires.

  1. Comment l'évolution et les transitions de l'agriculture, des systèmes alimentaires et de la nutrition affectent-elles la participation et l'emploi des jeunes?      

    Comment l’emploi dans l’agriculture et les systèmes alimentaires peut-il devenir plus attrayant pour les jeunes, compte tenu en particulier du continuum rural-urbain?     

    Que faudrait-il pour améliorer les niveaux de vie et les services dans les zones rurales et les villes moyennes, afin de retenir les jeunes et les jeunes familles?
  • L’emploi dans l’agriculture et les systèmes alimentaires peut devenir plus attrayant pour les jeunes si les obstacles suivants sont lévés : le manque d’emplois; le besoin de ‘connaître quelqu'un’; le manque d'expérience professionnelle antérieure; un système de soutien faible pour les jeunes au chômage. L’accès aux capitaux (pour les jeunes des zones rurales) est un défi majeur et constant qui limite la capacité des jeunes à démarrer une entreprise dans le secteur. Les institutions financières décrivent les jeunes comme étant trop immatures et insuffisamment préparés à l'entreprenariat. Ces institutions manquent aussi de savoir-faire  pour traiter avec les acteurs actifs dans les économies informelles. Les jeunes doivent être accompagnés pour devenir un secteur d'activité viable. la plupart des jeunes n'ont pas accès à la terre, en raison de contraintes socioculturelles, de la situation économique et d'un manque de volonté politique. Les femmes sont le plus défavorisées  en ce qui concerne l'accès à la terre, ce qui limite leurs possibilités dans l'agriculture .
  • Faute d'accès à la formation et à la technologie, de nombreux jeunes voient l'agriculture comme un métier "sans issue" et cherchent plutôt un emploi dans les zones urbaines (Comité sur la sécurité alimentaire mondiale dans le rapport Bénin)’. Pour améliorer les niveaux de vie et les services dans les zones rurales et les villes moyennes, afin de retenir les jeunes, il faut:
  •  Soutenir le développement et la mise en œuvre d'approches politiques intégrées: Des emplois décents pour les jeunes stimuleront et renforceront les approches politiques intégrées et les programmes stratégiques aux niveaux national et local afin de promouvoir l'emploi des jeunes dans les zones rurales. Le développement des capacités institutionnelles ainsi que des investissements publics et privés plus responsables dans les systèmes agroalimentaires et dans le développement rural seront encouragés. Pour exploiter le potentiel d'emploi inexploité de l'agriculture et des autres secteurs ruraux, le dialogue entre les acteurs de l'agriculture et du travail sera activement encouragé et la cohérence des politiques intersectorielles en faveur d'un emploi rural décent renforcée. La violence sexiste, la maternité précoce et les mariages d'enfants, ainsi que la participation à des conflits, sont des éléments transversaux auxquels les jeunes ruraux sont confrontés et que les décideurs doivent inclure dans la stratégie intégrée. Des institutions publiques et privées nationales, notamment les ministères chargés de l’agriculture, de la jeunesse, des questions liées au genre et au travail, des organisations de producteurs, des groupes de jeunes, des bureaux nationaux de statistique et des centres de recherche seront également impliqués. Grâce à des politiques macroéconomiques et sectorielles favorables à l'emploi, à des programmes et services d'emploi bien adaptés et à une sensibilisation accrue grâce à des partenariats multidisciplinaires, les jeunes auront davantage de chances d'accéder à des emplois décents et productifs.
  • Rendre disponibles et accessibles dans les zones rurales et villes moyennes les infrastructures et services de base (accès à l’eau, à l’electricité, aux soins de santé, l’école ...etc). A cet effet, il faut une meilleure repartition géographique desdites infrastructures
  • Stimuler un environnement commercial favorable et inclusif: En concertation avec de multiples parties prenantes, les gouvernements seront soutenus dans leurs efforts pour attirer les investissements dans l'économie rurale. Les réformes de l’environnement des entreprises au niveau national devraient être axées sur les politiques, lois et réglementations couvrant des domaines tels que la fiscalité, les douanes, le commerce et la concurrence, ainsi que sur les conditions générales du développement du secteur privé. Le développement des PME rurales, qui a tendance à être à forte intensité de main-d'œuvre, fera l'objet d'une attention particulière. Les infrastructures physiques étant une composante essentielle du climat de l’investissement, les méthodes de développement des infrastructures à forte intensité d’emploi seront encouragées. Les opportunités d’emplois et de marché dans les milieux ruraux seront partagés avec les jeunes.
  • Renforcer l’éducation et la formation des jeunes ruraux: Les jeunes femmes et hommes bénéficieront d'approches de formation efficaces et novatrices pour aligner leurs compétences sur la demande de main-d'œuvre rurale. Des modules agricoles et agroentrepreneurs seront introduits dans les programmes d’enseignement. En dehors du système éducatif formel, les jeunes pourront acquérir des connaissances sur l'entrepreneuriat durable, par exemple en échangeant avec des agriculteurs plus âgés des pratiques et des technologies qui se sont révélées efficaces dans la gestion des ressources naturelles. 28 Les bonnes pratiques et les agro-entrepreneurs performants seront présentés, avec des itinéraires d'apprentissage développés pour permettre la montée en puissance des approches innovantes et attirer davantage de jeunes dans le secteur agricole.
  • Garantir l'accès aux ressources productives: En veillant à ce que les initiatives offrent aux jeunes ruraux, en particulier aux femmes, un accès à des ressources telles que la terre, la technologie et des services financiers, l'agriculture sera promue en tant qu'activité attrayante. En outre, des facilités de crédit et des prêts spécialement adaptés aux jeunes ruraux seront encouragés. L’accès des jeunes à la terre sera garanti par l’octroi de concessions et de baux de terres par l’intermédiaire d’associations ou de coopératives agricoles de jeunes. En outre, les jeunes bénéficieront d'investissements accrus dans les infrastructures sociales et économiques afin de leur offrir des perspectives d'emploi et des conditions de vie attractives.
  • Promouvoir des emplois verts: L'initiative encouragera activement l'adoption d'activités agricoles respectueuses de l'environnement et développera la formation des populations rurales à l'utilisation des technologies agricoles vertes, par le biais d'activités de renforcement des capacités (telles que l'agriculture biologique et l'agriculture de conservation). Il renforcera également la prise de conscience des perspectives d'emploi des travailleurs ruraux dans des systèmes alimentaires plus écologiques.
  1. Quelles transformations de la gouvernance sont nécessaires pour permettre et encourager la participation des jeunes de l'agriculture et aux systèmes alimentaires, et quelles actions sont nécessaires pour doter les jeunes des compétences et de la confiance nécessaires pour participer pleinement à ces processus décisionnels?

