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Étude de cas 9. FOIN ET RÉSIDUS DE RÉCOLTE AU PAKISTAN[6],[7] - 1. Foin et fourrages dans les systèmes mixtes et pour la vente


La production animale forme une partie intégrante de presque tous les systèmes agricoles. Cependant, la production animale à petite échelle tourne autour de la subsistance, bien que l'excès de lait puisse être vendu. La grande majorité du bétail laitier est située dans les étendues irriguées cultivées intensivement où il n'existe pas de parcours naturels; le bétail est gardé autour de la ferme et nourri à l'étable avec des résidus de récolte, fourrages et quelques concentrés. Le fourrage est important dans tous les districts pour l'élevage à la ferme, et souvent comme une culture de rente pour la vente, frais ou sec, pour approvisionner les élevages laitiers urbains; il compte pour 14,6% de la superficie totale des terres cultivées.

La masse de l'agriculture au Pakistan est située dans les grandes plaines irriguées du Pendjab, la Province frontière du Nord-Ouest (North West Frontier Province [NWFP]) et au Sindh, avec des ruminants nourris presque entièrement des produits des terres cultivées, il n'y a pas de pâturage à l'exception du long de quelques vallées de rivière et quelques régions du semi-désert. Dans les plaines, la saison de croissance couvre neuf à dix mois de l'année et l'aliment vert est disponible toute l'année pour complémenter les résidus de récolte. Dans le semi-désert de Baloutchistan et les terres situées derrière l'Himalaya, il y a un mouvement saisonnier du bétail pour les terres de pâturage, habituellement aux altitudes plus élevées, et le fourrage est produit là où l'irrigation est disponible.

Les troupeaux commerciaux sont rares dans les zones rurales, mais sont très importants dans les zones péri-urbaines (voir Tableau 25) autour des grandes cités (Karachi, Lahore, Hyderabad, Gujranwala, Islamabad/Rawalpindi, Faisalabad, Peshawar et Quetta). L'aliment fourni à ces unités est transporté par camion, et une certaine quantité est produite à plus de 300 km (par exemple, de Hyderabad et au delà à Karachi; de Kasur et Renala à Islamabad). Les villes dans les régions irriguées trouvent leurs provisions relativement proches, mais Karachi et Islamabad en particulier doivent remorquer l'aliment sur de longues distances. Les buffles prédominent dans les troupeaux des villes du Pendjab, du Sindh et du NWFP. A Quetta (Baloutchistan) les buffles constituent seulement la moitié du troupeau urbain à cause de plusieurs facteurs, y compris la pénurie en eau. Les réfugiés Afghans ont apporté d'excellents bovins Frisons croisés et de race pure à Quetta et ceci a fortement accru l'intérêt des éleveurs laitiers pour les vaches. Le prix du lait est basé sur la teneur en matière grasse, ainsi avec les buffles à plus de 6,5% et les bovins Sahiwal qui ont une moyenne de 5,5%, les buffles sont populaires.

Tableau 25. Sources des fourrages pour le bétail laitier(1) autour de quelques villes pakistanaises

Ville

Cheptel laitier
(têtes)

Districts sources

Distance

Lahore

125 000

Kasur, Sheikhupura sont les principaux fournisseurs de fourrages verts. Les fourrages secs proviennent de la Division de Gujranwala.

< 100 km

Karachi

150 000

Fourrages verts de Hyderabad, Thattha et régions avoisinantes. Les fourrages secs à partir du Pendjab Central, Bas-Sindh.

> 300 km maximum, vert

Gujranwala

105 000

Région avoisinante

-

Islamabad-Rawalpindi

Inconnu

Fourrages secs à partir de Gujranwala et les divisions de Sargodha. Foin à partir des villages contigus. Aliment vert de Hafizabad et très dispersé, aussi loin que Kasur.

> 350 km maximum (Kasur)

Hyderabad

Inconnu

Régions contiguës et au Bas- Sindh


Peshawar

60 000

Régions avoisinantes de Charsada et Mardan. Paille de blé du Pendjab. Lots disponibles de pulpe de betterave sucrière.


Faisalabad

100 000

Région avoisinante


Quetta

50 000

Région avoisinante et Sindh.


Note: (1) Ne comprend pas les animaux de trait (ânes, chevaux, chameaux et boeufs de trait)

Avec les années, les coûts de transport ont augmenté substantiellement. Ceci a conduit à la conservation. Les données ne sont pas disponibles, mais des quantités énormes d'avoine sont maintenant régulièrement converties en excellent foin et transportées sur de longues distances. L'accroissement rapide de la popularité de l'avoine au cours des quinze dernières années a été dû à l'introduction de variétés à hauts rendements qui donnent plusieurs coupes, telles que les variétés Scott et PD2-LV65. Dans les années 50 et 60, l'avoine était cultivée pour le fourrage, mais surtout pour faire du foin pour les chevaux, qui étaient à cette période les principaux animaux de transport en milieu rural aussi bien qu'en régions urbaines; le tonga était utilisé pour le transport intra-cité et dans les régions rurales pour accéder aux marchés dans les villes. Dans les années 70 et 80, les véhicules à moteur ont remplacé la plupart des chevaux, mais à la fin des années 80 l'industrie laitière a commencé à s'étendre, et de plus en plus de débouchés étaient devenus disponibles pour la commercialisation du lait. Un grand nombre d'usines laitières se sont installées. L'expansion de la population urbaine a fourni un marché du lait lucratif, le bétail laitier était mieux géré et alimenté. La production fourragère était devenue une activité importante, principalement à côté des grandes villes. La culture d'avoine développée pour remplacer la paille de blé et de riz de faible qualité était devenue la base de la ration. Les variétés d'avoine à coupes multiples ont été développées par le Conseil de Recherche Agricole du Pakistan, et le Programme de Recherche des Systèmes Agraires au Pendjab a beaucoup fait pour la diffusion initiale et la production en masse de l'avoine. Les anciennes variétés à coupe unique ont été maintenant remplacées par les formes à coupes multiples. Ces avoines sont très productives en climat froid quand d'autres aliments verts sont rares, et remplacent les choux fourragers, qui étaient autrefois utilisés en période de pénurie hivernale.

La fabrication commerciale de foin de luzerne et de bersim a aussi commencé dans des petites zones. Dans le Gilgit et la Vallée de Quetta, le foin de luzerne est vendu quand il y a un surplus par rapport aux besoins de la ferme. Dans la Vallée de Quetta, où de petites unités laitières s'installent rapidement, 40 -50 t de foin de luzerne sont commercialisés à un prix d'environ PRs 2,5/kg (US$ 1 = PRs 40 au moment de la rédaction) à partir des environs de la ville de septembre à octobre. Des quantités substantielles de tiges sèches (maïs, sorgho, mil) sont vendues aux villes et dans les zones de production, particulièrement dans les régions en sec (parties de Rawalpindi, Jhelum, Chakwal, Attock, Mianwali, etc.).

Les rendements fourragers sont faibles en comparaison de leur potentiel, 20 t/ha dans une évaluation récente. Bien qu'une technologie fortement améliorée et des variétés soient disponibles, celles-ci ont été lentes pour atteindre les petites fermes qui comptent pour la plupart de la production fourragère, et la production de semence avait du retard sur la sélection et l'introduction des plantes. Le travail récent en fermes de taille moyenne a indiqué que les rendements peuvent être multipliés par deux ou par trois en utilisant des variétés améliorées disponibles et des techniques agronomiques appropriées. Dans une région où le terrain et l'irrigation sont les principaux facteurs pour l'augmentation des fourrages, l'intensification est la seule voie pour satisfaire les besoins du pays pour plus de produits animaux et, par conséquent, de fourrages.

Figure 57. Température et pluviométrie à Quetta, Pakistan

Fourrages secs

Le séchage est très répandu dans les districts non irrigués (Sialkot, Wazirabad, Gujrat, Jhleum, Rawalpindi, Attock, Mianwali, D.I. Khan). Ce système est aussi prédominant dans les régions du nord et dans des parties du Sindh. Les plantes utilisées pour le séchage sont le sorgho, le mil, le maïs et l'avoine. Dans les zones pluviales du Pendjab, des parties de la NWFP, du Sindh et les parties basses du Baloutchistan, il est d'usage de convertir les tiges de sorgho, maïs et mil en kadbi, ce matériel est utilisé après hachage et mélangé avec un fourrage vert (voir Tableau 26). Parfois une partie des épis est laissée sur les tiges pour améliorer leur valeur alimentaire. Dans certaines parties du Baloutchistan, un maïs à tige fine avec un faible rendement en épis est cultivé comme fourrage avec les épis. Le kadbi est fait par séchage complet du matériel coupé, puis mis en meule en position verticale. Les meules sont parfois recouvertes avec de la boue. Une partie du kadbi est vendue aux éleveurs laitiers urbains.

La paille de riz est importante, bien que ce soit un aliment pauvre. Elle est habituellement empilée au bord des champs ou dans un endroit où les animaux sont gardés; elle est souvent distribuée ad libitum; elle n'est pas hachée.

La paille de blé est un aliment important et très populaire, toujours sous forme hachée. Dans les années récentes, des unités de mise en balles ont été installées au Pendjab central. Les balles sont transportées vers toutes les cités importantes. Traditionnellement la paille hachée est conservée en tas couverts avec la boue; ce système de stockage peut être aussi utilisé pour le traitement de la paille à l'urée qui, bien qu'il soit bien testé dans le pays, a été lent à être adopté chez les plus petits paysans.

Entre les foins de luzerne et de bersim, c'est la luzerne qui est devenue au fil des années un fourrage d'hiver/été important et son usage comme fourrage vert est en augmentation, surtout pour les équidés, à l'Ouest du Pendjab. Dans les régions du Nord, particulièrement Gilgit, Skardu, Swat, Hunza et les hauteurs du Baloutchistan, la fenaison à partir de la luzerne est traditionnelle. Le foin de bersim est préparé dans les régions irriguées du Pendjab. Ce foin est distribué pendant les périodes de pénuries de fourrage estivale et hivernale. Le matériel fraîchement coupé est séché au soleil. Il y a de grandes variations dans le procédé. Dans les étendues irriguées centrales du Pendjab, après la récolte du fourrage, les paysans le transportent à la ferme, où il est placé en couches minces sur le toit ou dans une aire protégée pour éviter le piétinement et des animaux errants. L'époque préférée est mars/avril pour le bersim, quand la culture est à sa pointe de croissance, la floraison commence et les tiges deviennent plus lignifiées. Le séchage prend 3 - 5 jours, mais il y a une tendance à sécher plus longtemps. L'effritement des feuilles est commun.

