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Étude de cas 5. DÉVELOPPEMENT DU FOIN EN CHINE - 2. FOIN DE LÉGUMINEUSE AU LIAONING (Une communauté agricole d'engraissement d'animaux)


Le comté de Jianping et la cité de Beipao sont situés dans la partie nord ouest de la Province de Liaoning, immédiatement adjacents à la Mongolie Intérieure, à une latitude d'environ 42° N. Le système de production est essentiellement basé sur les cultures, mais on y élève du bétail; le bétail maigre acheté en Mongolie Intérieure est engraissé. Les villes minières locales et l'exportation à partir des ports de mer proches vers les grandes cités de l'Est de la Chine font que les bovins engraissés soient commercialement intéressants. Le fourrage cultivé est coupé manuellement et transporté, le pâturage est interdit. La luzerne (Medicago sativa) est fauchée annuellement, en juin et en août; Astragalus est fauché une fois, au début de septembre. Dans les deux cas, une repousse de 10 - 15 cm est nécessaire avant l'arrivée des gels sévères

L'herbe verte ou ressuyée est transportée à la ferme en ballots (petites bottes) pour réduire la perte de feuilles pendant le séchage. Souvent, les feuilles de haute qualité tombent des tiges pendant le séchage; celles-ci sont alors soigneusement collectées et utilisées, distribuées pour l'alimentation des porcs, volailles et lapins; les tiges séchées sont utilisées pour nourrir les ruminants. Ceci indique une bonne appréciation, par les paysans, de la qualité alimentaire et de la valeur économique des différentes parties de la plante. Astragalus, est quelquefois ensilé à Beipao, dans des silos-fosses dont les côtés sont bétonnés, ce qui implique un coût et un travail supplémentaires, mais ceci est populaire chez les familles pratiquant un élevage spécialisé, parce que l'ensilage augmente fortement l'appétibilité de l'Astragalus amer et il n'y a pas de perte après distribution.

Deux types de traitement du fourrage sont pratiqués:

Les paysans sont bien conscients des diverses façons d'utiliser les produits fourragers dans les systèmes d'alimentation animale, pour les divers types d'animaux, en combinaison avec d'autres sources alimentaires disponibles: les résidus de récolte, le pâturage forestier et les céréales.

Les rendements en foin sont de 2,5 - 3 t/ha au cours des trois ou quatre premières années, et puis chutent vivement. Astragalus a une longévité plus courte que la luzerne, et la végétation se réduit rapidement après la troisième saison. Ces rendements sont raisonnables compte tenu de la pluviométrie, mais pourraient probablement être améliorés, comme pourrait l'être la longévité, si un régime amélioré de fertilisation était utilisé. Actuellement, les engrais de fonds ne sont pas habituellement appliqués.

Étude de cas 6. DÉVELOPPEMENT DU FOIN EN CHINE - 3. LE FOURRAGE POUR L'AMÉLIORATION DE L'ENVIRONNEMENT SUR LE PLATEAU DU LŒSS (Contrôle de l'érosion et développement à travers la forêt et pâturage dans le comté de Xiji, région autonome de Ningxia)

Le comté de Xiji est situé sur le Plateau du Lœss dans une région à climat continental typique, avec une température maximale moyenne estivale de 32,6 °C et un minimum de 5,3 °C. La pluviométrie moyenne entre 1937 et 1980 était de 428 mm. L'incidence et l'intensité de la pluviométrie sont plus élevées en été, conduisant rapidement à l'érosion de la couche superficielle du sol. L'altitude varie entre 1 988 et 2 633 m. Les autorités du comté ont initié en 1982, des séries d'intervention visant essentiellement à stopper et inverser les tendances de dégradation du sol, tout en augmentant le fourrage, le combustible et la production de bois. Les interventions comprenaient:

Pour les terres cultivées marginales, le programme de conversion utilise la luzerne locale (Medicago sativa), Astragalus adsurgens, et, aux stades précoces, Melilotus spp. Sur les collines pauvres, la luzerne, Astragalus adsurgens, le sainfoin (Onobrychis sativa) et le seigle sauvage naturel (Elymus spp.) ont été utilisés, mais surtout la luzerne.

Le spécialiste de pâturage de la mission d'évaluation du projet rapportait:

«La plantation à grande échelle de luzerne sur les pentes et les terrains marginaux a contribué significativement au contrôle de l'érosion du sol à travers un couvert végétal permanent. La superficie plantée a augmenté de trois fois, de 9 370 ha en 1981 à 27 706 ha en 1990; la plus grande partie de la luzerne est encore (1991) très productive et a plus de 80 - 90% de couvert végétal.

Malgré un taux élevé d'échec de la luzerne et de l'astragale sur les collines pauvres, il y a eu un effet positif de cette activité sur l'érosion et le ruissellement. L'exclusion de l'élevage de ces régions a permis aux herbes naturelles de pousser de nouveau et la construction de mini-terrasses sur le pourtour ont aidé à arrêter le ruissellement.

Cependant le programme de conversion de pâturage et de forêt sur les collines pauvres a eu un effet négatif sur la superficie restante de pâturage naturel (hormis les zones de pâturage de montagne du nord-est et nord-ouest), qui est maintenant beaucoup plus petite qu'au début du projet (les pâturages naturels sont réduits de 57 789 ha au début du projet, à 16 794 ha pendant le projet) et a montré les effets nuisibles d'une densité de pâturage beaucoup plus élevée.

Le projet a aussi fortement influencé la direction prise par les fermes individuelles pour étendre et diversifier leurs possibilités d'accroître leurs revenus à partir de l'élevage. L'impulsion initiale est venue de l'introduction d'un système de responsabilité des fermes en 1982, qui distribuait le bétail aux paysans, mais cela a été renforcé par les activités de conversion pastorale du projet, qui a augmenté nettement l'approvisionnement en fourrage à partir de 1985 et par la suite.

Avec moins de terrain de pâturage disponible comme résultat des activités de conversion forestière et pastorale du projet, il y a aussi eu, après le projet, un effort intensif fait par quelques villages pour s'orienter vers un système de production plus intensif. Cela a été renforcé par un support technique et financier accru du Bureau de la production animale par l'introduction à partir de comtés et provinces voisins de races indigènes de bovins et d'ovins plus productifs et plus prolifiques qui peuvent être nourris à la ferme plutôt qu'au pâturage.

Finalement l'approvisionnement fourrager fortement accru à travers le projet et la réduction générale du nombre d'animaux qui a eu lieu, reflété par l'accroissement des ventes réalisées entre 1981 et 1990 (de 1,89% à 10,34% pour les bovins, et de 8,8% à 20,5% pour les ovins et caprins) a amené une situation où les disponibilités en aliments sont largement en équilibre avec le nombre d'animaux présents.»

