Centre d'investissement de la FAO

Œuvrer aux intérêts des petits exploitants agricoles bangladais

Transformation de l’agriculture au Bangladesh: les femmes et les jeunes montrent la voie

Transformation de l’agriculture au Bangladesh: les femmes et les jeunes montrent la voie

Quand il s’agit de mettre leurs produits sur le marché, les agriculteurs du nord-ouest du Bangladesh se heurtent souvent à des difficultés qui les mettent dans l’impossibilité de faire face aux obligations financières de leur baux fonciers.

©FAO/Saikat Mojumder

10/09/2024

La famille de Salma Akter Aduri espérait que l’exploitation de cultures de rente leur apporterait la solution.

“Nous cultivions un type particulier de pomme de terre appelée ‘sunshine potato’, à la croissance rapide et offrant de bons rendements”, se rappelle Salma. “Mais nous en avions si peu à vendre qu’il nous était impossible de tirer des bénéfices.”

Salma et les siens sont cultivateurs de pommes de terre à Rangpur dans le nord-ouest du Bangladesh. Cette région balayée par des moussons aux inondations destructrices subit aussi des sécheresses saisonnières, si bien que les agriculteurs qui s’y trouvent se tournent de plus en plus vers l’exploitation de cultures de rente pour se prémunir contre ces perturbations météorologiques fréquentes. Mais ce recours n’a pas apporté la solution espérée.

“Nombre de nos voisins se trouvaient dans le même cas que nous. Ils avaient pris des terres à bail pour cultiver ces pommes de terre mais ne gagnaient pas même assez pour acquitter leurs redevances.”

La situation devenait dramatique. Ils se voyaient confrontés à l’alternative d’abandonner leurs terres ou de contracter des emprunts auprès de prêteurs à des taux d’intérêt élevés. Salma s’inquiétait pour l’avenir des siens: pourraient-ils continuer leurs activités, ne devraient-ils pas abandonner totalement l’agriculture?

Le bout du tunnel

Leur intégration à la coopérative agricole Birahim a marqué un tournant pour Salma et les siens.

L’organisation de producteurs a reçu une aide cruciale à travers l’Initiative du “segment intermédiaire manquant”, mise en œuvre par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et financée par le Programme mondial sur l’agriculture et la sécurité alimentaire.

Menée en collaboration avec le Ministère de l’agriculture et l’association Sara Bangla Krishak (SBKS) — une fédération nationale d’organisations d’agriculteurs bangladais parmi lesquelles la coopérative Birahim —, cette initiative de la FAO a œuvré auprès des agriculteurs à faciliter leur accession aux financements, aux marchés, aux technologies et aux informations.

“Cette aide s’est avérée vitale”, affirme Salma. “Nous avons mesuré l’importance d’un regroupement de nos productions et de la commercialisation en gros de nos produits, qui nous permettent d’accéder à des marchés offrant de meilleurs prix. Nous avons enfin eu accès à des financements à des taux d’intérêt favorables. Et ces avantages ont amené une vague de nouveaux adhérents à la coopérative Birahim!”

En 2018, Salma venait d’achever ses études secondaires et attendait d’être admise à l’université. Elle s’est alors proposée comme aide-comptable de la coopérative.

L’appui fourni par la FAO a permis à la coopérative Birahim de passer à la vitesse supérieure en entrant en relation commerciale avec l’Association bangladaise des exportateurs de pommes de terre.

“Voir nos pommes de terre partir à l’exportation était pour nous comme un rêve devenu réalité”, s’exclame Salma. “Cela m’a donné envie d’aider d’autres communautés à exporter leurs produits.”

Les femmes et les jeunes sont à la tête de la transformation agricole au BangladeshCultivateurs de pommes de terre, Salma et sa famille ont intégré la Coopérative agricole de Birahim; la coopérative a bénéficié d’une aide qui s’est avérée déterminante pour leur accession aux financements, aux marchés, aux technologies et aux informations. Cette aide entrait dans le cadre de l’initiative «du segment intermédiaire manquant», mise en œuvre par la FAO en collaboration avec le Ministère de l’agriculture et l’association Sara Bangla Krishak grâce à un financement du Programme mondial sur l’agriculture et la sécurité alimentaire.

Innover contre vents et marées

La pandémie de Covid-19 a incité la coopérative Birahim à innover. Avec l’aide de l’association Sara Bangla Krishak et de la FAO, la coopérative et d’autres organisations de producteurs ont créé un Centre d’appels virtuel ayant pour objet de maintenir l’agriculture locale en activité.

