Le Cameroun, modèle d’agroforesterie pour une production cacaoyère durable
Les participants visitant une plantation de cacao
©FAO/Beloumou Olomo Daniel.
Du 13 au 22 octobre 2024, une délégation ivoirienne, composée d’experts, d’institutionnels et de praticiens engagés dans la promotion de l’agroforesterie dans le secteur du cacao, a effectué une visite d’étude au Cameroun.
La délégation ivoirienne a rencontré des producteurs, des transformateurs et des institutions du secteur cacaoyer dans la région de Yaoundé.
Organisée par le Centre d’Investissement de la FAO en partenariat avec le Conseil Café Cacao de Côte d'Ivoire (CCC) et l’Office national du cacao et du café du Cameroun (ONCC) et avec le soutien de l’Union européenne, cette initiative s'inscrit dans le cadre des efforts visant à promouvoir une production cacaoyère juste et respectueuse de l’environnement en Côte d'Ivoire.
Venus s'imprégner du modèle camerounais dans le domaine de l'agroforesterie et des paiements pour services écosystémiques, les acteurs du cacao en Côte d’Ivoire ont pu échanger avec des institutions camerounaises en charge de la production et de la commercialisation du cacao (Conseil interprofessionnel cacao et café, Office national du cacao et du café, Fonds de développement des filières cacao et café), des planteurs ayant adopté les pratiques agroforestières, des communautés locales, des unités de transformation locale et industrielle de cacao et des chercheurs des diverses institutions de recherche impliquées dans l’agroforesterie.
La délégation a également visité des bassins de production de cacao et eu des échanges riches et concrets sur les bonnes pratiques et mécanismes d’incitation pour limiter la déforestation liée à la production de cacao en Côte d’Ivoire, encadrés par des experts spécialisés dans la filière cacao et l’agroforesterie du Centre d’Investissement.
Forte de 12 personnes, la délégation de Côte d’Ivoire incluait divers acteurs du secteur : experts du Conseil Café-Cacao, leaders d’organisations de producteurs, experts des structures nationales impliqués dans la promotion de l’agroforesterie (Ministère des eaux et forêts, Ministère de l’agriculture et du développement rural, Agence nationale d’appui au développement rural) et représentants d’institutions de recherche (Centre national de recherche agricole, Centre international pour la recherche forestière et l’agroforesterie mondiale).
« L’objectif était de favoriser les échanges, qui permettent de faire émerger de bonnes idées et de bonnes pratiques », résume Mahama Zoungrana, spécialiste en charge du cacao en Côte d’Ivoire pour le Centre d’Investissement de la FAO. « Nous organisons ce type de visites pour renforcer les capacités des producteurs, des coopératives et des techniciens en matière d’agroforesterie, afin de concevoir ensuite des investissements durables et efficaces dans ces pratiques. »
Le Cameroun, troisième plus grand producteur de cacao en Afrique et cinquième au monde, a une longue tradition de culture du cacao dans des systèmes agroforestiers complexes, dans lesquels les plants de cacao poussent à l'ombre d'autres arbres pour recevoir la quantité de lumière et d'humidité nécessaire. Ces systèmes rendent la production de cacao plus durable et plus résistante aux effets du changement climatique et contribuent à diversifier les revenus des petits exploitants, tout en encourageant la séquestration du carbone et à la protection de la biodiversité.
L’agroforesterie est également encouragée par le récent règlement européen contre la déforestation et la dégradation des forêts, qui garantira que les produits consommés par les citoyens européens ne contribuent pas à la déforestation ou à la dégradation des forêts dans le monde.
Au cours de la visite de la parcelle cacaoyère de M. Bagadema dans la localité de Biatsaota 2 en zone forestière, Madame Assata Kone Doumbia, Présidente du conseil d’administration de la Coopérative ECAM de Méagui (dans la zone cacaoyère de Soubré en Côte d’Ivoire) a déclaré : « je me rends compte que la cacaoyère sous ombrage, en plus de permettre une production durable avec de bons rendements, nécessite moins d’entretien et économise donc la main d’œuvre qui constitue, de nos jours, un de nos soucis majeurs. »
Ce voyage d’étude s’inscrit dans le cadre de l’Initiative cacao durable, menée par l’UE, principal marché des producteurs de cacao d’Afrique de l’Ouest, et mise en œuvre par plusieurs partenaires dont le Centre d’Investissement de la FAO. Elle a pour objectif d’accompagner les acteurs du secteur vers une production de cacao sans déforestation, sans travail des enfants, et assurant un revenu décent aux producteurs.
Les acteurs Ivoiriens et Camerounais de la filière avancent main dans la main pour développer ensemble l’agroforesterie ainsi que les paiements pour services écosystémiques. Cette visite d’étude fait suite à des échanges riches lors d’un atelier sur l’agroforesterie organisé à Bruxelles par la FAO et le Conseil Interprofessionnel du Cacao et du Café camerounais, dans le cadre du Programme cacao durable en avril dernier.
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