«Expérience pastorale et leçons apprises

1. La conversion de terrains marginaux en pâture utilisant la luzerne s'est révélée être une innovation bien fondée puisqu'elle permet de contrôler effectivement l'érosion, augmente la fertilité du sol et accroît fortement la disponibilité en fourrage de bonne qualité. La luzerne a été cultivée avec succès entre des rangées largement espacées d'arbres de peuplier sur des terrains agricoles marginaux. Cependant, dans la zone du projet et dans des régions similaires, il est important d'intégrer la plantation de luzerne sur les terrains marginaux avec des programmes et plans en cours pour accroître les zones de terrasses améliorées sur les terrains marginaux inclinés.

2. La conversion de collines arides en pâtures utilisant surtout la luzerne et Astragalus a été considérée initialement comme techniquement bien fondée, car les deux espèces étaient considérées comme adaptées aux régions de collines plus élevées. L'expérience postérieure a montré que ces espèces n'étaient pas adaptées et, de plus, les coûts d'installations étaient trop élevés. L'érosion était seulement partiellement contrôlée à travers l'exclusion du bétail, en permettant une certaine regénération d'herbes naturelles. Dans des régions similaires, la conversion de collines dénudées en pâtures ne doit pas être essayée sans des espèces adaptées disponibles, et utilisant des méthodes économiquement plus efficaces.

3. La réduction de la surface des pâtures dans la zone de colline dénudée a eu un effet positif en forçant beaucoup de villages dans la région du projet à réduire leur nombre de moutons et de chèvres. Cela a mené, particulièrement après le projet, à une intensification de la production du bétail où les animaux sont maintenant nourris en confinement et engraissés sur de courtes périodes pour améliorer le revenu de l'élevage. Une attention spéciale devrait être prêtée au début des activités du projet pour assurer que la stratification et l'intensification de l'élevage soient complètement supportées par des apports techniques, y compris l'intensification de la production fourragère.»

«Recommandations»

Compte tenu des conditions présentes après le projet dans le comté de Xiji, du niveau de réalisation et des leçons apprises, les recommandations techniques ci-après sont considérées d'une grande importance pour l'amélioration de la planification et de l'apport technique pour la future composante pastorale qui pourrait être introduite par de nouveaux projets dans des comtés voisins avec un environnement similaire.

1. En vue de la dureté du climat et du besoin d'employer les traitements les plus efficaces au moindre coût pour la rénovation des collines dénudées, il faudrait considérer l'introduction de la fermeture des collines pour 1 - 2 ans, employant des gardiens, pour permettre la regénération de la végétation naturelle. Après la regénération, les collines peuvent être ouvertes sur la base d'une rotation aux fermiers individuels pour récolter l'herbe naturelle, sous la direction du Chef du comité du village.

2. Compte tenu des plans en cours pour accroître fortement les aires de terrasses améliorées sur les terrains marginaux inclinés, dans le comté de Xiji et d'autres comtés voisins, qui prennent une large partie du travail disponible des fermiers, beaucoup plus d'attention doit être donnée à l'introduction des fourrages à moyen terme plus intensifs et à rendement élevé, surtout des graminées et légumineuses annuelles, qui peuvent être cultivées en association ou en rotation avec d'autres cultures sur les terrasses améliorées. Cela nécessitera un support technique accru des Stations d'Herbage pour initier les essais nécessaires de cultures fourragères dans les champs des paysans afin de trouver les espèces et variétés appropriées, et puis de fournir un support de vulgarisation pour les mettre en application au niveau de la ferme.

3. En considérant le support récent accéléré actuellement donné par le Bureau de la production animale pour introduire des races indigènes, plus productives et prolifiques, de bovins et d'ovins dans le comté de Xiji qui peuvent être facilement engraissés à la ferme et qui ne nécessitent pas un pâturage extensif, une attention doit être portée dans les projets nouveaux pour construire des étables améliorées, aussi bien que de meilleures méthodes d'alimentation de la paille et des sous-produits, et la conservation des fourrages en foin ou ensilage.

4. Eu égard au manque de terrain agricole et au besoin de concentrer des ceintures de protection et des plantations pour le contrôle de l'érosion dans des zones stratégiques, qui protègent bien le terrain agricole situé en dessous, plus d'attention doit être portée dans les aires de nouveaux projets pour concevoir et tester des plantations sylvo-pastorales et agro-sylvo-pastorales qui reflètent proprement les besoins des fermiers pour le court, moyen et long terme. En vue de la variabilité des performances obtenues dans les plantations forestières et pastorales établies dans le comté de Xiji, qui semblent avoir été influencées fortement par l'aspect, la pente, l'exposition, et d'autres facteurs climatiques et édaphiques, il faut garder à l'esprit que les sites d'essais doivent être soigneusement choisis.»

Figure 54. Le déficit fourrager printanier est grave sur le Plateau du Loess. Ce mouton est en train de dépouiller l'écorce d'une jeune plante de Robinia pseudoacacia (Shensi, Chine)

Étude de cas 7. FOIN ET PAILLE EN AFGHANISTAN (Conservation des fourrages pour les hivers longs)

La totalité de l'Afghanistan est aride à semi-aride, et dans les hauteurs les hivers sont rigoureux et longs. Le tableau 20 donne une indication de la gamme de conditions climatiques rencontrées. Bien que la taille des exploitations soit très petite et la production limitée par la disponibilité d'irrigation, le fourrage, surtout pour le foin, est une culture traditionnelle. Le fourrage est cultivé dans la plupart des systèmes agraires, et la fenaison est traditionnelle à travers le pays, essentiellement à partir des fourrages de légumineuses irriguées. La luzerne ((Medicago sativa) et le trèfle de Perse (Trifolium resupinatum) sont les cultures principales. La préférence pour les légumineuses a trois raisons (à part leur très bonne croissance): elles complémentent les résidus grossiers de récoltes durant l'hiver; elles ne nécessitent pas une fertilisation azotée, et elles sont reconnues comme amélioratrices de la fertilité du sol.

