J’espère que ce courrier vous trouvera tous en bonne santé malgré la pandémie du COVID-19. Dans le cadre des discussions et des échanger d’idées sur l'amélioration des communications contre la RAM en Afrique, j’ai le plaisir de partager avec vous mes commentaires ci-dessous par ordre des questions.
1.En matière de communication, quel est le plus grand défi lié à la RAM et à l'utilisation inappropriée des antimicrobiens (UAM) en Afrique ?
Le plus grand défi en matière de communication est la méconnaissance ou la connaissance très limitée de la définition, l’ampleur et les conséquences de la RAM par les acteurs de la communications et l’absence de réglementation pour lutter contre le fléau.
2.Quelle est la meilleure approche pour communiquer sur les autres antimicrobiens (antifongiques, antiparasitaires, antiviraux, pesticides), et sans se limiter aux antibiotiques ? Comme les virus, les champignons et les parasites peuvent également résister aux médicaments couramment utilisés pour les traiter, et avoir un impact sur la santé et les systèmes alimentaires, comment communiquer sur ces questions en plus des bactéries résistantes aux antibiotiques ?
La meilleure approche pour communiquer sur les autres antimicrobiens est la collaboration multi et intersectorielle coordonnée allant de l’élaboration à la mise en œuvre d’un plan de communication qui favorise l’intégration des antifongiques, antiparasitaires, antiviraux et pesticides dans les messages clés et indique un slogan de plaidoyer choisi sur la base des données probantes.
3.Que pouvons-nous faire pour que le thème de la RAM soit plus souvent abordé dans les médias ? Comment assurer la visibilité de la RAM par rapport à d'autres « sujets sensibles » ?
Pour que la RAM soit abordée régulièrement dans les médias et qu’une visibilité soit assurée par rapport à d’autres sujets sensibles, il faut :
A. Disposer d’un plan de plaidoyer capable d’informer, de sensibiliser et d’impliquer les médias et les organisations de la société civile dans la lutte contre la RAM. Un slogan est requis pour orienter les actions.
B. Mettre en place une gouvernance comprenant la constitution et la coordination d’une coalition des OSC œuvrant dans le secteur de la santé notamment la lutte contre la RAM
C. Signer une convention de partenariat avec quelques médias cibles et des organisations de la société civile dans le domaine de la lutte contre la RAM.
D. Mettre en place un réseau (national, régional et continental) des communicateurs et assurer le partage ou la mise à jour de son information sur la lutte contre la RAM.
4.Quels sont les canaux, méthodes ou mécanismes de communication les mieux adaptés et les plus susceptibles d'avoir un impact sur le terrain dans les pays africains ?
Les canaux de communication susceptibles d’avoir un impact dans les pays africains sont :
Les évènements traditionnels (Conférence, stands) ;
La presse écrite (journaux, magazine, revues)
Les méthodes ou mécanismes de communication les plus impactant sont :
La radio (radio communautaire surtout dont les heures d’écoute sont bien synchronisées par les communautés rurales) ;
L’affichage ;
La communication événementielle ;
La télévision.
Il faudra donner une place de choix aux communicateurs traditionnels (musiciens, comédiens, griots etc…) dont l’information et la sensibilisation sur la RAM sont des préalables à leur intégration et leur implication.
5.Quel groupe de parties prenantes devrait, selon vous, être considéré comme prioritaire pour la diffusion de messages clés ciblés visant à sensibiliser à l'utilisation inappropriée des antimicrobiens et à la RAM ?
Par ordre de priorité on devrait considérer les parties prenantes suivantes :
A. le personnel de la santé humaine, animale, végétale et environnementale notamment les prescripteurs
B. Les médias et les Organisations de la Société Civile.
C. Les élus locaux pour intégrer la lutte contre la RAM dans leur plan de développement local ;
D. L’assemblée nationale pour faciliter la compréhension et l’adoption des textes règlementaires si nécessaires ;
E. Les leaders d’opinion pour engager et faire participer la communauté dans la lutte contre la RAM.
6. Aux niveaux national, régional et continental, qui devrait, à votre avis, prendre la direction et la responsabilité des activités de sensibilisation et de plaidoyer sur l'utilisation inappropriée des antimicrobiens et la RAM ?
