Les impacts du changement climatique se ressentent déjà au nord comme au sud. Les projections sont alarmantes : si rien n’est fait pour lutter contre le changement climatique, 600 millions de personnes supplémentaires souffriront de sous-alimentation en 2080.[1] Les changements climatiques menacent de réduire à néant les progrès effectués ces dernières années dans la lutte contre la faim et la sous-nutrition.
Les changements climatiques influencent toutes les causes de la sous-nutrition
Sècheresses, irrégularités pluviométriques, hausse du niveau des mers, vagues de chaleur, perturbations des écosystèmes, cyclones plus fréquents. Frappant différentes régions du globe, les changements climatiques ont des effets particulièrement dévastateurs sur les pays les plus fragiles. Tous les déterminants de la sous-nutrition sont gravement exacerbés par les changements climatiques car la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau, l’hygiène et à l’assainissement, et la santé des populations sont gravement impactés.
Si les tendances climatiques actuelles se confirment, la production de blé pourrait enregistrer une baisse de 10 à 20% d’ici à 2030 comparé aux rendements des années 1998-2002.[2] Globalement, en Afrique subsaharienne, un réchauffement d’environ 2°C entraînerait aussi une réduction de 10% du rendement agricole total d’ici 2050, tandis qu’un réchauffement supérieur et donc plus probable pourrait porter ce chiffre à 15 ou 20%.[3] La baisse des rendements agricoles aura certainement pour conséquence une hausse des prix des produits alimentaires de base. Sans changement climatique, l’IFPRI estimait déjà en 2009 que les prix des denrées alimentaires de base comme le riz, le maïs, le blé et le soja subiraient une augmentation importante entre 2000 et 2050. En intégrant le facteur climatique, les prix augmenteront de manière supplémentaire de 23 à 37 % pour le riz, de 52 à 55 % pour le maïs, de 94 à 111 % pour le blé et de 11 à 14 % pour le soja. De plus, les changements climatiques vont provoquer un accroissement sans précédent des maladies phytosanitaires, des zoonoses. La prévalence des maladies infectieuses à transmission vectorielle risque de s’aggraver, en entraînant un affaiblissement du statut nutritionnel. Par exemple, selon, l’OMS, 2 milliards de personnes seront exposées à la dengue d’ici à 2080.[4]
L’aide-mémoire de l’OMS de 2014 rappelle qu’il est probable que, d’ici 2090, les changements climatiques étendent les zones affectées par les sécheresses, doublent la fréquence des sècheresses extrêmes et multiplient par six leur durée moyenne[5]. Entre 350 et 600 millions d’Africains feront face à un déficit en eau (avec un scénario de réchauffement limité à 2°C)[6]. Finalement, entre 2030 et 2050, on s’attend à ce que les changements climatiques entraînent près de 250 000 décès supplémentaires par an, dus à la malnutrition, au paludisme, à la diarrhée et au stress lié à la chaleur.[7] Enfin, la concurrence sur les ressources naturelles (eau, pâturages) de plus en plus rares accentue le risque de conflits et les flux migratoires, qui à leur tour amplifieront le risque d’insécurité alimentaire et nutritionnelle. L’Organisation Internationale pour les Migrations prévient qu’on pourrait compter jusqu’à 1 milliard de réfugiés climatiques en 2050.[8]
Justice climatique et sécurité alimentaire : les plus vulnérables sont toujours les plus affectés
Les projections les plus optimistes (+2°C à la surface du globe) prévoient que le taux de sous-alimentation en Afrique augmentera de 25 à 90% d’ici à 2050.[9] Cette situation traduit un paradoxe : ceux qui contribuent le moins au réchauffement climatique sont ceux qui en souffrent le plus. Les pays du Sud et les ménages les plus pauvres subiront la plus grande partie des dommages humains et économiques causés par le changement climatique, alors même que leurs capacités de réponse sont souvent limitées voire épuisées.
Ce sont pour la plupart de petits producteurs et productrices qui vivent de l’agriculture pluviale, de la pêche ou de l’élevage, des moyens de subsistance très fortement dépendants des conditions climatiques et environnementales. Les changements climatiques et l’accroissement de la fréquence et de l’intensité des aléas climatiques entrainent un affaiblissement ou une destruction de ces moyens de subsistance et de l’accès aux ressources naturelles. La communauté humanitaire doit se préparer à affronter une augmentation de l’intensité et de la fréquence des catastrophes naturelles.
Enfin, pour certaines régions du monde comme l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud Est, les capacités d’adaptation seront, quoi qu’il arrive, insuffisantes pour faire face aux chocs à répétition (sécheresses, inondations, cyclones) qui mettent en péril la sécurité alimentaire et nutritionnelle et les modes de subsistances de milliards de personnes. Selon un rapport du PNUE[10], « environ 50% de la population mondiale sera en risque de sous-alimentation en 2050 du fait d’une augmentation de la demande et du changement climatique (dans un scénario à 2°C de réchauffement) contre environ 30% sans changement climatique ».