La superficie fourragère a été fortement réduite durant le temps où les familles des fermiers étaient réfugiées, mais maintenant que les cultures de subsistance sont réintroduites et la production familiale stabilisée, la production fourragère a redémarré et progresse rapidement. Les fourrages traditionnels sont observés dans la plupart des régions: on trouve des concentrations fourragères plus intensives dans les régions fournissant le lait aux zones urbaines. Les marchés de semences visités dans de nombreuses parties du pays au cours des trois dernières années, avaient dans tous les cas, des approvisionnements de fourrages locaux, bien que la production familiale et l'échange de fermier à fermier comptent pour la plupart de la semence utilisée. La luzerne et le trèfle de Perse sont produits localement dans la plus grande partie du pays, et les conditions climatiques sont très favorables pour la production de semence; Ghazni et Herat sont les deux grandes aires productrices. La semence de luzerne était anciennement cultivée pour l'exportation, et actuellement la production commerciale est réétablie, la semence étant vendue en grandes quantités au Balouchistan (Quetta) aussi bien que pour satisfaire les besoins locaux. La proportion de fourrage dans la rotation varie, entre 5% et 10% selon les conditions locales et les besoins des fermiers.

Tableau 20. Données climatiques dans quelques stations en Afghanistan

Station
(Altitude m)

Temp. en janvier (°C)

Temp. en juillet (°C)

Précipitations
(mm)

Max.

Min.

Max.

Min.

Nord et nord-ouest

Faizabad (1 200)

6,7

-4,7

33,4

16,0

321

Kunduz (433)

7,3

-2,4

33,7

21,1

349

Mazar-i-Sharif (348)

9,1

-2,0

33,6

23,3

190

Herat (964)

10,4

-2,9

36,4

21,2

241

Haute terres centrales

Lal (2 800)

-3,4

-21,4

23,1

4,2

282

Kabul (1 791)

3,3

-7,4

32,2

14,0

276

Ghazni (2 183)

1,6

-10,7

30,3

13,9

292

Stations basses australes

Farah (660)

13,9

0,2

42,3

24,3

77

Kandahar (1 010)

13,2

0,1

40,4

22,7

132

Khost (1 164)

13,4

-1,1

33,9

21,9

442

Jalabad (580)

16,0

2,6

39,3

27,1

164

Le rapport du projet FAO TCP/AFG/4552 spécifie:

«La production principale et le besoin le plus élevé de fourrages pour les vaches sont en été, et les bœufs doivent être en bonnes conditions pour les cultures au printemps, mais un approvisionnement insuffisant de fourrages à la fin de l'hiver est considéré comme le plus grand problème. Il serait aussi important de connaître si d'autres raisons - comme le manque de travail pendant la fenaison ou les mauvaises techniques de conservation - contribuent au déficit hivernal en plus de la pénurie de la production à cause de la limitation du terrain et de l'eau.»

Le rapport technique (par O. Thieme) sur l'élément production animale du même projet discute des fourrages et du foin:

«La production animale en Afghanistan est surtout dépendante du pâturage, mais seulement 40% environ de la superficie est appropriée pour le pâturage durant l'hiver (Yalçin, 1979). Dans les hautes altitudes et montagnes avec des températures faibles et une longue couverture de neige, l'alimentation à l'étable est pratiquée durant l'hiver pour tous les animaux, et dans les hauteurs et au nord de l'Afghanistan pour les grands ruminants seulement. Dans les aires plus chaudes du sud et de l'est de l'Afghanistan, tous les animaux restent à l'extérieur pendant toute l'année. La complémentation alimentaire avec des cultures fourragères en vert, foin de prairie ou cultures fourragères, sous-produits agricoles et concentrés pendant les périodes de pénurie ou lorsque une production importante existe, est cependant, commune dans toutes les régions. Les productions fourragères les plus importantes sont la luzerne (Medicago sativa), le trèfle de Perse (Trifolium resupinatum), et dans les régions les plus chaudes de l'Est de l'Afghanistan le bersim (Trifolium alexandrinum). Ces trois cultures fourragères sont données aux grands ruminants. Le bersim est donné vert, et la luzerne et le trèfle de Perse, tous les deux, en vert ou en foin. La luzerne est aussi vendue à d'autres fermiers, en vert ou en foin. Elle est cultivée comme pérenne, mais la durée d'utilisation varie entre les régions, de 2 à 7 - 8 années. Le trèfle de Perse est planté comme une seconde culture et récolté essentiellement à la fin du printemps. Pour la province de Ghazni, les rendements en foin à partir de quatre coupes de luzerne ont été rapportés de 7 - 9 tonnes /ha et pour le trèfle de Perse, de 2,5 - 3,5 t/ha (ASA, 1993). Dans certaines régions, jusqu'à 10% du terrain cultivé étaient sous les cultures fourragères pendant la période d'avant-guerre (Grötzbach, 1990), et il semble qu'après la guerre la production fourragère ait encore repris une place importante dans le système agraire. En supposant que les cultures fourragères sont cultivées sur 5% des terres cultivables, au moins 1 million de tonnes d'équivalent foin sont produits.

Même les fermiers les plus petits et les plus pauvres élèvent au moins une vache pour subvenir aux besoins de subsistance en produits laitiers, mais de nombreux fermiers possèdent plus d'une vache, et ceci est un phénomène général dans tout le pays (ASA, 1993). Dans toutes les zones visitées durant la mission, les fermiers montraient un grand intérêt pour accroître la production laitière à partir des bovins. Comparés aux petits ruminants, les bovins ont un avantage important en ce qui concerne la production laitière, surtout pour les petits paysans. Un petit nombre de bovins est plus facile à conduire que les ovins et les caprins; les bovins ont une durée de lactation plus longue, moins de saisonnalité de production; et ils restent dans le village pendant toute l'année, permettant ainsi l'approvisionnement en lait frais et produits laitiers pour toute la famille. Au contraire, à cause du système commun de gestion, beaucoup d'ovins et de caprins se déplacent durant la période de lactation aux pâturages d'été loin des villages, empêchant ainsi d'approvisionner en produits laitiers frais, surtout les enfants et les femmes. Pendant les saisons d'été et de printemps, la luzerne fraîche et/ou le trèfle (bersim) est donné aux vaches nourries à l'étable plusieurs fois par jour et, dans les zones où les vaches sortent pour le pâturage le soir, à la ferme. Des sources importantes d'aliments d'hiver pour bovins dans tout l'Afghanistan sont la paille de céréales, le foin de graminées et de légumineuses et les tiges de maïs. D'autres sources de fourrages telles que les feuilles dans le Badakshan ou l'alhagi dans les plaines septentrionales du Turkestan, ont seulement une importance régionale. De grands efforts sont faits pour collecter suffisamment de fourrage spécialement dans les régions avec une période hivernale longue comme le Badakshan ou le Hazarjat, et de grands tas de foin sont stockés au-dessus des étables des bovins (Centlivres et Centlivres-Demont, 1977). Très souvent, la paille de blé est mélangée avec le foin de légumineuse avant l'alimentation. Bouy et Dasnière (1994) ont calculé, pour des villages dans le Badakshan, une disponibilité moyenne de 1 t de paille et 200 kg de foin de légumineuse par unité animale (300 kg), ce qui était suffisante pour la période d'alimentation à l'étable d'environ 110 jours. Au contraire, l'information collectée chez les paysans de Ghazni et de Kandahar (ASA, 1993) montre que de nombreux paysans doivent acheter la paille et/ou le foin pour procurer suffisamment de fourrage à leurs bovins pendant l'hiver. Les vaches laitières et les bœufs de travail reçoivent aussi habituellement durant l'hiver une complémentation comme les graines de coton, de maïs ou d'orge. L'information à propos de la quantité journalière offerte varie de 250 -400 g à Ghazni et Khost (Barker et Rahmani, 1994; Halimi, 1995) à 1,8 kg à Sar-i-Pol et 2,5 kg à Balkh (observation personnelle, 1996; ASA, 1993).

