Consultation en ligne du Groupe d’Experts de Haut Niveau (HLPE) du Comité de la Sécurité Alimentaire mondiale (CSA) pour définir l’axe de l’étude sur : « L’eau et la sécurité alimentaire » (rapport 2015)
Réponse de la Coalition Eau - 28 février 2014
La Coalition Eau est un collectif de 28 ONG françaises engagées pour promouvoir l’accès à l’eau et à l’assainissement pour tous, tout en préservant les ressources en eau (http://www.coalition-eau.org)
La Coalition Eau se félicite du sujet choisi par le HLPE pour son rapport 2015, étant donné le rôle crucial joué par l’eau dans les questions de nutrition et de sécurité alimentaire.
A la lecture de la consultation électronique et des propositions du Comité directeur du HLPE sur le champ de l’étude, la Coalition Eau souhaite partager 3 commentaires, en particulier sur les aspects portant sur l’eau potable et l’assainissement :
Le droit à l’eau et à l’assainissement a été reconnu comme un droit de l’homme par l’Assemblée Générale des Nations Unies en 2010, ce qui n’est pas précisé dans le document de propositions du HLPE. Il sera crucial que l’étude présente le droit de l’homme à l’eau et à l’assainissement, l’état de sa reconnaissance au niveau national, l’état de sa mise en œuvre, ses implications concrètes, ainsi que ses liens avec le droit à l’alimentation.
- Concernant les données empiriques sur l’assainissement et l’eau potable (et le nombre de personnes n’y ayant pas accès), la Coalition Eau recommande d’adopter un regard critique vis-à-vis des données existantes. En effet, les données officielles au niveau global sont issues du Joint Monitoring Program de l’OMS/UNICEF, qui a pour mission d’évaluer les progrès pour les cibles Eau et Assainissement des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Or, les définitions utilisées par le JMP comportent de nombreuses limites. L’indicateur d’accès à l’eau mesure « l’utilisation d’une source d’eau améliorée ». Mais cet indicateur ne mesure en rien la qualité et la potabilité de l’eau, ni certains paramètres de l’accès comme la distance au point d’eau, le temps d’attente, etc. Ainsi, si le Joint Monitoring Program rapporte qu’environ 800 millions de personnes n’ont pas accès à une source d’eau améliorée, ce serait entre 2 et 4 milliards de personnes qui n’auraient pas accès à l’eau potable, selon diverses estimations d’experts.
D’autre part, une attention particulière doit être portée aux inégalités d’accès à l’eau et à l’assainissement, qui subsistent entre pays mais aussi à l’intérieur des pays (zones rurales/ urbaines, populations riches/ pauvres, femmes/hommes…)
- Dans le cadre de l’accès à l’eau potable comme de l’accès à l’eau agricole, la question de la gouvernance et de la gestion de l’eau est cruciale. Il est maintenant largement reconnu que les problèmes d’accès ne sont pas dus à des pénuries de la ressource mais avant tout à la gouvernance du secteur. Insuffisante mise en œuvre des politiques publiques, insuffisance des cadres réglementaires et juridiques, fragmentations institutionnelles, mauvaise allocation des ressources ou non-respect des engagements pris, manque de capacité des acteurs du secteur, limites à la participation de toutes les parties prenantes… Tous ces facteurs sont autant d’obstacles qui doivent être étudiés afin d’établir des recommandations pour une meilleure gouvernance des ressources en eau qui impactera à la fois l’accès à l’eau potable et l’accès à l’eau agricole.
Sanrda Metayer