Le Centre d’appels virtuel est devenu une plateforme incontournable, fournissant en ligne des conseils agricoles, des informations sur les marchés et des services financiers. Quant à Salma, en reconnaissance de son dévouement, elle a été engagée comme opératrice au Centre d’appels virtuel en 2020.

“Ma famille avait émis des réserves, qui s’expliquent par son attachement aux traditions, mais le président et l’organisation de producteurs ont fini par la convaincre. À l’issue de la formation que j’ai reçue, j’ai davantage été prise au sérieux”, explique Salma.

Il est à souligner que son parcours montrait la voie à d’autres femmes de la collectivité tout en servant d’exemple à d’autres jeunes. “Ils me questionnent à présent sur les perspectives que peut leur offrir l’agriculture. C’est passionnant!”, déclare-t-elle avec enthousiasme.

Accéder à des postes de responsabilité

Les compétences et l’expertise dont Salma a fait preuve en tant qu’opératrice du Centre d’appels virtuel lui ont valu d’être engagée comme comptable de la coopérative Birahim.

Elle est aussi devenue agent facilitateur de l’entrepreneuriat agricole, ses fonctions consistant à assurer le suivi de la gestion, des financements et des plans d’activité d’autres organisations de producteurs.

Dans un premier temps, elle a dû essuyer des moqueries et l’expression d’un certain scepticisme. Elle a aussi été confrontée aux difficultés qui n’ont pas manqué d’émailler ses relations de travail avec des responsables hommes plus âgés qu’elle dans d’autres collectivités.

Mais elle a adopté une stratégie qui lui a permis de surmonter les réticences à son égard. “Au fil du temps, ils en sont venus à respecter mes connaissances et mon expérience!”

Parallèlement, la FAO et l’association Sara Bangla Krishak, fortes de crédits supplémentaires octroyés par le Programme mondial sur l’agriculture et la sécurité alimentaire, ont lancé le projet ACCESS, lequel s’emploie aux côtés des organisations de producteurs dans des zones touchées par les perturbations climatiques à permettre à ceux-ci de s’intégrer aux chaînes de valeur locales.

Le projet ACCESS capitalise sur les acquis de l’Initiative du «segment intermédiaire manquant» — grâce à laquelle 10 000 petits exploitants agricoles ont vu leurs revenus annuels progresser de 35 pour cent en moyenne.

Les femmes et les jeunes sont à la tête de la transformation agricole au BangladeshSalma a mis a profit les possibilités offertes par le projet ACCESS pour roder ses compétences et devenir comptable au secrétariat de la SBKS. La coopérative Birahim, dont les activités d’exportation de pommes de terre sont prospères, s’est lancée dans la commercialisation de semences maraîchères.

La stabilité financière et une vision pour l’avenir

La coopérative Birahim, dont les exportations de pommes de terre se poursuivent avec succès, a entamé une activité de commercialisation de semences maraîchères.

“Nous avons reçu une aide à l’accession au crédit et à la commercialisation de nos semences, et nous travaillons avec des partenaires de bonne réputation commerciale dans l’ensemble du Bangladesh, pour qui nous produisons des semences maraîchères de qualité supérieure”, déclare Salma non sans fierté.

Les banques elles aussi se mobilisent dans la mise au point de techniques modernes de production de semences maraîchères. La Dutch-Bangla Bank finance la SBKS et l’Institut de recherche agronomique du Bangladesh, ce qui permet aux agriculteurs de Birahim de produire tous les ans quelque cinq tonnes de semences maraîchères.

“Notre communauté a fait du chemin, après avoir été aux prises avec des difficultés de remboursement de ses prêts, la voici qui accède aujourd’hui à la stabilité financière”, résume Salma.

Salma a récemment intégré le personnel du secrétariat de la SBKS en tant que comptable. Elle est devenue une figure de proue de sa communauté en matière d’innovation agricole et d’autonomisation. “Je tiens à aider d’autres communautés à accéder aux marchés d’exportation, pour qu’elles bénéficient elles aussi d’une stabilité financière et de meilleurs revenus”, déclare-t-elle.

“Je voudrais voir davantage de femmes acquérir une autonomie dans le cadre du projet ACCESS, et que notre réseau de petits exploitants agricoles, la SBKS, s’élargisse pour acquérir une reconnaissance nationale.”

L’histoire de Salma s’inscrit dans une série d’articles destinés à marquer le 60e anniversaire du Centre d’investissement de la FAO en mettant en exergue des décennies de partenariats, d’initiatives et d’investissements qui ont donné forme aux systèmes agroalimentaires. Découvrez comment le Centre d’investissement de la FAO poursuit sa mission en impulsant des investissements et des solutions de financements au service de l’agriculture, propres à changer la vie de milliers d’acteurs de ce secteur dans le monde entier.