La direction et la responsabilité des activités de sensibilisation et de plaidoyer sur l'utilisation inappropriée des antimicrobiens et la RAM doivent être confiées respectivement à :
Au niveau national : Le ministère de la santé publique ou l’institution nationale de la gouvernance de la RAM s’il en existe appuyé par le bureau pays de l’OMS ;
Au niveau régional : Le volet santé de l’organisation sous régionale appuyé par le bureau régional de l’OMS pour l’Afrique et CDC ;
Au niveau continental : L’Union Africaine appuyée par le bureau régional de l’OMS pour l’Afrique et CDC.
Recevez mes meilleures salutations.
Par Dr Michel SAGNO, PharmD MSc
Expert Consultant
Chef de l’Unité Suivi-Evaluation
Programme National de lutte contre les
Maladies Tropicales Négligées
BP 585 Conakry
Ministère de la Santé Publique
République de Guinée
Dear colleagues,
I hope this letter finds you all in good health despite the COVID-19 pandemic. As part of the discussions and the exchange of ideas on improving communications against AMR in Africa, I am pleased to share with you my comments below in order of questions.
1) What is the biggest communication challenge related to AMR and inappropriate antimicrobial usage (AMU) in Africa?
The biggest communication challenge is the lack of awareness or very limited knowledge of the definition, extent and consequences of AMR by those involved in communications and the lack of regulations to combat the scourge.
2) What is the best approach to communicate about other antimicrobials (antifungal, antiparasitic, antiviral, pesticides), and not only antibiotics? As viruses, fungi and parasites can also be resistant to medicines commonly used to treat them, and impacting health and food systems, how do we communicate about these issues in addition to antibiotic resistant bacteria?
The best approach to communicate on other antimicrobials is a coordinated multi and intersectoral collaboration ranging from the development to the implementation of a communication plan that promotes the integration of antifungals, antiparasitics, antivirals and pesticides in key messages and indicates an advocacy slogan based on evidence.
3) How can we get the topic of AMR included more often in the media? How do we ensure the visibility of AMR amongst other “hot topics”?
In order for AMR to be discussed regularly in the media and to ensure visibility in relation to other sensitive subjects, it is necessary:
A. Have an advocacy plan capable of informing, raising awareness and involving the media and civil society organizations in the fight against AMR. A slogan is required to guide actions.
B. Establish governance including the constitution and coordination of a coalition of CSOs working in the health sector including the fight against AMR
C. Sign a partnership agreement with some target media and civil society organizations in the field of AMR control.
D. Establish a network (national, regional and continental) of communicators and ensure the sharing or updating of its information on the fight against AMR.
4) What communication channels, methods or mechanisms are more suitable and will have the greatest impact at field level in African countries?
The communication channels likely to have an impact in African countries are:
Traditional events (conference, stands);
The written press (newspapers, magazines, magazines)
The most impacting communication methods or mechanisms are:
Radio (especially community radio whose listening hours are well synchronized by rural communities);
Billboarding;
Event communication;
Television.
It will be necessary to give traditional communicators (musicians, actors, griots, etc.) information and ensure their awareness about AMR as prerequisites for their involvement.
5) Which group of stakeholders do you think should be considered as priority for targeted key messages aiming at raising awareness on excessive AMU and AMR?
In order of priority, the following stakeholders should be considered:
A. human, animal, plant and environmental health personnel, in particular those who can prescribe antimicrobials.
B. The media and civil society organizations.
C. Local elected representatives to integrate the fight against AMR into their local development plan;
D. The National Assembly to facilitate the understanding and adoption of regulatory texts if necessary;
E. Opinion leaders to engage and involve the community in the fight against AMR.
6) At national, regional and continental levels, who to do think should take leadership and responsibility for awareness and advocacy activities on AMU and AMR?