Pendant l'hiver, la plupart des petits ruminants des villageois sont gardés à la ferme pendant la nuit et pendant le mauvais temps. Le foin, la paille, les feuilles, différents types de fourrages locaux et les concentrés sont donnés comme alimentation complémentaire durant cette période. Dans le Nuristan, le fourrage le plus important pour les chèvres sont les feuilles d'arbres de chêne vert (Edelberg et Jones, 1979). La quantité réelle d'aliment donnée et la longueur de la période alimentaire dépendent de la région et des conditions climatiques. Une complémentation de concentrés, avec 200 - 450 g de maïs ou d'orge pour deux mois semble être une pratique commune (ASA, 1993) et McArthur (1980) a trouvé que la pratique locale de donner ces concentrés avant l'agnelage seulement aux animaux affaiblis était plus économique que la complémentation de tout le troupeau.»

Résidus de récolte

Ceux-ci sont une source importante d'aliment dans les systèmes de production sédentaires. Le blé est la principale culture d'hiver, bien qu'un peu d'orge soit cultivée. Le maïs et (localement) le riz sont des cultures d'été. Les fanes de légumineuses y compris le pois chiche, le pois et l'arachide sont utilisées comme fourrage. Les tiges de coton peuvent être pâturées ou amenées à la ferme comme aliment ou combustible. Les méthodes locales de battage de blé hachent la paille, qui peut être stockée et distribuée facilement. Le traitement de la paille à l'urée a été démontré, mais dans beaucoup de régions il y a une pénurie de matière sèche, ainsi les traitements qui augmentent l'ingestion alimentaire sont problématiques. La complémentation avec des blocs mélasse/urée avec une ration à base de paille en hiver a eu des résultats prometteurs, et il semble qu'elle devait vraisemblablement devenir populaire dans certaines régions

Beaucoup de paille et de fanes de légumineuses, sont stockées en tas couverts de boue. Dans les régions où l'approvisionnement excède les besoins (ou dans le cas de besoin immédiat d'argent liquide), les résidus de récoltes sont vendus, principalement aux Kuchis, mais quelques villages où l'aliment est rare achètent la paille pour l'utilisation en hiver et la transportent sur de grandes distances.

Le foin et les cultures fourragères

La luzerne ((Medicago sativa) (rishka) est le fourrage le plus répandu et le plus populaire et est cultivé des zones les plus basses et plus chaudes aux plus élevées et froides dans toutes les provinces du pays. Les écotypes locaux sont utilisés. Presque toute la culture est irriguée, ainsi un des critères du choix entre la luzerne et le trèfle comme fourrage est toujours la disponibilité de l'eau à travers la saison entière de croissance car l'irrigation est saisonnière. La culture est souvent semée sous le blé, et des doses de semence très élevées de plus de 60 kg/ha sont utilisées. La qualité de la semence est souvent médiocre; les semences cultivées à la ferme ou l'échange de semence avec les voisins est habituelle. Dans les régions de culture spécialisée, proche des grandes villes où la luzerne est vendue comme une culture de rente, elle peut être semée avec une culture protectrice temporaire pour l'ombrage, surtout en saison chaude; le millet des oiseaux (Panicum miliaceum) est parfois utilisé comme une culture de couverture d'été près de Kandahar. Le semis de printemps souvent est aussi réussi que celui d'automne mais, parce qu'une grande partie est semée avec le blé, le semis d'automne à la volée est généralisé. La culture est établie avec l'intention de durer plusieurs années - dix ans environ - et les écotypes locaux persistent certainement bien, bien que leur meilleure performance soit dans les premières cinq années. Le nombre de coupes dépend du climat local, dans les régions à faibles altitudes, six à huit coupes sont possibles lorsque l'eau est adéquate; dans les régions élevées, au-delà de 2 000 m, trois coupes sont habituelles.

Le trèfle de Perse (Trifolium resupinatum) est le second des fourrages importants d'Afghanistan. Il est utilisé en rotation et aussi en situation où l'irrigation pérenne n'est pas disponible pour la luzerne. Dans les zones chaudes avec deux saisons de croissance, par exemple, à Khost, il est préféré à la luzerne parce que le trèfle de Perse est récolté à temps pour semer les cultures d'été, il est semé en septembre-octobre et la récolte est terminée en mai. Dans les régions de hautes altitudes, où le trèfle est dormant sous la neige pendant plusieurs mois, la récolte ne commence pas avant mai, et trois coupes sont effectuées jusqu'en août - la dernière coupe peut être récoltée pour les graines. Dans toutes les régions, il est semé en automne pour une utilisation au printemps et en été. Dans les zones plus élevées, plus froides, il peut être aussi cultivé comme une culture dérobée d'été après les céréales d'hiver; dans certains endroits, le trèfle de Perse est semé au milieu de la culture de blé au moment de la dernière irrigation. Deux coupes de foin et une coupe de grains sont fréquemment effectuées avec les cultures semées en automne. Une coupe précoce des feuilles très jeunes peut aussi être faite pour séchage comme légume de table. Le trèfle de Perse est récolté en foin avec succès. Il existe plusieurs variétés. Les champs standards de trèfle de Perse observés sont supérieurs à ceux observés au Pakistan, ainsi une certaine sélection par les paysans a dû avoir lieu. Une grande partie du trèfle de Perse semé dans ces aires traditionnelles provient de semence cultivée localement pratiquement sans contrôle de qualité, et dans certains endroits les fermiers utilisent des doses très élevées de semis. Il ne devrait pas être difficile à améliorer, car il produit facilement des graines. Les espèces locales en Afghanistan, où le trèfle de Perse est un foin important, sont de loin supérieures au matériel ordinaire pakistanais, surtout dans les provinces de Ghazni et Herat.