Au niveau de la gouvernance, il est essentiel d’impliquer les jeunes dans les prises de décisions et dans la mise en oeuvre des politiques, projets et programmes les concernant. Toute décision prise au nom des jeunes sans les jeunes est contre les jeunes. Les autorités étatiques doivent faire confiance aux jeunes et reconnaitre que la participation des jeunes est esentielle dans la résolution des problèmes des jeunes et dans la gouvernance des états pour conduire au développement durable. ‘L’avenir de l’agriculture en Afrique dépend des  jeunes talents pour qu’ils fassent de l’agriculture une vocation professionnelle.  

Pour doter les jeunes des compétences et confiance, il faut assurer une formation continue (en cascade, à distance, en présentiel) aux jeunes au regard des opportunités de marché et d’emplois. Au sujet de la confiance, il faut offrir aux jeunes des services de coaching et dévelopement personnel afin qu’ils développent la confiance en soi. Les actions de volontariat et de promotion des jeunes à des poste de prise de responsabilité/décisions sont aussi nécessaires pour doter les jeunes des compétences pour une pleine participation au processus décisionnel.

  1. Quelles sont les voies les plus prometteuses pour transformer les systèmes agricoles et alimentaires actuels dans les pays en développement afin de les rendre plus attrayants pour les jeunes?

Les voies les plus prometteuses pour rendre attractive et transformer les systèmes agricoles et alimentaires actuels dans les pays en développement sont entre autre :

  • La modernisation des programmes agricoles existants en introduisant de nouvelles technologies et en tenant davantage compte de la durabilité et de l'agriculture biologique;
  • ·l’intégration des technologies de l'information et de la communication y compris les drônes;
  • L’introduction des approches de formation tenant compte des disparités entre les sexes pour les jeunes, en mettant l'accent non seulement sur l'agriculture, mais aussi sur «l'entrepreneuriat socio-économique durable» et l'autonomisation;
  • L’amélioration de l'accès à la formation à l'esprit d'entreprise agricole
  • La promotion des chaînes de valeur agricoles

La création de centres d'incubation combinant différents types de production agricole (élevage, culture, aquaculture) et de services (commercialisation, innovation, recherche), dans le but de favoriser les synergies.

