>> English translation below <<
La question centrale à notre avis est celle de la pauvreté élevée qui règne au sein des petits exploitants et le retard dans la transition agricole dans certaines régions du monde, notamment en Afrique et en Asie. Autrement dit, pour assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des petits exploitants du monde, il faudra veiller à la réduction de la pauvreté, et surtout de la pauvreté chronique, en leur sein et mettre en place des politiques économiques qui favorisent la transition agricole, c’est-à-dire la réduction progressive de la part de l’agriculture dans le produit intérieur brut (PIB) et la population active. A cet effet, il serait utile de promouvoir l’agroécologie envers ces petites exploitations et prendre des mesures pertinentes pour valoriser les produits agroécologiques sur le marché, comparativement aux produits agricoles conventionnels. Ce faisant, ce serait en même une stratégie d’atténuation de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, de réduction de la pauvreté et d’adaptation aux changements climatiques. Mais, il faut rappeler que dans cette entreprise de promotion agricole, il est de plus en plus recommandé de tenir compte de l’hétérogénéité de la classe que constituent les petites exploitations agricoles. Hazell (2013) distinguait à ce sujet trois groupes de petites exploitations agricoles :
1) les petites exploitations agricoles commerciales, qui sont déjà connectées avec succès aux chaînes de valeur, ou elles pourraient y parvenir avec un peu d’aide. Ce groupe comprend des agriculteurs à temps plein ou à temps partiel ;
2) les petites exploitations agricoles en transition, qui disposent ou disposeront bientôt d’opportunités non-agricoles favorables. Elles seraient en meilleure situation si elles abandonnaient complètement l’agriculture ou tiraient la majeure partie de leurs revenus d’activités hors-exploitation. La plupart des agriculteurs en transition quitteront probablement l’agriculture, ce n’est qu’une question de temps et de manière. Ceux qui resteront seront agriculteurs à temps partiel et seront sans doute assez peu tournés vers le marché ;
3) les petites exploitations agricoles de subsistance, qui sont marginalisées pour diverses raisons difficiles à changer, comme la discrimination ethnique, la contamination par le virus du sida ou leur implantation dans des régions reculées, au potentiel agricole limité. Nombre de ces facteurs empêchent ces agriculteurs d’entrer dans la catégorie des exploitations en transition. Ils vendent fréquemment une petite part de leur production au moment de la récolte, pour gagner de l’argent, mais ils restent invariablement, sur l’ensemble de l’année, acheteurs nets de nourriture.
L’importance relative de ces trois groupes de petites exploitations varie considérablement d’une région à l’autre. D’où, la nécessité d’adapter les interventions à leurs contextes.
In our view, the main question is the high level of poverty which prevails over small farmers and the delay in the process of agricultural transition in certain regions of the world, particularly in Africa and Asia. In other words, to ensure food and nutrition security among the world´s small farmers, reduction of their poverty must be ensured, especially entrenched poverty among them; and economic policies implemented which encourage agricultural transition, that is to say the progressive reduction of the part played by agriculture in the GDP and among the working population. For this, it would be helpful to encourage agroecology in these small holdings and to take pertinent steps to highlight agro-ecological products in the market, rather than conventional agricultural products. In this way, there would be an all-in-one strategy for mitigating food and nutrition insecurity, for reduction of poverty and for adaptation to climate change. But, one must not forget that when undertaking agricultural promotion, it is increasingly recommended to take into account the heterogeneous character of the class constituted by small farmers. In this regard, Hazell (2013) distinguishes three groups of small farms:
1) Commercial small farms which are already successfully linked to the value chains or could get there with a little help. This group includes fulltime or part-time farmers;
2) Small farms in transition which have or will soon have favorable non-agricultural opportunities. They would be better off if they would leave farming altogether or derived most of their income from activities other than actual farming. Most of the farmers in transition will probably give up farming; it is just a matter of how and when. Those who carry on, will be farming part-time and will no doubt be less oriented towards the market;
3) Small subsistence farms which are marginalized for many reasons difficult to change, like: ethnic discrimination, contamination by the AIDS virus or their location in remote regions, with limited agricultural potential. Several of these factors prevent these farmers from becoming part of the category of farms in transition. They often sell a small part of their production at harvest time, to earn some cash, but they invariably remain net buyers of food for the rest of the year.
The relative importance of these three groups of small holdings varies considerably from one region to another hence, the need to adapt interventions to their particular context.
Dr. Emile Houngbo