Tableau 21. Effectifs d'animaux en Afghanistan, 1967 -1995 (‘000s)


1967(1)

1981(1)

1991(2)

Agriculteurs
1995(3)

Kuchis
1995(3)

Bovins

3 633

3 750

4 049

3 495

198

Moutons

21 455

18 900

18 688

15 504

6 508

Caprins

3 187

2 900

5 458

3 472


Chevaux

403

400

245

167

200

Anes

1 328

1 300

1 131

872

147

Chameaux

299

265

80

101

176

Sources: (1) Office central des statistiques, Estimation de l'agriculture afghane (1978); Livre annuel des statistiques 1360 (1983); (cité d'après Grötzbach, 1990). (2) Estimations personnelles utilisant des données du comité Suédois pour l'Afghanistan; Enquête Agricole sur l'Afghanistan, 14ème Rapport, enquête de 1991. (3) Estimations personnelles utilisant les données du projet AFG/93/004 (FAO/UNDP, 1995).

Tableau 22. Cultures en Afghanistan, 1997 - 1998

Culture

Superficie
(million ha)

Production
(million t)

Rendement
(t/ha)

Blé

2,35

2,65

1,13

Maïs

0,48

0,76

1,58

Riz

0,21

0,40

1,91

Orge

0,31

0,30

0,97

Autres

0,04

0,04

0,81

Total/moyenne

3,39

4,15

1,22

Le trèfle d'Alexandrie ou bersim (Trifolium alexandrinum) est une culture d'introduction récente, à travers le Pakistan. Il est cultivé dans certaines régions plus basses, telles que Khost et Nangarhar, où les hivers sont suffisamment doux, il résiste seulement à des gelées légères. Les méthodes de cultures sont similaires à celle du trèfle de Perse, mais il est habituellement semé directement au début de septembre, parfois mélangé avec la moutarde. S'il est semé tôt, le bersim, à la différence du trèfle de Perse, a une croissance précoce rapide et une ou deux coupes peuvent être effectuées avant les arrêts de croissance temporaires dus au temps froid. Quatre ou cinq autres coupes peuvent être effectuées au printemps. Il est, dans les climats convenables, plus productif que le trèfle de Perse et produit en automne et au début de l'hiver aussi bien que pendant la pointe du printemps. Il n'est pas aussi populaire que le trèfle de Perse et est utilisé principalement comme fourrage vert, et il n'est pas aussi facile de le faire en foin que la luzerne ou le trèfle de Perse. Il ne convient pas pour une utilisation comme légume de table. Il est improbable que le bersim remplacera le trèfle de Perse dans l'agriculture afghane de la même façon qu'il l'a fait dans les conditions plus chaudes du Pakistan et du nord de l'Inde.

D'autres fourrages, tels que les vesces (Vicia spp.), sont également cultivés, souvent comme culture dérobée d'été, mais leur volume n'est nulle part aussi important que celui de la luzerne et du trèfle. La gesse (Lathyrus sativus) est cultivée dans les régions à altitudes très élevées comme fourrage et légumineuse. Aucune graminée fourragère n'est cultivée, bien qu'un peu de maïs soit utilisé dans toutes les régions où il est cultivé, et le blé en vert peut être coupé comme fourrage en temps de pénuries.

Techniques traditionnelles de fenaison

La fenaison est presque entièrement manuelle, la fauche se fait généralement à la faucille, bien que la faux soit connue. La faucille ordinaire traditionnelle est à lames lisses avec une lame relativement droite fixée sur un long cou métallique attaché à un manche en bois; le manche peut avoir un crochet léger à son extrémité; la faucille est maniée avec un mouvement comme la faux mais utilisant une seule main.

Le foin à partir de fourrages cultivés est presque entièrement de luzerne et de trèfle de Perse. Ce sont tous les deux d'excellents foins, mais le plus grand problème de la fenaison avec des étés chauds et secs est d'éviter la perte de feuilles à travers l'effritement. Les systèmes traditionnels prennent ceci en considération. La récolte est fauchée et laissée à faner en andain jusqu'à ce qu'elle devienne souple, et est enlevée du champ et séchée ailleurs avant qu'il n'y ait un danger de perte de feuille.

L'herbe ressuyée peut être attachée en petites bottes qui sont placées en tas pour sécher sur les bordures; cela libère aussi le champ et permet une repousse avec un minimum de couverture par l'herbe coupée et également un minimum de circulation pour d'autres opérations de fenaison. Les bottes sont retournées périodiquement et, quand elles sont jugées suffisamment sèches, sont empilées sans tassement pour un séchage complémentaire au champ, avant le transport final et le stockage.

Un excellent foin est produit de cette façon et les feuilles sont conservées dans les bottes. Ces procédés sont montrés sur les Figures 6 et 7. Après ressuyage, le fourrage peut être transporté à la ferme et séché hors de portée des animaux, parfois sur le toit. Toutes les feuilles tombées seront balayées et récupérées (voir Figure 55). Le trèfle de Perse est parfois mis en longues bottes en forme de cordons, qui sont accrochées du côté ensoleillé de la maison pour un séchage initial et puis terminé sur le toit. Le stockage du foin se fait souvent sous abri.

Figure 55. Trèfle de Perse séchant sur un toit (Ghazni, Afghanistan)

Foin de prairies naturelles

Il existe peu de végétation naturelle adaptée à la fenaison, bien que dans les régions de l'Est proche de la frontière du Pakistan, quelques flancs de collines produisent assez de végétation qui mérite d'être fauchée. Les graminées sont souvent mal appréciées quand elles sont vertes (bien que les inflorescences soient consommées par les petits ruminants), mais l'herbe sèche est consommée.

Foin d'arbustes

Dans les plaines septentrionales proches de Balkh, le foin se fait à partir d'alhagi ((Alhagi sp.) qui apparaissent en parcelles de végétation presque pure durant les périodes de jachères des terres de céréales. Il n'existe pas assez d'eau pour irriguer toute la terre disponible, ainsi le blé entre en rotation avec la jachère. Les épineuses sont fauchées en fin d'automne, séchées dans le champ, mises en bottes et stockées dans les fermes, puis données aux dromadaires et aux caprins durant l'hiver. Les tiges non consommées sont utilisées comme combustible. Des analyses de foin d'alhagi provenant de zones voisines du Pakistan sont données au Tableau 23.

