Global Forum on Food Security and Nutrition (FSN Forum)

Franco Torres

Fondazione Proclade Internazionale Onlus
Democratic Republic of the Congo

Faites part de vos commentaires sur les objectifs et le contenu proposé pour ce rapport, comme indiqué ci-dessus.

A

Estimez-vous que le champ d'application proposé est complet pour analyser et discuter des questions clés concernant le rôle des systèmes alimentaires urbains et périurbains dans la réalisation de la sécurité alimentaire et de la nutrition ? Y a-t-il des lacunes ou des omissions majeures ?

La proposition relève des points fondamentaux pour analyser et discuter le rôle des systèmes alimentaires urbains et périurbains dans la réalisation de la sécurité alimentaire. Néanmoins, une double omission -assez importante à notre avis- mérite d’être relevée. D’un côté il serait souhaitable d’expliciter le rôle des plus grands capitaux dans la configuration actuelle des systèmes alimentaires urbains. D’un autre côté il s’avère fondamental de reconnaître l’importance de l’intervention des états, notamment à travers l’implémentation de taxes, d’impôts progressifs et de programmes sociaux appliqués tant sur la production que sur le transport et la commercialisation des aliments pour rendre les systèmes alimentaires urbains et périurbains plus inclusifs, équitables et durables. Nous considérons que l’incorporation de ces deux aspects intimement liés rendrait la proposition plus complète.

B

Partager les bonnes pratiques et les expériences réussies en matière de renforcement des systèmes alimentaires urbains et périurbains dans le contexte de l'urbanisation et de la transformation rurale, y compris en cas d'urgence ou de conflit.

Les marchés et les réseaux de commerce juste qui favorisent le contact direct entre producteurs et consommateurs d’aliments.

Les champs et les potagers biologiques familiaux et communautaires dans les périphéries urbaines et même dans les centres urbains

L’agriculture syntropique dans les périphéries urbaines comme moyen de fournir des aliments et de rendre d’autres services écosystémiques, y compris la préservation de la flore et la faune locales.

C

Partager la littérature récente, les études de cas et les données qui pourraient aider à répondre aux questions suivantes :

1.            Quels sont les principaux goulets d'étranglement qui entravent la contribution des systèmes alimentaires urbains et périurbains à la sécurité alimentaire et à la nutrition ?

L’exclusion -paradoxale- de la plus part de la population urbaine des aliments locaux et bio à cause du prix. Pour les larges secteurs populaires, que dans des pays africains comme la RDC vivent sous le seuil de la pauvreté les aliments économiquement accessibles sont produits ailleurs (poulets et poisson congelés provenant de Pologne, Maroc et Chine, riz, provenant de Chine, boîte de « tomatoes », provenant aussi de Chine). Ce phénomène change les habitudes alimentaires de la population en les rendant moins saines et favorise un système de production et transport à forte émission de gaz à effet de serre. 

2.            Comment les systèmes alimentaires urbains et périurbains peuvent-ils être transformés et rendus plus équitables et accessibles à la fois pour les acteurs des systèmes alimentaires et en termes de sécurité alimentaire et de résultats nutritionnels ?

 Il est fondamental l’intervention de l’état et des politiques publiques dans la régulation de la production et le marché d’aliments. Dans ce sens,  nous trouvons opportun que les analyses macroéconomiques et historiques sur les inégalités (Cf Piketty, Thomas, Le capital au 21ème siècle, Paris, 2013 ; Capital et idéologie, Paris, 2019) ainsi que les propositions de politiques de redistribution des richesses soient appliquées à l’étude, la planification et la gestion des systèmes alimentaires. Piketty et d’autres proposent un système de taxes sur les plus hautes émissions de carbone ainsi qu’un système d’impôts progressif sur les plus gros capitaux afin de redistribuer les richesses d’une façon équitable. Ces propositions permettrait de réguler le pouvoir des grands acteurs du système alimentaire (producteurs de commodities, propriétaires de chaînes de supermarché, producteurs et importateurs de poulet, poisson congelés et riz) ainsi que de soutenir des allocations et des programmes sociaux pour les petits producteurs, producteurs familiaux, vendeurs et travailleurs des  marchés locaux, etc.

3.            Comment les chaînes d'approvisionnement alimentaire urbaines, formelles et informelles, locales et mondiales, peuvent-elles être rendues plus résilientes pour garantir la sécurité alimentaire et la nutrition en milieu urbain ?