Le foin de luzerne est pratiqué en grandes quantités dans les régions du nord et les terres hautes du Baloutchistan La culture est récoltée à tout moment entre juillet et octobre. Une étude villageoise conduite dans 20 hameaux à Saifullah et Loralai (Baloutchistan) a révélé que les paysans avec des terres irriguées préparaient invariablement du foin de luzerne et d'orge. La quantité préparée était de 1 à 1,5 t par ferme et faite par petits lots. Le foin séché partiellement était mis en ballots (petites bottes) pesant 3 à 5 kg et, après séchage complet, empilé à l'intérieur. La qualité était excellente, avec une légère perte de feuilles. Le taux de récupération (rendement de foin) était aussi plus élevé (de 25 - 30%). Dans les régions du nord, le foin est fait en petites bottes et principalement empilé sur le haut des toits et couvert avec de la paille, des feuilles plastiques ou tout autre matériel imperméable. Le foin est utilisé entre décembre et février comme complément à la paille et à d'autres résidus de récolte pour les bovins lorsque la plupart de la végétation naturelle est sèche ou improductive. Pour les petits ruminants, le foin est distribué le soir, ½ à 1 kg par mouton ou chèvre, mais la quantité est fortement dépendante des modes de pâturage.

Dans une étude sur les petites fermes (1,2 - 2 ha) dans la division de Gujranwala, où un projet FAO a développé la fenaison du surplus fourrager, la composition moyenne du troupeau était de 3 buffles, 1 vache, 2 petits ruminants, et 2 ânes ou bœufs. L'alimentation des animaux laitiers (ceux en lactation) est prioritaire à cause de la valeur commerciale du lait. En hiver et en été, le fourrage vert était distribué (bersim hivernal ou mélange de bersim et d‘avoine) à 30 - 40 kg par buffle et 5 - 10 kg de paille de blé. Durant les pénuries de fourrage, la quantité de paille est presque toujours doublée, avec 3 - 4 kg de concentré (tourteau de coton, son de blé, issues de riz). En été, les besoins majeurs étaient satisfaits à travers le fourrage vert (maïs, sorgho, mil, herbe à éléphant (Pennisetum purpureum)). La quantité offerte par animal était 40 - 50 kg sans aucune paille. Le foin de bersim, quand il était disponible, était distribué durant la pénurie de fourrage au début de l'été. Sur 10 fermes, avec chacune 2-3 buffles en lactation, les animaux recevaient 15 - 20 kg de foin de bersim, 5 kg de paille de blé mélangée avec du concentré deux fois par jour (par exemple, 2 -3 kg de tourteau de coton). L'entretien plus les besoins de production étaient presque satisfaits (le rendement en lait était en moyenne de 8 - 10 litres). L'étude a été réalisée sur une période de 45 jours (1er mai au 15 juin, 1995).

Tableau 26. Composition chimique de quelques aliments secs au Pendjab (en pourcentage de MS)


PB

EE

CB

ENA

Cendres

Foin de bersim

15,1

1,8

30,3

40,7

12,0

Foin de luzerne

20,5

1,6

29,6

36,0

12,5

Tiges de millet

3,25

1,2

40,5

48,6

6,8

Notes: MS = matière sèche. PB = protéines brutes. EE = extraits éthérés. CB = cellulose brute. ENA = extractifs non azotés.

Étude de cas 10. FOIN ET RÉSIDUS DE RÉCOLTE AU PAKISTAN[8] - 2. Foin dans les régions du Nord (une communauté établie avec un peu de bétail transhumant)

Ce sont des zones arides à semi-arides protégées des pluies par l'Himalaya, et situées bien au nord (Gilgit est à 35°50'N) avec une saison froide marquée, toute l'agriculture est irriguée. Les habitations, vergers et champs sont situés au fond des vallées et des plus basses terrasses (l'altitude varie de 1 200 à 2 500 m); la taille des fermes est minuscule. La région a toujours importé les céréales, et l'accent est porté principalement sur les cultures fruitières et les noix comme cultures de rente, et le fourrage pour utilisation domestique. Il existe peu ou pas de pâturage sur les pentes escarpées des hautes montagnes surplombant les villages, seuls quelques arbrisseaux clairsemés d'Artemisia là où il y a une accumulation de sable au pied des pentes. Le pâturage alpin est disponible après la fonte de la neige sur les sommets élevés (mai à septembre) et les troupeaux du village migrent là quand le pâturage est disponible, et descendent quand la neige commence. Il n'y a pas de source de foin naturel.

Les fourrages traditionnels de ces régions sont: (i) la luzerne, basée sur un vieil écotype du Xinjiang dégénéré et très dormant en hiver, est la seule plante pour la fenaison, (ii) le trèfle de Perse (Trifolium resupinatum) provient habituellement de semence non améliorée des environs de Peshawar; il produit peu ou rien en hiver mais a une forte pousse au printemps et produit trois coupes en été, il est apprécié parce que les jeunes pousses sont utilisées comme légumes de table à une saison où il n'y a pas grand chose d'autre disponible et parce qu'il donne un bon foin. C'est principalement un fourrage vert d'hiver et de printemps, sauf en hautes altitudes, où c'est une culture d'été; (iii) les plants de maïs prélevés lors du démariage dans les parcelles semées à très haute densité; (iv) la coupe du blé en vert en temps de pénuries fourragères; (v) les arbres et arbustes plantés sur les bords des champs et dans les terrains marginaux qui ont assez d' eau (mûrier, saule et Elaeagnus), car leur écorce et feuilles fournissent un fourrage supplémentaire en hiver. Les feuilles tombées des arbres sont conservées comme fourrage (abricotier et mûrier principalement), et toutes les pailles sont soigneusement conservées.

Figure 58. Températures et précipitations à Gilgit, Pakistan

Une grande amélioration a été apportée dans les cinq dernières années: une sélection préliminaire a montré que plusieurs variétés fourragères qui étaient déjà en utilisation dans d'autres parties du Pakistan étaient bien adaptées aux conditions locales. De plus, leur adaptation aux conditions locales et aux besoins de la ferme a été testée à travers une expérimentation sur site à la ferme, suivie par des démonstrations. Les principales améliorations ont été:

Problème de pâturage non contrôlé

Lorsque les troupeaux arrivent en bas des montagnes en automne, traditionnellement tous les chaumes et champs sont ouverts au pâturage communal. Cela est très destructeur pour tous les fourrages ou autres cultures encore sur champs à ce moment-là. Stopper le pâturage destructeur du chaume, qui détruit les fourrages et les cultures semées précocement, est une façon évidente d'accroître la disponibilité alimentaire d'ensemble. Cependant, cela nécessite une organisation et une prise de décision communautaires, bien que certains villages interdisent déjà cette pratique et les paysans clôturent leurs champs. A la fin de la troisième année des activités du projet, 2 550 paysans participaient aux activités et achetaient la semence de variétés améliorées (Dost, 1996). Les variétés utilisées sont toutes commercialement disponibles à partir d'autres régions du Pakistan et les commerçants locaux qui assurent l'approvisionnement en semence traditionnelle sont en train d'être formés au sujet des nouvelles variétés (y compris les sources de semence aussi bien que la performance des plantes et les techniques culturales) et sont encouragés à les stocker.

Étude de cas 11. FOIN ET RÉSIDUS DE RÉCOLTES EN INDE ET AU NÉPAL - La situation en Inde

La production animale a été inséparable de l'agriculture indienne depuis un temps immémorial. La connaissance locale et les pratiques d'élevage ont été fortement enrichies par les pasteurs Aryens qui s'établirent d'abord au Nord-Ouest et se sont répandus par la suite à travers le pays. Jusqu'au début du vingtième siècle, les stratégies alimentaires étaient basées sur ce que procurait la nature; le pâturage formait l'essentiel de l'aliment et tout déficit était couvert par l'utilisation d'arbres fourragers. Les systèmes de production semi-migratoire et migratoire minimisaient les pénuries.

L'accroissement rapide de la population et de l'urbanisation ont rapidement perturbé cet équilibre; le besoin en cultures vivrières a conduit à une réduction draconienne des zones de pâturage, avec l'abattage d'arbres et une marginalisation conséquente de la propriété des terres. La demande en produits animaux a subi un accroissement parallèle et continue aujourd'hui sans répit. La production limitée des parcours est saisonnière à cause du mode de pluie. Pour compenser les déficits alimentaires, les paysans utilisent de plus en plus les résidus de récoltes et de sous-produits, qui font aujourd'hui partie intégrante des systèmes d'alimentation du bétail dans le pays. La grande demande d'aliments pour les humains limite les cultures fourragères; cependant les surplus de la saison pluvieuse provenant des parcours naturels sont mis en foin dans certaines régions.

Malgré ses nombreuses difficultés et les limitations fourragères, l'Inde a 15% de la population mondiale d'animaux (sur 2% de la superficie en terre du globe). Il y a eu un accroissement considérable du nombre d'animaux dans les années récentes et le cheptel national est maintenant de 450 000 000 de têtes. La superficie des fourrages semés est restée stationnaire à 4,8% environ de la surface cultivée. La production fourragère limitée est un sujet de préoccupation nationale et la demande augmente fortement. Le Tableau 27 donne l'estimation nationale des besoins et des apports.