Tableau 23. Analyses d'alhagi, Alhagi sp., du Baloutchistan

Aliment

Protéines brutes

Cellulose brute

Matières grasses brutes

Cendres

Plante entière, juillet 1994

10,20

28,27

2,42

7,48

Feuilles et épines, réserves d'hiver, novembre 1994

10,56

-

-

10,79

Graines seulement, novembre 1994

12,62

-

-

-

Données fournies par P. O'Donovan et T. J. Barker.

Étude de cas 8. FOIN DE PARCOURS NATURELS EN MONGOLIE (Le changement des coopératives à l'élevage privé dans une économie purement pastorale)

Les notes suivantes sont extraites d'un travail en cours soutenu par la FAO et de rapports de mission couvrant d'abord, en 1989-90, la période où la production animale de la République était gérée par d'immenses coopératives (avec peu de fermes étatiques), puis, une visite en 1995, lorsque le système centralisé avait été dissout et le système privé de groupe familial était en train d'être rétabli.

Le changement n'a pas été simple et il existe plusieurs problèmes à résoudre d'organisation pastorale et d'économie. En ce qui concerne la fenaison, elle est passée d'une grande opération, hautement mécanisée et subventionnée, gérée par l'État, pour revenir à l'ancien système manuel et à traction animale au niveau du groupe familial et de la plus petite unité administrative.

La Mongolie est un des rares pays où l'économie est presque entièrement pastorale; sur une superficie totale de 1 500 000 km2, quelques 1 210 000 km2 (80%) sont classés comme parcours naturels; 150 000 km2 sont en forêts et, en 1989, 130 000 km2 étaient cultivables. Le climat est rigoureusement continental, avec un printemps venteux et un climat variable (la pluie au printemps est spécialement précieuse pour faire démarrer la croissance des pâturages avant l'été); un été chaud, la pluie tombant durant la première partie; un automne frais; et un hiver froid, avec des températures atteignant -30°C. La pluviométrie est faible, l'aire de pâturage principale - la montagne et la steppe - reçoit entre 200 mm et 300 mm annuellement, et seule la zone du nord reçoit plus de 300 mm. La saison de pousse varie peu avec l'altitude, mais elle est toujours courte, de l'ordre de 90 - 100 jours.

La fenaison à l'ère des coopératives

En 1989 et 1990, vers la fin de la période des coopératives, la situation était décrite comme suit:

«Le foin de parcours naturel est de loin la source la plus importante d'alimentation hivernale pour la Mongolie; on estime que quelques 20 000 km2 sont fauchés annuellement en foin dont la plupart sont en production mécanisée par les coopératives et les fermes étatiques. Le nord de la Mongolie, la partie du pays la mieux arrosée, est la plus favorable pour la production de foin. Les méthodes pour accroître la production ont été étudiées pendant plusieurs années, mais les résultats ne sont pas très encourageants: l'engrais a un effet très positif, si la pluie le permet, mais à cause d'une pluviométrie incertaine et le coût élevé de l'engrais - tout doit être importé - cela est totalement anti-économique. Une diminution graduelle des rendements du foin avec le temps se produit lorsque le même champ est fauché année après année: les recherches indiquent qu'une rotation des dates de coupes sur la même parcelle conduit, après plusieurs années, à une amélioration du rendement du foin, mais jusqu'à maintenant l'augmentation a seulement été de 10%.

La production de foin dans les coopératives est généralement exécutée par un personnel salarié. Des zones spéciales sont mises de côté pour la production de foin, qui est mécanisée (bien que des familles puissent faire le foin à la main pour leur bétail personnel). Chaque brigade a un entrepôt de foin qui lui est alloué au moment de la récolte et une réserve centrale est tenue par la coopérative; le foin produit collectivement est destiné seulement à l'alimentation du bétail de la coopérative et ne doit pas être donné aux animaux de la famille. La production de foin est inadéquate pour les besoins calculés pour complémenter l'alimentation que le bétail obtient des parcours, et il est estimé à seulement 30% des besoins théoriques. Il y a insuffisance de bonne terre à foin dans la plupart de la zone de steppe et de steppe-et-désert, par conséquent les coopératives de déplacent fréquemment au nord de la Mongolie pour faire le foin, payant les autres coopératives desquelles elles obtiennent les droits de fauche. Le foin est habituellement préparé en août/septembre; les rendements sont de l'ordre de 1,2 t/ha de foin.

Alors que les animaux obtiennent la plupart de leur aliment des parcours durant toute l'année, l'herbe sèche à partir de mi-août et par la suite ils doivent survivre sur le foin sur pied jusqu'à mi-mai. Après octobre, l'alimentation est déficitaire en quantité et en qualité, mais les races indigènes survivent: les ovins sont tous de races à grosse queue ou à croupe grasse et cette réserve les aide comme une source d'énergie pendant l'hiver. Dans le but d‘éviter des pertes excessives en hiver, un peu de foin est donné aux groupes d'animaux plus faibles pour accroître leur chance de survie. Des pertes considérables se produisent en hiver et, bien qu'on estime qu'un gain de poids rapide s'ensuive au printemps, surtout avec les moutons, l'amélioration de l'alimentation hivernale est l'une des façons la plus probable d'obtenir un accroissement de production à partir du cheptel national.

La chute des neiges dans la steppe est généralement faible. Une certaine quantité de neige est souhaitable comme source d'eau hivernale pour les animaux et pour encourager la croissance du pâturage au printemps. Des chutes importantes peuvent se produire, et peuvent avoir un effet désastreux sur le bétail, car les animaux ne peuvent pas atteindre l'herbe courte à travers l'épaisse couche de neige. Dans ces conditions, le foin doit être donné aux animaux, quelques fois devant être transporté par air.

Le transport subventionné du foin a été pratiqué jusqu'en 1990. Cela a été la saison la plus humide des dernières trente ou quarante années, ainsi la croissance de l'herbe a été excellente, durant le mois d'août, la pluie presque journalière et les nuages ont, cependant, causé des retards graves pour la fenaison et si cela continuait, cela pourrait affecter aussi la récolte de grains. La province du Sud Gobi, avec son siège à Dalandzagad, avait une superficie totale de 165 000 km2 et une population de 41 000 habitants; la précipitation moyenne est de 70-132 mm/an et sa distribution est très irrégulière. La production animale est la principale industrie de la zone et est presque la seule source de vie pour la population rurale. Elle est la première province dans le pays pour la production de chèvres et de chameaux et exporte quelques 7 000 t de laine de chameau et 130 t de cachemire annuellement; les effectifs d'animaux sont: caprins 400 000, ovins 290 000, camélidés 130 000, chevaux 70 000, bovins 20 000, et quelques porcins et volailles. La saison sèche est longue et rude, et les sécheresses sont fréquentes; bien que les animaux soient bien adaptés aux conditions locales et qu'il y ait une compétence élevée en conduite d'élevage, l'alimentation hivernale et printanière est un problème grave. Les importations annuelles de foin et de fourrage varient entre 30 000 et 40 000 t/an, la plus grande partie doit être transportée sur 1 000 km de distance. Auparavant, le coût du transport de fourrage était soutenu par le Gouvernement central, mais avec la réorganisation continue de l'économie agricole, cela pourrait ne pas continuer. Dans une région à 70-130 mm de pluviométrie il y a très peu de possibilités d'augmenter la productivité du parcours naturel et encore moins de résoudre le déficit alimentaire saisonnier des champs de pâturage.»

