Le Bénin investit dans le riz, la noix de cajou, l'ananas et les produits maraîchers pour améliorer sa résilience
©FAO/Olivier Asselin
Ces quatre produits sont au cœur du Projet d’appui à la compétitivité des filières agricoles et de diversification des exportations (PACOFIDE) qui a récemment reçu un financement additionnel de la Banque mondiale, conçu avec l'assistance technique du Centre d'investissement de la FAO. Le gouvernement du Bénin espère contrer une insécurité alimentaire croissante en créant des opportunités économiques plus inclusives.
Conforme au pilier 2 du Programme de prévention et de résilience du gouvernement du Bénin, l'objectif du PACOFIDE financé par la Banque mondiale est de s'attaquer aux causes structurelles de la fragilité dans le pays, en augmentant la productivité et l'accès au marché pour les chaînes de valeur agroalimentaires ciblées.
Le projet se concentre sur le renforcement des conditions favorables et de l'infrastructure pour le développement agroalimentaire, l'augmentation de la productivité dans les chaînes de valeur de l'ananas, du riz, des légumes et des noix de cajou et la promotion des investissements et de l'accès au financement.
La population béninoise est actuellement touchée par une insécurité alimentaire croissante, passée de 10 % en 2017 à 26 % en 2022 (Programme alimentaire mondial). Aujourd'hui, même si l'inflation des prix des denrées alimentaires s’est freinée, le Réseau de prévention des crises alimentaires prévoit qu'en raison des inondations et des sécheresses, 0,3 million de personnes devraient être confrontées à la phase 3 (crise) du cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) et que 1,3 million de personnes supplémentaires devraient être confrontées à la phase 2 (stress) de l'IPC au cours de la période allant de juin à août 2024.
Le financement additionnel de 150 millions de dollars américains a pour but de s'appuyer sur les premiers résultats du projet et de continuer d'accroître la production d'ananas et de noix de cajou, de développer davantage l'irrigation et la mécanisation dans le secteur du riz et des légumes, de fournir davantage d'intrants agricoles (semences et engrais), de technologies de production et de services de conseil, et de lancer des études préparatoires en vue de futurs investissements dans l'irrigation.
Une équipe de trois experts du Centre d'investissement de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a participé à la conception du projet initial et du financement supplémentaire. Leur expertise en matière d'irrigation et d'infrastructures rurales, de mécanisation agricole et d'économie a permis au gouvernement et à la Banque mondiale de concevoir un projet rentable et efficace.
Ismail Oudra a mené l'équipe du Centre d'investissement : « Au-delà de la fourniture d'infrastructures et d'intrants de production, ce projet a soutenu la création de quatre plateformes de dialogue public-privé réunissant toutes les parties prenantes concernées par les chaînes de valeur de la noix de cajou, de l'ananas et des cultures maraîchères. Cela permet de relever des défis spécifiques, de faciliter la coordination et de mobiliser des investissements de manière intégrée et participative. » Le projet vise également à promouvoir des pratiques agricoles intelligentes face au climat afin d'obtenir un triple avantage : une productivité accrue, une adaptation et une résilience renforcées, et une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le Centre d'investissement soutiendra également la mise en œuvre du financement supplémentaire au cours de l’année 2025.
Lancé en 2020 et prolongé jusqu'en 2030 grâce au financement additionnel, le projet a déjà obtenu des résultats significatifs. Les volumes de noix de cajou et d'ananas commercialisés pour les bénéficiaires soutenus ont augmenté respectivement de 36 % et de 20 %. Des centres logistiques d'entreposage frigorifique pour les exportations de produits agricoles périssables ont été construits à l'aéroport de Cotonou. 83 000 hectares de vieilles plantations d'anacardiers (noix de cajou) ont été réhabilités et 17 000 hectares de nouvelles plantations ont été créés. En 2023, près de 300 000 agriculteurs ont reçu des engrais pour augmenter leur production.
Le financement additionnel suivra la voie tracée par le projet principal en mettant en œuvre une stratégie ciblée sur le genre. Il vise à combler les lacunes identifiées par les études sur le genre dans l'agriculture au Bénin, notamment l'accès plus limité aux actifs agricoles et la plus faible participation des femmes dans la prise de décision.