Jean-Paul PRADERE

Spain

Chers collègues HLPE,

La volonté d'inclure le développement des productions végétales et des productions animales dans un même rapport et dans un objectif de développement durable, mérite d'être saluée.

La complémentarité entre productions végétales et animales est trop souvent négligée alors qu'elle est essentielle pour l'économie de nombreux ménages de petits agriculteurs  (ce que plusieurs intervenants ont bien souligné). Elle est également très importante dans les systèmes agricoles intensifs (pour des raisons de maintien de la fertilité des sols, de maintien de la biodiversité, etc.) Encore une fois, une approche globale dans un objectif de durabilité me semble excellente.

La structure proposée me semble très satisfaisante. Je souhaiterais toutefois attirer l'attention sur deux points :

1) Le champ de l'étude est très (trop ?) vaste, parce qu'il inclut à la fois les concepts de production, de "sécurité alimentaire" et de "nutrition". A mon avis il s'agit de domaines complémentaires, mais différents. Il est évident qu'une personne peut disposer de quantités suffisantes d'aliments et être mal "nutrie" et manquer des nutriments essentiels. Cette personne peut aussi être obèse, etc.

Par ailleurs, en traitant à la fois de "sécurité alimentaire" et de "nutrition", on s'adresse à des catégories d'acteurs différents, tant au niveau des décisions qu'au niveau des intervenants et des productions. Aux questions d'environnement et d'agriculture, s'ajoutent pour la nutrition, des questions de santé publique.

Je ne veux pas minimiser l'importance de l'aspect nutrition, au contraire. Toutefois, la préparation de ce rapport sera difficile et la prise en compte du concept de nutrition va encore complexifier la tâche, rendre les recommandations plus nombreuses, portant sur des domaines différents, etc. Ce qui risque d'affaiblir l'efficacité de l'ensemble.

A mon avis, une concentration sur les thèmes de développement agricole durable et de sécurité alimentaire me semblerait opportune. La nutrition - sujet très important - pourrait être l'objet d'un rapport ultérieur. Ceci dit je suppose que des choix ont déjà été faits et qu'il est probablement difficile de revenir sur le champ de l'étude?

2) Le besoin d'analyse des politiques et le besoin de comparaison des expériences acquises. La structure de la deuxième partie (partie B) me paraît très complète. Il me semble qu'elle répond bien aux besoins d'amélioration des politiques et aux besoins d'information des acteurs (notamment des décideurs).

Concernant la partie A. Dans le paragraphe A.1 ) je présume que les projections envisagées seront désagrégées, c'est à dire qu'elles permettront de juger des évolutions séparemment en fonction d'un découpage, par région, par niveau économique, ou autre, et que "l'évaluation critique des projections existantes" inclura de solides analyses des politiques publiques mises en oeuvre (appuis de la recherche, financement, cadre règlementaire, etc.). Cela afin de pouvoir relier les observations quantitatives à des orientations politiques ou à des particularités du contexte socio-économique ou climatique et donc de pouvoir tirer de solides conclusions pour alimenter la rédaction de la partie B et justifier des conclusions et les recommandations de "bonnes pratiques".

Je souhaite une excellent réussite à l'équipe chargée de préparer ce rapport important.