La fenaison après la décollectivisation

Une visite en 1995 au district d'Ikh Tamir dans la province d'Arkhangai Aimak (dans la zone de montagne-et-steppe) a montré une situation très changée. Les coopératives ont été dissoutes; le système de groupe familial traditionnel ré-émergeait, la fenaison conduite en régie a cessé; et les éleveurs essayaient de se sortir graduellement de la situation. La réorganisation de l'industrie pastorale a privatisé l'élevage mais ne s'est pas attaqué aux problèmes des droits sur les terres, ainsi la Mongolie a la combinaison malheureuse de troupeaux privés sur des terrains publics. La province d'Arkhangai est située dans la région centrale des montagnes Khangai; le siège de la province, Tsetserleg, est à environ 500 km à l'ouest d'Oulan Bator. La moitié de la route n'est pas aménagée et est impraticable après la pluie. Sa latitude est approximativement 47°30'N à 103°15'E. Elle couvre une gamme de zones écologiques, y compris les hautes montagnes, la steppe montagneuse et les zones de steppe (voir Tableau 24). L'altitude est de 1 700 à 1 850 m; la précipitation moyenne de 363 mm, dont 80% tombe dans la période de mai à août; la température maximum moyenne est autour de 16,0°C tombant à -16,0°C dans la période de décembre à février, avec des températures absolues maximum et minimum de +34,5°C et -36,5°C. La province couvre 55 300 km2, dont 41 000 km2 en parcours, 540 km2 en foin et 8 645 km2 en forêt. La zone de steppe, à l'Est de la province, a le climat le plus doux, la température moyenne en janvier est -16°C (minimum absolu -38°C) et la moyenne en juillet est 17,5°C (maximum absolu 35°), avec 98 - 125 jours sans gelée. Les zones écologiques principales sont présentées au Tableau 24.

Tableau 24. Les zones écologiques des zones de pâturage d'Arkhangai

Zone écologique

Gamme d'altitude
(m)

Précipitations
(mm)

Journées sans gel

Steppe et Steppe montagneuse

1 300 - 1 700

315 - 360

130 -165

Steppe montagneuse

1 700 - 1 900

370 - 480

90 -150

Montagne-moyenne

1 900 - 2 350

440 - 470

70 - 140

Hautes montagnes

2 350 - 2 500

450 - 550

50 - 120

Les hautes montagnes sont les parcours d'été pour les yaks, elles ne sont pas réellement accessibles à d'autres espèces, bien qu'elles puissent être utilisées pour les chevaux. A cause des conditions plus humides dans la zone élevée, les petits ruminants souffrent du piétin s'ils y sont gardés. La région est bien arrosée par les courants de montagnes et rivières; l'eau pour l'élevage n'est généralement pas un problème pendant les mois plus chauds, bien que cela puisse l'être localement. En hiver, le bétail doit être abreuvé en coupant les morceaux de glace ou en consommant la neige, avec un besoin d'énergie complémentaire conséquent. Les forêts sont communes dans la montagne et les zones montagne-et-steppe: Larix, Betula dans les forêts montagneuses; peuplier et saule dans les forêts riveraines. Le bois de construction et le bois de chauffe sont aisément disponibles dans la majorité de la province. Généralement l'herbage est dominé par les graminées, mais dans des endroits favorisés par l'état d'humidité, des espèces à feuilles larges, y compris des légumineuses sont communes. Dans les régions plus hautes, les Cyperaceae sont fréquentes: le pâturage dominant dans les hautes montagnes est la communauté des Carex-Kobresia.

Le foin de parcours restera le principal, probablement le seul fourrage conservé à travers la province. A présent, les terres à foin ne sont pas allouées aux éleveurs, la fauche est donc incontrôlée et il y a compétition; l'entretien ou l'amélioration du champ n'est donc pas possible. La superficie de terres à foin est inadéquate pour les besoins de la province, et les rendements sont très faibles. La saison de croissance est courte à travers la région du projet et la pénurie d'aliment en hiver et au printemps est une contrainte majeure pour l'intensification de la production animale. L'aliment en hiver, en plus d'être rare, est de faible qualité. Au printemps le bétail pâture les jeunes repousses, avant que les plantes n'aient eu le temps de durcir, et affaiblit probablement davantage la végétation. Les éleveurs sont peu disposés à donner une alimentation complémentaire excepté aux classes spéciales de bétail (les animaux laitiers et gestants, les chevaux de monte) parce que les animaux complémentés tendent à pâturer moins et à revenir tôt à la maison pour attendre l'aliment.

Avant la collectivisation, les éleveurs suivaient des systèmes traditionnels de pâturage bien éprouvés et connaissaient les principes du pâturage saisonnier selon la convenance des parcours. Les droits informels traditionnels de pâturage des régions spécifiques à travers le système de transhumance étaient reconnus: les seigneurs intervenaient pour régler les systèmes de pâturage pour en assurer la durabilité. La période collective a conduit à une concentration artificielle d'animaux.

Le travail dans l'Arkhangai était situé dans le district d'Ihk Tamir, à la Station de Recherche de Haute montagne, qui se concentre sur les parcours de montagne et les questions de gestion d'élevage, y compris des yaks dans certaines régions, et il y a eu des tentatives mal conçues de spécialisation et d'installation d'unités monospécifiques. Les défauts inhérents à de tels systèmes ont été reconnus et des changements considérables pour rationaliser les pratiques de pâturage ont été effectués dans les années 80. En même temps, de gros investissements en infrastructure (communications, écoles, soins de santé) ont attiré les éleveurs pour se concentrer près des sièges de district et de negdel, laissant les pâturages les plus lointains sous-exploités. Pour pallier ceci, des unités mobiles pour faire du beurre ont été organisées pour faciliter l'utilisation saisonnière des hauts pâturages. La fenaison et les cultures ont été entreprises par des brigades spécialisées et les élevages élites produisaient les géniteurs (et un service de contrôle) pour améliorer les races locales. Au début des années 90, les negdels étaient dissoutes, en même temps que les brigades spécialisées de production, et les animaux ont été alloués aux individus privés, mais sans aucune allocation parallèle de responsabilité pour les pâturages et les terres à foin.