Grâce à des efforts considérables dans les domaines de la recherche et du développement, la situation s'améliore progressivement, quoique lentement. Depuis le début des années 60, la production fourragère s'est accrue de sept à huit fois, surtout à travers l'introduction de variétés à haut rendement et une meilleure technologie pour accroître le rendement par unité de surface, à partir des fourrages semés. Les parcours dégradés ont été améliorés à travers des systèmes sylvo-pastoraux joints à la conservation du sol et de l'eau, portant la production de biomasse sur des terres en friches à plus de 8 t/ha. La contribution de l'agriculture au PIB (1991-1992) était de 28,4%; le produit brut de l'élevage en pourcentage du rendement de l'agriculture s'est accru de 8,6% en 1980-1981, à 21,3% en 1990-1991 (Singh et al., 1995). Peu de fourrage cultivé est conservé, car il est si rare que tout est utilisé en vert pour complémenter les fourrages grossiers. Le foin n'est fait que pendant les saisons des pluies, août-septembre et février-mars dans des zones de pâturage dans certaines parties de l'Inde. Les résidus de récoltes sont conservés en grandes quantités dans le but de nourrir le bétail en saison maigre (octobre-décembre et mai-juin). Ce sont des fourrages grossiers de faible qualité, mais ils restent encore très appréciés dans les systèmes à faible niveau d'intrants chez les paysans pauvres.

Tableau 27. Disponibilité des fourrages secs et verts et besoins projetés (millions de tonnes) en Inde


Disponibilité

Besoins

Déficit (%)

1993

Fourrages secs (résidus de récolte)

398,88

583,62

31,0

Fourrages verts

573,50

744,73

23,0

Concentrés

41,98

79,40

47,1

Besoins en l'an en 2000

Fourrages secs

523,61

632,61

17,3

Fourrages verts

573,50

830,12

31,0

Concentrés

46,18

88,05

47,6

Source: Rapport du Groupe Consultatif sur la Politique du Pâturage Intégrée, Ministère de l'Environnement et des Forêts, Gouvernement de l'Inde, 1993

Figure 59. Températures et précipitations à Leh, Inde

LES SYSTÈMES DE PRODUCTION FOURRAGÈRES ET L'ÉLEVAGE

La grande diversité du climat indien, la topographie, les ressources en eau, la faune et l'appartenance ethnique influencent nettement l'utilisation des terres et les systèmes de production. Cependant, la production animale est commune à tous les systèmes. Dans quelques endroits, notamment dans les zones arides et semi-arides du Rajasthan, Gujarat, etc., les résidus des cultures vivrières et les arbustes sont aussi des sources majeures d'aliments. Les systèmes principaux peuvent être classés comme suit:

Production animale périurbaine. Les périphéries des agglomérations, les petites villes comme les grandes cités, sont les sources d'approvisionnement journalier du lait pour la population urbaine. Les paysans dans les régions périurbaines élèvent quelques (4 - 30) animaux laitiers productifs en bonne santé et cultivent des légumes pour le marché rémunérateur de la ville. Ils cultivent le fourrage tout au long de l'année comme une partie de leur rotation (maïs, millet, sorgho et niébé en été, bersim en hiver) - aucun fourrage n'est conservé. La paille de blé, les tiges de maïs, et d'autres résidus de récolte sont stockés et achetés des zones rurales. Dans ce système, l'utilisation de concentré est essentielle.

Le système urbain. Seuls les animaux laitiers (vaches et bufflesses) sont élevés dans les zones urbaines (grandes et petites villes). Les animaux sont gardés dans des abris et alimentés avec des fourrages saisonniers et des résidus de récoltes achetés des zones rurales. Dans certains endroits, il y a des boutiques qui vendent le fourrage vert. Pour maintenir un niveau de rendement élevé, les animaux sont nourris avec des aliments concentrés et reçoivent des soins adéquats - c'est le plus sain de tous les systèmes.

Le système rural. Environ 80% de la population indienne habite en zones rurales et est d'une certaine façon impliquée dans la production animale. Tous les paysans - grands-, moyens- et petits ou hors sol - élèvent des animaux, qui sont une source de revenu et d'assurance de subsistance. La population rurale habite dans des villages, chaque village a ses propres zones de parcours, qui peuvent être des champs en friches ou des parcours bien identifiés. Ces pâturages sont négligés, mal gérés et à faible rendement. Des rendements élevés sont seulement disponibles durant la mousson, et les rendements moyens de matière sèche varient entre 0,5 et 4,2 t/an (Singh et Misri, 1993). La culture fourragère n'est pas devenue vraiment populaire, sauf dans les Etats du Pendjab, de l'Haryana, du Gujarât et l'Est de l'Uttar Pradesh. Les rotations de cultures fourragères les plus répandues sont présentées au Tableau 28.

Pâturage migratoire. Ces systèmes sont traditionnellement pratiqués dans l'Himalaya, mais se sont étendus aux déserts du Rajasthan et du Gujarat et à d'autres parties de l'Inde tropicale. Trente communautés migratoires sont décrites par Randhawa (1959). Les troupeaux migratoires se déplacent d'un endroit à l'autre suivant la disponibilité fourragère. Il en existe deux catégories: le semi-migratoire et le système transhumant.

Tableau 28. Rotations de cultures des fourrages ordinaires et économie de leur culture

Rotation de culture fourragère

Rendement fourrager
(t/ha MS)

Coût de Production
(Rs)

Bersim + moutarde; Herbe à éléphant + niébé

44,3

3 811

Bersim; moutarde; niébé + M.P. chari,

30,15

3 188


Bersim + moutarde; maïs + niébé; M.P. chari + niébé

33,25

3 209

Avoine; bajra + niébé; maïs + niébé

32,05

2 953

Avoine; M.P. chari; navet

37,4

3 645

Notes: bajra est le mil chandelle. M.P. chari est le sorgho.
Source: Singh, P., 1988.

Le système semi-migratoire. Il est pratiqué par les paysans-pasteurs dans les régions de l'Himalaya, qui ont souvent leur résidence permanente et les champs de cultures aux pieds des collines, aussi bien que d'autres occupations auxiliaires. Ils mènent leur cheptel dans les prairies alpines et sous-alpines en été, où ils restent de mars à octobre. Le droit d'usage du pâturage est traditionnellement distribué entre les familles, bien que le droit de propriété reste à l'Etat. Certains paysans louent des bergers pour amener le bétail aux pâturages, et ils sont payés en nature et en espèces.

Les systèmes transhumants. Ce sont des systèmes de migration complexes distribués sur toute l'année; les bergers n'ont pas de résidence fixe, bien que récemment certains aient commencé à avoir des maisons permanentes, si bien que les personnes âgées et les jeunes (pour l'éducation) peuvent rester à l'arrière. Dans les régions tropicales, la migration commence lorsque le fourrage devient localement rare. La migration peut avoir lieu du Rajasthan à l'Uttar Pradesh durant l'été, avec les troupeaux revenant au début de la mousson (juillet). Sur les collines, particulièrement la région de l'Himalaya, le voyage vers le haut à partir des plaines commence en janvier-février et les troupeaux d'ovins et caprins atteignent les prairies subalpines en mars; ils pâturent dans les zones subalpines et alpines jusqu'à septembre-octobre, puis retournent dans les plaines. Dans les plaines, la quantité de fourrage est toujours restreinte, et complémentée par le pâturage forestier, mais les bergers doivent quand même complémenter le pâturage par l'achat de résidus de récoltes et le temps de pâturage sur les jachères.

A Changtang (4 000 m d'altitude) les pâturages sont classés selon les saisons. Lorsqu'on pâture une prairie, on fait attention à laisser suffisamment d'herbe sur pied, pour que l'herbe sèche et assure l'aliment nécessaire pour la migration de retour. Le berger, après que son troupeau a pâturé les parcours d'hiver, commence la migration vers le haut par le pâturage du foin sur pied dans les pâturages d'été et d'automne - ceci laisse suffisamment de temps pour que les prairies de printemps atteignent une croissance élevée et assure leur vigueur durable (Misri, 1993).

LES FOURRAGES CONSERVÉS DANS LA PRODUCTION ANIMALE EN INDE

La conservation du fourrage est aussi essentielle à l'élevage que la production fourragère; à part les pénuries saisonnières, le pâturage offert est souvent si rare que les résidus de récoltes sont donnés tout au long de l'année. Un modèle général d'alimentation mixte dans les collines de la région de l'Himalaya est présenté au Tableau 29.

L'ensilage est rarement pratiqué, sauf dans quelques grandes entreprises laitières. Les résidus de récolte secs et le foin de prairies naturelles sont les aliments conservés.

Résidus de récolte

Les pailles et tiges de riz, blé, mil, maïs, sorgho et les têtes de canne à sucre sont les aliments les plus importants utilisés par les paysans durant les saisons maigres, seuls ou complémentés selon la disponibilité et la situation financière du paysan. La composition chimique moyenne des résidus importants est présentée au Tableau 30.

Dans les collines de l'Himalaya, même quand ils paissent des pâturages pauvres, les animaux reçoivent souvent de la paille; le Tableau 31 présente ce régime alimentaire.

Paille de riz

Le riz est une culture importante en Inde, avec 43 millions d'ha cultivés. Le rapport grain:paille varie entre 1:1,3 et 1:3. Le son compte pour approximativement 15% de l'enveloppe de paddy. Le riz est récolté et battu manuellement, occasionnellement par le piétinement des bœufs. La paille battue à la main est de meilleure qualité et plus facile à stocker. Le stockage est habituellement effectué en tas circulaire ou rectangulaire dans le champ.

Tableau 29. Aliment offert par jour et par unité de bétail dans les collines

Type d'animal

Poids vif moyen (kg)

Fourrage sec (kg)

Fourrage vert (kg)

Concentrés (kg)

Vaches en lactation

198

6,3

5,3

0,25

Bufflesses en lactation

413

8,3

2,25

0,10

Vaches taries et génisses

244

4,4

3,76

-

Bufflesses taries et génisses

445

8,1

3,96

0,10

Taureaux et boeufs

300

3,4

0,92

0,01

Source: Gill et al., 1967.

Tableau 30. Composition chimique de quelques résidus de récolte communs en Inde

Résidus de récolte

Composition (pourcentage)

Matière organique

Protéines brutes

Cellulose brute

Cendres

Paille de riz

82,0

4,0

37,0

18,0

Paille de blé

-

3,5

-

7,5

Paille de mil chandelle

90,6

3,7

36,5

7,2

Tiges de sorgho

90,8

4,2

33,3

7,3

Tiges de maïs

89,0

4,6

32,0

7,1

Têtes de canne à sucre

92,55

5,0

32,0

8,

Source: Littérature publiée disponible.

