Г-н Hugo Martorell

Организация: SeedChange | Sème l'avenir
Страна: Канада
I am working on:

Participatory plant breeding and capacity building for regional ecological seed production

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    • La conservation et la gestion de la biodiversité des ressources génétiques pour adapter l’agriculture aux changements climatiques au Québec : vers une vision renouvelée ? 

      Hugo Martorell, Coordinateur du programme régional au Québec | Sème l’avenir ____________________________________________________________________________

      La mission de Sème l’avenir est de renforcer la souveraineté alimentaire en travaillant avec des partenaires pour améliorer la biodiversité et promouvoir des systèmes semenciers agro-écologiques et territorialisés. Sème l'avenir anime les réseaux de semenciers et d’agriculteurs, renforce leur capacité, offre des formations et coordonne des projets de recherche appliquée afin d'augmenter la qualité, la quantité et la diversité des semences au Québec et au Canada (L’Initiative de la famille Bauta sur la sécurité des semences). Sème l’avenir oeuvre aussi avec des organisations paysannes à l’international : en Afrique (Ethiopie, Kenya, Tanzania, Togo, Guinea-Bissau, Sénégal, Burkina Faso, Mali, Ghana), en Amérique du Sud (Honduras, Guatemala, Nicaragua, Bolivie et Cuba) et en Asie (Népal, Timor Leste).

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      Les changements climatiques ont et continueront d’avoir des impacts majeurs sur la production agricole québécoise. Selon Ouranos, les températures annuelles dans le sud du Québec augmenteront de 2 à 4⁰C d’ici 2050, avec pour conséquences des extrêmes de température, des événements de pluie et des gels-dégels hivernaux. Ces conditions risquent d'endommager les cultures et de favoriser les ravageurs, ce qui pourrait avoir un impact sur le rendement et augmenter l'utilisation de pesticides et de fertilisants par les agriculteurs.

      La perte de biodiversité est un problème majeur pour la pérennité du milieu agricole. Les semences sont la source de cette biodiversité. Sans semences, il n’y a pas de végétaux, pas d’agriculture, et pas de nourriture. Assurer la diversité génétique garantit notre sécurité alimentaire et notre résilience. On observe une diminution marquée de la diversité génétique des cultures, due entre autres à l’agriculture industrielle, l'uniformisation des cultures et la consolidation de l'industrie des semences.La FAO estime que 75 % de la diversité des ressources génétiques végétales a été perdue entre 1900 et 2000 (2). Aux États-Unis et au Canada, le déclin de la diversité végétale touche toutes les espèces à des niveaux variables. (3)(4) Selon Semences du patrimoine, la proportion des cultivars commercialisés au Canada équivaut à seulement 10% des ressources conservées dans les banques de gènes.

      Le secteur agricole a besoin des capacités et ressources pour cultiver et reproduire efficacement une grande variété de semences et cultivars résilients aux changements climatiques. Faute de marchés, de ressources et de formation, les fermes québécoises s’approvisionnent presque exclusivement auprès de fournisseurs d’intrants et du marché de l’importation plutôt que de cultiver eux-mêmes leurs semences. Cette dépendance aux sources externes entraîne plusieurs inconvénients: homogénéité génétique, vulnérabilité des cultures, dépendance aux intrants chimiques, et restrictions à la reproduction des semences; des tendances qui représentent une problématique majeure pour s’adapter aux changements climatiques. 

      La conservation et la gestion de la biodiversité des ressources génétiques est une stratégie incontournable pour l'adaptation aux changements climatiques. Depuis les années 1980, il y a eu des mutations importantes dans la recherche et développement en génétique végétale. La principale tendance est celle du désengagement gouvernemental et un délaissement de la recherche au secteur privé. Il reste à savoir si ces programmes répondent aujourd'hui aux besoins de la société et des agriculteurs en matière de biodiversité, de santé publique et des écosystèmes, d’adaptation aux changements climatiques et de vitalité socio-économique locale. En effet, les programmes privés ont plutôt tendance à se concentrer sur des cultures de commodité en production conventionnelle destinées au marché animal ou de l’exportation. 

      Aujourd'hui, le cas québécois de la conservation et la recherche phytogénétique pour l’agriculture est décentralisé et  complexe. Les avantages d’avoir des programmes publics ou semi-publics sont nombreux car la sélection se fait pour les conditions pédoclimatiques et les marchés locaux avec un potentiel pour des espèces végétales moins communes. L’accent est aussi mis sur des gains génétiques sur le long terme, plutôt que sur la commercialisation de variétés sur le court terme. Les programmes publics ou semi-publics sont davantage redevables aux parties prenantes sur le territoire et les améliorateurs génétiques sont plus accessibles pour transmettre leurs connaissances. Enfin, les objectifs économiques peuvent être contrebalancés avec les préoccupations sociales et environnementales contemporaines. 