Auparavant, la fenaison dans les fermes et les champs de foin naturel, était faite collectivement et mécanisée. L'équipement a été distribué à la décollectivisation, et des ensembles fonctionnels d'équipement de fenaison sont maintenant rares. Les grandes machines n'auraient pas convenu aux conditions présentes. Maintenant presque tout le foin est fauché manuellement à partir de la végétation naturelle. Les rendements sont très faibles, 600 -700 kg/ha à 18% d'humidité, et la fenaison est lente et laborieuse. Bien que les rendements soient fortement affectés par la pluie, il est probable que la plupart des champs de foin déclinent en rendement et en qualité parce qu'ils sont fauchés annuellement sur une longue période sans repos, ni fumier ou engrais. La Station de Recherche de Haute Montagne a travaillé sur l'amélioration des rendements de foin à partir de la végétation naturelle, en examinant la fluctuation des dates de coupe, l'application de fumier et d'engrais, l'irrigation, etc. Les méthodes traditionnelles de distribution de l'eau pratiquées dans la montagne-et-steppe implique une déviation sporadique de l'eau de source en hiver pour provoquer la formation de plaques de glace sur le champ de foin. Les plaques de glace fondront ensuite au début de la saison de croissance.

Le pâturage sur les collines exposées et abritées est réservé pour l'hiver; le pâturage d'automne et de printemps prend place sur les pentes conduisant aux régions plus élevées, et aux régions couvertes d'arbres qui ne seront pas accessibles en hiver à cause de la neige plus épaisse. Les terres pour la fenaison (et les sites potentiels), souvent des prairies, s'étendent dans ces régions dans des endroits abrités le long des ruisseaux et là où les lignes de drainage naturel favorisent une concentration d'humidité, une des clés pour une bonne croissance de l'herbe. Ces régions sont pâturées tôt au printemps puis laissées pour la fenaison (et comme fourrage à la fin de l'automne et l'hiver), puisque les animaux (chevaux, caprins, bovins et yaks) sont déplacés vers des altitudes plus basses.

Figure 56. Les chevaux forment une grande partie de l'élevage en Mongolie et sont utilisés pour le lait et la viande, aussi bien que pour le transport. La courte (3 - 4 mois) saison de croissance ne permet pas les fourrages semés, et l'élevage survit durant les longs hivers grâce au fourrage, avec peut-être un peu de foin naturel en cas d'urgences (Kharhorin, Mongolie)

La fenaison a été pratiquée depuis longtemps. Historiquement, chaque éleveur avait le droit d'utiliser un certain terrain, où le foin était coupé pendant plusieurs années. Cependant, après la privatisation, chaque terre à foin est devenu un centre de dispute entre les éleveurs individuels et les membres au sein des groupes sociaux, aussi bien que les gens des sociétés avoisinantes. Aussi, les coupes répétées, qui ont été faites pendant les quelques dernières décennies, ont conduit à un déclin important dans la productivité naturelle des champs de foin, et il n'y pas de signe, à présent, que les éleveurs investiront dans leur amélioration.

Les champs de foin naturel ont été habituellement fauchés depuis longtemps, ainsi les pierres et les obstacles ont grandement été éliminés. Des études supplémentaires sont nécessaires sur les sources d'équipements pour les animaux de traction - faucheuses et râteaux mécaniques (les charrettes sont disponibles) - aussi bien que sur la façon de financer leur acquisition et organiser leur gestion. Les moyens d'accroître les rendements devront être aussi examinés si l'on veut améliorer la fenaison. Les coûts de fenaison, autres que le transport et la mise en meule, sont proportionnels à la superficie traitée plutôt qu'à la quantité de foin travaillé.

La composition botanique des champs de foin varie, évidemment, selon le site. Dans la steppe de montagne: Leymus chinensis, Stipa krilovii, Festuca leneni et Koeleria cristata sont les graminées principales; et Carex duriscula; Artemisia lacenata, A. glauca, A. commutata et Plantago adpressi sont les principales herbacées. Dans les prairies près des rivières: Leymus chinensis, Koeleria cristata et Agropyron cristatum; Carex pediformis; Artemisia lacenata, Potentilla tanacetifolium, P. anserinum, Galium verum et Plantago adpressa. Dans les prairies de montagne en sec: Agropyron cristatum, Poa subfastigata, Festuca sp.; Carex pediformis; et Artemisia lacenata, A. dracunculus, A. glauca, Thalictrum simplex et Galium verum. Les prairies de montagne sur le versant nord: Bromus inermis, Calamagrostis epidois, Elymus turczanovii et Stipa baicalensis; et Carex pediformis, Artemisia lacenata, Geranium pratensis et Galium boreale. La proportion d'ensemble des différents types de plantes dans les foins sont les monocotylédones (considérées comme ayant une faible valeur alimentaire), 39-58%; Carex, 11-22%; graminées, 20-37%; et légumineuses, 6-18%.

Des essais et démonstrations de fenaison ont été effectués dans le district d'Ikh Tamir en 1996. Les essais initiaux ont été concentrés sur les différentes doses de fumier et leurs effets, 50 t/ha étant choisies comme la dose à utiliser dans les essais avec l'irrigation à partir de la glace et de l'engrais minéral (80-90 kg/ha d'engrais phospho-azoté). L'irrigation à partir de la glace, le fumier et l'engrais minéral ont tous augmenté le nombre de plantes par mètre carré, la longueur des pousses et la production de matière sèche. Les différences ont été particulièrement significatives en 1996, mais moins en 1997, année sèche. En 1997, les pourcentages d'augmentation ont varié de 253% avec l'irrigation à partir de la glace, à 407% avec l'irrigation à partir de la glace et le fumier, et 707% avec l'irrigation à partir de la glace et l'engrais minéral. Le pourcentage de graminées augmentait dans les parcelles traitées pendant que le pourcentage de laîches ou carex diminuait. Une charrette très simple pour l'épandage de fumier a été construite pour rendre l'épandage de fumier moins pénible. La propriété du terrain (tout le terrain était possédé par l'État) et l'accès continu à la terre restait des questions clés. Bien que les familles aient des droits traditionnels de pâturage (mais non de propriété) tout effort d'investissement en temps et en ressources pour accroître la fertilité du sol et la production de foin demande une certaine sécurité d'accès à cette zone de terrain pour une période raisonnable de temps.


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