Tableau 31. Complémentation d'animaux au pâturage dans les collines de l'Himalaya

Type d'animal

Heures/jour de pâturage

Fourchette de MS distribuée à l'étable par 100 kg de poids vif (kg)

Vaches en lactation

7,7

1,08 - 2,44

Bufflesses en lactation

8,0

0,20 - 1,10

Vaches taries et génisses

6,7

0,95 - 1,75

Bufflesses taries et génisses

8,0

0,74 - 1,66

Taureaux et boeufs

6,7

0,66 - 2,98

Source: Gill et al., 1967.

Paille de blé

Le blé, avec 24 millions d'ha, est la seconde culture en Inde. Il est récolté quand le grain est mûr et la paille jaune et cassante. La moisson est faite manuellement, mais le battage est effectué par une batteuses à moteur ou mue par un tracteur, qui hache la paille en brins de 3 - 4 cm de longueur, évitant par la suite un travail de hachage. La paille hachée est entassée au champ jusqu'à son stockage, ou bien sous un abri ou en tas recouverts par de la boue. Au moment de l'utilisation, la paille est enlevée à travers un trou à la base de la meule. La paille de blé hachée est mélangée avec du concentré et de l'eau avant distribution aux animaux.

Paille de millet indien ou éleusine

C'est une culture en sec, cultivée sur 2,6 millions d'ha. La maturation des graines n'est pas synchronisée; les paysans récoltent périodiquement les panicules mûrs et laissent les tiges jusqu'à ce que tout le champ soit récolté (une période de 40 - 60 jours). Lorsque la récolte de grains est terminée, les tiges sont récoltées. Certains paysans récoltent la plante entière à 80% environ et laissent les tiges coupées dans le champ pour assurer le séchage des grains immatures. Le battage se fait par piétinement, et la paille est stockée sur le champ, ce qui affecte négativement sa qualité. La paille conservée sous protection est de meilleure qualité.

Tiges de sorgho et de mil chandelle

Le sorgho (jowar) est un aliment important en Inde centrale, étant cultivé sur 17 à 18 millions d'ha. Les tiges représentent 40 - 60% de la biomasse totale; les panicules sont récoltées en coupant le haut des plantes; la tige est récoltée séparément. Les plantes sont coupées manuellement et attachées en petites bottes, puis étalées au champ de façon à permettre la circulation de l'air. Plus tard, les tiges sont empilées à côté de la ferme; elles sont distribuées hachées, mélangées avec un fourrage vert et des concentrés. Le mil chandelle (bajra) est cultivé sur 12 millions d'ha, surtout comme culture non irriguée, et produit de grandes quantités de tiges, qui sont très appréciées par les paysans comme aliment.

Tiges de maïs

Le maïs est cultivé sur 6 millions d'ha, produisant 18 - 20 t/ha de tiges. La culture est bien distribuée à travers le pays, et ses tiges sont un aliment important. Il est souvent semé mélangé avec le soja ou le niébé; cela améliore la qualité des tiges. Les épis sont récoltés à la main et les tiges séchées dans le champ, comme pour le sorgho. Du fourrage vert est toujours mélangé avec les tiges hachées.

Têtes de canne à sucre

La canne à sucre est cultivée sur 3,7 millions d'ha; elle est récoltée manuellement et une partie des inter-nœuds apicaux est habituellement laissée avec la tête. Après la récolte, les têtes - qui forment 15 - 20% de la biomasse disponible (soit 25 - 30% du rendement de la canne) - sont séchées, empilées et utilisées durant les périodes de pénuries.

Foin

La fenaison est localisée en Inde; dans la plupart des régions les prairies sont tellement sous pression qu'il n'y a pas d'herbe disponible pour la conservation. Dans certains des états de la péninsule, comme le Maharastra et le Gujarat, la fenaison à partir de forêts protégées et de parcours est très commune. La principale raison de la popularité de la fenaison ici est le marché lucratif dans les grandes villes comme Mumbai. La plupart du foin dans ces états est vendu et transporté sur de grandes distances à des endroits tels que Mumbai, le Cachemire et Ladakh. La fenaison est aussi répandue dans les régions accidentées de l'Himalaya: Jammu et le Cachemire, l'Himachal Pradesh et les étendues accidentées de l'Uttar Pradesh.

Il y a des parcours et des friches privés, mais les zones protégées dans les forêts sont les meilleurs champs de foin. Dans le contexte des plans de gestion des forêts naturelles, les agences de l'Etat ferment des zones au pâturage afin d'assurer la régénération forestière. Le droit de récolte de l'herbe peut être mis aux enchères ou bien la population locale est autorisée à récolter l'herbe sans frais. Les pâturages communautaires villageois sont aussi utilisés pour la fenaison, utilisant une approche participative. La plupart de l'herbe est coupée et conservée en foin. Les vergers, bordures des champs, bordures des rivières et d'autres sites protégés sont aussi une source de foin.

L'Himachal Pradesh est le seul Etat où les parcours sont privés; ceux-ci sont connus localement comme ghasnis et varient de 1 à 10 ha. Ils sont protégés du pâturage durant la saison de croissance et la production maximale d'herbage se fait pendant la mousson, à un moment où il est très difficile de sécher le foin à cause des fortes pluies. La fenaison est ainsi retardée jusqu'en octobre, mais l'herbe est alors trop mûre et la qualité du foin est pauvre.

Dans les régions semi-arides, certains paysans possèdent des friches inaptes au développement en terres cultivables. Celles-ci sont pâturées jusqu'au début de la mousson, puis elles sont clôturées avec des buissons épineux. La pousse de mousson est récoltée en foin en août-septembre. Il existe un système exceptionnel de fenaison dans les régions tribales du Gujarat: après la récolte de riz en septembre, les champs sont laissés en jachère et des herbes sauvages telles que Dichanthium annulatum, Arthraxon spp. et Setaria spp. forment un couvert végétal qui est récolté comme foin, mais après la chute des graines, pour procurer une banque de semence pour l'année suivante. Le foin est gardé pour une utilisation estivale. Dans la région froide, aride de l'Himalaya 30 - 40% des terres cultivables sont plantées en luzerne; traditionnellement une coupe est effectuée en août, mais maintenant deux ou trois coupes sont réalisées. Le foin est attaché en petites bottes qui sont empilées sur les toits plats des maisons. Comme il y a une très faible pluviométrie, il n'existe pas de crainte que le foin soit altéré.

Techniques de fenaison

Les techniques sont anciennes, le foin est coupé avec des faucilles métalliques (sauf chez les Ladakhis Bouddhistes, qui utilisent une faucille faite de corne de yak, croyant que la luzerne coupée par une faucille métallique ne repoussera pas; ils commencent la fenaison durant une journée propice fixée par le moine local). L'herbe coupée est étalée sur-le-champ et retournée plusieurs fois jusqu'au séchage. Au Cachemire, le foin est mis en ballots et accroché sur des arbres ou des trépieds jusqu'à son séchage complet. Cependant, en général, le foin est mis en gerbes attachées par un cordon d'herbe de graminées. Le foin confectionné peut être empilé; il est souvent conservé sur des arbres. Dans certaines régions accidentées, le foin est conservé au grenier. Au Gujarat, au Maharastra et dans certaines parties du Madhaya Pradesh, le foin est mis en balles en grandes quantités pour la vente sur des marchés lointains. La composition botanique du foin varie d'un endroit à l'autre, avec un trait commun en ce que les légumineuses sont à peine présentes. C'est seulement dans certaines parties du Cachemire que le foin peut contenir des petites quantités de Lespedeza sp. Le foin des régions tropicales et des régions de colline est de très faible qualité, surtout à cause d'une récolte tardive. Pendant les pluies (juillet - début septembre), lorsque l'herbe est à sa meilleure qualité, le climat est inapproprié pour la récolte et le séchage. Il est donc confectionné en octobre, à ce moment l'herbe est trop mûre et devient très sèche.

L'état potentiel et nutritionnel de l'herbage à partir des collines est présenté au Tableau 32.

Tableau 32. Composition des foins à différents stades dans les collines d'Himachal Pradesh

Graminée et date de récolte

Composition chimique (en pourcentage de MS)

PB

EE

CB

Cendres

Ca

P

Themeda anathera

Août

7,80

2,22

34,32

9,34

0,39

0,08

Début sept.

5,90

2,02

33,54

10,32

0,52

0,08

Fin sept.

7,14

2,48

34,88

7,52

0,46

0,06

Début oct.

5,01

1,89

35,53

8,53

0,45

0,05

Chrysopogon gryllus






Août

8,11

2,76

33,07

9,65

0,39

0,08

Début sept.

9,45

1,64

31,86

9,68

0,38

0,09

Fin sept.

6,87

1,58

33,86

9,28

0,38

0,08

Début oct.

5,96

1,26

35,73

8,58

0,30

0,06

Andropogon pumilis






Août

8,40

3,20

32,84

7,67

0,41

0,07

Début sept.

8,00

2,85

31,73

5,84

0,37

0,08

Fin sept.

6,84

2,35

31,13

7,28

0,36

0,06

Début oct.

5,23

1,82

38,43

6,14

0,34

0,05

Bothriochloa intermedia





Août

11,63

3,33

34,85

12,15

0,54

0,08

Début sept.

10,56

2,94

32,11

6,83

0,49

0,08

Fin sept.

10,28

1,63

38,86

7,50

0,34

0,05

Début oct.

6,01

1,16

38,56

5,18

0,31

0,04

Heteropogon contortus






Août

8,72

2,34

35,72

8,48

0,31

0,04

Début sept.

5,84

1,64

35,34

8,17

0,34

0,08

Fin sept.

4,96

1,38

36,75

7,19

0,31

0,06

Début oct.

4,78

1,06

40,43

5,76

0,28

0,04

Vetiveria zizanioides






Août

6,72

2,12

34,72

9,04

0,29

0,06

Début sept.