S’adapter au changement climatique pour mieux atténuer ses impacts
Le besoin d’atténuer le changement climatique est une évidence. En effet, le GIEC nous rappelle qu’un scénario à +4°C de réchauffement ou plus par rapport aux niveaux de la fin du XXe siècle, combiné à une hausse de la demande d’aliments, engendrerait des risques considérables pour la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale et régionale.[11]
De plus, d’après le PNUE, les coûts nécessaires à la mise en place de mesures d’adaptation, jusque-là mesurés à 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020, ont été largement sous-estimés. Le PNUE prévoit en effet que même en réduisant nos émissions, l'adaptation pourrait coûter jusqu'à 150 milliards de dollars d'ici 2025/2030, et entre 250 et 500 milliards de dollars par an d'ici 2050.[12] En l’état actuel des financements internationaux disponibles pour l’adaptation, nous sommes encore très loin du compte. Plus le temps passe, plus le coût économique, environnemental et social sera élevé. Des fonds publics additionnels sont nécessaires dès aujourd’hui pour soutenir les pays les plus pauvres à mettre en place des stratégies d’adaptation et de renforcement de la résilience.
Le secteur privé est à juste titre considéré comme un acteur majeur du financement du développement durable. Cependant, on assiste à un déséquilibre dans les investissements privés qui vont privilégier la rentabilité offerte par les actions d’atténuation et peu s’engager dans le financement de l’adaptation. Dès lors, comment assurer une mobilisation financière à la hauteur des enjeux pour soutenir les petits agriculteurs familiaux et le développement de plans d’adaptation efficaces en matière de sécurité alimentaire ?
La sécurité alimentaire, au cœur de la convention de Paris
L’accord international sur le climat doit permettre de fixer les engagements des Etats en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, d’adaptation aux impacts du dérèglement climatique et de financement. C’est dans ce cadre qu’une reconnaissance des risques sur la sécurité alimentaire doit être explicitée afin de permettre le déploiement de solutions et mesures efficaces contre la faim. Il est notamment primordial de ne pas limiter la réponse à un appel à l’augmentation de la production agricole mais bien de rechercher l’objectif de sécurité alimentaire qui comprend des enjeux tels que l’accès et la disponibilité d’une nourriture de qualité pour tous.
A Genève, lors des négociations de l’ADP 2.8 en février dernier, le terme « sécurité alimentaire » est apparu pour la première fois dans le texte pour Paris, à la fois dans le préambule du texte provisoire, mais aussi dans le paragraphe sur l’adaptation au changement climatique. Cependant, rien ne dit qu’il y restera jusqu’à la COP 21.
En effet, le texte des négociations n’est pour l’instant qu’une compilation de positions très divergentes, sur des enjeux variés. Les nombreuses options laissent la porte ouverte à toute modification. Il est impératif que la mention de la sécurité alimentaire ne soit pas utilisée comme un « trade-off » d’ici la COP 21, c’est-à-dire qu’elle soit supprimée à la dernière minute pour satisfaire un autre enjeu.
Enfin, il est impératif de demeurer vigilant face aux mirages que constituent certaines « fausses solutions », à l’instar de l’alliance pour une agriculture intelligente face au climat (AAIC) qui présente par exemple les OGM comme une action d’adaptation au changement climatique, aux dérives des marchés carbone, aux agro carburants.
Telle que définie aujourd’hui, l’agriculture intelligente face au climat est encore un concept beaucoup trop imprécis. Il est susceptible d’englober des modèles agricoles extrêmement différents, dont les impacts environnementaux (ressources naturelles), sociaux (emplois, égalité de genre, droits humains), et économiques (autonomie/dépendance des paysans) sont réels. Ce concept fait peser un risque énorme : celui de faire de l’AIC un label qui permettrait de légitimer les modèles agricoles productivistes et de l’agrobusiness, qui n’ont pas réussi jusqu’ici à assurer la sécurité alimentaire des 560 millions d’agriculteurs et d’agricultrices qui souffrent de la faim aujourd’hui. Il n’y a pas de « quick fix » à espérer pour permettre aux plus pauvres de faire face aux impacts du changement climatique. Lutter contre le changement climatique et lutter contre la faim sont deux objectifs indissociables qui ne peuvent plus être pensés et atteints de façon dissociée.
Il est donc urgent pour la communauté internationale et les négociateurs de relever un quadruple défi:
Adopter et mettre en place de manière urgente un plan d'action ambitieux d'atténuation du changement climatique, afin de maintenir la température à la surface du globe en deçà des +2°C de réchauffement en 2100, afin de limiter les impacts du changement climatique sur la sécurité alimentaire.
