Foro Global sobre Seguridad Alimentaria y Nutrición (Foro FSN)

Tolly Lolo Emmanuel

Open Markets Agency
Cameroon

Cher CFS/HLPE,

Bien vouloir trouver ci apres ma contribution à la consultation sur les pertes apres-récoltes du secteur des produits vivriers agricoles au Cameroun.

En raison de leur fort enjeu économique, leur impact sur la sécurité alimentaire, leur contribution à l’équilibre alimentaire et d’une faible maîtrise de leurs techniques de conservation et de transformation, certaines cultures (filières) vivrières telles : le manioc, la pomme de terre, et la tomate font actuellement l’objet d’une attention particulière de la part du Gouvernement Camerounais.

En effet, la consommation énergétique actuelle au Cameroun qui se situe à environ 2300 Kcal/personne/jour reste inférieure à la moyenne des pays en développement qui est de 2600 Kcal/j/personne. Et l’Etat Camerounais, dans sa stratégie (volet agriculture et développement rural) s’est fixé comme objectif d’atteindre un niveau de 3100 Kcal/jour/personne à l’horizon 2015, ce qui correspond à un accroissement moyen annuel de 2,8% entre 2010 et 2015.

Pour atteindre cet objectif, il est indispensable non seulement de maîtriser les techniques de production, mais aussi et surtout de réduire significativement les pertes après-récolte qui représentent environ 20 à 50% de la production pour certaines cultures vivrieres, notamment les racines et tubercules, les fruits et légumes. En effet, les pertes alimentaires et leur prévention ont un impact significatif sur l’ensemble des piliers de la sécurité alimentaire : la disponibilité, l’accessibilité, la stabilité des approvisionnements des marchés,  ainsi que la qualité sanitaire et nutritionnelle des aliments. Actuellement, l'ampleur et les principales causes des pertes de produits alimentaires sont assez bien connues (faible qualité du matériel agricole ; techniques culturales non adaptées ; enclavement des bassins de production ; accès difficile aux équipements de transformation, de transport et aux infrastructures de stockage adéquats ; mauvaise organisation des marchés, accès difficiles aux informations sur les marchés, faible structuration/organisation des filières vivrières ; faible professionnalisation des acteurs ; …).  Cependant, compte tenu de l’absence de données statistiques nationales dans le domaine des pertes après-récolte ou des gaspillages alimentaires en général, l’évaluation des pertes est restée jusque là assez générale et non quantifiée par cause ; rendant ainsi difficile l'établissement des priorités pour la mise en œuvre d’interventions spécifiques pour la réduction significative des pertes et l’obtention d’un maximum d'effets escomptés.

C’est donc dans l’optique de trouver des mesures idoines pour réduire les pertes après-récolte que le Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural (MINADER) du Cameroun, a décidé d’entreprendre avec l’appui des consultants de la FAO, depuis janvier 2013, une étude les trois (3) cultures principales suivantes : le manioc, la pomme de terre, et la tomate. Il s’agit, à partir d’une analyse détaillée des causes de pertes sur certains points critiques des chaines d’approvisionnement prioritaires, d’identifier les facteurs influant sur la quantité et la qualité des produits agricoles tout au long de la chaîne post récolte, qui part de la récolte à la consommation, en passant par la récolte, la manutention, le transport, le conditionnement, la conservation et la transformation.

L’étude est encore en cours, mais les résultats préliminaires auxquels nous sommes arrivés montrent que le niveau de pertes après récoltes pour l’ensemble de la chaine du manioc est d’environ de 45% (avec environ 25 à 30% au niveau de la récolte!). Les causes des pertes sont nombreuses et sont présentes sur l’ensemble de la chaine d’approvisionnement ; mais les principaux points critiques ont été identifiés au niveau de la récolte, de la transformation (épluchage et/ râpage), puis au niveau des marchés (conditionnement et stockage). 

Au regard de l’état des lieux qui montre que l’offre en produits de manioc est largement inférieure à la demande actuelle et potentielle nationale et sous régionale, la stratégie d’intervention proposée en vue de la réduction des pertes en manioc a mis un accent particulier sur :

  1. la nécessité d’harmoniser le cadre d’intervention des nombreuses initiatives encours actuellement sur le sous secteur manioc, que se soit d’une part par le secteur privé, les ONG ou d’autre part, dans les différents départements ministériels et projets sous-tutelle. Ceci pourrait être grandement facilité par la création d’un Observatoire National de la filière Manioc ;
  2. de faciliter la collaboration entre le Ministère de l’Agriculteur et du Développement Rural avec les autres Ministères et collectivités décentralisées en charge de l’aménagement rural (tels le Ministère de l’Economie, du Plan et de l’Aménagement du Territoire, les Mairies,…) pour faciliter le désenclavement des bassins de production de manioc ;
  3. la facilitation de l’accès aux ressources financières en vue de l’acquisition par les différents acteurs des équipements de transformation, de transport, de conditionnement, et de stockage adéquats ;
  4. le renforcement des capacités des différents acteurs en termes de bonnes pratiques agricoles, bonnes pratiques de transformation, techniques organisationnelles et managériales, accès aux informations sur les marchés,… en vue de faciliter la professionnalisation des groupes de bénéficiaires de la filière manioc.        

D’autres pistes d’intervention sont envisageables, toute fois nous avons tenu à privilégier celles dont la mise en œuvre présenterait un meilleur ratio Coût/Bénéfice. 

M. Tolly Lolo Emmanuel

Ingénieur de conception en Industries Agro-alimentaires

Consultant FAO

Open Markets Agency (Cameroun)

Directeur

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