The direction and responsibility for advocacy activities on the inappropriate use of antimicrobials and AMR should be entrusted to:
1. At the national level: The Ministry of Public Health or the national institution of governance of AMR if supported by the WHO country office;
2. At the regional level: The health component of the sub-regional organization supported by the WHO regional office for Africa and CDC;
3. At continental level: The African Union supported by the WHO regional office for Africa and CDC.
Dr. MICHEL SAGNO
English translation below
Chers collègues,
J’espère que ce courrier vous trouvera tous en bonne santé malgré la pandémie du COVID-19. Dans le cadre des discussions et des échanger d’idées sur l'amélioration des communications contre la RAM en Afrique, j’ai le plaisir de partager avec vous mes commentaires ci-dessous par ordre des questions.
1.En matière de communication, quel est le plus grand défi lié à la RAM et à l'utilisation inappropriée des antimicrobiens (UAM) en Afrique ?
Le plus grand défi en matière de communication est la méconnaissance ou la connaissance très limitée de la définition, l’ampleur et les conséquences de la RAM par les acteurs de la communications et l’absence de réglementation pour lutter contre le fléau.
2.Quelle est la meilleure approche pour communiquer sur les autres antimicrobiens (antifongiques, antiparasitaires, antiviraux, pesticides), et sans se limiter aux antibiotiques ? Comme les virus, les champignons et les parasites peuvent également résister aux médicaments couramment utilisés pour les traiter, et avoir un impact sur la santé et les systèmes alimentaires, comment communiquer sur ces questions en plus des bactéries résistantes aux antibiotiques ?
La meilleure approche pour communiquer sur les autres antimicrobiens est la collaboration multi et intersectorielle coordonnée allant de l’élaboration à la mise en œuvre d’un plan de communication qui favorise l’intégration des antifongiques, antiparasitaires, antiviraux et pesticides dans les messages clés et indique un slogan de plaidoyer choisi sur la base des données probantes.
3.Que pouvons-nous faire pour que le thème de la RAM soit plus souvent abordé dans les médias ? Comment assurer la visibilité de la RAM par rapport à d'autres « sujets sensibles » ?
Pour que la RAM soit abordée régulièrement dans les médias et qu’une visibilité soit assurée par rapport à d’autres sujets sensibles, il faut :
A. Disposer d’un plan de plaidoyer capable d’informer, de sensibiliser et d’impliquer les médias et les organisations de la société civile dans la lutte contre la RAM. Un slogan est requis pour orienter les actions.
B. Mettre en place une gouvernance comprenant la constitution et la coordination d’une coalition des OSC œuvrant dans le secteur de la santé notamment la lutte contre la RAM
C. Signer une convention de partenariat avec quelques médias cibles et des organisations de la société civile dans le domaine de la lutte contre la RAM.
D. Mettre en place un réseau (national, régional et continental) des communicateurs et assurer le partage ou la mise à jour de son information sur la lutte contre la RAM.
4.Quels sont les canaux, méthodes ou mécanismes de communication les mieux adaptés et les plus susceptibles d'avoir un impact sur le terrain dans les pays africains ?
Les canaux de communication susceptibles d’avoir un impact dans les pays africains sont :
Les méthodes ou mécanismes de communication les plus impactant sont :
Il faudra donner une place de choix aux communicateurs traditionnels (musiciens, comédiens, griots etc…) dont l’information et la sensibilisation sur la RAM sont des préalables à leur intégration et leur implication.
5.Quel groupe de parties prenantes devrait, selon vous, être considéré comme prioritaire pour la diffusion de messages clés ciblés visant à sensibiliser à l'utilisation inappropriée des antimicrobiens et à la RAM ?