Faire de la lutte contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle un objectif commun de l’ensemble des Parties de la CCNUCC. Pour ce faire, il est important que la convention climat qui sera adoptée à Paris reconnaisse explicitement les risques du CC sur la sécurité alimentaire et s’engage à ce que les mesures d’adaptation et d’atténuation contribuent à une meilleure sécurité alimentaire.
Accroitre les financements publics dédiés à l’adaptation et assurer un rééquilibrage entre les fonds consacrés à l’atténuation et ceux destinés à l’adaptation.
Reconnaître que le changement climatique va accroître l’exposition aux risques des pays et populations plus vulnérables et mettre en place un système de compensation des pertes et dommages occasionnés par le changement climatique et qui ne peuvent être évités.
[1] UNDP, Human Development Report 2007/2008. Fighting Climate Change: Human solidarity in a divided world, 2007, p. 90 (citing Rachel Warren, Nigel Arnell, Robert Nicholls, Peter Levy and Jeff Price, ‘Understanding the Regional Impacts of Climate Change’, Research Report prepared for the Stern Review on the Economic of Climate Change, Research Working Paper No. 90, Tyndall Centre for Climate Change, Norwich).
[2] Richard Munang, Jesica Andrews, « L’Afrique face au changement climatique », Afrique Renouveau : Édition Spéciale Agriculture 2014, page 6
[4] Hales S et al. Potential effect of population and climate changes on global distribution of dengue fever: an empirical model. The Lancet, 2002, 360:830–834.
[6] Bates, B.C., Z.W. Kundzewicz, S. Wu and J.P. Palutikof, Eds., Climate Change and Water, IPCC Technical Paper VI - June 2008, IPCC Secretariat, Geneva, p.96. Available from IPCC Secretariat
[8] Oli Brown, Migrations et changements climatiques, n°31, Organisation Internationale pour les Migrations, 2008, 66 pp., p.12
[9] 4Lloyd, S. J., Kovats, R. S., & Chalabi, Z. (2011). Climate Change, Crop Yields, and Undernutrition:
Development of a Model to Quantify the Impact of Climate Scenarios on Child Undernutrition.
Environmental Health Perspectives, 119
[10] PNUE, Africa’s Adaptation Gap 2 : Bridging the gap – mobilising sources , 2015, à partir de l’étude de : Dawson TP et al. (2014) Modelling impacts of climate change on global food security.
[11] GIEC, 2014: Changements climatiques 2014: Incidences, adaptation et vulnérabilité – Résumé à l’intention des décideurs. Contribution du Groupe de travail II au cinquième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Organisation météorologique mondiale, Genève (Suisse), 34 pages, p. 19
[12] UNEP 2014. The Emissions Gap Report 2014. United Nations Environment Programme (UNEP), Nairobi
The impact of climate change is already felt in the Northern hemisphere as it is in the South. The forecasts are alarming: by 2080, if nothing is done to fight against climate change 600 million additional people will suffer the effects of undernourishment. [1] Climate changes threaten to wipe out the progress achieved in the fight against hunger and undernourishment in recent years.
Climate changes have an effect on allthe causes of undernourishment.
Droughts, irregular rainfall, rising sealevels, heatwaves, disturbed ecosystems, more frequent hurricanes. Hitting different parts of the globe, climate changes have especially devastating effects on the most vulnerable countries. All the determining factors for undernourishment are seriously exacerbated by climate changes because food security, access to water, hygiene and sanitation, and the health of the people are seriously impacted.
If the present climate trend is confirmed, wheat production could drop by 10 to 20% between now and 2030 compared with the period 1998-2002. [2] In general, in Sub-Saharan Africa, a rise in temperature of around 2°C could imply a reduction of around 10% in the total agricultural yield from now to 2050, while a higher, andtherefore more probable, level of warming could raise this figure to 15 or 20%. [3] This decline in agricultural production would surely result inincreased prices for basic food products. Even without climate change, IFPRI estimated in 2009 that prices of basic food products like rice, maize, wheat and soya will registera significant increase between 2000 and 2050. When the climate factor is included, prices will increase by a further 23 to 37% for rice, from 52 to 55% for maize, from 94 to 111% for wheat and from 11 to 14% for soya. Additionally, climate changes will cause an unprecedented increase in the number of phytosanitary and zoonotic diseases. The incidence of vector borne infectious diseases threatens to become worse, bringing with it a deteriorating nutritional situation. For example, according to the WHO, 2 billion people will be exposed to dengue fever between now and 2080. [4]
The 2014 WHO memorandum notes that it is probable that between now and 2090 climate changes will expand the areas affected by drought, doubling the frequency of extreme droughts and multiplying by six their average duration. [5] Between 350 and 600 million Africans will face a water deficit (with a global warming scenario limited to 2° C). [6] Finally, between 2030 and 2050 it is expected that climate change will cause almost 250 000 additional deaths per year, due to malnutrition, malaria, diarrhea and heat stress. [7] Indeed, the competition for increasingly scarce natural resources (water, pastures) accentuates the risk of conflicts and migrations, which in turn increase the risk of food and nutrition insecurity. The International Organization for Migrations forewarns that by 2050 there could be a billion climatic refugees.[8]
Climate justice and food security: the most vulnerable people are always the most affected
The most optimistic forecasts (+2°C on the surface of the earth) anticipate that the rate of undernourishment in Africa will increase from 25 to 90% between now and 2050.[9] This is a paradoxical situation: those who least contribute to global warming are the ones who suffer most from it. The countries in the Southern hemisphere and the poorest households will suffer mostof the human and economic damage caused by climate change, while at the same time their capacity to respond is often limited if not exhausted.