  1. Quelles sont les meilleures stratégies pour engager pleinement les jeunes, en particulier les jeunes femmes, dans les opportunités d’acquérir les compétences adéquates et les opportunités d’apprentissage pour développer davantage leurs connaissances et leur permettre d’être des leaders dans l’agriculture innovante et la transformation des systèmes alimentaires?

Il s’agit de :

  • présenter les cheminements de carrière de jeunes agriculteurs et «agro-entrepreneurs» prospères en tant qu’exemples susceptibles d’encourager la participation des jeunes à l’agriculture et de réduire la stigmatisation associée à l’agriculture;
  • promouvoir des emplois et des lieux de travail sûrs, flexibles et adaptés aux femmes; ·
  • adopter des protections du droit du travail et des systèmes de sécurité sociale donnant la priorité à l'amélioration des conditions de travail des ménages et des ménages;
  • Développer le mentorat, tutorat, coaching ...etc. afin d’aider les jeunes et les femmes en particuliers à apprendre de leurs aînés.
  • Donner la parole aux jeunes et les engager dans la formulation des politiques agricoles.
  1. Quelles sont les politiques les plus appropriées pour lever les obstacles qui empêchent les jeunes d’entreprendre et / ou de développer des activités dans l’agriculture et les services connexes, la chaîne alimentaire, l’agroécologie et l’environnement alimentaire, ainsi que dans les domaines de la nutrition et de l’innovation, en fonction de leurs compétences, aspirations, atouts et contextes?
  • Promotion de l’agroalimentaire, des chaînes de valeur et des modèles d’entrepreneuriat efficaces
  • Promouvoir l’autonomisation des jeunes femmes dans l’économie rurale
  • Faciliter l'accès aux ressources productives
  • Créer un environnement commercial favorable pour les jeunes
  • Mettre l’accent sur la diversification économique et le développement agricole
  • Doter chaque pays d’une politique de promotion de l’emploi des jeunes dans l’agriculture
  • Faciliter l’accès à l’éducation, à la formation et aux développement des compétences.
  1. Quelles sont les politiques et les initiatives les plus appropriées pour faciliter la transition de l’éducation au marché du travail et le recrutement et le maintien des jeunes dans les activités liées à l’agriculture et aux systèmes alimentaires? Quels sont les nœuds et activités dans les chaînes d'approvisionnement qui présentent le potentiel le plus élevé pour générer des emplois décents pour les jeunes? Quels nouveaux types de formations sont nécessaires pour favoriser davantage d'approches agroécologiques de l'agriculture?

La formation sur les TIC dans l’agriculture, le développement de l’approche chaînes de valeur et la priorisation de la production durable, respectueuse de l’environnement.  

  1. Quelle est l'ampleur des écarts de salaires en défaveur des jeunes, et en particulier des jeunes femmes, dans l'agriculture et les systèmes alimentaires, et quelles sont les expériences réussies en matière de suppression de ces écarts de salaire?

Les jeunes femmes participent à la main d’oeuvre agricole mais elles ne sont pas souvent renumérés. On les retrouve dans les activités de transformation, de récolte, de sémis et de sarclage. On note une certaine disparité dans le traitement salarial parmi les jeunes hommes et les jeunes femmes. Les femmes aident leurs maris dans les exploitations mais elles ne reçoivent pas un salaire pour les activités réalisées. Lorsqu’elles sont renumérés, c’est de façon dérisoire.

  1. Quelles données sont nécessaires pour soutenir l'élaboration de politiques visant à renforcer la participation et l'emploi des jeunes et à sensibiliser aux besoins, vulnérabilités et opportunités spécifiques des jeunes défavorisés?

Les données nécessaires pour soutenir l'élaboration de politiques visant à renforcer la participation et l'emploi des jeunes sont :

  • Effectif/proportion des jeunes diplômés arrivant sur le marché de l’emploi et leurs profils et qualifications.
  • Effectif/proportion des jeunes sans emplois avec ou sans qualifications
  • La demande en matière de main d’oeuvre agricole
  • Le taux de couverture des productions agricoles au plan national
  • Effectif/proportion des jeunes occupés dans le secteur agricole
  • Des études sur les opportunités sur le marché du travail et des affaires : secteurs à fort potentiel, secteur porteurs ...etc.

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