7,47

1,39

36,42

7,47

0,31

0,06

Fin sept.

6,12

1,06

41,53

5,35

0,28

0,06

Début oct.

6,08

1,33

42,23

5,34

0,28

0,05

Abréviations dans les colonnes: PB = protéines brutes. EE = extraits éthérés. CB = cellulose brute. Ca = calcium. P= phosphore.

Source: Gill et al., 1970.

La gestion a un effet marqué sur le rendement: les terrains de pâturage communautaires dans l'Himalaya produisent environ 7 t/ha de matière verte, alors que les terrains privés produisent un poids frais moyen au-dessus de 10 t/ha (Kotru, 1997).

Il existe un énorme marché pour le foin, la paille et les tiges. A travers l'Inde, il est commun de trouver des points de vente pour le fourrage vert et conservé, mais le marché n'est pas organisé. Les magasins vendent le fourrage au détail dans les zones urbaines; quelques paysans apportent les fourrages en ville et le vendent de porte à porte pour l'élevage domestique. Les prix de vente du foin dépendent beaucoup du transport, le foin originaire de l'Ouest de l'Inde et vendu à l'armée à Ladakh peut coûter plus de Rs 250 (environ 7 $E.U.) par kilogramme. Les ventes de ferme à ferme se font souvent par troc.

Possibilités d'amélioration

Le facteur limitant le plus important dans la production de foin est la récolte tardive, qui conduit à une faible qualité. Par conséquent, la possibilité de faucheuses et de séchoirs gérés par la communauté doit être examinée. Les méthodes de conservation pour le foin et les résidus de récolte doivent être améliorées. Un travail supplémentaire sur le traitement à l'urée des résidus de récolte et sa vulgarisation est nécessaire.

Tableau 33. Contribution des différentes plantes pour le foin à Almora (1 500 m d'altitude)

Plante

Pourcentage de foin

Heteropogon contortus

42,40

Chrysopogon fulvus

11,35

Mnesithea laevis

3,28

Arundinella nepalensis

4,05

Autres graminées

17,39

Herbes

19,16

Arbustes

2,37

Source: Koranne et Singh, 1980.

Le foin au Népal

La situation au Népal est similaire à celle de l'Inde, mais comme les fermes sont encore plus petites et que le terrain est en général très accidenté, la situation alimentaire est plus problématique. L'élevage est une composante très importante du système agraire du Népal et il est la source de liquidité la plus importante pour les familles rurales. Il existe trois régions géographiques distinctes: le terai qui sont les plaines et les collines les plus basses, au climat tropical, les collines (montagnes moyennes qui sont fortement peuplées et cultivées); et les montagnes, qui s'étendent à la ligne de neige et sont surtout pastorales. Les collines, où la pression de la population est la plus élevée, sont les plus dures en terme de production agricole et animale; les fermes sont très petites, en moyenne 0,7 ha, et les terrasses sont faites même sur des pentes de 50 à 60°. Le maïs est la culture la plus importante, suivie par le riz et le blé.

L'intégration de l'élevage dans les systèmes de production est prononcée, le plus grand nombre d'animaux étant dans les collines (surtout les bovins, caprins et buffles). Dans les montagnes, les yaks et leurs croisements (chauries) sont très importants, et les systèmes de transhumance sont pratiqués. Partout, les résidus de récolte sont soigneusement conservés, souvent dans les maisons ou dans les arbres, mais l'utilisation de la paille de blé est moins développée qu'en Inde et au Pakistan, car il s'agit d'une culture relativement récente des altitudes basses et moyennes du Népal. Le principal déficit alimentaire a lieu de novembre à février, quand les pâturages sont couverts par la neige ou bien que la pousse est en dormance. Les arbres fourragers sont utilisés en période de pénurie alimentaire et de nombreuses forêts, principalement de chênes, sont sévèrement taillées. Le foin est confectionné en été dans les montagnes et après la mousson dans les collines et terai, mais les quantités disponibles sont toujours insuffisantes. Le foin et la paille sont rationnés durant la saison de pénurie pour entretenir les animaux, mais souvent en quantité et en qualité insuffisantes pour la croissance, ainsi de nombreux bovins des collines sont retardés. Comme la quantité totale d'aliment conservé est insuffisante, le traitement de la paille à l'urée, qui augmenterait la valeur alimentaire, mais aussi l'ingestion, n'est pas approprié.

Dans les régions de haute montagne, les pratiques de fenaison varient d'un groupe ethnique à l'autre; certains ont de longues traditions de fenaison à partir des prairies naturelles, d'autres n'en font pas bien que les saisons soient particulièrement rudes dans ces zones qui bordent la neige. La transhumance est pratiquée (parfois les itinéraires se chevauchent ce qui est un pâturage estival pour les troupeaux de bovins devient un pâturage hivernal pour les yaks et chauries (mais cela ne suffit pas pour procurer un aliment de saison froide). La luzerne à fleur jaune ou luzerne sauvage (Medicago falcata) se rencontre naturellement autour des champs irrigués et dans les sites protégés des hautes vallées, et est appréciée comme fourrage et comme plante pour le foin.

Tableau 34. Information sur trois systèmes d'élevage au Népal (Moyenne par ferme)


Naubisse
970 - 1 100 m

Dhuskun
1 150 - 2 250 m

Yelung
2 200 - 2 400 m

Taille des fermes (ha)

3,68

2,45

6,95

Composition du troupeau (têtes)

Bovins (mâles adultes)

0,53

0,57

1,07

Bovins (femelles adultes)

0,53

1,10

0,60

Chauries(1)

-

-

4,04

Veaux

1,20

0,53

0,76

Buffles (mâles adultes)

-

0,07

0,03

Buffles(femelles adultes)

1,10

0,56

1,43

Veaux

0,57

0,23

0,87

Caprins

2,44

2,73

2,96

Ovins

-

-

0,07

Volailles

1,77

3,70

2,20

Consommation alimentaire

Fourrages verts (kg TDN(2))

676

792

1405

Fourrages secs (kg TDN)

1379

913

253

Concentrés (kg TDN)

244

54

41

Pâturage (heures)

298

686

2018

Litière (kg)

11182

757

797

Rendement en lait (litres/lactation)

Vaches

428

225

254

Chauries

-

-

307

Bufflesses

1065

524

595

Notes: (1) chauries sont des hybrides vache × yak. (2) TDN = éléments nutritifs digestibles totaux.

Source: Yadav, 1992.

Tableau 35. Travail nécessaire, cultures et sous-produits de trois systèmes de production de culture au Népal

Cultures et sites

Travail
(journées de travail)

Traction animale
(journées-paire)

Rendement du produit principal
(t/ha)

Rendement du sous-produit
(t/ha)

NAUBISSE

Paddy précoce

223

38

2,97

3,24

Paddy normal

194

41

2,70

3,21

Blé

157

39

1,68

2,72

Maïs

179

43

1,77

3,38

Millet

158

15

1,03

1,72

Canne à sucre

197

33

15,40

7,5

Moutarde

112

39

0,66

0,82

DHUSKUN

Paddy normal

167

43

1,72

1,97

Blé

143

37

1,23

2,27

Maïs

172

46

1,49

2,55

Millet

164

-

0,95

1,71

Moutarde

89

32

0,51

0,74

YELUNG

Blé

148

41

1,15

2,10

Maïs

167

44

1,53

2,83

Millet

149

-

0,88

1,69

Orge

109

37

0,66

1,19

Sarrasin

107

36

0,90

1,39

Source: Yadav, 1992.

Étude de cas 12. LA PRODUCTION DU FOIN DE LUZERNE PAR LES PETITS PAYSANS DANS LE CHACO - UNE RÉGION SEMI-ARIDE DANS LA PROVINCE DE SANTIAGO DEL ESTERO, NORD-OUEST DE L'ARGENTINE[9]

La province de Santiago del Estero, au cœur de la région semi-aride du Chaco au nord-ouest de l'Argentine, a un climat variable, à cause d'une pluviométrie irrégulière. Les précipitations diminuent de l'Est à l'Ouest, la pluviométrie annuelle moyenne est de 716 mm (1008 mm la plus élevée et 455 mm la plus basse) concentrée pendant les mois d'été (octobre à avril). Les étés sont chauds et humides; les hivers sont froids et secs. Le bilan évaporation/précipitation est négatif sur l'année (voir Figure 61). Les sols sont enclins à la dégradation (par le vent et la pluie), mais n'ont pas de carence minérale, avec des concentrations adéquates en phosphore et en calcium.

La forêt naturelle comprend des espèces xérophytiques, parmi elles des arbres, y compris quebracho blanco (Aspidosperma sp.); quebracho colorado (Schinopsis sp.), Prosopis nigra, P. alba et Ziziphus mistol; des arbustes (Acacia aroma, Schinus molle, Cercidium australe, Celtis spinosa, Capparis sp., etc.); des graminées telles que Setaria sp., Trichloris sp., Digitaria sp., et Pappophorum sp.; et des espèces dicotylédones telles que Justicia squarrosa, Wissadulia densiflora, etc. La végétation naturelle est une ressource fourragère importante pour les bovins et les caprins, qui se nourrissent des feuilles, branches et fruits. La quantité et la qualité des fourrages sont les plus élevées en été.

Figure 60. Pluviométrie et évapotranspiration potentielle (ETP) (moyenne de 1934 à 1990) pour Nueva Esperanza, Département de Pellegrini, Santiago del Estero, Argentine

Tableau 36. Nombre de producteurs par type et zone de production

Type

Zone

Rivière Dulce

Sud de la Rivière Salado

Rivière Horcones

Nord de la rivière Salado

Total

Petites fermes (=5 ha)

850

600

400

700

2 550

Fermes moyennes (6 à 50 ha)

20

100



120

Grandes fermes (>50 ha)

30




30

Total

900

700

400

700

2 700

Les activités productives principales à Santiago del Estero sont l'élevage des bovins, le développement forestier (pour le charbon, poteaux et traverses de voies ferrées), et les cultures telles que coton, maïs, soja, haricot et luzerne, cultivées avec ou sans irrigation. La luzerne est cultivée dans certaines parties de la province, par différents producteurs utilisant diverses technologies. Les principales zones sont situées le long des rivières Dulce et Salado. Le facteur commun dans toutes ces régions sont les petits agriculteurs.