They are in the majority small, men and women, producers living on rain-fed agriculture, fishing or livestock, means of subsistence which are extremely dependent on climatic and environmental conditions. Climate changes and the increased frequency and intensity of climatic natural hazards cause a weakening or a destruction of these means of subsistence and of access to natural resources. The human community must be prepared to face an increase in the intensity and frequency of natural catastrophes.
At any rate, for some regions in the world, like Sub Saharan Africa and South-Eastern Asia their capacities for adaptation will be, whatever happens, insufficient to face the recurring blows (droughts, floods, hurricanes) which threaten food security and nutrition and the means of subsistence of billions of people. According to a UNEP [United Nations Environment Programme] report [10], around 50% of the world population will be at risk of undernourishment by 2050 due to increased demand and to climate change (in a scenario of global warming of 2°C) against around 30% without climate change.
Adapting to climate change to better mitigate its effects
The need to mitigate climate change is evident. In fact, the IPCC points out that a scenario of global warming of +4°C or more in relation to the levels at the end of the 20th century, combined with an increase in the demand for food would generate considerable risks to food security at global and regional levels.[11]
Moreover, according to UNEP, the expenditure needed for the implementation of adaptation measures,up to now forecast at 100 billion dollars per year from now until 2020, have been greatly underestimated. UNEP forecasts, in fact, that even reducing our emissions, adaptation could cost up to 150 billion dollars from now to 2025/2030 and between 250 to 500 billion dollars per year from now til 2050. [12] In the present state of international finances available for adaptation, we have nowhere near the budget. The more time passes the greater the economic, environmental and social costs will be. Additional public funds are needed from now on to support the poorest countries in the implementation of strategies for adaptation and thereinforcement of resilience.
The private sector is justly considered as a major actor in financing sustainable development. However, we are witnessing an imbalance in private investments which favor profitabilityarising fromalleviationinitiatives and which is not much involved in the financing of adaptation. Consequently, how can financing be mobilizedwhich is adequate to meet the challenges ofsupporting small family farmers and the development of efficient adaptation plans in terms of food security?
Food security at the heart of the Paris Convention
The international agreement on climate should enablethe commitments of States to be determined in terms of reduction of greenhouse gases, and adaptation to the effect of climatic and financial disruptions. It is in this framework that recognition of the risks on food security must be explicit with the goal of allowing the implementation of efficient solutions and measures against hunger. It is of primordial importance that the response should not be limited to a call for increased agricultural production but also tofindan objective for food security which includes issues such as access to and availability of quality food for all.
In Geneva, during the ADP 2.8 last February, the term "food security" appeared for the first time in the text for Paris, both in the introduction to the draft text and also in the paragraph on adaptation to climate change. However, that is not to say that it will remain there until COP 21.
In fact, the text to be negotiated is at present no more than a compilation of very different positions on diverse issues. The many options leave the door open to every possible modification. It is imperative that the mentioning of food security is not used as a "trade-off" leading up to the COP 21, in other words that it is not eliminated at the last minute to satisfy another issue.
Anyway, it is imperative to remain vigilant when facing illusions constituted by certain "false solutions", like the alliance for a climate-smart agriculture (AAIC) which presents for example the GMOs as actions of adaptation to climate change, to carbon markets derivatives, to agro fuels.
As defined today, climate-smart agriculture is still a very imprecise concept. It is able to include very different agricultural models whose environmental (natural resources), social (jobs, gender equality, human rights) and economic (autonomy/dependence of peasants) impacts are genuine. This concept can carry an enormous risk: that of making AIC a label which will allow the legitimization of productive agricultural models and agro-industries which so far have not succeeded in ensuring the food security of 560 million men and women farmers who at present are suffering hunger. There is no "quick fix" to enable the poorest people to face the impact of climate change. The fights against climate change and against hunger are two inseparable objectives which cannot be thought about or achieved separately.
It is therefore urgent that the international community and the negotiators take account of a quadruple challenge:
Adopt and implement urgently an ambitious action plan to reduce climate change with the objective of maintaining the temperature on the surface of the earth below +2°C of global warming by the year 2100 so as to limit the impacts of climate change on food security.
