Foro Global sobre Seguridad Alimentaria y Nutrición (Foro FSN)

DE L’ESSOR DE L’ECONOMIE ANACARDIERE A LA PROBLEMATIQUE DE LA SECURITE ALIMENTAIRE DANS LES ZONES DE SAVANE EN COTE D’IVOIRE : LE CAS DE LA REGION DU GBEKE.



Par Kouakou Valentin KRA



Cet article traite des mutations agricoles dans les zones rurales ainsi que leurs répercussions sur les villes. Ici, nous partons de l’exemple de l’expansion de l’anacardier pour montrer comment cette culture pérenne influence négativement la production vivrière pour induire une insécurité alimentaire et bouleverser à terme les rapports traditionnelles villes – campagnes. De façon singulière, l’analyse de la problématique de la sécurité alimentaire induite par l’essor de l’anacarde dans la région du Gbêkê constitue l’essentiel de cette étude.



Du point de vue agricole, la Côte d’Ivoire se subdivise en deux grandes parties : la moitié sud (forestière) pour les cultures pérennes et le nord pour le vivrier. Dès son indépendance, le pays a mise en place une politique agricole en faveur des cultures d’exportation que son le café, le cacao, l’hévéa et le palmier à huile. Cette situation a eu pour impact le déplacement massif des populations du centre et du nord vers la zone forestière propice aux cultures de rente. Les zones de savane,quoi que souvent négligées ont été confinées dans la production vivrière et ont permis au pays d’être autosuffisant en vivrier. Les denrées alimentaires ainsi produites sont écoulées dans les centres urbains où les besoins alimentaires sont de plus en plus grandissants en raison de la croissance démographique. C’est à juste titre que ces zones de savanes sont souvent qualifiées de greniers du pays.



Cependant, ces dernières années l’on observe des mutations importantes dans ces zones de savane, en raison du développement de la culture de l’anacarde. En effet, cette spéculation autrefois marginalisées, connaît une revalorisation sur le marché international. De la campagne 2013 à celle de 2017 les prix du kilogramme bord champs sont passés de 200 fcfa à 440 fcfa. Du coup, elle devient une culture commerciale au même titre que le café et le cacao des zones forestières. Dans ce contexte, le vivrier est relégué au second plan au profit de l’anacarde qui de plus en plus occupe, voire immobilise les terres vivrières sur plusieurs années.



Comme conséquence, l’on observe une réduction des superficies et de la production vivrière ; ce qui constitue une menace pour la sécurité alimentaire. A terme, l’on risque le ‘’ syndrome sud-est ivoirien’’ caractérisé par une insécurité alimentaire consécutive à l’occupation totale des terres agricoles par l’hévéa et le palmier à huile. Les campagnes qui traditionnellement fournissaient les denrées alimentaires aux villes sont aujourd’hui dans l’impossibilité de jouer ce rôle. D’ailleurs, les ruraux ont de plus en plus recours aux centres urbains pour s’approvisionner en vivriers venus d’autres localités du pays ou importés. Il y a dès lors un important bouleversement dans les rapports villes - campagnes. Dans la région du Gbêkê, les répercussions sur les centres urbains et singulièrement Bouaké sont remarquables et se traduisent par la flambée des prix et surtout des pénuries de certaines denrées alimentaires de grande consommation. Cette situation est surtout exacerbée par la croissance démographique de la ville et donc des besoins alimentaires.