La zone d'étude

La région se trouve entre 26º 15´ S et 64º 10´ O, dans le Département Pellegrini de la Province de Santiago del Estero. Elle est située loin des villes principales, telles que Santiago del Estero (240 km) et Tucumán (140 km), et de la province de Salta (100 km). Les routes rurales relient la région avec ces villes. La ville la plus importante est Nueva Esperanza, qui a des services tels que les écoles, les systèmes d'égouts, l'eau courante, l'électricité et des commerces. Le reste de la région n'a pas d'eau courante, seulement quelques puits avec une eau de mauvaise qualité pour la consommation humaine et animale. Ces puits approvisionnent les producteurs en eau, surtout en hiver. La plupart des fermes ont des réservoirs où l'eau de pluie ou des puits est collectée.

Description des systèmes de petites fermes

Types de producteurs

Il existe dans la région plus de 400 fermes de petits producteurs, parmi lesquels environ 200, organisées en dix groupes, sont membres de ce projet, visant à renforcer l'organisation et la productivité des producteurs. La famille habituelle est dirigée par un père, qui est le principal et souvent le seul pourvoyeur de ressources. La majorité des pères (66%) ont au-delà de 40 ans d'âge (Tableau 37) parce que la plupart des hommes émigrent quand ils sont très jeunes et reviennent pour demeurer à la maison lorsqu'ils atteignent cet âge. Pour compléter les gains pour les besoins de base, les paysans qui ont des petites propriétés doivent aller dans d'autres endroits, tels que Salta ou Tucumán, pour travailler à la récolte de haricot ou de canne à sucre, ou dans les grandes fermes. Il est normal de ne pas voir d'hommes dans les fermes, pendant plusieurs mois, parce qu'ils travaillent loin de leur maison. Les femmes et les enfants doivent donc prendre soin des animaux et des cultures, et cultivent des petites parcelles de légumes pour la consommation familiale. La famille moyenne compte cinq enfants, mais 50% des familles en ont six. Ces enfants sont la force de travail de la famille jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de 15 ans, quand ils quittent le foyer.

Tableau 37. Âge des producteurs et nombre d'enfants par famille dans l'étude de cas

Âge

%

No. d'enfants

%

20-40

34

0-3

25

41-60

66

4-6

75

Taille de l'échantillon: 78 familles.

Tableau 38. Distribution des superficies totales et cultivées par pourcentage de producteurs

Superficie totale de la ferme (ha)

%

Superficie cultivée (ha)

%

< 5

62

< 1

12

5 - 10

31

1 - 4

77

> 10

7

> 4

11

Taille de l'échantillon: 78 familles.

La maison rurale, connue comme rancho, est construite avec un matériel local, tel que le bois de Prosopis, Schinopsis, etc., avec des toits et des murs en adobes. Cependant, de nombreux producteurs ont commencé à construire des maisons modernes, utilisant des blocs en béton avec des toits en zinc et en béton. La cuisine et la toilette sont habituellement séparées des chambres à coucher.

Tous les producteurs possèdent leur propre ferme. De nombreuses parcelles de terrain ont une superficie moyenne de 6 ha, mais moins de 2,5 ha sont productifs (Tableau 32). Seule la partie cultivée est clôturée; le reste du champ est ouvert, et devient une zone communale pour le pâturage des animaux. Le parcours naturel est en conditions médiocres, à cause de l'absence de gestion de la charge animale, avec une faible production fourragère et un temps limité de récupération.

L'INTA essaye d'améliorer cette situation en cernant ces zones avec des clôtures électriques, en établissant des zones interdites aux animaux, en semant des prairies subtropicales (surtout des graminées) et en gérant les charges animales. Les terres arables sont développées en défrichant les forêts après une préparation consécutive et une mise en culture avec les propres outils des paysans. Cependant, la préparation du champ n'est pas idéale à cause des problèmes de nivellement du sol, qui prédominent encore après plusieurs années de culture. La solution de cette contrainte permettrait une meilleure utilisation de l'eau d'irrigation, et diminuerait le temps d'irrigation et le coût. Les paysans sèment entre 0,5 et 4 ha de luzerne; la moyenne est de 1 ha. Le reste du terrain cultivable est planté en maïs, courge, melon et pastèque (Tableau 39).

Le maïs est la céréale principale (voir Figure 62) et la production est basée sur des variétés régionales, avec peu d'apport technique. Les revenus sont faibles parce que les rendements ne dépassent pas 1 t/ha. La production est pour la consommation propre des producteurs et de leurs animaux; tout surplus est vendu ou échangé. Les tiges sont toutes utilisées comme fourrage. Le maïs est cultivé par tous les paysans dans la région, ainsi l'amélioration de sa productivité peut avoir un impact très significatif. La technologie doit être orientée pour améliorer les rendements en grains à travers de nouvelles variétés et une gestion améliorée, principalement en considérant la gestion des chaumes et l'incorporation de la matière organique dans le sol.

Tableau 39. Distribution des superficies cultivées par pourcentage de producteurs

Luzerne (ha)

%

Mais (ha)

%

< 0,5

37

< 0,5

31

0,5 - 2

49

0,5 - 2

55

2 - 4

14

2 - 4

14

Taille de l'échantillon: 78 familles.

La plupart des producteurs (78%) ont des chevaux pour le transport et la traction, et ont aussi des porcs (79%). Un accroissement des volailles, et, dans une moindre mesure, des bovins (44%), et des caprins (26%) et des ovins (18%) a été observé. La ration de base de ces animaux provient de trois sources: la luzerne, les résidus de récolte (surtout le maïs) et les parcours naturels. Comme les chevaux nécessitent d'être tenus à proximité pour le travail et le transport, ils sont nourris avec la luzerne (fraîche ou sèche), les chaumes de maïs fourrager, et quelques fois, des fourrages naturels. Les parcelles agricoles sont les seuls terrains clôturés, le reste étant ouvert. Les porcs sont nourris avec la luzerne fraîche et le maïs, et occasionnellement du fourrage de forêts naturelles et le chaume. Ils sont gardés en enclos pendant la naissance et l'élevage. Les bovins, caprins et ovins (pour la viande) sont nourris principalement sur des parcours naturels.

Les travaux culturaux sont principalement faits avec des animaux (chevaux et mulets). Des charrues simples et des herses à dents sont utilisées, ainsi que d'autres outils manuels pour couper et râteler. Quelques producteurs dans la région ont des machines (tels que les tracteurs et herses), qui peuvent être loués par d'autres producteurs, qui payent à l'hectare. Le gouvernement provincial offre une alternative en plaçant des “stations mécanisées” dans la zone, qui fournissent des services aux producteurs, qui payent seulement le carburant, avec l'entretien et le personnel payés par le gouvernement.

Figure 61. Distribution de la superficie de maïs et de luzerne par nombre de producteurs

Le système d'irrigation est ancien, basé sur l'eau que certains producteurs dérivent par canalisation à partir de la rivière Horcones; d'autres paysans payent des droits pour l'utilisation des canaux. L'irrigation est possible lorsque la rivière apporte de l'eau (généralement pendant la saison pluvieuse, quand les besoins d'irrigation sont faibles). Pendant l'été, l'eau atteignant la région est insuffisante, ainsi l'eau doit être prise à partir du nord (El Mojón o La Fragua). Cela augmente les coûts, qui sont estimés à 2 -3 $E.U. par heure, et il faut compter entre 6 et 16 heures pour irriguer un hectare, selon le volume. A cause du coût, les producteurs les plus éloignés sont privés d'irrigation à cause de la distance de la source d'eau aux parcelles (30 km approximativement). La qualité de l'eau est bonne (avec des sédiments) pendant la saison des pluies, mais elle diminue pendant les mois secs, puisque la concentration en sel augmente, bien que les niveaux restent tolérables pour les cultures.

La disponibilité de l'irrigation est une contrainte importante à la production, parce que la disponibilité de l'eau n'est pas permanente et sa gestion est encore entre les mains de grands producteurs. Pour résoudre cette situation, un effort intégré par le gouvernement provincial et les producteurs est indispensable pour construire un canal de plus grande capacité. Il permettra la livraison de plus grands volumes d'eau aux périodes de demande élevée des cultures. Le système devrait être opéré par des groupes de producteurs.

La luzerne

La luzerne est la culture principale en termes de contribution au revenu familial, procurant un aliment pour la plupart des animaux domestiques. En rotation avec d'autres cultures (maïs, concombres), elle améliore la disponibilité de l'azote dans le sol.

La préparation du sol pour le semis se fait comme suit: le sol est travaillé une fois avec une herse mécanique. Ce service est payant, les coûts varient entre 35 et 40 $E.U./ ha. Fréquemment, pendant les périodes de pointe de la demande, il existe un manque d'équipement pour ce service, rendant difficile la préparation du sol pour le semis. Le travail n'est généralement pas satisfaisant, parce qu'on laboure seulement les premiers 10 cm, laissant les cailloux et les mauvaises herbes (par exemple, Cynodon dactylon, Sorghum halepense), ainsi les producteurs doivent faire la préparation finale du lit de semis en se servant des herses à dents.

Entre 25 et 40 kg/ha de semence sont habituels. La quantité excessive de semence est due à la faible qualité botanique et physique. La semence est produite par les paysans eux-mêmes, à partir des champs de foin. Le semis est manuel, par épandage de la semence puis sa couverture employant une branche traînée par des chevaux.

Quatre-vingt pour cent de la superficie de la luzerne sont semés avec l'écotype (Créole) Saladina. Il n'est pas résistant aux pucerons et a une période de dormance. La productivité est bonne, mais la qualité est faible à cause du rapport élevé tiges-feuilles.

Après le semis, les parcelles sont irriguées, pour permettre aux graines de germer et de s'établir rapidement. Au moins 2 heures d'irrigation sont nécessaires, à cause du mauvais nivellement du sol, d'une mauvaise couche de semis et du faible volume d'eau.