Make the fight against food and nutrition insecurity the common objective of all the members of the UNFCCC. To achieve this it is important that the convention onclimate that will be adopted in Paris recognizes explicitaly the risks of climate change on food security and commits itself to the contribution by measures of adaptation and reductionto better food security
Increase public financingdedicatedto adaptation and ensure a new balance between the funds destined to reduction and those destined to adaptation.
Recognize that climate change will increase the exposure to risks of the most vulnerable people and countries and implement a compensation system for the loss and damage caused by climate change which cannot be avoided.
>> English translation below <<
Les impacts du changement climatique se ressentent déjà au nord comme au sud. Les projections sont alarmantes : si rien n’est fait pour lutter contre le changement climatique, 600 millions de personnes supplémentaires souffriront de sous-alimentation en 2080.[1] Les changements climatiques menacent de réduire à néant les progrès effectués ces dernières années dans la lutte contre la faim et la sous-nutrition.
Les changements climatiques influencent toutes les causes de la sous-nutrition
Sècheresses, irrégularités pluviométriques, hausse du niveau des mers, vagues de chaleur, perturbations des écosystèmes, cyclones plus fréquents. Frappant différentes régions du globe, les changements climatiques ont des effets particulièrement dévastateurs sur les pays les plus fragiles. Tous les déterminants de la sous-nutrition sont gravement exacerbés par les changements climatiques car la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau, l’hygiène et à l’assainissement, et la santé des populations sont gravement impactés.
Si les tendances climatiques actuelles se confirment, la production de blé pourrait enregistrer une baisse de 10 à 20% d’ici à 2030 comparé aux rendements des années 1998-2002.[2] Globalement, en Afrique subsaharienne, un réchauffement d’environ 2°C entraînerait aussi une réduction de 10% du rendement agricole total d’ici 2050, tandis qu’un réchauffement supérieur et donc plus probable pourrait porter ce chiffre à 15 ou 20%.[3] La baisse des rendements agricoles aura certainement pour conséquence une hausse des prix des produits alimentaires de base. Sans changement climatique, l’IFPRI estimait déjà en 2009 que les prix des denrées alimentaires de base comme le riz, le maïs, le blé et le soja subiraient une augmentation importante entre 2000 et 2050. En intégrant le facteur climatique, les prix augmenteront de manière supplémentaire de 23 à 37 % pour le riz, de 52 à 55 % pour le maïs, de 94 à 111 % pour le blé et de 11 à 14 % pour le soja. De plus, les changements climatiques vont provoquer un accroissement sans précédent des maladies phytosanitaires, des zoonoses. La prévalence des maladies infectieuses à transmission vectorielle risque de s’aggraver, en entraînant un affaiblissement du statut nutritionnel. Par exemple, selon, l’OMS, 2 milliards de personnes seront exposées à la dengue d’ici à 2080.[4]
L’aide-mémoire de l’OMS de 2014 rappelle qu’il est probable que, d’ici 2090, les changements climatiques étendent les zones affectées par les sécheresses, doublent la fréquence des sècheresses extrêmes et multiplient par six leur durée moyenne[5]. Entre 350 et 600 millions d’Africains feront face à un déficit en eau (avec un scénario de réchauffement limité à 2°C)[6]. Finalement, entre 2030 et 2050, on s’attend à ce que les changements climatiques entraînent près de 250 000 décès supplémentaires par an, dus à la malnutrition, au paludisme, à la diarrhée et au stress lié à la chaleur.[7] Enfin, la concurrence sur les ressources naturelles (eau, pâturages) de plus en plus rares accentue le risque de conflits et les flux migratoires, qui à leur tour amplifieront le risque d’insécurité alimentaire et nutritionnelle. L’Organisation Internationale pour les Migrations prévient qu’on pourrait compter jusqu’à 1 milliard de réfugiés climatiques en 2050.[8]
Justice climatique et sécurité alimentaire : les plus vulnérables sont toujours les plus affectés
Les projections les plus optimistes (+2°C à la surface du globe) prévoient que le taux de sous-alimentation en Afrique augmentera de 25 à 90% d’ici à 2050.[9] Cette situation traduit un paradoxe : ceux qui contribuent le moins au réchauffement climatique sont ceux qui en souffrent le plus. Les pays du Sud et les ménages les plus pauvres subiront la plus grande partie des dommages humains et économiques causés par le changement climatique, alors même que leurs capacités de réponse sont souvent limitées voire épuisées.
Ce sont pour la plupart de petits producteurs et productrices qui vivent de l’agriculture pluviale, de la pêche ou de l’élevage, des moyens de subsistance très fortement dépendants des conditions climatiques et environnementales. Les changements climatiques et l’accroissement de la fréquence et de l’intensité des aléas climatiques entrainent un affaiblissement ou une destruction de ces moyens de subsistance et de l’accès aux ressources naturelles. La communauté humanitaire doit se préparer à affronter une augmentation de l’intensité et de la fréquence des catastrophes naturelles.
