全球粮食安全与营养论坛 (FSN论坛)

>> VERSION FRANÇAISE CI-DESSOUS <<

Dear colleagues,

Considering that the current debate  relies on sound conceptual basis and substantive inputs have already been brought, this contribution will be limited to my personal ten-year experience in the 80’s – 90’s in Cape Verde, shortly referring on what Jean Drèze and Amartya Sen in “Hunger and Public Action”, 1991, considered as a success story.

Actually, Cape Verde, a member of CILSS, which before independence (1975) had several times experienced famine, around the 80’s, during a period of twenty-year drought, has been one of the most successful stories on public action largely ensuring food security through social protection, linking relief and development.

That occurred in a two-decade programme of “national reconstruction” based on Intensive Labour Public Works (ILPW) schemes (mostly “cash for work” with some cases of “food for work”, too) fed by international in-kind food aid converted by the Government in a National Development Fund. As a result, under national initiative and leadership, in-kind food aid has been transformed in an economic stimulus, injecting fresh money in the local market, opening jobs, promoting people’s professional and organisational skills, building up vital infrastructures like roads, reforestation and watershed management systems, among others. A “save & loan scheme”, built on intensive work of communities’ empowerment and participation and fed by people’s voluntary savings, thanks to their “cash for work” incomes, has been relevant for the phasing-out stage of the programme, during the public reforms related to the “structural adjustment” promoted by Word Bank and IMF, beginning 90’s. Then, people owned save & loan schemes provided the conditions for accessing to credit for setting-up small businesses and enhancing agriculture activities. This has been possible because “save & loan schemes” was not only about money. Such community-rooted schemes were depositories of vital assets as organizational capacity, including lists of beneficiaries targeting the most vulnerable, adequate mind-set, interlocution with other stakeholders and negotiation capacity, inter alia.

The Cape Verde experience shows the strong link between Social Protection and Development Policy. Social Transfers / Social Safety Nets (SSNs) can be productive, stimulate investment and be potentially transformative. SSNs can work for boosting community economy and break the vicious cycle of poverty-inequality-destitution. There are very positive experiences of SSNs implemented through Intensive Labour Public Works (ILPW) that promote people’s organisation skills, decision-making capacity, life skills acquisition and small businesses. Saving and loan schemes can be set-up thanks to ILPW wages. SSNs based on public works also contribute to community and country sustainable development when addressing infrastructures (rural roads, warehouses, soil and water conservation, etc). SSNs based on ILPW are mutually reinforcing with decentralisation efforts and ensure “injection” of funds to local economies and the closest to the most in need.

Social transfers’ appropriate schemes could enable poor and vulnerable people to access to agricultural development opportunities, but there is need of a strong political will at National and International level addressing the typical trade-offs between economic efficiency and social equity. Unfortunately, in the Cape Verde case, in the beginning of the 90’s, the Bretton Woods (WB & IMF) imposed the primacy of economic efficiency against equity. Today, in Cape Verde, little has been left from that Social Protection machinery.

Eventually, this is about a learning process and all cases may present the two sides of the coin, the positive and the negative elements. We have to be honest and try to tell the whole story and learn from all its aspects.

Chers collègues,

Considérant que la discussion actuelle repose sur une base théorique solide et que de nombreux éléments de fond ont déjà apportés, ma contribution sera limitée à mon expérience personnelle des années 80 - 90, au Cap-Vert, avec des  références à ce que Jean Drèze et Amartya Sen décrivent comme une réussite dans « Faim et Action Publique » 1991.

En effet, le Cap-Vert, pays membre du CILSS, a, avant son indépendance en 1975, connu la famine à plusieurs reprises. Dans les années 80, pendant une période de sécheresse longue de vingt ans, l’action publique du Cap-Vert a été exemplaire et a  en grande partie assurée la sécurité alimentaire grâce à la protection sociale, en liant secours d’urgence et développement.

Cela a été réalisé dans le cadre d’un programme de « reconstruction nationale » mis en place pendant deux décennies. Ce programme, reposant sur des travaux publics à forte intensité de main-d'œuvre (principalement sur des schémas argent contre travail et dans certains cas, travail pour aide alimentaire) était alimenté par l’aide alimentaire internationale (aide en nature) et convertie par le gouvernement en un fonds national pour le développement.

 Ainsi, par le biais d’une initiative nationale l’aide alimentaire en nature était transformée en un stimulus économique par l’injection d’argent sur le marché national, la création d’emplois, la promotion des compétences professionnelles et organisationnelles des citoyens, la construction d’infrastructures indispensables (routes notamment), la préservation des ressources (systèmes de gestion des bassins hydrographiques, reforestation), etc.

Un schéma épargne-emprunt (“save & loan scheme”) construit sur un travail intensif de renforcement et de participations des communautés alimenté par l’épargne volontaire des personnes, grâce aux revenus tirés des initiatives argent contre travail, ont été pertinents pour la phase transitoire du programme pendant les réformes publiques liées à l’ajustement structurel promut par la Banque mondiale et le FMI au début des années 90. Par le biais des schémas épargne-emprunt les personnes pouvaient réunissaient accéder au crédit et lancer des petites entreprises et/ou accroitre leurs activités agricoles. Ceci a été possible car ce schéma ne concernait pas seulement l’argent. Ces programmes communautaires étaient dépositaires de différents outils et compétences, comme de capacités d’organisation, de listes des bénéficiaires les plus vulnérables, de capacités de négociations...

L’expérience du Cap-Vert démontre le lien étroit entre protection sociale et politique de développement. Les transferts sociaux et filets de sécurités sociaux peut être productif, stimuler l’investissement et être potentiellement transformateur.Les filets de sécurité sociaux peuvent renforcer l’économie d’une communauté et casser le cercle vicieux pauvreté – inégalité – destitution.

Il y a des expériences positives de filets sociaux de sécurité mis en œuvre à travers les travaux publics à forte intensité de main-d'œuvre qui permettent de promouvoir les capacités d’organisation, de décision, les compétences pratiques et liées aux petites entreprises. Les schémas épargne-emprunt peuvent être mis en place grâce aux revenus tirés des programmes argent contre travail. Les filets de sécurité sociaux contribuent au développement durable des communautés quand ils permettent d’accroitre les infrastructures (routes rurales,  gestion des ressources naturelles, entrepôts...). Les efforts de décentralisation sont renforcés (et renforcent également) les filets de sécurités basés sur les programmes argent contre travail qui garantissent l’injection de monnaie sur le marché local là où sont les personnes qui en ont besoin.

Les schémas de transferts sociaux pertinents peuvent permettre aux personnes les plus vulnérables d’accéder à des opportunités de développement à travers l’agriculture, mais cela nécessite une forte volonté politique nationale et internationale pour mieux arbitrer entre efficacité économique et équité sociale. Malheureusement, au Cap-Vert, dans les années 90, le projet Bretton Woods (Banque mondiale et FMI) a imposé la primauté de l’efficacité économique sur l’équité sociale. Aujourd’hui au Cap-Vert il reste très peu de choses de ces programmes de protection sociale.

Finalement, il s'agit d’un processus d'apprentissage et toutes les expériences ont leurs éléments positifs et négatifs. Nous devons être honnêtes et essayer de partager cette histoire afin d’en tirer les leçons.