La récolte est manuelle, au moyen de machettes ou de faucilles. Les plantes sont généralement coupées très ras du sol, pour contrôler les mauvaises herbes et renouveler la couronne. Ce type de récolte ne prend pas en considération la repousse à partir de la base. Quatre à cinq jours sont nécessaires pour récolter chaque ha, et un jour de plus pour retourner manuellement la luzerne pour assurer le séchage: un travail fatigant et épuisant. Quelques paysans utilisent un râteau à main, avec des dents de 30 cm de longueur, pour disposer le fourrage coupé en andains. L'herbe séchée est ensuite chargée dans des zorra (une charrette étroite et longue) et amené dans l'arrière-cour (si un séchage supplémentaire est nécessaire) ou sous un abri. Huit fauches sont réalisées annuellement.

L'insecte nuisible principal pour ce cultivar est Aphasia. Afin de le contrôler, Perfektionä, appliqué en sachets, est utilisé. Bien que les quantités recommandées soient appliquées, il y a des erreurs dans le calibrage des sachets, et la distribution en marchant à travers la parcelle. La faune utile n'est pas reconnue par les paysans et elle n'est pas respectée au moment de l'application des insecticides. La petite araignée rouge peut être nuisible en conditions sèches et avec des températures élevées. Elle est aussi contrôlée par Perfektion.

Les balles sont faites selon une procédure artisanale. Des boîtes sans fond, construites à partir d'arbre algaroba (Prosopis juliflora), sont posées par terre et des fibres plastiques sont disposées pour attacher les balles. Le foin est ensuite ajouté et entassé jusqu'à ce que le poids exigé soit atteint et la balle ficelée. Un paquet pèse généralement entre 8 et 14 kg. La production de balles de luzerne est variable pendant l'année. Dans les mois de printemps et d'été, elle est d'environ 150 balles par ha coupé, alors que pendant le reste de l'année, elle chute à 80 balles par ha coupé. La production annuelle moyenne est estimée à environ 920 balles/ha. A cause de la variabilité du poids de la balle il est difficile d'estimer la matière sèche produite par ha.

La qualité du foin est très bonne (bonne couleur et bon séchage), à cause de la façon dont les producteurs travaillent la luzerne. Après la fauche, le fourrage ne reste pas exposé plus de 24 - 36 heures avant d'être transféré à l'entrepôt, où il continue de sécher jusqu'à ce que les balles atteignent l'humidité appropriée. Le fourrage garde une couleur vert foncé et un pourcentage élevé de feuilles. La couleur verte du foin, le taux de feuilles, le séchage et l'absence de mauvaises herbes sont les paramètres de la qualité utilisés pour la commercialisation.

Les balles sont vendues aux acheteurs qui viennent de Salta et Tucumán, et les prix varient entre 0,80 et 3,00 $E.U. Les prix les plus bas sont atteints lorsque l'approvisionnement est en excès pendant les mois d'été. A ce moment, la production est élevée et la demande est faible, aggravée par le besoin des producteurs en argent et la pénurie de capacité de stockage, qui les forcent détruire à le produit.

Assistance technique

Dans ces circonstances, l'assistance technique a les objectifs suivants:

Les activités pour atteindre les objectifs incluent les réunions de groupe et visites personnelles où les sujets socio-organisationnels et techniques de la production sont considérés. De plus, il y a aussi des formations fournies par les experts dans les domaines pertinents.

Pour aider la consolidation de l'organisation des groupes, les autres institutions de groupes sont utilisées: réunions de délégués et Fédération de Groupes. Ensemble, ils considèrent les aspects communs des problèmes régionaux et essaient de suggérer des solutions. La formation en rapport avec les problèmes socio-organisationnels est la responsabilité de techniciens du Programme Social du Bétail (PSB - un programme national du Secrétariat pour l'Agriculture, la Pêche et l'Alimentation). Il a entrepris de persuader la Fédération de Groupes à s'occuper des problèmes d'irrigation. Un autre sujet qui a été proposé aux groupes est la commercialisation commune des balles de luzerne, pour réduire les variations de prix. Quand les prix sont bas, les balles sont entreposées dans un lieu de stockage communautaire et les producteurs reçoivent le prix de marché. Plus tard, quand les prix augmentent, les balles sont vendues et les producteurs reçoivent la différence. Pour commencer ce système, le PSB prête de l'argent aux producteurs pour la construction de magasins et établir un fonds en capital pour payer le prix minimum du marché pour les balles. Les engagements des producteurs au groupe consistent à payer les emprunts, en donnant une partie ou toutes ses balles à ce système et à contribuer, par un pourcentage sur les ventes, à maintenir le fonds en capital.

Certaines démonstrations ont été établies dans trois parcelles de petits producteurs pour soutenir la formation au regard des aspects techniques de production. Les cultivars utilisés étaient Cuf 101, INTA Salter et autres. L'objectif des essais est pour les producteurs de voir et de comparer le comportement de ces variétés avec la variété créole. Ils serviront aussi pour démontrer quelques pratiques de gestion technique recommandées pour l'amélioration de la culture de luzerne, principalement:

Dans ces parcelles expérimentales, l'évaluation qualitative et la comparaison entre le cultivar créole et les autres cultivars sont faites toute l'année. Ces comparaisons comprennent le rapport tiges/feuilles et plusieurs analyses chimiques, y compris les fibres (ADF, NDF), les protéines brutes (% PB) et la digestibilité in vitro. Les techniciens de INTA EEA de Santiago del Estero sont responsables de la formation des producteurs et exécutent les essais expérimentaux.

Les aspects économiques de la production de la luzerne

Les aspects économiques sont basés sur les coûts de l'installation, coûts de production et revenus bruts des récoltes pour le foin. Pour calculer les coûts, les caractéristiques du système agraire présentées au Tableau 40 ont été utilisées. Pour analyser les coûts, toutes les dépenses des producteurs ont été considérées, aussi bien que les coûts des services des machines ou la location d'ouvriers. Les coûts ont été divisés entre les coûts d’installation et de production. Les premiers comprennent les dépenses de préparation du sol (coûts des services), l’irrigation et la semence. Celles-ci sont amorties sur quatre ans, en considérant la vie productive de la culture de luzerne. Dans les coûts de production, toutes les dépenses impliquées dans la manipulation de la mise en balle, la protection de la culture et l'irrigation ont été considérées. Les coûts les plus élevés sont la location de l'aide pour la fauche, le râtelage et la mise en balle. La location se fait surtout pendant les mois lorsque les producteurs sont éloignés de la maison, travaillant dans d'autres endroits. Les analyses sont présentées au Tableau 41.

Tableau 40. Paramètres du système fermier de la production de luzerne

Rendement annuel

920 balles/ha

Coupes par an

8

Rendement printemps-été

150 balles/ha

Rendement automne-hiver

80 balles/ha

Poids moyen des balles

14 kg

Prix moyen de vente de balle

1.53 $E.U.

Durée de vie de la culture

4 ans

Tableau 41. Coûts et revenus de la production de luzerne


A - Coût total
($E.U./ha)

B - Journées de travail par fermier (jt)

1 Coûts d'installation (labour, semence, irrigation)

161

8

Coûts d'installation sur la base d'une année (A ou B amorti sur 4 ans)

40,25

2

2 Coûts de production (irrigation, pesticides, fauche, râtelage, transport à l'abri, mise en balle, ficelage, alimentation des chevaux de traction)

600,90

53

3 Coûts totaux directs (1 + 2)

641,15

55

4 Marge brute totale (rendement × prix)

1 407,6


5 Marge brute (4 -3) $/ha / années

766,45


6 Equivalent en journées de travail (5/3B) ($/jt)


13,94

Les marges brutes annuelles par ha pour les producteurs sont acceptables, comparées à d'autres productions alternatives dans la région. Le prix d'une balle est élevé comparé aux balles d'autres régions, qui sont plus lourdes (20 kg). Lorsque nous considérons la marge brute en rapport avec les jours de travail du producteur dans les cultures de luzerne, elle est 40% plus élevée que le salaire journalier qu'il reçoit quand il travaille hors de la ferme. La source principale de revenu des producteurs provient de ce système de vente des balles, et elle est complétée par le travail hors de la ferme dans d'autres provinces. Quelque/fois la vente des produits animaux (tels que les chevreaux, la volaille domestique, les oeufs, etc.) augmente le revenu familial. La consommation de subsistance prédomine dans la plupart des familles.

Conclusions

Avec ce projet, l'INTA - PSB essaye d'augmenter le standard de vie des producteurs. Ce but sera atteint seulement s'il existe un effort commun entre les producteurs et les institutions du gouvernement. Ce projet est devenu opérationnel en 1995, et déjà des progrès importants ont été réalisés en organisant les producteurs (groupements, analyses des problèmes communs et solutions, et commercialisation) et en améliorant la culture de la luzerne. Il existe encore plusieurs aspects à couvrir, organisationnels et techniques, mais la seule voie est de renforcer les relations entre les producteurs et techniciens. Dans ce processus, rien n'est imposé: il commence par un exposé des problèmes par les producteurs, une proposition pour résoudre ces problèmes par les techniciens, et une recherche du support financier, comme les prêts en argent liquide ou des subventions. Les producteurs ont compris que seuls des efforts communs réussiront: former des groupes de travail; se former eux-mêmes et laisser les exigences personnelles de côté. En même temps, les techniciens ont appris à comprendre les producteurs et à respecter leur connaissance empirique, résultant de nombreuses années d'expériences journalières accumulées. Il est clair qu'il ne s'agit pas d'une tache facile, mais le voyage a commencé et il n'y a pas de retour en arrière.

Etude de cas 13. ALIMENTATION EN SAISON SÈCHE: UNE ÉTUDE DE CAS AU NICARAGUA[10]

Le Nicaragua, avec une superficie de 130 700 km2, se trouve entre le Costa Rica et le Honduras. La capitale, Managua, est à 12° 06' N et 86°18' O. Il existe trois zones agro-climatiques distinctes: Pacifique, Centrale et Atlantique.