      On compte une dizaine de programmes de sélection végétale au Québec entièrement ou partiellement dans le secteur public.  

      • Les centres de recherche conventionnés :  le Consortium de recherche sur la pomme de terre du Québec (CRPTQ), le Centre de recherche sur les grains (CEROM) et le Centre d'expérimentation et de développement en forêt boréale (CEDFOB)
      • Les universités ou cégep : le McGill Pulse Breeding and Genetics Lab, l’Institut national d’agriculture biologique (INAB) et le Centre de recherche et d'innovation sur les végétaux (CRIV) de l’Université Laval.
      • Des organismes à but non lucratif : REAP-Canada, qui améliore le panic érigé, et Sème l’avenir, qui œuvre sur une dizaine de cultures avec les agriculteurs agroécologiques.
      • Des organismes publics : Agriculture et Agroalimentaire Canada, qui travaille sur la luzerne.

      Le secteur privé est aussi dynamique. 

      • Des regroupements d’agriculteurs se sont créés pour gérer leurs propres programmes de développement de variétés : la Pomme de demain, la Fondation Laitue, la Coop Agrobio du Québec, Patate Lac St Jean et Solio (Coop Fédéré).
      • Les programmes exclusivement privés sont spécialisés dans les grandes cultures : Semican, Céréla, le centre de recherche Nevico inc. et Prograin. 

      Le nombre et la diversité des programmes de recherche en phytogénétique est un atout pour le Québec. Cet écosystème gagnerait à être davantage étudié considérant que les objectifs, méthodes, ressources et besoins de chaque programme varient. Contribuent-ils à l'adaptation aux changements climatiques et à la diffusion des pratiques agro-écologiques ? Favorisent-ils l’autonomie et le renforcement des capacités des agriculteurs ? Une concertation et coordination accrue, le partage de bonnes pratiques et une mutualisation des forces vives à l'instar de la Organic Seed Alliance aux États-Unis et du consortium Live Seeding en Europe est une piste prometteuse pour ces programmes. Enfin, l’accès à des investissements ciblés sur le long terme est un ingrédient clé, tout particulièrement pour les programmes d’intérêt public.

      Sème l’avenir travaille de façon transversale aux programmes de gestion et de conservation des ressources génétiques en mettant l’accent sur la recherche participative menée par les fermes agroécologiques. Les axes de travail incluent la formation des agriculteurs, la recherche appliquée à la ferme et le réseautage des acteurs. Pour Sème l’avenir, la gestion de la biodiversité des ressources génétiques prend de l’intérêt lorsque les semences et le matériel de propagation sont : 

      • Reproduits selon des pratiques agro-écologiques;
      • Développés et reproduits au Québec; 
      • Reproductibles (à pollinisation libre) et sans biotechnologies 
      • Reproductibles librement sans restrictions de propriété intellectuelle;
      • Hétérogènes et diversifiés sur le plan génétique;
      • Développés directement par les agriculteurs ou par des améliorateurs génétiques publics en collaboration avec les agriculteurs.

      Ces principes sont à contre-courant du modèle commercial au Québec et au Canada. C’est pourquoi, en pratique, Sème l’avenir travaille avec des partenaires en espérant maximiser la combinaison des éléments cités.  Dans ce contexte, l’organisme compte une centaine d’expériences menées par les agriculteurs et des conseillers pour maintenir et adapter des ressources génétiques, ainsi que de nombreuses initiatives citoyennes (47 bibliothèques de semences et 18 Fêtes de semences recensées au Québec).

      La conservation et la gestion de la biodiversité des ressources génétiques est une stratégie incontournable pour répondre aux objectifs d'adapter l’agriculture aux changements climatiques, réduire ses émissions de gaz à effets de serre et favoriser la sécurité alimentaire du Québec. Pour cela, les organisations et les différents paliers de gouvernement devront se doter d’une vision renouvelée à la hauteur des enjeux. 

      Références : 

      1. https://www.ouranos.ca/fr/agriculture-impacts
      2. https://www.fao.org/news/story/en/item/46803/icode/
      3. https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-319-25637-5_4
      4. https://www.fao.org/3/w7324e/w7324e.pdf