Global Forum on Food Security and Nutrition (FSN Forum)

Aude Vialatte

TINP-INRA
France

Chers collègues,

Il me semble important de développer spécifiquement quatre aspects connectés et fondamentaux de l’agroécologie, et qui peuvent relever de façon transversale de plusieurs grandes questions listées préalablement pour ce rapport:

-De nombreux processus écologiques et services écosystémiques mobilisables pour une agriculture agroécologique ont lieu à l’échelle du paysage. C’est par exemple le cas des régulations biologiques comme le contrôle biologique des bioagresseurs des cultures ou la pollinisation (ex. Vialatte et al. 2017). Outre la parcelle qui représente le premier niveau de gestion, le paysage, combinant un ensemble de parcelles de différentes exploitations agricoles associé à des habitats non cultivés, représente l’autre niveau écologique à considérer pour comprendre, diagnostiquer et prédire les niveaux de processus et services écosystémiques soutenant une production agroécologique.

-De nombreux éléments sont des freins à l’adoption de pratiques innovantes et/ou agroécologiques, en particulier celles relevant de la mobilisation des processus naturels, c’est-à-dire des services écosystémiques. L’un d’eux est la perception qu’ont les acteurs de la réalisation de ces services. Par exemple, s’il est admis scientifiquement qu’un paysage hétérogène et diversifié favorise le contrôle biologique des bioagresseurs et la pollinisation, la perception des agriculteurs de ce service reste très limitée, et leurs incertitudes sont nombreuses (ex. Salliou et al. 2017). Connaitre ce type de frein, au moyen d’enquêtes par exemple, est fondamental pour la mise en place d’un accompagnement aux changements de pratiques.

- Le territoire apparait comme le niveau d’organisation socio-économique et écologique central dans le développement de systèmes de production de type agroécologique. Il s’associe alors à la nécessité d’une coordination entre parties prenantes de la production agricole pour favoriser des services écosystémiques relevant du niveau écologique qu’est le paysage. Une piste d’organisation sociale pour une telle coordination peut être l’action collective, qui est actuellement étudiée dans le contexte de l’agroécologie (ex. Barnaud et al. 2017).

- La cartographie des services écosystémiques et des niveaux de rendement, à des échelles spatiales fines de type territorial est un enjeu majeur pour le diagnostic et l’aide à la gestion/coordination territoriale. Les moyens technologiques actuels comme la télédétection par satellites, sont actuellement mis en œuvre pour tester leur capacité de prédiction des niveaux de services (Duflot et al. 2017). Ils permettront très prochainement une estimation cartographiée quasi en temps réel de certains services écosystémiques.

 

Aude Vialatte, UMR INRA-TINP DYNAFOR