Enfin, pour certaines régions du monde comme l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud Est, les capacités d’adaptation seront, quoi qu’il arrive, insuffisantes pour faire face aux chocs à répétition (sécheresses, inondations, cyclones) qui mettent en péril la sécurité alimentaire et nutritionnelle et les modes de subsistances de milliards de personnes. Selon un rapport du PNUE[10], « environ 50% de la population mondiale sera en risque de sous-alimentation en 2050 du fait d’une augmentation de la demande et du changement climatique (dans un scénario à 2°C de réchauffement) contre environ 30% sans changement climatique ».
S’adapter au changement climatique pour mieux atténuer ses impacts
Le besoin d’atténuer le changement climatique est une évidence. En effet, le GIEC nous rappelle qu’un scénario à +4°C de réchauffement ou plus par rapport aux niveaux de la fin du XXe siècle, combiné à une hausse de la demande d’aliments, engendrerait des risques considérables pour la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale et régionale.[11]
De plus, d’après le PNUE, les coûts nécessaires à la mise en place de mesures d’adaptation, jusque-là mesurés à 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020, ont été largement sous-estimés. Le PNUE prévoit en effet que même en réduisant nos émissions, l'adaptation pourrait coûter jusqu'à 150 milliards de dollars d'ici 2025/2030, et entre 250 et 500 milliards de dollars par an d'ici 2050.[12] En l’état actuel des financements internationaux disponibles pour l’adaptation, nous sommes encore très loin du compte. Plus le temps passe, plus le coût économique, environnemental et social sera élevé. Des fonds publics additionnels sont nécessaires dès aujourd’hui pour soutenir les pays les plus pauvres à mettre en place des stratégies d’adaptation et de renforcement de la résilience.
Le secteur privé est à juste titre considéré comme un acteur majeur du financement du développement durable. Cependant, on assiste à un déséquilibre dans les investissements privés qui vont privilégier la rentabilité offerte par les actions d’atténuation et peu s’engager dans le financement de l’adaptation. Dès lors, comment assurer une mobilisation financière à la hauteur des enjeux pour soutenir les petits agriculteurs familiaux et le développement de plans d’adaptation efficaces en matière de sécurité alimentaire ?
La sécurité alimentaire, au cœur de la convention de Paris
L’accord international sur le climat doit permettre de fixer les engagements des Etats en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, d’adaptation aux impacts du dérèglement climatique et de financement. C’est dans ce cadre qu’une reconnaissance des risques sur la sécurité alimentaire doit être explicitée afin de permettre le déploiement de solutions et mesures efficaces contre la faim. Il est notamment primordial de ne pas limiter la réponse à un appel à l’augmentation de la production agricole mais bien de rechercher l’objectif de sécurité alimentaire qui comprend des enjeux tels que l’accès et la disponibilité d’une nourriture de qualité pour tous.
A Genève, lors des négociations de l’ADP 2.8 en février dernier, le terme « sécurité alimentaire » est apparu pour la première fois dans le texte pour Paris, à la fois dans le préambule du texte provisoire, mais aussi dans le paragraphe sur l’adaptation au changement climatique. Cependant, rien ne dit qu’il y restera jusqu’à la COP 21.
En effet, le texte des négociations n’est pour l’instant qu’une compilation de positions très divergentes, sur des enjeux variés. Les nombreuses options laissent la porte ouverte à toute modification. Il est impératif que la mention de la sécurité alimentaire ne soit pas utilisée comme un « trade-off » d’ici la COP 21, c’est-à-dire qu’elle soit supprimée à la dernière minute pour satisfaire un autre enjeu.
Enfin, il est impératif de demeurer vigilant face aux mirages que constituent certaines « fausses solutions », à l’instar de l’alliance pour une agriculture intelligente face au climat (AAIC) qui présente par exemple les OGM comme une action d’adaptation au changement climatique, aux dérives des marchés carbone, aux agro carburants.
Telle que définie aujourd’hui, l’agriculture intelligente face au climat est encore un concept beaucoup trop imprécis. Il est susceptible d’englober des modèles agricoles extrêmement différents, dont les impacts environnementaux (ressources naturelles), sociaux (emplois, égalité de genre, droits humains), et économiques (autonomie/dépendance des paysans) sont réels. Ce concept fait peser un risque énorme : celui de faire de l’AIC un label qui permettrait de légitimer les modèles agricoles productivistes et de l’agrobusiness, qui n’ont pas réussi jusqu’ici à assurer la sécurité alimentaire des 560 millions d’agriculteurs et d’agricultrices qui souffrent de la faim aujourd’hui. Il n’y a pas de « quick fix » à espérer pour permettre aux plus pauvres de faire face aux impacts du changement climatique. Lutter contre le changement climatique et lutter contre la faim sont deux objectifs indissociables qui ne peuvent plus être pensés et atteints de façon dissociée.