Favoriser l’approvisionnement d’aliments à partir des centres productifs les plus proches contribue efficacement à la sécurité alimentaire et la nutrition. Cela s’est avéré lors de la COViD 19. Compter le moins possible, voire pas du tout, sur les denrées alimentaires importées rende les chaînes alimentaires plus résilientes. Dans ce sens, la manufacture de produits locaux représente une bonne alternative, tel que la production de farine de manioc panifiable en Afrique le preuve en remplaçant progressivement la farine de blé pour la production de pain ( Cf FAO, La fabrication d’une farine de manioc de haute qualité, Nigeria et https://www.unikin.ac.cd/index.php/atelier-sur-lutilisation-de-la-farine-de-manioc-dans-la-boulangerie-et-la-patisserie-tenu-par-la-professeure-marie-yandju-dans-la-province-du-haut-katanga/)

Par ailleurs, l’investissement en infrastructure routière, y compris l’entretien des routes de desserte agricole ainsi que la construction de voies ferrées est incontournable. Dans le contexte africain, le mauvais état des routes (moins du 10% des routes de la RDC sont praticables toute l’année ) représente un obstacle majeur pour l’évacuation des produits vivriers et donc pour l’approvisionnement des centres urbains. De même, l’agenda 2063 prévoit de relier les différents points urbains et ruraux à travers la voie ferrée, ce qui aurait des énormes bénéfices sur les chaînes d’approvisionnement d’aliments car le train s’avère l’un des moyens de transport les plus efficients, même du point de vue environnemental.

4.            Quels sont les changements nécessaires dans la planification urbaine pour mieux soutenir toutes les dimensions de la sécurité alimentaire - y compris le soutien aux droits de l'homme, à l'action et à la durabilité ? Quelles sont les mesures qui peuvent renforcer l'action des acteurs locaux dans les systèmes alimentaires urbains et périurbains ?

L’appui des marchés locaux offrant les produits locaux à des prix vraiment compétitifs accessibles grâce à un système de compensation et programmes sociaux pour les petits producteurs locaux et la régulation des supermarchés (cf. plus haut la réponse 2).

5.            Comment les gouvernements nationaux et municipaux peuvent-ils renforcer le potentiel des villes à faible émission de carbone, inclusives, relativement autosuffisantes et résilientes pour améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition dans le sillage du changement climatique et d'autres crises ?

a) Favoriser la production coopérative, biologique, agro écologique et syntropique. Cf des expériences de l’Amérique Latine :

Au niveau national :

https://espaciosustentable.com/rosario-huertas-comunitarias/

https://youtu.be/O9-awhAqezk

Au niveau municipal :

https://espaciosustentable.com/rosario-huertas-comunitarias/

b) Dans les contexte africain il est urgent d’assurer l’accès universel à l’énergie propre pour la préparation des aliments. L’utilisation de la braise par la quasi-totalité de la population urbaine cause des énormes dégâts sur le système climatique ainsi que sur la santé des personnes. Le potentiel hydroélectrique de l’Afrique en général et de la RDC en particulier se présente comme un atout et une opportunité pour donner ce pas urgent.

6.            Quelles sont les politiques les plus appropriées (et les lacunes des politiques existantes) le long du continuum rural-urbain pour traiter les questions de régime foncier, d'expansion urbaine sur les terres agricoles et de concurrence croissante pour les ressources naturelles ?

Les politiques les plus appropriés sont celles qui reconnaissent les droits des populations locales, autochtones, groupements dans le droit foncière. Une grande lacune c’est sont les droits des femmes sur l’accès à la terre et sa propriété, y compris dans le contexte périurbain.

7.            Comment les systèmes alimentaires urbains et périurbains peuvent-ils garantir la satisfaction des besoins alimentaires et nutritionnels de groupes spécifiques, tels que les migrants, les personnes déplacées à l'intérieur de leur pays, les enfants, les adolescents, etc.

Les programmes sociaux qui ne se réduisent pas a un montant d’argent mais qui incorporent la possibilité de produire et consommer d’aliments locaux représente une alternative pour garantir la sécurité alimentaire des groupes les plus vulnérables. Le programme de potager communautaires s’est réalisé dans les secteurs périurbains habité par des familles de migrants, par exemple :  https://www.argentina.gob.ar/desarrollosocial/prohuerta

8.            Quels sont les avantages et les défis potentiels des marchés territoriaux pour renforcer la sécurité alimentaire et la nutrition des populations urbaines ?

Les avantages de ce genre de marché sont :

  • Lien direct entre producteurs et consommateurs
  • Enrichissement et renforcement des liens sociaux et communautaires
  • Consommation de produits de qualité
  • Maximisation du bénéfice des producteurs familiaux
  • Moins d’impact environnemental négatif (déchet, chaînes de réfrigérateurs, etc)

Défis :

  • Disponibilité d’espaces pour son emplacement

9.            De quelle manière l'intégration de pratiques agricoles résilientes au climat et d'économie circulaire dans l'agriculture urbaine et périurbaine peut-elle fournir des cobénéfices climatiques pour tous et renforcer la résilience climatique ?

Dans des régions de collines sableuses où les glissements de terrains et les éboulements sont de plus en plus fréquents, l’agriculture syntropique se présente comme une opportunité pour la fourniture d’aliments et au même temps pour stabiliser le terrain en incorporant les arbres Autochtones, les fruitiers et d’autres. Les services écosystémiques de ce type de culture vont de la préservation de la flore jusqu’à la lutte contre le réchauffement climatique.