Par ordre de priorité on devrait considérer les parties prenantes suivantes :
A. le personnel de la santé humaine, animale, végétale et environnementale notamment les prescripteurs
B. Les médias et les Organisations de la Société Civile.
C. Les élus locaux pour intégrer la lutte contre la RAM dans leur plan de développement local ;
D. L’assemblée nationale pour faciliter la compréhension et l’adoption des textes règlementaires si nécessaires ;
E. Les leaders d’opinion pour engager et faire participer la communauté dans la lutte contre la RAM.
6. Aux niveaux national, régional et continental, qui devrait, à votre avis, prendre la direction et la responsabilité des activités de sensibilisation et de plaidoyer sur l'utilisation inappropriée des antimicrobiens et la RAM ?
La direction et la responsabilité des activités de sensibilisation et de plaidoyer sur l'utilisation inappropriée des antimicrobiens et la RAM doivent être confiées respectivement à :
Recevez mes meilleures salutations.
Par Dr Michel SAGNO, PharmD MSc
Expert Consultant
Chef de l’Unité Suivi-Evaluation
Programme National de lutte contre les
Maladies Tropicales Négligées
BP 585 Conakry
Ministère de la Santé Publique
République de Guinée
Dear colleagues,
I hope this letter finds you all in good health despite the COVID-19 pandemic. As part of the discussions and the exchange of ideas on improving communications against AMR in Africa, I am pleased to share with you my comments below in order of questions.
1) What is the biggest communication challenge related to AMR and inappropriate antimicrobial usage (AMU) in Africa?
The biggest communication challenge is the lack of awareness or very limited knowledge of the definition, extent and consequences of AMR by those involved in communications and the lack of regulations to combat the scourge.
2) What is the best approach to communicate about other antimicrobials (antifungal, antiparasitic, antiviral, pesticides), and not only antibiotics? As viruses, fungi and parasites can also be resistant to medicines commonly used to treat them, and impacting health and food systems, how do we communicate about these issues in addition to antibiotic resistant bacteria?
The best approach to communicate on other antimicrobials is a coordinated multi and intersectoral collaboration ranging from the development to the implementation of a communication plan that promotes the integration of antifungals, antiparasitics, antivirals and pesticides in key messages and indicates an advocacy slogan based on evidence.
3) How can we get the topic of AMR included more often in the media? How do we ensure the visibility of AMR amongst other “hot topics”?
In order for AMR to be discussed regularly in the media and to ensure visibility in relation to other sensitive subjects, it is necessary:
A. Have an advocacy plan capable of informing, raising awareness and involving the media and civil society organizations in the fight against AMR. A slogan is required to guide actions.
B. Establish governance including the constitution and coordination of a coalition of CSOs working in the health sector including the fight against AMR
C. Sign a partnership agreement with some target media and civil society organizations in the field of AMR control.
D. Establish a network (national, regional and continental) of communicators and ensure the sharing or updating of its information on the fight against AMR.
4) What communication channels, methods or mechanisms are more suitable and will have the greatest impact at field level in African countries?
The communication channels likely to have an impact in African countries are:
The most impacting communication methods or mechanisms are:
It will be necessary to give traditional communicators (musicians, actors, griots, etc.) information and ensure their awareness about AMR as prerequisites for their involvement.
5) Which group of stakeholders do you think should be considered as priority for targeted key messages aiming at raising awareness on excessive AMU and AMR?
In order of priority, the following stakeholders should be considered:
A. human, animal, plant and environmental health personnel, in particular those who can prescribe antimicrobials.
B. The media and civil society organizations.
C. Local elected representatives to integrate the fight against AMR into their local development plan;
D. The National Assembly to facilitate the understanding and adoption of regulatory texts if necessary;
E. Opinion leaders to engage and involve the community in the fight against AMR.
6) At national, regional and continental levels, who to do think should take leadership and responsibility for awareness and advocacy activities on AMU and AMR?
The direction and responsibility for advocacy activities on the inappropriate use of antimicrobials and AMR should be entrusted to:
1. At the national level: The Ministry of Public Health or the national institution of governance of AMR if supported by the WHO country office;
2. At the regional level: The health component of the sub-regional organization supported by the WHO regional office for Africa and CDC;
3. At continental level: The African Union supported by the WHO regional office for Africa and CDC.