Il est donc urgent pour la communauté internationale et les négociateurs de relever un quadruple défi:
[1] UNDP, Human Development Report 2007/2008. Fighting Climate Change: Human solidarity in a divided world, 2007, p. 90 (citing Rachel Warren, Nigel Arnell, Robert Nicholls, Peter Levy and Jeff Price, ‘Understanding the Regional Impacts of Climate Change’, Research Report prepared for the Stern Review on the Economic of Climate Change, Research Working Paper No. 90, Tyndall Centre for Climate Change, Norwich).
[2] Richard Munang, Jesica Andrews, « L’Afrique face au changement climatique », Afrique Renouveau : Édition Spéciale Agriculture 2014, page 6
[3] Ibid.
[4] Hales S et al. Potential effect of population and climate changes on global distribution of dengue fever: an empirical model. The Lancet, 2002, 360:830–834.
[5] Aide mémoire de l’OMC sur le changement climatique, n°266, Aout 2014 ; http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs266/fr/
[6] Bates, B.C., Z.W. Kundzewicz, S. Wu and J.P. Palutikof, Eds., Climate Change and Water, IPCC Technical Paper VI - June 2008, IPCC Secretariat, Geneva, p.96. Available from IPCC Secretariat
[7] Site internet de l’OMS, août 2014. http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs266/fr/
[8] Oli Brown, Migrations et changements climatiques, n°31, Organisation Internationale pour les Migrations, 2008, 66 pp., p.12
[9] 4Lloyd, S. J., Kovats, R. S., & Chalabi, Z. (2011). Climate Change, Crop Yields, and Undernutrition:
Development of a Model to Quantify the Impact of Climate Scenarios on Child Undernutrition.
Environmental Health Perspectives, 119
[10] PNUE, Africa’s Adaptation Gap 2 : Bridging the gap – mobilising sources , 2015, à partir de l’étude de : Dawson TP et al. (2014) Modelling impacts of climate change on global food security.
[11] GIEC, 2014: Changements climatiques 2014: Incidences, adaptation et vulnérabilité – Résumé à l’intention des décideurs. Contribution du Groupe de travail II au cinquième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Organisation météorologique mondiale, Genève (Suisse), 34 pages, p. 19
[12] UNEP 2014. The Emissions Gap Report 2014. United Nations Environment Programme (UNEP), Nairobi
The impact of climate change is already felt in the Northern hemisphere as it is in the South. The forecasts are alarming: by 2080, if nothing is done to fight against climate change 600 million additional people will suffer the effects of undernourishment. [1] Climate changes threaten to wipe out the progress achieved in the fight against hunger and undernourishment in recent years.
Climate changes have an effect on allthe causes of undernourishment.
Droughts, irregular rainfall, rising sealevels, heatwaves, disturbed ecosystems, more frequent hurricanes. Hitting different parts of the globe, climate changes have especially devastating effects on the most vulnerable countries. All the determining factors for undernourishment are seriously exacerbated by climate changes because food security, access to water, hygiene and sanitation, and the health of the people are seriously impacted.
If the present climate trend is confirmed, wheat production could drop by 10 to 20% between now and 2030 compared with the period 1998-2002. [2] In general, in Sub-Saharan Africa, a rise in temperature of around 2°C could imply a reduction of around 10% in the total agricultural yield from now to 2050, while a higher, andtherefore more probable, level of warming could raise this figure to 15 or 20%. [3] This decline in agricultural production would surely result inincreased prices for basic food products. Even without climate change, IFPRI estimated in 2009 that prices of basic food products like rice, maize, wheat and soya will registera significant increase between 2000 and 2050. When the climate factor is included, prices will increase by a further 23 to 37% for rice, from 52 to 55% for maize, from 94 to 111% for wheat and from 11 to 14% for soya. Additionally, climate changes will cause an unprecedented increase in the number of phytosanitary and zoonotic diseases. The incidence of vector borne infectious diseases threatens to become worse, bringing with it a deteriorating nutritional situation. For example, according to the WHO, 2 billion people will be exposed to dengue fever between now and 2080. [4]
The 2014 WHO memorandum notes that it is probable that between now and 2090 climate changes will expand the areas affected by drought, doubling the frequency of extreme droughts and multiplying by six their average duration. [5] Between 350 and 600 million Africans will face a water deficit (with a global warming scenario limited to 2° C). [6] Finally, between 2030 and 2050 it is expected that climate change will cause almost 250 000 additional deaths per year, due to malnutrition, malaria, diarrhea and heat stress. [7] Indeed, the competition for increasingly scarce natural resources (water, pastures) accentuates the risk of conflicts and migrations, which in turn increase the risk of food and nutrition insecurity. The International Organization for Migrations forewarns that by 2050 there could be a billion climatic refugees.[8]
Climate justice and food security: the most vulnerable people are always the most affected
The most optimistic forecasts (+2°C on the surface of the earth) anticipate that the rate of undernourishment in Africa will increase from 25 to 90% between now and 2050.[9] This is a paradoxical situation: those who least contribute to global warming are the ones who suffer most from it. The countries in the Southern hemisphere and the poorest households will suffer mostof the human and economic damage caused by climate change, while at the same time their capacity to respond is often limited if not exhausted.