La zone Pacifique, avec une superficie de 28 000 km2, a une pluviométrie annuelle comprise entre 600 mm et 1 800 mm distribuée sur 6 mois (mai à octobre); 90% de la superficie reçoit plus de 1 000 mm par an. Les sols dérivent de matériel volcanique et sont profonds, quelques fois avec des horizons imperméables. La texture du sol est surtout de type sablonneux-argileux, excepté pour certaines régions avec des sols argileux. La topographie est caractérisée par un terrain de collines avec formation de couloirs. La température annuelle moyenne varie entre 25,5°C à 1 000 m et 28°C au niveau de la mer.

Cette étude été effectuée sur la zone du Pacifique. La production animale est encore en crise due à l'instabilité civile et aux bouleversements politiques des années 80 et début 90. Pendant la période entre 1975 et 1979, le bétail et les produits de l'élevage représentaient 30% du PNB. En 1975, la population du bétail était estimée à 2,5 millions; en 1997, elle est estimée entre 1,5 et 2,5 millions (le recensement agricole de 1997 devrait fournir des données plus exactes). Dans la zone du Pacifique, 29% des animaux sont élevés sur 21,4% du territoire national. Les animaux sont des bovins principalement polyvalents. Aucune description spécifique de la race ne peut être donnée, à cause du croisement au hasard du type indigène (Criollo) avec les races Pardo, Brahman et, à un degré moindre, Holstein. Quelques paramètres typiques de la production sont: premier vêlage à 4 ans; intervalle vêlage-vêlage 18 -24 mois; production laitière moyenne 2,5 litre/jour (le veau tête une tétine) pour une moyenne de 8 mois; et le gain de poids moyen journalier 250 - 300 grammes. Le nombre d'ovins et de caprins est insignifiant dans la zone du Pacifique.

Figure 62. Températures et précipitations à Managua, Nicaragua

Le système agricole est d'une manière prédominante mixte, avec la culture du maïs (Zea mays) et de haricots (Phaseolus vulgaris) pour la consommation familiale, tout surplus étant vendu sur le marché local. Les autres plantes importantes sont le sorgho (Sorghum bicolor) pour l'industrie de l'alimentation de la volaille et les graines de sésame (Sesamum indicum) comme produit d'exportation. Ces dernières années, les grandes fermes ont commencé à cultiver la graine de soja (Glycine max) pour l'extraction de l'huile, et l'arachide (Arachis hypogaea) pour l'exportation. Un petit fermier typique a, en gros, moins de 4 ha; un fermier d'échelle moyenne, entre 5 et 40 ha; une superficie dépassant 40 ha est considérée comme une grande exploitation.

La production animale est une composante importante dans le système rural de petites et moyennes fermes de la zone du Pacifique. Parmi les animaux domestiques, les bœufs sont les plus importants; ils sont utilisés pour le transport dans les régions rurales, pour transporter le bois de chauffe, et extraire l'eau des puits à plus de 100 m de profondeur. En outre, les bœufs sont la principale force de traction pour le petit fermier pendant la culture, facilitant les activités comme la préparation de la terre, le semis, le désherbage, et le transport de la récolte. Les animaux laitiers sont élevés par les petites fermes pour le lait et les produits laitiers (crème, beurre et un fromage frais nommé cuajada) pour la consommation familiale. Les fermes de taille moyenne, avec plus de 20 ha de terre et plus de 10 animaux, réussissent à gagner un revenu partiel ou unique, dans le cas d'une ferme laitière spécialisée, en vendant du lait frais, des produits laitiers et de temps en temps un animal vivant.

L'aliment prédominant est constitué par le pâturage et les arbres fourragers (Garcia Guillen, 1996). Les animaux sont normalement tenus tout au long de l'année sur des pâturages ouverts dominés par des espèces naturelles qui incluent aceitillo (Aristida jorrulensis), zacate torcido (Heteropogon contortus), zacate rosado (Rhynchelytrum roseum), grama bahia (Paspalum notatum), pata de gallina (Eleusine indica), pasto ilusión (Panicum trichoides), zacate gallina (Cynodon dactylon), et pendejuelo o salea (Digitaria sanguinalis). Depuis les années 80, les pâturages améliorés ont été semés en andropogon (Andropogon gayanus), chiendent Africain (Cynodon nlemfuensis) et en herbe à éléphant (Pennisetum purpureum) dans les sols sablonneux-argileux, et en Angleton (Dichanthium aristatum) sur les sols argileux. A un degré moindre, les paysans plus avancés utilisent du King grass (Pennisetum purpureum × P. typhoides) et la canne à sucre (Saccharum officinarum) comme fourrage coupé pour l'alimentation en saison sèche. Quant aux arbres fourragers, le jícaro (Crescentia alata) dans les parcours argileux est très apprécié pour ses fruits, qui sont disponibles en saison sèche. Les plantations d'arbres jícaro sont pour cette raison soignées et quelquefois protégées (les graines sont véhiculées par les animaux).

La plantation d'arbres fourragers est inexistante. L'utilisation des arbustes fourragers est limitée, les paysans connaissent et occasionnellement profitent des feuilles et fruits d'arbres comme guanacaste blanco (Albizia caribaea), guanacaste negro (Enterolobium cyclocarpum), guácimo de ternero (Guazuma ulmifolia) et genízaro (Samanea saman). Deux arbres indigènes qui ont un potentiel élevé pour la production d'un fourrage de très bonne qualité (taux protéique de 18 - 28%), principalement Leucaena sp. et madero negro (Gliricidia sepium), sont peu utilisés en alimentation animale.

L'alimentation de saison sèche est une gestion de survie. Il est estimé que les animaux perdent 50% du poids gagné pendant la saison des pluies. Les principaux aliments du bétail pendant la saison sèche sont les résidus (paille, chaume et cosse) de maïs et de sorgho. Selon la pluviométrie et les pratiques agronomiques, 2 et 3 t de tiges sont produites par les récoltes de sorgho et maïs. Les paysans ayant plus d'animaux que leur propre terre ne peut maintenir doivent louer un terrain agricole supplémentaire pour faire paître leurs animaux, en payant 0,05 $US par animal et par jour, jusqu'à 0,1 $US dans les périodes de pénurie extrême de fourrage (quand la saison pluvieuse commence, après la troisième semaine de Mai). Bien que très peu de paille soit laissée après les récoltes de soja et d'arachide, ces terres sont aussi louées pour faire paître des animaux. Les résidus de soja sont appréciés par les paysans parce qu'ils augmentent la production. Les paysans sont très ardents pour offrir journellement du sel à leurs animaux de façon à les encourager à boire beaucoup d'eau et ainsi mieux résister à la saison sèche et chaude.

Des pratiques additionnelles sont la distribution des têtes de canne à sucre et de la bagasse ramassée près des moulins à canne traditionnels. Les coques d'arachide sont collectées près des usines de traitement, et données au bétail après avoir arrosé les coques avec de la mélasse diluée avec l'eau. Un complément de haute qualité disponible est le fruit de l'arbre de jícaro. Pendant la saison sèche les fruits sont collectés, laissés mûrir, et ensuite cassés pour donner la pulpe et les graines aux animaux sélectionnés: animaux laitiers, animaux affaiblis et les veaux sevrés.

Il y a aussi une pratique traditionnelle qui est la culture de guate, une culture fourragère de maïs ou sorgho pour l'alimentation en saison sèche. Dans les sols sablonneux-argileux légers, le sorgho est mieux adapté. La culture est semée à la fin de la saison pluvieuse (septembre ou octobre), bénéficiant des dernières pluies, ou dans quelques cas la culture pousse sur l'humidité résiduelle du sol. Le sol est préparé en employant un tracteur, une charrue et une herse, et la semence est semée à la volée ou en sillons. Des doses élevées de graines sont utilisées - de 60 à 120 kg/ha - pour le sorgho et le maïs, pour éviter des tiges épaisses lors de la récolte du fourrage. La production d'une telle récolte de fourrage se situe entre 5 000 et 10 000 kg/ha d'aliment sec, en supposant un pourcentage de matière sèche de 90% ou plus, selon la durée de la période de séchage au champ. Après 90 - 120 jours (en décembre ou janvier), la plante est arrachée, y compris les racines, et est laissée dans le champ pour sécher pendant une ou deux semaines. Le matériel végétal est collecté et confectionné en bottes, se servant du même matériel végétal pour attacher les bottes. Les bottes pèsent 2 à 3 kg chacune, et celles-ci sont apportées à la ferme et empilées, quelquefois autour d'un poteau central dans un endroit ombragé ou en plein air. Aucune matière plastique ou autre n'est utilisée pour protéger le fourrage contre le soleil brûlant pendant toute la saison sèche. Si possible, ce fourrage est gardé jusqu'à mars ou avril, quand les paysans commencent à le distribuer aux animaux qui en ont le plus besoin (animaux affaiblis et veaux sevrés) ou pour remettre les bœufs de travail en forme. Ce fourrage est utilisé surtout comme un complément, distribué sec en fin d'après-midi dans l'enclos après que les animaux sont revenus des champs de chaume.

Le déficit protéique dans la ration des animaux est très évident pendant la saison sèche et même en partie durant la saison pluvieuse. Les aliments concentrés ne sont pas utilisés, à cause de leur prix relativement élevé: 22 $E.U. par 100 kg, alors que le lait est vendu à la ferme 0,25 $E.U. et 0,35 $E.U. au consommateur à la ville.

Le traitement de la paille a été essayé à une échelle pilote par quelques projets. Les coûts directs impliqués sont autour de 0,80 $E.U. pour l'urée, et 2,00 $E.U. pour le plastique par 100 kg de paille traitée. Les blocs mélasse-urée ont aussi été essayés à une échelle pilote, au prix de 13 $E.U. pour les ingrédients seuls.


[6] Territoire administré par le Pakistan; qui embrasse les territoires disputés hormis Azad Jammu et Cachemire.
[7] D'après les informations fournies par Dr Sadaqat, S. Hanjira et Dost Mohammed.
[8] Extrait de Dost 1996.
[9] Cette étude de cas a été préparée par Hector Eduardo Perez, INTA, Santiago del Estero.
[10] D'après les informations fournies par Pascall Eleegert.

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