They are in the majority small, men and women, producers living on rain-fed agriculture, fishing or livestock, means of subsistence which are extremely dependent on climatic and environmental conditions. Climate changes and the increased frequency and intensity of climatic natural hazards cause a weakening or a destruction of these means of subsistence and of access to natural resources. The human community must be prepared to face an increase in the intensity and frequency of natural catastrophes.
At any rate, for some regions in the world, like Sub Saharan Africa and South-Eastern Asia their capacities for adaptation will be, whatever happens, insufficient to face the recurring blows (droughts, floods, hurricanes) which threaten food security and nutrition and the means of subsistence of billions of people. According to a UNEP [United Nations Environment Programme] report [10], around 50% of the world population will be at risk of undernourishment by 2050 due to increased demand and to climate change (in a scenario of global warming of 2°C) against around 30% without climate change.
Adapting to climate change to better mitigate its effects
The need to mitigate climate change is evident. In fact, the IPCC points out that a scenario of global warming of +4°C or more in relation to the levels at the end of the 20th century, combined with an increase in the demand for food would generate considerable risks to food security at global and regional levels.[11]
Moreover, according to UNEP, the expenditure needed for the implementation of adaptation measures,up to now forecast at 100 billion dollars per year from now until 2020, have been greatly underestimated. UNEP forecasts, in fact, that even reducing our emissions, adaptation could cost up to 150 billion dollars from now to 2025/2030 and between 250 to 500 billion dollars per year from now til 2050. [12] In the present state of international finances available for adaptation, we have nowhere near the budget. The more time passes the greater the economic, environmental and social costs will be. Additional public funds are needed from now on to support the poorest countries in the implementation of strategies for adaptation and thereinforcement of resilience.
The private sector is justly considered as a major actor in financing sustainable development. However, we are witnessing an imbalance in private investments which favor profitabilityarising fromalleviationinitiatives and which is not much involved in the financing of adaptation. Consequently, how can financing be mobilizedwhich is adequate to meet the challenges ofsupporting small family farmers and the development of efficient adaptation plans in terms of food security?
Food security at the heart of the Paris Convention
The international agreement on climate should enablethe commitments of States to be determined in terms of reduction of greenhouse gases, and adaptation to the effect of climatic and financial disruptions. It is in this framework that recognition of the risks on food security must be explicit with the goal of allowing the implementation of efficient solutions and measures against hunger. It is of primordial importance that the response should not be limited to a call for increased agricultural production but also tofindan objective for food security which includes issues such as access to and availability of quality food for all.
In Geneva, during the ADP 2.8 last February, the term "food security" appeared for the first time in the text for Paris, both in the introduction to the draft text and also in the paragraph on adaptation to climate change. However, that is not to say that it will remain there until COP 21.
In fact, the text to be negotiated is at present no more than a compilation of very different positions on diverse issues. The many options leave the door open to every possible modification. It is imperative that the mentioning of food security is not used as a "trade-off" leading up to the COP 21, in other words that it is not eliminated at the last minute to satisfy another issue.
Anyway, it is imperative to remain vigilant when facing illusions constituted by certain "false solutions", like the alliance for a climate-smart agriculture (AAIC) which presents for example the GMOs as actions of adaptation to climate change, to carbon markets derivatives, to agro fuels.
As defined today, climate-smart agriculture is still a very imprecise concept. It is able to include very different agricultural models whose environmental (natural resources), social (jobs, gender equality, human rights) and economic (autonomy/dependence of peasants) impacts are genuine. This concept can carry an enormous risk: that of making AIC a label which will allow the legitimization of productive agricultural models and agro-industries which so far have not succeeded in ensuring the food security of 560 million men and women farmers who at present are suffering hunger. There is no "quick fix" to enable the poorest people to face the impact of climate change. The fights against climate change and against hunger are two inseparable objectives which cannot be thought about or achieved separately.
It is therefore urgent that the international community and the negotiators take account of a quadruple challenge:
Adopt and implement urgently an ambitious action plan to reduce climate change with the objective of maintaining the temperature on the surface of the earth below +2°C of global warming by the year 2100 so as to limit the impacts of climate change on food security.
Make the fight against food and nutrition insecurity the common objective of all the members of the UNFCCC. To achieve this it is important that the convention onclimate that will be adopted in Paris recognizes explicitaly the risks of climate change on food security and commits itself to the contribution by measures of adaptation and reductionto better food security
Increase public financingdedicatedto adaptation and ensure a new balance between the funds destined to reduction and those destined to adaptation.
Recognize that climate change will increase the exposure to risks of the most vulnerable people and countries and implement a compensation system for the loss and damage caused by climate change which cannot be avoided.